Retour sur les résultats des élections européennes du 9 juin, et les conséquences sur les institutions de l'UE.
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00:00Il est l'heure d'ouvrir une page européenne, puisqu'on le rappelle le dimanche matin, c'est l'heure des informés de l'Europe avec François Bonnet.
00:12Bonjour François. Bonjour Jean-Rémy. Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions.
00:16Autour de la table, Marie-Christine Vallée, journaliste spécialiste des affaires européennes et Ludovic Laman, journaliste à Mediapart en charge de l'Europe.
00:22On va essayer tous ensemble, dans ces informés, François, de faire un bilan un petit peu de cette semaine et des conséquences de cette élection de dimanche dernier.
00:33Absolument. Alors vous savez, on nous avait annoncé une vague d'extrême droite au Parlement européen.
00:39Alors ce n'est pas tout à fait ce qui s'est passé, puisque par rapport à 2019, les grands équilibres politiques ne changent pas vraiment.
00:45Le Parti populaire européen, le PPE qui regroupe, vous le savez, la famille du centre droit et de la droite, dont LR en France, reste en tête, suivi des sociodémocrates avec le PS français.
00:55La troisième place revient toujours aux libéraux centristes de Renew, donc avec Emmanuel Macron, mais qui perdent quand même beaucoup de terrain au Parlement européen.
01:02Les écologistes également reculent. L'extrême droite progresse, mais pas au point de renverser la table, on va en parler.
01:09A Strasbourg et à Bruxelles, il y a donc toujours une courte majorité possible constituée par l'alliance des trois premiers groupes politiques que je viens de citer.
01:17Mais si les équilibres ne sont pas bouleversés, il faut quand même noter qu'au Parlement européen, les extrêmes droites, parce qu'en fait, il y a plusieurs extrêmes droites, sont de plus en plus fortes.
01:25C'est une tendance de fond depuis 20 ans. Maintenant, avec une nouveauté cette année, les nationalistes populistes d'extrême droite sont forts dans les pays fondateurs de l'Union européenne.
01:34La France, l'Allemagne, l'Italie, jusqu'à présent, c'était plutôt en Europe centrale et orientale, et donc forcément, ça change les équilibres politiques au niveau européen.
01:42François Bedonnet, Marie-Christine Vallée, François le disait à l'instant, il n'y a pas eu de raz-de-marée populiste au Parlement européen, mais tout de même, depuis 20 ans, l'extrême droite ne cesse de monter au Parlement à Strasbourg.
01:53Qu'est-ce qui explique cela, selon vous ?
01:55C'est la conséquence. C'est le reflet de ce que votent les électeurs dans les pays, dans les États-nations.
02:02Ils votent pour des candidats et pour des listes, et ensuite, ils les envoient à Strasbourg.
02:06Alors, ils ont des thèmes communs dans leur programme, dans leur campagne électorale.
02:12Il y a la question de l'immigration qui est très présente, notamment aux Pays-Bas, où Gerd Wilders a récemment gagné les élections législatives.
02:20Ils invoquent les frontières qui leur paraîtraient peu sûres, l'Europe qui ne protégerait pas, la place de l'islam dans nos sociétés européennes.
02:28Ils voient les institutions comme des gouvernements, un gouvernement supranational, notamment la Commission européenne, des décisions qui s'imposent.
02:37La question de l'identité revient. Ramenez plutôt les décisions au niveau national.
02:43Préférez une Europe des nations à une Europe communautaire, ce qui semble difficile quand on a créé un marché unique et une monnaie unique.
02:51Et tous ces thèmes, donc, se retrouvent dans les partis.
02:54François le disait, ils sont arrivés en tête dans trois pays fondateurs, mais aussi en Belgique, en Autriche et en Hongrie.
03:01Et par contre, au nord de l'Europe, ils ont perdu un peu d'influence, à l'exception des démocrates de Suède,
03:08qui actuellement sont très installés dans le paysage suédois et qui représentent 20% des élus.
03:15Ludovic Laman de Mediapart, le Parlement européen, dans les prochains jours, va devoir se choisir un ou une présidente, des vice-présidents, former des commissions.
