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Avec Denis Olivennes, chef d’entreprise, essayiste, et auteur de "La France doit travailler plus" (Edition Albin Michel)


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##LA_VERITE_EN_FACE-2025-01-16##

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News
Transcription
00:00« Ma chambre à la forme d'une cage. »
00:03« Travailleuse, travailleur, c'est à vous que je m'adresse particulièrement ce soir. »
00:07Sud Radio.
00:08« Parce que nous vivons plus longtemps, il nous faudra travailler plus longtemps. »
00:12La Vérité en face.
00:13« C'est travailler plus pour gagner plus, pas pour gagner moins. »
00:15Patrick Roger.
00:16« Je ne veux pas travailler, je ne veux pas déjeuner. »
00:23La France doit travailler plus.
00:25Denis Oliven, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27C'est le titre de votre livre « Et les Français Être Mieux Payés » qui arrive aussi en une
00:32aux éditions Albain Michel.
00:34Alors, on y reviendra tout à l'heure parce que ce matin, il y a des auditeurs qui ont
00:38entendu Olivier Babau qui disaient que, grosso modo, on était un petit peu plus fainéant,
00:42on était dans une génération du confort.
00:44Là, vous n'avez pas tout à fait la même vision que lui, on va en débattre.
00:48Mais tout de même, vous dites que les Français travaillent moins que les autres aujourd'hui,
00:53c'est-à-dire que qui ? Travailler moins que qui ? Que nos voisins européens ?
00:57Alors, on va revenir pour savoir ce que ça veut dire exactement les Français, parce
01:00que ce n'est pas vous et moi, ce n'est pas le boulanger du coin, ce n'est pas le paysan,
01:04ce n'est pas l'ouvrier.
01:05En durée individuelle du travail, les Français travaillent à peu près comme les autres,
01:09un peu moins.
01:10Mais ce n'est pas ça qui est décisif, c'est que nous sommes beaucoup moins nombreux à travailler.
01:14Il y a six Français sur dix qui ne travaillent pas.
01:17Donc la charrette France, c'est un véhicule qui est tiré par quatre Français qui bossent
01:22et sur laquelle sont assis six autres Français qui ne travaillent pas.
01:25Et c'est qui ?
01:26C'est six autres Français, c'est les jeunes en formation, parce que chez nous, il n'y a
01:30pas d'alternance.
01:31Même si ça s'est développé.
01:33Ça s'est développé.
01:34En fait, la bonne comparaison pour nous, c'est l'Allemagne.
01:37Donc quand on se compare à l'Allemagne, on a moins d'alternance que les Allemands.
01:41Les gens qui restent à domicile, en particulier les femmes, mais pas seulement, font moins
01:45de petits jobs complémentaires que les Allemands.
01:48Et puis, on a une retraite plus précoce que les Allemands et on a moins de cumul emploi-retraite.
01:53Et tout ça fait quoi ?
01:54Ça fait que l'équipe de foot allemande pour la production de richesses, elle a onze joueurs
01:58et nous, on en a huit.
01:59Et c'est notre problème numéro un.
02:01Donc, nous ne sommes pas suffisamment nombreux, mais est-ce qu'il y a aussi un problème qui
02:07vient de la valeur travail ?
02:09On n'accorde plus tout à fait la même valeur.
02:12Alors, il y a le Covid, mais il y a aussi depuis 15-20 ans, il y a eu les 35 heures
02:17travaillées moins.
02:19Non ?
02:20Franchement, je ne crois pas du tout.
02:21Globalement, c'est ce que vous dites.
02:24Globalement, les pays occidentaux travaillent beaucoup moins.
02:27Il y a une tendance naturelle, les progrès techniques, et c'est très heureux.
02:31En 1900, 70% de notre vie éveillée était consacrée au travail.
02:37Maintenant, 70% de notre vie éveillée est consacrée au loisir ou à la formation.
02:43Donc, on a fait un progrès énorme, mais c'est fantastique.
02:45C'est la société d'abondance.
02:47Simplement, dans cet univers où tout le monde travaille beaucoup moins que nos arrières
02:53grands-parents, les Français travaillent moins que les autres.
