Avec le climat actuel, nos forêts souffrent. Replanter, changer les espèces, prélever des arbres, tout est à l'étude pour assurer une meilleure santé à nos forêts. Beaucoup d'éléments naturels ont un impact sur elles, les protéger et adapter les espèces est essentiel mais les renouveler est l'étape supérieure. Que faire pour préserver et régénérer nos forêts ?
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00:06 Le débat de ce Smart Impact avec Hélène Arambourou, bonjour.
00:09 Bonjour.
00:10 Bienvenue, vous êtes directrice adjointe du département développement durable et numérique chez France Stratégie.
00:14 Anne Dunoyer, bonjour.
00:15 Bonjour.
00:16 Bienvenue à vous aussi.
00:17 Vice-présidente de la Fédération France Sylvain, vous représentez les 3,5 millions de propriétaires forestiers français.
00:23 Je vais commencer avec vous avec une question simple.
00:26 Comment se porte notre forêt ?
00:28 La forêt souffre du réchauffement climatique, bien entendu.
00:32 Elle souffre de dépérissements et de maladies qui sont accélérées par ces épisodes de chaleur intense que nous avons
00:39 et pas forcément aux périodes qui seraient bon pour elle.
00:43 Donc, on a entendu beaucoup parler de la crise des colites, notamment dans le Grand Est,
00:48 mais du dépérissement du haître, des difficultés sur le chêne, le freine,
00:53 enfin beaucoup d'essences qui sont effectivement touchées par ce réchauffement.
00:56 C'est à la fois des arbres qui peuvent être malades ou qui vont grandir moins vite ? Il y a aussi ça ?
01:00 Pour l'instant, c'est plutôt soit des arbres malades, soit des arbres dépérissants.
01:04 Donc, ils vont effectivement, le processus de mortalité s'accélère.
01:08 D'accord. Quelques chiffres sur la forêt française, ça représente 31% de la superficie de la surface du pays
01:13 et c'est la quatrième forêt européenne, après la Suède, la Finlande et l'Espagne.
01:18 Je lisais en préparant l'émission que certains massifs, vous parliez du Grand Est, sont devenus émetteurs de carbone.
01:23 Je me suis dit, mais comment c'est possible ?
01:25 Alors, effectivement, quand il y a des crises sanitaires importantes,
01:30 il est nécessaire de prélever les arbres, à la fois pour essayer de les valoriser économiquement
01:35 et puis aussi pour pouvoir assurer le renouvellement derrière de ces forêts.
01:39 Et quand on prélève massivement du bois, effectivement, le stock de carbone de la forêt est moins important.
01:47 Mais il va se reconstituer, la pompe, j'allais dire, de carbone va se réenclencher
01:52 à partir du moment où on replante des arbres et que la forêt va se reconstituer.
01:56 Helena Rambour, le gouvernement met en place un plan de renouvellement forestier.
02:01 Quel budget dans le cadre de France Stratégie ? Quel principe aussi ?
02:06 Alors, je ne vais pas commenter le plan du gouvernement,
02:10 mais ce qu'on peut dire, c'est qu'en effet, le plan du gouvernement est ambitieux.
02:14 L'idée, c'est de renouveler les peuplements, en particulier les peuplements dépérissants.
02:18 Il y a de gros enjeux, en effet, pour réenclencher la pompe à carbone et pour exploiter la forêt.
02:24 En revanche, ça peut être compliqué, d'une part parce qu'il faut avoir les plans
02:30 et on n'est pas tout à fait prêts en matière de pépiniéristes sur les plans.
02:35 Et qui dit renouvellement de la forêt dit changement des espèces, changement des variétés.
02:40 Et ceci pourrait avoir un effet sur les écosystèmes forestiers.
02:43 Quel est le rôle de France Stratégie dans ce cadre-là ?
02:46 France Stratégie, son rôle, c'est d'éclairer le débat,
02:50 de mettre en exergue les lignes de divergence et de proposer des solutions à long terme.
02:57 Quand vous entendez Emmanuel Macron dire "on va planter un milliard d'arbres en 10 ans",
03:02 le chiffre claque très bien, il fait de la politique aussi, il fait dans la République.
03:06 Vous dites quoi, c'est réaliste ou pas ?
03:08 Moi, je me dis déjà, c'est super qu'on parle de la forêt, qu'on parle de la forêt de cette manière.
03:12 On attendait ça depuis un moment.
03:14 Donc on est très heureux effectivement que le gouvernement s'intéresse autant à la forêt.
