L'Ukraine, les relations sous tensions avec Alger, le destin incertain de la loi Paris-Lyon-Marseille... Regardez l'interview du président du Sénat Gérard Larcher.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 13 mars 2025.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 13 mars 2025.
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00:00RTL Matin
00:04Et tout de suite, c'est l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui le président du Sénat, Gérard Larcher.
00:09Bonjour et bienvenue sur RTL, Gérard Larcher.
00:11Bonjour.
00:12Quand Donald Trump propose à la Russie un cessez-le-feu, Vladimir Poutine ne répond pas.
00:16Ou plutôt si, en apparaissant, comme on l'a vu il y a quelques heures, en tenue militaire aux côtés des soldats russes,
00:21elle raconte quoi cette image pour vous ?
00:23D'abord qu'il y a une perspective de cessez-le-feu.
00:26Quand même.
00:27Et cette perspective de cessez-le-feu, 30 jours, elle correspond aussi à la reprise, contrôlée hier,
00:36des livraisons américaines à l'Ukraine et au soutien à l'Ukraine et aux renseignements.
00:40Nos amis polonais nous ont parfaitement renseignés sur la reprise physique de ces livraisons.
00:46Naturellement, les questions qui sont posées, c'est quelle garantie de sécurité par rapport à cela ?
00:52Et, il faut le dire, l'absence totale de l'Union Européenne n'est pas sans poser problème
00:56parce que la sécurité collective en Europe est la solution, j'allais dire, de cessez-le-feu,
01:03doit aussi passer par une participation européenne.
01:06Mais quand même, cette image de Poutine, en treillis, pardonnez la familiarité de ma question,
01:10mais est-ce qu'on n'est pas tous dans un gigantesque dîner de cons diplomatique
01:13dans lequel Vladimir Poutine se jouerait de nous tous ?
01:15Je ne sais pas s'il jouera de nous tous, mais je crois que s'il se jouait de Trump,
01:21s'il se jouait de l'Europe, les conséquences pourraient être particulièrement lourdes.
01:25Je pense que ça fait partie des gesticulations.
01:28Il veut essayer de récupérer cette enclave de Koursk avant, peut-être,
01:34de répondre à l'émissaire américain qui va arriver.
01:37Mais je pense que l'important pour nous, c'est d'être dans une attitude qui est une attitude d'exigence.
01:44Si demain il y a un cessez-le-feu, ça ne peut pas être sur le dos de l'Ukraine,
01:48ça ne peut pas être sur le dos de l'Europe.
01:50Chez nous, cette nuit, les députés à l'Assemblée ont voté une résolution
01:53appelant à la saisie des avoirs russes gelés, confisqués.
01:56Est-ce qu'il faut taper dedans pour financer notre économie de gaz ?
01:59Est-ce qu'il faut taper dans ces avoirs russes ?
02:01D'abord, les avoirs russes, notre ami l'anglais vient de nous parler de 300 milliards.
02:06C'est 285 milliards, les chiffres varient.
02:10Nous utilisons déjà les intérêts.
02:11Au niveau européen ?
02:12Oui, au niveau européen.
02:15Alors que 300 milliards, c'est au niveau français.
02:18Ce qu'il faut se dire, c'est qu'aujourd'hui, il faut utiliser les avoirs russes comme un levier
02:24dans les négociations qui viennent.
02:26Et donc, les garder comme un levier.
02:29Voilà pourquoi je pense que la résolution a réaffirmé très largement le soutien à l'Ukraine,
02:34l'engagement aux côtés de l'Ukraine.
02:36De la part de nos collègues de l'Assemblée nationale, je suis beaucoup plus réservé
02:40sur l'utilisation immédiate.
02:42Parce qu'imaginons ce que nous espérons tous, qu'à un moment nous allions
02:46cesser le feu prolongé et une négociation.
02:49De toute façon, en termes de droit international,
02:51ces avoirs, si nous les avions saisis, il faudra les rembourser.