02:56Ce n'est pas parce qu'ils sont plus flémards que les autres.
02:58Ce n'est pas culturel.
02:59C'est parce que nos lois, nos règlements, notre système fiscal, nos politiques publiques
03:05ne nous incitent pas à travailler.
03:08Quels sont alors les points de blocage, justement, là-dessus ?
03:11Le premier point de blocage.
03:14Avant que je ne dise ça, je voudrais juste préciser un point.
03:18Quel est l'effet de ça ?
03:20C'est qu'on a moins de richesse.
03:23L'essentiel des crises que la France traverse depuis 30 ans,
03:27les gilets jaunes, la crise des retraites, le blues des fonctionnaires,
03:31tout ça vient essentiellement du fait que nous ne produisons pas assez de richesse.
03:35Ça veut dire quoi ?
03:36Ça veut dire qu'on distribue moins de pouvoir d'achat.
03:38Vous savez qu'en 1960, en 20 ans, vous doubliez votre niveau de vie
03:43par les gains de pouvoir d'achat.
03:45Aujourd'hui, il faut 90 ans.
03:47Donc ça, c'est la crise du pouvoir d'achat.
03:49Et l'autre élément, c'est les services publics qui sont mal financés.
03:53Les urgences embouteillées, les profs qui ne sont pas remplacés,
03:57pas assez de policiers dans la rue.
03:59On n'a pas assez de ressources publiques.
04:01Si on travaillait comme les Allemands, on aurait 100 milliards d'euros de plus
04:05de recettes publiques.
04:06Ce que certains vous diront chez les Allemands,
04:08il y a eu une prolifération des petits boulots
04:10et ça conduit à énormément de problèmes aujourd'hui
04:13chez des personnes âgées qui ont du mal à joindre les deux bouts.
04:16Il y a eu cette théorie des petits boulots.
04:18Il y a des petits boulots, pourquoi ?
04:20Il y a des petits boulots.
04:21En Allemagne, chez nous, le temps partiel choisi,
04:26c'est 8% de la population.
04:29En Allemagne, c'est 20%.
04:31Mais c'est choisi.
04:32Et si vous interrogez les titulaires de temps partiel en Allemagne,
04:3590% d'entre eux sont heureux.
04:37Pourquoi ?
04:38Parce qu'il y a une quinzaine d'années, une vingtaine d'années,
04:40l'Allemagne a rendu le temps partiel beaucoup plus attractif.
04:43Il est moins fiscalisé, il est moins chargé en impôts,
04:46il crée des revenus supérieurs,
04:49il est plus facile à vivre que chez nous.
04:52Donc ils ont incité à ce travail
04:54et c'est ça qui fait la différence.
04:56Ils travaillent plus, donc ils produisent plus de richesses,
04:58donc ils ont plus de pouvoir d'achat et plus de recettes publiques.
05:01Oui, alors Denis Oliven, les gens qui vous écoutent se disent
05:04bon ben d'accord, on a compris, donc on ne travaille pas assez,
05:07on ne met pas suffisamment de moyens à droite à gauche,
05:09mais comment fait-on ?
05:10Parce qu'on dit qu'il y a le poids des prestations sociales
05:13qui est trop élevé en fait, d'une façon générale en France.
05:17C'est le problème numéro un.
05:18C'est qu'aujourd'hui, si votre employeur, Patrick,
05:22vous augmente de 100 euros,
05:24il y en a 43 simplement qui vont venir dans votre poche.
05:28La majorité de l'argent que votre employeur va mettre sur votre salaire
05:32va partir en cotisations et en impôts.
05:36En France, on a privilégié les revenus du travail
05:40comme source de l'imposition.
05:42Et donc pourquoi voulez-vous travailler plus
05:45si en travaillant plus, vous financez d'autres que vous-même ?
05:50On a un énorme problème.
05:52Tant qu'on ne résoudra pas ça, on ne changera pas la donne.
05:55Et c'est le problème principal pour moi.
05:57On a eu, avant-hier ou hier, je ne sais plus,
06:00la 15e déclaration de politique générale du Premier ministre depuis 30 ans.
06:05Aucune de ces déclarations de politique générale
06:08n'a mis cette question au centre.
