• il y a 6 heures
En Espagne et dans le sud de la France, on annonce que des vignes pourront partiellement disparaître à cause changement climatique. Le changement climatique impose aux domaines viticoles de revoir leurs modes de culture, adopter des méthodes plus traditionnelles et innover pour réduire l’impact carbone et celui sur la biodiversité. Diversifier son activité devient aussi essentiel.

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Transcription
00:00Les enjeux de la viticulture au programme de notre débat, j'accueille Anne Bess, bonjour.
00:11Bonjour.
00:12Bienvenue, vous êtes la propriétaire du château de Ceram dans l'Aude, présidente de Famille d'Exea.
00:17Lorraine Odo, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Bienvenue à vous aussi, présidente du groupe Odo Vins et Domaines.
00:22Tiens, je commence avec vous, c'est combien de propriétés ? Je crois qu'il y en a en France, il y en a ailleurs.
00:28Alors nous, c'est donc six propriétés, en France et à l'international.
00:31Donc aujourd'hui, en France, on a deux propriétés.
00:34Une propriété dans les Coteaux d'Aix, en Provence, qui s'appelle le Domaine du Vallon des Gloges.
00:38On a une propriété à Sancerre, qui s'appelle le Domaine Piton de Sancerre.
00:42On a trois propriétés en Afrique du Sud, une qui s'appelle Tailleboche, qui est en vin aujourd'hui, assez d'exception.
00:49On a une autre propriété qui s'appelle Lechamps, et une troisième qui s'appelle Pink Valley, venant du monde du rosé.
00:54Et on a une autre propriété qui est en Sicile, qui s'appelle Serra Ferdinandea.
00:59Voilà, ça fait un mot déjà à consommer avec modération, mais ça, ça allume quelques papilles.
01:06Le château de Serrame dans l'autre, ça fait combien de temps qu'il est dans la famille ? Parce que ça, ça m'a frappé quand même, cette histoire.
01:13C'est une histoire familiale, effectivement, puisque le domaine est dans la famille depuis 1803.
01:18Donc, dans la langue d'oct, il est 1803.
01:21Et aujourd'hui, on a quatre propriétés, effectivement.
01:24Le château de Serrame, le château d'Argens, la tour Mourabèche et puis le domaine Exéa.
01:31Et en fait, notre particularité, c'est que ce sont quatre propriétés qui se touchent.
01:36Donc, ça forme un ensemble de 600 hectares, 100 % bio, avec des champs, des bois, des parcs, des vergers, des oliviers et évidemment des vignes.
01:44Et alors, on rentre justement dans le détail.
01:47Ça veut dire quoi, un vin bio ? Parce qu'on parle de vin bio, de vin bio en biodynamie, de vin nature.
01:53Donc, il y a quand même quelques différences.
01:55C'est quoi, un vin bio ?
01:56Un vin bio, c'est un vin dans lequel on n'a jamais utilisé de pesticides, de synthèse.
02:02On n'utilise que des produits naturels, qui sont les produits traditionnels qu'on utilisait déjà.
02:09C'est-à-dire du cuivre, pour la bouillie bordelaise, classique, éternelle.
02:14Il faut en mettre le moins possible parce que c'est quand même du cuivre.
02:17Et puis, du soufre.
02:19Vos vins, ils sont tous en bio, en biodynamie, en nature.
02:23Parce que quand on est dans des régions, des pays différents, j'imagine que les choix ne sont pas si simples à faire.
02:28Les choix ne sont pas si simples.
02:29Nous, quand on a créé, on va dire qu'on a repris des propriétés.
02:32Il y a des propriétés qu'on a reprises et d'autres propriétés qu'on a créées.
02:36L'idée, c'est qu'il y a des propriétés, donc on est rentré en conversion.
02:39Et d'autres, on est en attente de certification.
02:41Par exemple, en Sicile, on a pris le parti pris, donc on a créé un domaine.
02:46On s'est dit quitte à commencer de zéro, autant commencer bien, propre.
02:51Là-dessus, on est commencé directement en biodynamie.
02:53Là, on est en attente de certification.
02:56L'idée, pour nous, c'est un vrai engagement.
02:59On va dire l'impact carbone et aussi l'impact environnemental pour nos domaines.
03:07Le bio, aujourd'hui, répond à ça.
03:09Est-ce que ça coûte plus cher ? Est-ce que ça prend plus de temps de faire du vin bio ?
03:15Oui.
03:16Très clairement ?
03:17Très clairement, oui.
03:18Pourquoi ? Parce que vous avez déjà plus...
03:22L'agriculture bio, aujourd'hui, c'est vraiment d'être à l'écoute du domaine.
03:27Et l'enjeu d'aujourd'hui, c'est qu'avant, on traitait,
03:32et les traitements se faisaient d'une année à l'autre quasiment systématiquement les mêmes dates.
03:36Et aujourd'hui, on rentre dans le vignoble, on étudie ce qui se passe dans le vignoble,
03:40et en fonction, on regarde ce qu'on fait.
03:42C'est vraiment ça, ce qui est important.
