Mardi 4 février 2025, SMART BOURSE reçoit Wilfrid Galand (Directeur stratégiste, Montpensier-Arbevel) , Grégoire Kounowski (Investment Advisor, Norman K) et Vincent Chaigneau (Directeur de la recherche, Generali Investments)
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché, Wilfrid
00:13Galland est avec nous, directeur stratégiste de Montpensier Arbevel, bonsoir Wilfrid.
00:17Bonsoir Grégoire.
00:18C'est la concrétisation dans le nom.
00:21Première télé Montpensier Arbevel Vistel, bravo, bravo, très heureux d'inaugurer cette
00:28belle opération.
00:29Bonsoir Kounovski est avec nous également, conseiller en investissement chez Norman
00:33Kaye, bonsoir Grégoire.
00:34Bonsoir.
00:35Bonsoir monsieur.
00:36Merci d'être là.
00:37Et Vincent Chenieux nous accompagne, directeur de la recherche de General Investments, bonsoir
00:40Vincent.
00:41Bonsoir.
00:42Merci d'être là, ravi de vous retrouver tous les trois.
00:44Vincent, commençons par les premiers enseignements de cette première salve de tarifs douaniers
00:49annoncée par Donald Trump.
00:52Une des leçons, c'est quand même que plus on est proche et plus notre économie est
00:56imbriquée avec celle des Etats-Unis, plus on négocie facilement et rapidement quand
01:00même.
01:01Il faut avoir le cœur bien accroché, mais en effet jusqu'à présent c'est plutôt
01:06en ligne avec notre hypothèse fondamentale qui est testée, sur lesquelles on n'a pas
01:14de certitude absolue évidemment, mais notre hypothèse est que Trump et les républicains
01:19voudront éviter un nouveau choc inflationniste de grande ampleur.
01:24J'aime rappeler que 2024 a été une année très riche en élections de par le monde
01:30et partout, mais absolument partout, les gouvernements en place ont perdu des sièges et dans une
01:35proportion qui est nettement supérieure à ce qu'on voit historiquement, si on regarde
01:41sur le dernier siècle.
01:42Le taux de transformation d'alternance est même de quasiment 90% je crois, sur les 60%
01:48du PIB appelé aux urnes en 2024 ou 80% peut-être d'alternance à l'issue de ces élections.
01:54Je pense que le choc inflationniste a été un facteur important dans ce mouvement de
02:00contestation et donc les républicains qui déjà font face à des élections de mi-mandat
02:06dans un peu plus de 18 mois aux Etats-Unis, une élection qui déjà sera difficile, peuvent-ils
02:13se permettre un choc inflationniste ?
02:14Notre hypothèse est que non et donc ils ne vont pas pousser tous les curseurs sur
02:20la politique notamment qui causerait un choc d'offres négatives, donc immigration, droits
02:26de douane.
02:27Ils vont être plus mesurés en la matière.
02:29Ce qui s'est passé avec la Colombie, le Mexique, le Canada soutient plutôt cette
02:37hypothèse.
02:38Parfois, Donald Trump renonce en moins de 24 heures à punir le consommateur et les
02:43entreprises américaines.
02:45Il repousse d'un mois, voyons ce qui se passe, mais c'est plutôt bon signe.
02:49Pour la Chine, la voie d'échappement sera beaucoup plus difficile, beaucoup plus pentue
02:54parce que la Chine est l'adversaire géopolitique numéro un et là, Trump sera plus dur, mais
03:01on voit là une hausse des droits de douane de 10 points qui en l'occurrence est très
03:08très loin des 60 dont il avait parlé pendant la campagne.
03:12La réaction chinoise elle-même a été mesurée, donc on part sur des bases pas trop agressives,
03:19disons-nous.
03:20C'est plutôt rassurant.
03:21Ce qui est intéressant Wilfried, vos commentaires sur cette première salve de tarifs, on s'intéresse
03:27évidemment à ça, mais ce qui est intéressant c'est que autant Mexique, Canada et Chine
03:33sont impliqués dans ce que d'ailleurs Peter Navarro ou d'autres conseillers de Donald
03:37Trump estiment être une guerre contre la drogue, le fentanyl, plutôt qu'une guerre
03:42commerciale.
03:43J'attends de voir quel va être le rationnel concernant l'Europe.
03:46On sait que Donald Trump a commandé des rapports aux treizeurs et à différentes agences qui
03:50doivent être rendus le 1er avril pour évaluer les dommages ou non du commerce mondial avec
03:57les Etats-Unis et autant Donald Trump ne peut pas accuser l'Europe de trafiquer ou d'exporter
04:02du fentanyl, ça ne semble pas être le cas en tout cas du point de vue de Donald Trump,
04:07tant peut-être que sur la dimension commerciale il y aura des griefs à revendiquer.
04:11Oui, ça va être le point essentiel, Donald Trump en fait a besoin de ses voisins, il
04:20respecte et il craint la Chine, il ne veut mettre pas l'Europe et c'est ça toute la
04:25différence.
04:26Et on voit bien que le sujet fondamental qui va être le sujet autour duquel vont tourner
04:32les discussions entre les Etats-Unis et l'Europe, ça va être la technologie.
04:36C'est-à-dire qu'on voit très bien que ce qui se profile c'est dans la foulée des
04:43déclarations d'un Mark Zuckerberg ou d'un Elon Musk, c'est la volonté des Etats-Unis
04:51de s'attaquer à la réglementation européenne comme étant une réglementation en fait protectionniste
04:55qui sous couvert d'ouvrir le continent aux échanges est en fait un élément qui leur
05:01permet de s'abriter de la grande puissance américaine qu'elle souhaiterait développer
05:06partout.
05:07Or là on est au cœur de la construction européenne, on est au cœur identitaire,
05:11on est dans cette fameuse cathédrale normative héritière de l'Empire Austro-Hongrois.
05:15C'est notre consensus quoi !
05:17Exactement, qui fait l'Europe, l'Europe c'est une cathédrale normative, renoncer
05:21au DMA, au DSA, au RGPD, à l'IA Act, ce serait quelque chose d'extraordinairement
05:26douloureux et probablement impossible en termes de consensus à atteindre.
05:30Même s'il y a des forces en Europe qui sont en train de s'élever sur cette cathédrale
05:38normative comme vous dites.
05:39Bien sûr, mais l'attaque pourrait être probablement très importante là-dessus,
05:44probablement plus que sur des domaines où on l'attend, c'est-à-dire l'automobile,
05:48les spiritueux, des choses qui sont assez basiques.
05:50Ça, ça va véritablement être le cœur du débat et autant effectivement on voit
05:55que sur ses voisins, il a une attitude un peu, c'est la doctrine Monroe du président
06:04du XIXe siècle qui disait en fait l'Amérique latine et l'Amérique en général c'est
06:08notre arrière-cours donc ne venez pas y toucher.
