En France, le gouvernement Bayrou veut faire des économies sur le budget du sport ! De Teddy Riner à Marie-José Perec en passant Léon Marchand, les athlètes tricolores se mobilisent soutenus par... le président de la République en personne.
Donald Trump en rockstar au milieu du Capital one Arena entame un deuxième mandat à grand coup de décrets. Coté sport, le nouveau président américain annonce déjà la couleur. Attaque contre les athlètes transgenres, ambition pour les prochains jeux à quoi ressembleront les JO de Los Angeles 2028 et la Coupe du monde de foot à la sauce Trump ?
Voici quelques-uns des thèmes abordés dans ce nouveau numéro de Sport Etc. sur Public Sénat. Année de Production :
Donald Trump en rockstar au milieu du Capital one Arena entame un deuxième mandat à grand coup de décrets. Coté sport, le nouveau président américain annonce déjà la couleur. Attaque contre les athlètes transgenres, ambition pour les prochains jeux à quoi ressembleront les JO de Los Angeles 2028 et la Coupe du monde de foot à la sauce Trump ?
Voici quelques-uns des thèmes abordés dans ce nouveau numéro de Sport Etc. sur Public Sénat. Année de Production :
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00:00Retrouvez Sport Etc. avec l'Agence Nationale du Sport.
00:07Générique
00:15Bonjour à tous et bienvenue dans votre heure de sport et de débats musclés sur Public Sénat.
00:20Tout de suite, le sommaire de ce nouveau numéro.
00:23Pendant le second mandat de Donald Trump, les États-Unis accueilleront les deux plus grands événements de sport au monde.
00:29À quoi ressembleront ces compétitions sous l'air Trump ?
00:32Quels sont les rapports du président américain avec le monde du sport ?
00:37En France, le budget du sport pourrait être amputé d'un tiers dans le nouveau projet de loi de finances.
00:41Mais les athlètes se mobilisent.
00:43Comment faire vivre l'héritage des Jeux dans une période d'austérité budgétaire ?
00:47Les sénateurs ont leur petite idée.
00:51La loi Héritage des Jeux devait comporter un volet sur les violences faites aux femmes et aux enfants dans le sport.
00:57En attendant cet hypothétique texte, nous reviendrons avec Angélique Cauchy,
01:01ancienne espoir du tennis français, sur son éprouvant parcours.
01:09Pour m'accompagner sur les terrains aujourd'hui, Béatrice Gosselin,
01:12vous êtes sénatrice Les Républicains de la Manche.
01:14Bonjour.
01:15Vous êtes également membre de la commission culture dont dépend le sport.
01:19Tout à fait.
01:21Angélique Cauchy, vous êtes ancienne espoir de tennis.
01:24Vous avez publié l'an dernier « Si un jour quelqu'un te fait du mal » aux éditions Stock.
01:30Ce livre revient sur votre calvaire,
01:33les viols que vous avez subis pendant plusieurs années de la part de votre entraîneur.
01:37Merci d'être avec nous sur ce plateau.
01:38Bonjour.
01:40Rachel Pretty, vous êtes grand reporter au journal L'Équipe, notre partenaire.
01:44Bonjour.
01:45Et Laetitia Bernard, vous êtes journaliste à Radio France
01:48et quintuple championne de France de saut d'obstacle paraéquestre.
01:52Bonjour.
01:53Bonjour.
01:54Alors, vous n'y avez sans doute pas échappé cette semaine.
01:57C'était le retour de la superstar Victor Wembanyama en France.
02:01Il était là avec son équipe, les Spurs, de San Antonio à l'occasion de deux matchs de NBA
02:06qui sont délocalisés à Paris, deux matchs contre les Indiana Pacers.
02:10Les places pour ces deux matchs se sont vendues en une heure.
02:14C'est la folie NBA.
02:16Jamais elle n'avait attiré un public aussi large.
02:20Comment vous voyez, Béatrice Gosselin, cet enthousiasme autour de cette ligue américaine ?
02:26L'enthousiasme pour le sport, je le comprends tout à fait, sans aucun problème.
02:30L'enthousiasme pour cette grosse machinerie de l'NBA,
02:34c'est un peu plus compliqué à comprendre dans notre Europe un peu plus ancienne
02:38et qui n'est pas habituée à ces grandes manifestations
02:43extras, voire nationales, voire internationales.
02:47Rachel Pretty, il y a un regain d'intérêt pour l'NBA.
02:51Il y a quelque chose qui se passe parce qu'on l'a vu,
02:54ce n'est pas la première année que l'NBA vient à Paris.
02:56Non, là, c'est sûr qu'avec Wenby, comme on l'appelle...
02:59Ça sera plus simple que Wembanyama.
03:01Il y a beaucoup d'intérêt.
03:03Il y avait déjà avec tous les Français, puisqu'il y a beaucoup de Français qui jouent en NBA.
03:06On l'a vu pendant les Jeux, c'était la folie.
03:08Et donc là, qu'ils reviennent à Paris, c'est vraiment un grand événement.
03:13Et on le voit, en fait, sur les réseaux, on voit l'engouement des jeunes.
03:19Et comme vous disiez, les places sont chères et sont toutes prises.
03:24Laetitia Bernard, qu'est-ce qu'ils viennent chercher chez nous, les Américains ?
03:29Alors, les Américains, peut-être tout simplement encore plus de public,
03:33encore plus de succès.
03:34Ils savent aussi que ça fait rêver le public français,
03:36donc j'imagine que c'est toujours stimulant.
03:39Et c'est vrai qu'ils ont ce côté...
03:41Il y a le show, vraiment le spectacle,
03:44quelque chose d'un peu surdimensionné qu'on a moins en France.
03:47Et là, je pense que c'est ça que le public français vient chercher.
03:51C'est pour ça que le public français est heureux d'avoir cette opportunité
03:55d'assister à de l'NBA en France.
03:57Est-ce que c'est aussi une façon d'agrandir la zone de recrutement pour l'NBA ?
04:04Parce que l'NBA aujourd'hui est mondiale.
04:05Ils viennent chercher nos joueurs aussi ?
04:07Je crois, oui, je crois qu'ils repèrent toujours de très bons joueurs,
04:10parce qu'en général, les Français sont très bien formés.
04:14Et je crois qu'au-delà de Wembley,
04:18il y en a d'autres qui sont arrivés, qui ont performé aussi.
04:21Et je pense que c'est ça que voient les Américains.
04:25Mais en contrepartie, je crois que les Français,
04:26quand il y a ce genre de match en France,
04:27sont contents de voir nos Français réussir à cette échelle-là,
04:31sur cette dimension un peu spectaculaire de ces matchs américains.
04:36Mais justement, sur le côté spectaculaire, Rachel Pretty,
04:38on a l'impression que le Paris Basket fait un petit peu ça dans les avant-matchs,
04:43essaye de faire vivre les gros matchs à l'américaine.
04:46Est-ce que c'est quelque chose qui manque au basket français ?
04:49Alors, qui manque, qui devrait peut-être être un peu, j'allais dire, amélioré, un peu amplifié.
04:55C'est vrai pour ce qui est le spectacle, pour ce qui est des shows,
04:58pour ce qui est une mise en scène que les Américains, en fait, maîtrisent très, très bien.
05:03Angélique Cauchy, quand vous voyez la folie autour de Victor Wembanyama,
05:08ça rappelle un petit peu Kylian Mbappé.
05:11Ça fait du bien que ce soit un grand athlète français hors foot,
05:14qu'il soit le chouchou des jeunes, comme ça ?
05:17Je crois que de toute façon, la mixité et le fait que ça soit pluriel,
05:22c'est toujours une bonne chose et qu'il y ait d'autres sports qui soient mis en lumière,
05:27d'autres personnalités, d'autres profils.
05:29Et je trouve ça bien aussi que, finalement, la NBA vienne en France,
05:33parce que tous les Français n'ont pas la chance de pouvoir aller aux États-Unis.
05:36Donc, voilà, pour l'aspect culturel,
05:38c'est quand même une bonne chose de pouvoir apporter ça au peuple français.
05:41Alors, on va se déplacer, nous, maintenant, aux États-Unis.
05:44On va continuer à parler avec l'accent texan,
05:46puisque nous allons nous pencher sur le retour de Donald Trump
05:49et les liens du président américain avec le monde du sport.
05:52C'est l'image de Sport Etc.
05:55– Générique –
05:59C'est dans la salle Omnisport de Capital One Arena
06:03que Donald Trump a signé lundi 20 janvier
06:05ses premiers décrets lançant ainsi sa deuxième présidence.
