Céline Berthon, la directrice générale de la DGSI, le 12 mars 2025 sur franceinfo.
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00:00Toujours avec Céline Berton, la directrice générale de la Sécurité intérieure, on évoquait les ingérences, notamment de la Russie.
00:06Il n'y a pas que la Russie, on parle aussi de la Chine, on parle aussi de l'Azerbaïdjan,
00:11l'Azerbaïdjan régulièrement cité par Manuel Valls, le ministre des Outre-mer,
00:15pour son ingérence en Nouvelle-Calédonie notamment. C'est documenté comment ?
00:21Alors, vous savez qu'il y a un contentieux entre l'Azerbaïdjan et la France
00:25lié à la position diplomatique prise par la France dans le sujet de Karabakh arménien.
00:32Ça a conduit effectivement, à compter de l'été 2023, à l'identification d'actions hostiles
00:38conduites par des individus proches du régime à la tête d'Azerbaïdjan,
00:44et notamment via un objet qui a été créé de toute pièce par l'Azerbaïdjan
00:48qui s'appelle le groupe Initiative Bakou, autrement appelé BIG en anglais.
00:52Et nous observons que ce groupe sert à promouvoir les intérêts indépendantistes
00:58d'un certain nombre de territoires français, singulièrement en Outre-mer,
01:02qui ont la particularité d'être plus isolés, et de compter un certain nombre d'autorités,
01:07soit politiques, soit associatives, qui prônent une autonomie plus importante
01:11et qui s'appuient sur l'Azerbaïdjan qui leur promet de leur donner accédé à l'ONU
01:15pour leur permettre de défendre leurs intérêts.
01:17L'objectif c'est quoi ? C'est que ces territoires accèdent à l'indépendance,
01:24mais pour un pays comme l'Azerbaïdjan, c'est de trouver un rapport de force ?
01:28Je pense que c'est de porter préjudice à la France, à faible coût si vous me passez cette expression,
01:33parce qu'entre guillemets ça ne coûte pas grand-chose,
01:36ça coûte de la manipulation d'informations, de l'amplification artificielle,
01:39on l'a vu singulièrement après les émeutes en Nouvelle-Calédonie,
01:42où on a observé les phénomènes qui étaient amplifiés sur les réseaux sociaux,
01:46et puis ça coûte un peu d'argent, puisqu'ils organisent des conférences
01:49auxquelles ils convient un certain nombre d'individus.
01:51Vous dites Céline Berton que dans le renseignement, il n'y a pas d'amis, pas d'ennemis,
01:54mais des alliés, des adversaires.
01:56Est-ce que vous ressentez concrètement dans le renseignement
01:59ce nouvel ordre mondial qui se dessine sous nos yeux
02:03depuis l'investiture de Donald Trump le 20 janvier ?
02:07Ce nouvel ordre, en tout cas ce nouvel état d'élu, il génère des incertitudes.
02:11L'enjeu des services de renseignement c'est de travailler ensemble,
02:14et de continuer à travailler ensemble, parce que nous avons des intérêts communs.
02:17On continue de travailler avec les Etats-Unis ?
02:19Absolument, et nous avons des intérêts communs en matière de contre-terrorisme,
02:23qui est un sujet qui en général se prête peu à des impacts, des crises politiques.
02:28Mais ça peut générer des incertitudes.
02:31Les priorités que le président américain assigne aux Etats-Unis
02:36peuvent avoir des répercussions dans les priorités que prendront en compte
02:39les services de renseignement.
02:41Nous observerons dans les semaines et les mois qui viennent la manière dont cela peut se traduire.
02:44Et les tensions avec l'Algérie, elles ont aussi un impact sur votre travail ?
02:48La situation avec l'Algérie est complexe,
02:51et il est vrai qu'en l'état de la situation,
02:56nos relations sur le plan sécuritaire sont réduites à leur plus simple expression.
03:02Donc il n'y a plus de coopération ?
03:04Elle est difficile.
03:06On connaît l'importance de la coopération avec l'Algérie.
03:10Sur le dossier du terrorisme notamment,
03:12c'est de nature à mettre en risque le territoire français ?
03:16Aujourd'hui, je pense que les orientations politiques
03:20pèsent beaucoup sur ce que les services peuvent faire ou pas en Algérie, avec la France.
03:25J'espère que cette situation trouvera une issue rapide.