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00:00Les informés en direct sur France Info jusqu'à 9h30 avec Renaud Dely, bonjour, et bonjour à nos super informés du jour.
00:16Alex Bouillaguet qui présente le 8.30 le vendredi et le week-end, bienvenue.
00:20Bonjour Salia.
00:21Jean-Jérôme Berthelus est à vos côtés, éditeur réaliste politique à France Info Télé, bonjour Jean-Jérôme.
00:25Bonjour Salia.
00:26Et Renaud Dely, on commence tout de suite par une mauvaise nouvelle, les chiffres du chômage qui ont fortement progressé.
00:32Une très forte progression effectivement, une véritable alerte sur le front de l'emploi, rappelons-le, une forte hausse du chômage au quatrième trimestre 2024,
00:40on a connu ces chiffres hier, avec en particulier une hausse de près de 4%, 3,9% des chômeurs de catégorie A, ça fait 117 000 personnes de plus.
00:50La catégorie A, ce sont les chômeurs sans aucune activité, c'est la plus forte remontée du chômage depuis une décennie.
00:58Et les prévisions pour la fin de l'année 2025 sont extrêmement inquiétantes,
01:03beaucoup d'économistes évoquent la perspective de 100 000 destructions d'emploi en 2025 et un taux de chômage qui pourrait remonter jusqu'à 8,5% de la population active à la fin de l'année 2025.
01:14Ce contexte est lié d'une part à un retournement de conjoncture et puis peut-être aussi d'autre part ces mauvais chiffres au contexte politique et à l'instabilité qu'on connaît dans le pays depuis la dissolution.
01:24Voici ce qu'en disait hier sur l'antenne de France Info Benoît Derigny qui est le directeur général de Mondpower, cette entreprise spécialisée dans l'intérim,
01:32l'intérim étant bien sûr un thermomètre particulièrement efficace pour mesurer l'état du marché de l'emploi.
01:39On a bien vu le mécanisme s'accélérer à partir du mois de juillet, certainement l'incertitude politique et les conséquences en fait d'incertitudes économiques.
01:47En gros la réaction c'est de dire en attendant d'y voir clair on est plus prudent sur les investissements et on est plus prudent sur les embauches.
01:54On l'a moins vu sur le troisième trimestre parce qu'il y avait le phénomène des Jeux Olympiques.
01:57Mais depuis effectivement la crise politique, l'incertitude politique semble aggraver la situation sur le front de l'emploi avec des perspectives économiques donc assez négatives,
02:08assez pessimistes d'ici la fin de l'année 2025.
02:11Et est-ce que c'est aussi le bilan d'Emmanuel Macron en la matière qui est en train de s'évaporer, de s'évanouir ?
02:16Rappelons que le chef de l'État avait fixé l'objectif d'un retour au plein emploi à la fin de son second mandat et cet objectif semble désormais inatteignable.
02:25C'était sa fierté là jusqu'à présent ?
02:27Oui c'était vraiment sa fierté, c'était un engagement qui est vraiment enterré.
02:32On ne voit pas effectivement, il me semble que c'est la Banque de France qui parle d'un chômage au-delà de 8% pour 2025.
02:42Et c'est vrai que c'est dommage parce que sur ce terrain-là, sur le bilan économique, Emmanuel Macron jusqu'à présent avait un bilan.
02:50Il ne faut pas oublier que lors du premier mandat il a créé deux millions d'emplois.
02:54Et puis dans les thèmes qui revenaient sur les préoccupations principales des Français, c'est vrai que la peur de perdre son emploi avait totalement disparu.
03:03Elle avait été remplacée par l'immigration voire d'achat.
03:06C'est hallucinant parce qu'on a quand même vécu des décennies avec ça comme une épée de Damoclète au-dessus de la tête des Français.
03:12Et c'est vrai que cet item-là avait complètement disparu.
03:16Et c'est vrai que pour lever les incertitudes, il faut clarifier ce budget parce qu'effectivement c'est ça qui crée de l'instabilité politique et économique.
03:25L'ironie de l'histoire, c'est que c'est quand même en partie la dissolution qui fait qu'aujourd'hui le marché de l'emploi ralentit parce que les entreprises sont frileuses.
03:34Et cette dissolution, c'est Emmanuel Macron qui l'a décidée.