02:54Et donc, je pense qu'utiliser les intérêts, oui,
02:57et le garder comme un levier.
02:58Ce texte a été adopté par 288 voix pour et 54 contre.
03:02Insoumis et communistes ont voté contre.
03:04Le RN s'est abstenu.
03:05Ça a un sens particulier ?
03:06Oui, ça a un sens de la clarté.
03:08Le RN, sur le sujet du soutien à l'Ukraine
03:11et du sentiment collectif en Europe de faire face,
03:15aujourd'hui, de la nécessité d'une posture européenne de défense
03:20qui n'exclut pas l'autonomie de chacune des nations.
03:23Et puis, à l'EFI, on le sait, je crois que je comprends le bloc
03:28qui a voté l'ensemble de la résolution,
03:30qui ne comportait pas que le sujet des avoirs russes,
03:33mais un vrai soutien à l'Ukraine.
03:35Petite parenthèse à propos de l'EFI,
03:37la France Insoumise appuie des affiches,
03:39avec notamment Cyril Hanouna,
03:40affiches qui reprennent les codes de la propagande antisémite nazie
03:43et qui Angernel nous en parlait à 7h45.
03:45Vous les avez vues ces affiches ou pas ?
03:46Je viens de les découvrir hier.
03:48Je les trouve insupportables, intolérables.
03:52Est-ce qu'elle est fausse ?
03:53Pardonnez-moi, je l'ai déjà dit,
03:54parfois d'une manière un peu brutale, je ne sais pas si vous vous souvenez.
03:58Je pense que tous ces rappels-là démontrent
04:02que la présence aussi de l'antisémitisme est parfois portée.
04:08C'est le sens de mon combat avec la présidente de l'Assemblée Nationale.
04:11Et l'EFI est un parti antisémite aujourd'hui ?
04:13Écoutez, en tous les cas, il en a parfois des formes d'expression.
04:16Et quand je vois qu'un des membres des Insoumis reçoit
04:21le comité contre l'islamophobie qui avait été dissous dans notre pays
04:27il y a maintenant près de 4 ans,
04:29je me dis que d'accord sur le débat,
04:32d'accord sur, j'allais dire, la nécessité d'aborder tous les sujets,
04:38mais pas de cette manière.
04:39Et l'EFI est encore dans le champ républicain ?
04:41J'en doute souvent.
04:43Vous en doutez ?
04:44Oui, mais je l'ai déjà dit, ce ne fait que répéter.
04:47Revenons à la situation en Ukraine.
04:49François Langlais l'évoquait,
04:50le chef de l'État souhaite élargir notre parapluie nucléaire à nos voisins européens.
04:53C'est une bonne idée, ça vous y êtes favorable ou pas, Gérard Larcher ?
04:56Écoutez, à la condition que ça reste au commandement français.
04:59Parce que c'est le cœur.
05:01Ce qui est prévu.
05:02Quand on regarde dans l'histoire,
05:04il y a un travail qui est en cours à notre commission des affaires étrangères,
05:07de la défense et des forces armées,
05:09et de la part du rapporteur du budget militaire à la commission des finances,
05:14c'était déjà dans les pensées du général de Gaulle.
05:18Une défense, une dissuasion nucléaire,
05:21qui est sous commandement français,
05:23sous autorité du Président de la République,
05:25souvenez-vous c'est d'ailleurs un des motifs de l'élection du Président de la République
05:28au suffrage universel,
05:30nous sommes chefs des armées et responsables de la dissuasion,
05:33et je dois dire que sur ce sujet,
05:36si nous gardons la maîtrise,
05:39ce qui vient d'être évoqué par monsieur Lenglet tout à l'heure,
05:42me paraît un chemin possible.
05:44Vous avez confiance en Emmanuel Macron ?
05:46Vous validez toute sa stratégie en ce moment, son comportement, son attitude ?
05:49J'aurais pas la même approche sur le mot guerre, nous ne sommes pas en guerre.
