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00:009h06, les informés du matin et c'est un plaisir de vous retrouver. Bonjour Renaud Dely, bonjour Salia.
00:13Bonjour à nos informés du jour. Sophie Dravinel, chroniqueuse politique à Public Sénat, bonjour.
00:19Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvelle Ops, bonjour Sylvain.
00:21Bonjour.
00:22Renaud Dely, ça y est, c'est le jour, j'y ai un pour le budget.
00:24Voilà, une journée décisive à l'Assemblée Nationale, une de plus, en l'occurrence il s'agit donc de la réunion
00:28de la commission mixte paritaire qui va chercher à élaborer un compromis sur le budget.
00:34La commission mixte paritaire, rappelons-le, est composée de 7 députés et 7 sénateurs
00:39qui donc essayent de se mettre d'accord sur une version finale du budget qui sera soumise ensuite au vote des députés à l'Assemblée Nationale.
00:4514 parlementaires, au sein de ces 14 parlementaires il y a une courte majorité qui soutient le gouvernement,
00:53il y a à peu près 8 parlementaires qui dépendent de cette majorité,
00:56sauf qu'il faut que cet accord plaise ensuite suffisamment aux députés socialistes en particulier
01:03pour que ceux-ci ne censurent pas le gouvernement.
01:05Il faut donc amender la version qui est sortie du Sénat,
01:10et le gouvernement a dit, le gouvernement qui n'est pas représenté à la CMP,
01:13mais a dit que c'était effectivement son intention que ce texte soit amendé.
01:16Alors que feront les socialistes le moment venu ?
01:19Le suspense est à son comble, notamment depuis la sortie de François Bayrou sur le sentiment de submersion migratoire
01:25ressenti selon lui par certains Français.
01:27Mais que feront aussi les députés du Rassemblement National ?
01:31Je propose d'écouter Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme,
01:35qui était votre invité il y a quelques minutes et qui est précisément membre de cette commission mixte paritaire.
01:40On attend dans cette CMP d'en savoir plus, donc on ne sait pas en fait,
01:44aujourd'hui, et malgré mes contacts assez réguliers avec un certain nombre de ministres et de technos, pardon, de cabinets de ces ministères,
01:53où on arrive ? Avoir un budget pour avoir un budget ?
01:55S'il n'y a pas de politique derrière, et si c'est un budget qui valide une politique d'inertie, de n'importe quoi,
01:59et qui ne traite aucun problème, moi ça pose un problème.
02:03Ça pose un problème, même si Jean-Philippe Tanguy a expliqué que François Bayrou était plus habile que Michel Barnier
02:07parce qu'il n'y avait pas, je le cite, de mesures écarlates, dit-il,
02:10donc urtiquantes au sein de ce budget, et qu'effectivement François Bayrou cherche à ne fâcher personne.
02:14Bref, du côté du RN, on le sait, on ne saura pas quelques minutes avant le vote ce que feront ces députés-là,
02:20et évidemment il n'y aura pas de débat interne ou de vote au sein du groupe.
02:23Ils attendent la fumée blanche, la fumée blanche c'est la position de Marine Le Pen.
02:27Est-ce que la CMP aujourd'hui, la commission mixte paritaire, peut accoucher d'un compromis sur ce budget ?
02:33Un compromis qui serait susceptible d'amadouer les socialistes ?
02:36Allez, on commence, Sophie Dravinel.
02:38Alors la CMP, il est probable qu'elle soit conclusive, me disent en tout cas quelques parlementaires socialistes
02:44que j'ai pu avoir en ligne ou que j'ai pu rencontrer, et qui disent non, en fait la question ça va se jouer ce week-end
02:50sur effectivement les amendements qui vont être posés par le gouvernement, les avancées qui vont être proposées,
02:56mais le niveau de colère chez les socialistes est tel, de colère matinée de déception je dirais pour certains,
03:03en tout cas le niveau de colère est tel de cette prise de parole de François Bayrou dont il se demande si elle était voulue ou non,
03:09est-ce que sur LCI il est allé trop loin et qu'ensuite il a voulu assumer ?
