Mercredi 29 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit Roland Kaloyan (Responsable de la stratégie actions européennes, Société Générale CIB)
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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:13Le thème ce soir, c'est celui des actions européennes et du bon début d'année des
00:17actions européennes.
00:18Nous en parlons avec Roland Caloyan, responsable de la stratégie actions européennes de Société
00:22Générale CIB.
00:23Bonsoir Roland.
00:24Bonsoir.
00:25Effectivement, c'est quand c'est intéressant.
00:26Je ne sais pas de quand on la date précisément.
00:28C'est vrai que souvent on regarde les compteurs depuis le 1er janvier, c'est-à-dire sur
00:31quoi ? 4 semaines de l'année aujourd'hui.
00:35J'ai du mal à parler de surperformance des actions européennes.
00:38J'aime bien l'idée d'un rattrapage, d'une reprise, mais c'est vrai quand même que sur
00:42quelques semaines, avec en plus un euro qui s'est un peu réapprécié, on arrive à faire
00:46mieux que d'autres indices, à commencer par les indices américains.
00:49Qu'est-ce qu'on peut dire de cette séquence ? Et c'est peut-être l'occasion de faire
00:52un petit point sur les fondamentaux, comme on dit, du marché d'action en Europe.
00:57Je ne vais pas m'en plaindre, parce que je suis responsable de la recherche stratégie
01:02actions Europe.
01:03C'est votre camp.
01:05Exactement.
01:06Effectivement, ça fait pas mal de mois, même d'années maintenant, qu'on a une sous-performance
01:12systématique de l'Europe par rapport aux Etats-Unis.
01:14Il ne faut pas s'enflammer, ça fait un mois.
01:16Mais on sent effectivement quand même qu'il y a des questions, les investisseurs qui commencent
01:20effectivement à se poser des questions sur la place que devraient avoir les actions européennes
01:25à nouveau dans un portefeuille diversifié, global.
01:28C'est vrai qu'on aime bien remettre les compteurs à zéro au 1er janvier.
01:33Là, on a quasiment fini le mois, donc on peut dire que les actions européennes ont
01:36gagné le premier round.
01:37Mais ça va être un long match, il va y avoir 12 rounds pour continuer à être au-dessus
01:44des marchés actions américains.
01:46On a senti aussi avec DeepSea que ça peut aussi tergiverser le côté américain, que
01:52peut-être que les valorisations commencent à être un petit peu tendues, qu'il y a
01:56beaucoup d'attentes.
01:57Et au-delà de la valorisation, je trouve que la problématique, c'est le positionnement.
02:02Tout le monde est aujourd'hui…
02:04Dire que ce n'est pas cher, il n'y a rien de neuf sous le soleil.
02:07Si ce n'est pas cher et c'est au plus bas historique, on aurait pu déjà sortir
02:10l'argument en 2024, en 2023, en 2022.
02:13Le lendemain de la guerre, on a eu un décrochage de l'Europe par rapport aux Etats-Unis encore.
02:19Donc on voit que l'argument de valorisation, un jour il va fonctionner, c'est sûr.
02:23Mais on a besoin d'avoir des catalystes.
02:26Et si on regarde le positionnement juste là-dessus, Roland, quand vous dites qu'on a de plus
02:32en plus de clients qui s'interrogent, qui réfléchissent à la place des actions européennes
02:36dans leurs allocations, ça c'est quelque chose d'assez nouveau.
02:39C'est-à-dire que ces derniers mois, on ne se posait pas vraiment cette question-là.
02:41Tout à fait, et c'est surtout, je pense, après la performance exceptionnelle qu'il
02:47y a eu sur le marché américain, que si vous étiez déjà très fortement pondéré
02:52marché américain début d'année 2024, fin 2024, après la performance que vous avez
02:56eue, vous avez encore un biais plus important.
02:59Et donc là effectivement, certains commencent à se dire, il faudrait peut-être que je
03:03réduise mon biais américain.
03:04Alors je ne dis pas, attention… Non, mais c'est une gestion du risque.
03:07Tout à fait.
03:08Quand vous avez, dans l'émissaire World, c'est maintenant 70-75%…
03:12J'ai entendu 73 moi… Voilà, c'est le chiffre entre les deux.
03:18Ça fait quand même… On se dit, est-ce qu'on a envie d'avoir…
03:21Est-ce que je vais jusqu'à 100% quoi ?
03:22Sachant que dans le marché américain, dans les indices américains, il y a une concentration
03:27aussi.
03:28Donc il y a une double concentration, concentration géographique d'abord, donc vous êtes 13
03:31US et ensuite, à l'intérieur de votre poche US, vous êtes sur les grandes valeurs tech.
03:35Mais ça veut dire, parce qu'on va parler des catalyses potentielles qui pourraient
03:38faire tourner ce positionnement, qui pourraient convaincre ceux qui réfléchissent à redonner
03:42de la place à l'Europe, les convaincre définitivement de le faire.
03:45Le premier argument, c'est peut-être le risque qu'on porte en étant sur le marché
03:50américain, exposé dans cette ampleur-là sur le marché américain.
