• il y a 4 jours
Camille George reçoit Edouard Vieillefond, directeur général de la Caisse Centrale de Réassurance

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à nouveau sur le plateau L'Opinion, la Géphi,
00:13ici au cœur des 32e rencontres de l'AMRAE à Deauville. J'ai le plaisir d'accueillir
00:18Edouard Vieillefont, directeur général de la CCR. Edouard, bonjour, merci d'être avec nous.
00:24Alors la CCR, c'est la caisse centrale de réassurance, le réassureur public qui permet
00:30de déclencher la garantie de l'État en cas de catastrophe naturelle et d'événements majeurs
00:34pour garantir les risques naturels. Que représente aujourd'hui la part de Catenat dans le paysage des
00:44risques en France ? Les catastrophes naturelles, réglementaires entre guillemets, celles qui
00:50rentrent dans le régime et qui sont gérées par CCR, donc qui sont les périls, les risques
00:54inassurables, c'est-à-dire les inondations, les tremblements de terre, les cyclones, etc. En fait,
01:01elles représentent une partie des catastrophes naturelles globales puisqu'il y en a certaines
01:04qui sont en dehors du régime, les tempêtes, grêle-neige, etc. Mais pour celles qui sont
01:07non assurables, qui sont dans le régime et qui ont besoin d'une intervention de l'État,
01:10d'une garantie, ça représente 2 milliards d'euros en moyenne par an avec des risques de pointe
01:16évidemment très élevés. Mais 2 milliards d'euros en moyenne, c'est à comparer à 5-6 milliards sur
01:22les catastrophes globales. Et évidemment, il faut comparer ça à un chiffre plus global de dommages
01:28en France qui sont autour de 50 milliards. Donc ça a l'air petit. En fait, en moyenne, ça ressemble
01:33à quelque chose de petit. Mais en réalité, avec les risques de pointe qu'on a, ça peut monter à 5,
01:3810, 15, 20, 30 milliards par an quand on a un cyclone ou un débordement de la Seine. Et c'est
01:42pour ça précisément que c'est un péril inassurable. Et le régime est absolument essentiel dans le
01:48fonctionnement et la couverture des risques naturels aujourd'hui. Alors, là récemment, la surprime
01:544 Nats qui s'intègre à l'assurance MRH pour les particuliers et à l'assurance multirisques pour
02:02les entreprises a été augmentée pour pérenniser justement la situation financière du régime. Mais
02:10ce n'est qu'un premier pas. Il y a d'autres actions qu'il faut absolument mener pour garantir
02:16le maintien de ce régime très précieux et spécifique à la France. Lesquelles, par exemple ?
02:21Oui, alors d'abord, je reviens sur le point. Il est très, très clair que oui, il faut pérenniser le
02:26régime et que certains périls ne sont assurables que grâce à CCR qui bénéficie de la garantie de
02:31l'État. Sans intervention de l'État, ça n'est pas assurable. En tout cas, il y aurait des limites
02:34de partout imposées par les assureurs. Et on a un marché, on a un régime qui fonctionne grâce à ça.
02:38C'est un partenariat public-privé. Il faut les assureurs primaires, mais il faut une caisse
02:43centrale et il faut l'État derrière. Ça, c'est extrêmement important. Alors, on a eu un financement
02:47ou refinancement du régime d'indemnisation par l'augmentation de la surprime qui a été décidée
02:51fin 2023 et qui rentre en œuvre cette année. Donc ça, c'est une très bonne nouvelle. Et honnêtement,
02:55avec cette surprime, on peut travailler et on prévoit de renforcer nos réserves dans les années
03:00qui viennent pour redevenir un absorbeur de choc comme on devrait l'être. Ça, c'est la bonne
03:04nouvelle et pour quelques années, ça marche. Après, ce qu'on sait et on l'a démontré dans
03:07nos propres modélisations, c'est qu'à moyen terme, moyen-long terme, les sinistres vont
03:12augmenter d'origine climatique et on va passer d'environ 2 milliards de dommages par an à plus
03:17de 3 milliards et ça pourrait même se rapprocher de 4 milliards d'euros en 2050. Donc, il faudra,
03:22mais ce n'est pas urgent, tous les 3 ans ou tous les 5 ans, une réévaluation pour voir si la
03:27surprime est suffisante ou pas, plutôt que de le faire comme ça a été fait dans le passé,
03:30uniquement tous les 25 ans, puisque l'augmentation précédente, elle datait de 2000. Bien sûr. Est-ce
03:35qu'il y a d'autres actions outre l'augmentation de la surprime ? Je pense par exemple au fonds
03:39Barnier, des actions comme ça qu'il faudrait envisager ? Là, on a résolu, en tout cas pour
03:46quelques années, on a résolu le problème du financement de l'indemnisation par de la prime,
03:50par de la prime d'assurance. Donc le sujet, c'est que maintenant, il faut aussi verrouiller le
03:54financement de la prévention et de l'adaptation qui là sont des fonds budgétaires qu'il faut
03:59allouer pour faire les travaux. Et oui, ça c'est le sujet du moment, on le voit aujourd'hui à
04:03travers les discussions sur l'APPL Laval, dans le projet de loi de finances également. C'est
04:08extrêmement important qu'on ait des montants de prévention collective qui suivent le rythme des
04:13sinistres. Et donc aujourd'hui, on sait qu'il va y avoir un prélèvement sur la surprime de l'ordre
04:17de 450 millions d'euros. Il faut que très très vite, ces prélèvements soient réaffectés en
04:23totalité aussi vite que possible pour faire des travaux, pour faire des digues, pour faire des
04:28ouvrages hydrauliques, pour faire de l'aménagement du territoire, parce que l'efficacité de ces
