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00:00Et bienvenue dans les informés du matin sur France Info, bonjour Renaud Dely,
00:11bonjour Benjamin.
00:12On est ensemble jusqu'à 9h30 pour décrypter l'actualité en compagnie de nos deux informés
00:16Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info, bonjour, et Paul Quignot,
00:20bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Directeur délégué de la rédaction de Libération.
00:23Et c'est reparti pour de nouvelles discussions à l'Assemblée Nationale, la commission
00:27mixte paritaire sur le budget se réunit ce matin, on attend ses conclusions dans la
00:31journée mais après cette CMP, allons-nous vers un clash avec les socialistes ou allons-nous
00:38vers un accord ? C'est la première question que l'on se pose ce matin.
00:40Vous le disiez Benjamin, c'est reparti, quand il n'y en a plus, il y en a encore, effectivement
00:43donc ce marathon budgétaire est loin d'être à son terme, deuxième journée de discussion
00:47aujourd'hui de la CMP, la commission mixte paritaire, rappelons, c'est 14 parlementaires,
00:517 députés, 7 sénateurs qui cherchent à coucher d'un compromis sur le budget, hier
00:55c'est la partie recette qui a été validée, aujourd'hui on se consacre davantage aux dépenses
01:02et puis au-delà de toute façon de ce qui sortira aujourd'hui de cette CMP, il y a
01:05évidemment la question la semaine prochaine du vote solennel, ça ce sera lundi, du budget
01:09à l'Assemblée Nationale et évidemment ensuite de la discussion et du vote sur la motion
01:13de censure que vont déposer les insoumis en particulier et l'incertitude sur l'attitude
01:18qui sera celle du groupe socialiste, les socialistes qui participent évidemment à cette commission
01:23mixte paritaire et qui, pour certains d'entre eux, se satisfont d'avoir déjà obtenu un
01:27certain nombre de concessions de la part du gouvernement, je propose d'écouter le député
01:32socialiste de l'heure, Philippe Brun.
01:35On a obtenu la remise en place de l'agence bio dont nous avions particulièrement besoin,
01:40on a obtenu des moyens supplémentaires pour les collectivités locales, on a obtenu 600
01:45millions d'euros de plus pour les TER et les lignes du quotidien pour ouvrir les petites
01:49lignes.
01:50On a aussi le rétablissement des 4000 postes d'enseignants que le gouvernement Barnier,
01:55le budget Barnier, la version précédente envisageait de supprimer, mais pour autant,
02:00pour une grande partie des socialistes et pour le reste de la gauche à fortiori, le
02:03compte n'y est pas, nombre de revendications de la gauche ne sont pas prises en compte
02:07par le gouvernement et puis il y a un certain nombre de sujets qui vont venir en débat
02:11dans les heures qui viennent, y compris les crédits de l'AME, l'aide médicale d'État,
02:16sur lesquels il y a un affrontement puisque la droite et le gouvernement envisagent de
02:19baisser ses crédits de 200 millions d'euros, ce dont les socialistes ne veulent pas entendre
02:23parler, surtout après l'épisode du sentiment de submersion qui a déclenché une tempête
02:28politique cette semaine.
02:29Bref, est-ce qu'on peut imaginer un accord, un compromis, même laborieux, ou est-ce qu'on
02:34va vers un clash autour du budget ? Un de plus à l'Assemblée nationale.
02:39Vous évoquiez le sentiment de submersion, ces mots qui ont été prononcés par François
02:43Bayrou, Julie Marie Lecomte, justement, malgré cet épisode-là, est-ce que les socialistes
02:47peuvent renoncer à voter la motion de censure qui sera présentée par les Insoumis ?
02:50Bien sûr.
02:51Bien sûr, ils peuvent renoncer.
02:53Ils sont de plus en plus sous pression.
02:55Dans les épisodes d'hier, il y en a un qui a été marquant, c'est le Rassemblement
02:59national qui, tout d'un coup, est sorti du bois en disant que, finalement, lui aussi
03:03pourrait voter la censure.