03:26Comment ça va se passer ? Très concrètement, c'est quoi les délais ? C'est comment ça se passe ?
03:28Oui, alors il y a un grand marathon qui s'ouvre.
03:31Effectivement, l'objectif, c'est la session à Strasbourg mi-juillet où devrait sortir première décision le vote du président ou de la présidente du Parlement européen.
03:41A priori, forte chance pour que ce soit la sortante, Roberta Metzola, qui est donc une Maltaise conservatrice et qui devrait rempiler pour quelques années.
03:50Mais autour de ça, en fait, là déjà, on commençait des négociations pour la constitution des groupes politiques, donc 720 euros députés.
03:59Et vous avez dans le Parlement sortant sept groupes politiques, des conservateurs, des sociodémocrates, etc.
04:05Et là, il y a un enjeu d'attirer le plus de députés possible pour jouer les rapports de force.
04:10Et pour donner un petit exemple, il y a évidemment, on sera très attentif dans les semaines qui arrivent.
04:15Ça va notamment se définir vraiment début juillet sur la composition du groupe ID, Identité et démocratie, le groupe du Rassemblement national,
04:22puisque on spécule de nouveau sur un retour possible de certains députés d'alternative pour l'Allemagne, donc l'AFD et l'extrême droite qui venaient d'être expulsés.
04:32Alors, tout ça va être suivi de près. Ça va jouer évidemment sur les rapports de force.
04:35Dernière chose, une fois qu'on a un président ou une présidente du Parlement et des groupes à peu près constitués, il faudra élire des présidents de groupe.
04:42Là, Valérie Hayé va de nouveau entrer en scène parce qu'elle voudrait présider le groupe libéral.
04:47Ce n'est pas du tout fait. Et puis, on aura des commissions thématiques.
04:51Il va aussi falloir donner des présidents et élire des présidents pour tout ça, avec à chaque fois la question qui va se poser quand même.
04:58Comment vont influencer les extrêmes droites dans ces différentes commissions ?
05:01Les informés de l'Europe, on se retrouve dans un instant.
05:03On va continuer de parler des conséquences du vote de la semaine dernière pour l'heure.
05:06Il est 9h51. C'est l'heure du fil info de Claire Cheikh Aghlini.
05:10À peine investi, déjà hors course.
05:12Adrien Quatennens ne sera finalement pas candidat LFI dans le Nord, annonce ce matin.
05:16Il y a quelques heures, Jean-Luc Mélenchon défendait encore son poulain.
05:19La réinvestiture de l'élu condamné pour violence conjugale avait créé une polémique dans les rangs des Insoumis et du Front populaire.
05:26Une militante féministe devrait donc défendre les couleurs de l'Alliance à gauche.
05:30Manuel Valls fustige la décision de François Hollande de se ranger sous la bannière du Front populaire pour l'ancien Premier ministre.
05:38On ne combat pas le Rassemblement national en s'alliant avec une formation qui a fait une campagne anti-israélienne et anti-juive.
05:45Des propositions de paix de Kiev à Moscou, une fois validées par la communauté internationale,
05:50elles seront faites à Vladimir Poutine, annonce de Volodymyr Zelensky, au sommet de la paix pour l'Ukraine.
05:56Direction Düsseldorf pour les Bleus. Aujourd'hui, ville de l'ouest de l'Allemagne, où ils disputeront leur premier match de l'Euro.
06:02Ce sera face à l'Autriche demain. Hier, l'Italie a dominé l'Albanie 2 à 1.
06:06Ce soir, à 21h, place aux Anglais face à la Serbie. À 15h, les Pays-Bas affrontent la Pologne.
06:11Et le Danemark joue contre la Slovénie à 18h.
06:17France Info, les informés de l'Europe.
06:22François Baudonnet, Jean-Rémi Baudot.
06:26La deuxième partie des informés de l'Europe, on va continuer à faire un petit peu les...
06:30Voilà, à regarder les conséquences de cette élection européenne.
06:33Et vous le disiez, François Baudonnet, tout à l'heure, ce qui est quand même marquant, c'est que ce sont les résultats de l'extrême droite
06:37dans les trois grands pays fondateurs de l'Union européenne, la France, l'Italie et l'Allemagne.
