Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Pierre-Yves Martin et François Ouzilleau
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00:00Les Vraies Voix Sud Radio, 17h-19h, Philippe David, Cécile de Ménibus.
00:07Bienvenue dans Les Vraies Voix jusqu'à 19h, on rit encore parce que j'étais dans ma tête
00:15persuadée que c'était la fin de l'émission et pourtant je suis concentrée sur ce qui
00:19est en face de moi.
00:20Bref, Philippe Bilger est avec moi, ils sont revenus du coup, je les ai fait partir, ils
00:25sont tous là, Pierre-Yves Martin, consultant indépendant et François Ousillaud, maire
00:30de Vernon et conseiller régional de Normandie.
00:32Je me disais pourquoi ils me regardent tous bizarrement ? Merci en tout cas Philippe David
00:36de me soutenir psychologiquement.
00:38Allez tout de suite, le coup de projecteur des Vraies Voix.
00:40Les Vraies Voix Sud Radio, le coup de projecteur des Vraies Voix.
00:45Avec un chômage qui repart à la hausse en France, on s'y attendait mais les chiffres
00:51sont plus mauvais qu'à temps de bain.
00:53On part à un endroit où je ne sais pas qui cherche des gens.
00:55Je ne veux pas travailler.
00:58Je travaille, c'est vrai que j'en trouve, il y a simplement des gens qui sont prêts
01:02à travailler.
01:03Travailler c'est trop dur, mais voler c'est pas beau.
01:08Maner la charité, c'est quelque chose que je ne veux plus faire.
01:14Et le chômage enregistre donc une hausse jamais vue hors période Covid depuis une
01:18dizaine d'années, 3,9% et même 8,5% pour les jeunes au dernier trimestre.
01:24La Macronie espérait pourtant laisser une embellie économique en héritage.
01:27Alors parlons vrai, est-ce que la politique de l'offre a été un échec ?
01:31Et à cette question, hausse du chômage, plans sociaux, est-ce un échec pour Macron ?
01:36Vous dites oui à 98%.
01:38Vous voulez réagir ? Le 0826 300 300.
01:41Philippe Bilger, je sais que c'est des sujets qui sont compliqués pour vous.
01:47Mais j'y vois un parallélisme intéressant entre François Hollande et Emmanuel Macron.
01:53François Hollande espérait que la réussite du chômage viendrait lors de son quinquennat un peu avorté.
02:03Il arrive, le déclin du chômage arrive après.
02:07Emmanuel Macron croit que c'est sa grande victoire.
02:10Et apparemment aujourd'hui, il y a de nouveau une rechute sérieuse.
02:15Mais je me demande, mais là avec beaucoup de précaution, si on peut considérer que c'est l'échec.
02:22Oui, c'est l'échec d'Emmanuel Macron, puisque tout cela découle tout de même
02:27de la situation politique totalement chaotique depuis la dissolution
02:32et le fait que la France n'est plus dans des conditions
02:36où une véritable lutte pour faire baisser le chômage peut être menée.
02:42C'est vraiment dommage parce qu'en fait c'est quand même l'élément le plus fort de son bilan.
02:46Contrairement à un autre sujet qu'on a abordé il y a quelques minutes.
02:49C'est même le seul finalement.
02:50C'est le seul, c'est le plus puissant, parce qu'au final on avait le taux d'activité le plus fort depuis 1975.
02:56On était redescendu quand même extrêmement bas en chiffre du chômage, y compris chez les jeunes.
03:01Il avait mis en place Choose France, qui était quand même super.
03:04On était aussi devenu le pays le plus attractif pour l'installation des entreprises.
03:07Et là tout est en train de partir à volo depuis le mois de juin 2024.
03:10Donc c'est dramatique j'ai envie de vous dire.
03:13Pour redonner confiance ça va prendre du temps.
03:16Vu ce qu'on s'est dit aussi précédemment, je ne suis pas certain que ça se joue dans les semaines ou dans les mois qui viennent.
03:22De nouveau à mon avis l'année 2025 va être instable politiquement, donc instable économiquement.
03:27Donc les investisseurs ne vont pas forcément choisir la France
03:30ou ne vont pas prendre de décisions importantes pour leur entreprise
03:33de recruter ou de lancer de nouvelles lignes de production ou que sais-je encore.
03:39Et moi je le vois dans mon territoire.
03:43Alors je n'ai pas les derniers chiffres, mais ils étaient bons jusqu'à 2024.
03:49Mais j'ai senti les choses arriver dès juin, dès la dissolution.
03:52Parce que je suis en charge aussi du développement économique sur mon agglomération.
03:55On avait des bonnes touches avec des entreprises étrangères pour qu'elles viennent s'installer chez nous.
