Dans « l'interview d'actualité » de Télématin, Lucie Chaumette reçoit Olivier Beaumont, chef adjoint du service politique du journal « Le Parisien ».
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00:00Votre invité du 8h15, bienvenue à vous, vous êtes journaliste et chef adjoint du service politique du Parisien, de quoi venez-vous nous parler ?
00:06Du gouvernement bien évidemment, c'est quand même la nouvelle politique qu'on attendait depuis déjà des jours, ça y est, il est formé,
00:13c'est un gouvernement de personnalité, d'expérience, comme l'avait annoncé François Bayrou ou pas ?
00:18Oui, incontestablement, c'était un pari qui était fait par le nouveau Premier ministre et à la lecture du gouvernement qui a été annoncé hier soir,
00:25assez tardivement quand même, rappelons-le, incontestablement oui, parce qu'on a des anciens ministres, des anciens premiers ministres pardon,
00:32avec le retour d'Elisabeth Borne au gouvernement et puis la surprise du chef Manuel Valls qui lui arrive aux Outre-mer,
00:39et puis des profils assez capés aussi, notamment avec le retour également de Gérald Darmanin qui arrive à la justice.
00:46On va s'arrêter sur cette galerie de portraits quand même, parce qu'effectivement il y a des gens d'expérience, donc ça ils voulaient des poids lourds, c'est fait,
00:52en revanche il avait dit on veut un tiers, un tiers, un tiers, un tiers de droite, un tiers du centre, un tiers de gauche,
00:56bon pour la gauche on a des gens qui viennent de la gauche comme Manuel Valls, comme François Rebsamen ou même le ministre des Finances Éric Lombard,
01:03un banquier de gauche comme on dit, ils ne viennent pas du Nouveau-Brunswick, c'est un politique TPS.
01:08Non, ne le conteniez pas, Manuel Valls avait quitté effectivement le Parti Socialiste, il faut rappeler qu'il avait soutenu Emmanuel Macron en 2017
01:14et puis Juliette Méadel qui est l'autre prise de guerre entre guillemets de la gauche, n'était plus au Parti Socialiste depuis plusieurs années,
01:21donc le pari est à moitié rempli pour François Bayrou parce qu'il voulait un gouvernement avant Noël, il voulait des prises de guerre,
01:28il voulait effectivement une répartition un tiers, un tiers, un tiers et puis une ouverture et là on voit bien qu'il a seulement réussi à avoir avant Noël
01:35et puis à avoir un gouvernement de poids lourd mais pas de gouvernement resserré, 35 et puis pas effectivement d'ouverture à la société civile
01:44et pas de véritable personnalité issue de la gauche.
01:46Si on ajoute à ça et pour continuer à parler de la gauche, le tandem Bruno Retailleau, Gérald Darmanin à l'intérieur et à la justice,
01:55ça donne un signal politique qui est loin d'être à gauche, ça risque de crisper voire de provoquer une censure pour la gauche ou pas ?
02:01On l'a déjà vu dans les réactions, encore il y a quelques instants sur votre plateau avec le Français Insoumise,
02:07on voit bien qu'effectivement pour eux c'est un casus belli, Gérald Darmanin qui était l'instigateur du projet de loi immigration
02:15adopté dans la douleur il y a un an, en décembre 2023, qui s'associe maintenant avec Bruno Retailleau,
02:20donc dans un tandem régalien très très puissant, on voit qu'il y a aussi une volonté d'envoyer un message assez fort à l'électorat de droite
02:27et puis aussi à l'électorat de Marine Le Pen.
02:29Expliquez-nous ce qui s'est passé avec ce psychodrame autour de Xavier Bertrand hier qui a quand même déjà bien planté le gouvernement de François Bayrou
02:34avant même sa nomination, il dit qu'il aurait dû être nommé à la justice mais que finalement sous l'influence de Marine Le Pen,
02:41François Bayrou a renoncé, il a dit dans son communiqué en dépit de ces nouvelles propositions,
02:44je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l'aval de Marine Le Pen.