03:37Donc l'artisan a lui-même torpillé finalement son bilan économique.
03:43Et aujourd'hui, on sent que le MEDEF, par exemple, essaie de surfer entre guillemets sur ces mauvais chiffres en disant
03:50« Ouh là là, attendez, il y a un budget en prévision, il ne faut pas entraver les entreprises. Donc faites attention à ce que vous allez inscrire dans ce budget. »
03:57Et puis certains économistes aussi disent « Attendez, il ne faut pas remettre en cause la politique justement qui a été menée par Emmanuel Macron. »
04:05C'est-à-dire en clair une politique pro-entreprise.
04:10La politique pro-entreprise qui nous mène à cette situation.
04:12C'est ce que disait Mathilde Panot, la chef du groupe des Insoumis à l'Assemblée Nationale.
04:17Elle, elle attribue ces mauvais chiffres du chômage à la politique d'Emmanuel Macron.
04:22Elle dit ça à cause de lui.
04:23Elle ne met pas du tout l'instabilité politique dans le jeu, Jean-Jérôme.
04:27Je ne suis pas économiste, je ne pourrais pas dire que la politique de l'offre mise en avant par Emmanuel Macron,
04:36mais qui était aussi un petit peu la politique de François Hollande, l'autre président de la République qui a échoué sur le chômage.
04:42Souvenez-vous, le président socialiste qui...
04:44L'inversion de la courbe.
04:45Voilà, la fameuse inversion de la courbe.
04:47Là, c'est le fameux plein emploi, 5%.
04:51On en est loin puisqu'effectivement, on pourrait finir l'année à 8%.
04:56Je ne sais pas si c'est dû à la politique de l'offre, en tout cas.
04:59Parce qu'en fait, il faut même, je dirais, comment dire, remettre en perspective le bilan d'Emmanuel Macron sur le chômage.
05:06On se souvient que Gabriel Attal vantait, pendant la campagne des législatives anticipées, cette politique de l'emploi qui avait mené ses fruits.
05:14En fait, la France n'a pas fait mieux, ni moins bien, que les autres partenaires européens depuis 2017 sur le chômage.
05:22On était à peu près dans la moyenne, que ce soit en matière de création d'emploi ou que ce soit dans les 2,5 points de baisse du chômage.
05:30Donc, la politique de l'offre, peut-être, mais en fait, la France était aussi portée par une conjoncture qui touchait tous les pays européens.
05:38Maintenant, ce qui est vrai, c'est que, et c'est même stupéfiant, à quel point le bilan d'Emmanuel Macron s'effondre en quelques mois.
05:48Depuis six mois, parce qu'on avait les deux piliers qui étaient le fameux sérieux budgétaire.
05:53C'est-à-dire, quand il y avait un macronisme sur un plateau, celui-là, il disait toujours, on est dans le sérieux budgétaire.
06:02Résultat, les comptes sont dans le rouge, on est le pire pays européen.
06:06Et maintenant, le chômage.
06:08Donc, effectivement, en six mois, on va dire, Macron a été effacé.
06:14Et effectivement, ces deux politiques ont été effacées.
06:18Et maintenant, les Français sont légitimement dans l'inquiétude de ce qui les attend.
06:23Effectivement, tous les chefs d'entreprise et tous les représentants du monde patronal, des PME, etc.
06:30soulignent le fait que l'incertitude politique a gelé les investissements, les prévisions, très clairement.
06:36Et que nombre d'entre eux attendent d'y voir plus clair avant de lancer des investissements, éventuellement de réembaucher, etc.
06:42Donc, l'effet calamiteux de la dissolution sur le contexte économique en France est indéniable, incontournable.
06:48Et ça semble accélérer, effectivement, un renversement de tendance.
06:53La politique de l'offre, très clairement, sur le marché de l'emploi, elle a fonctionné.
06:57C'est difficile, on ne peut pas nier l'évolution des chiffres.
07:00Effectivement, elle n'a pas du tout été mise en place par Emmanuel Macron, d'ailleurs.
07:03Elle a été mise en place par François Hollande.
07:05Et elle a été accélérée, intensifiée par Emmanuel Macron.
07:08Mais c'est dans le droit fil de François Hollande qui, effectivement, a échoué au regard de son ambition initiale.