06:10Il assure son pouvoir, c'est très clair et derrière il a une posture qui lui permet
06:15de dire à son électorat, regardez j'ai déjà fait des choses et j'ai déjà obtenu
06:19plein de choses, personne n'est véritablement dupe mais en tout cas les apparences s'en
06:23sauvent.
06:24La Chine, ça va être un délai, je suis peut-être encore avec Vincent, ça va être
06:27quelque chose de beaucoup plus de longue haleine avec le consensus anti-chinois à Washington
06:31qui est quand même très très compliqué à surmonter mais le véritable sujet sur
06:35lequel on va se battre fortement au sujet de ces droits de douane, c'est effectivement
06:40ça va être autour de l'Europe et à mon avis autour de la République.
06:41Et le point de pression c'est sur la tech et la réglementation technologique, c'est-à-dire
06:44les questions acheter mon gaz, acheter ma défense, etc. c'est finalement pas le cœur
06:50du sujet pour Trump.
06:51Et donc seulement à partir du moment où la Chine dit je vais acheter de moins en moins
06:54de gaz américains, il est évident que l'Europe va dire de toute manière j'ai besoin du
07:02gaz américain.
07:03Mais pour Trump, un ex-partenaire, un sparring partner qui a besoin de lui, ce n'est plus
07:13quelqu'un avec lequel véritablement on doit discuter, c'est quelqu'un avec lequel on
07:16peut imposer des choses.
07:17Or on a besoin du gaz américain, on en a besoin, et ça il le sait.
07:21En revanche, le sujet c'est le fameux marché unique européen, comment faire en sorte que
07:27les géants de la technologie aient effectivement totalement accès, alors qu'on voit quand
07:32même que l'Europe se rédit de plus en plus là-dessus avec des amendes qui commencent
07:35quand même à taper un peu, si ce n'est le cœur du portefeuille, au moins le cœur
07:40de l'ego d'un certain nombre, et on sait que c'est important, d'un certain nombre
07:44de géants de la technologie, donc ça, ça va être effectivement pour moi un sujet
07:46très important.
07:47Comment vous regardez cette entrée en matière de Trump et de ses équipes sur le front commercial,
07:53qu'est-ce que ça peut inspirer pour la suite ?
07:55Il n'y a rien de très nouveau sous le soleil, si vous me permettez l'expression.
07:58Ce qui s'est passé hier, on aurait pu le voir venir, c'est ce qu'on a nous commenté
08:02à Normand Quay en début de séance, en disant qu'il ne fallait pas paniquer, que très
08:06probablement il allait revenir, en tout cas il allait rétro-pédaler sur un certain nombre
08:09d'événements, on a eu raison derrière, sur le Mexique et sur le Canada, effectivement
08:12M.
08:13Macron, il met, comme on l'appelle, on hold en anglais pendant un mois, il est toujours
08:17dans une posture, on le connaît, il a déjà fait un mandat, alors il a encore plus affirmé
08:21une posture de négociation, il va avoir le meilleur pour lui, pour ses proches et derrière
08:25pour son pays, et il est toujours dans les postures de négociation, et ce qui est intéressant
08:28effectivement, et je rejoins un peu l'analyse, c'est que c'est assez facile d'avoir des
08:32soldats déployés à la frontière du Canada, du Mexique, pour effectivement empêcher l'immigrant
08:36illigo, le fait annul, etc., la question à se poser c'est qu'est-ce qu'il va demander
08:39à l'Europe ?
08:41Vous avez probablement vu juste, c'est probablement ça, peut-être qu'il va demander qu'on achète
08:45plus de voitures automobiles, enfin des voitures américaines, on le fait déjà, mais c'est
08:48vrai que mettre des soldats à quelques frontières en Europe, ça ne va servir pas à grand-chose,
08:54empêcher les gens de partir...
08:55Et puis là on est vraiment sur des questions de sécurité, le sous-jacent légal qui lui
08:59permet de prendre ses décrets sur le Mexique, le Canada, encore une fois, c'est la lutte
09:03contre la drogue et l'immigration illégale, pour l'Europe c'est des sous-jacents légaux
09:07qui sont moins évidents.
09:08Alors ce qui est intéressant à noter, c'est qu'il parle d'Europe continentale, il exclut
09:11le Royaume-Uni, qui dit que c'est « off the game » comme on dit, donc pour l'instant
09:14ce n'est pas une question d'actualité pour lui, même s'il y reviendra après, je crois
09:18qu'il a dit dans un de ses discours qu'il fallait cosser la bague du 18 février, ça
09:21allait être les tarifs qui vont être imposés à l'Europe, ça va être un jeu de négo,
09:25de négociation, qu'est-ce qu'il va nous demander ? Probablement un accès plus déréglementé,
09:29je ne suis pas sûr qu'on lâche dessus, ça va être intéressant de voir.
09:32Par contre, d'un point de vue purement marché, ça a très bien réagi, hier c'était un
09:36peu panique le matin, on a vu que ça s'est stabilisé avec les nouvelles sur le Mexique
09:40puis le Canada, la Chine c'était plus ou moins pricé déjà, donc effectivement il
09:44n'y a pas d'effet.
09:45Ce qu'il faut regarder sur les tarifs c'est l'euro-dollar, l'euro-dollar a fait un excès
09:48à 1,01 quelque chose pendant la nuit, donc du lundi, et aujourd'hui on est à 1,03,
09:521,35, 1,03, 1,40, ça a complètement inversé la tendance du jour et ça revient gentiment
09:56sur les 1,04, potentiellement les 1,05.
09:59Ça va arriver sur l'Europe, il faut rattacher sa ceinture parce que ça va piquer quand même
10:03sur l'Europe, donc le marché est assez complaisant pour l'instant, il remonte, ok, très bien,
10:09ça va arriver, je ne pense pas qu'il va rester dans une posture de négociation, il va demander
10:13des contreparties, lesquelles aujourd'hui, compliqué à dire, même si je...
10:16Le marché a dépricé en Europe, le marché a dépricé le risque d'attaque commerciale
10:21ou tarifaire de Trump.
10:22Regardez juste l'effet, vous avez un DAX qui est au plus haut historique, quasiment
10:25au plus haut historique, alors on le sait, c'est la composition de l'indice, c'est SAP,
10:28c'est Allianz derrière, des boîtes qui marchent très bien, qui font la majorité de l'indice.
10:31Aujourd'hui, vous avez ça, le 4,40 sur le rattrapage du luxe qui est vachement revenu,
10:34on a des performances à plus 7, plus 8 depuis le début de l'année.
10:38On est quand même dans une situation de complaisance où le marché nous dit aujourd'hui,
10:41prevant dans la séance d'hier, qu'on le connaît, c'est une posture, on va lui donner ce qu'il veut,
10:45il va passer au prochain et on va pouvoir s'occuper de nos petites affaires,
10:48de notre petit business et continuer comme ça.
