• il y a 21 heures
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Dans « le grand témoin » Télématin reçoit le Dr Gilles Pialoux, infectiologue à l'hôpital Tenon Paris pour parler du Mpox.

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Transcription
00:00Bonjour Professeur Gilles Pialot, merci d'être avec nous ce matin, vous êtes chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tonon à Paris, M-POX, c'est le mot qui en ce moment nous interpelle, voire nous fait peur, alors on va faire le point avec vous.
00:14Vous, vous êtes en première ligne au cœur des infections, comment est-ce que vous réagissez lorsque vous apprenez comme hier qu'un cas de variant clade 1B du M-POX, anciennement appelé la variole du singe, a été diagnostiqué en Bretagne ?
00:26Ça c'est une information qui était un peu attendue, parce que depuis Tchernobyl on sait que les frontières n'arrêtent rien, donc ce variant qui a été apparu, lui par contre a un vrai souci, je peux expliquer pourquoi,
00:38parce que justement c'est un virus qui varie et qui donc va peut-être s'adapter un peu mieux à l'humain, c'est la première chose, mais le fait qu'il soit arrivé en France alors qu'on l'a déjà décrit, en Suède, en Grande-Bretagne, en Thaïlande, en Allemagne,
00:50c'est pas une information et le système français, le ministre l'a dit, le système français est organisé qu'il y a un variant ou qu'il n'y ait pas un variant, donc c'est une information, c'est sûr, mais c'est pas une information d'inquiétude.
01:00Mais vous comprenez que ça puisse nous inquiéter, nous, quand on entend ce genre de choses ?
01:04Je pense qu'effectivement, compte tenu de ce qui s'est passé avec le Covid, d'une part, et même ce qui s'est passé avec le Mpox, qu'à l'époque on appelait la variole du singe, en 2022, que personne n'a vu venir, 100 000 cas dans le monde, 126 pays touchés, 205 morts, personne n'a prévu ça.
01:21Donc il y a une petite humilité à dire, on a tout prévu, depuis 2019, l'arrivée du SARS-CoV-2, l'argent du Covid, on a appris, en tout cas nous les infectiologues, à avoir de l'humilité, à dire, bon, OK, il n'y a pas de risque, on a un vaccin, il y a un traitement, c'est une pathologie qui est bénigne dans 95 % des cas, mais qui peut être vraiment maligne dans un certain nombre de cas, mais prudence, prudence de savoir, est-ce qu'il va y avoir d'autres variants, d'autres pandémies, etc.
01:50C'est un vrai sujet.
01:51Donc c'est un virus qui est sous surveillance aujourd'hui ?
01:53C'est un virus qui est sous haute surveillance, vous savez que l'OMS a déclaré deux fois, c'est quand même la deuxième fois de son histoire, qu'elle déclare deux fois le plus haut niveau d'alerte international, c'était la première fois en 2022, et là c'était la deuxième fois en août 2024, quand ce variant 1B, on l'appelle comme ça, est arrivé.
02:11Il y a des cas qui ont été détectés en Suède, au Royaume-Uni, en Belgique, au Danemark aussi, est-ce qu'on peut quand même, décemment, craindre une extension de la maladie ? Est-ce qu'on doit faire des choses pour prévenir une épidémie ?
02:22Pour l'instant, les instances, que ce soit l'OMS ou la Haute Autorité de Santé, disent qu'il n'y a pas de risque d'extension importante. Il y a quand même des mesures qui ont été mises en place qu'il faut rappeler.
02:33Lesquelles ?
02:34Que déjà les gens se fassent dépister, quand on a une vésicule, c'est une vésicule, le point de départ c'est une vésicule, ça ressemble un peu à la varicelle.
02:41D'accord, donc on va rater les symptômes alors.
02:44Globalement, c'est des vésicules. Ce qui est particulier avec la variole du singe, maintenant devenue mpoc, c'est que c'est des vésicules qui peuvent se loger sur les régions muqueuses, notamment génitales.
02:54C'est déjà un peu particulier et c'est pour ça que c'est très différent de la varicelle par exemple. Il peut y avoir des ganglions, la fièvre, des lésions, des différents orifices.
03:04Et puis il y a, dans un certain nombre de cas, notamment chez les immunodéprimés, des formes graves et nous on a vu surtout des formes graves.
03:09Ça se transmet comment ?
03:11C'est assez transmissible. Ce n'est pas le Covid, ce n'est pas la rougeole, au sens où ça ne se transmet pas par aérosol comme ça. Vous, vous ne risquez rien.
03:19Mais c'est transmissible par rapport au SARS-CoV-2 parce que c'est moins transmissible.
03:25Si on compare, c'est quand même transmissible par gouttelette, c'est-à-dire qu'en fait, il ne suffit pas d'avoir une relation sexuelle avec quelqu'un.
03:33On peut passer une heure avec quelqu'un dans un rapport assez proche, mais je ne vais rester que 8 minutes, tranquillisez-vous.
03:39Voilà, mais moi, si je passe 3 heures le matin avec Julien, potentiellement, on pourrait se refiler.