07:13Sauf que la fameuse inversion de la courbe du chômage, elle s'est produite, mais en toute fin de mandat.
07:17C'était trop tard pour lui, pour finalement essayer de concrétiser sa candidature à la présidentielle.
07:25Mais c'est effectivement lui qui avait enclenché le mouvement, avec le pacte de compétitivité, avec un certain nombre d'allègements de charges.
07:30Ça a commencé à produire ses effets à la fin du mandat de François Hollande.
07:33Et ça s'est accéléré avec un certain nombre de mesures qu'a ajoutées, effectivement, Emmanuel Macron.
07:37Pendant 5, 6, presque 7 ans.
07:41Avec aussi l'impact du fameux quoi qu'il en coûte, qui a largement contribué à ce que beaucoup d'emplois soient créés à la sortie du Covid.
07:49En fait, à la sortie de la période du Covid, on a plus d'un million d'emplois créés entre 2020 et 2024.
07:54Ce qui illustre, justement, le fait que l'investissement public massif, le secours de l'Etat a été efficace, de ce point de vue-là, sur le marché de l'emploi.
08:04Mais dans le même temps, on a vu à quel point il a dégradé, effectivement, les finances publiques, qui sont aujourd'hui dans un état calamiteux.
08:09Et on mesure, au regard de cette inversion spectaculaire de tendance, à quel point la dissolution, effectivement, a quasiment dissous le propre bilan d'Emmanuel Macron.
08:21Il faut rappeler aussi qu'en matière de politique de l'offre, ce qui illustrait aussi la réussite, c'était l'attractivité du territoire.
08:27La France avait beaucoup progressé en matière d'attractivité et d'investissement étranger.
08:32La France ayant été, pendant plusieurs années consécutives, le pays d'Europe qui a attiré le plus d'investissement étranger.
08:39Là aussi, la conjoncture est en train de se renverser.
08:42Oui, il y a vraiment un temps de pause, tout est en suspension.
08:45Et c'est vrai que ça se lit notamment sur les embauches.
08:47Il y a eu 400 000 embauches en moins en 2024 qu'en 2023.
08:51Donc, il y a eu effectivement aussi la fin des aides au Covid qui a précipité.
08:57Il est prégaranti par l'État qu'il faut rembourser.
08:59Effectivement, il y avait déjà des entreprises qui étaient fragiles.
09:01Elles étaient en mort cérébrale clinique, mais pas encore tout à fait morte.
09:06Et là, effectivement, après l'arrêt des aides, ça s'est terminé.
09:10Donc, toute l'équation un peu compliquée de François Bayrou sur ce budget pour rebooster tout ça,
09:16ça va être de dire à la fois que je vais réduire les déficits,
09:20et en même temps, je vais éviter des mesures qui conduisent à augmenter le coût du travail
09:25ou à justement faire fuir les investissements.
09:27Et c'est là où, effectivement, on va voir la ligne de crête.
09:31C'est une formule un peu entendue mille fois, mais c'est vrai que c'est une ligne de crête qui n'est pas évidente.
09:37Essayez de trouver l'équilibre.
09:38On continue dans un instant la discussion.
09:40Mais d'abord, un passage par le fil info à 9h15 de Maurice Finiard.
09:44Le ministre de l'Intérieur dit vouloir créer un état-major contre la criminalité organisée.
09:49Et cela dans les prochaines semaines.
09:51Bruno Retailleau s'exprime alors qu'une proposition de loi transpartisane
09:54pour lutter contre le narcotrafic est examinée à partir d'aujourd'hui au Sénat.
09:58Elle prévoit notamment la création d'un parquet national spécialisé.
10:01Les discussions autour du budget 2025 se poursuivent.
10:04Députés et sénateurs se retrouvent jeudi pour tenter de trouver un accord.
10:07Le Premier ministre tente de convaincre le parti socialiste de voter le budget et pas la censure.
10:12Si le PS ne vote pas la censure, ce sera un changement d'alliance,
10:16prévient sur France Info la patronne des députés insoumis.
10:19Ce sont désormais trois départements qui sont en vigilance rouge au cru.
10:22La Loire-Atlantique, le Morbihan et l'Île-et-Vilaine.
10:25L'agglomération rennais surveillée de près, tout comme le secteur de Redon où l'eau continue de monter.