03:54Le premier avantage dans ce match de boxe en 12 rounds, c'est peut-être la faiblesse
03:59de l'adversaire.
04:00Ou l'idée que l'adversaire peut à un moment… Enfin que le marché américain,
04:04j'appelle ça l'adversaire, mais que le marché américain pourrait subir à un moment
04:08peut-être une faiblesse ou révéler certaines fragilités.
04:12Si 2025, c'est copier-coller de 2024, la croissance des BPA en Europe, on est en train
04:21d'avoir le dernier trimestre, donc ce n'est pas le dernier chiffre.
04:23Pour l'instant, sur les trois trimestres publiés, c'est 1%.
04:26Aux Etats-Unis, c'est 10%.
04:28Je veux dire que les valorisations ensuite reflètent cet écart de croissance, qui est
04:34quand même important.
04:35Donc oui, effectivement, l'écart devrait continuer à se creuser.
04:38Maintenant, il faut se poser aussi des questions.
04:40Est-ce que les Etats-Unis vont continuer à délivrer une croissance aussi forte ?
04:45Ça, c'est le premier point.
04:47Est-ce que l'Europe peut aussi surprendre ?
04:51Et puis sur les valorisations, je pense qu'il va y avoir à un moment une recherche de diversification.
04:57Les investisseurs ne peuvent pas rester avec des portefeuilles qui sont aussi diététiltés
05:04aux Etats-Unis.
05:05Attention, parce que l'Europe peut être aussi en concurrence avec une place asiatique.
05:10Le Japon, on sait que c'est value aussi.
05:12La Chine a eu une très forte correction.
05:16La Corée, etc.
05:17Donc on a effectivement des marchés en Asie qui peuvent aussi, pour un investisseur global,
05:22offrir de la diversification.
05:23Très clair.
05:24Si on regarde l'Europe, quels peuvent être les catalyseurs en provenance de l'Europe
05:30qui pourraient participer à rebalancer un petit peu ces portefeuilles ?
05:34Le premier, il est sur le continent européen, donc il faut en parler, parce que je pense
05:37aussi que c'est une des raisons pour lesquelles les investisseurs internationaux en particulier
05:41sont retirés de l'Europe.
05:42C'est évidemment la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
05:45Là, on n'a absolument aucune certitude.
05:49Mais Donald Trump, candidat, nous avait dit qu'il résoudrait le conflit en 24 heures.
05:55Après, il a fait un peu marche arrière en six mois.
05:58En tout cas, si on va dans ce sens-là, s'il y a un cessez-le-feu, s'il y a des discussions
06:04qui se mettent en place entre les deux camps, on sait aussi que les Américains jouent un
06:08rôle très important en finançant l'Ukraine, donc ils ont aussi la possibilité d'en
06:13avoir une négociation.
06:14Ça, je pense que ça pourrait aider effectivement des réallocations vers l'Europe.
06:19Vous n'allez pas avoir une exposition très forte à une région dans le monde.
06:23C'est vrai que nous, on regarde avec des yeux d'Européens, mais si vous vous mettez
06:26à la place d'un Américain ou à la place d'un grand fond en Asie, vous ne prenez pas
06:31le risque d'avoir une trop forte exposition à l'Europe avec ce conflit.
06:34Ne serait-ce que parce qu'il y a ce conflit de haute intensité qui dure depuis plus de
06:38deux ans maintenant.
06:39Première étape, première hurdle, première haie à franchir, effectivement, la prime
06:48de risque géopolitique qui pourrait peut-être se dégonfler un petit peu.
06:52Qu'est-ce qu'on a d'autre comme catalyste potentiel devant nous, Roland ?
06:55Après, quand je regarde un petit peu ce qui a souffert sur 2024, en particulier dans
07:00les résultats, je vois beaucoup de secteurs, le luxe, la chimie, l'automobile, quelques
07:07industries, évidemment métaux et mines, qui sont en lien avec la Chine.
07:11Et la Chine, c'est évidemment très important.
07:13L'économie chinoise, la demande chinoise, le consommateur chinois pour les entreprises
07:17européennes.
07:18Et là, de ce point de vue-là, on voit effectivement qu'il y a un problème structurel en Chine,
07:23des risques déflationnistes.
07:25Il y a eu déjà des annonces qui ont été faites.
07:26Visiblement, en tout cas, on n'a pas l'ordre de grandeur, ce n'est pas très clair, ce
07:32n'est pas assez pour rassurer complètement les marchés.
07:35On ne le voit pas encore, ça prendra certainement du temps sur les résultats.
07:38Moi, je pense que ce qui peut se passer, c'est si la Chine vient avec un bazooka, un plan
07:44très important de relance de son économie, de soutien de son consommateur.
07:47Alors, il y avait les élections américaines, c'était une raison pour laquelle effectivement
07:53ils y sont allés, mais tout en gardant peut-être un peu sous la pédale.
07:57Les élections sont passées, maintenant Trump est au pouvoir, il a menacé une taxe de douane
08:02de 60%.
08:03La Chine attend peut-être de voir comment Trump clarifie un petit peu cela pour essayer
08:08effectivement d'avoir l'annonce.