03:14Est-ce que c'était une démarche volontaire parce qu'il savait que l'opinion publique veut un budget
03:18et que les socialistes sont coincés à la fois par l'opinion publique et par les insoumis qui les poussent à la faute
03:24en leur faisant reconnaître qu'ils ont fait une erreur à vouloir s'allier ?
03:28Ce qui est certain c'est qu'ils sont en colère et qu'on me disait qu'hier la majorité était favorable à la censure,
03:36reste évidemment à savoir s'ils seront suivis, s'il sera la même censure ou pas.
03:40Ils sont en colère mais ils n'ont pas totalement fermé la porte, Sylvain,
03:43ils ont posé d'autres conditions pour adopter ce budget, pour se mettre d'accord.
03:47Ils en ont profité pour essayer de passer quelques concessions supplémentaires,
03:51notamment une qui n'a pas grand chose à voir avec le budget mais qui ferait plaisir à la gauche,
03:55c'est toujours l'éternelle revendication d'une hausse du SMIC, un petit coup de pouce comme on dit,
04:00et puis ils veulent absolument que l'AME, l'aide médicale d'État pour soigner les non-ressortistes en français,
04:09soit maintenue intégralement et on sait que ça c'est vraiment une pierre de touche
04:14puisque la droite évidemment tient absolument à réformer l'AME.
04:18Donc ils ont remis un peu la pression, ils sont quand même dans une situation très difficile
04:23parce qu'ils ont été assez loin dans la discussion.
04:26Leurs troupes, les électeurs socialistes, voudraient quand même qu'il y ait un budget pour la France,
04:32donc ils sont quand même attendus dans cette position responsable.
04:34S'ils devaient revenir sur la censure, par exemple en se joignant au vote de la France insoumise,
04:41ce serait perçu comme un tête-à-queue politique, évidemment la France insoumise leur ferait payer.
04:45D'un autre côté, s'ils servent de supplétifs à un gouvernement
04:50qui passe pour flirtant avec l'extrême droite, évidemment pour eux c'est très délicat.
04:54Donc ils sont dans une situation un peu impossible.
04:57Très difficile de savoir de quel côté d'ailleurs ça va pencher
05:02parce qu'en plus il n'y a pas de grande discipline de groupe,
05:05donc c'est compliqué pour les socialistes de prendre une décision unanime en fait.
05:10Donc voilà, on en est là.
05:12Juste une petite chose, c'est-à-dire qu'il y a un débat important dans leur groupe,
05:17mais visiblement ils ont quand même décidé de se mettre derrière les négociateurs,
05:22Philippe Brun, Jérôme Gage, mais aussi Olivier Faure et Philippe Cannaire.
05:26Comme la première fois.
05:28Pour voir ce qui va ressortir à la fin.
05:31Oui, et je pense qu'il y aura une démarche sinon unitaire, en tout cas majoritaire dans leur groupe.
05:36Le paradoxe, la première conséquence de la faute lexicale et politique de François Bayrou,
05:41c'est qu'on ne parle plus du contenu du budget.
05:44Ça c'est la première faute, effectivement.
05:46La première conséquence, on le voit, les socialistes sont arqueboutés et indignés sur un autre sujet.
05:51La deuxième conséquence, c'est que pour ce qui est du budget,
05:54forcément la facture grimpe, ou l'addition grimpe.
05:58Et les socialistes ont davantage de revendications,
06:02justement pour envisager peut-être de ne pas voter la censure le moment venu.
06:06Ce qui explique qu'il va y avoir aussi un débat sur le rétablissement d'un certain nombre de crédits,
06:12notamment en matière d'écologie, qui ont été supprimés pour l'instant en tout cas.
06:18Les 4000 postes d'enseignants rétablis, ça on sait que François Bayrou l'a déjà annoncé.
06:23Et puis il va aussi probablement y avoir un débat sur le taux d'imposition,
06:27ou la durée d'imposition, on en parlera un petit peu plus tard, notamment des grands groupes.