02:49François Bayrou a réfuté hier toute influence du RN, qui dit vrai dans cette affaire ?
02:53Je pense que c'est plutôt Xavier Bertrand, ça faisait quasiment dix jours qu'il y avait des discussions qui étaient avancées
02:59entre François Bayrou et Xavier Bertrand, ils se sont eus deux fois au téléphone samedi,
03:03ils se sont vus en tête à tête samedi soir à Matignon et d'ailleurs initialement,
03:08Xavier Bertrand avait fait plusieurs propositions, ce n'était pas forcément que pour la justice,
03:11il était aussi partant pour les sujets de l'école, donc l'éducation nationale
03:15et aussi pourquoi pas un ministère autour du pouvoir d'achat, donc potentiellement au Bercy.
03:20Samedi soir en tout cas, on était vraiment sur un atterrissage à la justice et quand il quitte la rue de Varennes samedi soir,
03:26je ne vais pas vous dire qu'ils ont topé mais en tout cas, c'est plus que bien avancé pour Xavier Bertrand
03:30et entre temps, effectivement, il y a eu à nouveau des échanges entre Matignon et puis le RN Marine Le Pen
03:36et quand on interroge hier les entourages de la présidente du groupe RN à l'Assemblée,
03:43ils confirment effectivement qu'eux avaient clairement fait passer les messages auprès de François Bayrou
03:47que si Xavier Bertrand rentrait au gouvernement, qui plus est dans un ministère assez puissant,
03:52pour eux derrière ce serait une censure.
03:54– Mais qu'on se dise les choses clairement, est-ce qu'on sait si c'est Matignon,
03:58donc François Bayrou qui a pris la décision finalement de ne pas donner la justice à Xavier Bertrand
04:03ou est-ce qu'Emmanuel Macron est intervenu, est-ce que ça on le sait ?
04:06– Je pense que François Bayrou a compris, les échanges aujourd'hui ne se font pas entre le RN et l'Élysée
04:12mais François Bayrou et Marine Le Pen, ce sont des personnalités qui se connaissent,
04:16il y a un respect d'ailleurs plus ou moins entre les deux,
04:20même s'ils n'ont pas du tout les mêmes convictions politiques,
04:22mais François Bayrou voit très bien aussi, il est assez pragmatique,
04:25il sait qu'il est sous le coup d'une potentielle censure dans seulement quelques semaines
04:30et il espère peut-être par ce geste en tout cas calmer éventuellement le RN, je n'y crois pas trop.
04:36– Mais ça ne change rien par rapport à Michel Barnier, pardonnez-moi mais on est un peu dans le même scénario.
04:40– C'est ça le drame, j'ai même envie de vous dire, on revient même avant encore la dissolution
04:44parce que quand on revoit des poids lourds du macronisme qui reviennent aujourd'hui,
04:47je pense que beaucoup de Français hier soir, quand ils ont découvert la composition du gouvernement,
04:51se sont dit mais tout ça pour ça finalement,
04:53pouvoir revenir Élisabeth Borne, pouvoir revenir Gérald Darmanin dans le gouvernement.
04:56– Donc sur le papier, quand on regarde, on se dit qu'une nouvelle censure est difficilement évitable,
05:00peut-être pas en janvier ou février.
05:02– Oui effectivement, parce que dès hier soir, le RN a clairement dit que pour eux le compte n'y était pas,
05:06on voit aujourd'hui que dans les prises de position de la France Insoumise
05:09et aussi du Parti Socialiste qui ne digère pas l'arrivée de Manuel Valls
05:13qui a encore l'étiquette du traître qui est accolée sur son épaule,
05:17on voit très bien qu'en tout cas, à l'heure où on se parle, la censure est plus que programmée.
05:22Bon, il reste maintenant à François Bayrou, il a trois semaines avant la déclaration de Gauthier Général
05:27et le 14 janvier pour essayer de convaincre les uns et les autres de ne pas le censurer.
05:33– Merci, merci infiniment Olivier Beaumont pour votre analyse sur la question
05:36qu'on retrouve aussi évidemment dans Le Parisien.