06:09Vous le voyez sur l'image, on est dans une ambiance de stade,
06:11on est presque dans un combat de MMA.
06:14Le sport sera très présent aux États-Unis
06:17pendant les quatre ans de Trump à la Maison-Blanche,
06:19puisque les deux plus grands événements mondiaux,
06:21les Jeux olympiques et paralympiques,
06:23se dérouleront à Los Angeles
06:24juste avant la fin de son mandat en 2028.
06:27Mais il commencera par la grande messe du football en 2026
06:31avec la Coupe du monde.
06:33C'était une victoire de Trump
06:36quand ces événements ont été désignés,
06:38puisqu'ils ont été désignés
06:39lors de la dernière présidence de Donald Trump.
06:43C'est important pour un président de pouvoir…
06:47– Je crois que c'est important pour tout président,
06:48mais je pense que c'est encore plus important pour Donald Trump
06:51qui aime beaucoup être glorieux,
06:53donc on sait son passé de catcheur,
06:56et je crois qu'ici il aime retrouver cette ambiance.
06:59Il a d'ailleurs la gestuelle d'un conquérant, d'un catcheur,
07:06et je pense que pour lui…
07:08– Il a une attitude.
07:08– Il a une attitude, une posture,
07:10et je pense que pour lui, ça lui convient tout à fait.
07:13Et on sait que c'est un homme qui aime des défis, limite physique,
07:17et là on le retrouve totalement.
07:19– On le sent d'ailleurs ce côté combattant,
07:23avec un côté, quand je parlais du MMA,
07:26avec un côté un peu violent, un peu masculiniste
07:30qu'on peut retrouver parfois dans le public du MMA.
07:34C'est aussi ça, Donald Trump et le sport ?
07:37– Oui, c'est aussi ça, et puis c'est aussi une des premières pas-décision,
07:41puisque c'est un projet de loi qui doit encore être voté,
07:43mais il a dit que les athlètes transgenres, par exemple,
07:46ne devraient pas participer aux compétitions féminines.
07:49Donc tout de suite, il a placé quand même quelques curseurs.
07:52– Laetitia Bernard, je rappelle justement ce que disait Rachel Pretty,
07:57mardi dernier, un projet de loi républicain avait été voté,
08:00avant même l'investiture, un projet de loi qui avait été voté
08:03visant à interdire la participation des athlètes transgenres
08:06aux compétitions féminines.
08:07Donald Trump lui a déclaré qu'il souhaite empêcher les hommes
08:11de pratiquer des sports de femmes.
08:13C'est quoi le sous-texte ?
08:15– Le sous-texte c'est que, pour moi, il utilise le sport quand même
08:17pour s'en prendre à certaines minorités, on est sur de la discrimination,
08:21on est sur de la stigmatisation, mais on est en fait sur une posture,
08:27on n'est pas sur certaines valeurs fondamentales
08:30qui pour moi sont tellement merveilleuses du sport,
08:33le sport pour tous, la différence, le vivre ensemble.
08:37En plus, moi ça me fait halluciner d'avoir ça comme une sorte de priorité lui
08:43dans son programme sportif, qu'il le mette en avant tout de suite,
08:46alors qu'en plus ça concerne 0,002% des sportifs,
08:53les personnes transgenres c'est vraiment un petit nombre de personnes
08:58et ces questions-là peuvent…
09:00C'est Sandra Forg qui en parle très bien, la championne olympique de canoë
09:04qui a fait une transition après son titre, elle dit…
09:07– Sandra Forg.
09:08– Sandra Forg, oui, elle dit juste, c'est une posture et elle espère
09:14que c'est le débat scientifique qui va gagner et pas les fantasmes.
09:19– Angélique Cauchy, qu'est-ce que vous ressentez
09:21quand vous entendez ce genre de déclaration ?
09:22Quelle est la première déclaration concernant le sport ?
09:26– Moi ça m'inquiète qu'on s'attaque à la diversité,
09:30ça m'inquiète qu'on s'attaque à ce que fait la richesse de chacun de nous
09:35et ça me pose des questions sur quels vont être ces JO 2028,
09:41est-ce qu'on va chercher les mêmes valeurs que nous on a essayé de prôner,
09:45de tolérance, de respect de l'autre, de l'égalité femmes-hommes,
09:52d'essayer de faire en sorte qu'on cohabite tous ensemble
09:56et que c'est ça finalement notre force.
09:58– Il s'en était pris d'ailleurs Donald Trump
10:01à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
10:06– Oui, ça avait été critiqué justement
10:08parce que je crois qu'il y avait trop d'ouverture peut-être pour lui
10:11et ça pose cette question de savoir,
10:13aujourd'hui je crois qu'on est vraiment sur cette crête
10:16entre un retour en arrière de certains face à la volonté de la plupart
10:21de vouloir aller vers un monde plus égalitaire, plus juste
10:25donc effectivement ce côté masculiniste, violent,
10:31qui essaye de cliver va peut-être aussi nous venir à nous aussi en France.
10:38– Alors, on va revenir sur les Jeux Olympiques.
10:41Les Jeux Olympiques à Los Angeles en 2028,
10:44ce sera sur les derniers mois du mandat de Donald Trump,
10:48il a assuré que ce seraient les Jeux Olympiques de l'Amérique,
10:51ils sont plus importants que jamais pour Los Angeles
10:53et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'ils soient les plus grands possibles.
10:58On peut lui faire confiance pour que ce soit un méga show ?
11:00– On peut lui faire confiance, il n'y aura pas la singularité
11:03et peut-être l'excentricité des Jeux parisiens
11:06mais il va mettre les moyens pour que ce soit des Jeux spectaculaires.
11:10Après, il y a un souci de transport à Los Angeles,
11:13est-ce que les investissements qui étaient prévus
11:16seront à la hauteur de ce qui sera nécessaire ?
11:19– Déjà il faut reconstruire ?
11:21– Tout à fait, sachant que c'est quand même une économie particulière aux États-Unis,
11:25c'est 100% privé, il y a beaucoup de fonds privés,
11:29l'économie n'est pas du tout la même que chez nous.
11:31– Thomas Spahr, le président du comité international olympique,
11:34louait encore les qualités de Trump la semaine dernière
11:38en déclarant que c'est un fan de sport dans l'âme.
11:41Est-ce qu'il vous paraît être un fan de sport comme on l'entend ici,
11:45Béatrice Gosselin ?
11:46– Alors si on reprend les qualités que vous avez mises en avant,
11:48je ne crois pas que ce soit tout à fait dans le même état d'esprit.
11:51Mais non, pour moi c'est quelqu'un qui veut absolument gagner,
11:55qui veut être le meilleur, ça ne met pas en avant toutes les valeurs
11:58que vous avez évoquées, qui me semblent d'abord les valeurs du sport.
12:01– Oui, dans le sport il faut aimer gagner.
12:03– Ah oui, mais il faut avoir le respect de la différence,
12:06la tolérance, le respect de l'adversaire,
12:09et là on n'a pas tout à fait les mêmes,
12:11enfin en tout cas c'est une impression que j'ai,
12:14je ne retrouve pas ces valeurs-là.
12:15– Mais en tout cas dans ce qu'il veut changer comme valeur,
12:18il ne peut pas, Laetitia Bernard, changer à lui tout seul les règles olympiques.
12:20Alors là, Thomas Barre a fait allégeance,
12:23mais Thomas Barre n'est bientôt plus le président du comité international olympique.
12:27– Oui, et puis il y a des contre-pouvoirs, ne serait-ce qu'aux États-Unis,
12:31si on reparle de ces discours par rapport aux personnes transgenres,
12:37c'est au Sénat maintenant de se prononcer,
12:39et ils avaient déjà bloqué un texte similaire il y a deux ans je crois,
12:43donc il y a des contre-pouvoirs, et heureusement.
12:47– Rachel Pretty, le sport ça peut être un contre-pouvoir ?
12:51– Le monde du sport ?
12:53– Le monde du sport, alors je dirais, j'espère.
12:56– Oui, aux États-Unis en tout cas.
12:58– Aux États-Unis en tout cas, oui, mais c'est vrai qu'aussi,
13:00vous parliez des Jeux, pendant les Jeux, quand la boxeuse algérienne a gagné,
13:04tout de suite il s'est élevé en disant, mais ce n'est pas possible,
13:07ce n'est pas une fin, mais ce n'est pas un président de dire ça en fait.