06:31Et puis, la voie de sortie, puisque Sylvain Courage le disait avec justesse comme toujours,
06:37effectivement la position est quand même très compliquée pour les socialistes
06:40parce que sur le fond ils se sont beaucoup avancés, que leur électorat en gros ne souhaite pas le blocage
06:45ou le fait que la France soit de nouveau privée de budget.
06:48Et puis troisième point, je pense que les socialistes eux-mêmes n'ont pas intérêt à ce que le gouvernement tombe une deuxième fois.
06:52D'ailleurs, on le sait, leur stratégie est plutôt à long terme, le temps de reconstituer leurs forces
06:56et de pouvoir porter une alternative.
06:58Un deuxième gouvernement qui tomberait en deux mois, évidemment,
07:00la crise politique servirait au premier chef Jean-Luc Mélenchon, mais déservirait les socialistes.
07:05Il y a peut-être une voie de sortie qui peut apparaître,
07:07c'est-à-dire qu'il y aura une motion de censure déposée par les insoumis sur le budget, ça il n'y a aucun doute.
07:11Peut-être que les socialistes ne s'y associeraient pas,
07:14mais déposeraient leur propre motion de censure sur les valeurs, en quelque sorte,
07:18sur justement la prise des termes utilisés par François Bayrou,
07:23ce sentiment de submersion migratoire, etc.
07:25pour pousser leur indignation et leur colère sur ce plan-là.
07:29Et la motion de censure que déposeraient éventuellement les socialistes sur ce sujet-là,
07:34évidemment, ne serait pas votée par l'ORN.
07:36Ça veut dire que les deux s'annuleraient.
07:38Les socialistes valideraient leurs acquis, ce qu'ils ont arraché au gouvernement sur le budget,
07:42pour ne pas censurer le gouvernement sur le budget,
07:44ne pas priver la France de budget,
07:46et, d'un autre côté, afficheraient des valeurs radicalement différentes
07:50avec celles de François Bayrou, en tout cas, d'après ses propos.
07:53Mais là, évidemment, il manquerait les voix du Rennes.
07:55Donc, dans les deux cas, le gouvernement pourrait peut-être,
07:58je ne dis pas que c'est ce qui va se produire, je dis ça avec beaucoup de prudence,
08:01mais c'est une hypothèse de sortie de crise.
08:03Du coup, chacun sauve la face, mais on a vu quand même François Bayrou, hier,
08:06essayer de rattraper la situation au Sénat, notamment.
08:10Il a dit, effectivement, les mots sont un piège.
08:13Je ne comprends pas pourquoi on retient plus le terme de submersion,
08:16alors que j'ai parlé de sentiments.
08:18Voilà, il a essayé d'apaiser.
08:19Il a parlé d'intégration aussi.
08:20Il a parlé d'intégration, utilisant les mots que les socialistes pouvaient digérer, reprendre pour eux.
08:26Sauf qu'en réalité, moi, ce que me disent des députés qui sont plutôt de l'aile centriste,
08:30des députés socialistes, c'est que ça ne suffit pas.
08:33Et que d'abord, ce n'est pas François Bayrou qui a prononcé ces mots,
08:36mais c'est vrai qu'il était au funérail Jean-François Kahn,
08:38donc c'était compliqué pour lui.
08:39Mais de fait, ça ne leur suffisait pas, visiblement.
08:42Moi, ce qu'ils me disent aussi, ce qui m'a été dit,
08:45c'est qu'il y avait une autre astuce, entre guillemets, si je peux me permettre,
08:48selon la ligne engagée par Renaud Delis,
08:51c'était d'attendre le projet de loi immigration pour voter une censure.
08:55C'est-à-dire, normalement, qui devrait arriver avant l'été.
08:58Pour l'instant, il n'y a pas de projet de loi.
09:00Oui, il n'a pas à valider.
09:01François Bayrou, pour l'instant, n'a pas à valider.
09:02Non, bien sûr, mais enfin, il y a une possibilité qu'il puisse...
09:04Il est plutôt écarté pour l'instant.
