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00:00Bonsoir Thierry Breton. Bonsoir. Vous êtes l'ancien commissaire européen au
00:05marché intérieur. À l'issue du sommet sur l'intelligence artificielle, 58 pays
00:10ont signé la déclaration pour une IA ouverte, inclusive et éthique. Les
00:15Etats-Unis ne font pas partie des signataires. Est-ce que c'est un échec ?
00:18Ce n'est pas surprenant compte tenu des propos qui ont été tenus depuis
00:22plusieurs semaines, y compris pendant la campagne par celui qui allait devenir le
00:26président des Etats-Unis et y compris son vice-président. Donc non, je ne suis pas
00:30du tout surpris. Mais voyez-vous... Mais est-ce que ça va servir à quelque chose
00:34cette déclaration de bonnes intentions pour réguler l'IA si le principal pays
00:40leader dans l'IA ne signe pas ? Vous savez, nous sommes la première démocratie avec
00:48l'Inde du monde libre. Nous sommes une fois et demie plus grand
00:52que les Etats-Unis. L'Europe est une très grande démocratie. Donc que l'Inde, autre
00:57grande démocratie, l'Union Européenne, très grande démocratie, plus 61 pays
01:02signent dans la Chine, bien sûr les Etats-Unis devront s'adapter.
01:07Faute de quoi, madame Herbemont ? Eh bien ils ne pourront pas vendre leurs
01:11services. Alors nous sommes un marché ouvert, nous. Mais voyez-vous, nous avons
01:15mis des règles. Ces règles, quand je dis nous, c'est notre démocratie. Songez une
01:19seconde que ces règles, dont les auditeurs ont entendu parler, le DSA par
01:23exemple, pour protéger nos enfants et nos démocraties, sur les réseaux sociaux,
01:27les IACT pour protéger contre les dérives terribles qu'il pourrait y
01:32avoir contre nos enfants, contre nos concitoyens, contre aussi le droit de
01:36nos auteurs-compositeurs. Ces règles ont été mises en place et votées par notre
01:40démocratie. Tenez-vous bien, à près de 90% des
01:44députés européens ont voté tous partis confondus et l'unanimité des Etats
01:48membres. Donc notre démocratie, elle a tranché.
01:50Maintenant, si évidemment les plateformes américaines veulent venir
01:54vendre leurs services, et croyez-moi, elles le vendront, elles devront respecter
01:58ces lois, comme les plateformes chinoises, comme les plateformes
02:01singapouriennes et comme les plateformes européennes.
02:03Il n'y aura pas d'exception pour les Etats-Unis, tout simplement parce que c'est
02:07les Etats-Unis. Tous ceux qui vont vouloir venir vendre leurs services en
02:11Europe devront juste respecter notre loi. C'est un état de droit.
02:14Donc vous considérez que c'est plus grave pour les Etats-Unis de ne pas se
02:18mettre au diapason des autres puissances mondiales sur l'intelligence
02:24artificielle. C'est plus mauvais pour eux que pour l'intelligence artificielle au
02:27niveau mondial. Ah mais j'en suis convaincu, pour une raison extrêmement
02:29simple. C'est qu'encore une fois, tous les patrons qui étaient là, et je les
02:32connais bien, M. Sandar Pichai par exemple, le patron de Google, il a besoin
02:37de vendre ses services en dehors des Etats-Unis. Il en a besoin vital et il
02:41sait très bien qu'il faut juste qu'il respecte nos lois. Voyez-vous madame, en
02:46Europe, on conduit à droite. Et bien même si on fabrique des voitures qui
02:50avaient l'habitude de rouler à gauche, et bien il faut tout simplement mettre le
02:52volant à gauche pour conduire à droite en Europe. Y compris pour nos amis
02:56américains. Ce qui pose problème aux Etats-Unis, c'est d'entendre parler d'une
03:00régulation excessive. Ce sont les mots du vice-président américain.