13:11Donc voilà, tout à fait, laissez les fédérations, laissez le CIO décider,
13:17émêlez-vous en gros de votre politique à vous,
13:21même si c'est une façon d'exister, il y a des règles,
13:24et c'est le CIO qui les fixe et les fédérations internationales,
13:27ce n'est pas de l'arme trop, jusqu'à présent,
13:29et j'espère que ça va continuer comme ça.
13:31– Mais on restera attentifs à ce que le monde du sport
13:35puisse s'épanouir aux États-Unis aussi.
13:38Il n'est pas question de budget du sport aux États-Unis,
13:40on en a parlé, mais il a été largement question ces derniers jours en France,
13:45c'est le carton rouge de sport, etc.
13:48– Générique
13:53– Alors qu'une coupe d'environ 100 millions était déjà prévue
13:56dans le budget barnier, une réduction supplémentaire de 34 millions d'euros
14:01a été envisagée dans le nouveau projet de loi de finances.
14:04Le 14 janvier dernier, lors de son discours de politique générale,
14:07François Bayrou a prononcé le mot sport seulement 4 fois,
14:11dont 2 fois ici, tendez l'oreille.
14:14– Le sport est, comme la culture, un puissant facteur de cohésion,
14:20d'épanouissement et de fierté.
14:23Nous avons vécu une année olympique historique,
14:26avec devant nous le projet Alpes 2030,
14:30et nous savons que c'est à l'école que se joue l'avenir du sport.
14:34– Alors il y a beaucoup de choses dans cette courte déclaration,
14:38mais est-ce que de voir ces coupes dans le budget du sport,
14:42est-ce que ça en dit long sur la place du sport dans le projet gouvernemental ?
14:48– En tout cas, je trouve que par rapport à ce que M. Macron avait dit
14:51que les années qui suivraient nos Jeux olympiques,
14:54ce seraient des années où on développerait le sport pour faire de la France
14:58un pays sportif, encore plus sportif.
15:00– En tout cas, le gouvernement n'a pas écouté.
15:02– Et derrière, on enlève 273 millions et puis 100 millions plus 34,3.
15:09Là, franchement, on était abasourdis quand ça nous est arrivé,
15:14au moment du vote du budget, et je crois que réellement,
15:18ce n'était pas soutenable de faire une coupe drastique,
15:22comme on dit, un rabot, un coup de rabot drastique,
15:24ce qui était quand même la mission la plus impactée.
15:30– Rachel Pretty, c'est une variable d'ajustement du budget de l'État, le sport ?
15:34– On se rend compte, oui, depuis tout le temps,
15:36et vous parliez du Président qui a soutenu les athlètes
15:39qui ont fait une tribune pour dire, mais laissez-nous cet héritage,
15:44en fait, ne coupez pas les budgets, c'est déjà le plus petit budget du sport.
15:48Le Président leur a apporté son soutien,
15:50en même temps, le gouvernement les désavoue.
15:52On a vu hier, sur la journée d'hier,
15:54qu'il y avait quelques bisbilles entre l'Élysée et Matignon.
15:57– Oui, c'était mercredi, le jour même des vœux de la ministre.
16:01– Des vœux où la ministre est un peu écartelée entre son soutien au gouvernement
16:05et son soutien au mouvement du sport,
16:06puisqu'elle, elle a porté l'héritage avec Paris 2024 pendant plus de dix ans,
16:10et là, elle se retrouve avec un budget amputé.
16:12Et en fait, ces 34 petits millions ont été,
16:16vous allez dire, la goutte d'eau qui a fait déborder l'honneur.
16:19– J'aimerais juste revenir sur cette journée de mercredi,
16:23puisque le matin, dans le journal Le Parisien,
16:26il y a une tribune de 5000 acteurs du sport, au sens très large.
16:31Vous publiez dans l'équipe une tribune de 500 sportifs,
16:34et dans l'après-midi, le président Macron réagit à cette tribune en soutenant,
16:38je vais citer ces mots précisément, en disant que les sportifs ont raison,
16:42il faut tenir nos engagements et nos moyens pour nos sportifs
16:45et pour que l'héritage des Jeux bénéficie à tous.
16:48Donc, c'est vraiment…
16:50– Il nous a fait part de sa réaction juste avant le Conseil des ministres, en fait.
16:54– D'accord.
16:54– C'est ensuite que la porte-parole là a dit, la baisse est légitime,
16:57tout le monde doit donner sa part pour que le budget baisse.
17:00– Alors, c'est deux paroles différentes.
17:01– Oui, et ensuite, il y a eu quelques, j'imagine, quelques petits réglages,
17:06et elle a dit, on verra, et elle a renvoyé à la CMP,
17:09donc la Commission mixte paritaire, qui, le 30, dira si les amendements
17:13sont effacés comme ont décidé les sénateurs ou pas.
17:18– Alors, justement, pour revenir à ce qui s'est passé,
17:21parce qu'il y a ce projet de loi de finances qui est passé devant les sénateurs,
17:25et les sénateurs ont dit non à ce grand coup de rabot,
17:28c'était votre position également ?
17:30– Oui, totalement, oui, bien sûr, parce qu'on arrive en séance,
17:34et on vous dit, il y a encore moins 34,3%,
17:37et là, on est tous vraiment restés scotchés en disant, mais qu'est-ce que c'est ?
17:40Alors, ça n'a pas été le seul budget où on est arrivé,
17:43où ils sont arrivés avec un coup de rabot supplémentaire
17:45qui n'avait pas été décidé avec les rapporteurs,
17:48parce que c'est quand même un travail qui se fait avec les sénateurs,
17:51rapporteurs et la Commission, et donc là, une fois de plus,
17:53sur le sport, moins 34,3%, alors qu'on avait déjà enlevé,
17:58et que les 85 millions qui correspondaient à la fin des mesures exceptionnelles
18:02pour les JO, à la limite, on pouvait le comprendre,
18:04mais les moins 34,3%, alors qu'on vous dit que la plupart
18:08des infrastructures sportives sont des années 80, voire un peu plus anciennes,
18:12et qu'elles ont tout à fait besoin d'être mises au goût du jour,
18:15et d'être remises en sécurité, les piscines notamment,
18:18enfin, il y a énormément d'infrastructures à revoir,
18:20et d'autres à construire, là, on ne s'en sortira pas
18:23si on n'a pas un budget correct pour le sport.
18:26Angélique Cauchy, ça vous choque qu'on coupe autant le budget du sport ?
18:30Quelque part, on s'en prend au sport, on s'en prend un peu à l'héritage des jeux ?
18:34Il y a plusieurs choses. Il y a déjà, effectivement, que la variable d'ajustement,
18:37c'est souvent le sport, les sports et les femmes, finalement,
18:39ce qui, dès qu'il y a des problèmes d'argent, c'est surtout ces droits-là qui reculent,
18:44et je crois que ça veut dire aussi que, finalement,
18:48on ne compte pas trop sur cet héritage matériel et immatériel,
18:50donc le matériel sur, effectivement, les infrastructures sportives,
18:54et immatériel sur le sport santé, sur la société de demain qu'on veut avoir,
18:59sur la formation des jeunes, sur ce rapport au corps
19:02et ce rapport au sport qu'on veut avoir dans la société française.
19:05Donc, évidemment, j'en étais aussi l'une des premières à trister,
19:08et j'ai eu, ce jour-là, un message de la conseillère de la ministre
19:13pour me dire qu'ils vont encore réduire.
19:15Donc, évidemment que le monde du sport se pose des questions,
19:17mais ça devrait être la société entière qui devrait se poser des questions.
19:20Alors, ce que vous dites, c'est précisément le carton rouge
19:23du président de la Fédération française de judo, Stéphane Nomis,
19:27qui a été le premier à dire avec tout ce que le sport peut apporter à la société,
19:31c'est inadmissible de couper ainsi le budget.
19:35Laetitia Bernard, comment est-ce qu'on peut, encore plus,
19:40faire comprendre que le sport, c'est particulièrement important
19:45dans la société fracturée dans laquelle on vit ?
19:48Déjà, en regardant un petit peu les statistiques,
19:50c'est-à-dire que depuis les Jeux olympiques,
19:51il y a eu un nombre de licenciés,
19:53enfin de demandes de licence dans les clubs sportifs,
19:55supplémentaires d'environ 20 %, si je ne me trompe pas.
19:59Si vous prenez à Paris, les piscines, c'est des autoroutes.
20:01Il y a énormément plus de monde maintenant,
20:03parce que je veux dire, c'est que les gens ont de plus en plus envie de faire du sport.
20:08Après, sur les bienfaits du sport, Angélique parlait de santé mentale.
20:13Moi, par rapport au handicap, je suis bien placée pour savoir à quel point ça peut...