03:44C'est le côté de regarder ce qui se passe avec les enjeux qu'on a aujourd'hui,
03:48de dérèglement climatique.
03:50Et donc, en fait, d'une année à l'autre, les choses sont quand même très différentes.
03:54Les conditions climatiques changent, évoluent, et on n'a plus de vérité.
03:58Et donc, il faut être attentif.
04:00Alors, on voit que le secteur est en difficulté.
04:03Il y a des arrachages de vignes dans le Bordelais, ce qui symboliquement, quand même, n'est pas neutre.
04:07Il y a plein de raisons, et certaines sont liées...
04:10Bon, je ne vais pas rentrer dans la polémique avec...
04:12J'ai beaucoup d'amis à Bordeaux, donc je ne vais pas rentrer dans la polémique,
04:15mais ils ont quelques questions à se poser sur leur façon de faire.
04:18Est-ce que le secteur du vin bio souffre autant que le vin en général ?
04:23Non.
04:24Non.
04:25La commercialisation des vins bio n'est pas en décroissance,
04:29contrairement à la commercialisation des vins conventionnels.
04:32Donc, c'est plutôt même un marché en croissance.
04:35Alors, après ça, ça dépend des segments, mais c'est plutôt un marché encore en croissance.
04:39Ça veut dire qu'on consomme de moins en moins de vin ?
04:42Parce qu'il y a des attentes du consommateur.
04:44On consomme moins de vin, mais on consomme peut-être d'une façon différente,
04:47peut-être des vins plus qualitatifs, et puis d'une façon différente à d'autres moments.
04:52Et je crois que le consommateur, d'une façon générale,
04:57attend des produits qui font du bien pour la santé, qui ne font pas de mal.
05:03Avec des questions autour, par exemple, des labellisations.
05:08Il y a un label qui s'appelle le label Planet Score.
05:10Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
05:12Qu'est-ce que c'est ? Comment on l'obtient ?
05:13Il y a beaucoup de labels. Le label Planet Score, c'est un label qui a été créé assez récemment,
05:18il y a trois ans, par des scientifiques et des experts.
05:21Et donc, c'est un organisme indépendant qui évalue les process de fabrication des produits alimentaires.
05:27Donc, pas seulement du vin, mais de tous les produits alimentaires.
05:30Et qui veut savoir, qui s'est basé sur les attentes du consommateur.
05:37Et il y a eu des enquêtes qui ont été faites, et les consommateurs ont dit,
05:40on voudrait savoir si les produits que l'on consomme ont des pesticides ou non.
05:45En fait, ça veut dire, est-ce que c'est bio ou pas bio ?
05:47Dans le process de fabrication, est-ce que ça favorise la biodiversité ?
05:53Et là, pareil, dans la fabrication du vin, à la vigne, il y a plein de façons de développer la biodiversité.
06:01Nous, on fait du vitipastoralisme, on a des brebis qui passent dans les vignes,
06:06on a des couverts végétaux, on a planté des haies, on fait de l'agroforesterie,
06:10pour restaurer les écosystèmes, pour faire revenir les chauves-souris qui mangent le démise.
06:15Et puis, le Planetscore évalue aussi l'empreinte carbone.
06:19Les consommateurs ont dit, on voudrait savoir, dans le process de fabrication des produits alimentaires,
06:25quelle est l'empreinte sur le climat ?
06:27Est-ce que le processus permet de moins consommer d'énergie, de faire attention à l'eau ?
06:35Donc voilà un label, il y en a plein. On s'y perd un peu, moi, en tant que consommateur, j'avoue que je m'y perds un peu.
06:41Est-ce qu'il faudrait simplifier les labels, pour se dire, il y a un seul label qui dit c'est bio ou c'est pas bio ?
06:47Aujourd'hui, quand même, vous avez pour moi, en tout cas, plein de labels,
06:50mais il y a des labels qui sont reconnus et qui, on va dire, touchent plus les consommateurs.
06:57Aujourd'hui, le label bio ou le label déméter, par exemple, pour la partie biodynamie, sont des labels qui touchent plus.
07:04Après, il y a plein de manières de le faire. Et donc, il y a aussi d'autres labels qui permettent de rentrer un peu plus en précision,
07:10parce que le bio, vous avez plein de manières de faire du bio aussi.
07:14Donc, en fait, d'avoir des choses un peu plus précises.
07:17Et pour rebondir sur ce que disait Anne, ce qui est vrai, c'est qu'aujourd'hui, c'est un peu de retourner dans un bon sens paysan d'autrefois.
07:25Donc autrefois, d'avoir vraiment cette pluriculture et du coup, de rendre le sol plus vivant.
07:30Tout le monde, aujourd'hui, cherche à rendre le sol plus vivant, éviter l'érosion, faire de l'enherbement, capter plus l'eau,
07:36qui est vraiment les challenges de demain.
07:39J'allais y venir à ce défi de l'eau. Et je reste avec vous, Lorenzo, parce qu'il y a le contexte du réchauffement.
07:45Il y a des régions, peut-être d'ailleurs celles dans lesquelles vous travaillez, de stress hydrique majeur.