10:30Il avait annoncé, il vient de signer un décret en ce sens.
10:33Donald Trump interdit les personnes transgenres dans l'armée.
10:36Le président américain avait déjà pris un autre décret supprimant les politiques de recrutement,
10:41encourageant la diversité dans l'armée.
10:43Et puis le ministre des Affaires étrangères vient d'annoncer que Boilem Sansal est sorti de l'hôpital,
10:48mais reste en prison.
10:50L'écrivain franco-algérien critique du pouvoir est incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie.
10:57France Info
11:00Les informés, Renaud Delis, Salia Brakia
11:06Les informés de retour avec Alix Bouillaguet qui présente le 8-30 le vendredi et le samedi et le dimanche,
11:12avec Jean-Jérôme Bertholus, aussi éditorialiste politique à France Info TV, et Renaud Delis.
11:16On va parler maintenant du budget, parce qu'il y a des négociations.
11:19Les négociations effectivement, Salia, qui continuent jusqu'au bout,
11:22et notamment jusqu'à la réunion de la commission mixte paritaire décisive, ce sera jeudi.
11:27Sept députés, sept sénateurs réunis pour essayer d'accoucher d'un compromis sur le budget,
11:31des négociations entre le gouvernement, le Premier ministre François Bayrou,
11:35son ministre de l'économie Éric Lombard, et puis les socialistes en particulier,
11:39qui sont les interlocuteurs privilégiés du gouvernement François Bayrou,
11:43essayant d'accoucher d'un compromis avec les socialistes,
11:46afin d'éviter que le PS ne vote la motion de censure que déposeront les insoumis
11:50si jamais François Bayrou, comme c'est très probable, enclenche l'article 49.3
11:54pour faire adopter le projet de loi de finances.
11:56Hier soir, François Bayrou s'est voulu rassurant à l'endroit des socialistes.
11:59Justement, chez nos confrères de LCI, il a repris un certain nombre d'engagements
12:03qui peuvent donc les satisfaire.
12:06En l'occurrence, le maintien des 4 000 postes d'enseignants
12:12que Michel Barnier avait envisagé de supprimer dans son propre projet de budget.
12:16Il a écarté l'hypothèse de rajouter 7 heures de travail non rémunérées
12:21avancées par un certain nombre de parlementaires,
12:24en disant que tout travail mérite salaire, évidemment,
12:27et donc que cette piste-là ne peut être retenue.
12:29Il a aussi écarté l'hypothèse de nouveaux impôts pesants sur les ménages.
12:34Est-ce que cela peut suffire à convaincre les socialistes de ne pas voter la censure ?
12:37Et qu'est-ce qui se passerait d'ailleurs s'ils ne le faisaient pas, s'ils ne votaient pas la censure ?
12:41Voici l'avertissement que posait ici même, sur ce plateau, il y a quelques minutes,
12:46Mathilde Panot, la présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée nationale.
12:50Heure de vérité va arriver assez vite.
12:52Vous aurez d'un côté tous ceux qui ne votent pas la motion de censure,
12:56qui seront de fait dans un soutien sans participation à ce gouvernement.
12:59Le parti socialiste, en tout cas une partie, puisque je veux quand même saluer
13:02les huit députés socialistes qui sont restés fidèles à la parole qui a été donnée
13:06aux électeurs et aux électrices, qui devront choisir l'alliance qu'ils continuent de faire.
13:11Et s'ils ne votent pas la censure, ce sera un changement d'alliance
13:14et ils décideront d'une alliance de fait avec les macronistes.
13:17Alors, huit députés socialistes sur 66 n'avaient voté la censure,
13:21la précédente censure, la précédente motion déposée par les Insoumis
13:24après le discours de politique générale de François Bayrou.
13:26C'est à cela que faisait allusion Mathilde Panot.
13:28Est-ce que si les socialistes ne votent pas la censure,
13:30ce serait effectivement un changement d'alliance ?
13:33Rappelons qu'ils le disent, ils le répètent, ils demeurent dans l'opposition
13:36et ils cherchent simplement un compromis, ils cherchent, disent-ils,
13:39à arracher des concessions positives et significatives en faveur des Français.
13:43Donc, est-ce qu'ils sont condamnés à voter la censure ?
