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Dans l’interview d’actualité de Télématin, Maya Lauqué reçoit Philippe Jost, Président de l'établissement public "Rebâtir Notre-Dame".

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Transcription
00:00Il est le chef d'orchestre de cette construction et de cette renaissance de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
00:08Bonjour Philippe Jost.
00:09Bonjour.
00:10Merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin.
00:12Vous êtes président de l'établissement public Rebâtir Notre-Dame.
00:15Vous non plus, vous n'avez pas dû beaucoup dormir cette nuit.
00:18On va vous poser la même question qu'à Philippe Villeneuve tout à l'heure.
00:20Vous êtes dans quel état d'esprit et dans quelle émotion ce matin ?
00:24Ce matin, nous sommes très heureux.
00:27Et vraiment aujourd'hui, je pense et je remercie tous ceux à qui nous devons cette belle journée.
00:33Notamment les 2000 hommes et femmes, compagnons, artisans d'art qui ont œuvré, qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes.
00:40Et puis les architectes aussi, et puis tous nos partenaires.
00:46Et puis enfin, ma dream team, cette équipe de l'établissement public.
00:50On entend beaucoup parler de cette blondeur des pierres.
00:53C'est vrai qu'on avait l'impression que cette cathédrale était sombre.
00:55Et ce qui est apparemment incroyable, quand on entre, c'est cette blondeur des pierres.
01:01Exactement, quand on entre, je crois qu'on est saisi, nous-mêmes on ne s'habitue pas.
01:05On est saisi par cette cathédrale qu'on voit comme on ne l'a jamais vue.
01:09Un espace totalement transformé, la blondeur des pierres, l'éclairage, les couleurs des chapelles peintes,
01:15le mobilier entièrement nettoyé, c'est vraiment magnifique.
01:19J'imagine que vous avez fait quelques visites confidentielles ces derniers jours.
01:24Que vous disent les personnes qui entrent dans la cathédrale ?
01:28Quels visages ont-elles ?
01:31Elles sont heureuses, elles sont saisies, surprises.
01:35Elles savent, elles ont vu des photos, elles ont vu des vidéos.
01:38Mais je crois que d'entrer dans la cathédrale, c'est vraiment une impression différente,
01:41parce que l'espace est transformé, donc elles sont saisies.
01:43Elles remercient, puis elles pensent à ces savoir-faire magnifiques qui se sont déployés.
01:48Et dont Sylvie nous a si souvent parlé.
01:50Que j'ai suivi du début à la fin.
01:53Ce chantier, vous remerciez les compagnons et les artisans d'art,
02:00ça a été aussi celui de la transmission et de la découverte de métiers et des savoir-faire.
02:05Vous avez œuvré aussi pour ça.
02:07Il y a plein de jeunes qui sont rentrés dans les métiers d'art
02:11grâce à ce chantier qui a été un chantier modèle.
02:13Exactement.
02:14Ce chantier, c'est une opportunité extraordinaire de faire connaître
02:17ces très beaux métiers qui sont insuffisamment connus.
02:20Et ces entreprises, ces 250 entreprises,
02:23qui sont souvent des TPE, des toutes petites entreprises, des PME, voire des indépendants,
02:27elles ont ce souci de la transmission.
02:30Parce qu'elles réfléchissent, elles pensent au long terme.
02:32Et nous partageons ce souci.
02:34Et donc, on a vraiment voulu mettre en valeur tous ces métiers tout au long du chantier
02:38pour donner aux jeunes l'envie, pour susciter des vocations.
02:42Un chantier école, un chantier, mais plutôt 20 chantiers en un.
02:46Qu'est-ce qui était le plus difficile pour vous dans votre mission ?
02:49D'harmoniser le travail de tout le monde ?
02:52Chacun a en tête que ce délai de 5 ans était un vrai défi.
02:56Donc, on a eu d'une part la nécessité de sélectionner ces 20 métiers,
03:02ces 250 entreprises, 140 marchés de travaux,
03:05mais aussi d'organiser, de coordonner.
03:07Donc, il y a eu un investissement vraiment fabuleux
03:10dans planification, organisation, coordination,
03:13logistique, infrastructure de chantier.
03:15Il y a eu des coups de stress, il y a eu des moments où vous vous êtes dit
03:17« Ouh là là, là c'est compliqué ! »
03:19J'ai en tête notamment deux moments, effectivement,
03:22où je me dis « C'est compliqué ! ».
03:24D'abord, au tout début, en même temps qu'on faisait les premières opérations
03:27de sécurisation de la cathédrale, il fallait en quelques semaines
03:30monter cet établissement public.
03:32C'était un vrai défi, il fallait qu'il soit opérationnel le plus vite possible.
03:35Et puis, bien sûr, la mort brutale du général.
03:38Ça, ça a été un coup de choc, un coup de stress, il faut bien le dire.
03:42Mais on a tout de suite, et c'est là qu'on a vu qu'on avait construit
03:46sur des bases solides, on a tout de suite tous serré les coudes.