06:10C'est le nœud des problèmes français et on ne veut pas le traiter.
06:13Et ça ne veut pas dire nécessairement qu'il faut qu'on réduise nos dépenses.
06:17Il faut qu'on déplace.
06:18– Il faudra faire des choix quand même, Denis.
06:20Vous, l'homme de gauche justement,
06:22vous êtes plutôt pour le maintien de certaines prestations aussi.
06:26Pour qu'il y ait un sauvetage de populations, entre guillemets,
06:31qui ont du mal peut-être à mettre le pied à l'étrier au monde du travail.
06:35– Je ne dis pas qu'il n'y a pas des économies à faire.
06:37– Vous êtes toujours de gauche.
06:38– Oui, toujours.
06:39Il n'y a pas des économies à faire.
06:41Mais déjà, si on déplaçait l'assiette des impôts.
06:44Je vous donne un seul exemple.
06:46Ce qu'on appelle le foncier bâti, les terrains sur lesquels il y a des immeubles.
06:49La valeur de ce foncier bâti, c'est 9 000 milliards d'euros.
06:54Si vous prenez 1%, une taxe d'1% sur ce foncier bâti,
06:59vous rapportez 90 milliards d'euros.
07:011% ce n'est pas énorme, 90 milliards d'euros.
07:03Imaginez que vous soulagiez l'imposition ou les cotisations sociales des revenus
07:07vers le foncier bâti, vous déplaceriez 90 milliards d'euros.
07:11Ça veut dire un changement très important pour la rémunération des salariés.
07:15C'est une économie très importante pour chacun de nous,
07:19sur nos charges ou nos impôts, sur nos revenus.
07:23Alors ça, c'est les aspects techniques.
07:25Il y a aussi la mentalité.
07:27Est-ce que nos mentalités aujourd'hui en France ont évolué au fil des années
07:32et que l'on a quand même moins envie de travailler ?
07:35Je l'évoquais en fait en introduction.
07:37Franchement, je ne crois pas.
07:39C'est comme le nuage de Tchernobyl qui s'arrêterait sur la frontière française.
07:43Pourquoi voudriez-vous que nous ayons moins envie de travailler
07:46que les Allemands, les Suédois ou d'autres ?
07:48Non, c'est simplement qu'on est moins rémunérés.
07:50Le temps partiel chez nous est moins attractif que chez les autres.
07:54On n'a pas développé l'alternance.
07:55Je vous assure que les jeunes seraient ravis de faire de l'alternance.
07:58Ça s'est développé, ce que je vous disais.
08:00On a une retraite qui est plus précoce que chez les autres.
08:03Vous allez me dire que les Français sont contre le fait qu'on retarde l'âge de dépense.
08:08Oui, mais s'ils étaient mieux rémunérés,
08:10si les gens à qui on propose de retarder de deux ans leur retraite,
08:14on leur disait « vous allez gagner 20% de salaire en plus que ce que vous gagnez aujourd'hui ».
08:18Vous croyez que leur rapport avec le recul de l'âge de la retraite serait le même ?
08:21Donc, on a trois sujets qu'il faut qu'on traite.
08:24Il faut qu'on traite le temps partiel, il faut qu'on traite l'alternance
08:27et il faut qu'on déplace, qu'on allège le poids des cotisations et des impôts
08:31sur les revenus de travail pour que le salaire net des salariés soit plus important.
08:35Que chacun d'entre nous regarde sa feuille de paie,
08:37il va être impressionné par le passage du...
08:40Évidemment, on devrait détailler à chaque fois tout ça sur la feuille de paie.
08:44C'est détaillé mais on ne le voit pas.
08:46Sur votre feuille de paie, ce que paye votre employeur pour vous et ce que vous recevez dans votre poche,
08:50imaginez qu'on déplace 20% de ça, on serait tous beaucoup plus heureux
08:54et toute une part des problèmes que nous avons seraient traités.
08:56Oui, mais on vous dirait qu'on a moins de couverture aussi
08:59pour l'ensemble des prestations sociales que j'évoquais tout à l'heure.
09:03Donc comment trouver ce balancier ?
