Avec Nicolas Goetzmann, chef économiste de la Financière de la Cité
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:06Explication ce matin sur Sud Radio avec Nicolas Götzman, qui est économiste, chef économiste de la Financière de la Cité.
00:15Nicolas Götzman, bonjour.
00:16Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous. Nous allons réfléchir et surtout vous allez nous aider à comprendre pourquoi
00:22Donald Trump a pris cette décision d'augmenter les droits de douane dans le monde entier.
00:27Personne n'est épargné, même des archipels sans habitants où ne vivent que des manchots ou des pingouins qui aussi sont taxés.
00:36Bon, mais bon, hier Emmanuel Macron a parlé de décision brutale et infondée.
00:43Est-ce une décision brutale et infondée, Nicolas Götzman ?
00:47Alors Emmanuel Macron, il a parlé de décision brutale et infondée tout en disant qu'il y avait effectivement des équilibres sur l'économie mondiale, et c'est vrai.
00:53Et les États-Unis le disent depuis à peu près 15 ans.
00:55Déjà Barack Obama en parlait dès 2010.
00:58On a une grande problématique dans l'économie mondiale qui est de faire en sorte, enfin si je veux résumer la situation,
01:04on a la consommation qui se passe du côté américain et on a la production qui se passe principalement du côté chinois,
01:09et c'est encore plus vrai aujourd'hui, et à l'époque en 2010 c'était aussi assez vrai du côté européen.
01:14Donc on a en gros une partie du monde qui consomme, l'autre partie du monde qui produit.
01:17Et en fait, ce que cherche à faire Donald Trump et ce qu'on cherchait à faire aussi Barack Obama,
01:21Joe Biden également, a été en fait de rééquilibrer le commerce mondial,
01:25de faire en sorte que plus de production arrive aux États-Unis,
01:28les Européens ont également essayé de faire plus de production au niveau européen,
01:31mais on doit aussi rééquilibrer la consommation, c'est-à-dire de forcer les Chinois à consommer davantage,
01:35de forcer les Européens à consommer davantage, et en fait tout le monde essaie de faire ça depuis 15 ans,
01:40ça a été fait sans succès, et aujourd'hui on va dire que Donald Trump sort l'artillerie lourde,
01:44ça n'a sans doute aucun sens de la manière dont ça a été fait,
01:47mais en gros le diagnostic de départ des études libres est vrai, il y a vraiment un problème.
01:51C'est-à-dire qu'aux États-Unis on consomme énormément, alors c'est l'un des problèmes d'ailleurs des États-Unis,
01:58on pousse à la consommation, on s'endette, les ménages s'endettent, consomment, consomment, consomment,
02:04et que consomment-ils ? Des produits, comme vous le disiez, fabriqués parfois par des entreprises américaines,
02:11mais fabriqués en Chine, au Vietnam, en Asie et en Europe.
02:16Oui, c'est vrai, et c'est pour ça que c'était aussi intéressant de voir ce qui a été fait par Donald Trump,
02:20parce qu'on voit d'abord qu'on cible les pays à l'extérieur, on cible la Chine, on cible toute l'Asie du Sud-Est,
02:25on cible l'Europe, mais en fait le message sous-jacent de ça, c'est aussi de cibler les entreprises américaines,
02:29c'est-à-dire de cibler les entreprises américaines qui ont très largement délocalisé en Asie du Sud-Est,
02:35un peu partout dans le monde, et de forcer ces entreprises à rapatrier leur production au niveau local.
02:41Quand on voit hier, par exemple, en bourse, la chute de 9% de la valeur d'Apple,
02:46ce n'est pas ce qu'on attendait évidemment de Donald Trump a priori,
02:49mais c'est parce qu'Apple a l'intégralité de ses chaînes de production en Asie du Sud-Est,
02:53et donc ils sont très lourdement impactés par ça.
02:55Donc il y a un message effectivement qui est adressé aux autres pays du monde,
02:58mais il y a un message qui est adressé également aux entreprises américaines pour rapatrier leur production,
03:02soit sur la faible valeur ajoutée plutôt en Amérique du Sud, parce qu'ils sont plutôt épargnés en termes de tarifs,
03:08et tout ce qui est à haut de valeur ajoutée, d'aller vraiment directement sur le sol américain.
