Aux côtés de Laurence Ferrari, l'essayiste à succès Michel Onfray analyse, avec du recul, les mouvements qui traversent la société, en France et dans le monde.
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00:00Générique
00:12Et on se retrouve dans Face à Michel Onfray sur CNews et sur Europe 1. Bonjour Michel.
00:16Bonjour Laurence.
00:17Très heureuse de vous retrouver pour évoquer l'actualité chargée de la semaine.
00:21A commencer par la mort de Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front National.
00:25C'était un 7 semaines à l'âge de 96 ans.
00:28Que retenez-vous Michel de ce personnage qui a marqué la vie politique française pendant 40 ans ?
00:32D'abord par ses dérapages, notamment antisémites, ses condamnations judiciaires,
00:36mais aussi par les thèmes qu'il a posés très tôt dans le débat public.
00:39Je pense à l'immigration, on verra ce que vous en pensez.
00:42Avez-vous été choqué par les manifestations de joie qui se sont déroulées à Paris,
00:46mais aussi à Lyon ou Marseille ?
00:48Des militants de gauche qui ont sabré le champagne dans une indécence qui leur est désormais coutumière.
00:53Qu'est-ce que le non-respect des morts dit de notre société ?
00:56Est-ce une question de civilisation ou plutôt de décivilisation ?
01:00Je vous pose la question dans un instant.
01:02La semaine a été aussi marquée par les commémorations des attentats islamistes
01:05contre Charlie Hebdo, Montrouge et l'hypercachère de Vincennes en 2015.
01:09Dix ans après, qu'avons-nous appris de ces massacres ?
01:12L'islamisme radical est-il plus présent que jamais dans notre pays ?
01:15Qui le véhicule et l'encourage ?
01:17Autre thème de débat pour nous aujourd'hui, Michel.
01:21Les agriculteurs ont poussé un nouveau coup de gueule en début de semaine.
01:24Les tracteurs de la coordination rurale ont tenté de rejoindre Paris
01:27pour manifester leur colère face aux promesses non tenues par le gouvernement.
01:30Les forces de l'ordre les ont empêchées.
01:32On entendra le témoignage des paysans qui ne veulent pas mourir dans l'indifférence générale.
01:37Emmanuel Macron n'en sait vœux aux ambassadeurs.
01:40A réclamé la libération de Boalem-Sensal, l'Algérie se déshonore, selon lui,
01:44en maintenant en détention l'écrivain franco-algérien dans des conditions dangereuses pour sa santé.
01:50On entendra les mots utilisés par le chef de l'État et la réaction du pouvoir algérien
01:54qui estime qu'il s'agit d'une immixion inacceptable dans une affaire intérieure.
01:59Enfin, Donald Trump va-t-il envahir le Groenland ?
02:02Annexer le canal de Panama ?
02:04Faire du Canada le 51ème état d'Amérique ?
02:06Les dernières déclarations du président élu ?
02:08Il sera investi le 20 janvier prochain ?
02:10Sème la panique dans les chancelleries ?
02:12Qu'en pensez-vous ? Faut-il s'en inquiéter ?
02:14Tout comme des tweets de son allié Elon Musk.
02:16Vos réponses, c'est tout de suite dans Face à Michel Onfray.
02:19C'est parti pour aujourd'hui.
02:20Michel, on commence par le décès de Jean-Marie Le Pen.
02:23Il était âgé de 96 ans.
02:25Le fondateur du Front National s'est éteint à Garches, dans les Hauts-de-Seine,
02:28dans un établissement spécialisé où il était hospitalisé depuis de longs jours pour des ennuis de santé.
02:34Quels premiers mots vous viennent à l'esprit quand on évoque la mémoire de Jean-Marie Le Pen ?
02:39Est-ce que c'est l'homme du point de détail, l'homme des dérapages, ou le tribun, l'orateur ?
02:45Quelle Le Pen avez-vous en tête ?
02:48Je dirais le jouet de François Mitterrand.
02:51C'était le jouet de François Mitterrand et c'est aujourd'hui encore le jouet de la gauche.
02:55C'est-à-dire un homme qui a empêché la politique de se faire depuis des années.
03:00Mitterrand est arrivé avec les idées de gauche au pouvoir en 1981.
03:04En 1983, mars pour être précis, il renonce aux idées de gauche.
03:07Il a vidé les caisses, tout le monde est parti, tous les entrepreneurs sont partis.
03:11Les fortunes ou les biens sont partis en Suisse ou dans des paradis fiscaux.
03:18Et là Mitterrand est obligé de dire qu'il faut trouver une solution.
03:21Donc il sort un diable de sa poche ?
03:23Alors oui, il y a une parenthèse, c'est la fameuse parenthèse qui fait que Mitterrand devient un giscardien.