13:47Et puis d'ailleurs, la motion de censure et la chute éventuelle du gouvernement Bayrou,
13:50ça servirait à quoi ?
13:51Jean-Jérôme Berthelus, d'abord sur le coup de pression,
13:53est-ce qu'il peut marcher le coup de pression des Insoumis sur les socialistes ?
13:57En tout cas, ce qui est sûr, c'est que si les socialistes ne votent pas la censure,
14:03j'ai envie de dire que ce sera les trois coups des municipales, je m'explique.
14:08C'est-à-dire que dès ce moment-là, effectivement,
14:11les Insoumis vont poster dans les grandes villes socialistes,
14:17je dis socialistes parce qu'on verra un peu la situation des écologistes,
14:23mais dans les grandes villes socialistes, et je pense à Montpellier, je pense à Marseille,
14:28posteront effectivement des candidats potentiels.
14:32Pas forcément pour gagner.
14:35Pour gêner, au moins.
14:37Pour à la fois s'implanter et surtout faire chuter le parti socialiste.
14:42Aujourd'hui, si effectivement les socialistes ne votent pas la motion de censure,
14:47ce sera un peu une lutte à mort au sein du Nouveau Fonds Populaire.
14:50Donc ce n'est pas seulement pour emporter ces villes,
14:53c'est pour affaiblir le parti socialiste.
14:56Maintenant, ce qui est vrai, c'est que le parti socialiste doit avoir des victoires.
15:01Mathilde Panot a fait des comptes d'apothicaire chez vous.
15:06Elle dit sur les 23 promesses.
15:09Il y en a 8 qui étaient déjà prévues par le gouvernement Barnier,
15:12et il y en avait 13 qui ne sont pas en fait des concessions,
15:15puisque c'était au niveau des parlementaires que ça s'est décidé.
15:18Et en même temps, on ne sait pas très bien ce qui, de chez Barnier,
15:21n'aurait pas pu être repris par François Bayrou.
15:23Enfin, un budget, c'est un rapport de force.
15:25Mais au-delà de ça, ce qui est vrai, c'est que François Bayrou,
15:28hier soir, n'a pas beaucoup aidé le parti socialiste.
15:31Parce que c'est vrai qu'il y a des négociations entre les Etats-Unis.
15:34Mais en même temps, on va dire, adopter les mots de la droite,
15:39en particulier sur l'immigration,
15:41après que Bruno Roteio ait considérablement durci une circulaire,
15:45en indiquant que l'immigration était le principal problème de la France
15:49depuis 50 ans, hier, le Premier ministre parlant de submersion.
15:53Alors, pour les socialistes, ça devient vraiment compliqué
15:57de soutenir un gouvernement qui, au moins politiquement, penche à droite.
16:02Alix, à côté, n'est pas trop d'accord avec ce que vous dites.
16:04Non, je ne suis pas d'accord, parce que François Bayrou, d'une part,
16:06sur le fait, le coup de barre à droite, hier soir,
16:09oui, il a parlé de submersion.
16:11À droite, il y a l'extrême droite aussi.
16:12Submersion migratoire, c'est raisonnable.
16:14Oui, mais enfin, il en a donné à tout le monde.
16:16Il a dit que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon étaient formidables,
16:19que tout le monde avait le droit de s'exprimer.
16:21Et donc, il a donné des signaux à la droite,
16:23il a donné des signaux à la gauche.
16:24Il ne faut pas oublier que dans la CMP,
16:26les Républicains vont avoir...
16:28Oui, la commission mixte paritaire de jeudi.
16:30Les Républicains ont un rôle clé,
16:32donc il ne fallait pas les oublier.
16:34Je pense qu'il a manœuvré stratégiquement comme il fallait.
16:38Et contrairement à Jean-Jérôme,
16:42je pense que le PS va tenir.
16:45Le PS va tenir d'abord, c'est-à-dire voter contre ce budget,
16:48mais ne voteront pas la censure d'abord,
16:50parce qu'ils ont quand même l'assurance, par Emmanuel Macron,
16:53qu'il n'y aura pas de dissolution.
16:54Ça veut dire que dans un court terme,
16:56il n'y aura pas des législatives avant les présidentielles.
17:00Ça veut dire qu'ils n'ont pas besoin d'accords électoraux
17:02avec la France insoumise.
