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Dans l’interview d’actualité de Télématin, Maya Lauqué reçoit Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine pour évoquer l'entretien des vieilles églises et la possibilité de rendre l'entrée à la cathédrale de Notre-Dame payante.
Dans l’interview d’actualité de Télématin, Maya Lauqué reçoit Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine pour évoquer l'entretien des vieilles églises et la possibilité de rendre l'entrée à la cathédrale de Notre-Dame payante.
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00:00Bonjour Alexandre Giguilaris, merci d'être avec nous ce matin. Faudra-t-il bientôt payer 5 euros pour pouvoir visiter la cathédrale Notre-Dame ?
00:07C'est ce qu'a suggéré la ministre de la Culture cette semaine. L'édifice va rouvrir le 7 décembre après cinq ans de travaux colossaux.
00:13C'est une proposition de Rachida Dati qui fait beaucoup parler. Qu'est-ce que vous en pensez vous sur le principe ?
00:18Sur le principe, c'est intéressant d'ouvrir le débat.
00:20Pourquoi ? Parce qu'il y a des besoins. Il y a des besoins de financement pour le patrimoine et l'idée qui est avancée par la ministre c'est
00:25de se dire on profite des flux touristiques
00:27pour générer des rentrées d'argent et les attribuer au patrimoine religieux plutôt situé dans les territoires ruraux où il y a des besoins importants.
00:35On va voir quels sont les besoins dans un instant, mais l'église a dit non d'ores et déjà. Si l'église dit non,
00:41on peut rien faire ? C'est la seule décisionnaire ?
00:43Ce n'est pas la seule décisionnaire. Evidemment parce que le bâtiment, la cathédrale appartient à l'État. Depuis la loi de 1905,
00:48les bâtiments appartiennent soit aux collectivités soit à l'État. Et puis effectivement il y a l'affectataire,
00:52donc l'église catholique qui gère ce qui se passe évidemment à l'intérieur de ces édifices.
00:57Ce qu'il faut c'est essayer de trouver un consensus, dégager un peu de discussion. En tout cas la ministre a tendu la main, je crois qu'il faut
01:02continuer à en discuter parce qu'il y a des solutions,
01:04il y a des besoins et face à ces besoins il faut probablement faire un peu preuve de pragmatisme.
01:08Vous évoquiez la loi 1905 qui sépare l'église et l'État. Elle stipule aussi cette loi dans son article 17 qu'on ne peut pas faire payer l'entrée dans une église.
01:15Donc ça veut dire qu'il y a un obstacle juridique ?
01:17Il n'y a pas d'obstacle juridique en tant que tel parce que si vous prenez l'exemple de la cathédrale Notre-Dame, avant qu'il y ait incendie et qu'elle ne ferme,
01:23il y avait déjà la possibilité pour visiter les tours ou pour visiter le trésor de Notre-Dame de payer.
01:28Donc il y a la possibilité de faire payer quand il y a des aménagements spécifiques.
01:31Je pense que c'est l'idée vers laquelle il faut aller.
01:33Sachant que dans d'autres pays européens, pour les grands édifices, il y a aussi la possibilité de payer, de faire payer les gens et donc de les faire participer à l'entretien, à la rénovation des sites.
01:42Et parfois d'ailleurs ça coûte beaucoup plus cher. Je pense à la Sagrada Familia à Barcelone, je crois que c'est 26 euros l'entrée mais on peut en citer d'autres.
01:48Ou à Westminster à Londres où là on dépasse les 35 euros de mémoire.
01:52Donc voilà, les tickets d'entrée sont parfois beaucoup plus importants que les 5 euros qui ont été évoqués.
01:57Mais encore une fois, c'est une mesure de solidarité territoriale qui peut être mise en œuvre.
02:02Solidarité entre Paris, entre cette grande cathédrale et les petites églises ou les petites synagogues, les petits temples, tout ça est à réfléchir.
02:09Mais se dire qu'on peut faire participer, on peut être solidaire de ces petits édifices, je pense que ça va dans le bon sens.
02:14Mais alors comment on fait concrètement ? Il y a deux entrées, une pour les fidèles et une pour ceux qui peuvent aller prier sans payer et puis pour les visiteurs.
02:21Ça c'est une question d'aménagement. Effectivement, on peut évidemment trouver un moyen de faire entrer les croyants qu'ils aillent prier gratuitement.
02:28Ce principe doit être maintenu, évidemment. Et puis pour ceux qui viendraient visiter, qui viendraient visiter un site qui est culturel, qui est patrimonial,
02:34il y aurait une autre entrée où ils paieraient évidemment un ticket et ils pourraient visiter.
