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Aujourd’hui dans « Les 4 V » (nom du présentateur) revient la rouverture de Notre-Dame avec Roselyne Bachelot, ancienne ministre de la Culture.

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00:00Et Roselyne Bachelot va s'installer. Bonjour Madame la Ministre, merci d'être avec nous
00:08ce matin devant cette cathédrale Notre-Dame. Et de faire cet entretien devant cette cathédrale
00:14d'émotions. Magnifique, absolument. Alors il y a eu effectivement la reconstruction
00:18de la Flèche, il y a eu les cloches de Notre-Dame qui ont retenti il y a quelques jours, il
00:23y a eu cette visite de chantier d'Emmanuel Macron, mais aujourd'hui c'est le grand
00:27jour, c'est la réouverture, qu'est-ce que vous en attendez vous Madame Bachelot ? C'est
00:31presque l'achèvement des travaux de reconstruction, il y a encore évidemment quelques échafaudages
00:36mais le défi incroyable qui avait été lancé par Emmanuel Macron est réalisé, on attend
00:42avec impatience la cérémonie de cet après-midi. Qui aura lieu à l'intérieur d'ailleurs,
00:46entièrement, on l'a dit, à cause de la météo, vous êtes un peu déçue de ça ? Oh non,
00:50comment être déçue aujourd'hui devant ce spectacle absolument incroyable ? Moi je vais
00:56pleurer ce soir, c'est sûr. Ah vous allez pleurer, vous savez déjà. Je le sais déjà
00:59que je vais pleurer, oui. Lorsque vous avez été nommé, je le rappelais il y a un instant,
01:03ministre de la Culture, en juillet 2020, vous êtes entré dans cette cathédrale qui avait
01:07brûlé quinze mois plus tôt et qui était à l'époque dans un triste état encore,
01:12est-ce que vous imaginez que quatre ans plus tard, eh bien on en serait là avec une cathédrale
01:17reconstruite et dans un écran extraordinaire, notamment à l'intérieur en particulier ? Oui,
01:22ma première visite du chantier, quelques semaines après mon arrivée, a été un moment
01:27de stupéfaction, de peur aussi parce qu'il fallait grimper sur les échafaudages, c'était
01:32extrêmement impressionnant. J'étais à la fois saisie par ce défi et je me disais
01:38on va le réaliser. Pourquoi ? Qu'est-ce qui vous faisait penser que ce qui paraissait
01:42quand même impossible à l'époque ? On va le réaliser parce que le président de la
01:45République avait nommé un grand soldat à la tête de l'établissement public Rebâtir
01:50Notre-Dame, Jean-Louis Georgelin. On s'est beaucoup disputé pendant ces années où
01:56on a été ensemble à s'occuper du chantier de Notre-Dame, mais finalement on s'est toujours
02:02retrouvé, Jean-Louis aimait assez les gens qui savaient lui tenir tête et il avait dit
02:08le jour de la reconstruction, le jour où on ré-ouvrira, je serai derrière un pilier,
02:14il est mort en 23 mai, je sais qu'il est derrière ce pilier. On s'est beaucoup disputé, dites-vous,
02:18avec le général Georgelin, vous vous êtes aussi peut-être pas disputé mais opposé
02:23sur la façon dont il fallait reconstruire cette cathédrale. Il y avait un débat entre
02:27guillemets les anciens et les modernes. Vous, vous avez toujours plaidé, contrairement
02:32au président Macron, pour une reconstruction à l'identique, notamment de la flèche
02:37de Notre-Dame. Et pour quelle raison ? Quand la reconstruction a commencé, c'est vrai
02:42qu'il y a eu toutes sortes de choses qui se sont proposées, un geste architectural
02:47contemporain, on pense au toit vitrail de Fantuzzi, à la flèche de cristal de Foster
02:54ou à la serre en bois d'Abdelkader. Et vous vous étiez opposé à cela ? Je n'étais
03:00pas opposé sur un plan esthétique, j'y étais opposé parce que je pensais à tous
03:04ces gens qui pleuraient devant leur cathédrale effondrée, devant la flèche qui tombait
03:09dans les flammes. Ce pays, il est fracturé, il est fâché, il est inquiet et je pense
03:15qu'on n'a pas besoin d'ajouter de la polémique à la polémique. Donc il fallait
03:19apaiser. Ce pays, il a besoin d'être réparé. Alors il y a aujourd'hui même encore un
03:24débat sur les vitraux d'une partie de la Nef, qui, on va être précis, aujourd'hui
03:30sont constitués de ce qu'on appelle des grisailles, des vitraux grisailles qui datent
03:34de Viollet-le-Duc. Et il y a un concours pour les remplacer par des vitraux modernes, contemporains,
03:41notamment des très grands artistes dont Daniel Buren ont été mis à contribution.
03:47Vous n'êtes pas favorable non plus ? Pour les mêmes raisons pour lesquelles je
03:52me suis opposé à ce geste architectural moderne, contemporain à Notre-Dame de Paris.
03:57Bon, ces vitraux, ils existent. Là encore, ce n'est pas un point de vue esthétique,
04:04c'est ce besoin de réparer. Pourquoi ouvrir des polémiques ? C'est inutile.