17:04Pourquoi ?
17:05La deuxième raison, c'est pourquoi est-ce qu'on entend
17:07le gouvernement chiffrer absolument le coût de la censure ?
17:11Alors, c'est vrai qu'on avait l'enveloppe de 12 milliards,
17:13aujourd'hui on dit 100 millions par jour.
17:15Ce n'est pas innocent.
17:16Ils sont en train de dire quoi ?
17:18Eh bien qu'il y aura le coût de la stabilité.
17:20Et donc, ce coût de la stabilité versus le coût de la censure
17:23ce seront le coût, le prix donné aux concessions faites aux socialistes.
17:28Troisième raison, l'opinion publique.
17:31Dans le dernier sondage Odoxa, 64% des Français veulent que la gauche
17:35puisse établir un...
17:39Travailler avec.
17:40Travailler avec François Bayrou.
17:41Et enfin, le dernier point, c'est l'EPS, comme François Bayrou,
17:44a besoin de stabilité.
17:45Les présidentielles anticipées, tout ça.
17:47Ils ne sont pas prêts, ils n'ont pas de candidats,
17:49donc ils sont sur un temps long.
17:51Un petit mot.
17:52Je ne disais pas du tout que le PS allait voter la motion de censure à l'Aix.
17:56Je disais simplement qu'effectivement,
17:59plus la phraséologie de François Bayrou et de certains ministres penche à droite,
18:04voire à l'extrême droite,
18:06plus les reconquêtes économiques et sociales du PS doivent être emblématiques.
18:11C'est ça.
18:12Il y a un choix à faire en fait.
18:13Ce que disait Mathilde Panoy,
18:14elle disait mais je ne comprends pas comment les socialistes
18:16peuvent continuer à dealer avec ce gouvernement
18:18quand il y a Bruno Retailleau à l'intérieur
18:20qui parle de français de papier,
18:22qui parle de...
18:23Elle pointe là où ça fait mal, bien sûr.
18:25Elle dit comment on peut assumer les deux.
18:27Donc du coup, il faut qu'Olivier Faure, au soir de la non-censure,
18:30puisse vraiment afficher des victoires économiques et sociales claires.
18:33Pour qu'elles soient importantes.
18:34Ça brouille la perception.
18:35L'utilisation des mots en question que vous évoquez,
18:37notamment l'hypothèse, la menace d'une submersion migratoire.
18:40François Bayrou a pas dit que la France était victime de submersion migratoire,
18:45mais il a utilisé l'expression en disant on en approche,
18:47tout en disant que lui il était favorable à l'immigration
18:50et que c'était une question de proportion.
18:51Pour prendre ses distances avec Bruno Retailleau
18:54qui avait dit lui qu'il ne reprenait pas la formule
18:56l'immigration est une chance pour la France.
18:58Mais il faut distinguer deux choses.
18:59Il faut distinguer les mots et les mesures, me semble-t-il.
19:02Les mots agités par François Bayrou ou par Bruno Retailleau
19:05peuvent effectivement gêner la perception
19:08des concessions obtenues par les socialistes
19:10et les insoumis se dépêchent d'appuyer là-dessus.
19:13Mais dans les fefs, il faut se souvenir d'où on vient,
19:15sous le gouvernement de Michel Barnier,
19:16il y avait l'annonce d'une grande loi d'immigration
19:18qui était incontournable et qui était une condition
19:20au maintien de Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur.
19:23Il en faisait une condition sine qua non.
19:25Elle a disparu cette loi.
19:26François Bayrou n'a pas repris à son compte
19:28l'engagement d'une grande loi sur l'immigration.
19:30Et c'est bien ce qui pose problème aussi au Rassemblement National,
19:33c'est que la stratégie de communication de Bruno Retailleau
19:35elle fonctionne, dans l'opinion, de toute évidence.
19:37Aujourd'hui on voit la code de popularité du ministre de l'Intérieur qui s'envole.
19:41Elle est d'abord basée sur des symboles,
19:43sur des mots qui peuvent être agressifs ou perçus comme tels,
19:46mais qui jouent un peu le rôle de la muletta dans les corridors.
19:51C'est-à-dire que ça fonctionne vis-à-vis de la gauche,
19:52une partie de la gauche s'indigne.