03:59Et à partir du moment où Emmanuel Macron a appuyé sur le bouton de la dissolution,
04:02tout le monde nous a dit stop, on arrête, on vous recontacte dans quelques mois.
04:06Et depuis les choses avancent très très lentement, voire pas du tout.
04:10Pierre-Yves Martin.
04:11Moi j'ai déjà envie de rendre hommage à notre Président de la République
04:15pour sa forte contribution autour de l'attractivité économique française.
04:22Il a quand même réussi à créer une dynamique.
04:25Le deuxième élément c'est qu'effectivement personne peut prétendre être à l'origine d'une croissance économique.
04:35La France est calée déjà sur la conjoncture européenne d'une part.
04:39Et d'autre part entre le moment où on décide de réaliser telle ou telle mesure
04:43et les effets positifs qui peuvent en découler, il y a un rapport de temps, un tunnel de temps.
04:48Et du coup aujourd'hui effectivement on est dans une espèce d'attentisme, d'incertitude,
04:55de non-visibilité économique.
04:57Les chefs d'entreprise, effectivement comme vous le disiez,
05:00ne veulent pas prendre la décision d'investir, de faire évoluer,
05:06de faire grandir leur structure, leur organisation.
05:09Peut-être avec une exception, c'est que pour certaines, notamment pour les ETI,
05:14les ETI ont tendance à se tourner du coup vers les marchés de l'export
05:18pour essayer d'aller se développer.
05:20Ce qu'on appelle les entreprises de taille intermédiaire.
05:22Plus de 250 personnes.
05:25Mais c'est vrai qu'on ne peut pas reconnaître à Emmanuel Macron
05:31le succès total comme l'échec total.
05:35Il y a des cycles économiques et en fonction de la durée de votre mandat,
05:39vous êtes dans le bon cycle ou pas dans le bon cycle.
05:41Et la CPME qui demande de ne pas sacrifier les entreprises, François Osillo ?
05:45Je vois bien le dilemme dans lequel se trouve le Premier ministre.
05:49À la fois, il faut qu'il ait la majorité la plus importante possible pour perturber.
05:55Et en même temps, il ne faut pas qu'il fasse trop de concessions à la gauche
05:57sur le plan économique.
05:58Sinon, de nouveau, de toute façon, des signaux négatifs seront envoyés
06:03au monde économique et à l'Europe et au monde.
06:06Quand de l'autre côté de l'Atlantique, clairement, les choses sont reprises en main.
06:09Moi, dans mon territoire, pour y revenir une seconde fois,
06:19on a l'industrie spatiale, comme je vous le disais.
06:27Bon, là, pas non plus forcément de bonnes nouvelles à venir
06:29puisque Elon Musk est quand même très proche du président américain
06:33et on sait très bien que SpaceX est quasiment subventionné
06:36par l'État américain à travers la NASA.
06:38Donc voilà, sur l'industrie automobile et sur l'industrie spatiale.
06:41Et d'ailleurs, on voulait réindustrialiser le pays.
06:43C'est ce que disait Bruno Le Maire, l'ancien ministre de l'économie.
06:45Et c'est aussi ce que voulait Emmanuel Macron en lançant un certain nombre de grands plans
06:48qui étaient bien abondés aussi en argent public.
06:50Et donc, s'il y a trop de concessions qui sont données à la gauche,
06:53de nouveau, de très mauvais signaux seront envoyés.
06:57Qu'on fasse la réforme des retraites, etc. et qu'on revienne sur l'âge.
07:01Mais aussi, en même temps, il y a censure et que le gouvernement tombe.
07:04Ce n'est pas bon non plus pour le pays.
07:06Donc, j'ai envie de vous dire, malheureusement, je ne suis pas d'un optimisme exaltant.
07:09Mais est-ce qu'il est impossible que les chefs d'entreprise
07:13soient en quelque sorte indépendants du climat politique ?
07:18C'est inconvable.
07:20Parce que le principe de l'économie, c'est qu'elle doit reposer sur un principe de confiance.
07:24Et l'un des jobs censés être du politique,
07:28c'est quand même de créer les conditions de la confiance
07:30pour que les acteurs sociaux, économiques et territoriaux
07:33puissent s'organiser et créer de la richesse.
07:36Mais ce qui est fou, c'est pourquoi il y a-t-il autant de bashings entrepreneurs
07:40aujourd'hui en France ? C'est ça aussi le souci.
07:43Parce qu'on a une culture qui n'a jamais été très...
07:47On a une culture, je ne sais pas comment la qualifier correctement,
07:49je vais dire sociale, peut-être un peu socialiste,
07:53où on ne sait pas valoriser le travail, les talents, les efforts,
07:59et la création de richesses.