10:50Je ne suis pas certain que ça soit aussi simple que ça.
10:521,02, 1,03 l'euro, il n'a pas intégré le risque tarifaire ?
10:56La preuve que non, on est remonté directement à 1,03, 1,35 et on va gentiment sur la 1,04.
11:00Donc après, il y a un point de gravité sur la 1,05, mais je ne suis pas sûr qu'on aille voir la parité non plus.
11:05Donc, il y a une sorte de complaisance, je ne sais pas si Monsieur me rejoindre là-dessus,
11:09mais qui me fait dire quand même qu'on connaît sa posture,
11:13on sait que quand il obtient ce qu'il veut par rapport à sa base électorale,
11:16il a tendance à inverser ses positions, on l'a bien vu, ça s'est réglé très rapidement pour l'instant.
11:21Il menace beaucoup jusqu'au jour où les menaces vont devenir des réalités,
11:24hormis la Chine, et ça va rester, et je ne suis pas sûr que le marché anticipe ça pour l'instant,
11:28en tout cas les marchés européens.
11:29Mais le sujet des devises va être un sujet essentiel.
11:34Et on voit bien que ce profil dans la tête d'un certain nombre de responsables américains,
11:39un peu l'équivalent des fameux accords du plaza, de septembre 85 ou 86 de mémoire,
11:44qui entre les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne de l'Ouest de l'époque, la France et le Royaume-Uni,
11:51avaient fait un espèce de grand jeu monétaire pour rééquilibrer les échanges.
11:56Une réappréciation violente des grandes devises mondiales face au dollar.
12:00Exactement, et en particulier une réappréciation violente du Yen qui avait conduit finalement à la crise monumentale du Japon.
12:05Et il ne faut jamais oublier que les grandes crises économiques,
12:10les grandes instabilités, prennent leurs racines dans l'instabilité monétaire.
12:14Donc on va voir comment ça va se passer, mais je ne serai pas étonné que viennent dans le jeu de négociations,
12:18ces éléments de parité monétaire.
12:21Sachant que le Trésor américain publie régulièrement des listes de devises,
12:27qui considèrent comme étant les plus surévaluées,
12:29et aux côtés de devises dont on entend très peu parler, comme le don vietnamien,
12:33il y a évidemment, en première ou deuxième position, le Yen et l'euro.
12:38Et donc le sujet c'est effectivement comment va rentrer dans la négociation ce paramètre-là,
12:44est-ce que c'est possible ou pas, sachant que les banques centrales disent toujours
12:46moi je ne m'occupe pas des taux de change, mais il y a un impact sur l'inflation,
12:49il y a un impact sur les exportations évidentes.
12:51Donc ça, ça va être véritablement un sujet très important,
12:54avec lequel peut-être il peut jouer sur ce côté urgence nationale,
12:57en disant regardez, le Trésor américain nous dit la devise euro est extrêmement sous-évaluée,
13:02donc c'est un sujet national pour nous, d'urgence.
13:05C'est l'enjeu de ces rapports qui doivent être rendus le 1er avril,
13:08Peter Navarro en parlait encore, effectivement,
13:10on verra dans quelle mesure ces rapports permettent d'évaluer des dommages
13:14liés à des compétitivités qui ne seraient pas faires du point de vue américain.
13:20L'Europe n'a jamais été accusée de manipulation de devise au sens...
13:24De façon si claire, non, mais en revanche, quand on lit un certain nombre de papiers du CBO,
13:29on voit qu'il commence à y avoir le terme qui apparaît sur sous-évaluation manifeste.
13:35On n'est pas loin de manipulation ostensible, il nous reste juste un petit cran à franchir.
13:41Vincent, avec l'idée, votre postulat, effectivement, partagée par d'autres,
13:46que Trump ne prendra pas le risque de réveiller l'inflation,
13:49ni même la perception de l'inflation chez l'américain électeur, notamment Maga,
13:56quelle marge de manœuvre ça lui donne ?
13:57Je comprends que 25% de tarifs sur le Mexique et le Canada,
14:01vu l'imbrication des chaînes de valeur,
14:03c'était forcément très nettement inflationniste,
14:06au moins en première intention, en première réaction.
14:09Est-ce que c'est aussi vrai s'il s'attaque à l'Europe, s'il continue de s'attaquer à la Chine,
14:14ou est-ce que là, les corrélations sont moins évidentes, du point de vue inflationniste, en l'occurrence ?
14:19Non, je pense que non.
14:20L'Europe et la Chine sont deux très grands partenaires commerciaux des Américains,
14:25donc je pense qu'il va avoir tendance à utiliser les droits de douane comme une menace,
14:30plutôt qu'un outil mis en place, sauf pour la Chine.
14:35L'Europe, également, sera frappée, mais sera-t-elle frappée durement ?
14:38Je ne suis pas persuadé.
14:40Il y a également cette idée qu'on évolue vers un monde bipolaire,
14:46avec les Etats-Unis d'un côté, la Chine et le Grand Sud de l'autre,
14:51où se positionne l'Europe à ce niveau-là.
14:53Donc l'Europe a quand même, je pense, du répondant,
14:56même si l'Europe, malheureusement, a terriblement souffert ces dernières années,
15:00notamment de la guerre en Ukraine,
15:02et est en retard sur beaucoup de domaines militaires, technologiques, productivité, innovation.
15:09Donc l'Europe est dans une situation très difficile,
15:12mais elle a quand même du répondant,
15:14via la politique concernant la tech et l'intelligence artificielle,
15:20via également son positionnement entre les Etats-Unis et la Chine.
15:23Donc l'Europe a quand même du répondant.
15:25Est-ce que c'est l'intérêt des Etats-Unis de frapper un partenaire qui est déjà très affaibli ?
15:31Donc je ne pense pas que Trump sera particulièrement tendre avec l'Europe,
15:34mais je ne pense pas non plus qu'il sera aussi dur qu'avec la Chine.
15:38Mais je partage que le change sera très important, nous l'avons dit,
15:42c'est l'élément majeur qu'il faut regarder pour évaluer ce qu'on appelle les Trumponomics.
15:48En l'occurrence, on l'a très bien vu ces derniers jours,
15:52avec une politique commerciale agressive, le dollar s'envole.
15:58On est déjà sur des niveaux historiquement très élevés du dollar américain,
16:02si on regarde le taux de change effectif réel,
16:05donc avec l'ensemble des partenaires et corrigés de l'inflation,
16:08le dollar est déjà très élevé.
16:10On sait qu'historiquement, une hausse trop rapide, très rapide,
16:13du dollar vers des niveaux extrêmes est déstabilisatrice.