09:05Il a dit qu'à priori, qu'il n'y avait pas forcément besoin de légiférer de nouveau sur l'immigration,
09:08d'où la circulaire, d'ailleurs, de Bruno Retailleau.
09:10Oui, absolument.
09:11Mais en l'occurrence, eux se disent que si jamais il y avait quelque chose,
09:14eux, ce serait plutôt leur plan, parce qu'ils sauraient que de la même façon,
09:17ce serait inefficace.
09:18Mais bon, s'il n'y a pas de texte, ça semble compliqué.
09:219h15 sur France Info.
09:24Les informés continuent après le Fil Info de Maureen Suignard.
09:28Il faudra peut-être attendre ce week-end pour parler de décrus.
09:31Sur France Info, le préfet de Bretagne affirme que l'eau monte moins vite que prévu,
09:35mais que la situation reste tendue, notamment à Redon.
09:38Il y a toujours trois départements en vigilance rouge au cru,
09:41l'Île-et-Vilaine, le Morbihan et la Loire-Atlantique.
09:44Les opérations en cours à Washington sont extrêmement difficiles
09:47à cause du froid et du vent.
09:49Des secours qui tentent de trouver des survivants dans le fleuve Potomac.
09:52Là où un avion de ligne et un hélicoptère militaire se sont crashés.
09:56Les deux sont entrés en collision tout près de l'aéroport Reagan.
09:5964 personnes à bord de l'avion, 3 dans l'hélicoptère.
10:02La soldate israélienne otage dans la bande de Gaza vient d'être remise à la Croix-Rouge.
10:07Au total, 3 Israéliens et 5 Thaïlandais doivent être libérés aujourd'hui
10:11dans le cadre de l'accord passé entre le Hamas et Israël.
10:14110 Palestiniens détenus doivent aussi être relâchés aujourd'hui.
10:18Dominique Pellicot de nouveau entendu.
10:20Lui qui a été condamné à 20 ans de prison dans l'affaire des viols de Mazan.
10:24Il est soupçonné d'avoir violé et tué une agente immobilière en 1991
10:28et d'avoir tenté de violer une autre agente en 1999.
10:35France Info
10:38Les informés.
10:39Renaud Dely,
10:40Saliha Brakia
10:44Et les informés continuent avec Sophie Dravinel,
10:46chroniqueuse politique à Public Sénat,
10:48avec Sylvain Courage, directeur adjoint du Nouvel Obs.
10:51Renaud Dely en parlait de la difficulté de trouver un compromis au niveau du budget
10:55vu ce qui se passe avec les socialistes,
10:57le sentiment d'immersion migratoire,
10:59voilà, cette polémique.
11:00Puis il y a une autre personne qui s'est invitée dans le débat,
11:02c'est Bernard Arnault,
11:04le patron de LVMH.
11:05Le patron du groupe LVMH
11:07qui a fait part de sa colère
11:09à cause de la taxation des grands groupes envisagés par le gouvernement
11:12justement dans ce projet de budget,
11:14notamment une surtaxe de 40% de l'impôt sur les sociétés
11:18pour les entreprises qui font plus de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires
11:20avec une durée limitée à priori d'un an,
11:23alors qu'à l'origine d'ailleurs,
11:25cette mesure était envisagée pour deux ans.
11:28Bernard Arnault s'est donc indigné,
11:30c'était avant-hier lors de la présentation des comptes du groupe LVMH,
11:33en accusant le gouvernement de vouloir taxer le Made in France
11:37et peut-être d'inciter d'ailleurs les chefs d'entreprise
11:39à délocaliser leur production
11:41et voici ce que disait ce matin Patrick Martin,
11:44le président du Medef qui était l'invité de nos confrères d'RTL
11:47et qui emboîte le pas de Bernard Arnault
11:49et qui lui aussi fait part de la colère patronale.
11:52L'incompréhension tourne à la colère,
11:55ça se traduit dans des comportements d'achat,
11:57d'investissement, d'embauche ou de débauche.
12:00Il y a une rationalité économique,
12:02nous on est là, les entrepreneurs,
12:03pour faire de la croissance, pour investir,
12:05pour innover, pour embaucher.