20:18C'est bon pour le physique, c'est bon pour le mental, le moral,
20:21pour créer du lien social.
20:23C'est un tout, le sport.
20:25Et d'ailleurs, la tribune des 500 sportifs le dit très bien,
20:31c'est pour le vivre ensemble.
20:32C'est vraiment un catalyseur et un facteur essentiel.
20:35Ça permet de défragmenter un petit peu la société, de créer du lien.
20:40Et d'ailleurs, il y a un tout petit point positif dans tout ça,
20:43c'est que... Enfin, je plaisante un peu, mais...
20:46Vous avez quand même vu le nombre de sportifs
20:48et le nombre d'acteurs, tout le monde du sport réagit
20:51et se mobilise et se rassemble pour monter au front.
20:54On les a vu unis cette fois.
20:55Voilà, alors c'est dommage que ce soit dans ce cas de figure
20:57pour quelque chose de, entre guillemets, négatif,
20:59mais au moins, ça crée une dynamique.
21:03C'est très, très rare, ça, de les voir unis comme ça.
21:06À ce point-là, il me semble, Rachel...
21:07Oui, tout à fait. Ce matin, à l'Assemblée nationale,
21:10dans le cadre du Parlement du sport, il y avait des sénateurs, des députés,
21:13des présidents de fédérations, des sportifs,
21:15et tout le monde a dit « Mais qu'est-ce qu'on fait ? ».
21:17Donc voilà le constat, on fait pression,
21:19on essaie d'aller voir les députés, on va aller à Bercy,
21:21on va demander à voir le Premier ministre et on réagit.
21:24Un vrai travail démocratique.
21:26Mais le Sénat a proposé quand même une idée,
21:29parce que le Sénat s'est opposé à cet amendement,
21:31mais pour pallier cette faiblesse dans le budget,
21:34sous l'impulsion de Michel Savin, vice-président de la Commission culture,
21:38il a été proposé de rediriger 80 millions des crédits
21:41initialement prévus pour le service national universel, le SNU,
21:47rediriger ces 80 millions vers le sport.
21:49Est-ce que ce n'est pas un peu dommage de retirer des crédits
21:52d'un dispositif destiné aux jeunes pour financer la pratique du sport ?
21:58– Oui et non, mais je pense que si cette proposition de Michel Savin,
22:02c'était pour apporter de l'argent pour le sport qui nous paraissait essentiel,
22:06vous avez dit les valeurs et je les partage totalement,
22:08mais c'était aussi parce que dans le SNU,
22:10il y a eu un rapport de la Cour des comptes en septembre 2024
22:14qui montre quand même que l'objectif visé n'est pas atteint.
22:17Pour des sommes très conséquentes,
22:19on a quand même un résultat relativement modeste.
22:21Je vais vous donner quelques chiffres,
22:23sur un budget de 518,8 millions d'euros de 2024,
22:27qui était le même que 2023,
22:29normalement c'est prévu pour 150 000 jeunes.
22:32– Donc ça n'a pas réussi à créer de la citoyenneté.
22:34– Et en fait sur le séjour de cohésion,
22:36qui est le premier séjour d'une dizaine de jours,
22:38on n'a eu que 40 135 alors qu'on en attendait 64 000.
22:41– Donc ils iront au sport.
22:43Angélique Cauchy, c'est un vrai moyen de faire corps dans un pays,
22:48de créer justement cette citoyenneté, ce sentiment très fort, le sport ?
22:53– Le sport c'est de la citoyenneté en acte,
22:55donc oui et moi à la base je suis professeure de PS,
22:57donc finalement je suis au carrefour de ces deux questions
23:00qui sont la jeunesse, l'éducation et la formation du citoyen de main.
23:04Évidemment que le sport est un incroyable vecteur
23:07et pour tous les âges, pour tous,
23:10peu importe qu'on soit une fille, un garçon,
23:12qu'on soit de banlieue ou qu'on soit de la campagne,
23:14peu importe qu'on fasse un sport collectif, un sport individuel
23:17et voilà c'est l'apprentissage de l'estime de soi,
23:20du respect de l'autre, du respect des règles,
23:22mais aussi du dépassement de soi, c'est apprendre à se connaître,
23:27donc voilà c'est aussi se fixer un projet, être capable de l'atteindre,
23:31se remettre en question, gérer des échecs
23:33parce que la vie elle est jalousnée d'échecs
23:35et que ça doit nous permettre de toujours essayer d'en ressortir meilleur.
23:39En vivant ensemble.
23:40En vivant ensemble, donc moi je suis attristée déjà
23:45de voir que le sport c'est 0,2% du budget,
23:48ce qui n'est déjà pas énorme et qu'il soit de plus amputé aujourd'hui
23:54et encore plus en 2024, peut-être encore plus,
23:57ça me désole encore plus cette année plutôt qu'une autre année
23:59parce qu'on avait là la chance après ces Jeux Olympiques
24:02de réellement vouloir transformer la société française.
24:05Donc j'espère que tout ce qui...
24:07On va rester très attentifs en tout cas à cette situation du budget du sport
24:12aux côtés des membres du mouvement sportif.
24:16On va changer de sujet, on va se poser la question
24:18qui pour diriger les prochains Jeux en France
24:21le suspense dure et le temps passe, le contre-la-montre de sport, etc. ?
24:31Depuis la désignation officielle des Alpes françaises
24:34comme hôte des Jeux Olympiques 2030, le 24 juillet dernier,
24:38le CIO, le Comité international olympique,
24:40attend que la France mette en place un comité d'organisation pour ces Jeux.
24:44La lettre de garantie financière particulièrement importante,
24:46la garantie financière de l'État, elle a été envoyée
24:49au Comité international olympique par Michel Barnier,
24:52alors Premier ministre, le 2 octobre dernier.
24:54On avait déjà un jour de retard.
24:56Mais pour l'instant, aucune décision n'a été prise
24:59quant à la mise en place du comité d'organisation, le COJOP,
25:02selon le contrat signé par la France pour accueillir ces Jeux.
25:05Nous avions jusqu'au 24 décembre dernier, pour donner ce nom,
25:10la candidature à la tête de ce COJOP des Alpes françaises.
25:13Il y a d'un côté Martin Fourcade,
25:15sextuple champion olympique de biathlon,
25:17candidature soutenue par Emmanuel Macron,
25:19alors que Laurent Wauquiez, l'ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes,
25:24lui, soutient l'ancien biathlète Vincent G.
25:27Il va falloir se mettre d'accord, Béatrice Gosselin,
25:29pour un président de ce comité d'organisation.
25:32Oui, alors voilà, c'est des choses qui ne nous dépendent pas de nous.
25:34Il y a vraiment une décision par rapport à deux athlètes,
25:36deux personnes connues.
25:37C'est vrai que Martin Fourcade a toute...
25:39Ça, ça va par rapport à Tony Estanguet, ça va un peu dans la continuité.
25:44Bon, je ne connais moins l'autre Vincent G.
25:48Qu'est-ce qui bloque Laetitia Bernard dans cette décision ?
25:51Alors, on parle du 3 février, enfin du début février,
25:54là, pour que ce soit annoncé.
25:55Et ce qui tiendrait le scénario, qui tient la corde,
25:58ce serait Martin Fourcade, aidé quelques mois
26:01par l'ancien Premier ministre Michel Barnier,
26:03qui était coprésident au niveau d'Alberville,
26:06donc qui aurait son expert.
26:07C'était les derniers Jeux en France, les derniers Jeux d'hiver.
26:10Donc, ce serait cette option-là qui tiendrait la corde.
26:15Rachel Pretty, on a autant de temps pour se mettre d'accord,
26:18on met autant de temps pour se mettre d'accord
26:19sur un président de comité d'organisation.
26:21Oui, c'est assez rare.
26:23C'est dans cinq ans.
26:24C'est dans cinq ans, c'est demain.
26:25Ça tient aussi à la particularité des promoteurs de la candidature,
26:31qui sont les deux régions, et ensuite l'État
26:35et les comités olympiques et paralympiques.
26:38On voit derrière vous un Michel Barnier jeune,
26:41quand il était coprésident du comité d'organisation
26:43avec Jean-Claude Killy d'Alberville.
26:45Michel Barnier qui a signé la garantie,
26:47mais qui est parti avec le PLF, qui n'est pas encore signé.
26:50En fait, les premiers 500 millions, il a été mandaté
26:53et à la fois par le nouveau gouvernement
26:55et par le CIO, parce qu'il les rassure.
26:56Et Michel Barnier, il était aussi dans une des commissions environnement du CIO
27:01pour aider le futur ou la future présidente du comité d'organisation,
27:05début février ou un peu après.