03:04Régulation excessive qui risquerait de tuer une industrie en plein essor. Il n'y a
03:08pas un risque, effectivement, si on régule trop, comme c'est un peu ce qui
03:11est décidé aujourd'hui à Paris, de brider l'innovation en matière
03:17d'intelligence artificielle. On entend ce petit discours, vous savez, j'étais
03:22celui qui apportait évidemment ces régulations et qui les a présentées
03:24ensuite à nos co-législateurs, le Parlement européen et le Conseil européen.
03:27Et figurez-vous que j'entends ce petit discours, cette petite musique insinueuse
03:32qui vient des GAFA. Parce que les GAFA, et les GAFA c'est évidemment les
03:37Google, les Amazon, les Facebook, les X maintenant évidemment qui font partie
03:42évidemment de ceux-là, eh bien ils ne veulent pas avoir de régulation.
03:46Mais nous, vous savez, on est juste un état de droit. On veut protéger tout
03:50simplement ceux dont on estime qu'ils ont besoin d'être protégés dans cet
03:54espace informationnel. Croyez-moi, les parents qui nous écoutent comprennent
03:57très bien ce que je veux dire. Eh bien, pour que précisément, pour que les
04:02Google et autres soient en environnement sûr, eh bien, puissent vendre
04:06leurs services dont je ne m'estime pas qu'ils peuvent être utiles,
04:10ils devront juste respecter nos lois. Ce n'est pas des lois qui sont
04:14discriminantes envers quiconque, elles sont juste pour nous protéger.
04:17A bon entendeur, salut ! Et croyez-moi, ils le savent.
04:20Thierry Breton, vous espériez un Stargate européen, ce projet d'investissement de
04:24500 milliards annoncé par Donald Trump. À la place, l'Union européenne dévoile un
04:28plan d'investissement de 200 milliards pour l'IA. Est-ce que c'est assez
04:32ambitieux pour rivaliser avec les Etats-Unis et la Chine ?
04:35D'abord, on est dans un domaine où il faut innover, et je le redis à nos
04:38auditeurs, les quelques règles que l'on met n'ont jamais tué l'innovation, au
04:42contraire. On a mis des règles dans le transport aérien, pour la sécurité, ça a
04:46permis d'innover. Donc, tous ceux qui disent qu'on régule trop et que ça tue
04:51l'innovation se font, pardon les expressions, un peu les idiots utiles des
04:54GAFA. Donc, je le redis de façon très claire.
04:57Maintenant, il faut aussi avoir des projets, parce que l'intelligence
05:01artificielle, qui n'est que la troisième vague de la grande révolution numérique.
05:05On a connu les ordinateurs d'abord, l'internet ensuite, maintenant les
05:08données. C'est uniquement l'exploitation des données. C'est rien d'autre, c'est
05:12déjà beaucoup. Mais cette troisième vague, il faut des supercalculateurs, on les a
05:16en Europe, il faut des data centers pour stocker les données, on les a en Europe,
05:20et il faut évidemment des données, et on les a en Europe. Grâce aux régulations
05:24que nous avons mises en place, enfin, nos données ne vont plus s'évaporer. Mais il
05:28faut des infrastructures. Donc, oui, je suis de ceux qui pensent qu'il faut
05:32vraiment un Stargate européen. Et je suis très heureux des
05:36annonces qui ont été faites. Bien sûr, maintenant, c'est comme aux Etats-Unis,
05:39ce sont des montants qui ont été annoncés. Il faut évidemment que ça se
05:43traduise en les faits. Vous craignez qu'il n'y ait pas l'argent derrière les annonces
05:46d'investissement ? Elon Musk a dit qu'il critiquait implicitement le plan qui
05:51avait été annoncé par Donald Trump en disant qu'il n'y avait pas le premier
05:53sous-vaillant. Je suis sûr qu'en ce qui nous concerne, le premier sous-vaillant,
05:56il est là. Vous espérez en tout cas. Donald Trump, dont on parle beaucoup,
06:00annonce une hausse de 25% des droits de douane sur l'acier et l'aluminium.