05:52Mais par contre il est dans son rôle de chef de l'État,
05:54de sensibiliser les français,
05:57les responsables publics,
05:59sur la nécessité, j'allais dire,
06:01de monter en souveraineté,
06:04en souveraineté militaire,
06:06que ce soit en France ou en Europe.
06:08En tout cas nous ne sommes pas en guerre pour vous.
06:10Nous ne sommes pas en guerre, je merci,
06:12mais si nous voulons l'éviter,
06:14je pense qu'il faut préparer les moyens de notre souveraineté,
06:19souveraineté militaire,
06:21mais aussi retrouver notre souveraineté financière,
06:24notre souveraineté économique,
06:26voilà pourquoi, en matière d'efforts de défense,
06:30nous devons nous engager.
06:31Il y a quand même une réflexion que j'aurais à vous faire partager.
06:34Il y a 48 heures,
06:36on disait que tout ce qui était américain était cloué au sol,
06:39et que seuls les avions français,
06:42seuls leurs enseignements français et satellitaires,
06:44étaient en capacité de suppléer,
06:46que partiellement au désengagement américain,
06:49ça nous interroge sur la souveraineté de l'Europe,
06:52et sur la démarche de chacune des nations.
06:55Chez nous, pendant ce temps-là,
06:56on s'interroge sur l'utilité du gouvernement,
06:58cet attelage atypique autour de François Bayrou.
07:00Il sert à occuper le terrain, à gérer les affaires courantes,
07:02ou il peut obtenir des résultats ?
07:03Parce qu'on a l'impression qu'il ne se passe pas grand-chose.
07:04D'abord, on est le 20 décembre,
07:07on n'a pas de majorité,
07:09on n'a pas de budget,
07:10on n'a pas de gouvernement.
07:12Nous sommes aujourd'hui le 13 mars,
07:15on a un budget,
07:16et on a un gouvernement.
07:18Mais pardonnez-moi.
07:19Et donc, la responsabilité d'un président du Parlement,
07:23c'est, j'allais dire, autour du socle commun,
07:27tout en laissant aux oppositions et aux minorités
07:30tous les droits d'expression,
07:32c'est d'assurer à ce pays,
07:34dans ce moment particulièrement difficile,
07:36qu'il soit gouverné.
07:37Est-ce qu'on conduira des grandes réformes ?
07:39Je ne suis pas totalement certain,
07:41parce qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée nationale.
07:43Un exemple très concret.
07:44Le chef Yannick Allénaud,
07:46qui a connu la douleur suprême de perdre son fils,
07:48demande que le délit d'homicide routier soit enfin adopté.
07:50Il dit qu'il faudrait deux heures en séance pour le faire.
07:52Est-ce qu'il faut accélérer sur ce sujet ?
07:54Écoutez, on a la voie que nous utilisons,
07:56j'allais dire beaucoup, parfois un peu trop,
07:58qui s'appelle la proposition de loi.
08:00Je suis certain qu'aujourd'hui,
08:02nous avons un certain nombre de collègues
08:04qui, sur ces sujets-là, sont en train de travailler.
08:06Nous avançons, vous allez voir,
08:08sur les politiques migratoires, la semaine prochaine au Sénat.
08:10Nous avancerons sur deux sujets,
08:12notamment les délais de rétention
08:14dans les centres de rétention administrative,
08:16pour les gens dangereux.
08:18Mais voilà des exemples.
08:20Donc, le Parlement n'est pas paralysé.
08:22Pendant ce temps,
08:24votre parti LR est en pleine campagne,
08:26entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez.
08:28Vous avez choisi votre camp, vous êtes pour Retailleau.
08:30Sur la forme, ça commence à tourner un peu vinaigre,
08:32cette histoire. Écoutez comment Bruno Retailleau
08:34répondait hier matin, ici même,
08:36aux critiques émises contre lui par Laurent Wauquiez.