12:07Si vous avez des conditions qui sont aussi divergentes
12:10entre la France, les Etats-Unis,
12:12c'est vrai de la Pologne, c'est vrai de l'Italie,
12:14c'est vrai du Portugal.
12:15Le Portugal va baisser son taux d'imposition à 15%,
12:17voire à 12,5%.
12:18Nous, pour les grandes entreprises,
12:20sur 2025, on nous dit que ça ne sera plus le cas,
12:22en 2026, je suis dubitatif et je peux vous expliquer pourquoi,
12:25on va monter à 35,5%.
12:27Et Patrick Martin considère d'ailleurs que les chefs d'entreprise
12:29qui envisagent de délocaliser leur production
12:31pour l'installer dans des pays où le taux d'imposition
12:33est plus bas qu'en France,
12:35ont raison, c'est assez logique, dit-il.
12:38Alors, est-ce que les chefs d'entreprise
12:40ont raison,
12:42et peuvent s'indigner légitimement de cette mesure,
12:44ou est-ce qu'ils sont un petit peu ingrats
12:46au regard de la politique de l'offre
12:48conduite par Emmanuel Macron,
12:50initiée d'ailleurs en son temps par François Hollande,
12:52et des allègements de charges assez massifs
12:54dont ils ont bénéficié pour relancer l'emploi
12:56ces dernières années.
12:58Notons d'ailleurs au passage que le chef d'Etat
13:00qui était en déplacement dans les Hauts-de-France hier
13:02a loué la constance, a prôné la constance
13:04de sa politique économique.
13:06Alors, Sylvain, est-ce qu'ils ont raison de se plaindre
13:08des grands patrons ?
13:10Au départ, ils avaient fait preuve plutôt de bonne volonté,
13:12le MEDEF avait dit on fera un effort de solidarité,
13:14c'était du temps du gouvernement Barnier,
13:16c'était il y a bien longtemps,
13:18et là, en voyant le débat budgétaire
13:20peut-être tourner à l'avantage de la gauche,
13:22le simple spectre
13:24d'une gauchisation
13:26de la politique économique,
13:28les fait surgir sur le devant de la scène
13:30pour protester, alors avec pas mal de théâtralité,
13:32parce que ce qu'ils acceptaient
13:34il y a quelques mois tout d'un coup devient intolérable,
13:36je pense que c'est beaucoup,
13:38c'est vraiment une prise de position politique,
13:40alors c'est pas illégitime que des patrons s'expriment,
13:42tout le monde donne son avis sur ce budget,
13:44puis le débat dure depuis des mois,
13:46mais là, on voit bien quand même
13:48que c'est plutôt un groupe de pression qui s'exprime.
13:50C'est ça, à deux jours de la commission
13:52mixte paritaire, il y aura un an qui part.
13:54C'est une pression dans le cadre
13:56de la négociation du budget,
13:58le chantage à la délocalisation
14:00c'est un truc classique,
14:02il y a quand même des inconvénients,
14:04s'ils sont localisés en France,
14:06c'est qu'ils y trouvent quand même un certain intérêt,
14:08et les résultats des entreprises concernées
14:10le prouvent, puisqu'on sait que
14:12la profitabilité de tous ces groupes s'est plutôt améliorée.
14:14Elle s'est améliorée à l'export, mais elle s'est améliorée
14:16aussi parce qu'ils ont trouvé
14:18des bases de production et un marché
14:20en France et en Europe,
14:22donc je pense qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant,
14:24c'est le cas de le dire, leur déclaration c'est beaucoup d'intox.
14:28Ce qui m'est revenu à l'esprit,
14:30c'est les raisons du départ
14:32de Bernard Arnault déjà,
14:34quand il était jeune trentenaire en 1981,
14:36et en fait,
14:38je remonte loin, mais c'est assez fascinant
14:40parce que les débats restent toujours les mêmes,
14:42et que finalement, il était parti
14:44parce que François Mitterrand venait d'être élu,
14:46qu'il y avait des communistes dans le gouvernement
14:48et qu'il craignait,
14:50non pas tant la peur du rouge,
14:52avait-il dit dans des biographies par la suite,
14:54mais justement,
14:56l'impact sur ces affaires
14:58qui était déjà florissante,
15:00issue de celle de son père,
15:02et qu'il était parti aux Etats-Unis,
15:04et c'est là où il a rencontré Donald Trump
15:06dans des affaires immobilières plus ou moins réussies.
