Avec Didier Daclin, président de Fransylva 57 (Moselle), la Fédération des Syndicats de Forestiers Privés de France
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Nous partons pour La Moselle avec Didier Daclin qui est président de France Silva 57, La Moselle,
00:09la fédération des syndicats de forestiers privés de France. Didier Daclin, bonjour.
00:14Oui, bonjour M. Bourdin.
00:16Merci vraiment d'être avec nous. Les vols d'arbres dans les forêts privées se multiplient.
00:21J'ai été très surpris quand j'ai vu cette information.
00:24Et puis, quand je me suis penché sur le sujet, j'ai un peu compris.
00:29Vous allez nous expliquer comment ça se passe.
00:31D'abord, il y a les escroqueries, l'abus des personnes âgées, c'est-à-dire ?
00:37C'est-à-dire qu'on peut définir les types de vols en trois types.
00:41L'escroquerie, il s'agit en règle générale de personnes âgées, enfin d'un certain âge, on va dire,
00:46qui sont propriétaires de petites parcelles de forêt, qui sont contactées par des exploitants forestiers
00:52qui sont spécialisés dans ce genre d'opérations et qui vont faire une offre d'achat à ces propriétaires
00:57et qui ensuite vont les harceler jusqu'à ce qu'ils signent le contrat de vente.
01:02Ces ventes se font en règle générale, on va dire, au tiers de la valeur réelle du peuplement.
01:07— Bon, ça, c'est une première escroquerie. Deuxième, le vol par dépassement de limite, c'est-à-dire ?
01:14— Alors une fois que ces personnes ont pu acheter une parcelle à l'intérieur d'un massif forestier,
01:20ils vont l'exploiter. Et au cours de l'exploitation, c'est le dernier exemple qu'on a eu en fait sur Thionville
01:26il n'y a pas très longtemps, ils vont dépasser les limites de cette parcelle sur tous les côtés.
01:30Et ils vont prélever un arbre, deux arbres, trois arbres...
01:33— Chez le voisin. — ...sur chaque propriétaire. Chez le voisin.
01:36Et en fait, tout ça, ça va très très vite faire un camion de bois, donc très très vite une certaine somme d'argent.
01:42Et c'est quasiment indétectable.
01:44— Et puis il y a aussi la coupe rase.
01:47— Alors la coupe rase, là, on s'adresse en règle générale à des professionnels
01:53qui sont beaucoup mieux organisés et structurés, puisqu'il faut à la base découvrir les peuplements
01:59qui sont intéressants à couper à blanc.
02:02Il faut ensuite rechercher, voir si les propriétaires habitent sur place ou sont toujours vivants.
02:08Et à partir du moment où on est à peu près sûr d'agir en toute impunité,
02:12cette tête de réseau va vendre les coordonnées de ces parcelles à des petites mains, on va dire,
02:17qui sont sur le terrain et qui vont exploiter ces forêts qui ne leur appartiennent pas.
02:22Voilà. On va couper les arbres qui n'appartiennent pas à ceux qui les coupent, tout simplement.
02:27— C'est tout à fait ça.
02:29— Alors il faut être très organisé. Dites-moi, ces voleurs sont très organisés.
02:33— Alors la tête de réseau est très organisée d'un point de vue technique, pour détecter ces parcelles.
02:39Il y a une première reconnaissance, j'imagine, sur le terrain pour détecter ces parcelles.
02:43Et ensuite, c'est ce que je veux dire, on a tout un réseau derrière de petits exploitants
02:48qui, eux, ne cherchent pas à comprendre beaucoup plus que ça, qui vont acheter une parcelle
02:53sans savoir si elle appartient réellement à la personne qui la vend.
02:58Et ils vont agir en toute... Comment dire ? Pour eux, c'est tout à fait normal.
03:02Il n'y a pas de souci là-dessus, quoi.
03:04— Oui. Et ce qui se passe en Moselle est vrai dans le Jura, en Loire-Atlantique, dans l'Hérault, partout en France.
