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Dans l’interview d’actualité de Télématin, Flavie Flament reçoit Pierre-René Lemas, ex-secrétaire général de l'Élysée.
Dans l’interview d’actualité de Télématin, Flavie Flament reçoit Pierre-René Lemas, ex-secrétaire général de l'Élysée.
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00:00Exactement. Bonjour Pierre-René Lemas.
00:02Bonjour.
00:02Merci d'avoir accepté mon invitation.
00:04Vous êtes l'ancien secrétaire général de l'Élysée, vous y étiez entre 2012 et 2014.
00:09C'était sous François Hollande et vous aviez comme adjoint un certain Emmanuel Macron.
00:13Ah oui.
00:14À l'époque, il avait 35 ans. Quels souvenirs est-ce que vous gardez de lui ?
00:18Écoutez, c'était un peu un électron libre.
00:21Pourquoi ?
00:21Parce qu'il a le tempérament qu'on lui connaît aujourd'hui, mais on le découvrait, il était tout jeune.
00:27Donc il faisait partie d'une équipe. Je l'avais recruté.
00:31Je ne suis pas sûr qu'il avait aimé follement l'exercice de recrutement, mais voilà.
00:37Pourquoi ? Comment vous l'aviez recruté ?
00:39Je l'avais reçu.
00:40Vous savez, quand vous êtes nommé secrétaire général de l'Élysée, vous avez une foule d'amis.
00:44Et vous faites, c'est en trois minutes, vous avez des camarades d'école que vous n'avez jamais vus avant.
00:49Évidemment.
00:50Et vous faites des entretiens d'embauche en quelque sorte.
00:53Et donc parmi ces entretiens d'embauche, il y avait ce garçon intelligent, brillant, qui m'avait séduit.
00:59Vous avez noté que Macron est un séducteur.
01:02Secrétaire général de l'Élysée, c'est un métier que l'on méconnaît.
01:06On dit souvent qu'en fait, c'est comme un président bis ou comme un vice-premier ministre.
01:10Rien ne vous échappe quand vous êtes dans les arcanes du pouvoir.
01:14Votre bureau, il est juste à côté de celui du président ?
01:16Non, pas tout à fait.
01:17Le bureau est séparé par une salle de réunion qu'on appelle le salon vert,
01:21où parfois il y a des réunions de travail, parfois il y a même eu des conseils des ministres.
01:25Alors vous ouvrez la porte, vous avez ce petit salon, et puis de l'autre côté, il y a le président de la République.
01:29Donc c'est vrai, vous vous croisez toute la journée, vous vous voyez tout le temps.
01:32Le président Hollande adorait non pas taper à ma porte, mais à pousser la porte en disant je ne te dérange pas.
01:38Et on ne va pas comme ça dans le bureau du président, j'imagine ?
01:40Ah non. Lui rentrer dans mon bureau comme ça, moi je tape à la porte.
01:43L'inverse n'est pas forcément vrai.
01:45Alexis Colère, qui lui occupe le poste que vous occupiez auprès de François Hollande actuellement,
01:49aux côtés d'Emmanuel Macron. Alexis Colère, il a du pain sur la planche en ce moment.
01:52C'est quoi l'ambiance à l'Elysée ?
01:54À mon avis, l'ambiance à l'Elysée, elle doit être un peu tendue, vous voyez.
01:57Ah bon, vous pensez ?
01:58Oui, plusieurs indices me donnent à penser qu'elle doit être tendue.
02:01Vous savez, la situation n'a pas de précédent, en réalité.
02:07Lorsque j'étais à l'Elysée, il y avait une majorité, un président qui venait d'être élu.
02:13On a choisi le premier ministre dans des conditions qui étaient au fond assez classiques.
02:18Alors vous, c'était Jean-Marc Ayrault à l'époque.
02:20Justement, comment est-ce qu'on choisit un premier ministre ?
02:22On discute ? Le secrétaire général en discute ?
02:25Conforte le président dans ses choix ? Le dirige peut-être aussi dans ses réflexions ?
02:30Écoutez, le secrétaire général, ce n'est pas du tout le président bis, comme vous disiez tout à l'heure.
02:34C'est un conseiller, puis en même temps, c'est un chef d'équipe.
02:36On dit que c'est le premier DRH de France.
02:38Oui, c'est très excessif. Ce n'est pas faux.
02:40Parce qu'il y a un moment où toutes les nominations passent par lui, je suis d'accord.
02:44Mais le premier ministre, c'est quand même le choix du président de la République.
02:47C'est lui qui choisit le premier ministre.
02:49La fin des fins, c'est un choix personnel.
02:51Mais on en parle.
02:52Voilà, c'est ça.
02:53Est-ce que les lignes peuvent bouger jusqu'au dernier moment ?
02:55Jusqu'au moment où vous allez sur le perron de l'Elysée pour annoncer notamment les ministres ?
03:00Alors, je vais vous dire, pour le premier ministre, non.
03:02Mais pour les ministres, oui.
03:04Ça vous est arrivé ?
03:05Pour les ministres, ça peut changer jusqu'à la dernière minute, ça oui.
03:08Avec qui s'est arrivé ?
03:09Alors, ça s'est arrivé avec des tas de ministres.
03:12Après, il y a eu des remaniements.