08:09La date que j'ai en tête, la prochaine date, je ne sais pas s'il y aura des annonces, mais
08:13en tout cas, le 5 mars, il y aura le nouveau congrès, ça peut être effectivement un moment
08:20où il y aura des annonces qui peuvent être faites.
08:22Mais après, effectivement, ça peut être plus tard.
08:25Et ça, je pense effectivement, si le gouvernement chinois arrive à rassurer les marchés en
08:30disant « on va y aller, on va supporter notre économie, on va supporter notre consommateur »,
08:34je pense que là aussi, l'Europe, les actions européennes, en bénéficieraient plus que
08:40les Américains.
08:41J'entends.
08:42D'autres catalystes ? Dans la liste, qu'est-ce qu'on peut imaginer ?
08:45Non, le dernier, c'est un peu ce qu'on a vu les 15 premiers jours de l'année, c'est-à-dire
08:50le marché qui se fait un petit peu peur sur l'économie américaine, on a une économie
08:53iranienne qui va très très bien.
08:54Donc là, c'est la séquence tôt, c'est ça, sur les deux premières semaines de janvier,
09:00effectivement.
09:01Et du coup, on se dit, on a une économie qui va bien, un marché de l'emploi, un chômage
09:07qui est très bas, rajoutez-là ça, les baisses de taux d'imposition, la dérégulation des
09:12taxes de douane et une politique migratoire restrictive.
09:17Tout ça, ça pourrait effectivement...
09:19Il risque de surchauffe, quoi.
09:21Surchauffe ou de crainte d'inflation.
09:23Donc là, effectivement, les attentes, on n'a pas besoin d'avoir Powell qui parle, même
09:26les attentes sur la Fed à moyen terme peuvent changer, les taux peuvent effectivement remonter.
09:33C'est un risque, je ne dis pas que c'est l'un des hauts centrales, mais c'est un risque,
09:36ce qu'on a vu les 15 premiers jours de l'année, ce qu'on a vu aussi fin 2022, quand le Nasdaq
09:41avait fortement décroché, parce qu'on a des valeurs à durée longue, des valeurs
09:44de croissance.
09:45Et l'Europe s'était beaucoup mieux comportée et avait surperformé durant cette séquence.
09:49Value ou durée plus courte.
09:50Exactement.
09:51C'est ça.
09:52Bon, terminons sur DeepSea, est-ce que c'est bon ou mauvais pour l'Europe ? Le patron d'ASML,
09:57Christophe Fouquet, dit que tout ce qui fait baisser le coût de l'IA, c'est très bon
10:00pour lui.
10:01Alors effectivement, je pense que là où ça peut être bon, si on regarde vraiment
10:07d'un point de vue US-Europe, je pense que déjà, c'est vrai qu'il y avait tendance
10:11de la part des investisseurs à aller que sur les US pour jouer l'intelligence artificielle.
10:15On se dit, ah, si les Chinois l'ont fait, peut-être demain les Européens vont arriver
10:18avec aussi des solutions, ça c'est le premier point.
10:21Le deuxième point, c'est qu'effectivement, ça a mené un coup de pression sur certaines
10:26entreprises, en tout cas certaines parties de l'intelligence artificielle, en particulier
10:29les semi-conducteurs aux Etats-Unis.
10:31Et puis, je pense que comme ça a créé un peu d'incertitude, on se dit effectivement
10:37que peut-être que l'histoire qu'on nous a vendue sur l'intelligence artificielle
10:42et sur les grandes valeurs américaines est peut-être un peu moins certaine que ce qu'on
10:49avait en tête.
10:50Donc, ça peut-être mettre en tout cas une prime de risque un peu plus élevée sur cette légèrement.
10:57Ça rejoint le point l'idée qu'il y a peut-être des fragilités dans le marché
11:00américain qui méritent une prime de risque qui n'existait pas jusqu'à présent.
11:04Et après, la tech européenne, c'est quoi ? Globalement, c'est deux entreprises.
11:08SML et SAP.
11:09Voilà.
11:10Bon, elles sont plutôt…
11:11Les deux vont bien.
11:12Les deux, a priori, ne sont pas confrontées en direct avec DeepSeek.
11:16Donc, ça, c'est effectivement un point intéressant.
11:18Mais juste sur DeepSeek, attendons de voir les résultats des entreprises américaines.
11:22Parce que c'est vrai qu'une news en chassant une autre, si elle arrive avec des résultats
11:26impressionnants, on sera vite passés à autre chose.
11:28Microsoft, on verra ce soir.
11:32N'imagine pas que le business model de Microsoft ne va pas s'effondrer parce que DeepSeek
11:36ou une autre IA, d'ailleurs, arriverait sur le marché en baissant les coûts, même
11:41si c'est par 25.
11:42On suivra ça ce soir.
11:43La séquence de résultats ne fait que commencer.
11:45Merci beaucoup Roland.
11:46Roland Calloyan qui est avec nous pour évoquer ces marchés européens et cette stratégie
11:49action européenne.
11:50Vous en êtes le responsable chez Société Générale CIP.