03:12Mais il est peu probable à mon avis que ça se réalise, parce que...
03:15Voilà, ça c'est la volonté, c'est l'idée première de Donald Trump.
03:19Il veut absolument rééquilibrer ce commerce international.
03:23Il le rééquilibre en le dérégulant, en faisant sauter toutes les règles commerciales.
03:30C'est ça, et ce qui n'a, je pense, littéralement aucun sens,
03:32c'est que ça fait 15 ans que les Etats-Unis essaient notamment de forcer les Européens à consommer davantage.
03:38On a eu l'inauguration le 20 janvier, quelques semaines après, suite à l'élection allemande,
03:42on a l'Allemagne qui dit qu'on va dépenser 1000 milliards d'euros sur les 10 prochaines années.
03:47Et en fait, ce qui a été dévoilé par l'Allemagne,
03:49c'est qu'elle correspond exactement à la réponse qu'auraient souhaités tous les présidents américains depuis 15 ans.
03:54C'est-à-dire qu'enfin l'Europe se décide à faire de la croissance, à générer de la croissance,
03:57ce qui permettra de rééquilibrer les échanges.
03:59Et au lieu, pour Donald Trump, de prendre ça comme une victoire absolue pour lui,
04:03parce que c'est finalement le cas, en fait ils l'ont quasiment ignoré,
04:07et malgré la réponse qui a été adressée par les Européens,
04:09qui correspond exactement à ce qu'ils souhaitaient,
04:11ils mettent quand même les tarifs.
04:13Et là, ça n'a vraiment littéralement aucun sens.
04:15Pourquoi est-ce que ça n'a aucun sens ?
04:17Pourquoi est-ce que cette décision de Trump n'a aucun sens ?
04:20Pour les Européens, parce que justement la réponse a déjà été donnée.
04:23Pour les Européens ?
04:24Pour les Européens.
04:25Mais pour les Américains ?
04:26Alors, pour les Américains.
04:27Est-ce que le risque est grand ?
04:28Est-ce que ça risque de pénaliser les Etats-Unis ?
04:32Sur le court terme, on a une inflation qui aujourd'hui est à 2,5% aux Etats-Unis.
04:35Ce qui a été fait en termes de tarifs depuis le début de l'année,
04:37ça pourrait rajouter 2,5% d'inflation,
04:39c'est-à-dire entre 4 et 5%.
04:41Donc ça va nourrir l'inflation aux Etats-Unis ?
04:43À court terme.
04:44À court terme, mais comme aujourd'hui les revenus des Américains progressent environ de 3%,
04:48si vous mettez 5% d'inflation, vous avez une perte de pouvoir d'achat.
04:50Et donc là, vous avez vraiment un problème,
04:52c'est-à-dire que sur le court terme, vous pouvez avoir vraiment un tassement de l'économie américaine,
04:55alors que pour le moment, elle était dans une forme resplendissante.
04:57Donc là, on a vraiment un problème de ce côté-là,
04:59c'est-à-dire d'avoir un tassement de l'économie américaine.
05:01Et si on a un tassement, en fait, tout le projet de Donald Trump
05:04qui est de faire en sorte que les entreprises soient incitées à investir sur son territoire,
05:07elles auront peut-être moins envie de venir s'il y a moins de croissance.
05:10Est-ce que je suis vraiment tenté d'y aller ?
05:12Et surtout, est-ce que les tarifs vont être permanents ?
05:14Parce que s'ils ne sont pas permanents,
05:16est-ce que je vais vraiment mettre mon usine aux Etats-Unis
05:18alors que je sais que dans six mois ou dans un an...
05:20C'est la raison pour laquelle Emmanuel Macron a dit hier
05:22qu'il faut suspendre provisoirement les investissements aux Etats-Unis ?
05:26Je pense qu'il y a deux réponses adressées.
05:27C'est effectivement d'avoir ce discours-là,
05:29de dire, n'investissez pas aux Etats-Unis,
05:31on va voir, d'abord on va négocier, et puis on va voir ce qui se passe.