27:08Et pour l'instant, des trois candidats,
27:10donc Martin Fourcade, Vincent Jey et Marie Martineau,
27:12ils ont envoyé leurs coordonnées, si j'ose dire,
27:16et toutes leurs données à la haute autorité.
27:19Oui, parce qu'il faut une contrôle.
27:21On avait parlé de Marie Bauchet à un moment.
27:25Oui, qui pourrait venir en soutien de Martin Fourcade,
27:28mais elle n'est pas du tout candidate pour prendre la tête du Cojo.
27:34Parce qu'Angélique Cauchy, je reviens sur le temps qui passe.
27:38C'est vrai que c'est toujours enthousiasmant dans un pays
27:41pour le monde du sport, quand on a des jeux à préparer.
27:45Le logo de Paris 2024, il avait été dévoilé cinq ans avant les Jeux.
27:48Bon, on n'a pas de président du comité d'organisation,
27:51donc on n'a pas non plus de logo.
27:52Mais est-ce que cette attente,
27:55vous ressentez une pression pour l'organisation de ces Jeux ?
27:59Est-ce que vous ressentez un enthousiasme pour ces Jeux ?
28:02Je pense qu'il ne faut pas perdre
28:04l'enthousiasme populaire qu'il y a eu pour ces Jeux Olympiques
28:07et qu'il faut justement réussir par plein d'actions.
28:11Essayer de porter pendant ces six années
28:13qui vont séparer les deux Jeux Olympiques en France,
28:17essayer de garder cette ferveur.
28:18Et on revient encore une fois aux moyens qu'on va donner
28:21pour que réellement ces deux énormes événements internationaux,
28:25coup sur coup en France, puissent réellement changer les choses.
28:28Moi, je crois beaucoup en partage des responsabilités
28:31parce que je crois beaucoup au partage du pouvoir et du contre-pouvoir.
28:34Et moi, je ne serais pas contre une coprésidence
28:37parce que je crois qu'à partir du moment où on est capable de coopérer,
28:42et ça demande un travail, mais unir nos forces et la force du collectif,
28:46apprendre de l'autre, c'est toujours enrichissant.
28:48On n'a pas toutes les idées, toutes les idées seules.
28:51Et je pense que peut-être que la solution,
28:53ça serait pour la première fois d'être un modèle aussi pour le monde
28:57en montrant qu'on est capable de faire des choses à plusieurs
29:00et qu'une coprésidence, peut-être qu'elle aurait du sens aujourd'hui
29:03au vu de comment se passe le monde.
29:06Laëtitia Bernard, une fois qu'on aura le nom du président,
29:09on aura un organigramme de ce comité d'organisation,
29:11ça va être quoi les prochaines étapes ?
29:14Il va falloir vérifier qu'on a toutes les installations.
29:16Il y a une patinoire qui doit être construite à Nice ?
29:19Oui, alors là, c'est un dossier que je maîtrise moins sur les prochaines étapes.
29:25Il y a une question de budget aussi.
29:28Il y a vraiment...
29:31Rachel en parlait d'ailleurs du budget.
29:32Oui, tout à fait.
29:33Donc le budget, idéalement, était de 1,8.
29:36Il est passé à 2,3 milliards,
29:38sachant que ce n'est pas du tout l'économie des jeux d'été
29:40et qu'il y a souvent un déficit.
29:42Oui, ce n'est pas du tout la même chose.
29:43Il est à peu près de 500 millions.
29:45Les premiers dossiers, ce sera déjà de caler le budget,
29:49de voir un peu la carte.
29:51Qu'est-ce qu'on retient ?
29:51Qu'est-ce qu'on ne retient pas ?
29:52Est-ce qu'on met Val d'Isère qui avait un moment disparu et qui est revenu ?
29:55Qu'est-ce qu'on met comme discipline ?
29:57Ah oui, on n'est pas en avance.
29:58La patinoire, normalement, il y en aura une à l'Alliance de Nice.
30:03Après, on n'a pas d'anneau de vitesse.
30:06Il faut choisir dans quel pays on va aller
30:08puisqu'on ne va pas en construire un a priori.
30:10Ça coûterait trop cher.
30:13Il y a pas mal de dossiers à régler et c'est vrai que c'est demain.
30:16Surtout si on veut faire des ascenseurs valéens,
30:19notamment en Savoie, pour relier les stations,
30:22relier Beauselle à Courchevel,
30:23comme on a relié Bride-les-Bains à Meribel pour les Jeux de 92.
30:30Donc, il y a beaucoup de travail et les Jeux des Alpes françaises 2030,
30:34c'est demain.
30:35Changement de sujet à présent,
30:37nous allons revenir sur votre histoire.
30:39Angélique Cauchy, vous êtes le grand témoin de sport, etc.
30:43Vous avez publié si un jour quelqu'un te fait du mal
30:51aux éditions Stock où vous racontez les viols et l'emprise
30:56que vous a fait subir votre entraîneur de tennis
30:58alors que vous étiez une petite fille de 12 ans.
31:01Vous étiez l'une des plus grandes espoirs du tennis français.
31:06Vous l'avez déjà dit devant les parlementaires,
31:09combien de temps avez-vous subi ce calvaire ?
31:13L'emprise, les violences sexuelles et psychologiques
31:16ont duré deux ans, de mes 12 à 14 ans.
31:18Et ça en est suivi 15 ans de silence total
31:21où je n'en ai parlé à personne et où j'ai libéré la parole,
31:24comme on le dit aujourd'hui si bien,
31:26pour la première fois à 27 ans à la brigade des mineurs.
31:29Et finalement, la première fois que j'ai raconté mon histoire,
31:32c'était lors de mon dépôt de plainte.
31:34Comment est-ce qu'elle s'est mise en place, l'emprise,
31:37qui a ensuite mené à des centaines de viols
31:40de la part de votre entraîneur ?
31:42C'est pas immédiat cette emprise, ça se construit ?
31:48Ça se construit centimètres par centimètres,
31:50mais en même temps, ça va très vite.
31:51C'est assez fulgurant, même si ça se fait par petits pas.
31:55C'est-à-dire qu'en trois mois de temps,
31:58il devient la personne la plus importante au monde pour moi.
32:01Et il prend cette place tant temporelle que spatiale
32:05parce qu'il occupe quasiment tout mon temps,
32:07soit parce que très rapidement,
32:09je me suis mise à beaucoup plus m'entraîner avec lui,
32:11alors qu'à la base, ça ne devait pas être le cas.
32:13Et puis parce qu'en dehors des entraînements,
32:15il y avait ce temps où il m'emmenait et me raccompagnait
32:18des entraînements ou des matchs,
32:19des matchs qu'il avait décidé qu'il allait se passer à côté de chez lui.
32:23Et donc très rapidement, il a demandé à mes parents
32:24de rester dormir chez lui pour lui éviter ses allers-retours.
32:28Et puis finalement, même les moments où je n'étais pas avec lui,
32:30il était sans arrêt en train de m'appeler ou de m'écrire.
32:33Et donc finalement, j'avais comme une possession mentale
32:36qui fait que la parole absolue, c'était la sienne
32:38et que je n'écoutais plus que lui.
32:40Violée et humiliée par celui, en fait,
32:42qui devait vous amener au plus haut niveau
32:45et dont votre avenir, quelque part, dépendait.
32:48J'imagine que c'est encore plus compliqué
32:50de se sortir de ces griffes de ce fait-là.
32:52C'est votre entraîneur, c'est celui qui doit faire de vous,
32:55quelque part, la plus grande joueuse en France, au monde.
32:58Oui, et puis c'est quelque chose qui m'a inculqué
33:01parce que moi, à la base, je voulais faire science poléma
33:03et j'adorais jouer au tennis,
33:04mais moi, je ne voulais pas du tout être une joueuse professionnelle,
33:06même si j'étais numéro 2 française à ce moment-là.
33:09Et c'est lui qui m'a fait croire à ce projet sportif
33:12parce que, aussi, c'était le sien, finalement.
33:14Et donc, rapidement, effectivement,
33:17c'était très important pour moi tout ce qu'il disait
33:20parce qu'il était celui qui allait m'emmener
33:22là où je pensais pouvoir aller grâce à lui
33:26et où je pensais ne pas pouvoir arriver sans lui, surtout.
33:29Et puis, aussi, c'est ce moment
33:33où, finalement, je me rends compte que j'ai une perte d'identité
33:37parce que je ne décide plus de rien et que je n'ai plus de libre arbitre.