15:08Il a connu un grave échec aux Etats-Unis.
15:10Voilà, plus ou moins réussies, j'étais un peu...
15:12Elle était plus optimiste que vous en fait.
15:14Voilà, disons pas réussies du tout,
15:16et donc il était revenu en France,
15:18et comme le diterait justement Sylvain Courage,
15:20il y avait trouvé finalement son intérêt,
15:22pas forcément celui des salariés en l'occurrence
15:24pour les affaires qui ont suivi dans les années 80,
15:26mais en l'occurrence, il était revenu en France.
15:28Et c'est toujours un peu la même chose.
15:30Il l'avait fait en 2012 aussi avec François Hollande,
15:32où il voulait la nationalité belge.
15:34Absolument,
15:36et donc c'est toujours un peu ces mêmes
15:38exercices de flux tendus.
15:40On a vu aussi Rodolphe Saadé aux Etats-Unis,
15:42grand patron aussi,
15:44on en a vu d'autres,
15:46et cette espèce de tentation et de pression
15:48sur le sol français,
15:50bon, on leur demande un effort de guerre,
15:52c'est vrai, comme le dit très bien Sylvain Courage,
15:54les résultats ne font pas pitié,
15:56on est dans un exercice de pression.
15:58Alors Renaud, vous pensez la même chose ?
16:00Je pense qu'il y a plusieurs éléments.
16:02D'abord, effectivement,
16:04l'évocation des Etats-Unis est assez juste
16:06sur un point, me semble-t-il,
16:08c'est qu'au début des années 80,
16:10il y avait aussi une révolution dite libérale aux Etats-Unis,
16:12qui était portée par Ronald Reagan,
16:14et que là, on est en plein effet Donald Trump,
16:16qui lui-même annonce des baisses massives,
16:18des charges pesantes sur les entreprises,
16:20sa volonté de relocaliser de très nombreuses
16:22productions aux Etats-Unis, etc.
16:24Evidemment, il y a un effet d'entraînement,
16:26une concurrence sur le plan
16:28fiscal initiée par les Etats-Unis,
16:30qui peut produire ces effets-là
16:32aujourd'hui et dans les années qui viennent,
16:34comme ce fut le cas au début des années 80.
16:36Ensuite, c'est vrai qu'il y a un taux d'imposition,
16:38il y a des faits, la taux d'imposition en France
16:40est durablement,
16:42depuis très longtemps, beaucoup plus élevé
16:44en moyenne pour les entreprises, pour les sociétés,
16:46qu'il ne l'est évidemment aux Etats-Unis,
16:48mais aussi chez une bonne partie de nos
16:50concurrents et partenaires européens.
16:52En la matière, c'est vrai qu'il y a un effort
16:54qui a été fait par Emmanuel Macron, mais qui, encore une fois,
16:56avait été initié par François Hollande. D'ailleurs, c'était le premier
16:58à aller vers cette politique
17:00dite du pacte de compétitivité,
17:02de façon à alléger les charges, pour améliorer
17:04l'attractivité du territoire et donc
17:06relancer l'emploi. Et ça a fonctionné ces dernières années.
17:08Indubitablement, ça a fonctionné.
17:10Le troisième point qui, me semble-t-il,
17:12vient à l'appui
17:14de cette colère,
17:16de ce mécontentement, qui, évidemment,
17:18est l'effet d'un lobby. Mais c'est un lobby patronal,
17:20le Medef, bien entendu.
17:22Donc c'est assez logique.
17:24Et je suis d'accord avec vous sur le fait que c'est du déjà-vu,
17:26bien sûr. Mais il y a des éléments qui nourrissent, évidemment,
17:28ce sentiment de déjà-vu.