16:17Elle est laissée mauvaise pour les profits globaux en dollar.
16:19Ça tente à affecter les économies émergentes
16:24et affecter l'ensemble des marchés d'action in fine.
16:27On sait que Trump regarde beaucoup les marchés comme jauge de sa politique.
16:32Est-ce qu'il a intérêt, il a encore à taper très fort et emmener le dollar très haut
16:36et éventuellement plomber le marché obligataire et le marché action ?
16:40Je n'en suis pas persuadé.
16:41Donc on reste sur cette ligne, mais effectivement,
16:44le dollar sera une valeur très importante à regarder pour juger la politique de Trump.
16:52Et on peut imaginer que dans le dollar tel qu'il est aujourd'hui,
16:56beaucoup, une partie au moins des Trumponomics a été anticipée depuis septembre.
17:01Maintenant, on était à 1,12 sur l'eurodole en septembre.
17:04On peut imaginer une baisse significative du dollar.
17:08Alors pour quelles raisons, je n'en sais rien.
17:10Mais en 2017, le dollar perd 10% sur l'année post-élection de Trump,
17:15la première année d'exercice du pouvoir de Trump.
17:19C'est un schéma qui est envisageable.
17:21Il y a un chemin possible pour ça ?
17:23Dans notre scénario central, on a une appréciation modeste du dollar
17:26à partir de niveaux déjà très élevés comme je l'ai dit.
17:29Notamment parce que la Chine reste assez faible
17:32et parce que l'ABCE va baisser les taux beaucoup plus agressivement que la Fed.
17:36Mais c'est vrai que c'est déjà très pricé ça.
17:38Donc sauf politique très agressive de Trump,
17:41je pense que le potentiel à la hausse du dollar est limité.
17:45Par contre, si on a des surprises positives au niveau de la croissance mondiale
17:49et au niveau de Trump, de la politique commerciale en l'occurrence,
17:53le potentiel de repli de l'or est significatif.
17:56Sur la croissance mondiale, j'aimerais évoquer un point très important.
17:59On a des signes selon lesquels le secteur manufacturier, enfin, est en train de décoller.
18:05On est à 50 sur l'ISM manufacturier.
18:10On a été sur des niveaux très faibles, précession du secteur manufacturier.
18:15On voit les signes, regardez dans les composantes ISM,
18:18la composante nouvelle commande par rapport au stock, inventories,
18:23sera su en train de remonter assez nettement.
18:26Les commandes se reprennent.
18:28C'est quand même assez favorable.
18:30Je pense que le mouvement de baisse des taux, les conditions financières, très favorable.
18:35Fin du déstockage, etc.
18:37Le cycle de stock.
18:39Mais ce n'est pas Trump depuis le 20 janvier à la Maison Blanche.
18:41Non, il y a également la confiance notamment américaine.
18:44C'est certes au niveau des petites entreprises américaines.
18:47On voit qu'il y avait un écart énorme entre la confiance des grandes entreprises et des petites.
18:51Là, la confiance des petites entreprises américaines est en train de monter très fortement.
18:55Donc, à suivre, mais c'est vrai que la combinaison d'une reprise manufacturière
19:00et d'une politique de Trump qui serait relativement coopérative
19:05pourrait être très favorable au marché émergent.
19:08Sur les échanges, il faut garder du long dollar ?
19:11Il faut continuer d'être acheteur dollar aujourd'hui ?
19:14C'est une clientèle privée à laquelle vous apportez du conseil, Grégoire.
19:19Ou est-ce qu'on peut envisager d'acheter d'autres devises, par exemple ?
19:25Le momentum est quand même globalement très bon pour le dollar.
19:27Après, un trade, quand il est trop consensuel comme ça l'est aujourd'hui,
19:30on est assez certain d'un point de vue expérience que c'est l'inverse qui se passe.
19:33Nous, on est relativement honnête sur ce qu'on dit.
19:35On pense que le point de gravité, c'est un 0,5.
19:37Et en dessous d'un 0,20, on est plutôt vendeur de dollars pour faire du sterling ou de l'euro.
19:41C'est comme ça qu'on le joue, nous.
19:43On n'est pas convaincu que ça aille beaucoup plus loin que la parité.
19:46Si parité il y a, comme on n'était pas convaincu quand ça allait à un 12,
19:49que ça allait à 20, comme beaucoup ont prédisé.
19:51C'est rangy, quoi, en fait.
19:53Ça l'est. Après, beaucoup de choses peuvent se passer.
19:56Mais on est plutôt, on va dire, sur un excès d'optimisme,
19:58plutôt vendeur de dollars pour faire autre chose,
20:00parce qu'on n'est vraiment pas convaincu, et moi le premier,
20:02que ça aille beaucoup plus loin par rapport à ça.
20:04Comment vous voyez les banques centrales fonctionner, réagir dans le monde de Trump ?
20:10Avec la volatilité, l'incertitude, la menace, les mesures, les contre-mesures, etc.
20:16Qu'est-ce que ça implique de nouveau pour les banques centrales ?
20:18Bon courage à Jerome Powell, vu ce qu'il a dit.
20:21Moi, ça, il le sait.
20:23On reste, pour nous, en tout cas, à une divergence qui va être assez prononcée,
20:26et je rejoins l'interlocuteur.
20:28C'est-à-dire que la BCE ne va pas avoir d'autre choix que de baisser ses taux.
20:30La macro n'est pas très bonne.
20:32Les taux d'inflation, pour l'instant, de ce qu'on voit, reviennent sur les 2%.
20:35Ils l'ont dit, ils vont le faire.
20:37C'est toujours une question de magnitude et de temporalité.
20:40Ils vont le faire, à quel niveau, à quelle vitesse ?
20:42En tout cas, ils vont le faire.
20:44La Fed a très clairement dit qu'elle était beaucoup plus prudente.
20:46Elle a raison de voir que sur la séance d'hier, typiquement, ça justifie.
20:50Ils ne vont pas avoir d'autre choix que de baisser les taux,
20:52parce que Trump va leur mettre une gentille pression pour le faire.
20:54Et ça, paradoxalement, c'est plutôt négatif dollar, quand même, au final.
20:57Donc, je pense qu'ils vont suivre le mouvement.
20:59Maintenant, il y aura toujours une certaine divergence
21:01qui va rester assez accentuée entre les deux zones.
21:03Ça va quand même beaucoup mieux de leur côté que de l'autre.
21:05Donc, on jouerait ça plutôt comme ça.
21:07Oui, oui, ils ont moins d'urgence à baisser les taux, côté américain.
21:11Ils peuvent répondre par un principe de réalité qui peut les rattraper.
21:13Mais pour l'instant, de ce qu'on voit, ça marche plutôt bien pour eux.
21:16Donc, effectivement, ils ont plus de temps pour pouvoir voir un peu la chose
21:21et calibrer leur baisse.