19:54Ça fonctionne, et ça, ça inquiète beaucoup plus le RN
19:56vis-à-vis des électeurs, le péniste,
19:58qui sont peu à peu séduits par Bruno Retailleau
20:00qui commence à siphonner le RN.
20:02Mais dans les faits et dans le contenu des politiques,
20:05si on regarde, Retailleau, version Bayrou,
20:09il a reculé par rapport à Retailleau, version Barnier.
20:12Encore une fois, cette grande loi d'immigration
20:14qui était incontournable et qui devait absolument être adoptée,
20:17aujourd'hui on n'en entend plus parler.
20:19Mais Jean-Jérôme, il a parlé de la circulaire, par exemple.
20:21Mais la circulaire, la circulaire,
20:23aujourd'hui, ce qui est rigolo, c'est que ceux qui s'indignent,
20:25si j'ose dire rigolo, c'est pas le mot,
20:27mais ce qui est étonnant, on va dire,
20:28c'est que ceux qui s'indignent de la circulaire Retailleau
20:31qui durcit les conditions de régularisation
20:33par rapport à la circulaire Valls,
20:35semblent regretter la circulaire Valls
20:37qui se jugeait eux-mêmes absolument innommable
20:39et totalement inhumaine,
20:41tellement les critères qu'elle posait étaient, à leurs yeux, insupportables.
20:45Donc, en l'occurrence, je pense que là aussi,
20:48et puis le dernier point, c'est qu'il faut regarder,
20:50effectivement, encore une fois, l'opinion.
20:52C'est-à-dire que si c'est une discussion juste entre partis de gauche,
20:55j'ai peur que ça soit un peu en décalé
20:57par rapport à un certain nombre d'attentes de l'opinion.
21:00Et je pense qu'il faut distinguer, encore une fois,
21:02les mots et le contenu des politiques.
21:04Je suis absolument d'accord avec Renaud Delis,
21:06c'est-à-dire que Bruno Retailleau, plus il parle d'immigration,
21:09moins il agit, en quelque sorte.
21:11Mais la politique, c'est aussi des mots.
21:13C'est important.
21:14Une circulaire, là où, effectivement, Renaud Delis a tout à fait raison,
21:17ce n'est pas du tout une loi.
21:18C'est juste à titre indicatif.
21:20Mais il l'a bien vendue.
21:21C'est-à-dire que c'était partout, on en a débattu.
21:23Les préfets doivent suivre ce qu'il a dit.
21:25Oui, mais les préfets, quand même, sont souverains à la fin.
21:29Mais il n'y a pas de loi.
21:30Il n'y a pas, pour l'instant, de réforme de l'aide médicale d'État.
21:33Donc, on a, effectivement, la partie droite du gouvernement
21:37qui parle beaucoup,
21:39et les socialistes qui, eux, négocient dans les couloirs du Bélge.
21:42Oui, et d'ailleurs, on a entendu Patrick Cannaire,
21:44le patron des sénateurs,
21:45il dit « Ok, le comtier pas, mais enfin, je ne sais plus quelle est son expression. »
21:48On sent que c'est quand même bien dans les tuyaux.
21:50L'enjeu, il porte sur une vingtaine.
21:52Huit, effectivement, socialistes ont voté la censure.
21:57Ça porte sur une vingtaine.
21:59Mais moi, quand j'entends Bayrou, hier soir, parler,
22:02la concertation sur les retraites,
22:04on sent qu'il pourrait, quand même, y avoir des choses.
22:06Sur les postes à l'éducation nationale,
22:10sur les coupes dans le sport,
22:12sur les huit heures gratuites, tout travail mérite salaire.
22:14J'entends, quand même, tous ces signaux accumulés
22:16qui feront que, sans doute,
22:19les socialistes pourront se prévaloir d'avoir les fameux trophées dont ils ont besoin.
22:23Eh bien, on va bientôt voir ça.
22:25On va bientôt découvrir leur choix.
22:26Merci beaucoup à tous les trois, Alix Bouyaguet.
22:27On vous retrouve pour l'8.30, France Info,
22:29le vendredi et les week-ends, aux côtés d'Adrien Beck.
22:31Merci Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info TV.
22:34Renaud, nous, on se retrouve demain.
22:36Avec grand plaisir.
22:37Les informer du soir, c'est à 20h, avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.