17:30C'est qu'il y a peu, en fait,
17:32d'économies de dépenses publiques dans le budget
17:34actuel, et surtout pas d'économies de dépenses
17:36structurelles, si j'ose dire.
17:38Il y a toujours la réforme de l'État.
17:40Ce qu'on appelle la réforme de l'État est un serpent de merde depuis des décennies.
17:42Et on voit bien que, dans le contexte d'urgence actuelle,
17:44il y a des coups de rabots, par-ci, par-là,
17:46si j'ose dire, qui ne sont pas forcément légitimes,
17:48bien sûr, et qu'on peut remettre en cause.
17:50Mais il n'y a pas de nouvelles pensées de la dépense publique.
17:52Donc tout ça nourrit, effectivement,
17:54ce phénomène.
17:56On va payer parce que l'État est mal géré.
17:58C'est l'argumentaire. J'essaye de
18:00disséquer l'argumentaire patronal.
18:02Juste un dernier point. Il faut savoir que
18:04LVMH a déjà ouvert des ateliers aux États-Unis.
18:06Il y a déjà trois ateliers d'LVMH
18:08qui ont été ouverts aux États-Unis. C'est évidemment une possibilité,
18:10comme, d'ailleurs,
18:12même si la politique conduite depuis des années
18:14a contribué à freiner les délocalisations,
18:16il y a eu encore des délocalisations
18:18de groupes ces dernières années.
18:20Oui, absolument. Un atelier aux États-Unis
18:22qui a été ouvert au Texas en 2019.
18:24Et d'ailleurs, Bernard Arnault était monté
18:26dans le Air Force One.
18:28L'avenir du président américain.
18:30Voilà, absolument.
18:32Et ce que le regard tournait
18:34vers les États-Unis est tourné vers Elon Musk.
18:36Pourquoi ? Parce qu'il a été, justement, chargé
18:38d'une mission sur l'efficacité
18:40gouvernementale, sur la dépense publique,
18:42etc. Et ils se disent qu'il faudrait
18:44cette espèce de même révolution, si je peux utiliser
18:46ce terme, sur l'efficacité
18:48des dépenses publiques
18:50en France.
18:52Sauf qu'on n'est pas encore
18:54à avoir un Elon Musk chez nous.
18:56Sylvain, du coup, est-ce qu'il faut s'inquiéter ?
18:58Est-ce qu'il va y avoir
19:00des plans sociaux ?
19:02Il peut y en avoir du fait...
19:04Il y a déjà la conjoncture
19:06économique européenne
19:08qui est défavorable avec un certain nombre de plans sociaux
19:10dans le secteur des services, le commerce, etc.
19:12C'est aussi des évolutions
19:14liées à la numérisation.
19:16Mais pour Bernard Arnault, c'est un peu compliqué.
19:18Son image est quand même étroitement associée à la France.
19:20Ses produits, tout ce qu'il vend...
19:22Tout ce qu'il vend, c'est la France.
19:24Et donc, c'est compliqué pour lui
19:26de rompre vraiment avec
19:28ce pays. Par ailleurs, je fais observer
19:30que le trumpisme, c'est un nationalisme.
19:32C'est un capitalisme nationaliste.
19:34Et là, lui, il propose
19:36le contraire. C'est-à-dire
19:38un capitalisme apatride.
19:40Donc, ce n'est pas exactement du trumpisme.
19:42A gauche, il y en a qui disent
19:44qu'il est juste en train d'anticiper l'augmentation
19:46des droits de douane que Trump va infliger
19:48à l'Union européenne. Et donc, il préfère
19:50les localiser pour payer moins cher.
19:52C'est possible. C'est une logique patronale qui est assez légitime
19:54au regard de ses intérêts.