07:52Est-ce que vous réussissez à utiliser moins d'eau pour produire vos vins ? Est-ce que c'est possible, tout simplement ?
08:01C'est possible et c'est ce qu'on est en train de faire.
08:04Aujourd'hui, vous avez une agriculture qui s'appelle le dry farming, donc ce n'est plus du tout d'eau ajoutée.
08:09Donc, c'est vraiment, on va dire, que les précipitations naturelles.
08:13Et donc, nous, aujourd'hui, on tend pour aller vers ce modèle-là.
08:17En fait, on apprend aux plantes à aller chercher leur source d'hydratation le plus profond possible.
08:22Exactement, parce que les vignes, si vous leur donnez beaucoup d'eau, c'est comme vous, si on vous donne plein de médicaments ou plein de choses,
08:28vous avez un système immunitaire qui va être moins fort.
08:31Là, si on vous donne moins d'eau, la plante, elle va aller vraiment en profondeur.
08:35Après, il faut qu'il y ait de l'eau en profondeur. On a besoin de l'eau.
08:38Donc, aujourd'hui, après, vous avez des... Nous, pour nous, les problématiques, elles sont très différentes d'un vignoble à l'autre.
08:44Par exemple, à Sancerre, on a eu une année où il y avait énormément d'eau.
08:49Donc, comment gérer ce surplus d'eau ?
08:52C'est sûr que Sancerre-Sicile, vous n'avez pas exactement le même contexte.
08:56Écoutez, détendez-vous, parce qu'en Sicile, il y a ce que je disais tout à l'heure, il y a eu 2-3 ans, on a eu beaucoup de pluie au mois de juin.
09:02Donc, on a eu des phénomènes de mildiou où la Sicile est quand même très étrangère à ces phénomènes-là.
09:06Mais c'est vrai qu'en Sicile, normalement, on a beaucoup, beaucoup moins d'eau.
09:10Est-ce qu'il y a une... Il y a la question du partage de l'eau, qui est une vraie question, qui se pose déjà aujourd'hui et qui se posera encore plus dans l'avenir.
09:19Voilà. Est-ce qu'on est prioritaire quand on produit du vin ? Vous voyez ce que je veux dire ?
09:23Nous, dans l'Aude, on a... Aujourd'hui, on a eu, depuis 2 ans, 600 millimètres d'eau, ce qui correspond, en fait, à une année normale.
09:30Donc, en fait, on est à 50% de l'eau de pluie reçue.
09:35Donc, on est obligé, effectivement, de la gérer.
09:38Et il y avait des organisations qui ont été faites au XIXe siècle de canaux d'irrigation qui existent.
09:45Et aujourd'hui, évidemment, l'eau est contingentée. Et c'est bien. Et c'est nécessaire.
09:51Et évidemment, on fait très, très attention dans la vigne et dans le chais aussi.
09:55Donc, il y a des revêtements qui sont plus facilement lavables, qui consomment moins d'eau.
10:00Et puis, il faut récupérer l'eau aussi dans le chais.
10:02Donc, il y a beaucoup de points d'attention.
10:05Mais est-ce que vous avez déjà été confrontés... Alors, il y a l'histoire des bassins versants.
10:10Je ne retrouve plus le nom de l'administration qui est chargée de les gérer.
10:14Mais un message très clair qui consiste à dire que vous n'êtes pas prioritaire, vous n'aurez pas d'eau.
10:19Non, dans l'Aude, ça ne nous est pas arrivé. Non, non, ça ne nous est pas encore arrivé.
10:23Mais il faut s'y préparer. Dans l'Aude, la vigne, la viticulture, c'est la culture principale.
10:31Oui, mais si on doit un jour choisir entre les consommateurs, les citoyens, de l'eau au robinet tous les jours
10:40pour faire leur cuisine ou se laver, et la viticulture, le choix sera fait.
10:46Évidemment, évidemment.
10:48Question sur les choix de logistique, parce que ça aussi, c'est très important.
10:52Quel choix vous êtes en train de faire ou vous avez fait pour réduire finalement l'impact carbone d'une série de propriétés comme les autres ?
11:00Nous, déjà, ce qu'on regarde, c'est que toutes les bouteilles qu'on utilise sont produites localement,
11:06parce qu'acheter des bouteilles en France pour les faire traverser dans le monde entier, ça n'a pas beaucoup de sens.
11:12Vraiment, c'est ça. Sur les bouteilles, nous, on a regardé à prendre des bouteilles plus légères, qui donc consomment moins.
11:19Après, il y a le sujet, moi, on va dire qu'il y a un sujet que j'adorerais un jour percer,
11:23qui est le sujet du recyclage des bouteilles, parce que c'est un vrai sujet.
11:27Il y a pas mal de pays qui y arrivent et en France, je pense qu'on est en train d'avancer là-dessus.
11:33Donc, aujourd'hui, nous, la logistique, c'est vraiment les bouteilles, regarder toutes les matières sèches,
11:39aller vers, par exemple, des bouchons avec des lièges naturels, des lièges faits localement.
11:46Et donc, on regarde, on va dire, tout ça pour essayer d'avoir une impact la moindre possible.
11:53Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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