33:41Il a été condamné à 18 ans de prison pour viol sur plusieurs de ses élèves,
33:45mais pendant les années où vous étiez victime,
33:47personne ne vous a tendu la main.
33:49Les gens savaient et ne disaient rien ?
33:51Moi, les gens savaient que j'étais sous emprise
33:53parce que c'est quelque chose qui était connu de tout le monde.
33:57Quand, tout d'un coup, une petite fille s'habille exactement comme un adulte,
34:00parle exactement comme lui, mange comme lui...
34:02C'est-à-dire que je mangeais ma pizza comme lui,
34:04je ne mangeais plus les croûtes,
34:05alors qu'à la base, j'adorais les croûtes de pizza.
34:08Et donc, évidemment, ça aurait dû alerter, tout d'un coup,
34:12le fait que je sois très seule, que je ne parle plus à personne,
34:15que je sois très violente sur un cours de tennis,
34:17que je me mette à tricher.
34:19Tout ça, c'était des signaux que tout le monde aurait dû percevoir
34:21ou que les gens ont perçus, mais n'ont pas voulu voir
34:24ou n'ont pas voulu prendre la responsabilité
34:26d'être celui qui allait en parler.
34:28Et c'est pour ça que je n'emploie pas le mot « dénoncer »
34:30parce qu'on a un passé en France avec la dénonciation.
34:33Et je crois qu'aujourd'hui, c'est important de faire prendre conscience
34:37aux citoyens qu'on ne dénonce pas quelqu'un,
34:39on signale des faits pour protéger une potentielle victime.
34:42Et aujourd'hui, c'est important qu'on sache que, nous, les adultes,
34:46c'est notre devoir d'assistance et de protection
34:48envers les enfants qui sont finalement les personnes les plus vulnérables
34:52parce que, de fait, elles sont toujours sous l'autorité de quelqu'un.
34:55– Béatrice Gosselin, vous avez le sentiment,
34:57en écoutant l'histoire d'Angélique Cauchy,
34:59que la Fédération a été à la hauteur,
35:02que les adultes responsables ont été à la hauteur,
35:06en tout cas dans le cadre des instances ?
35:09– C'est toujours un petit peu le problème des fédérations,
35:12pas toutes, mais pour beaucoup, c'est l'omerta,
35:15puisqu'il faut de la réussite et avoir ce genre de révélations,
35:24en disant qu'il y a vraiment une relation qui n'est pas normale.
35:28– Est-ce qu'il ne faut pas former aussi les entraîneurs,
35:31l'encadrement, à ressentir ces signes qui sont là à bas bruit ?
35:36– Et c'est justement la Commission nationale consultative des droits de l'homme
35:40qui a mis en avant les trois constats et donné 15 recommandations,
35:47dont l'absolue nécessité de former les gens
35:50et d'avoir cette cellule nationale qui pourrait recevoir les remontées
35:56quand on a des alertes comme ça.
35:58– Au-delà des fédérations.
35:59– Au-delà des fédérations, et puis que dans la fédération,
36:02il y ait vraiment aussi des sanctions,
36:06qu'il y ait le courage d'aller sanctionner
36:08quand il y a des faits qui sont répréhensibles.
36:12– Il y a plus d'un an, sur ce plateau,
36:14Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports,
36:16exhortait le gouvernement à créer une agence indépendante
36:19pour recueillir la parole des femmes et des enfants dans le sport.
36:22Vous avez créé, Angélique Cauchy, l'association Rebond
36:25pour protéger l'enfance et lutter contre les violences faites aux mineurs dans le sport.
36:29On en est où de la lutte contre ces violences ?
36:33– On en est qu'il y a encore beaucoup de choses à mettre en place
36:35parce qu'effectivement, pendant très longtemps et encore aujourd'hui,
36:38il y a cette omerta dans le monde du sport parce qu'il y a tellement de choses en jeu,
36:42parce que pendant longtemps et encore aujourd'hui,
36:46certains dirigeants préfèrent fermer les yeux pour protéger l'institution
36:52avant de protéger leurs pratiquants, alors que ce n'est plus possible,
36:55déjà parce qu'on est là pour protéger l'individu
36:58et garantir son intégrité physique et mentale
37:01quand on amène quelqu'un dans un terrain de sport
37:03comme quand on l'amène à l'école ou ailleurs.
37:05Et ensuite, il y a tout cet enjeu de formation, formation initiale,
37:10mais aussi formation continue parce que finalement,
37:13on est bien meilleur aujourd'hui sur ce qu'on appelle les DE,
37:16les diplômés d'État stagiaires,
37:18parce qu'il y a des modules aujourd'hui qui ont été créés,
37:20mais en revanche, pour tous ceux qui sont déjà sur le terrain,
37:23rien n'est obligatoire et c'est surtout eux aujourd'hui
37:26qu'il va falloir former, déjà parce qu'ils sont le plus grand nombre
37:29et ensuite parce que c'est eux qui sont en contact des jeunes.
37:31Et donc, c'est pour ça que dans les recommandations,
37:33cette fois-ci, de la mission interministérielle
37:35sur les violences sexuelles et sexistes sous relation d'autorité
37:38dont j'ai fait partie, une des recommandations,
37:40c'est d'avoir le renouvellement de la carte professionnelle
37:45qui soit conditionnée à des formations sur les violences sexuelles et sexistes.
37:49– Rachel Pretty, le témoignage d'Angélique Cauchy,
37:52il a changé quelque chose, il y a eu un avant et un après
37:56avec cette prise de conscience.
37:57– Oui, oui, et je salue son courage comme avant toutes les victimes
38:01qui ont parlé, je pense à Sarah Bitbol,
38:02je pense à plein d'autres qui ont quand même ouvert,
38:06j'allais dire, la boîte pour libérer la parole et pour dire ça existe,
38:11arrêtons de nous voiler la face et essayons de faire quelque chose.
38:15Moi, je me demande qu'est-ce qu'on peut faire dans les clubs,
38:17dire voilà un numéro, appelez, soyez vigilants,
38:21mais aussi dans les familles, dans l'entourage, c'est vraiment un fléau.
38:27Et si chacun ajoute sa petite pierre à l'édifice,
38:31je pense qu'on peut essayer de trouver des solutions
38:35et de faire en sorte qu'il y en ait de moins en moins.
38:38– Nous, on a plein de projets au sein de l'association,
38:40mais un justement qui fait écho au fait d'aller dans les clubs,
38:43c'est qu'on a créé un label qui s'appelle le Label Rebond pour les clubs,
38:47et en fait, on fait une sensibilisation pour tous les publics,
38:49on forme un référent intégrité qui va être finalement la personne reconnue
38:53et connue de toutes les personnes du club
38:56et qui va être en contact permanent avec nous
38:58et avec la cellule intégrité de la fédération concernée
39:01et avec le ministère des Sports pour toutes les questions et conseils
39:04qu'ils pourraient avoir sur ces sujets d'intégrité.
39:06Et voilà, on propose des documentations, on propose des séances.
39:09– Oui, il existe des choses.
39:10– Bien sûr, maintenant, il faut que ça infuse
39:14dans l'ensemble de la société sportive.
39:17– Laëtitia Bernard, les dispositifs d'alerte,
39:20est-ce que vous les considérez assez efficaces ?
39:22On voit qu'il y en a quelques-uns qui existent.
39:24– Déjà, c'est mieux, évidemment, puisqu'il y a une prise de conscience.
39:28Ces témoignages, celles qu'on a appelées les lanceuses d'alerte,
39:31ont vraiment permis des prises de conscience.
39:33Quand Angélique raconte les adultes qui voyaient son changement
39:37et qui ne disaient rien, ça me rappelle aussi beaucoup de conversations
39:40qu'on a eues au niveau en équitation, quand on a appris certaines affaires,
39:44où on se disait, les filles disaient, mais nous on pensait
39:46que la petite jeune était tellement amoureuse de son entraîneur
39:49que bon, c'est tout, elle était juste fan et c'était une ado.
39:52Et donc, c'est terrible, soit on se voit aller la face,
39:56soit vraiment, on n'imaginait pas,
39:58je pense qu'il y a des gens qui n'imaginent pas tout ça.
40:01Et donc, il faut énormément de courage pour témoigner,
40:02mais ça permet une vraie prise de conscience et une vraie évolution.
40:06Et au niveau des dispositifs d'alerte,
40:09je pense que ce qu'on évoquait aussi tout à l'heure,
40:12d'avoir une cellule neutre, c'est-à-dire pas dépendante de la fédération,
40:15c'est-à-dire où il n'y aura pas d'enjeu de politique,
40:18de si on en parle, on peut poser un souci sur la réputation de l'instance,
40:25où on va se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de tel président au-dessus de nous
40:28ou de tel collègue, on va peut-être soi-même être écarté du club
40:33ou écarté d'un poste un peu stratégique
40:34parce qu'on aura fait des remous en signalant.