03:04Ça, ça tend un peu les discussions et, d'une certaine manière, ça les facilite parce
03:10que ça veut dire que les socialistes doivent véritablement trancher, que le gouvernement
03:16et les socialistes doivent franchir le pas et la fenêtre se resserre pour l'EPS parce
03:23que là, son vote, véritablement, devient déterminant.
03:26Donc, ça le coince et ça l'oblige également.
03:31Donc, oui, ils peuvent ne pas voter la censure, probablement n'auront-ils pas à voter contre
03:38le budget si François Bayrou dégaine le 49-3.
03:43Donc, vote au Sénat, motion de censure examinée.
03:48Si le gouvernement ne tombe pas à l'occasion de cette motion de censure, vote au Sénat
03:54en fin de semaine.
03:55Mais sauf que rien ne sera réglé pour autant parce que, Renaud l'évoquait, on sent à
04:03quel point il n'y a pas d'accord global avec les socialistes, c'est-à-dire qu'il y a une
04:08entente pour faire passer cette étape du budget, mais ensuite, tout sera très très
04:14compliqué.
04:15Et pour revenir sur le RN, qui a évoqué une censure hier sur une histoire de taxes
04:19sur l'électricité, visiblement, en commission, on n'a même pas trop saisi de quoi il était
04:23question.
04:24C'était assez obscur.
04:25C'est l'article 4, nouveau dispositif pour réglementer les tarifs de l'électricité,
04:32ultra technique, tellement technique que le RN avait renoncé à aller sur ce terrain-là
04:38au moment de la discussion du précédent budget.
04:42Jean-Philippe Tanguy a poussé un coup de gueule, mis la pression, puis finalement est
04:47ressorti, salle des quatre colonnes, en disant, bon, bon, c'est pas moi qui décide, c'est
04:52Marine Le Pen.
04:53On voit que tout ça est assez instable.
04:54Mais ça va être du grand théâtre jusqu'au vote de la motion de censure.
05:00Paul Quignot, on vous entend justement sur cet épisode de Sumversion, vous pensez que
05:04ça peut pousser les socialistes justement à voter ou pas cette motion de censure ?
05:08Oui, ça pèse.
05:09Ça pèse dans les rapports de force et donc là, même si on sort évidemment du cadre
05:13strict des discussions, puisque la question de la submersion n'a pas grand chose à
05:17voir avec les questions budgétaires, mais en politique, ça sert dans la gestion des
05:20rapports de force.
05:21Donc bien sûr que ça sert.
05:22Et ça sert d'autant plus depuis hier, effectivement, que le RN a ressorti alors qu'on pensait
05:27qu'elle était quand même mise sous le tapis, la menace de voter la motion de censure.
05:31Donc ça met un peu plus la pression sur les socialistes, mais ça peut aussi les aider
05:34à obtenir un peu plus de choses dans les discussions qui vont s'ouvrir aujourd'hui,
05:39effectivement, sur la partie dépenses.
05:41Mais à force de concessions, justement, est-ce que le gouvernement ne va pas renoncer à
05:45son objectif de combler les déficits ?
05:47C'est un des sujets sur la table, on parle de 5-4, mais c'est toujours une question
05:57de rapports de force.
05:58En fait, le choix des socialistes, il est bien sûr sur les questions budgétaires, bien
06:02sûr d'obtenir des concessions, ce qu'ils ont obtenu sur les enseignants, ils vont essayer
06:06d'en obtenir d'autres sur l'écologie, ils vont essayer de bloquer la menace de réduction
06:12de l'AME, qui est une stupidité, puisqu'on sait que ça coûtera à terme ou à moyen
06:16terme plus cher de supprimer une partie de l'AME que de la laisser dans l'État.
06:21Donc tout ça, ils vont essayer de peser là-dessus, mais au bout du bout, le choix qu'ils ont
06:26à faire va être entre celui du choix de la stabilité institutionnelle ou celui du
06:33désordre.
06:34Et on entendait Yannick Jadot, tout à l'heure, ici sur ce plateau, nous dire que le gouvernement
06:39sera aussi responsable de l'instabilité, nous ne serons pas les seuls responsables,
06:42tout le monde se rejette un peu la faute.