04:33dépenses est extrêmement élevée. Un euro dépensé dans ce genre de travaux économise trois euros
04:40au moins, trois à quatre euros. Et même quand on utilise le levier des financements locaux, ça
04:44passe de 1 à 8 en fait. Donc c'est de l'argent public qui est extrêmement utile et dans le débat
04:50budgétaire actuel, honnêtement, il n'y a pas de question à se poser sur l'efficacité de la
04:54politique publique. Quand il y a un euro qui passe par le fonds Barnier, c'est très efficace. Le sujet
04:58qu'on a par ailleurs, c'est qu'on est moins bon en prévoyance et en prévention, cette fois
05:03individuelle, et c'est vrai que là on a besoin de faire quelque chose de spécial, si possible via un
05:08fonds dédié pour la fameuse sécheresse, le retrait confinement des argiles, où il est beaucoup plus
05:12difficile d'atteindre les particuliers, puisque ce ne sont pas des travaux collectifs, ce n'est pas
05:16une digue, ce sont des individus qui doivent améliorer, renforcer leur maison, tant en
05:22réparation qu'en prévention, pour éviter que la maison se fissure. C'est très clair. Alors il y a
05:27aussi un autre travail, un autre chantier que vous avez lancé, c'est l'observatoire de
05:31l'assurabilité au niveau de la CCR. Est-ce que vous pouvez nous en dire deux mots, nous rappeler
05:37les objectifs et son fonctionnement ? Alors l'observatoire de l'assurabilité, donc de l'assurabilité
05:41face aux catastrophes naturelles, ce n'est pas l'assurabilité dans l'ensemble, c'est une commande
05:45qui nous a été passée par le gouvernement, donc un précédent gouvernement il y a quelques mois,
05:49et aujourd'hui nous allons faire quelque chose, c'est en fait croiser deux sous-cartes. On va faire
05:55une sous-carte des aléas, alors des principaux aléas, c'est-à-dire les cyclones, le retrait
05:59gonflement des argiles, les inondations, et en face on va croiser avec une autre sous-carte qui
06:04est la sous-carte, si j'ose dire, de la présence ou de la concentration des assureurs. C'est pour
06:08regarder si dans les endroits où c'est tendu, parce qu'il y a beaucoup d'événements, comme par hasard
06:13il y a moins d'assureurs ou en tout cas ils sont trop concentrés, il y en a trop peu qui ont trop
06:18du marché, ça veut dire qu'il y a un problème et qu'il y a une tension sur l'assurabilité. Donc nous
06:22remettrons le premier rapport normalement avant la fin du premier semestre en juin prochain. C'est
06:27une commande de l'État, donc c'est ensuite à l'État de voir ce qu'il veut faire de ce travail
06:30d'analyse, parce que c'est pas un travail d'action. Nous-mêmes nous avons déjà choisi un certain nombre
06:35de pistes pour accompagner et promouvoir l'assurabilité dans le traité de réassurance
06:38de CCR, mais pour l'instant il y a encore un petit peu de travail. Mais c'est en bonne voie,
06:44et les travaux avancent bien, il faut travailler avec les assureurs. Alors c'est en bonne voie puisque
06:47nous travaillons beaucoup avec les assureurs, puisque d'ailleurs le gouvernement a aussi demandé
06:52aux assureurs de nous aider à faire ce travail. Il y a beaucoup de travail technique, c'est pas
06:57simple du tout, donc d'où le temps que ça prend, d'où les délais, et par ailleurs évidemment nous
07:02sommes aussi en relation avec l'État et notamment avec le ministère de la transition écologique sur
07:07ce sujet. Est-ce qu'il y a une réflexion aujourd'hui pour intégrer de nouveaux risques naturels dans
07:13le régime CTR, dans le régime CATNAT ? Je pense par exemple aux feux de forêt que vous modélisez
07:20beaucoup, et là il y a eu un exemple récent avec Los Angeles, bon ça interpelle forcément. Alors
07:26soit dans le régime, soit d'ailleurs de nouveaux risques qui pourraient entrer à côté, pas dans
07:31le régime, mais en tant que risques extrêmes, gérés par CCR et la garantie de l'État, puisque
07:35aujourd'hui nous gérons, nous réassurons également d'autres risques extrêmes qui ne sont pas des
07:40catastrophes naturelles mais qui sont des risques de responsabilité civile des exploitants nucléaires
07:44par exemple, ou de terrorisme contre les dommages. Donc ça existe déjà, il n'y a pas que les CATNAT.
07:50Alors aujourd'hui nous regardons une quinzaine de risques en France pour voir si ces risques
07:56deviennent inassurables et s'il y a besoin d'une aide publique sous la forme d'une garantie d'une
08:00intervention de type CCR. Aujourd'hui aucun de ces périls ne mérite si j'ose dire de rentrer
08:05parce que ça reste assurable, mais effectivement nous regardons des périls naturels comme la grêle,
08:10comme les feux de forêt dont vous venez de parler, mais nous regardons d'autres risques qui peuvent
08:15arriver, nous regardons le cyber, nous regardons l'agriculture, nous avons regardé dans le passé
08:20le sanitaire, etc. Donc oui nous regardons, ça fait partie de notre mission d'ailleurs que de faire
08:26la veille de ces périls. Aujourd'hui nous ne recommandons de ne rien faire entrer dans le
08:31régime d'opus ou de ne prendre rien sous l'aile de ce partenariat public-privé. En revanche je
08:36peux me trouver à dire dans six mois quelque chose de totalement différent parce que les
08:40conditions auraient changé par exemple. Il faut rester agile face aux risques. Tout à fait, c'est de la veille, c'est de la veille active.
08:45Très bien, merci beaucoup Édouard Birifont d'avoir été avec nous. Merci.

Recommandations