06:43Peut-être que c'est quand même ça le plus important à regarder.
06:45Oui, je crois qu'effectivement, c'est très important. Alors le Parlement, au niveau du Parlement européen, c'est important.
06:51Mais peut-être qu'encore plus important, ce sont les équilibres, effectivement, politiques dans les capitales.
06:56Parce qu'en fait, ça va jouer bien sûr sur leur politique, sur les politiques des capitales et au niveau national,
07:02au niveau européen, reste quand même très important. Et aussi parce que ça a un impact dans les autres institutions.
07:06Par exemple, la Commission européenne. Demain, l'Italie sera en droit, par exemple, de se choisir et d'envoyer à Bruxelles un commissaire
07:14issu de Fratelli d'Italia. Fratelli d'Italia, c'est le parti post-fasciste de Giorgia Meloni.
07:19Donc, ça peut changer des choses dans les réunions du collège.
07:21Vous savez que chaque mercredi matin, il y a des réunions du collège autour du président ou de la présidente.
07:26Et forcément, si vous avez quelqu'un issu d'un parti post-fasciste, ça change évidemment les choses.
07:30Ça peut aussi changer la donne au Conseil européen. Vous savez, c'est là où siègent les chefs d'État.
07:35Pour l'instant, Viktor Orban était plutôt isolé, d'autant que Giorgia Meloni jouait la carte de l'Europe, à la surprise de tout le monde, d'ailleurs.
07:42Mais l'extrême droite, on le rappelait tout à l'heure, est arrivée en tête également en Autriche aux européennes.
07:47Et le FPE, qui est ce parti d'extrême droite, pourrait gagner les législatives qui se tiennent au mois de septembre.
07:54Et ça pourrait être un chancelier autrichien nationaliste autour de la table du Conseil.
07:59Donc, l'Europe a globalement tendance à pencher fortement à droite avec aussi, on en reparlera sûrement, des conséquences pour le soutien à l'Ukraine.
08:07Marie-Christine Vallée, tout à l'heure, Ludovic, nous parlait un petit peu des postes qui vont être attribués dans les prochains jours, dans les prochaines semaines.
08:15Il y a une bataille aussi qui commence, celle de ce qu'on appelle les top jobs, qui sont, en bon français, tous ces postes importants à la tête de l'Union européenne.
08:24On a parlé du président du Parlement, mais aussi de la présidence du Conseil et surtout président ou présidente des commissions européennes.
08:28Est-ce que les discussions ont déjà commencé ?
08:32Alors, en fait, c'est demain. Demain soir, il y aura un dîner informel à Bruxelles entre les 27 chefs d'État et de gouvernement.
08:39Et là, ils vont poser la question de qui présidera la Commission européenne.
08:44Van der Leyen, madame Van der Leyen, est tout à fait favorite. Pourquoi ? Parce qu'elle est présentée par le PPE, le Parti populaire européen.
08:52La droite européenne.
08:53La droite conservatrice, que son parti est arrivé en tête aux élections, qu'il représente le premier groupe au Parlement européen, 189 sièges.
09:02Son nom devrait être en bonne place parmi les dirigeants des 27 pour un deuxième mandat.
09:07Mais il ne faut pas oublier que c'est au Parlement européen de confirmer ce choix.
09:12Et il sera appelé, si elle est proposée, il sera appelé à voter.
09:17Et on verra si à ce moment-là, elle passe le cap.
09:20Alors, il y a aussi le président du Conseil, c'est-à-dire ce sénacle où se retrouvent les chefs d'État et de gouvernement, les 27.
09:30C'est le seul poste où, d'ailleurs, les dirigeants des 27 sont décisionnaires.
09:34Ça ne passe pas devant le vote du Parlement européen.
09:37Alors, on parle du socialiste Antonio Costa, qui est ancien Premier ministre de son pays, le Portugal.
09:45Et on avance aussi le nom de Mario Draghi, qui a été président de la Banque centrale européenne.
09:51Et puis, il va y avoir aussi la nomination du haut représentant pour les affaires étrangères.