21:23Mais ils vont baisser aussi, je pense, progressivement.
21:25C'est exactement ce qu'a dit Powell, effectivement.
21:27On va prendre le temps d'analyser, de factoriser et d'évaluer l'impact des décisions.
21:32Pas juste les décisions.
21:34On prendra le temps aussi de voir ce que ces décisions ont comme conséquences.
21:38La Wait and See Conference.
21:39Oui. Et donc, la conversation Trump-Powell, comment ça va se passer, Wilfred ?
21:44Les deux parties ne se cacheront aucune de leur divergence
21:47dans une conversation qui s'annonce franche.
21:51Toute la question, en fait, pour la Fed et plus généralement pour les banquiers centraux,
21:56ça va être d'évaluer l'impact potentiellement récessif d'une escalade commerciale.
22:02Je suis totalement d'accord avec ce qu'a dit Vincent.
22:04On est dans un moment du cycle où on se dit finalement que ça se passe plutôt pas mal.
22:08Si on pense, historiquement, ça s'est toujours vérifié,
22:12que le cycle manufacturier est en avance par rapport au reste du cycle économique,
22:16on est plutôt dans une phase qui est plutôt une bonne phase de l'économie mondiale
22:21où, en tout cas, on n'est pas au bord de la récession.
22:23En revanche, si on va vers une escalade commerciale, voire une déstabilisation des devises,
22:27alors, effectivement, on aurait cet impact récessif.
22:30Et j'aime rappeler régulièrement qu'une hausse des droits de douane
22:34fonctionne exactement, sur l'économie qui l'impose, comme une hausse d'impôt.
22:39C'est une hausse d'impôt.
22:40C'est pas profondément inflationniste, sauf si vous avez un choc d'offres qui se cumulent,
22:43qui vient, par exemple, avec un choc sur le marché du travail américain
22:47suite à des politiques immigrationnistes extraordinairement restrictives.
22:50Mais, en tant que telle, ça n'est pas inflationniste.
22:52Il n'y a pas de mécanisme qui se déplanche.
22:53Vous faites remonter le niveau des prix, mais ce n'est pas inflationniste.
22:55En revanche, c'est récessif.
22:57Vous appuyez sur le pouvoir d'achat général, vous faites remonter, en fait, les coûts de l'économie.
23:02C'est comme ça que la Fed avait lu la première guerre commerciale 2018-2019.
23:06Exactement.
23:07Et ça, en fait, ça va être extrêmement difficile à arbitrer pour la Réserve fédérale.
23:15C'est-à-dire, comment est-ce que j'essaie de ne pas me retrouver une nouvelle fois en retard
23:22par rapport aux effets des politiques économiques qui se déclenchent ?
23:25Puisqu'on a vu que, dans la conférence de presse,
23:27Jérôme Paul a fait extrêmement attention de ne pas rentrer dans ce que nous,
23:31on adore faire autour de ce plateau et dans notre métier,
23:33c'est-à-dire des scénarios.
23:34Ah bah oui !
23:35Et surtout pas dire, ça c'est notre scénario central, etc.
23:37À nous, là, on a beaucoup de chance, on peut donner notre scénario central.
23:40Powell, on l'a bien vu, ne voulait surtout pas donner une quelconque indication.
23:45Néanmoins, il va falloir à un moment donné qu'il se projette sur un impact
23:49à la fois sur la conjoncture économique et sur la réaction des différents acteurs
23:54pour ajuster sa politique monétaire.
23:55Je suis totalement d'accord avec Grégoire et Vincent.
23:57Évidemment, on voit bien que la tendance générale est à une baisse progressive des taux.
24:01Et d'ailleurs, on voit sur le marché américain,
24:03ce qui me paraît très intéressant, c'est quand on regarde les taux relativement long terme,
24:07ils sont assez stables, parce qu'on voit l'équilibrage entre...
24:1025 et 26 ?
24:11Non, mais d'une certaine manière.
24:13On est en train de dire, remonter les taux, ça veut dire remonter les taxes.
24:18Ça veut dire que globalement, je fais monter les prix,
24:22donc il ne faut surtout pas que je fasse baisser les taux.
24:24Mais ça veut dire aussi que j'ai un effet potentiellement récessif,
24:27donc il faudrait potentiellement que je les baisse.
24:28Donc, entre les deux, je les laisse stables.
24:32Et donc, on se situe un peu dans cette espèce de zone grise.
24:34Ce n'est pas facile de sortir de la zone grise.
24:36Ça va être extrêmement dur pour les banquiers centraux,
24:38parce que ce qu'ils détestent, c'est revenir en arrière une fois qu'ils ont enclenché un mouvement.
24:42Ça, ils détestent ça.
24:43Vincent, est-ce que la BCE trouvera de plus en plus d'arguments sur son chemin
24:48pour aller en dessous de 2 %,
24:51qui peut être un tonneau de consensuel aujourd'hui au sein du Conseil des gouverneurs,
24:55et indépendamment, j'allais dire, de la trajectoire
24:59ou de la gestion de la situation américaine par la Fed ?
25:03Oui, c'est ce qu'anticipe le marché.
25:06Ils ont baissé à 2,75 %.
25:09Le marché Price, environ 85 points de basse cette année,
25:12donc légèrement en dessous de 2 %.
25:15Le marché hésite entre 3 et 4 baisses supplémentaires cette année.
25:19Ça nous semble raisonnable.
25:20Nous, on en voit plutôt 4 supplémentaires.
25:22Ceci dit, il y a un bémol.
25:24C'est que la BCE a indiqué lors du dernier meeting,
25:27et ça a été suivi d'annonces de gouverneurs dans ce sens-là,
25:32qu'ils se rapprochaient du taux neutre.
25:35La borne haute de l'estimation du taux neutre.
25:38Le taux neutre, probablement,
25:40qui est un range de fluctuation assez large,
25:42disons entre 75 et 250.
25:45Avec la prochaine baisse, on est sur l'estimation haute.
25:50La BCE doit publier très prochainement sur le sujet
25:54où se situe ce fameux taux neutre.
25:56La question c'est, est-ce qu'il faut assouplir la politique monétaire
26:01en deçà de la neutralité ?
26:02Est-ce qu'on a besoin aujourd'hui d'une politique accommodante ?
26:05Probablement, si on regarde le niveau de croissance,
26:07qui est faible et inférieur à 1 %,
26:09mais l'inflation reste un peu haute,
26:11donc ce n'est pas forcément trivial.
26:15Mais oui, nous avons plutôt tendance à penser
26:17que la normalisation de l'inflation et la faible croissance
26:21militent pour des baisses de taux relativement agressives de la BCE.
26:24Pour ce qui est de la Fed, le marché ne price que 44 fois de basse cette année.
26:27Encore ?
26:28Encore, mais je trouve que ce n'est pas beaucoup.