03:45Exactement. Et c'est pour ça, par exemple, que la patiente de Bretagne, je n'ai pas d'informations plus que les autres, mais est isolée.
03:52Isolée contact et isolée gouttelette.
03:55Mais il y a quand même des populations plus à risque que les autres ou pas ?
03:58Alors, il y a des populations qui ont été ciblées par la vaccination, qui marchent très, très bien.
04:02Il faut le rappeler que c'est une vaccination qui, en plus, protège de la transmission.
04:05On a le souvenir de la discussion sur la vaccination du Covid.
04:08Et globalement, c'est les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, avec plusieurs partenaires,
04:13les travailleurs, travailleuses du sexe, les personnes qui travaillent dans des centres spécialisés dans la santé sexuelle,
04:20mais aussi qui vont aller faire des missions dans les 15 pays d'Afrique qui ont été ciblés.
04:24C'est important. Alors, ce n'est pas les gens qui vont aller faire un voyage de noces au Kenya.
04:28C'est les gens qui vont, par exemple, faire une mission humanitaire, visiter des patients dans un hôpital.
04:32Tout ça, c'est dans l'indication vaccinale.
04:35Moi, je voudrais quand même savoir, est-ce qu'il y a vraiment, parce que vous les fréquentez, vous, les virus, c'est votre métier,
04:39il y a vraiment des virus qui se baladent comme ça en France, sur notre territoire, sans qu'on en soit forcément informé ?
04:45Vous pouvez faire un sujet tous les jours. Si vous tapez sur Internet, en ce moment, on est intrigués par plein de choses.
04:50Vous l'avez traité ici, on est très inquiets par la grippe aviaire, avec un cas mortel il y a 24 heures aux Etats-Unis.
04:58Donc, oui, il se passe des choses sur les virus et surtout sur leur adaptation.
05:03Vous savez, il y a une notion que les gens vont comprendre, ce qu'on appelle One Health, c'est un peu compliqué.
05:07Mais si on ne prend pas la santé environnementale, la santé animale et la santé humaine dans son aspect global,
05:12ce que nous a appris le Covid, on ne s'en sentira pas et on aura en permanence soit des émergences, soit des ré-émergences.
05:18Ils sont consignés où, les virus ? Vous savez ça, vous, Julien ?
05:22Il y a une grande banque générale, non ?
05:24Est-ce qu'il y a une banque générale ? Je trouve ça assez flippant.
05:26Il y a des centres de référence. Effectivement, il y a des banques générales.
05:29Et puis, il y a des banques générales, qu'on a vues dans le Covid, qui comptabilisent les fréquences génétiques des virus pour voir leur évolution.
05:37Ça vous fait peur, ça, vous, Samuel, ou pas ?
05:40Oui, ça fait peur, même si on est plutôt rassuré par le discours de notre invité ce matin.
05:45Mais est-ce que vous, vous avez déjà eu...
05:47C'est gentil que vous me disiez ça, parce que pendant le Covid, on m'a toujours traité d'alarmiste.
05:50C'est vrai.
05:51C'est bien de me traiter de rassuriste.
05:52Oui, mais en même temps, on ne savait plus comment se situer pendant le Covid.
05:54Est-ce que vous, ça vous arrive d'avoir peur face à une maladie, un virus ?
05:58La vérité, j'ai écrit un livre sur le carnet du Covid.
06:01Évidemment qu'on a toujours eu peur.
06:02Je veux dire, moi, je suis arrivé en 1983 dans le Sida.
06:05On avait peur pour notre vie.
06:06Le Covid, ça a été très particulier, parce qu'effectivement, il y a eu des niveaux de protection inconnus totaux.
06:12En 2022, il y a l'UM Post.
06:14On s'habille, on a un masque FFP2, on a une casaque, on a une tenue.
06:18C'est quand même un contexte un peu...
06:20Voilà, mais si on a peur, on ne fait pas de maladie infectieuse non plus.
06:23Je vois.
06:24C'est un équilibre entre les virus, qui sont des organismes vivants,
06:28et nous, êtres humains, qui sommes des organismes vivants, ou les animaux.
06:31Et finalement, c'est cet équilibre-là.
06:33Alors, on ne sait pas s'il y aura un virus qui va émerger à un moment donné et qui va submerger,
06:37mais il y aura toujours une capacité de nos organismes vivants, finalement, à s'adapter.
06:41Et au virus à s'adapter aussi, c'est bien ça qui nous fiche la truie.
06:44Et c'est ça, effectivement, le facteur d'inquiétude,
06:46c'est qu'on voit que finalement, de plus en plus de virus s'adaptent à l'autre,
06:49s'adaptent à l'autre, que ce soit animal ou humain.
06:52Et c'est une prise en charge globale qui va nous permettre, évidemment, une surveillance internationale.
06:56Merci, Professeur Gilles Callou, d'avoir été avec nous ce matin.
06:58Je signale aussi votre roman Un don presque parfait, publié chez Mialet-Barreau.

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