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Pour son interview d’actualité, Télématin reçoit Charline Vermont, sexologue et autrice.

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Transcription
00:00Elle a notamment créé, Charline Vermont, le compte Instagram Orgasme et moi, et c'est près de 800 000 abonnés.
00:07Bonjour Charline Vermont.
00:09Bonjour Maya.
00:09Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes aussi l'autrice de ces deux livres chez Albert Michel que je présente.
00:14Celui-ci qui est destiné aux enfants 5-14 ans, les questions qu'ils se posent, et ils s'en posent un paquet.
00:22Et puis ces questions pour les adultes aussi, parce qu'on s'en pose également beaucoup.
00:28Il n'y a pas d'âge pour s'interroger, dites-vous, dans le livre, et on va y revenir.
00:32Mais d'abord, il y a eu une étude cette semaine, Céline Sermes qui a interrogé les Français sur leur pratique intime.
00:39Grande enquête, très commentée, un peu partout.
00:42Absolument.
00:43J'imagine que vous l'avez consultée.
00:44Et alors on lit beaucoup ce résumé, on fait moins l'amour, mais mieux.
00:50Exactement.
00:51Ça veut dire quoi, mieux faire l'amour ?
00:53Et bien peut-être plus d'épanouissement.
00:54Moi, je me souviens de cette enquête IFOP qui était sortie en début d'année,
00:58où on se rendait compte que les Français faisaient moins l'amour.
01:00Il y avait eu cette espèce de panique morale, de « Oh ! Mais si on ne baisse plus ? »
01:04Comme si faire l'amour à bris d'abattu était constituatrice de notre identité française.
01:09Et donc on se dit « On se calme, tout va bien. »
01:12Potentiellement, on fait moins l'amour, mais on le fait mieux, des pratiques plus diversifiées.
01:17Les Françaises se masturbent davantage, reconnaissent qu'elles sont beaucoup plus épanouies au lit.
01:22Et quand elles ne font pas l'amour, ça leur va très bien.
01:25C'est ça aussi.
01:26Exactement.
01:27Il n'y a pas de, comment dire, d'obligation.
01:30Exactement. En fait, on se force moins.
01:32D'injonction, voilà, c'est le mot que j'ai cherché.
01:35Ça fait des années que vous travaillez sur le thème de la sexualité.
01:38Est-ce que vous diriez qu'on est mieux informés, mieux éduqués sur notre intimité ?
01:43Et depuis quand ?
01:44Alors, je dirais que les dix dernières années ont été un énorme tournant, clairement.
01:48On a vu une multiplication des canaux, des multiplications de comptes Instagram.
01:52Donc moi, je suis formatrice en santé sexuelle et je travaille essentiellement
01:55sur le consentement à la santé sexuelle.
01:56Mais également, on a eu Sex Education sur nos réseaux, enfin sur nos vidéos.
02:01On a eu également Les Couilles sur la table, Le Cœur sur la table,
02:03les podcasts, les livres de Mona Cholet.
02:05Bref, tous les canaux confondus ont vraiment permis une amplification de l'offre.
02:09Et les Françaises françaises, réellement, ont été hyper friandes de ça.
02:13Quand on me demande comment t'expliques, enfin, j'ai 800 000 abonnés,
02:16c'est dire à quel point les Françaises Françaises de tous âges
02:20ont très, très envie de s'informer, de s'éduquer.
02:22Et voilà, et ensuite, d'adapter ça à leur...
02:24Et d'une autre façon aussi, c'est-à-dire qu'on aborde l'intimité et la sexualité
02:30sous l'angle de la connaissance, mieux se connaître
02:33et être plus dans le partage et dans l'intimité.
02:35Il y a moins aussi cette question de performance
02:39qui dictait un peu la vie sexuelle de beaucoup de personnes jusqu'à...
02:43Il n'y a pas tant de sélectivité.
02:45Est-ce que c'est un effet positif de MeToo, entre autres ?
02:49Alors, c'est effectivement un effet positif de MeToo.
02:51On a commencé par travailler sur les violences sexuelles.
02:54Et on s'est dit, en fait, si on ne parle que du négatif, on ne va pas avancer.
02:57Il faut également parler de ce qui est positif, de ce que la sexualité pourrait être,
03:01devrait être, pour qu'elle soit plus épanouissante pour tout le monde.
03:04Et effectivement, à ce titre, on commence à prendre du recul
03:07par rapport à cette norme, en tout cas dans l'hétérosexualité,
03:11extrêmement phallocentrée, pénétrocentrée.
03:14On va explorer des pratiques, le sexe non pénétratif qui explose.
03:17Et puis, dans ce sens, on est accompagnés par des études médicales.
03:21On a notamment l'étude de Kontoula qui nous montre que les femmes hétéros,
03:25quand elles sont dans un rapport, elles jouissent essentiellement par stimulation externe.
03:29Il n'y en a que 6 %, 6 % qui arrivent à l'orgasme par seule pénétration.