06:43En cas, c'est ce que c'est maintenant l'émotion de censure, puisqu'il y en a une qui a été
06:47adoptée, qui a fait chuter le gouvernement Barnier au début du mois de décembre, même
06:49si ce n'était à l'époque, on s'en souvient, que la deuxième fois depuis le début de la
06:52Ve République, ça va peut-être se reproduire la semaine prochaine, on le verra bien, mais
06:56on connaît les conséquences.
06:57Évidemment que le premier perdant en cas de motion de censure, c'est évidemment le gouvernement
07:01en place, François Bayrou qui chuterait, l'exécutif, etc., qui serait fragilisé, mais il faut bien
07:07comprendre aussi que je pense que les deuxièmes perdants de cette censure, ce seraient les
07:10socialistes eux-mêmes, qui n'ont pas du tout intérêt à la persistance d'un blocage
07:13politique, à l'éventualité agitée par certains, en particulier Jean-Luc Mélenchon
07:17d'une présidentielle anticipée, qui ont plutôt intérêt au maintien des échéances.
07:22En revanche, évidemment, un nouveau blocage, une chute du gouvernement, etc., ça servirait
07:27en particulier Jean-Luc Mélenchon et la stratégie des Insoumis, et aussi à un degré moindre
07:31celle du RN.
07:32Il faut bien comprendre politiquement que ce qui se passe au sein du groupe socialiste
07:37et au sein du groupe RN, quant à l'éventualité ou pas de voter une motion de censure la
07:41semaine prochaine, ça n'est pas du tout du même ordre, ça ne va pas du tout se passer
07:44de la même façon.
07:45Pourquoi ? Ce qui est intéressant et ce qui est compliqué pour les socialistes, c'est
07:47qu'il va y avoir un débat, il va y avoir un vote, comme il y a eu précédemment après
07:52le discours de politique générale de François Bayrou.
07:54On sait que la position qui s'était exprimée très majoritairement était de ne pas voter
07:58la censure à ce moment-là.
07:59Il y a quand même huit députés socialistes qui s'en sont affranchis et qui ont voté
08:02la censure, 8 sur 66, mais là, on peut imaginer qu'il y en ait davantage qui souhaitent voter
08:06la censure, bien sûr, après cet épisode migratoire que vous évoquiez, mais il va
08:10y avoir un débat, un vote, une décision collective, ce qui complique évidemment la
08:14tâche du Parti socialiste.
08:17Au RN, ça ne va pas du tout se passer comme ça.
08:18Il y a 123 députés, je crois qu'il en reste 123, députés RN.
08:22Il peut y en avoir 122 qui sont contre la motion de censure.
08:26Si Marine Le Pen est pour, ils voteront pour.
08:28Et inversement, l'inverse est vrai aussi, il n'y a pas de débat, il n'y a pas de vote
08:32et tout le monde attend de voir, effectivement, selon son humeur du moment, de quel côté
08:36va tomber Marine Le Pen.
08:37Donc Marine Le Pen va faire ce qu'elle fait depuis le début, depuis 2022 et a fortiori
08:41depuis la dissolution de l'été dernier, de la politique, j'allais dire, aux doigts mouillés
08:45selon les rapports de force et effectivement, finalement, décider ou pas.
08:49Donc c'est en ce sens, c'est ce qu'on a compris, c'est en ce sens que François Bayrou
08:54sait que ça ne peut pas être un allié potentiel fiable.
09:00Fiable, c'est ce qui s'est passé avec Barnier.
09:03Marine Le Pen a fait chanter Michel Barnier pendant des jours et des jours.
09:05Elle a obtenu plein de choses et finalement, elle l'a fait chuter.
09:07C'est pour ça que le sort du gouvernement tient effectivement, de toute façon,
09:11à l'attitude du groupe socialiste.
09:12Et l'appel de Jordan Bardella à ventir à des législatives anticipées nous fait dire
09:15qu'il n'y aura pas forcément de censure qui sera votée non plus
09:17dans les prochains jours, Julie-Marie Lecomte.
09:19Du côté du Rassemblement national.
09:22Honnêtement, hier, encore une fois, c'est ce que disaient tous les reporters sur place.
09:25C'est que ça ressemblait à du bluff, à du théâtre, pour reprendre l'expression
09:29que j'employais tout à l'heure.