05:34Il y a peut-être un deuxième message qui serait de dire,
05:36mais là, c'est à plus risquer, c'est de dire, en gros,
05:38on ne va pas baisser les prix, c'est-à-dire de faire payer
05:40la décision de Donald Trump aux consommateurs américains.
05:42Et là, évidemment, Donald Trump aura un problème électoral
05:46parce qu'il a quand même des élections dans 18 mois
05:48où il pourrait perdre le pouvoir.
05:50Et donc, si on a une survenance de l'inflation aux Etats-Unis,
05:52il risque de payer cher parce que c'était sa première promesse de campagne.
05:55Bon, alors ça, c'est une mesure qui va dans un...
05:58Finalement, la mesure prise par Donald Trump
06:01d'augmenter ses droits de douane, ça va dans un contexte global.
06:05Parallèlement à ça, il se dit, bon, j'augmente les droits de douane,
06:08mais j'essaie de mettre la main sur l'eau du Canada,
06:11j'essaie de mettre la main sur les terres rares ukrainiennes,
06:15j'essaie de mettre la main sur les minerais du Groenland.
06:18Parallèlement à cela ?
06:20Oui, en fait, quand on voit l'intégralité des décisions
06:23et notamment ce qui s'est passé hier sur les tarifs,
06:26quand on regarde vraiment quel est le destinataire final
06:29de tout ce qui est mis en place, c'est vraiment la Chine.
06:31Vraiment ?
06:32Je pense que oui.
06:34Parce que si on prend les tarifs,
06:36en fait, quand Donald Trump est arrivé,
06:38il y avait 13,5% de tarifs des Etats-Unis sur la Chine.
06:41Ensuite, il a rajouté 20%, on passait à 33,5%.
06:44Hier, il a rajouté 34%, donc ça fait 67%.
06:47En plus, il a dit que ceux qui importent du pétrole du Venezuela
06:49auront 25% de plus, c'est-à-dire qu'on arrive à des tarifs
06:51de 100% sur la Chine.
06:53Nous, on prend 20%, les Chinois se prennent 100%.
06:56Le vrai problème, c'est que quand on regarde
06:58les déséquilibres économiques mondiaux,
07:00les Etats-Unis ont un déficit commercial
07:02de 1 000 milliards de dollars,
07:04la Chine a un excédent commercial de 1 000 milliards de dollars.
07:06En fait, quand on regarde la planète,
07:08on a deux énormes déséquilibres qui viennent
07:10de la consommation américaine et de la production chinoise.
07:12Aujourd'hui, ce qu'essaie de faire Donald Trump,
07:14je pense en visant les Européens, le Canada, le Mexique,
07:16c'est d'inciter ces zones économiques
07:18à arrêter d'importer autant de produits chinois
07:20et d'avoir quelque chose qui se rééquilibre,
07:22de consommer davantage, mais de faire attention
07:24à ne pas autant importer de la Chine.
07:26Oui, mais les Chinois, que vont faire les Chinois ?
07:28Ils vont se retourner vers d'autres marchés.
07:30S'ils ne peuvent plus pénétrer le marché américain,
07:32ils vont se retourner vers le marché européen, par exemple.
07:35C'est ce qu'ils vont essayer de faire, évidemment.
07:37Je pense qu'il faut évidemment s'en protéger,
07:39parce que le gros problème aujourd'hui,
07:41c'est qu'encore une fois, la Chine produit 32%
07:43de la production mondiale, mais ne consomme que 12%.
07:46Donc c'est aux autorités chinoises de relancer
07:48la consommation sur le territoire interne,
07:50que les gens consomment davantage,
07:52qu'ils investissent davantage dans leur pays,
07:54ce qui permettra, si jamais ils consomment plus,
07:56ils importeront plus de produits d'Allemagne,
07:58de France, des Etats-Unis, et on aura un rééquilibrage.
08:01Et le vrai problème originel, il est là,
08:03c'est qu'on a un système chinois qui est basé
08:05vraiment sur la production, mais pas sur la consommation,
08:07qui va forcer, en gros, la construction
08:09de ces produits partout ailleurs dans le monde.