03:09Les forêts sont régulièrement victimes de coupes sauvages.
03:12Quelles sont les essences qui sont les plus recherchées ?
03:16— Alors l'essence la plus recherchée reste le chêne, parce que c'est l'essence qui a le plus de valeur commerciale aujourd'hui.
03:23C'est l'essence sur laquelle il y a le plus de pression en termes de demande.
03:27Et c'est une essence qui a connu des heures de gloire au grand export.
03:32Et en fait, ce grand export favorise...
03:36Une fois que les bois sont exploités et chargés sur des camions et qu'ils partent sur des portes conteneurs,
03:42ils sortent des écrans radars. Il n'y a plus de traçabilité.
03:45Donc ils ne partent pas tous au grand export. On est bien d'accord là-dessus.
03:49Mais ça a favorisé cette explosion de coupes sauvages.
03:54— Combien est vendu un chêne entier qui a été coupé ?
03:59— Alors un chêne, c'est très compliqué. Le chêne, justement, a une valeur qui est très large.
04:05On va partir de 200 € du mètre cube. On va aller jusqu'à 1 000 € du mètre cube.
04:10Bon, en gros, un arbre, ça vaut entre 400 et 1 000 €. Allez, on va pas...
04:14— Entre 400 et 1 000 €, l'arbre. — Voilà.
04:17— Mais qui est derrière ces vols ? Est-ce qu'on sait ? Il y a... Est-ce qu'on sait ?
04:22Ce sont des gros réseaux organisés ?
04:26— Ces vols, pour le moment, on n'est pas franchement certains qu'il y ait de gros réseaux organisés derrière.
04:32Mais on est certains que ce sont des réseaux organisés. Enfin je sais pas si la nuance est bien...
04:36— Oui. Je comprends. Je comprends, oui.
04:39— On a des acteurs en forêt qui ont découvert en fait que c'était quelque chose de facile à réaliser,
04:46d'aller couper des arbres chez les voisins ou chez des personnes qui n'étaient pas au courant
04:51de leur propriété ou de la situation géographique de leur propriété.
04:55Et à partir du moment où cette coupe a eu lieu, je veux dire, on a l'impression...
05:00C'est même pas une impression. C'est que ces gens interviennent en toute impunité.
05:04C'est très difficile. — Que représente la forêt privée en France, Didier Daclas ?
05:08— Alors la forêt privée en France, c'est 75% de la forêt dans sa globalité. C'est 3 500 000 propriétaires,
05:17dont 2 millions qui ont moins de 1 hectare. Pardon, excusez-moi.
05:22— C'est-à-dire 3 500 000 propriétaires, vous dites ?
05:26— C'est ça, dont 2 millions qui possèdent moins de 1 hectare de forêt. Donc une forêt privée très morcelée.
05:33— Eh oui, eh oui. On a 1 hectare de forêt. Parfois, il y a beaucoup de familles qui ne savent même pas
05:38qu'elles sont propriétaires d'un hectare de forêt.
05:41— Ça fait partie du problème. Mais le vrai problème aujourd'hui pour nous, c'est que la justice prenne en main
05:46réellement ces affaires, et qu'il y ait de vraies sanctions et de vraies enquêtes. Aujourd'hui, je le répète,
05:53ces gens agissent en toute impunité. Et France Inva, donc la fédération nationale, appelle à la création d'une cellule nationale
06:00qui puisse centraliser toutes ces affaires de façon à ce qu'on puisse vraiment prendre la mesure de ces larcins, de ces vols.
06:08Aujourd'hui, ça se fait sous le manteau. On n'est au courant de rien.
06:12— Merci beaucoup, Didier Daclin. Merci. Je tenais absolument à mettre cela en exergue.
06:18D'abord, ça nous a étonnés quand on a vu ce sujet. Puis ça mérite d'être écouté, entendu.
06:25Merci, Didier Daclin. Merci, 7h18. Vous êtes sur Sud Radio. Allez. Laurie Leclerc, le rappel des titres de l'actualité.