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Dans « le grand témoin », Télématin reçoit Matthieu Semont, commissaire-priseur à Orléans.

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Transcription
00:00Différemment, vos tableaux, peut-être des oeuvres d'art,
00:04qui traînent dans vos greniers, qui prennent un petit peu la poussière,
00:06vous disant que peut-être, peut-être, c'est un chef-d'oeuvre qui s'omnole
00:09depuis des décennies, un Picasso en Van Gogh, que sais-je, on en rêve tous.
00:12Votre grand témoin ce matin, Flavie, il a connu une expérience comme celle-là.
00:15Bonjour Mathieu Semond.
00:17Merci d'être avec nous.
00:17Vous êtes commissaire-priseur à Orléans,
00:20et c'est vous qui, par un mardi incroyable de septembre,
00:23avez fait une découverte extraordinaire dans un appartement parisien
00:27inhabité depuis une quinzaine d'années.
00:28Vous avez découvert un bronze, un bronze de Camille Claudel,
00:32qui va faire l'objet le 16 février prochain, d'enchères exceptionnelles,
00:36une enchère que les collectionneurs du monde entier attendent.
00:40Racontez-nous les circonstances qui vous ont amené à cette trouvaille.
00:43Qui vous a appelé ?
00:45C'est une circonstance professionnelle.
00:47C'était pas, je n'étais pas, tout à l'heure vous avez dit que j'étais là par hasard.
00:50Non, on n'est pas là par hasard.
00:51Je faisais un inventaire, ce qu'on appelle un inventaire successoral,
00:55ce qu'on appelle une prisée, c'est-à-dire que je dois faire un inventaire
00:58des meubles qui se trouvent dans l'appartement, les chiffrer.
01:01Et j'ai été appelé par un de mes correspondants du quotidien,
01:03une notaire, une femme notaire avec laquelle je travaille,
01:06qui m'a fait confiance, qui m'a appelé un jour pour me dire
01:08Mathieu, j'ai un inventaire à effectuer à Paris,
01:10est-ce que vous voulez venir avec moi faire cet inventaire ?
01:13Bien sûr, je lui ai dit mais je vous accompagne sans problème.
01:16Et je me suis retrouvé un mardi matin avec elle devant la porte d'un appartement
01:19qui était assez extraordinaire, puisque vous remarquez sur les photos
01:22qu'il était, pour une fois, dans l'obscurité.
01:27Et surtout, tous les meubles avaient été bâchés, houssés, drapés,
01:30c'est-à-dire que je n'avais aucune appréhension globale de ce que je pouvais voir,
01:34puisque tout était dans la pénombre et sous des draps,
01:36ce qui est assez singulier pour un commissaire priseur.
01:39D'habitude, quand on arrive chez quelqu'un, on finit avec l'habitude
01:42d'avoir une certaine notion de la valeur qu'on va pouvoir donner au meuble.
01:46Et là, tout était dans la pénombre, on a ouvert les volets
01:50et dans un des couloirs de l'appartement, qui est un grand appartement à Paris,
01:54en soulevant un drap, je suis tombé sur ce bonze.
01:57Donc le bronze m'est apparu par surprise,
02:00puisque je n'avais rien qui m'avait pu me permettre d'imaginer
02:03que j'allais tomber sur ce groupe.
02:04C'est un groupe qui mesure un peu plus de 60 centimètres de haut,
02:07qui fait presque 85 centimètres de long.
02:10C'est un groupe assez imposant.
02:11– Ce que vous appelez un groupe, c'est cette œuvre.
02:13– Un groupe, c'est-à-dire, voilà, vous avez trois personnages
02:15que vous pouvez observer.
02:17Et surtout, sur ce groupe, quand je l'ai soulevé le drap,
02:19figurait la signature de Camille Claudel.
02:21– Alors, l'âge mûr, fond au sable de Gênes-Bleau, 1907,
02:26exemplaire numéro 1.
02:28C'est une œuvre majeure de Camille Claudel que vous avez trouvée.
02:31D'ailleurs, elle le considérait comme son plus grand chef-d'œuvre.
02:34Expliquez-nous en quoi elle est exceptionnelle.
02:36Vous avez eu un doute en la voyant ?
02:37Vous vous êtes dit, si ça se trouve, c'est une copie,
02:39ou vous avez compris que c'était une authentique ?
02:40– Alors, non, mais le premier choc que j'ai eu, c'était un choc d'émotion,
02:44puisque c'est un groupe qui est extrêmement fort,
02:46puisque ça représente les trois âges de la vie,
02:48donc qui apparaît dans le noir sur cette commode.
02:52La signature de Camille Claudel, qui est dans le marché de l'art,
02:54en tout cas pour les commissaires-priseurs,
02:57est une œuvre emblématique, une sculptrice emblématique,
02:59puisqu'elle a une production assez ténue,
03:02elle a passé les 30 dernières années de sa vie internée.
03:08Donc pour nous, déjà c'est une sculptrice mythique,
03:12et en plus de cette signature, il y a le numéro 1 marqué sur le bronze.