08:11En fait, il y a deux déséquilibres,
08:13la consommation chinoise, et comme vous le disiez
08:15au début de l'interview, la consommation américaine.
08:17Ce sont les deux gros déséquilibres
08:19dans le commerce.
08:21Et l'Europe se place un peu au milieu,
08:23parce que si je regarde les chiffres,
08:25nous, on a un déséquilibre commercial
08:27de 300 milliards à l'égard de la Chine,
08:29en Europe, et on a un déficit,
08:31et on a un excédent commercial sur les Etats-Unis
08:33de 200 milliards. Donc là aussi,
08:35au milieu de la chaîne entre la Chine et les Etats-Unis,
08:37nous, on joue un espèce de rôle de plateforme,
08:39et nous, on doit aussi le corriger.
08:41Et cette correction, elle vient notamment du plan
08:43qui a été fait par l'Allemagne,
08:45qui permettra de corriger la situation.
08:47Donc, encore une fois, aujourd'hui,
08:49l'Europe s'est positionnée plutôt du côté américain,
08:51a répondu, et je pense que c'est favorable,
08:53et en plus, c'est aussi favorable pour les Européens,
08:55parce que ça veut dire plus de croissance en Europe,
08:57et ça fait quand même 15 ans qu'on n'en a pas,
08:59donc c'est plutôt une bonne nouvelle.
09:01Mais Nicolas Guttmann, je voudrais
09:03concrètement que l'on regarde
09:05les conséquences pour nous tous.
09:07D'abord, les conséquences macro-économiques,
09:09elles sont peut-être une récession ?
09:13Est-ce que ça peut entraîner une récession mondiale,
09:15vous pensez ?
09:17Alors, c'est possible, mais on n'en est pas encore là.
09:19Aujourd'hui, on aura un discours
09:21qui va être très important, qui va être adressé
09:23par Jérôme Powell, qui est le patron de la Réserve fédérale des Etats-Unis,
09:25donc la banque centrale américaine,
09:27qui a réussi un espèce de chef d'œuvre
09:29aux Etats-Unis depuis 8 ans, c'est-à-dire de faire en sorte
09:31de faire baisser le niveau d'inflation sans faire monter le taux de chômage
09:33aux Etats-Unis. Et il arrive à son terme
09:35d'ici un an, et il constate
09:37que Donald Trump est en train de détruire ce qu'il avait réussi à faire,
09:39et donc à lui, ensuite, de pouvoir répondre
09:41correctement. Il détruit cet équilibre
09:43à l'intérieur des Etats-Unis ?
09:45Il change totalement l'équilibre. En fait,
09:47l'économie américaine fonctionne depuis pas mal de temps
09:49sur la relance budgétaire, ils ont des déficits
09:51à hauteur de 6% tous les ans,
09:53et une banque centrale qui est tout à fait
09:55pas soumise, mais qui est vraiment très vigilante
09:57à la croissance. Tout est fait pour la croissance
09:59aux Etats-Unis, ce qui n'est pas forcément le cas
10:01au niveau européen. Et donc,
10:03évidemment, quand on a quelque chose comme ça, qui a une perturbation
10:05aussi forte, et qui perturbe aussi la confiance
10:07dans l'économie américaine, on a véritablement
10:09un problème. Ça risque de toucher la croissance américaine.
10:11C'est ça. Et je pense que ce qui s'est passé hier
10:13sur le marché, c'était vraiment un signal. Parce que généralement,
10:15quand on a un risque de récession qui arrive,
10:17généralement, tout le monde se précipite pour acheter du dollar,
10:19parce que c'est considéré comme étant une valeur sûre.
10:21Et ce qui s'est passé hier, c'était justement l'inverse.
10:23C'est l'euro qui a progressé, ou d'autres monnaies qui ont progressé,
10:25et le dollar a chuté.
10:27L'euro qui a progressé, mais surtout,
10:29le franc suisse, le yen,
10:31et puis, dites-moi,
10:33l'or !
10:35Valeurs refuges ! Comme jamais !
10:37Comme jamais ! Oui, parce qu'en fait,
10:39ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'on a un scénario avec une croissance
10:41américaine qui se tasse,
10:43qui va arriver à un niveau... Donc le risque,
10:45c'est tassement de la croissance américaine,
10:47baisse du dollar, de la valeur du dollar ?