19:56C'est évidemment légitime au regard
19:58de ses intérêts et des intérêts de son groupe. On peut comprendre
20:00cette logique-là. Bien sûr, c'est possible. Il y a un autre point
20:02que soulève l'extrait
20:04de l'intervention de Patrick Martin,
20:06le président du Medef, qu'on a diffusé il y a quelques minutes,
20:08qui soulignait que d'autres pays européens
20:10avaient des taux d'imposition plus faibles
20:12sur les sociétés, des taux de liaise
20:14plus faibles qu'en France, et continuaient
20:16d'ailleurs d'envisager de les baisser,
20:18notamment le Portugal. Il citait notamment le cas du Portugal.
20:20Cet argumentaire-là met quand même
20:22le doigt sur un problème majeur qu'on connaît, lui aussi,
20:24depuis des décennies. C'est la
20:26concurrence fiscale au sein même de l'Union européenne.
20:28C'est-à-dire que si jamais
20:30l'Union européenne,
20:32la Commission, réussissait à harmoniser
20:34la fiscalité,
20:36qu'il n'y ait pas de concurrence, de dumping fiscal,
20:38notamment sur les
20:40taux d'imposition sur les sociétés
20:42au sein de l'Union européenne,
20:44évidemment que ça rendrait l'Europe
20:46plus forte, plus harmonieuse,
20:48y compris pour résister ou pour
20:50faire avancer un autre modèle
20:52que celui qui est mis en avant par Donald Trump.
20:54Donc là, c'est une autre faille
20:56du fonctionnement aujourd'hui de l'Europe.
20:58C'est cette concurrence au sein même de notre
21:00pays qu'on ne peut pas supposer commun.
21:02Une dernière remarque quand même, parce que vous l'avez évoqué, Renaud Delis,
21:04ces entreprises-là, et notamment LVMH,
21:06ont perçu de l'argent public, notamment pendant le Covid.
21:08Est-ce qu'on peut remettre en cause
21:10son patriotisme à Bernard Arnault
21:12parce qu'il a perçu de l'argent public,
21:14mais dès que ça tangue un peu et qu'il faut faire un effort,
21:16il veut partir ?
21:18Il pense qu'il a beaucoup fait pour la France, ce qui est vrai,
21:20et il voudrait que la France fasse beaucoup pour lui,
21:22donc on est dans une relation un peu passionnelle.
21:24Tout le monde a perçu de l'argent public au moment du Covid.
21:26Il faut reconnaître qu'effectivement,
21:28la France n'a pas chuté, ne s'est pas effondrée
21:30à ce moment-là, au contraire.
21:32Il y a eu encore près de 2 millions d'emplois créés
21:34depuis 2020.
21:36Donc il faut le comprendre.
21:38Il faut l'écouter, c'est ce que disait hier sur ce plateau
21:40Benjamin Haddad, ministre de l'Europe.
21:42Encore une fois, il y a du lobbying, il défend ses intérêts,
21:44bien sûr, et tout n'est pas légitime dans ce qu'il dit.
21:46Mais c'est qu'il y a aussi
21:48une concurrence, encore une fois,
21:50qui nourrit cet argumentaire.
21:52Ce qui me semble très juste de ce que vous dites,
21:54comme toujours Renaud Delis,
21:56sur les questions européennes,
21:58sur la nécessité de renforcer
22:00la cohésion au sein des pays européens
22:02parce que je pense que l'adversité
22:04va aller croissante.
22:06J'aime bien votre bienveillance ce matin.
22:08Revenez quand vous voulez.
22:10Sophie Dravinel,
22:12chroniqueuse politique à Public Sénat.
22:14Merci aussi à vous, Sylvain Courage,
22:16directeur adjoint du Nouvel Obs. On en profite pour jeter un coup d'œil
22:18à la une de cette semaine
22:20sur le narcotrafic.
22:22La France est déjà corrompue.
22:24C'est l'alerte de Roberto Saviano
22:26avec un dossier
22:28des révélations sur la DZ Mafia.
22:30C'est dans le Nouvel Obs.
22:32Qui montre l'ampleur de la difficulté en France
22:34et de la pénétration du narcotrafic.
22:36C'est à lire
22:38cette semaine dans le Nouvel Obs.
22:40Merci beaucoup Renaud.
22:42Les informés du soir, c'est à partir de 20h
22:44avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.