09:06Il y a deux choses à faire.
09:08D'abord, une fois encore, je redis, il y a d'autres sources.
09:11On a deux choses à faire en France.
09:13On doit déplacer nos impôts des ressources productives.
09:17Il faut qu'on arrête de pénaliser le travail et l'investissement qui créent des richesses.
09:23Et il faut qu'on mette nos impositions sur des ressources qui sont moins productives.
09:29Je vais vous donner l'exemple du foncier Maty, il y en a d'autres.
09:32Et puis d'autre part, il faut aussi qu'on s'interroge, en effet, sur certaines de nos dépenses sociales
09:36pour voir celles qui incitent à travailler et celles qui n'incitent pas à travailler.
09:40Bref, il faut qu'on fasse...
09:41— Le RSA, par exemple, en échange d'une activité, vous vous y êtes plutôt favorable.
09:46— Très favorable. Ça me paraît légitime de faire ça.
09:49On a une charge sociale importante sur le RSA.
09:53Que la contrepartie de cette charge sociale soit un travail pour la collectivité me paraît légitime.
09:59— Mais qui pourrait mettre des leviers, effectivement, en place ?
10:04Parce qu'on voit les ministres qui succèdent.
10:07Il y a une grande administration, en fait, autour qui, finalement, mouline un peu, si je puis dire.
10:12Mais on ne voit rien changer.
10:14— Mais c'est ça qui me paraît incroyable, quand je regarde ça de ma place à moi.
10:18Une fois encore, on nous propose... On a des programmes d'action politique complexes.
10:24On se bat comme des chiffonniers pour essayer de déplacer un pouillème.
10:29Et on a un sujet majeur, un éléphant au milieu de la pièce, qui est cette question du travail.
10:35Je me souviens de Tony Blair, qui était le Premier ministre anglais,
10:38et qui avait dit qu'on a trois priorités dans ce gouvernement.
10:41Première priorité, l'éducation. Deuxième priorité, l'éducation. Troisième priorité, l'éducation.
10:45Donc si on avait un Premier ministre qui disait qu'on a trois priorités en France,
10:49le travail, le travail et le travail, parce qu'on va produire plus de richesses.
10:53En produisant plus de richesses, on va avoir plus de pouvoir d'achat, des services publics mieux financés.
10:58Et les Français seront plus heureux.
11:00Franchement, ça changerait la phase de notre pays. Et on ne le fait pas.
11:05Allez, nous poursuivons dans un instant avec vous, Denis Oliven. La France doit travailler plus.
11:10Je vais vous poser la question cash. Est-ce que les nouvelles générations sont plus fainéantes ?
11:13Et est-ce que l'intelligence artificielle, vous l'évoquez, toutes les nouvelles technologies vont changer les choses ?
11:18Il y a un véritable débat. Certains disent qu'on ne pourra plus employer tout le monde.
11:22Que faudra-t-il faire ? Est-ce qu'il faudra un revenu ou pas ?
11:25Ou est-ce qu'au contraire, il faut s'y mettre ?
11:27On voit ça dans un instant. Et au 0826 300 300, vous pouvez poser vos questions.
11:32Et bien sûr, la vérité en face, on se dit les choses.
11:35Que ça fasse plaisir ou pas, évidemment. Vous le savez.
11:50Denis Oliven, est-ce que travailler, c'est trop dur ?
11:54Votre livre, La France doit travailler plus et les Français être mieux payés, aux éditions Albert Michel.
11:59Parce qu'il y a cette question, effectivement, dans notre société aussi.
12:03C'est dur, le boulot. Et on a peut-être moins envie de faire d'efforts.
12:08C'est ce que défendait Olivier Babaud. Vous avez été, je crois, en débat dans le Figaro Magazine face à lui.
12:14Et lui dit, on est tombé dans la flemme, notre société. Dans une société de confort.
12:19Ça, quand même, non ? Vous ne le croyez pas ?
12:21Franchement, je ne crois pas. Et d'ailleurs, à chaque fois qu'on en a fait l'expérience pratique, par exemple,
12:26lorsque Nicolas Sarkozy avait augmenté les heures supplémentaires, on avait vu que ça avait un effet immédiat.