40:37Je pense qu'il y a vraiment un besoin de cellules neutres, d'instances générales.
40:43J'en profite pour rappeler l'adresse à laquelle on peut faire un signalement.
40:47Elle va apparaître à l'écran,
40:48signal-sport au pluriel, arrobase sport au pluriel.gouv.fr.
40:53Vous pouvez, pour faire un signalement, envoyer un mail.
40:58C'est la cellule mise en place par le gouvernement, par le ministère des Sports.
41:03Béatrice Gosselin, est-ce que, comme le proposait Marie-George Buffet,
41:06il faut une agence indépendante,
41:08il faut une instance indépendante des fédérations
41:12pour pouvoir récolter la parole et pour pouvoir agir ?
41:14Je crois, vous le disiez Laëtitia,
41:16mais je pense aussi qu'avoir quelque chose de neutre
41:18qui ne soit pas d'une fédération ou d'une autre
41:20permet à la fédération de ne pas se sentir égratignée
41:23s'il y a, dans la fédération, un membre qui ne fait pas le job correctement
41:29et qui est malveillant, voire plus, envers les sportifs.
41:33Mais le fait de pouvoir avoir une instance nationale
41:36permettrait sans doute d'abord de réagir beaucoup plus rapidement,
41:40je le pense, parce qu'au moins on aurait peut-être moins d'intermédiaires
41:44et puis surtout moins de risques de se dire
41:46ça va me revenir en boomerang puisque j'ai alerté
41:49et j'ai finalement posé préjudice à une fédération.
41:52Et il me semble que cette instance nationale serait bienvenue.
41:58Angélique Cauchy, vous recevez encore beaucoup de témoignages
42:01de jeunes filles ou de jeunes femmes plus grandes
42:05ou de jeunes hommes même ?
42:07Oui, malheureusement, toutes les semaines, si ce n'est tous les jours,
42:10parce que ce sont des victimes qui existent
42:13et à chaque fois qu'on prend la parole publiquement,
42:15forcément, ça amène des victimes qui prennent connaissance
42:19soit de mon histoire, soit de l'association
42:22et qui ont besoin d'aide.
42:23Ça représente un enfant sur sept.
42:25Un enfant sur sept est victime de violences dans le sport
42:27avant sa majorité, dont 83% d'entre eux des violences sexuelles.
42:31On est 7 millions d'enfants à faire du sport en club,
42:34ça veut dire statistiquement qu'il y a un million d'entre eux
42:37qui vivent des violences.
42:38C'est 12 fois le Stade de France, c'est plus que la ville de Marseille.
42:41Il faut vraiment prendre conscience de ce fléau
42:44et moi aussi j'étais favorable à l'opposé finalement
42:46des deux anciens ministres à la mise en place
42:49d'une auto-autorité indépendante
42:52parce que ça permettrait aussi d'harmoniser les sanctions
42:55et que ça ne soit pas chaque fédération qui punisse à son niveau
43:00aussi malheureusement parce que ça fonctionne comme une famille,
43:03parce que les gens se connaissent depuis des dizaines et des dizaines d'années
43:07et que c'est toujours plus difficile de sanctionner un membre qu'on connaît
43:10qu'un membre qu'on ne connaît pas.
43:12Parce qu'il est plus facile effectivement de transmettre directement
43:14à la justice qui doit faire son travail
43:18dans le cadre de ces violences sur les enfants dans le sport.
43:22On va prendre le large à présent,
43:24on va aller respirer le bon air de l'Atlantique.
43:27Alors que Charlie Dalin a remporté le Vendée Globe après 64 jours de mer,
43:31nous allons prendre des nouvelles d'Éric Bélian
43:34que nous suivons depuis son départ des Sables d'Olonne le 10 novembre dernier,
43:37c'est l'étape de sport etc.
43:40– Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
43:45– Suite à une avarie, Éric Bélian, le skipper de Stand as One,
43:48décidait de se dérouter le 11 janvier pour se mettre à l'abri
43:51et réparer dans les îles Falklands.
43:53Cet arrêt technique avec son équipe le met hors course certes,
43:57mais c'est bien sur le chemin du retour en solitaire que nous le retrouvons.
44:01Éric Bélian, bonjour, merci d'être avec nous.
44:04Comment allez-vous ?
44:05Est-ce que vous avez digéré votre abandon du Vendée Globe ?
44:10– Pour répondre à votre question, je suis en cours de digestion,
44:14je suis reparti il y a une semaine exactement en mer,
44:17et ça fait 4 ans que je travaille dur pour finir le Vendée Globe,
44:22donc forcément, ce n'est pas en une semaine que la déception et la tristesse vont partir,
44:28mais j'ai retrouvé du bonheur à être en mer sur mon bateau
44:33et de la gratitude de pouvoir encore naviguer sur ce beau bateau dans son intégrité.
44:40– Alors, vous recevez notre gratitude de nous accueillir comme ça en direct sur Stand as One.
44:46Pourquoi est-ce que vous êtes reparti seul sur votre bateau ?
44:49Est-ce que vous retrouvez comme ça un peu un esprit d'aventure,
44:53un esprit d'aventure plus profond maintenant qu'il n'y a plus de compétition ?
45:00– Il y a plusieurs raisons, la première c'est pour la beauté,
45:04comme la beauté du sport, il n'y a pas uniquement que le résultat qui compte,
45:09il y a le fait d'aller jusqu'au bout,
45:12quand on voit un marathonien qui va jusqu'au bout malgré les blessures,
45:17là c'est la même chose pour moi, le Vendée Globe,
45:20même si je suis hors course parce que j'ai demandé assistance pour me protéger aux îles Falkland,
45:26je n'ai pas abandonné, loin de là,
45:29et je continue cette aventure, cette course jusqu'à l'arrivée au Sape d'Olonne,
45:36et c'est très important pour moi,
45:38et c'est aussi par respect pour tous ceux qui ont cru dans cette aventure,
45:42il y a d'abord moi-même, il y a mon équipe et puis mes partenaires,
45:48et c'est par respect aussi de la course qui est plus qu'une compétition,
45:53c'est une aventure folle,
45:55et voilà, c'est ma façon de continuer en beauté.
45:59– Et nous on est ravis de pouvoir vous accueillir en direct
46:03pour nous raconter justement ce retour,
46:06Charlie Dalin, je le disais, il a bouclé son Vendée Globe en 64 jours,
46:10les conditions météo, alors certes, elles étaient favorables à la course cette année,
46:15mais est-ce que ce record, il va pouvoir être battu lors des prochaines éditions ?
46:18Ça paraît inouï, 64 jours.
46:21– Oui, alors c'est sûr que ça paraît inouï,
46:26et quand on a vu la performance de l'intérieur comme moi,
46:31c'est sûr qu'il a bénéficié de conditions climatiques idéales,
46:36et après il n'a fait aucune erreur,
46:38donc c'est sûr que tout était réuni,
46:41un très bon marin, une très bonne équipe, un très bon bateau,
46:45et puis des conditions extraordinaires,
46:48c'est sûr que ça va être compliqué à battre,
46:50d'autant qu'avec le réchauffement climatique,
46:53la zone des glaces qui nous protège des icebergs ne va jamais cesser de remonter,
46:58donc le tour va être toujours plus long,
47:02et il va falloir s'accrocher pour aller battre ce record,
47:05ça va être très très compliqué.
47:07– Alors, on l'a vu et on l'avait précisé
47:10quand on a commencé cette aventure à vos côtés,
47:13vous, vous naviguez sans foils,
47:15les foils qui sont ces appendices qui permettent au bateau de voler,
47:20est-ce que pour un éventuel troisième Vendée,
47:22vous partiriez sur des bateaux à foils ?
47:27– Non, toujours pas, toujours pas.
47:31Non, déjà, ce bateau, je suis en train de comprendre comment il fonctionne,
47:40je viens de le construire, ça m'a pris beaucoup de temps,
47:46je vais enfin avoir du temps pour m'entraîner avec,
47:51travailler avec et être encore plus performant,
47:54et je pense qu'il y a toujours une place pour ces bateaux-là,
47:58alors peut-être pas pour remporter le Vendée Globe,
48:00mais pour être placé,
48:02parce que c'est vrai que dans des conditions climatiques plus difficiles,
48:06comme on a vu en 2020, ce bateau-là, très léger, très simple,
48:12peut tirer sa carte du jeu.