09:31Julie-Marie Lecomte, Paul Quignot, vous restez avec nous pour la suite des informés.
09:34On se retrouve dans quelques instants après le Fil info à 9h15 avec Laura Dulieu.
09:39Les chauffeurs de cars scolaires seront de plus en plus contrôlés
09:41dans les prochains jours, promesse du ministre des Transports
09:44Après l'accident qui a coûté la vie à une lycéenne de 15 ans, hier matin en Neuer-et-Loire,
09:48le premier test salivaire du conducteur du car scolaire s'est révélé positif.
09:52Aux stupéfiants, il doit encore être confirmé par une prise de sang.
09:55Après la partie recette hier, place à la partie dépense du budget de l'État
09:59pour ce deuxième jour de commission mixte paritaire,
10:027 députés et 7 sénateurs, dont majoritairement des soutiens de François Bayrou,
10:06vont devoir s'entendre sur une version commune.
10:08L'armée israélienne dit avoir frappé plusieurs cibles du Hezbollah dans l'est du Liban,
10:13malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre dans le pays
10:16et dans lequel Israël reste engagé, dit l'armée.
10:19Le rugby est le coup d'envoi ce soir du tournoi des 6 nations.
10:23Ce sont le 15 de France et le Pays de Galles qui s'affrontent
10:25pour cette première rencontre au Stade de France,
10:27avec le retour du capitaine des Bleus, Antoine Dupont,
10:30qui n'avait pas participé au tournoi l'an dernier.
10:44La suite des informés sur France Info, avec autour de la table le jury Julie,
10:47Marie Lecompte, celle du service politique de France Info,
10:49Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
10:52On évoquait il y a quelques instants la CMP.
10:55Pour le moment, il y en a un qui est assez peu bavard sur ce sujet.
10:58Sur une nouvelle censure, c'est Emmanuel Macron.
11:00Pourtant, cette semaine, Renaud, le président enchaîne les déplacements,
11:04les prises de parole, mais on se demande un peu pourquoi et à quoi ça sert.
11:07Et oui, le chef de l'État qui remet le nez dehors en quelque sorte,
11:10qui va prendre un petit peu l'air.
11:11Ce n'est pas la météo qui incite Emmanuel Macron à arpenter le pays,
11:15mais effectivement, sa volonté d'influencer à nouveau sur le cours des affaires intérieures,
11:20de retrouver un certain poids et puis parfois de distiller quelques messages.
11:24En début de semaine, on s'en souvient, il est allé au musée, au musée du Louvre,
11:26pour lancer ce chantier de rénovation, de nouvelle renaissance du Louvre.
11:32Et puis, avant-hier, il s'est rendu dans les Hauts-de-France,
11:34dans la région Hauts-de-France, notamment en visite à l'usine Framatome de Maubeuge.
11:39Je vous propose d'écouter un extrait des propos du président qui, attention,
11:42ne fait pas vraiment de politique, mais enfin, un petit peu quand même.
11:46Moi, je ne fais pas de politique, je ne sais pas si c'est de droite ou de gauche.
11:50Je sais que ça marche.
11:51Il y a un avenir pour l'industrie française.
11:54Si on est cohérent dans la politique nationale, si on garde ce qui marche,
11:58si on continue de vouloir attirer les talents de désinvestissement du monde entier
12:02et si on tient bon sur la stratégie qu'on s'est donnée.
12:05Alors, pour ceux qui nous regardent à la télévision, sur le Canal 27,
12:08le costume du président, son déguisement, ce n'est pas lié, justement, à un changement de style.
12:12Il porte des lunettes et une casquette.
12:14C'est lié, évidemment, à la visite du site de Framatome.
12:18Donc, l'occasion pour Emmanuel Macron de distiller quelques messages.
12:20La constance, évidemment, un message qui s'adresse aussi indirectement
12:24au gouvernement Bayrou, à la remise en cause,
12:26notamment à travers l'augmentation de taxes pour les grandes entreprises,
12:29de sa politique fiscale et de sa politique dite de l'offre.
12:33Et puis, donc, la volonté de la part du chef de l'État
12:36d'essayer de retrouver un certain contact avec les Français.