12:32Travailler plus pour gagner plus, ça fonctionne.
12:36Donc, si les gens étaient flemmards, ça ne fonctionnerait pas. Je ne dis pas que l'argent est le seul moteur.
12:41Par ailleurs, c'est vrai qu'en France, on a probablement des conditions de travail, de bien-être au travail,
12:48plus difficiles que dans d'autres pays. Peut-être qu'on a une culture managériale qui est plus verticale,
12:55moins soucieuse de la responsabilité, de l'initiative des salariés par rapport à des pays d'Europe du Nord.
13:02Donc, l'argent n'est pas le seul mobile.
13:05Globalement, nos sociétés sont des sociétés dans lesquelles on travaille beaucoup moins que nos grands-parents.
13:11Les progrès techniques nous ont permis de faire ça, les gains de productivité, comme on dit.
13:15Donc, on est tous très heureux d'avoir une formation plus longue, une retraite avec une espérance de vie plus longue,
13:21plus de vacances, de pouvoir profiter des gens qu'on aime.
13:25– Justement, est-ce qu'on ne s'est pas installé dans cette société de confort en se disant que finalement,
13:30ça nous était dû, et notamment pour les jeunes générations ?
13:33Quand vous discutez avec certaines jeunes générations aujourd'hui, lors d'entretiens d'embauche,
13:38ils vous demandent s'il y a du télétravail, combien de temps...
13:43Alors qu'il est apparu, en plus, de façon beaucoup plus exponentielle, si je puis dire, avec le Covid.
13:48– Oui, c'est vrai, tout ça est vrai.
13:50C'est vrai que le rapport avec le travail a changé,
13:53que le souci de son confort de vie est plus important,
13:56de sa qualité de vie est plus important qu'avant.
13:58Il n'empêche que dans ce cadre-là, on serait capable de travailler au moins autant,
14:04et nos concitoyens sont aussi disponibles pour le travail
14:10que nos voisins à quelques kilomètres de la frontière en Allemagne.
14:14En fait, si vous avez des incitations positives à travailler,
14:18mais aujourd'hui vous êtes un jeune qui se présente sur le marché du travail,
14:23par exemple dans les métiers non qualifiés, les salaires sont franchement pas très...
14:30La qualité de vie du salaire qu'on vous propose n'est pas très motivante.
14:35– Alors attendez, c'est en train de changer quand même Denis Oliven.
14:38Plombier, il y a quelques années, vous gagniez moins par exemple que enseignant.
14:43– C'est vrai, c'est vrai.
14:44– Aujourd'hui, un plombier gagne deux fois plus qu'un enseignant.
14:47– C'est vrai, c'est vrai.
14:48– Et d'ailleurs, beaucoup disent qu'avec l'avènement de l'intelligence artificielle,
14:51des métiers qui sont entre guillemets du tertiaire,
14:54ont peut-être moins de valeur que d'autres métiers dits moins qualifiés.
14:58– Oui, on a beaucoup dit ça, on a souvent dit à chaque révolution technologique
15:02que le chômage, Keynes, le grand économiste, pensait dans les années 30
15:07que le travail allait disparaître sous l'effet du progrès technique.
15:10Il s'est trompé parce qu'en fait, le progrès technique génère de nouveaux besoins
15:15et génère de nouvelles qualifications.
15:16Ce qui est vrai, ce qu'on observe aux États-Unis,
15:19ce qu'on observe partout dans tous les pays occidentaux,
15:23c'est que les deux métiers qui se développent sont les métiers très qualifiés
15:27et les métiers absolument non qualifiés qu'on ne peut pas remplacer.
15:31Un serveur de restaurant par exemple, qui est un beau métier,
15:34mais on ne peut pas le remplacer par l'intelligence artificielle.
15:37En revanche, les métiers intermédiaires, je ne sais pas,
15:39par exemple les assistantes de direction vont, eux, disparaître.
15:43– Déjà, ça a commencé, bien sûr.
15:45– Bien sûr, mais ce qui se passe depuis que ce mouvement,
15:48depuis 100 ans, un peu 200 ans même,
15:51on est rentré dans un processus de révolution industrielle et technologique
15:55qui nous a donné une richesse fantastique.
