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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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00:00L'économie est vue par un grand groupe familial, le groupe Gardinier.
00:04Merci d'être avec nous Thierry Gardinier, vous dirigez plusieurs activités dans le secteur de l'hospitalité,
00:09comme on dit, l'hôtellerie, la gastronomie, la restauration.
00:12Mais d'abord j'aimerais vous poser une question sur l'ambiance actuelle en France.
00:16On a l'impression que c'est dur d'être chef d'entreprise, il suffit de voir un peu le MEDEF qui a changé de ton.
00:22Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:23C'est compliqué aujourd'hui, c'est compliqué de diriger un groupe et de savoir où on va dans les six prochains mois
00:29parce qu'on va dire la donne économique, la donne politique, la donne internationale est bousculée aujourd'hui,
00:36que ce soit en France, en Europe ou aux Etats-Unis.
00:40On est aujourd'hui face à des oppositions, c'est vrai que les patrons sont montrés du doigt.
00:45Je n'ose même pas dire ce qu'a dit la CGT sur les patrons vont quitter le navire,
00:50c'est eux qui ont coulé l'économie française, ça ne doit pas vous faire plaisir ?
00:54Non c'est triste, c'est triste parce que je pense qu'on est tous partenaires,
00:56que le salariat est partenaire du patronat et que le patronat est partenaire du salariat et que l'un sans l'autre ne fonctionne pas.
01:03Donc c'est dommage d'être dans un affrontement binaire que moi en tant que patron, je ne cherche pas à avoir avec les collaborateurs du groupe.
01:11Ça n'avait pas plaisir à entendre, mais est-ce que justement le fait qu'aujourd'hui des Bernard Arnault, des Florent Ménégaud, de Michelin,
01:17Michel-Édouard Leclerc montent au créneau vraiment pour dire attention, là ça ne va plus, c'est quand même une première.
01:24C'est une vraie première et je pense que c'est salutaire de la part de ces hommes-là de se mettre si vous voulez un petit peu en danger
01:30en sortant de leur rôle d'entrepreneurs et d'aller sur le terrain politique et socio-économique.
01:36Ça veut dire qu'ils considèrent, comme nous considérons de la même manière, qu'il y a danger pour notre économie et pour le futur à la fois de nos affaires et en même temps du pays.
01:48– C'est-à-dire vous gérez, rappelons-le, certains hôtels-relais-châteaux, vous avez Drouant le restaurant, Crayer, Taivant et puis aussi des marques comme du caviar par exemple.
02:01– C'est ça, donc nous on reçoit, on ne produit pas pour exporter, nous sommes des importateurs de touristes.
02:08– Mais quand le tourisme ralentit ou quand il est moins bon que prévu avec les JO, c'est embêtant.
02:12– Ça là on est totalement impacté, c'est-à-dire que nous on vit à la fois du marché national des Français, des Parisiens et puis en même temps des Européens
02:22et en même temps du grand export qui va être l'Asie, l'Amérique du Sud, l'Amérique du Nord.
02:27– JO 2024, ça a été décevant pour vous ?
02:30– Ah oui, très décevant, on s'attendait tous à partir de juillet, juin, juillet et août sur la période des jeux à avoir un afflux touristique.
02:39Et dans nos maisons, en fait, la plupart des touristes qui sont venus n'étaient pas vraiment intéressés par nos activités
02:46et ce qui fait qu'ils ont plutôt été, on va dire, un tourisme, on va dire, sac à dos et qui venait uniquement aux épreuves et qui derrière reparaîtait aussi.
02:56– Trop bas de gamme ?
02:57– Je ne dirais pas bas de gamme, je dirais en tout cas, non parce que vous pouvez être quelqu'un un sportif sans être bas de gamme,
03:02non, c'était des touristes qui n'avaient pas envie d'aller dans nos maisons.
03:06– Il y a des grands restaurants.
03:08Gardinier, le groupe, c'est une entreprise qui fête son centenaire, qui a plus de 100 ans, donc votre arrière-grand-père.
03:15Et donc, c'est une entreprise qui a énormément évolué parce qu'elle a démarré dans ce qui était les fertilisants,
03:21ça pour l'agriculture, elle est passée par le champagne et aujourd'hui dans l'hôtellerie-restauration.
03:26Pourquoi ces changements ?
03:27– Je ne sais pas, en fait, parce que celui du changement des fertilisants vers le champagne,
03:33c'est mon père et son frère François qui l'ont fait dans les années 70.
03:37Donc là, j'étais encore un jeune garçon, donc je n'ai pas participé.
03:42Ensuite, le changement du champagne où mon père avec son frère,
03:46ils ont vendu les affaires de champagne en 84-85 au groupe Danone, Antoine Ribaud.