10:49C'est ça, avec un peu d'inflation
10:51aux Etats-Unis, et ça fait une situation de stagflation,
10:53on va dire, enfin, légère,
10:55et qui provoque effectivement cette hausse des prix
10:57de l'or.
10:59Autre conséquence qui peut être bonne pour nous,
11:01français,
11:03la baisse des taux d'intérêt.
11:05Nous allons emprunter
11:07moins cher !
11:09Alors, on a des taux d'intérêt qui ont baissé, mais c'est, je pense,
11:11aussi surtout un signal qui est adressé à la Banque
11:13Centrale Européenne, de faire en sorte, justement,
11:15de baisser ces taux d'intérêt, de profiter
11:17de ce qui est fait au niveau allemand
11:19et au niveau européen, c'est-à-dire cette relance-là,
11:21et d'accompagner cette relance,
11:23c'est-à-dire à peu près l'inverse de ce qu'elle a fait jusqu'à présent,
11:25pour soutenir la croissance européenne,
11:27et ça, c'est peut-être la meilleure nouvelle qu'on ait par rapport
11:29à ce qui est en train de se passer, c'est que ce que fait Donald Trump
11:31aujourd'hui, c'est de réveiller les Européens,
11:33et si toutes les institutions macro-économiques
11:35européennes, la politique budgétaire et la politique monétaire
11:37se mettent dans le sens de leur croissance, on a vraiment
11:39une chance de sortir de façon très correcte
11:41de cette histoire. Pas à court terme,
11:43mais à long terme.
11:45Est-ce qu'on peut dire que les Etats-Unis sont en train de détruire
11:47le libre-échangisme qui leur a permis
11:49de prospérer ?
11:53Je ne pense pas encore là, mais je pense que
11:55la tendance est quand même, maintenant, irréversible.
11:57On va avoir véritablement
11:59un changement de situation,
12:01mais le problème n'est pas forcément le libre-échange.
12:03Ce qu'on a appelé le libre-échange depuis 15 ans, 20 ans,
12:05n'était pas pur et parfait.
12:07On avait un acteur au milieu qui est devenu
12:09le deuxième acteur mondial qui est la Chine, qui ne jouait pas
12:11ses règles du jeu. Là, on a
12:13véritablement un problème. Tant qu'on n'arrivera pas à corriger
12:15les équilibres, on aura ce problème, et pour le moment,
12:17les autorités chinoises n'ont pas du tout l'intention de le corriger.
12:19On a même un risque de voir les Chinois dévaluer
12:21un jour, pour pouvoir répondre à ce qui est fait
12:23aux Etats-Unis. Bien sûr, pour vendre encore
12:25moins cher. Évidemment, dévaluer
12:27de l'augmentation.
12:29C'est une course à l'échalote.
12:31D'un côté, on augmente les droits de l'homme,
12:33de l'autre côté, on dévalue.
12:35C'est pour ça qu'il est très important pour les Européens de ne pas
12:37se coller aujourd'hui à Pékin.
12:39Et de jouer la carte européenne.
12:41Plus que jamais.
12:43Plus que jamais, c'est la réponse,
12:45vous dites.
12:47Le client est roi.
12:49C'est quand même les Etats-Unis.
12:51C'est le consommateur est roi.
12:53Il vaut mieux, malgré
12:55la forme insupportable empruntée
12:57par Donald Trump,
12:59avoir une stratégie qui correspond à ce qui est fait par les Etats-Unis
13:01aujourd'hui, que de faire
13:03une stratégie qui serait plus collée aux Chinois.
13:05Nicolas Götzman, je vois la réponse
13:07ce matin. Le ministre français d'économie
13:09dit que la riposte
13:11peut aller au-delà
13:13des droits de douane. Je ne sais pas ce que ça veut dire.
13:15Au-delà des droits de douane, ça peut être quoi ?
13:17Vous ne voyez pas ?
13:19Il y a pas mal de choses qui peuvent être faites sur les entreprises
13:21numériques américains,
13:23de taxer plus le numérique en Europe.