15:57Jamais les pays qui ont connu cette révolution n'ont été aussi prospères.
16:02Et cette révolution transforme les emplois.
16:04La paysannerie a disparu au profit de l'industrie,
16:07puis l'industrie au profit des services.
16:09Donc on va connaître à nouveau cette mutation.
16:12Je ne crois pas, si notre appareil de formation s'adapte,
16:15je ne crois pas que l'emploi va disparaître.
16:18– Et pourtant, sur un plan politique par exemple,
16:20il y en a qui ont développé, vous le savez, le droit à la paresse,
16:23de beaucoup moins travailler et…
16:26– Mais ça, j'en parle dans mon livre.
16:30Je ne dis pas qu'il n'y a pas des gens,
16:32notamment à la gauche de la gauche,
16:34qui n'ont pas une vision absurde du travail,
16:37qui considèrent que, en gros, la solution c'est de faire payer les riches.
16:42La solution à tous nos problèmes, c'est de faire payer les riches.
16:44Ça ne fonctionne pas, c'est pas vrai.
16:46Il faut d'abord produire de la richesse.
16:48Donc si vous ne travaillez pas, vous ne produisez pas de richesse.
16:51Donc l'idée dans laquelle la France s'est enfermée depuis une trentaine d'années
16:55et qui explique une bonne partie de nos malheurs,
16:57c'est-à-dire produisons moins mais taxons plus,
17:00cette idée-là est la cause de la situation grave dans laquelle nous sommes aujourd'hui.
17:04– Est-ce qu'il y a un risque aussi de décroissance aujourd'hui ?
17:07Parce que certains prônent cette décroissance,
17:09un peu les mêmes sur un plan politique.
17:11– C'est une idée qui est extrêmement nocive et dangereuse.
17:14Pourquoi ? Les gens disent que la croissance détruit l'environnement.
17:18Et donc, pour arrêter de détruire la planète, arrêtons la croissance.
17:23D'abord, on peut croître sans détruire la planète.
17:25C'est ce que nous faisons maintenant depuis une quinzaine d'années.
17:28On a vu que la richesse nationale progressait alors que l'émission de CO2 décroît.
17:36Donc on peut faire les deux.
17:37Mais surtout, il faut se rendre compte de ce que ça signifie la décroissance.
17:41Si aujourd'hui on a une croissance continue de nos dépenses publiques,
17:46si demain vous perdez un point de croissance,
17:48un point de croissance c'est 30 milliards d'euros.
17:51Ça veut dire 15 milliards d'euros de recettes publiques en moins.
17:55On supprime le RSA ?
17:57Qu'est-ce qu'on fait ?
17:58Regardez comment on a du mal à réduire les dépenses publiques pour les recettes.
18:02Vous imaginez ce qui se passe en cas de décroissance ?
18:04– Oui, oui.
18:05Dans votre livre, il y a un chapitre où vous parlez d'un complot contre le travail.
18:10L'absentéisme, etc.
18:14Y compris, vous avez parlé de la fonction publique tout à l'heure,
18:17mais dans la fonction publique aussi, sur cet absentéisme,
18:21sur le fait de travailler parfois.
18:23Là, j'ai des auditeurs à Marseille qui nous écoutent.
18:25Ils savent que, par exemple, certains de la municipalité ne travaillent pas 35 heures,
18:29mais plutôt 28 heures et encore.
18:31Que faire face à cela ?
18:33– J'essaie de décrire dans le livre des différents indices d'un malaise au travail.
18:40La grève, l'absentéisme…
18:41– La gréviculture.
18:43– Pour moi, ce sont des symptômes du fait qu'en effet,
18:47il y a probablement une question de malaise ou de malheur au travail.
18:52Mais la cause principale pour moi, c'est la rémunération.
18:55C'est le fait que nous prenons les cotisations sociales et les impôts
19:00prennent une part trop grande des revenus du travail.
19:03Si on règle cette question, je suis absolument persuadé
19:07et à la lumière de l'expérience d'autres pays ou de notre propre expérience,
19:11je suis persuadé que nous verrons se réduire ce malaise au travail.