03:19 Maintenant, planter un milliard d'arbres, c'est ambitieux.
03:23 Et planter un arbre, c'est pas juste mettre un plan en terre,
03:27 c'est faire une étude de sol, une étude d'essence pour savoir ce qu'on va pouvoir y planter,
03:31 préparer le sol, ensuite planter et entretenir la plantation pour permettre d'obtenir du bois d'oeuvre.
03:37 Donc c'est pas uniquement planter un arbre, c'est une action aussi de filière pour enclencher tous les phénomènes
03:42 qui vont nous permettre d'arriver à l'objectif.
03:45 Pour les forêts dépérissantes par exemple, Elena Rombaud,
03:48 quelle solution, quelle piste on peut enclencher aujourd'hui ?
03:51 Alors il y a des travaux pour évaluer quelles pourraient être les espèces qui seraient adaptées au nouveau climat.
03:57 Il fait plus chaud, il y a plus de sécheresse et parfois les espèces en place ne sont plus adaptées.
04:02 Donc l'idée ça serait de renouveler les peuplements avec des espèces qui soient adaptées au climat futur.
04:08 Mais bien sûr c'est compliqué parce qu'il y a beaucoup d'incertitudes quant au climat futur
04:13 et l'idée c'est aussi d'éviter de renouveler en plantant une seule espèce
04:17 parce qu'on sait bien que planter une forêt avec une seule espèce,
04:21 ça rend cette forêt plus vulnérable en cas de crise sanitaire ou climatique.
04:25 J'ai vécu toute ma jeunesse et encore beaucoup aujourd'hui dans le sud-ouest et entre Bordeaux et Biarritz.
04:32 Je traverse quoi la forêt des Landes ? C'est vrai que c'est frappant.
04:35 C'est une logique qui est totalement dépassée évidemment, qui est très très ancienne.
04:40 Aujourd'hui on fait comment quand on décide de replanter ?
04:43 Il y a une analyse des sols qui est extrêmement importante parce qu'il faut savoir, comme il a été dit, ce qu'on va planter.
04:48 Donc on n'est pas devin, on va être obligé de faire des expériences.
04:52 C'est ce qui est fait un peu sur le territoire.
04:54 Je vous interromps, l'Espagne, juste devant nous en termes de surface forestière,
04:59 on peut s'en inspirer j'imagine parce que c'est un pays plus sudiste que nous,
05:03 confronté à des chaleurs extrêmes depuis plus longtemps que nous.
05:06 Oui et non parce qu'en fait il y a des espèces du sud, si on les remet par exemple dans le Grand Est dont on parlait tout à l'heure,
05:11 ils peuvent geler encore très fort l'hiver et ces essences ne seront pas forcément adaptées tout de suite.
05:16 Donc ce n'est pas si facile de trouver les bonnes espèces.
05:19 L'idée c'est quand même de faire du bois d'oeuvre, donc il faut que ce soit des essences pas simplement qui poussent mais qui puissent faire de beaux armes.
05:26 A quoi ce bois coupé, si on parle de l'usage, de l'économie du bois, à quoi est-il utilisé prioritairement aujourd'hui ?
05:32 Du bois d'oeuvre, pour servir à la construction, pour faire des tonneaux pour le vin, pour tout ça.
05:41 Et puis donc ça c'est vraiment l'importance de l'agrume et ce qu'on veut arriver à faire quelque chose de beau.
05:48 Et puis il y a les coproduits du bois qui sont le houppier, parce que le houppier on ne peut pas le valoriser dans la construction ou autre.
05:55 Et puis aussi les travaux de sylviculture qui amènent à prélever du bois qui n'est pas du bois.
06:01 Par exemple pour des éclaircies, du bois qui ne peut pas être utilisé autrement qu'en bois énergie parce que ce sont des petits morceaux de bois.
06:08 Mais le bois énergie prend plus de place que le bois d'oeuvre ?
06:12 Alors ce n'est pas l'objectif.
06:14 Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
06:16 Je ne voudrais pas rentrer dans des chiffres qui pourraient être contredits.
06:21 Mais ce que je veux dire c'est que le bois énergie doit être issu d'un mode de sylviculture.
06:27 Et non parce que c'est la sylviculture qui sert le bois énergie et non pas le bois énergie qui doit être pris en forêt.
06:38 Je pose cette question à Elena Ambroux parce que, évidemment, la combustion du bois ça émet du carbone.
06:43 Donc ça pose une question presque de stratégie de toute la filière.
06:47 Quelles sont aussi vos préconisations en la matière ?