03:51Là, c'était encore leur décision, j'étais encore un jeune étudiant,
03:54donc je n'ai pas participé à cette décision, mais néanmoins, je l'ai accompagné.
03:58Voilà, et donc mon père a décidé de se séparer de cette branche-là
04:04pour repartir sur un dynamisme différent avec l'acquisition de Félan Figures.
04:09– Et toujours trouver ce qui va marcher, c'est-à-dire ce qui va rapporter, j'imagine, le plus de revenus.
04:14Alors peut-être qu'aujourd'hui, l'hôtellerie et la restauration en font encore partie ?
04:17– Oui.
04:18– Mais pour combien de temps ?
04:19– Pour longtemps.
04:19– Pour longtemps, oui.
04:20– Je pense que tant que la France restera attractive,
04:23et la France est un magnifique pays d'accueil,
04:26avec tout ce que nous avons, le patrimoine culturel, le patrimoine gastronomique,
04:30le patrimoine qui remonte à plusieurs centaines d'années,
04:34fait qu'on est une terre d'accueil et une terre de visiteurs indéniablement.
04:39– C'est-à-dire que vous ne vous dites pas, comme le patron de Michelin,
04:42j'envisage d'investir ailleurs ?
04:44– Non.
04:45Non, mais je n'ai pas la même problématique que Michelin.
04:47– C'est pas une industrie que vous avez ?
04:48– Non, parce que Michelin, il doit exporter les pneus produits en France,
04:51et si les pneus produits en France ne sont pas au niveau compétitif de prix,
04:55ben, ils meurent.
04:56Moi, j'ai pas ce problème-là.
04:57– L'international, vous êtes présent ?
05:00– Oui, non, oui, on a une activité de franchise au Japon,
05:05de boutique Cap de Taïwan au Japon,
05:07on a un restaurant à Londres qui s'appelle les 110 de Taïwan,
05:11qui est à Londres et qui est à nous,
05:13donc oui, on est un peu international, mais on ne vend pas beaucoup à l'international.
05:17– Pour autant, vous avez quand même à gérer de la main-d'œuvre,
05:19vous avez à gérer des marges, des impôts…
05:21– Ben, ça c'est différent.
05:22– Voilà, donc vous retrouvez un peu les mots de la France d'aujourd'hui,
05:25le poids des cotisations, des impôts,
05:27peut-être même d'ailleurs les super impôts sur les patrons,
05:29ça doit pas être facile.
05:30– Oui, ça c'est terrible, c'est qu'en fait,
05:32on se rend compte qu'en France, on parle d'une manière abstraite de l'entreprise,
05:36on va taxer les entreprises.
05:38Ce que les Français ne se rendent pas compte, c'est que l'entreprise, c'est eux,
05:41alors même si elle ne leur appartient pas,
05:43ils travaillent dans une entreprise,
05:44et que toute taxe qui augmente dans l'entreprise
05:46va au détriment des salariés qui font partie de l'entreprise.
05:49Donc à un moment donné, on prend la poche des entreprises,
05:52mais en même temps, l'entreprise ne donne pas tout aux salariés
05:54qui font partie de son activité.
05:57Donc on est tous dans le même bateau en fait.
05:59– Vous voulez dire que plus les cotisations augmentent,
06:01plus le revenu net, le salaire net est diminué.
06:03– Voilà, quand vous regardez une fiche de paye,
06:06vous vous rendez compte, pas l'absurdité,
06:08mais en tout cas, c'est monstrueux ce qui est reversé,
06:12on va dire à l'État, à la Sécurité Sociale,
06:14par rapport à ce que le salarié perçoit de net.
06:16– Mais comment revenir en arrière ? C'est ça, vous avez…
06:19– Du courage, du courage d'aller, je pense qu'il y a…
06:22alors on va dire la gabe J, je ne sais pas si on peut dire de la gabe J,
06:25mais je crois que dans nos affaires,
06:26lorsqu'on a des difficultés dans nos entreprises,
06:29on regarde le compte d'exploitation,
06:30on regarde là où on peut aller réduire de la dépense,
06:33il y a de la dépense un peu superflue, quand tout va bien,
06:35c'est agréable de dépenser, quand ça va un peu moins bien,
06:38on réduit, on réduit, je ne sais pas, les frais de déplacement,
06:40on réduit la communication, on réduit le marketing, on…
06:45– Et ce que l'État français ne sait pas faire, pas pour l'instant.
06:48– Bah écoutez, il n'a pas prouvé.
06:49– Céré Lévis, merci beaucoup d'être venu nous voir,
06:52Thierry Gardinier, je rappelle, président du groupe Gardinier.
06:55Reste avec nous sur CNews.

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