13:25Est-ce que le numérique américain
13:27est normalement
13:29taxé en Europe ou pas ?
13:31Non, il n'est pas normalement taxé. En plus, ce qui a été
13:33absurde dans ce qui a été fait par Donald Trump
13:35il y a deux jours, c'est qu'ils ont comptabilisé uniquement
13:37les excédents en biens et pas du tout
13:39en services, alors qu'on a des déficits en services.
13:41Si je prends ces chiffres-là,
13:43le tarif aurait été divisé par deux, par rapport
13:45à ce qui a été mis en place. Donc là, c'est déjà un premier
13:47levé de négociation. Mais ensuite, évidemment,
13:49on peut aller sanctionner ces entreprises numériques qui, en plus,
13:51ont déjà été lourdement sanctionnées hier, parce qu'elles sont
13:53déjà aussi les premières victimes des décisions de Donald Trump
13:55avec les chaînes d'approvisionnement.
13:57J'ai vu le Nasdaq.
13:59J'ai vu, leurs actions
14:01en bourse baissent
14:03fortement.
14:05Le Nasdaq a perdu plus de 5% hier. Encore une fois,
14:07Apple a perdu 9%, alors que c'est
14:09la première valorisation mondiale. C'est effectivement
14:11une perte qui est colossale. On n'a pas eu ça
14:13depuis cinq ans aux Etats-Unis.
14:15Évidemment qu'on va avoir une réaction
14:17du côté américain. Et évidemment que
14:19les soutiens de Donald Trump ne sont pas forcément les plus heureux de ce qui s'est
14:21passé il y a deux jours.
14:23Et notamment, Elon Musk.
14:25Qui a un perdant substantiel
14:27de ce qui se passe. Et je pense que ça, c'était une des
14:29premières choses qui étaient tout à fait paradoxales
14:31dans l'alliance entre Donald Trump et
14:33Elon Musk. C'est que Elon Musk a des intérêts considérables
14:35en Chine, alors que
14:37Donald Trump souhaite véritablement
14:39séparer la Chine des Etats-Unis.
14:41Et oui, évidemment. Et pour nous
14:43consommateurs français,
14:45qu'est-ce que ça change ?
14:47Alors, ce qui va se passer à court terme,
14:49c'est que sans doute que toute la production chinoise
14:51qui était déversée aux Etats-Unis
14:53va essayer d'arriver chez nous.
14:55J'espère que les Européens vont réagir suffisamment
14:57rapidement pour empêcher que ce phénomène se réalise.
14:59Et ensuite, on va peut-être aussi
15:01avoir des excédents de production
15:03sur, par exemple, le vin
15:05qui ne sera pas exporté aux Etats-Unis. Il va peut-être rester sur le marché local.
15:07Ça va peut-être faire baisser un peu les prix.
15:09En gros, la décision de Donald Trump
15:11peut avoir un effet plutôt négatif sur les prix
15:13en Europe, mais ce qui permettra à la BCE de baisser
15:15ses taux et de favoriser davantage de croissance
15:17pour la suite. Et puis, nous consommons
15:19un petit peu plus européens ou français.
15:21Parce que
15:23le consommateur européen,
15:25si le consommateur européen
15:27se tournait plus vers les produits européens,
15:31ce serait
15:33formidable. Ce serait une conséquence formidable.
15:35Je pense que ce serait une bonne nouvelle.
15:37En fait, je pense qu'il faut vraiment faire attention au fait
15:39que les entreprises chinoises, en fait, on ne leur demande même pas
15:41de faire des bénéfices.
15:43Elles n'ont pas besoin de faire des bénéfices.
15:45Elles ont une attitude plutôt de prédation
15:47sur l'industrie européenne et qui a vraiment,
15:49je pense, depuis 2015 en Chine,
15:51une volonté de remplacer
15:53l'industrie européenne.
15:55Avec un pays qui est
15:57le cheval de Troie dans l'Union Européenne, c'est la Hongrie.
15:59Avec la Chine, qui passe accord sur accord.
16:01L'Espagne.
16:03L'Espagne est en train de le devenir avec des unités
16:05de production chinoise de véhicules électriques
16:07qui sont implantées en Espagne.