06:49 Alors nous on a regardé en effet ce qui était sorti de la forêt et ce qui était réellement brûlé.
06:54 Parce qu'en effet on privilégie dans les textes une utilisation au bois d'oeuvre.
06:58 Donc bois d'oeuvre, charpente, menuiserie, etc.
07:01 Mais dans les faits en fait tous les coproduits de la sylviculture et de la transformation du bois partent en bois énergie.
07:08 Et donc si on regarde à la fin ce qui est brûlé c'est quand même 68% du bois de la forêt française qui est actuellement brûlé.
07:16 Et cette filière de bois énergie est très soutenue parce qu'on a longtemps considéré que le bois énergie était neutre en carbone.
07:23 C'est-à-dire on brûlait du bois et instantanément un arbre repoussait et recaptait le carbone qui avait été émis dans l'atmosphère.
07:29 Sauf que ça prend beaucoup de longues années.
07:31 Exactement. C'est ce qu'on essaie de montrer.
07:33 C'est que finalement il faudrait peut-être considérer cette convention qui dit que le bois énergie est neutre en carbone
07:39 et considérer que cela met plusieurs décennies avant que le carbone émis par la combustion soit capté.
07:44 Est-ce que ça suppose aussi de réorienter d'une certaine façon les aides publiques ?
07:48 Oui c'est ce que nous préconisons parce que finalement tout ce qui est bois d'oeuvre ou bois industrie.
07:53 Donc bois industrie ça va être par exemple du panneau de particules ou de l'isolant type fibre de bois.
07:58 Ce bois industrie permet de stocker du carbone puisque le carbone n'est pas brûlé donc il est stocké.
08:04 Il est peut-être brûlé lors de la fin de vie du matériau.
08:08 Mais ce qu'on préconise c'est de réorienter les aides plutôt vers le bois matériau.
08:12 Donc bois d'oeuvre et bois industrie et de réduire peut-être les aides au bois énergie.
08:16 Anne Denoyer, le gouvernement veut tripler l'effort consacré au renouvellement de la forêt française.
08:22 Vous vous attendez quoi des pouvoirs publics aujourd'hui ?
08:24 On attend, il faut bien structurer la filière parce que pour renouveler la forêt on a besoin de plans quand il s'agit de plantation.
08:31 Mais la forêt est aussi gérée en régénération naturelle et pour ça la régénération naturelle n'est pas naturelle.
08:38 Il faut vraiment l'accompagner et on a besoin d'entreprises de travaux forestiers qui nous accompagnent.
08:43 Et il est important justement que cette filière puisse être dynamique de manière à ce qu'on ait les emplois qui correspondent aux travaux dont on a besoin en forêt.
08:51 Je reviens à la première question, est-ce qu'il y a une forme d'urgence ?
08:54 C'est-à-dire que, est-ce que d'année en année on a plus ou moins de superficie de kilomètres carrés de forêt en France ?
09:01 Alors la forêt française a plutôt tendance à augmenter en superficie.
09:05 Maintenant ce à quoi il faut faire attention et ce à quoi on s'emploie à France Sylva,
09:10 c'est de communiquer auprès des propriétaires de façon à ce que les propriétaires forestiers soient acteurs de la gestion durable de la forêt.
09:18 Parce qu'il ne s'agit pas simplement d'avoir de la forêt, il faut vraiment rentrer dans une dynamique de sylviculture
09:23 pour que toutes les multifonctionnalités de la forêt puissent perdurer.
09:28 Avec, on va terminer là-dessus, des enjeux de biodiversité aussi.
09:31 C'est un terme qu'on n'a pas encore employé et qui est ultra important évidemment.
09:34 Oui, ce qu'on voit c'est que finalement une forêt exploitée, elle peut parfois avoir une biodiversité moins riche
09:38 parce qu'il y a moins de bois mort au sol, il y a moins de gros arbres, de vieux arbres.
09:44 Alors ces vieux arbres ont de nombreuses cavités, donc permettent à des insectes, à des coléoptères, à des piques, à des mésanges de vivre.
09:50 Et en fait plus on exploite une forêt, plus on va perdre cette biodiversité.
09:53 Et donc c'est un équilibre à trouver entre ces enjeux et évidemment les enjeux économiques d'exploitation de la forêt.
09:59 Exactement, mais ce à quoi on s'emploie bien sûr pour effectivement accompagner le propriétaire et le former à connaître ces enjeux.
10:07 Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur Bsmart.
10:10 On passe à notre rubrique Startup tout de suite, c'est Smartalize.