26:32Nous, on a 50, on n'est pas très loin,
26:34mais il me semble que le marché n'est pas très agressif.
26:37L'inflation normalise.
26:39Regardez le chiffre du PCE du mois de décembre.
26:44Sur les trois derniers mois, on est à 2,2 % annualisé,
26:48donc on se rapproche de l'objectif à confirmer.
26:52Mais je ne sous-estimerai pas cette normalisation de l'inflation américaine,
26:58surtout parce que les coûts unitaires du travail sont très modérés.
27:03Le marché de l'emploi se détend et la productivité est forte.
27:06Point clé d'ailleurs sur l'inflation,
27:08puisque c'est votre postulat,
27:10Trump ne prendra pas le risque de réveiller l'inflation.
27:13C'est valable aussi pour la partie migratoire des Trumponomics ?
27:20Probablement, mais clairement il veut...
27:23Il y a quelques effets d'annonce spectaculaire
27:26pour renvoyer certains illégaux dans leur pays.
27:31Mais je pense que net,
27:35on aura un ralentissement des flux migratoires positifs.
27:39Ça a commencé déjà l'été dernier, sous Biden.
27:41Ça a commencé déjà sous Biden, absolument.
27:43Mais je ne pense pas qu'on va avoir un effet très dur.
27:46Il n'y a pas un renversement du flux non plus à attendre.
27:49On ne s'attend pas à un choc d'offres négatif puissant à ce niveau-là.
27:53D'accord.
27:55Ça, ce serait un des signes noirs de l'économie américaine.
27:58Ce qui a permis à l'économie américaine d'avoir à la fois
28:01de la croissance, la baisse du chômage et une inflation qui baisse,
28:06c'est parce que vous avez eu des flux migratoires importants
28:08qui ont permis de détendre le marché du travail.
28:10Si vous retendez d'un seul coup le marché du travail
28:12et vous refaites un choc d'offres là-dessus,
28:14là ce serait évidemment extrêmement négatif.
28:16On est tous, je pense, le milieu des économistes à se dire
28:20qu'il ne faut surtout pas qu'ils le fassent.
28:22Est-ce que la politique et les effets d'annonce et les effets de manche
28:25prendront le pas sur la rationalité économique ?
28:27Trump fonctionne beaucoup aussi, au moins dans un premier temps, à l'émotion.
28:31Espérons qu'effectivement il aura d'autres chats à fouetter,
28:34c'est ce que j'espère,
28:36plutôt que de faire une politique qui en plus lui coûte extrêmement cher.
28:39Vous avez vu que...
28:40Ah oui, par tête de migrant à renvoyer.
28:42Il utilise les avions militaires les plus gros pour avoir des superbes images,
28:46parce qu'il a les plus gros avions militaires, il faut le savoir.
28:48Il a les plus gros avions militaires du monde, c'est très important.
28:50Et en fait, utiliser ces gros avions militaires, ça coûte un argent phénoménal.
28:54Donc en fait, même d'un point de vue bilan économique, ça ne fait aucun sens.
28:58Mais sait-on jamais ? Je pense qu'il faut rester prudent.
29:01La question identitaire aux Etats-Unis est extrêmement forte.
29:07Il ne faut pas oublier qu'un des présidents dont s'inspire Trump,
29:11c'est quand même Calvin Coolidge, dans les années 20.
29:14C'est le premier à avoir à la fois remis une loi migratoire,
29:17après la première loi migratoire anti-chinois,
29:19c'était la loi sur les quotas migratoires en Europe,
29:21plus les droits de douane.
29:23Bon, ça ne lui est pas pour tes chances, il est décédé au bout d'un an de mandat.
29:26Donc je n'y voyais évidemment aucun aspect à cœur de ma part.
29:30Mais en tout cas, il a cette volonté-là.
29:33Donc j'espère qu'effectivement, il n'ira pas jusqu'au bout,
29:35parce que c'est très important pour l'économie américaine.
29:37Après, juste pour finir ce sujet, il faut regarder les faits.
29:39Il y a, à l'estimation, 14, 15, 16 millions de migrants illégaux.
29:44C'est quand même un état de droit.
29:46C'est-à-dire que si jamais, aujourd'hui, ils les attrapent tous,
29:49pour les renvoyer chez eux, ils doivent passer quand même par la case tribunale.
29:52C'est un procès qui, en moyenne, 2-3 jours, il vaut vite quand même aux Etats-Unis.
29:55Donc il faudra les mettre dans des centres de détention.
29:57Ça coûte des trillions de dollars.
29:58Aujourd'hui, il n'y a plus de place.
29:59C'est des trillions de dollars.
30:00Donc il faudrait mettre des camps.
30:02C'est ce qu'on appelle, ni plus ni moins, des effets d'annonce pour sa base.
30:05Ça marche plutôt bien.
30:06Peut-être que les fameux avions très chers, il les fait payer par le Canada, le Mexique,
30:09ou je ne sais qui, maintenant, pour les prendre.
30:11Mais on commence à connaître.
30:13C'est de la rhétorique, c'est du populisme.
30:14C'est des effets d'annonce.
30:15Ça marche bien, d'ailleurs.
30:16Il faut quand même lui reconnaître qu'il a ce qu'il veut.
30:18Maintenant, très probablement, il ne va pas pouvoir mener jusqu'au bout cette histoire.
30:22Après, il a ce qu'il veut.
30:23Je n'ai pas bien compris ce qu'il avait obtenu de plus du Mexique et du Canada
30:26par rapport à l'existant.
30:28Des soldats à la frontière.
30:29Oui, mais ils y étaient déjà.
30:30Donc, c'est visiblement...
30:32Claudia Scheinbaum, elle a très bien compris Trump.
30:34Je crois qu'il faut l'écouter et la lire.
30:36J'ai rajouté des caméras.
30:38Il y a des caméras, maintenant, qui permettent de voir les soldats.
30:41Et un tsar fontanil au Canada.
30:45Nous, Européens, on pense ça, parce qu'on a un peu de recul,
30:47mais la base américaine, le fait qu'ils voient l'annonce des soldats à la frontière,
30:50je pense que pour eux, cette job, il se donne.
30:52Claudia Scheinbaum, elle a très bien compris ça.
30:54On lui a offert une victoire politique sur un plateau, sans aucune conséquence pour le Mexique.
30:58Ils ont le dictionnaire Trump.
30:59Ils savent comment le décrire.
31:01L'autre émotion du moment, c'est ce qui s'est passé sur le Nasdaq,
31:04il y a un peu plus d'une semaine, le 27 janvier,
31:08avec la révélation au monde d'un modèle d'IA chinois, DeepSeek,
31:12qui affiche des performances, effectivement, assez spectaculaires,
31:16à la hauteur, en tout cas, des meilleurs modèles anglo-saxons,
31:19pour, nous dit-on, beaucoup moins d'argent et une sobriété énergétique beaucoup plus importante.