03:49On s'est unis face à cette adversité pour, notamment pour lui,
03:54gagner et relever ce défi.
03:55C'était une sacrée personnalité Jean-Louis Georgelin.
03:58Nous l'avions rencontré pendant ce chantier
04:02et on voulait lui rendre hommage ce matin
04:04et vous montrer un extrait de cette interview.
04:07Quand vous vous retournez, quand vous le regardez, ce tabouret,
04:09est-ce qu'il y a quand même de la fierté de se dire que là,
04:13le chantier prend forme ?
04:14Je peux vous dire que ça fait tellement longtemps qu'on l'avait en tête
04:17qu'on se dit vraiment, on tient le bon bout.
04:20On y arrive parce que tout le monde se défonce et se débat pour ça.
04:24Et on y arrive aussi parce que nous sommes très conscients,
04:27tous, de moi jusqu'aux ouvriers et mes compagnons sur ce chantier,
04:30que dans cette affaire, c'est la réputation de la France qui est en jeu.
04:34Nous avons dit que nous reconstruirions cette cathédrale en 5 ans.
04:38À la face du monde, nous devons le faire en 5 ans.
04:41C'est pour ça que nous allons y arriver.
04:44Philippe Jost, vous avez forcément une pensée pour le général ce matin.
04:47Oui, de le revoir s'exprimer, à chaque fois, ça me remet la peine,
04:52le choc qu'on a ressenti.
04:54C'était vraiment la bonne personne, au bon endroit, au bon moment.
04:57Et là, en quelques mots, il a, comme d'habitude,
05:00dit des choses fortes, importantes, concentrées.
05:03Et vous l'avez accompagné depuis le début,
05:04parce que vous avez un parcours pas banal, ingénieur polytechnicien.
05:07Vous avez occupé des postes d'encadrement dans l'Arme
05:09et vous étiez prof de maths en lycée.
05:11Et quand le général Georges Leun s'est embarqué dans cette aventure,
05:16vous l'avez appelé, vous lui avez dit « je veux en être »
05:18et vous l'avez accompagné tout de suite.
05:20Je lui ai dit « je suis prêt à vous donner un coup de main si vous avez besoin de quelque chose ».
05:23Il m'a dit « venez tout de suite, je suis tout seul ».
05:25Et ça a commencé comme ça.
05:26De quoi êtes-vous le plus fier aujourd'hui, à cet instant, à quelques heures de la réouverture ?
05:30Je crois que j'ai deux fiertés.
05:32J'ai la fierté de ce qu'on donne à voir.
05:34Et puis, j'ai la fierté de toute cette aventure humaine qui a fonctionné,
05:39tous ces liens qu'on a établis, cette amitié, cette fierté sur le chantier.
05:42Cette famille, encore une fois.
05:44Vraiment, c'est ce qu'il se ressent quand...
05:46C'est le mot, c'est la famille Notre-Dame.
05:48C'est ce que nous disait tout à l'heure Philippe Villeneuve,
05:50il disait « il y a eu tutoiement, la bise, cette espèce de grande solidarité
05:55et le sentiment que c'était pour beaucoup de compagnons la mission d'une vie ».
06:00C'est ce qu'ils nous disent.
06:01Ils nous disent « là, j'ai été marqué pour la vie ».
06:04Ils sont fiers de travailler, qu'ils soient chrétiens, non chrétiens,
06:07pratiquants, pas pratiquants, croyants, pas croyants.
06:09Quelle que soit leur religion.
06:10Cette unité, elle fonctionne sur le chantier.
06:12Et on la sent, on la sent, mais vraiment, réellement.
06:15Et c'est pour ça que j'ai mis tant aussi à aller sur le chantier pour ça, pour le vivre.
06:19Mais oui, et d'ailleurs, certains disent « ils sont tristes ».
06:23Comme après les JO, il y aura peut-être un coup de blouse.
06:25C'est un peu la question qu'on allait vous poser.
06:27Déjà, certains sont partis, ont quitté le chantier.
06:30On en a revu la plupart vendredi dernier, quand on était 1400 réunis dans la cathédrale.
06:35On va les revoir dimanche prochain, dimanche 15.
06:38On va réunir tous les compagnons pour un grand pot de chantier après une messe, dimanche matin.
06:43Et effectivement, on a ce pincement au cœur et je pense qu'on va le ressentir assez fortement.
06:48Et vous reviendrez ?
06:49Vous allez revenir pendant cette cathédrale ?
06:51Bien sûr, surtout qu'on a des travaux qui commencent.
06:53C'est ça, c'est pas fini !
06:54Avec la cathédrale pour trois ans.
06:55Et le fruit de ces cinq années de travail se retrouve dans ce magnifique livre qu'on vous recommande.
07:01« Rebâtir Notre-Dame de Paris », édition Talendier.
07:04C'est absolument somptueux à l'image.
07:07Eh bien justement, de ce que vous voyez actuellement à l'écran,
07:10avec ces magnifiques drones qui survolent cette cathédrale.
07:14Et vous avez vu, Maya, ça y est, le jour se lève.

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