08:02C'est vraiment là-dessus.
08:04Et il faut quand même reconnaître qu'on n'aime pas les gens qui réussissent
08:07et on n'aime pas les patrons.
08:09En tout cas, rien à voir avec l'ultralibéralisme dont on prétend que la France,
08:15elle part en gonfle.
08:17Il y avait une audition du patron de Michelin, je crois,
08:20qui a expliqué pendant une grande partie de son intervention
08:24qu'il n'en pouvait plus de cet aspect normatif
08:27qui faisait qu'il n'arrivait jamais à pouvoir investir sur le long terme, justement.
08:30Et confère, on a eu le débat sur les voitures thermiques,
08:33sur 2035, un certain nombre de marques ont pris les devants,
08:36mais à un moment donné, il y avait des débats
08:38sur le fait qu'on allait peut-être revenir en arrière, etc.
08:40Enfin, il faut qu'à un moment donné, on ait une forme de stabilité aussi
08:43sur l'aspect réglementation, législatif, normatif.
08:47Et ça, les grands patrons, ils le dénoncent aussi régulièrement.
08:50Par contre, quand ça allait bien,
08:53il faut rendre ça quand même au président,
08:55quand ça allait bien, je trouve que les patrons ne le disaient pas suffisamment.
08:58Et donc là, on les entend un peu en mode, il faut que les politiques se bouchent,
09:02mais quand ça allait bien et que le président avait des résultats,
09:04il n'y avait pas grand patron qui défilait non plus dans les médias
09:06pour dire que tout se passait bien.
09:08– Mais il y a quand même une question qui se pose,
09:09quand on entend Éric Lombard qui dit que la France,
09:11c'est un pays d'État et pas un pays libéral,
09:13ça ne pose pas un peu de questions quand même, François Ziyouz ?
09:16– Vous savez où il vient ?
09:18– Oui, mais je pose la question à tout le monde.
09:20– Mais c'est vrai, non ?
09:22– Ah oui, mais c'est vrai que la France n'est pas un pays libéral,
09:24alors que tout le monde dit qu'on est un pays ultra-libéral.
09:26Moi, l'ultra-libéralisme à 57% du PIB en dépenses publiques…
09:31– En fait, ce serait bien, et ça ferait peut-être gagner de l'argent public,
09:34et on pourrait enfin tailler dans les dépenses,
09:36ce serait bien que l'État se concentre vraiment sur ses missions régaliennes
09:39et foute la paix aux autres secteurs.
09:41– Mais vous craignez…
09:42– Moi là-dessus, je suis très libéral, je le reconnais.
09:44– Vous craignez une flambée du chauvage en 2025 ?
09:46– Ah oui.
09:47– Et vous comme maire ?
09:48– Oui, les signaux qui arrivent ne sont pas bons.
09:50– Et vous, quel consultant, Pierre-Yves Martin, chez vos clients ?
09:52– Oui, non, ce n'est pas très positif,
09:55on doit normalement s'engager sur une période de 2-3 ans
09:58parce que ça va être compliqué,
10:00et je reviens sur ces sujets de cycle économique,
10:03de consommation qui s'écroule,
10:05par exemple en Chine, la consommation s'écroule,
10:08ça a un impact direct sur la croissance mondiale,
10:11alors d'un point de vue leadership,
10:13c'est certainement très bien pour les États-Unis,
10:15mais pour l'Europe, ça va être compliqué,
10:17puis peut-être revenir aussi sur le rapport au temps
10:19et sur l'investissement dans l'industrie française,
10:21c'est qu'il y a eu effectivement des effets d'annonce,
10:24il y a 3-4 ans, sur la régénérescence de l'industrie française…
10:27– France 2030…
10:28– C'est vraiment que des effets d'annonce,
10:30parce qu'il faut 25-30 ans pour construire une industrie stable
10:35et qui génère de la richesse.
10:37– Merci beaucoup messieurs,
10:38cette fois-ci c'est bel et bien la fin de l'émission.
10:40– C'est sûr !
10:41– Attendez, je vérifie.
10:42– Et demain soir, on parlera des normes dans les vrais voies responsables d'ailleurs.
10:45– Absolument, merci beaucoup Philippe Bilger,
10:47merci beaucoup François Ousillaud, merci beaucoup Pierre-Yves Martin,
10:50dans un instant on va revenir sur l'emploi,
10:52avec cette semaine de l'Association Nationale de la Formation Automobile.
10:57Il y a une semaine de l'emploi du 1er au 8 février 2025,
11:01avec 500 événements un petit peu partout en France.
11:04On va en parler avec nos invités dans un instant, à tout de suite.