03:14Je vais vous dire, le plus compliqué dans l'exercice de secrétaire générale,
03:19c'est quand vous téléphonez à un ministre pour lui annoncer qu'à l'occasion du remaniement,
03:24il ne va plus être ministre.
03:26Ça, c'est difficile.
03:27Ça, c'est des moments un peu pénibles et le président préfère que ce soit le secrétaire général.
03:30C'est en ça que c'est un petit peu le poste de DRH, je trouve.
03:33En 2012, Pierre-René Lemas, c'est vous qui, depuis le perron de l'Elysée,
03:37avait annoncé le nom du nouveau Premier ministre dont on parlait justement, Jean-Marc Ayrault.
03:43Voilà, mesdames et messieurs, le président de la République a nommé M. Jean-Marc Ayrault
03:48Premier ministre et l'a chargé de former le nouveau gouvernement.
03:53Je vous remercie.
03:55Alors, c'est ultra court.
03:58C'est un moment hyper important que la France en tire à temps.
04:01Vous descendez quelques marges, vous sortez cette fameuse phrase,
04:03vous remerciez tout le monde, vous repartez.
04:05Qu'est-ce qu'on ressent quand même à ce moment-là ?
04:07Alors là, c'était la première fois que je le faisais,
04:09parce que ça m'est arrivé après avec Manuel Valls, quelques années après.
04:13Vous avez le trac.
04:15Oui, parce que vous parlez à la France entière.
04:17Vous avez le trac, parce que vous avez un texte qui est extrêmement court.
04:20Vous avez tous les journalistes qui attendent.
04:22D'abord, il ne faut pas se rater.
04:24Et puis alors, par un phénomène que je ne me suis jamais expliqué,
04:28toute la presse depuis le matin a déjà annoncé ce que vous avez annoncé officiellement sur le perron de l'Elysée.
04:34Donc vous avez peur de faire un truc tiède aussi,
04:36et puis finalement de ne faire que confirmer ce que disaient les journalistes depuis le matin.
04:39Oui, et puis vous avez la tentation, juste cinq minutes avant, de dire « et si on prenait un autre ? »
04:43Ah, c'est vrai ? Il s'est rendu à une blague.
04:46Est-ce que vous échangez avec Alexis Colère aujourd'hui ?
04:48Est-ce que vous êtes en contact avec lui ? Vous lui donnez des idées ?
04:50Non.
04:51Pas du tout ?
04:52Non, pas du tout.
04:53Mais vous avez bien des connexions à l'Elysée en ce moment ?
04:55J'ai un ancien collaborateur, j'ai des gens que je connais, oui.
04:57Mais je n'ai pas tellement de connexions.
04:59Mais vous vous renseignez un peu sur ce qui est en train de se passer actuellement, là ?
05:01Un petit peu, oui.
05:02Est-ce que vous avez une idée ? Alors, qu'est-ce qu'on vous dit ?
05:04Personne ne nous regarde.
05:05Écoutez, moi je n'en sais rien.
05:06Personne ne nous regarde, alors je vais vous dire.
05:08Non.
05:09Non, mais je vais vous dire, je n'en sais rien, parce qu'on est dans une situation étrange
05:12où on invente les règles du jeu en même temps qu'on joue au ballon.
05:15Donc c'est un exercice assez neuf.
05:18Ça, c'est inédit ce que fait Emmanuel Macron de recevoir aujourd'hui l'ensemble...
05:21Ah, c'est totalement inédit, parce que soit on nomme un Premier ministre
05:26et on discute avec le Premier ministre de la liste des membres du gouvernement.
05:29C'est ce qu'on fait sous la cinquième.
05:32Soit, comme on faisait sous la quatrième République, on désigne un futur Premier ministre
05:36en lui disant de faire des consultations.
05:38C'est d'ailleurs ce qu'a annoncé le Président de la République.
05:40Mais là, vous allez noter qu'il fait les consultations lui-même.
05:43Donc c'est un exercice totalement inédit.
05:45Et c'est le meilleur moyen de ne pas avoir de fuite, d'ailleurs.
05:47Parce qu'il y avait des fuites, c'est ce que vous disiez, la presse d'avancée le matin.
05:50Là, il n'y a rien.
05:51Et tous les noms qui fuitent, on a l'impression que c'est tous des candidats
05:53qui malheureusement ne seront pas retenus.
05:55Oui, alors c'est toujours très compliqué parce que le nom des candidats qui fuitent,
05:58en général, ce n'est pas bon signe pour eux.
06:01Vous avez une idée du timing, là, quand même ?
06:03Si vous avez vos connexions, on en parle.
06:05Vous pensez que c'est pour aujourd'hui, pour demain ?
06:07Non, pour aujourd'hui sûrement pas.
06:08Demain, il réunit l'ensemble des partis à l'Élysée.
06:11Je veux dire, il y a une deadline quand même.
06:13C'est qu'il faut qu'il ait déposé la fameuse loi spéciale avant le 19.
06:17Oui, dont on parlait tout à l'heure.
06:18Donc il faut un nouveau gouvernement dans ces délais-là.
06:21Merci de nous avoir permis d'être petite souris ce matin, Pierre-René Lemas.
06:25Je rappelle que vous étiez donc ancien secrétaire général de l'Élysée,
06:29mais on sent que votre cœur est toujours un petit peu là-bas quand même.
06:32La loi spéciale qui sera présentée demain au Conseil des milices est confirmée à l'instant.