12:39Hier, par exemple, il s'est même fendu d'une brève visite surprise à Hirson,
12:43dans l'Aisne, sans prévenir la presse, d'ailleurs, pour aller prendre un café.
12:47Il a notamment pris un café et un ticket de grattage dans un bar.
12:50Une visite surprise qui a d'ailleurs fâché l'association de la presse présidentielle,
12:54qui considère que la présence de la presse est un impératif démocratique
12:57quand le chef de l'État se déplace dans le pays.
12:59Bref, est-ce que par petite touche, Emmanuel Macron peut retrouver un rôle
13:04dans le contexte politique qu'on vient d'évoquer à l'instant,
13:05alors que, on le sait aussi, ça côte des records d'impopularité.
13:1021% de Français satisfait seulement dans le dernier baromètre IFOP,
13:14son plus bas score depuis son élection en 2017.
13:16En tout cas, vous l'avez dit, Renaud, il y a ces coups de griffe répétés
13:19au gouvernement sur la politique fiscale.
13:21On l'a entendu aussi sur le budget du ministère des Sports.
13:24Paul Quignot, comment expliquer, justement, ces coups de griffe ?
13:28Par sa faiblesse, en fait.
13:31Emmanuel Macron, depuis sa décision de dissolution,
13:33est démonétisé politiquement.
13:36Il est de plus en plus seul, y compris dans son propre camp.
13:38Quand on entend Gabriel Attal hier,
13:41les prises de distance, quand même, qui sont assez évidentes.
13:47Il a perdu la main politiquement.
13:49Effectivement, il essaie de la retrouver en allant sur des sujets régaliens,
13:53de refaire avec le Louvre ce qu'il a réussi à faire avec Notre-Dame.
13:55Et pourquoi pas ?
13:57Notre-Dame, c'était un succès, c'était une bonne chose.
14:01Il essaie de cranter des choses qui laisseront des traces
14:05sur des sujets régaliens comme ça,
14:07et des petites touches plus politiques sur les questions budgétaires,
14:10mais qui sont, de mon point de vue, assez inoffensives,
14:14parce qu'il n'a pas le rapport de force pour lui, tout simplement.
14:18De mon point de vue, le seul vrai levier
14:22dont dispose Emmanuel Macron,
14:25ce n'est pas sa personne, c'est l'institution qui le représente.
14:30Et quand on parlait tout à l'heure des débats budgétaires au sein de la CMP,
14:34de la question des socialistes de savoir le choix qu'ils devaient faire
14:37entre la stabilité institutionnelle ou la poursuite du désordre,
14:42Emmanuel Macron, par fonction,
14:46incarne cet horizon de stabilité.
14:49Et justement, Julie Marie Lecomte, est-ce qu'on peut avoir le sentiment
14:51qu'il est quelque part un recours aux Français mécontents ?
14:56Alors, pour répondre sur le recours,
15:02ce qui est sûr, et je suis d'accord avec Paul,
15:05c'est qu'institutionnellement, Emmanuel Macron reste le président de la République.
15:10C'est-à-dire que si demain le gouvernement Bayrou devait tomber,
15:16on a beau dire, Macron ne sert plus à rien,
15:19tous les regards de nouveaux vont se tourner vers lui,
15:24en disant « Mais que va-t-il faire ? Qui va-t-il désigner comme Premier ministre ?
15:30Si on commence à entrer dans le moment où il peut de nouveau dissoudre,
15:33va-t-il dissoudre ? Va-t-il démissionner ? »
15:35Voilà, donc le personnage, en soi, reste central.
15:41La deuxième partie de votre question, c'est est-ce qu'il reste un recours pour les Français ?
15:45Il y a quelque chose qui d'ailleurs est assez assumé du côté de l'Élysée,
15:49c'est qu'Emmanuel Macron, qui d'ailleurs le considère à peu près depuis le début,
15:56essaie d'entretenir une relation assez directe avec les Français,
15:59qui est très à double tranchant.
16:01Et on le voit justement avec cette visite dans ce bar, avec ses propos à l'influenceur qui n'avait pas réussi à télécharger sa carte bleue.