04:08Mais quand Viollet-le-Duc a restauré la cathédrale au XIXe siècle, lui aussi, c'était
04:12un contemporain, lui aussi, il a quelque part défrayé ou abattu la tradition.
04:18C'est vrai, mais le pays n'était pas dans la même situation psychologique. On a mieux
04:24accepté des gestes modernes comme la pyramide du Louvre, même si ça a suscité des polémiques.
04:31Ce n'est pas le moment, vous dites ? Ce n'est pas le moment.
04:33Est-ce que vous êtes favorable ? Est-ce que ça, c'est le moment à l'idée d'une
04:37entrée payante pour cette cathédrale, comme le suggère la ministre démissionnaire du
04:42gouvernement ? Je ne suis pas opposé au principe de faire
04:48payer. Ce que je mets en doute, c'est que ça puisse résoudre les problèmes financiers
04:53incroyables des bâtiments cultuels dans notre pays. 50.000 églises paroissiales, 100.000
04:59établissements structures cultuelles. Tout vaut beaucoup d'argent. Peut-être qu'on
05:06espère 75 millions d'euros bruts. Encore faudra-t-il déduire les frais de gestion.
05:11On est sur des dizaines de milliards dont nous aurons besoin, non seulement pour garantir,
05:18pour sécuriser et pour entretenir nos bâtiments cultuels. Il faudra trouver autre chose.
05:22Je parlais de Rachida Dati, démissionnaire. Ça nous amène quand même à une question
05:26sur la politique. Vous êtes ancienne ministre. Vous avez une longue carrière politique dans
05:32votre vie. Comment vous la regardez, cette situation politique actuelle ? Est-ce qu'on
05:36est au bord de la crise de régime, comme l'a dit Édouard Philippe hier ?
05:38On est en tout cas dans une crise politique très grave et il faut la prendre comme telle.
05:44Je pense qu'on peut tenter de gérer le pays jusqu'aux prochaines élections présidentielles.
05:50Comment ? Un gouvernement d'intérêt général ?
05:52Un gouvernement d'intérêt général. Je note avec intérêt que le Parti socialiste,
05:56le secteur politique qui pourrait être un élément de raison est en train de se détacher
06:03du Nouveau Front Populaire et de l'IFI. Mais vous y croyez à une union nationale entre les
06:09partis dits modérés ? Je l'espère. En tout cas, on ne pourra pas échapper à un certain nombre de
06:15réformes institutionnelles qui permettraient de répondre au fait que cette Ve République a été
06:22construite dans une structure politique bipartisane. On est maintenant trois groupes,
06:27trois blocs qui ne s'entendent pas. Il faut donc, à mon avis déjà, et c'est la première réforme
06:33à instituer, imaginer une censure constructive. C'est-à-dire qu'on ne peut déposer une motion
06:38de censure que si on propose autre chose. Lorsque vous voyez autant d'électeurs
06:45aujourd'hui qui votent pour les extrêmes, est-ce que ce n'est pas trop tard finalement ? Même si
06:50ces partis dits de gouvernement, dits modérés, se rassemblent, est-ce que ça n'a pas renforcé
06:56encore justement cette défiance de ces électeurs-là ? Alors, les extrêmes, l'extrême gauche est
07:02suffisamment déconsidérée. Monsieur Mélenchon est l'homme politique le plus détesté de la
07:08République. Alors, il y a l'extrême droite. Je pense que quand même, il y a un certain nombre
07:14d'électeurs, pas le noyau dur du Rassemblement National, bien entendu, mais ceux qui les ont
07:18rejoints en se disant qu'on ne les a pas essayés. On entend ça chez les gens quand on les écoute.
07:24Là, quand même, les ennuis judiciaires de Madame Le Pen, les mauvais candidats, candidats
07:30folkloriques du Rassemblement National, la façon dont ils ont voté avec l'extrême gauche lors de
07:35la dernière motion de censure, je pense qu'il y a un certain nombre de personnes qui ont rejoint
07:40le Rassemblement National, la psuisse évocateur, qui ont rejoint le Rassemblement National et qui
07:46peuvent s'en détacher sans doute. Une dernière question, Madame Bachelot, pour revenir à la
07:50cathédrale Notre-Dame, une dernière évocation, une émotion même pour vous. Vous l'avez rappelé,
07:55lorsqu'on a fait les fouilles à Notre-Dame des sous-sols, on a découvert le sarcophage d'un
08:01célèbre poète, Joachim Dubélé, qui est angevin comme vous, comme ça vous a particulièrement ému.
08:07J'ai trouvé comme une sorte de symbole de penser que le grand poète de la Pléiade,
08:13celui qui interpelait France, mère des arts, des armes et des lois, tu m'as longtemps nourri du
08:18lait de ta mamelle, or comme un agneau qui s'anourrit sa pelle, je remplis de ton nom les
08:23antres et les bois. Merci pour cette conclusion, merci beaucoup Roselyne Bachelot, c'est la suite
08:29de ce Télématin exceptionnel en direct de la cathédrale Notre-Dame, que l'on retrouve après
08:33une courte page de publicité.

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