48:14– Rachel Pretty, un petit mot sur l'évolution technologique,
48:18je parlais à l'instant des bateaux à foils,
48:20ce record, vous pensez qu'il peut être battu ?
48:23– Alors je ne suis pas une spécialiste de la voile,
48:25mais c'est vrai que c'est incroyable et la technologie,
48:28je pense, ne peut qu'aider les concurrents à aller encore plus vite,
48:33si tant est que la météo soit avec eux.
48:36Est-ce que je peux poser une question ou pas ?
48:37– Allez-y.
48:39– Bonjour, qu'est-ce que vous rêvez de faire quand vous allez arriver ?
48:42Bonjour, qu'est-ce que vous allez faire en arrivant ?
48:47– Je vais serrer ma femme et ma fille dans mes bras,
48:52c'est ce qui me pousse à continuer le plus vite possible,
48:57c'est retrouver ma famille, je ne les ai pas vues depuis plus de deux mois,
49:01et elles me manquent beaucoup.
49:04– Laetitia Bernard, pour revenir sur cette question du record,
49:09est-ce que ça vous paraît réalisable ?
49:11On l'a vu par exemple, c'est évidemment très loin des bateaux,
49:15et quoique, on a vu par exemple en natation,
49:18quand on a commencé à mettre ces combinaisons où les records ont explosé,
49:22il y a peut-être des nouveautés qu'ils pourraient faire ?
49:25– Moi j'ai eu la chance de monter dans le Sodebo Ultimate 3 de Thomas Coville,
49:29ce bateau à foils, etc.
49:31Vous parliez des nouvelles technologies, moi j'avais été sidérée,
49:35parce qu'au final, vous rentrez dans la cabine, il ferme tout,
49:38c'est-à-dire qu'il n'y a plus le grand…
49:40et il y a des écrans partout, et des espèces de manettes,
49:43il y a des nouvelles technologies dans tous les coins,
49:47et on plaisantait en se disant,
49:48alors par contre s'il y a un écran qui tombe en panne ou quoi,
49:51il faut re-savoir naviguer à l'ancienne avec le sextant, la boussole, etc.
49:55Donc, bien sûr, ça va évoluer, mais c'est sidérant en fait,
50:04déjà, ça évolue super vite, et vous voyez les records qui tombent,
50:08donc je pense qu'il faut déjà, entre guillemets,
50:12profiter ou être étonné et impressionné de ce record-là,
50:17de ces records-là, voir déjà les avancées qu'il y a eues,
50:20et ils continuent à chercher, ils font toujours…
50:22c'est vraiment d'ailleurs ce qui les passionne,
50:24Thomas Coville, c'est une des choses qui le passionnent le plus,
50:25c'est la recherche, comment optimiser encore plus, encore plus,
50:29et alors là, je ne sais pas ce que vous avez, vous, à l'image,
50:32par rapport au bateau, si vous avez aussi le paysage ou quoi,
50:34mais moi, au niveau du son, je capte les vagues,
50:37j'entends qu'ils tapent un peu contre la coque, c'est dingue,
50:41c'est fascinant ce qu'ils font, et je pense aussi,
50:44il faut juste se dire ça, que c'est incroyable ce qu'ils font,
50:46et c'est beau, quoi.
50:48Moi, j'ai presque le mal de mer, rien qu'à le voir.
50:51Angélique Cochy.
50:54Oui, j'ai beaucoup le mal de mer,
50:56mais tous les records aussi fous puissent-ils paraître
50:59sont toujours éphémères, et c'est aussi ce qui fait la beauté,
51:03de se dire que finalement, on a le droit de rêver de pouvoir les battre,
51:06et même les records qui nous semblent toujours inatteignables,
51:09et bien finalement, à chaque fois, on dit
51:10« et finalement, quelqu'un l'a rebattu, c'est fou »,
51:13et voilà, moi, je viens du monde du tennis,
51:14et tout le monde disait que Federer,
51:16c'était totalement impossible de faire mieux,
51:18et finalement Djokovic et Nadal ont fait mieux,
51:20et certainement que ça sera battu dans les années à venir,
51:22et c'est ce qui fait aussi la beauté du sport,
51:24de pouvoir toujours essayer de faire mieux.
51:27Éric Bélion, quand on voit toute cette technologie,
51:30et j'ai beaucoup de plaisir à échanger avec vous,
51:32parce que vous insistez sur le côté romantique de cette course,
51:35sur cette aventure,
51:36est-ce que la technologie, ça réduit le côté aventure ?
51:45C'est une très bonne question.
51:48Pour ma part, effectivement, ça peut,
51:52en fait, il faut savoir bien la doser.
51:56Vous voyez, par exemple, moi, j'ai un cockpit qui est assez ouvert,
51:59je n'ai pas du tout envie de faire un tour du monde
52:03sans voir mon sillage, sans voir l'océan,
52:06donc j'ai aussi besoin d'avoir un bateau que je maîtrise.
52:13De temps en temps, le problème,
52:14c'est quand la technologie dépasse l'homme,
52:18il faut savoir que sur l'océan, il y a toujours du gros temps,
52:21il y a toujours des vagues.
52:23La technologie, elle peut vraiment servir dans le cas où tout est réuni,
52:30où il y a des gros budgets,
52:31où il y a des équipes qui sont capables d'utiliser cette technologie.
52:36La technologie, elle peut aussi être réductrice,
52:39c'est-à-dire, elle peut aussi couper l'herbe sous le pied à d'autres aventures.
52:43La technologie coûte cher,
52:45elle fait de la ségrégation à l'argent.
52:50Je pense qu'il y a aussi des aventures qui méritent d'être ouvertes.
52:54Par exemple, moi, je suis un marin,
52:57ce que j'aime, c'est de naviguer sur mon bateau
53:00et parfois, nos bateaux se viennent tellement compliqués
53:03qu'on passe plus de temps en chantier qu'à faire ce qu'on aime faire,
53:07c'est-à-dire être sur l'eau et manœuvrer notre bateau.
53:10Donc la technologie, oui, mais à bon escient
53:12et je crois que ce qui est plus important,
53:14c'est d'être heureux dans ce qu'on fait, dans le sport qu'on fait.
53:18Merci Éric Bélion, merci beaucoup de nous avoir accueillis à bord.
53:22On a vu un rayon de soleil, on a eu beaucoup de chance,
53:25on a partagé presque les embruns ici sur le plateau de sport, etc.
53:33C'était un moment très agréable, effectivement, que d'être comme ça en bateau.
53:37On attend Éric Bélion très rapidement en vrai sur notre plateau.
53:42Avant de nous quitter, on va célébrer un anniversaire,
53:45pas le mien, pas mes 50 ans, mais celui des albums Panini.
53:48Les 50 ans de l'album Panini, vous le savez,
53:51sont ces petites vignettes, l'album du Championnat de France,
53:55cette saison, il est un tout petit peu particulier
53:57parce que Panini a décidé d'y inclure des anciennes gloires.
54:01Je pense à Robert Pirès, Sonny Anderson, Pedro Miguel Paoletta.
54:05Est-ce que, mesdames, vous avez des souvenirs de ces vignettes Panini ?
54:09Je vais partager le mien, c'était les albums de mon frère,
54:13J'étais enseignante en primaire et ça circulait, évidemment, dans la classe,
54:17sous le bureau, entre en cachette pendant qu'on faisait autre chose.
54:20Parfois, il fallait sévir pour récupérer les cartes
54:22et les rendre à la récré ou en fin de journée.
54:24Donc, si, j'en ai vu circuler quand même pas mal.
54:27Moi aussi, c'est le souvenir, déjà, de ceux de mon père,
54:31donc pour dire à quel point ça remonte.
54:33Et ensuite, c'est drôle que vous parliez des vignettes Panini
54:36parce que, justement, dans le label Club Rebond qu'on propose,
54:39il y a, justement, un album fait comme si c'était un album Panini
54:44où on a, justement, des choses sur les préventions, etc.
54:47et des pages entières sur les actions qu'on fait avec le club et Rebond
54:53et sur les enfants entre eux pour aussi apprendre à se vivre ensemble
54:58et retrouver un peu ce goût du partage et d'échange
55:02pour créer un sentiment d'appartenance.
55:04Merci beaucoup. Merci.
55:06On célèbre comme ça les 50 ans des albums Panini.
55:10Merci à vous quatre, mesdames, de m'avoir accompagnée aujourd'hui.
55:13Merci à vous de nous avoir suivis.
55:14On se retrouve très rapidement pour un nouveau numéro de Sport Etc.