19:15Ce n'est pas la seule raison, mais c'est la raison principale.
19:17– Ça fait 20 ans qu'on l'entend, ça réduit les charges,
19:20les patrons et les petits notamment.
19:22– Et on fait l'inverse.
19:24Nous n'avons pas cessé de faire progresser nos charges.
19:27C'est le cercle vicieux dans lequel nous sommes enfermés.
19:31Nous taxons toujours davantage, donc nous produisons moins.
19:34Et comme nous produisons moins, nous avons moins de ressources,
19:37donc on taxe encore davantage.
19:39– Et il y a une question assez taboue autour du travail.
19:42Dans certains quartiers qui sont plutôt défavorisés,
19:45mais défavorisés entre guillemets, on voit qu'il y a des taux de chômage
19:48qui sont x3, x4 parfois, par rapport au taux de chômage classique.
19:53Que faudrait-il faire pour remettre ces gens au travail ?
19:57Parce que vous avez d'autres secteurs où on dit
20:00« Attendez, moi je cherche du monde, je n'arrive pas à trouver. »
20:03Que faire ?
20:04– C'est un deuxième problème que…
20:06Je disais tout à l'heure que le problème numéro un de la France,
20:09c'est ce qu'on appelle le taux d'activité,
20:11c'est-à-dire les temps partiels, l'alternance, l'âge de la retraite.
20:17L'autre problème, c'est la productivité.
20:20On dit que la France est très productive,
20:22que les travailleurs français sont très productifs.
20:24Ce n'est pas vrai.
20:25Quand on regarde de près, on est beaucoup moins productif que les Allemands
20:29et cette productivité décroît.
20:30Pourquoi ?
20:31Parce qu'on a un énorme problème de notre système éducatif.
20:35Depuis une trentaine d'années,
20:37ce système éducatif n'a cessé de se détériorer
20:40et ses performances se détérioraient.
20:42Et on le disait tout à l'heure,
20:43aujourd'hui le monde du travail est un monde de la qualification.
20:47Donc une partie des jeunes dont vous parlez
20:49sont des jeunes qui sont en situation d'échec scolaire.
20:52– Oui, mais ils pourraient très bien trouver du travail dans d'autres secteurs.
20:56– Oui, mais ce n'est pas tel.
20:57Ces secteurs-là ne sont pas ceux qui sont les plus productifs.
20:59C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
21:00Si d'un côté les secteurs à faiblement qualifiés sont mal rémunérés
21:05parce que le poids des charges est trop important
21:07et que de l'autre côté nous ne formons pas assez de travailleurs qualifiés,
21:11vous voyez bien qu'on est pris dans un étau.
21:13Donc c'est ces deux choses qu'il faut qu'on fasse.
21:15Il faut qu'on réduise les charges et les impôts sur le travail
21:19et de l'autre côté il faut qu'on redresse notre système éducatif.
21:22Ce sont nos deux priorités absolues
21:24pour que nous sortions de la situation de détresse et de colère
21:28dans laquelle nous nous enfonçons.
21:29– Voilà, merci Denis Oliven.
21:31Et puis il y a, on aurait pu y revenir, on y reviendra d'ailleurs,
21:34on l'a beaucoup abordé, notamment la semaine dernière
21:36sur l'intelligence artificielle qui est en train de bousculer les choses.
21:40Après il faut être capable d'adapter, de s'adapter,
21:44d'adopter aussi les nouvelles techniques bien sûr de production
21:48et probablement qu'il y aura des bouleversements
21:51pour l'emploi et les métiers demain.
21:53Merci Denis Oliven.
21:54– Merci à vous.
21:55– Donc je rappelle votre livre
21:56« La France doit travailler plus et les Français être mieux payés »
21:58évidemment, bien sûr, dans un instant Valérie Expert,
22:01Gilles Gansman et Tristan Vallecq
22:03qui sera l'invité et puis la rédactrice en chef du FC
22:07que choisiraient tous les programmes évidemment jusqu'à ce soir.
22:10Tiens, jusqu'au foot, n'oubliez pas le But Football Club
22:12ce soir à 20h avec Lionel Rousseau et toute sa bande.

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