03:34Ce chiffre, il fait mal.
03:36On se dit, OK, donc en fait, on a confondu beaucoup trop longtemps.
03:39Sexualité et reproduction, si l'objectif, c'est vraiment que tout le monde kiffe,
03:43alors on va devoir beaucoup plus communiquer,
03:45s'adapter et trouver des choses qui plaisent à tout le monde.
03:48Il y a beaucoup d'éléments dans l'enquête sur nos pratiques sexuelles,
03:51le nombre de partenaires, la durée de notre vie sexuelle.
03:55Pour les femmes, on avait un peu l'impression que ça s'arrêtait à la ménopause.
03:58Ça aussi, c'est…
03:59Pas du tout !
04:01Ça y est, je n'ai plus d'enfants à la maison, je n'ai plus peur de risque de grossesse.
04:05C'est le début d'une deuxième vie sexuelle réellement.
04:09Et puis aussi, on en a moins honte.
04:10Je pense qu'il y a également une partie qu'on était périmée.
04:14Enfin, il y avait quand même une personne qu'on ne nommera pas
04:17qui a dit qu'après 50 ans, les femmes étaient périmées.
04:20Non, pas du tout.
04:21Je suis désolée, nous ne sommes pas des yaourts, il n'y a pas de péremption.
04:24Au contraire, et je trouve ça formidable,
04:26la parole, elle va de plus en plus se libérer sur les seniors.
04:29Je pense qu'il y en a beaucoup qui nous regardent.
04:31Et j'ai envie de vous dire,
04:32mais sentez-vous libres d'avoir une sexualité, mais solo, partagée.
04:37Et protégez-vous, parce que quand même,
04:38cette étude, elle dit également que les plus de 50 ans,
04:40préservatifs, dépistage, tout ça, vous ne connaissez pas.
04:43Mais je suis désolée, vous êtes exposés comme les autres.
04:46On kiffe, on se protège et voilà.
04:47Vous évoquez les plus de 50 ans.
04:49Est-ce qu'ils font partie de cette communauté
04:50d'800 000 personnes qui vous suivent ?
04:52Est-ce qu'ils lisent aussi ?
04:53Parce qu'on peut se dire qu'après 50 ans,
04:56en tout cas, une fois qu'on a une vie d'adulte,
04:58on est informé sur la sexualité.
05:01Or, et je l'ai découvert en lisant vos livres,
05:04on apprend plein de choses à tous les âges.
05:06Merci.
05:07Eh bien oui, j'ai des personnes de tous âges
05:09qui lisent mes livres, effectivement.
05:10J'ai eu un petit commentaire adorable
05:13d'un couple de 60 ans, de soixantenaire,
05:16qui nous disait, en réalité, on n'a jamais eu cette éducation.
05:19Donc voilà, on a grandi en reproduisant
05:22des schémas normatifs et on a ouvert ce livre
05:25et on s'est dit, waouh, trop cool.
05:27La bonne nouvelle, c'est que trop cool,
05:29il y a tout un continent à explorer,
05:30mais on s'est rendu compte finalement
05:31à quel point c'était nécessaire
05:33et à quel point il n'y avait pas d'âge pour s'éduquer.
05:35Donc voilà, essentiellement quand même,
05:38des jeunes, on va dire entre 18 et 40 ans
05:41qui lisent ce livre,
05:43mais j'ai régulièrement, effectivement,
05:45ou des personnes qui me disent,
05:46alors ma mère a divorcé.
05:48Oui, c'est ça, c'est ça.
05:49Du coup, je lui ai dit,
05:50OK, j'ai un super cadeau pour fêter ton divorce,
05:52c'est ce livre.
05:53Ou alors, il y a mon grand-père à la maison,
05:56il a 71 ans,
05:57et écoute, je l'ai vu feuilleté,
05:59il s'est glissé dans un coin avec ton livre.
06:03Il l'a feuilleté.
06:04Donc c'est génial, je suis trop contente.
06:05Vraiment, il n'y a pas d'âge pour s'éduquer.
06:07Mais je sais qu'il y a des médecins
06:08qui laissent le livre dans la salle d'attente
06:10et qu'il y a beaucoup de découvertes et de lectures.
06:14Donc ces deux livres qui sont pour les enfants
06:16et ces questions qu'ils se posent
06:18sur l'intimité, sur le consentement,
06:19on peut commencer à leur répondre
06:21à partir de 5 ans,
06:23dès qu'ils posent des questions en réalité.
06:24C'est conçu par tranche d'âge,
06:25c'est-à-dire qu'on ne répond pas de la même façon
06:27à un enfant de 5 ans, de 10 ans, de 14 ans.
06:29Voilà.
06:30Et merci, Charline Vermeau,
06:31parce que de parler de sexualité
06:34de manière à la fois sans tabou
06:35mais sans prise de tête non plus,
06:36de manière extrêmement lumineuse et positive.
06:38Merci, Maya. Merci beaucoup.