09:56C'est un membre de la Commission européenne, chargé de s'occuper des affaires étrangères et de la politique de sécurité de l'Union.
10:04Un Espagnol a occupé ce rôle pendant ces cinq dernières années.
10:08Et là, on parle de la première ministre d'Estonie, madame Callas, qui pourrait être proposée.
10:14– Ludovic Clamant de Mediapart, est-ce que la crise politique qu'on est en train de traverser en France,
10:18est-ce qu'elle aura un impact sur les différentes négociations ?
10:22On peut imaginer que, déjà, Emmanuel Macron a plein de choses à faire, plein de choses à gérer en France.
10:27Mais il y a aussi ce qui se passe à Bruxelles.
10:29Est-ce que, de fait, tout ça est perturbé, voire percuté par notre actualité à nous ?
10:34– Oui, je pense qu'il y a quand même un effet de stupéfaction, on ne va pas se mentir.
10:37De côté Bruxelles, il y a beaucoup cette référence qui est revenue dans les premières analyses,
10:41qui était un peu le coup de poker de David Cameron en 2016, quand il a provoqué le Brexit.
10:46Et ce jeu qui s'était retourné contre lui, on s'en souvient à l'époque.
10:50Et beaucoup à Bruxelles reviennent à cette référence pour essayer de comprendre ce qui se passe en France.
10:53Donc c'est quand même une référence qui est un peu compliquée pour Emmanuel Macron.
10:57Et c'est vrai que je pense qu'il aborde tout ce mois de négociations
11:02pour les cinq années à venir à Bruxelles de manière affaiblie.
11:06Petit rappel, en 2019, il était quand même central dans la décision...
11:11C'est quand même lui qui avait sorti du chapeau von der Leyen, avec d'autres,
11:14mais il avait quand même validé ce choix.
11:16Il avait construit un portefeuille pour Thierry Breton, vraiment,
11:19marché intérieur défense, tout ce qui intéressait les Français, etc.
11:22Là, ça va être beaucoup plus dur.
11:24On voit déjà que dans les quatre postes, il n'y a pas de Français qui sont...
11:26Voilà, qui semblent favoris. – On perd en influence.
11:28– On perd en influence. Et par ailleurs, je rappelle juste le calendrier,
11:31on a un Conseil européen formel, 27 et 28 juin,
11:35qui est censé donner un peu les noms que Marie-Christine a avancés.
11:40Ça se passera juste deux jours avant le premier tour des législatives.
11:43– Allez, j'ai une toute dernière question.
11:45On parlait de la composition des groupes, on en a beaucoup parlé cette année.
11:47L'extrême droite à Bruxelles, il y a deux groupes, ECR et ID.
11:51Pour schématiser, ID, c'est Marine Le Pen, ECR, c'est Giorgia Meloni.
11:54Est-ce que les résultats français pourraient tout changer ?
11:57C'est-à-dire que si l'extrême droite en France était au pouvoir,
12:00était à Matignon, est-ce que ça viendrait peut-être Meloni,
12:02elle se dirait, finalement, je vais faire alliance ?
12:05– Tout est possible. – Pour s'abandonner.
12:06– Tout est possible. En fait, ça se joue maintenant, les discussions sont maintenant.
12:10On a vu que Marine Le Pen, par exemple, s'est rendue hier et avant-hier à Bruxelles
12:15pour discuter avec l'extrême droite européenne.
12:18Donc les discussions sont en cours et effectivement, vous avez raison,
12:21tout peut changer au niveau des groupes politiques au Parlement européen.
12:24– 10 secondes, vous êtes d'accord ?
12:25– Oui, et notamment au Conseil aussi, dans les discussions au Conseil.
12:28– Il y a un cas où il faudra suivre Marie-Marie Schall qui va être centrale
12:31dans les négociations à Bruxelles puisqu'elle est redéputée depuis pas longtemps.
12:34– Merci beaucoup Ludovic Clamant, journaliste à Mediapart,
12:36Marie-Christine Vallée, journaliste spécialiste des affaires européennes.
12:39Et merci beaucoup François Bedonnet d'avoir décrypté comme ça les enjeux
12:42et les conséquences du vote en France et dans toute l'Europe de la semaine dernière.