16:07Mais cette visite, elle est survenue hier, en réalité, il l'avait déjà fait,
16:11et dès la rentrée, en septembre, ses conseillers laissaient entendre
16:16qu'il allait recommencer à faire ça, aller voir des gens, son presse,
16:21pour discuter avec eux, prendre le pouls du pays.
16:27Alors effectivement, on peut se demander dans quel but, dans la mesure où aujourd'hui, il ne peut rien faire.
16:32Alors il essaye de se faire le porte-voix des Français.
16:36On l'a vu se mettre du côté des automobilistes qui voulaient payer avec leur téléphone au péage,
16:43appuyer la demande des sportifs, qui voulaient revenir sur les budgets.
16:47Plutôt populaire, justement.
16:49Voilà, donc en fait, une espèce de porte-voix des Français dans un rôle direct.
16:54Il retrouve aussi son côté un peu tomaturge, le président au chevet des Français.
17:00Il est allé à Mayotte avant François Bayrou.
17:03Je pense qu'il ne faudrait pas être très surpris si on le retrouvait dans quelques jours,
17:05au côté des sinistrés en Bretagne.
17:09Mais effectivement, dans quel but ?
17:11Aujourd'hui, Emmanuel Macron, il roule tout seul, un peu pour lui-même.
17:18Il fait un peu de service après-vente, en fait.
17:19Un peu pour lui-même aussi.
17:21Il fait du service après-vente.
17:22Et puis surtout, je pense que là, maintenant, la question qu'il se pose pour lui,
17:26et c'est une question assez personnelle, c'est quels souvenirs il va laisser aux Français.
17:30Mais l'autre rôle, c'est aussi celui de maître de cérémonie.
17:34Il y a un grand sommet de l'intelligence artificielle.
17:37Il l'organise la semaine prochaine, le 10 ou 11 février, à Paris-Pékin, la semaine d'après.
17:45Où là, effectivement, on va retrouver un Emmanuel Macron,
17:51VRP de la France, vous l'ancien de Paris, la capitale de l'IA.
17:56Paul Quignot, on parle justement du bilan.
17:57On sait qu'il veut laisser une trace, le président, aujourd'hui, son bilan.
18:00Et il le voit quelque peu détricoté.
18:01Est-ce qu'il en a peur de ça ?
18:03Oui, forcément.
18:05Il est même détricoté, y compris au sein de sa propre majorité,
18:07y compris par un ancien de ses premiers ministres.
18:10Donc, effectivement, ce n'est pas terrible.
18:13Mais je pense qu'il cherche deux choses.
18:15Un, dans les pics qu'il envoie contre le gouvernement Bayrou,
18:19il n'est quand même pas non plus très à l'aise.
18:22Parce qu'il sait aussi que si, chute du gouvernement Bayrou, il y a,
18:27c'est la pression sur la question de sa démission qui va s'accentuer dans les cinq minutes derrière.
18:33Et de ça, il n'en a pas envie.
18:34Donc, ce qu'il veut essayer de sauver, c'est effectivement la moitié de son bilan.
18:38Surtout d'avoir une fin de quinquennat pas trop compliquée et pas trop humiliante.
18:45Et il a une seule carte en main,
18:47c'est celle, de mon point de vue, j'en parlais tout à l'heure,
18:50c'est cette incarnation de la stabilité.
18:52Parce que, et c'est là où, moi, je ne crois pas que les Français
18:56vont chercher chez Emmanuel Macron un recours sur les questions politiques du moment.
19:00En revanche, les Français, ils veulent de la stabilité.
19:02Et ils savent que c'est Macron qui l'incarne.
19:04Il me semble que les deux principaux atouts d'Emmanuel Macron,
19:07effectivement, dans ce contexte, et je rejoins ce que dit Paul Quignot à l'instant,
19:10c'est Donald Trump et Vladimir Poutine.
19:12C'est-à-dire que sur la scène intérieure, le président proche des Français,
19:15à l'écoute, qui va prendre un café dans un bar ou qui se veut instance de recours
19:19en disant, oui, le gouvernement, il est méchant avec vous, etc.
19:22Mais moi, je suis à l'écoute.
19:23On a déjà vu ça mille fois sous des mandats précédents ou des cohabitations précédentes.