03:16Le premier réflexe que j'ai eu, c'est de me demander si j'ai devant un faux,
03:19puisque moi, en tant que commissaire-priseur,
03:22découvrir un Camille Claudel sous ce drap,
03:25il y avait quelque chose de complètement inimaginable.
03:27– Vous dites mon cœur a trécé ?
03:29– Ah non, mais c'était une très très belle émotion,
03:31enfin je me suis mis à pleurer, parce que le groupe, je vous dis, est imposant,
03:39et en fait moi, quand j'étais jeune apprenti commissaire-priseur,
03:44j'étais amené à vendre la partie droite qui s'appelle l'implorante,
03:49qui est la figure de Camille Claudel en train d'implorer,
03:52c'est un groupe qui a été produit en plusieurs exemplaires.
03:55– En 6 exemplaires ?
03:56– Non, c'est juste la femme toute seule,
03:58et ça c'est un groupe qu'on voit dans le marché de l'art assez régulièrement,
04:01donc moi je savais que j'avais déjà été confronté à cette histoire,
04:05et là j'avais le groupe en entier, là je murs.
04:08– Donc l'émotion, mademoiselle…
04:10– Une belle émotion, vraiment une fantastique émotion.
04:11– Une super émotion, d'ailleurs c'est devenu une œuvre qui compte beaucoup pour vous,
04:14et qui va être vendue aux enchères,
04:15mais quand vous avez appris à cette famille qui vous avait demandé de venir,
04:19qu'ils avaient un Camille Claudel dans leur salon sous un drap,
04:21comment est-ce qu'ils ont réagi ?
04:22– Alors la famille se réduit à peu d'héritiers,
04:26en fait ils avaient grandi dans cet appartement,
04:29ils savaient ce qu'il y avait dans son appartement.
04:30– Ils ne savaient pas que c'était un Claudel ?
04:32– Ils savaient que c'était un Claudel,
04:33ils ne savaient pas la portée universelle de ce groupe,
04:37et aussi le côté complètement mythique de ce groupe,
04:41qui en fait dans la production de Camille Claudel,
04:44existe qu'à on dirait 5, 6 exemplaires au monde,
04:48donc en fait on a quelque chose de complètement inimaginable.
04:51– Mais comment est-ce qu'il a réagi justement ce fils ?
04:53Parce que bon après on va parler de l'estimation mais…
04:56– Il était assez…
04:58en fait il était plein de certitudes,
05:00donc il savait exactement ce que c'était,
05:02il voulait me confronter moi à ma connaissance de l'œuvre,
05:05moi j'ai pu lui dire tout de suite que je pensais qu'elle était bonne,
05:08que j'étais amené à faire une estimation,
05:10une prisée de l'ordre du centaine de milliers,
05:13donc j'étais presque à 800, 900, 1000 euros,
05:14ce qui pour moi est quand même très rare dans mes inventaires.
05:17– Et aujourd'hui elle est estimée à ?
05:18– Alors là on est monté à 1,5 million, 2 millions,
05:23pourquoi une telle somme ?
05:24C'est parce qu'elle a énormément de critères
05:26qui font que c'est une œuvre exceptionnelle sur le marché,
05:29et pour les conservateurs du musée,
05:31pour le monde de l'histoire de l'art aussi,
05:32c'est une œuvre majeure, c'est la numéro 1.
05:35– Alors cette œuvre donc elle va être mise aux enchères le 16 février prochain,
05:40elle peut battre des records, on peut la suivre sur un site,
05:43il faudra vraiment suivre cette histoire, c'est sur le site Interenchères,
05:45vous, vous allez devoir vous en séparer,
05:48et en fait vous expliquer que depuis que vous l'avez trouvée,
05:51vous la portez dans votre cœur cette œuvre.
05:52– Elle parle, oui elle parle beaucoup.
05:54– Mais comment vous allez réagir quand elle va partir,
05:56je ne sais pas, dans un musée ou chez un particulier ?
05:57– Alors déjà il faut qu'elle soit vendue.
05:59– Bon là ce que vous nous dites c'est que c'est exceptionnel.
06:02– Il y a peu de doute.
06:02– Alors c'est exceptionnel, mais en fait nous à la certitude,
06:05il faut arriver jusqu'à l'adjudication, c'est-à-dire le moment on va dire adjugé,
06:10là elle va pouvoir continuer une autre histoire.
06:13– Ça vous émeut ?
06:14– Ah oui bien sûr que ça m'émeut,
06:15il faut savoir que les trois seuls exemplaires qu'on connaissait jusqu'à aujourd'hui,
06:17on les a vus en photo, sont dans des musées en France,
06:20le musée d'Orsay, le musée Rodin et le musée Claudel.
06:23Là c'est la première fois qu'il en sort une pour le marché international.
06:28– Merci infiniment d'avoir partagé cette découverte avec nous,
06:31et puis guettez chez vous, on ne sait jamais si vous voyez les Claudel,
06:34vous devriez vérifier en tout cas.
06:36– Vous avez bien les couvertures, on va la faire regarder ce qu'il y a.

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