31:24Bref, qu'est-ce que ça ouvre comme porte dans le thème de l'IA ?
31:29Est-ce que ça peut être un coup dur, plus que simplement une baisse intraday de Nvidia ?
31:34Est-ce que ça peut aller plus loin ?
31:36Et comment est-ce qu'on continue d'investir dans ce thème de l'IA, si c'est le sujet, Grégoire ?
31:42Alors, je pense que les tarifs, c'est une chose.
31:43Le vrai sujet, c'est celui-là.
31:45C'est, à mon avis, un début de guerre acharné sur l'IA,
31:48qui a déjà un peu commencé, mais qui continue entre les deux grandes puissances du monde,
31:51la Chine et les Etats-Unis.
31:53La Chine ayant énormément de talent, alors que les Etats-Unis commencent à en manquer.
31:57Ça a été révélé au grand jour, on la connaissait, on connaissait le nom.
32:00Effectivement, ils ont montré leur modèle.
32:03Ils ont dit 6 millions de développement, c'est probablement plus.
32:05Est-ce qu'ils ont des puces de Nvidia ? Probablement.
32:07Est-ce qu'ils ont copié le modèle ? Oui, très probablement.
32:09Parce qu'ils se sont rendus compte que, sur des questions spécifiques,
32:12chaque GPT d'OpenAI affichait la même chose que DeepSeek.
32:15On dit style, ils disent. On ne copie pas, on dit style.
32:18Voilà, donc très probablement, c'est ça.
32:19Mais le fait est que, quand bien même, ils aient copié, ils aient volé de l'technologie,
32:22ça montre quand même que c'est une vraie guerre qui est acharnée, on le sait.
32:25C'est une guerre de talents.
32:26Et je pense que le vrai sujet qui est structurant pour la suite, c'est celui-là,
32:29notamment la guerre des talents.
32:31Pour revenir maintenant d'un point de vue marché,
32:33on a vu l'impact que ça a eu sur le marché,
32:35notamment sur les valeurs des semi-conducteurs.
32:37Et ce qui était plutôt bien sur cette séance,
32:39c'est que le marché globalement a monté, sauf ces valeurs-là.
32:42Nvidia étant très impactant sur le S&P 500, sur la gestion passive notamment,
32:46ça a fait baisser l'indice.
32:47Mais on a vu que c'était très centré sur ces valeurs-là.
32:49Le S&P équipondéré termine flat sur la séance du 27 janvier.
32:52C'est plutôt une séance globalement constructive.
32:54Donc quand vous faites du momentum de marché,
32:56vous vous dites qu'effectivement, avec la clôture qu'on avait par rapport au futur du matin,
32:59c'est quand même très rassurant.
33:00Donc ça nous donne des arguments pour continuer d'investir sur le marché américain.
33:03Il faut faire attention à ces valeurs-là.
33:04On sait qu'il y a un problème de valorisation.
33:06On parlait de Palantir tout à l'heure, qui est super à prendre en 25%.
33:09Quand vous voyez les ratios, vous vous demandez comment ça peut exister quand même.
33:12Je crois que ça se paye très très très très très cher.
33:15Donc ça surfe.
33:17Moi, ce que je trouve très surprenant, c'est qu'il s'est passé ça.
33:20OpenIA est extrêmement chèrement valorisé.
33:23Ils font un nouveau ronde de financement avec SoftBank,
33:25probablement l'IA Stargate, où ils augmentent encore la valorisation,
33:27comme si de rien n'était.
33:28Donc on voit bien qu'il y a un jeu politique quand même derrière,
33:30ou en tout cas géopolitique qui se met en place.
33:32Mais je pense que c'est structurant.
33:33Et je pense que ce qu'on a vu sur NVIDIA,
33:35on va l'avoir plusieurs fois pendant l'année,
33:37et sur le long terme.
33:38Je pense que c'est que le début.
33:39Donc c'est un nouveau schéma quand même ?
33:41C'est un nouveau schéma là ?
33:42C'est un schéma qu'on pensait possible,
33:44qui a été matérialisé par ce qui s'est passé sur cette léant-là.
33:46Et maintenant, on sait que ça va arriver.
33:48C'est une guerre entre deux grandes puissances qui vont lutter.
33:51Armes égales ou pas, on verra.
33:53Mais il y a quelque chose de vrai.
33:55Parce que ce n'est pas un épiphénomène.
33:56Il se passe quelque chose quand même.
33:57Ils ont copié.
33:59De ce qu'on nous dit,
34:00pour avoir des clients qui sont investis là-haut,
34:02ils ont le talent.
34:03Ils ont la matière grise.
34:04Quand bien même on met des restrictions sur les puces, etc.,
34:07ils y arrivent quand même.
34:08Ce serait magnifique, ce serait un autre.
34:10Baba a sorti aussi son lien derrière.
34:12Ils y arrivent plus ou moins.
34:13Donc ça va être une lutte infarmée.
34:14La vraie question, c'est qu'est-ce que nous, on fait, Européens ?
34:16On a du talent, on a des sociétés.
34:18Et pour l'instant, dans la course, on n'est pas là.
34:19On peut là.
34:20Mais c'est très structurant pour l'avenir.
34:22Il faut faire attention quand même.
34:23Parce que c'est quelque chose qui va, à mon avis, survenir de manière beaucoup plus régulière.
34:26On a vu.
34:27L'histoire s'est peut-être accélérée.
34:28L'histoire de la commoditisation des IA s'est peut-être un peu accélérée
34:31depuis une semaine ou dix jours.
34:33Vincent, comment vous regardez ce sujet ?
34:35Parce que ça peut être un sujet macro.
34:37Parce que le cycle de capex américain a été quand même énormément tiré
34:40ces dernières années par ce thème de l'infrastructure IA.
34:43Il y a la question de l'effet richesse aussi.
34:45Nvidia est quand même la valeur la plus détenue par les particuliers
34:48qui en ont racheté une bonne louche lundi et mardi derniers.
34:51Et puis, il y a le sujet de marché derrière, bien sûr.
34:54Quand même, je trouve ça très rassurant ce qui s'est passé.
34:57Dans une semaine où Nvidia a perdu 16 %,
35:01le S&P ne perd que 1 %,
35:03les actions européennes gagnent 1 %,
35:05donc le marché a été très résistant.
35:06On avait parlé du risque de concentration
35:08et de la volatilité que ça pouvait impliquer.
35:11En l'occurrence, avant cet événement,
35:13les dix plus grosses valeurs du S&P
35:15représentaient 38 % de l'indice,
35:17l'indice qui a 500 valeurs.
35:19Donc, c'est une concentration énorme.