16:09Il y a des pays en Européens qui sont en train d'essayer de jouer la carte chinoise.
16:11Mais je ne pense pas qu'il y ait les deux pays principaux.
16:13Donc ça va être la question de l'Allemagne.
16:15Justement de voir si l'Allemagne va vraiment
16:17tourner et arriver à se décoller de la Chine.
16:19Parce que les intérêts allemands en Chine sont
16:21considérables. Et je pense que c'est
16:23peut-être la grande question européenne
16:25pour les prochaines années aussi.
16:27Bien sûr, la grande question.
16:29Donc la riposte, on va attendre la riposte
16:31puisqu'on ne l'a pas.
16:33Apparemment, à la moitié du mois
16:35de fin avril, mi-mai,
16:37on aura la riposte, c'est ça ?
16:39Je ne vois pas d'ailleurs quelle riposte...
16:41On peut mettre des tarifs.
16:43On peut mettre des tarifs ?
16:45Depuis la fin 2023, on a mis en place
16:47un système qui permet de répondre assez rapidement.
16:49C'est-à-dire qu'on met des tarifs sur
16:51le droit de douane sur le pétrole, par exemple ?
16:53Ce n'est pas forcément une bonne idée parce que c'est nous qui en souffrirons.
16:55Oui, c'est pour ça que je vous pose la question.
16:57Non, c'est plutôt d'aller cibler
16:59les entreprises du numérique.
17:01C'est le numérique, quoi.
17:03De frapper là où ça fait mal. La technique chinoise
17:05qui n'est pas forcément idiote non plus,
17:07c'est d'essayer d'identifier en termes de production
17:09qu'est-ce qui peut faire le plus mal aux États républicains.
17:11C'est-à-dire de cibler
17:13les sénateurs, les gouverneurs
17:15du parti républicain.
17:17Parce que si jamais eux ont sur leur territoire
17:19des pertes d'emploi, ils vont avoir des problèmes
17:21pour se faire élire. Ils vont être les premiers
17:23à aller voir Donald Trump en disant que ce n'est pas forcément une bonne idée.
17:25Donc de jouer sur cette carte-là
17:27de la pression politique et de jouer également
17:29sur les entreprises américaines, évidemment.
17:31Mais qu'est-ce qui a pu pousser
17:33Donald Trump ?
17:35Je fais la boucle avec le début
17:37de notre interview.
17:39Il a le protectionnisme dans la tête
17:41depuis toujours, mais
17:43qu'est-ce qui a pu le pousser ?
17:45Pour lui, c'est quasiment
17:47son chef-d'oeuvre.
17:49Il a une volonté de rééquilibrer le commerce mondial.
17:51Il pense que c'est comme ça qu'il va y arriver.
17:53Il pense qu'il est le maître du monde.
17:55Il met vraiment les pieds dans le plat.
17:57On peut avoir cette réflexion
17:59au niveau américain, mais tant qu'on n'a pas de réponse
18:01du côté de la Chine, on ne sait pas comment ça peut se passer.
18:03Pour le moment, je ne pense pas
18:05que les Chinois vont baisser la tête, mais
18:07ça va être une question qui va se régler
18:09sur le temps long,
18:11mais qui va être importante à suivre, évidemment.
18:13En ce qui concerne nos exportations
18:15ou nos importations vers les Etats-Unis,
18:17j'ai regardé
18:19on importe 52 milliards
18:21et on exporte 49.
18:23Donc c'est équilibré à peu près
18:25le commerce entre la France et les Etats-Unis, non ?
18:27C'est ça qui est paradoxal.
18:29L'Union Européenne a été frappée
18:31à hauteur de tarifs de 20%,
18:33qui a été basée sur des calculs un peu brumeux.
18:35Mais si je prends les mêmes calculs
18:37et que je les applique à la France,
18:39ça aurait fait uniquement 13%,
18:41et l'Allemagne, par exemple, ça aurait été 26%.
18:43La France n'est pas un problème au niveau commercial.
18:45Les deux pays qui ont vraiment
18:47exagéré au niveau commercial en Europe
18:49sont l'Allemagne avec l'automobile
18:51et l'Irlande avec la pharmacie,
18:53avec les produits pharmaceutiques.