19:27Bien sûr, depuis la toute première en 86,
19:29François Mitterrand a fait ça formidablement à l'époque pour affaiblir Jacques Chirac,
19:33y compris sur des sujets foncièrement politiques,
19:35pas simplement en termes de communication.
19:37En l'occurrence, la situation de l'impopularité d'Emmanuel Macron est telle,
19:40et puis rappelons qu'il ne peut pas se représenter en 2027,
19:42que je ne pense pas que la situation change beaucoup sur ce terrain-là.
19:46Il peut aussi se poser, c'est ce qu'il va faire avec ce sommet sur l'intelligence artificielle,
19:50en prendre de la hauteur de vue pour essayer de dessiner un certain nombre d'enjeux
19:55à long terme, à 10, 15, 20 ans,
19:57pour essayer de dessiner un cadre pour la France,
19:59notamment à travers cet enjeu de l'IA, bien sûr.
20:01Ça aussi, on l'a déjà vu par le passé.
20:03En revanche, on est dans un contexte international bien particulier,
20:06marqué en particulier par le retour de Donald Trump,
20:07par la guerre en Europe, en Ukraine, la menace Vladimir Poutine,
20:12un certain nombre de responsables militaires français.
20:14On a encore vu une note dévoilée cette semaine qui évoque l'hypothèse
20:18dans ce nouveau monde très instable dans lequel on est,
20:20un jour d'un conflit, un jour prochain d'un conflit sur le territoire français,
20:23ou en tout cas, que la France soit obligée de se défendre
20:26et d'être engagée dans un conflit.
20:28Et dans ce contexte-là, évidemment,
20:31les discussions de la CMP sur le budget prennent un caractère tout relatif.
20:34Et l'hypothèse, évidemment, agitée par certains,
20:36et d'abord par Jean-Luc Mélenchon, d'une présidentielle anticipée absolument,
20:39comme si une campagne expresse en 35 jours dans ce chaos pouvait résoudre
20:43et stabiliser le pays alors que la guerre menace, pour résumer.
20:46Je pense que là, Emmanuel Macron a effectivement un rôle
20:50et un poids qui demeurent.
20:51Et pour le reste, juste sur la politique intérieure,
20:54mais qu'en revanche, encore une fois, c'est un pôle de stabilité
20:57dans ce monde très instable où la guerre progresse.
21:00Et je pense que c'est là-dessus qu'il doit jouer son rôle,
21:02visiblement, dans les semaines et mois qui viennent, sur la politique intérieure.
21:05Ce qui est frappant quand on discute avec des députés,
21:06y compris des députés de la majorité, c'est à quel point il est sorti du film.
21:09C'est-à-dire que les Français n'en parlent plus dans leurs circonscriptions,
21:12on ne leur parle plus d'Emmanuel Macron.
21:14Et c'est peut-être d'ailleurs ce qui explique les bons résultats
21:16des macronistes lors des dernières élections législatives partielles,
21:20puisqu'ils ont gagné deux circonscriptions dans les Ardennes en décembre
21:23et puis récemment dans l'Isère,
21:25notamment parce qu'Emmanuel Macron et son impopularité quand même assez spectaculaire
21:30dans le débat politique intérieur auprès des Français
21:32n'a pas pesé du tout sur le contexte politique.
21:34Et je pense que ça permet effectivement à un certain nombre d'élus
21:36de la majorité de l'emporter.
21:38Julie Marie Lecomte, très rapidement, Renaud Delis évoquait la présidentielle anticipée,
21:43s'il doit y avoir lieu.
21:44Si elle doit avoir lieu, le président a toujours dit que
21:47pour lui, il irait jusqu'au bout, ça n'a pas bougé.
21:49Oui, il a toujours dit pas question.
21:51Merci beaucoup, Julie Marie Lecomte.
21:52Merci, Paul Quignot de Libération,
21:55Libération qui met Marianne Facefull à la une ce matin.
21:57Elle nous a quittés hier.
21:59Merci à vous, Renaud.
22:00Les informés reviennent, bien sûr, ce soir à 20h avec Renaud Blanc.
22:04L'info continue sur France Info. Bonne journée.