08:38Il est dans une campagne, il dit ce qu'il veut.
08:40Peu me chaud.
08:42Peu me chaud.
08:44Les chiens à bois, la caravane,
08:46tranquille, passe.
08:48Ça vous fait sourire.
08:50Non, je vous réponds d'abord que
08:52c'est vrai que j'apporte
08:54à Bruno Retailleau mon soutien.
08:56Vous savez, on a 10 ans,
08:5810 ans partagés
09:00au Sénat.
09:02Il est un homme dont je connais l'engagement,
09:04qui fait vraiment ce qu'il dit.
09:06La capacité à écouter,
09:08y compris la différence,
09:10avec moi.
09:12Vous avez peur que ça dégénère cette bataille ?
09:14Écoutez, l'élection,
09:16l'élection, c'est l'alternative
09:18à la guerre, quand on utilise le terme
09:20la guerre des chefs. Donc, laissons l'élection
09:22se dérouler. Choisions
09:24respecteux les uns
09:26des autres. C'est un exercice
09:28positif, l'élection.
09:30Moi, je le vis plutôt comme un bonheur.
09:32Une élection et des élections, il y en aura
09:34dans un an, les élections municipales.
09:36À Paris, Lyon et Marseille, les règles sont pas
09:38les mêmes qu'ailleurs. Est-ce que vous êtes, comme François Bayrou,
09:40favorable à la suppression de ce statut
09:42particulier pour Paris, Lyon et Marseille ?
09:44Il y a un sujet, depuis 1982.
09:46Nous avons trois collectivités
09:48qui vivent des systèmes, d'ailleurs, très différents
09:50et dans lequel
09:52on n'est pas tout à fait dans
09:54le système
09:56un homme ou une femme,
09:58une voix, ou l'élection du maître en direct.
10:00Bon.
10:02Simplement, il y a un problème de méthode.
10:04Aujourd'hui, je constate, pas de
10:06consensus. La deuxième des choses,
10:08nous sommes, quand le texte
10:10viendra, puisqu'il vient d'être reporté à l'Assemblée nationale,
10:12nous serons à moins d'un an
10:14des élections municipales. Ça veut dire qu'il faut
10:16s'asseoir sur la loi
10:18qui dit qu'on ne modifie pas les règles d'une élection
10:20un an avant. Puis la troisième des choses,
10:22la proposition de loi,
10:24telle qu'elle est, puisqu'on est dans une proposition de loi,
10:26elle n'a pas prévu les questions
10:28de gouvernance, les rapports
10:30entre mairies d'arrondissement
10:32et mairie centrale,
10:34ou à Marseille, mairie de secteur...
10:36Je pense qu'il y a des propositions
10:38qui sont faites, notamment
10:40par les sénateurs, qui est tout simplement
10:42un travail de
10:44consensus qui se fasse, mais je pense
10:46qu'il est tard.
10:48Je pense qu'il est tard.
10:50Quand le texte viendrait, éventuellement
10:52au Sénat, nous serions
10:54à dix mois d'élections
10:56municipales.
10:58Méfions-nous de tordre
11:00trop les règles.
11:02Faudra pas faire plaisir à
11:04votre copine Rachida Dati qui voudrait changer les règles
11:06et qui est aussi la maire de Paris.
11:08Je pense qu'il faut se parler.
11:10C'est en tous les cas ce que je fais, puisque j'ai vu Mme Dati,
11:12j'ai vu Mme Hidalgo, je vois les sénateurs...
11:14Et M. Spiner qui voudrait...
11:16Vous le soutenez ou pas ?
11:18Vous le soutenez pour la mairie de Paris, Francis Spiner ?
11:20Il viendra devant une commission nationale d'investiture,
11:22chaque chose en son temps,
11:24calmement...
11:26Vous savez, on a besoin en ce moment
11:28d'être calme, déterminé
11:30et droit. C'est vrai pour la France.
11:32Et, me semble-t-il, ça doit être vrai
11:34en Europe.