18:55Mais le paradoxe, c'est qu'en Irlande, les produits pharmaceutiques
18:57sont des entreprises américaines qui sont placées là-bas
18:59uniquement pour des raisons fiscales.
19:01Donc ça, c'est quelque chose qui peut être adressé assez rapidement.
19:03Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ces entreprises américaines
19:05qui sont en Irlande vont payer des droits de douane ?
19:07Justement, elles vont payer des droits de douane,
19:09mais en gros, c'est les droits de douane
19:11qu'elles vont payer, c'est les impôts qu'elles ne payent pas aux Etats-Unis.
19:13Et donc là, on va avoir une incitation
19:15maintenant des entreprises américaines
19:17à rapatrier leur production
19:19sur le sol américain et surtout de payer leurs impôts
19:21sur le sol américain. Ça, on peut considérer que c'est légitime.
19:23Ensuite, on a le problème allemand,
19:25justement, cette surproduction, notamment sur le côté des véhicules.
19:27Mais encore une fois, l'Allemagne
19:29a déjà répandu et est en train de faire ce qu'il faut
19:31pour rétablir la situation.
19:33Donc en fait, le problème n'existe plus.
19:35Oui, j'ai compris. Le problème n'existe plus.
19:37Dites-moi, on n'est pas au bout de nos peines alors.
19:39Est-ce que vous pensez que
19:41dans les semaines qui viennent,
19:43dans notre quotidien, j'y reviens parce que
19:45c'est important, je ne sais pas moi,
19:47dans notre pouvoir d'achat,
19:49pour l'emploi, en France,
19:51ça va avoir des conséquences ?
19:53J'ai malheureusement le sentiment
19:55qu'à court terme, ça va être compliqué sur l'année 2025.
19:57Par contre, ce qui est en train
19:59d'être fait au niveau européen aujourd'hui,
20:01n'est pas du tout neutre. Je pense qu'il n'y a rien de plus important
20:03qui a été fait depuis plus de 25 ans.
20:05Qui a une volonté aujourd'hui en Europe.
20:07Vous sentez cette volonté en Europe, là ?
20:09Oui, je pense que c'est en train de venir et c'est vraiment nouveau.
20:11Je le vois au niveau budgétaire.
20:13Encore une fois, ce qui est fait en Allemagne,
20:15ce qui est fait au niveau de la Commission Européenne,
20:17je pense qu'il y a une prise de conscience.
20:19Parce que si on parle d'une situation
20:21où on perdrait une partie du consommateur américain,
20:23la seule réponse valable, c'est d'avoir
20:25justement un marché de consommation en Europe
20:27qui soit suffisamment fort. Mais pour ça, il faut
20:29une augmentation des salaires, plus de croissance.
20:31Et puis, il faut un esprit plus européen.
20:33Un esprit plus européen. Mais ce qui est en train
20:35d'être fait aujourd'hui, permet de voir l'avenir
20:37structurellement avec plus d'optimisme
20:39que ce qu'on avait pu voir, encore une fois,
20:41surtout depuis 2008. Vous dites merci à Donald Trump ?
20:43Je dis en tout cas
20:45que la réponse qui est aujourd'hui
20:47mise en place par les Etats-Unis, effectivement,
20:49ça peut être vraiment intéressant pour l'Europe.
20:51Et on peut peut-être avoir un chemin de croissance qui est en train de se dessiner
20:53à un horizon. Et ça, c'est vraiment nouveau
20:55depuis 25 ans.
20:57Avec un euro plus fort ?
20:59Un euro plus fort, parce que justement,
21:01tout le monde a envie d'investir en Europe aujourd'hui,
21:03parce qu'il y a des choses à faire.
21:05Merci beaucoup.
21:07Merci Nicolas Gotzman de nous avoir
21:09éclairé sur la situation
21:11créée par les décisions
21:13de Donald Trump.
21:15Il est quelle heure ? Il est 8h56.
21:17Vous continuerez à parler de cela
21:19et d'autres sujets avec Patrick Roger
21:21après les infos de 9h.
21:23Merci à vous tous.