35:21Et malgré une telle baisse de Nvidia,
35:23l'indice résiste bien.
35:24On a eu une dispersion énorme,
35:26aussi bien réalisée que, si vous regardez les implicites,
35:29la volatilité...
35:31Il y a un décrochage entre la dispersion implicite,
35:34qui a beaucoup monté,
35:35et la volatilité qui reste basse.
35:37Donc l'indice résiste très bien.
35:39Ceci dit, je pense quand même qu'on est dans une année
35:41où la volatilité va monter,
35:43parce qu'il y a de l'incertitude politique,
35:45parce que les valorisations américaines sont tendues,
35:47parce qu'il y a de la concentration,
35:49donc je pense que la vol va monter.
35:50Mais là, en l'occurrence,
35:52l'indice a très très bien résisté.
35:54Et in fine, l'interprétation du marché,
35:56c'est ce qui s'est passé avec DeepSeek,
35:58c'est une diffusion de l'intelligence artificielle
36:02qui va être plus rapide et moins chère.
36:05Et donc, ça veut dire gain de productivité
36:07pour l'économie dans son ensemble.
36:09Et le marché, in fine, a très bien réagi.
36:11Donc je pense que c'est assez rassurant
36:14qu'on soit sorti, entre guillemets, de ce phénomène
36:16avec aussi peu de dégâts.
36:18Et ça montre quoi ?
36:19Que NVIDIA peut ne pas être systémique ?
36:23Ça montre que c'est une histoire, sans doute,
36:25de rotation, d'avantages,
36:27de chocs négatifs.
36:29Mais même pour NVIDIA,
36:31on a entendu le CEO de ASML qui disait
36:34mais vous savez, une diffusion accélérée
36:36de l'intelligence artificielle,
36:38ça veut dire davantage d'investissements,
36:40davantage de puces.
36:42Et donc, il n'avait pas l'air très inquiet.
36:44Satya, chez Microsoft, l'a dit,
36:46quand on est passé du client serveur au cloud,
36:48qu'est-ce qui s'est passé ?
36:50On a vendu plus de serveurs à l'arrivée.
36:52Des plus gros.
36:54Ce qu'on voit, c'est effectivement
36:56la focalisation désormais du marché
36:58sur les cas d'usage.
37:00Les cas d'usage de l'intelligence artificielle.
37:02Donc la monétisation ?
37:04La monétisation et ceux qui sont capables
37:08de donner directement
37:10des applications très concrètes
37:12à cette intelligence artificielle.
37:14On n'a parlé de Palantir, c'est typiquement leur cas d'usage.
37:16On peut parler aussi
37:18dans les GAFAM de Meta,
37:20qui, elles, sont très bien sorties,
37:22justement en montrant qu'ils étaient capables
37:24directement d'aller chercher des modèles.
37:26C'est le cas aussi d'autres sociétés.
37:28Et donc, effectivement, ce qu'on voit,
37:30c'est qu'on passe de la focalisation
37:32un peu sur le hardware,
37:34sur les puces, sur le fait qu'il faut bâtir
37:36de plus en plus, il faut avoir des infrastructures,
37:38c'est vrai, on va en avoir besoin,
37:40à peut-être une focalisation
37:42sur l'essence de ce qu'est
37:44l'intelligence artificielle, c'est-à-dire la possibilité,
37:46comme le disait justement Vincent,
37:48d'accroître la productivité.
37:50Et la promesse numéro un de l'intelligence artificielle,
37:52c'est de permettre
37:54d'augmenter la croissance potentielle des économies
37:56via une augmentation de la productivité
37:58dans un monde où on sait qu'on va avoir
38:00de moins en moins de quantité de travail.
38:02Donc ça, c'est effectivement majeur.
38:04Et le deuxième élément qu'on nous a enseigné
38:06Dipsy, c'est que peut-être que
38:08la productivité du capital,
38:10parce qu'il y avait pas mal de
38:12chercheurs qui disaient, mais oui,
38:14la productivité du travail est en train de monter,
38:16mais comme vous dépensez énormément d'argent,
38:18en fait, la productivité globale des facteurs
38:20via la baisse de la productivité du capital...
38:22C'est la productivité totale des facteurs qui a été choquée.
38:24Et là, on se dit, mais finalement,
38:26peut-être de dépenser un peu moins d'argent
38:28et donc que la productivité globale des facteurs
38:30va monter. Et ça, d'une certaine manière,
38:32d'un point de vue macro, ce serait une très bonne nouvelle.
38:34Il nous reste une minute rapide, tour de table.
38:36Est-ce qu'il faut être un peu moins US dans les allocations
38:38aujourd'hui, sous-entendu ?
38:40Est-ce que c'est le moment d'en remettre un peu sur l'Europe ?
38:42Moi, je pense qu'il faut être toujours très équilibré
38:44et que l'Europe, aujourd'hui, présente effectivement
38:46des ratios de valorisation qui sont quand même
38:48intéressants pour qu'il y ait un peu de...
38:50un peu de moelle et un peu de colonne vertébrale.
38:52Toujours très très US dans l'esprit.
38:54Un peu d'Europe, mais très sélectif.
38:56Il y a les belles pépites. On n'avait pas allé derrière
38:58l'équilibre la dernière fois. Ça reste
39:00un top player. Pas du tout Chine.
39:02Pour le coup.
39:04Et aux US, est-ce qu'il faut bouger des choses dans l'alloc
39:06US ? Si vous avez des
39:08ETF, par définition, vous avez les big caps.
39:10Vous avez les magnificentes, comme on dit.
39:12Donc, si on va du stock picking, je vous dirais
39:14plus vers le hold d'América.
39:16Parapétrolière, pétrolière...
39:18Mais il y a un peu d'équilibre aussi à trouver.
39:20Il faut savoir être diversifié et concentré.
39:22Prenez les mêmes risques partout.
39:24Ça ne va pas aller comme on dit.
39:26Est-ce que la diversification va payer cette année, Vincent ?
39:28Oui. Nous, on préfère le S&P
39:30et qui pondérer au S&P lui-même.
39:32Sur Europe, États-Unis, on n'a pas de vue
39:34forte. Mais encore une fois,
39:36si on a la confirmation d'une reprise
39:38manufacturière,
39:40éventuellement un cessez-le-feu
39:42en Ukraine, et un Trump
39:44plutôt coopératif, moins dur
39:46qu'on pouvait le craindre,
39:48ça pourrait être une histoire de rotation
39:50géographique assez intéressante.
39:52Merci beaucoup messieurs. Merci d'avoir été avec nous
39:54ce soir dans Planète Marché.
39:56Grégoire Kounovski, conseiller en investissement
39:58chez Normand Key, Vincent Chéniaud, directeur de la recherche
40:00de General Investments, et Wilfried Galland, directeur
40:02stratégiste de Mon Pensier Arbevel.