06:04Est-ce que ça y est ? La guerre commerciale est déclarée à l'Union
06:08Européenne ? Elle est déclarée au monde entier. Il a déclaré la guerre
06:11commerciale au Mexique. Il a déclaré la guerre commerciale au Canada. Il a
06:14déclaré la guerre commerciale en Chine. Et donc, maintenant, effectivement, c'est
06:17l'acier. L'acier, ça concerne évidemment tout le monde. Je rappelle que 15% des
06:22besoins d'acier aux Etats-Unis proviennent de l'Union Européenne. Donc,
06:25oui. Notamment pour fabriquer des voitures. Notamment, mais pas que. Donc, oui, par effet
06:29de bord, si vous permettez cette expression, eh bien, nous sommes concernés.
06:32Nous sommes concernés, mais je rappelle qu'on était déjà en discussion avec les
06:35Etats-Unis sur, précisément, l'acier. Avant même le président Biden, il
06:41y avait ce risque des droits de douane à 25%. On avait trouvé un accord avec
06:44l'administration Biden. Vous vous souvenez, on avait à ce moment-là, un peu avant,
06:48que c'était encore Donald Trump, on avait dit si vous nous mettez les droits de
06:51douane, on va vous taxer le Bourbon du Kentucky,
06:55le Davidson du Maryland. Et finalement, on avait trouvé un accord, ça n'avait pas
06:59été fait. Vous croyez que là, il peut y avoir un accord, avant la mise en place de
07:03ces droits de douane, d'ici un mois ? C'est ce qu'a signé Donald Trump dans son décret.
07:06Écoutez, on verra bien. On a vu qu'il avait fait des menaces au Mexique, au Canada,
07:09qu'il les a retirées ensuite, dans les 24 heures, pour rentrer dans des
07:13discussions. On verra. Je crois que ce qui est important pour nous, voyez-vous,
07:16Européens, c'est que nous démontrions que nous sommes, encore une fois, cette
07:20grande démocratie dont je parlais à l'instant. Et que nous n'avons pas la
07:23main qui tremble. Parce qu'encore une fois, nous représentons les intérêts de
07:27450 millions de concitoyens. Et que précisément, le rôle de ceux qui sont
07:31à la tête de nos institutions, c'est de les défendre. Je suis convaincu qu'ils vont
07:34le faire. Croyez-moi, c'est absolument vital.
07:37La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a répliqué que les droits de douane
07:41injustifiés ne resteront pas sans réponse. Ils donneront lieu à des
07:44contre-mesures fermes et proportionnées. C'est ça la bonne riposte ? C'est au
07:48bon niveau, face à quelqu'un comme Donald Trump, qui lui non plus n'a pas
07:51la main qui tremble ? Eh bien, c'est uniquement rester dans une discussion
07:53commerciale. Puisqu'il engage la discussion sur les aspects commerciaux,
07:57on ne restera que sur une discussion commerciale. Mais certainement pas sortir
08:01des discussions commerciales. J'entendais qu'il serait prêt
08:04éventuellement à baisser les droits de douane si on abandonnait nos lois. Mais
08:09même pas en rêve, ça n'existe pas. Si on cédait un bout du territoire
08:12européen, je pense au Groenland, mais même pas en rêve, ça n'existe pas.
08:15Il faut juste rester au niveau business avec Donald Trump. Pas faire de deal sur d'autres sujets.
08:20Mais parce qu'encore une fois, nous sommes une grande démocratie. Et que
08:23voyez-vous ? On ne nous négocie pas comme ça. Nous avons, en tant que démocratie
08:28que nous sommes, pour nous, l'état de droit qui est représenté par nos corpus
08:32législatifs, qui a été voté par nos institutions démocratiques, c'est
08:35intouchable par quiconque. Ça peut peut-être pas plaire aux Chinois, aux
08:39Américains, à qui d'autre ? Que sais-je ? C'est nos lois.
08:45Quant à l'intégrité territoriale, elle est évidemment non négociable.
08:49Le reste, dans les discussions commerciales, il appartiendra à ceux qui
08:52sont en chargé de montrer la fermeté. La fermeté que nous sommes en mesure
08:56d'attendre quand on défend l'intérêt de 450 millions de nos concitoyens
08:59européens.

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