02:38Quand on veut trouver des solutions, c'est assez facile, c'est possible mais encore une fois, il y a des besoins.
02:43Je vous le disais, à la Fondation du patrimoine, notre mission c'est de collecter des dons, de mobiliser des énergies pour financer des travaux de restauration.
02:50Nous avons à l'heure actuelle plus de 1600 collègues de dons uniquement pour le patrimoine religieux.
02:55Même si on fait d'autres choses, du patrimoine naturel par exemple, mais sur le patrimoine religieux...
02:58Donc ça veut dire qu'il y a 1600 édifices religieux aujourd'hui qui ont besoin d'être rénovés.
03:03Il y en a 1600 qui ont une collègue de dons à la Fondation du patrimoine. Mais les besoins sont plus importants encore.
03:09Aujourd'hui, il y a 500 églises qui sont fermées en France pour des raisons de sécurité et vous avez 5000 qui sont menacées.
03:14Donc si on n'intervient pas rapidement, si on ne réfléchit pas à des moyens de financement nouveaux, innovants, on risque de voir disparaître ce patrimoine.
03:22Et 75 millions d'euros par an, ça suffit pour sauver ces édifices religieux puisque ça correspondrait à l'argent dégagé par cette entrée à 5 euros ?
03:30C'est effectivement l'évaluation qui est donnée. Est-ce que ça suffira en tant que telle ? Non.
03:33Ce qu'il faut, c'est proposer l'ensemble des solutions. Je vous l'ai dit, il y a des collectes de dons à la Fondation du patrimoine.
03:38Il y a le loto du patrimoine que nous opérons avec Stéphane Berne qui est une solution complémentaire.
03:43Vous avez le mécénat des entreprises, vous avez les collectivités évidemment qui participent.
03:46Donc c'est cet ensemble qui peut être mobilisé et qui peut permettre de sauver le patrimoine.
03:51On pense que proposer une idée nouvelle qui permet de dégager de nouvelles ressources financées par des touristes, y compris des touristes étrangers, c'est probablement une bonne idée d'aller vers ça.
04:00Vous évoquez ces 5 000 édifices religieux en danger, ces 500 églises qui sont fermées aujourd'hui dans des petites communes qui s'occupent de réparer, de rénover, ce sont les communes elles-mêmes ?
04:12Ce sont les communes qui ont la propriété de ces édifices, notamment depuis la loi de 1905.
04:17Tout ce qui est post-1905 appartient aux différents cultes, mais pour les églises, effectivement, ce sont les communes.
04:22On entend aussi, pardon je vous interromps, que ce n'est pas forcément un problème d'argent.
04:25Ce qui est compliqué, c'est de monter aussi les dossiers et que l'argent n'est pas forcément une question prioritaire.
04:30Alors c'est un peu lié. En réalité, quand vous êtes maire d'une petite commune rurale, vous n'avez pas toujours l'ingénierie, les équipes qui peuvent vous aider à monter effectivement ces dossiers de cofinancement.
04:39Et donc vous vous retrouvez un peu seul. C'est là où la Fondation du Patrimoine, avec ses bénévoles, essaie d'accompagner, essaie d'aider, essaie d'orienter, parce que des financements, évidemment, il y en a.
04:47Il y a des collectivités qui participent, les départements, les régions, l'État, l'État notamment pour les monuments historiques.
04:53Mais ce qu'il faut, c'est essayer d'accompagner ces élus, parce que sinon, ce patrimoine, on l'a dit, il est menacé, il peut disparaître.
05:00On voit que les incendies, par exemple, sur les églises se multiplient. Et donc il faut intervenir, il faut se mobiliser assez vite.
05:07– Et poser des bâches publicitaires sur les chantiers. La question a été posée, notamment le Rassemblement national a émis un amendement pour interdire ces bâches publicitaires.
05:18Pourtant c'est une bonne source.
05:19– C'est une source même très importante, si on pense aux grands édifices parisiens, les Garniers, enfin voilà, Opéra,
05:25ce sont des édifices qui bénéficient parfois de plusieurs millions d'euros de financement grâce à ces bâches publicitaires.
05:30– On dit 20 à 100 % de financement sur les travaux.
05:32– Donc moi je pense qu'il faut maintenir ce dispositif, qu'il faut le conserver, parce que là aussi c'est une ressource nouvelle supplémentaire
05:38qui vient financer ces travaux de restauration. Et surtout, si on vient empêcher ces grands édifices de bénéficier de ces ressources-là,
05:45de ces ressources publicitaires, il va falloir plus... – Et il y en aura encore moins pour les petits.
05:48– Exactement, il y en aura moins pour les petits.
05:49– Merci beaucoup Alexandre Gégler et d'avoir été avec nous.