03:29Donc il défend l'euro, l'Europe, le marché, le libéralisme.
03:32Très exactement le projet de Giscard d'Estaing.
03:37Et puis il a besoin, parce qu'il devient faible, d'un seul coup les gens disent mais vous nous décevez.
03:42Il devient faible et comme il ne peut pas compter sur sa propre force, il casse la droite en deux.
03:48Jean-Marie Le Pen le sollicite en lui disant j'ai fait un congrès, vous n'avez pas parlé du congrès à la télévision, dans les médias.
03:53Ça n'est pas très normal.
03:55Et Mitterrand qui a été cagoulard, combagnon de route je dirais, de la cagoule pour éviter les ennuis,
04:00qui a été pétiniste, qui a été vichiste, qui a été décoré des mains même du maréchal Pétain avec la francisque,
04:07qui a été girodiste ensuite, enfin qui était dans la détestation du général de Gaulle, point commun avec Jean-Marie Le Pen,
04:14dit il n'y a pas de problème, je demande à Filliou, Georges Filliou qui était son ministre de l'information à l'époque,
04:19qu'il vous invite, heure de vérité, François-Henri de Virieux, tout le monde connaît l'histoire,
04:23d'un seul coup il crève l'écran et ça grimpe, et ça grimpe, et ça grimpe.
04:26Et là Mitterrand se dit, je retrouve des forces puisque la droite est faible, je la casse en deux.
04:33Et il est devenu fort de la faiblesse de la droite cassée en deux par Jean-Marie Le Pen, et ça marche jusqu'à aujourd'hui.
04:38Et puis à un moment donné où ça grimpe, ça grimpe, ça grimpe, il est en dessous de 1 Jean-Marie Le Pen à ce moment-là,
04:42et puis il finit par faire des scores à deux chiffres.
04:45Et puis on ne parle que de lui, 10, 12, 13% etc.
04:48Et là ça devient trop important, il se dit bon, c'est un peu problématique.
04:51Il se passe quoi à ce moment-là ?
04:53Il se passe ce qui s'est passé dans un cimetière à Carpentras, à l'affaire de Carpentras.
05:00C'est-à-dire on découvre des cadavres qui ont été exhumés, et on commence à écrire autour de tout ça.
05:05On s'en vient dire que M. Germain, par exemple, dont je crois savoir qu'il était sympathisant du Front National,
05:11a été empalé par un poteau de parasols, ou je ne sais quoi, c'est Fabius qui dit tout ça,
05:16et toute la gauche dit ça c'est une bonne occasion, il faut arrêter ce type, ça monte trop, c'est trop dangereux.
05:21Et là, d'un seul coup, il y avait quelques chaînes de télévision,
05:23ces nuées brouillardes qu'on montre le soir sur toutes les chaînes,
05:26et on nous dit le nazisme, le fascisme, etc.
05:30Et donc on nous dit regardez le grand danger.
05:33Et c'est ça depuis, depuis cette époque-là.
05:36Ça n'a pas cessé en fait.
05:37Ça n'a pas cessé, c'est-à-dire que la gauche n'est pas forte de sa force,
05:40elle est forte de la faiblesse de la droite qui est cassée en deux
05:43par un Jean-Marie Le Pen qui est instrumentalisé, qui a permis l'élection de Mitterrand,
05:46la réélection de Mitterrand, l'élection et la réélection de Jacques Chirac,
05:50qui a permis l'élection des autres par la suite,
05:53et qui a permis à Emmanuel Macron d'être élu deux fois,
05:55et qui a même permis à l'Assemblée nationale d'avoir le score que l'on sait
05:59avec le Nouveau Front Populaire,
06:01puisqu'il a fallu faire barrage au fameux rassemblement national,
06:04c'est-à-dire au fascisme, etc.
06:05Sa fille a eu beau, il y a dix ans, faire un adjournamento comme le PC l'a fait,
06:09le PC c'est plus le PC du pacte soviétique,
06:11le PS c'est plus le PS qui nous dit en 1974 avec Mitterrand
06:15quiconque ne veut pas rompre avec le capitalisme ne peut pas être dit socialiste,
06:18ça n'est pas le gaullisme de Chirac,
06:22qui lui a détruit absolument la Constitution,
06:24qui a fait de telle sorte que 1992, le traité de Maastricht,
06:27tout ça, ce soit une occasion de cracher au visage du général de Gaulle.
06:30Tous ces hommes politiques ont changé le logiciel de leur parti,
06:34ou le logiciel historique de leur parti,
06:36ce que fait Marine Le Pen, mais personne n'y consente.
06:38On va parler de Marine Le Pen dans un instant,
06:39j'aimerais juste qu'on écoute son père, c'était aussi une bête médiatique,
06:42évidemment, et ça a contribué à son succès dans les années 80-90.
06:46On va écouter cet extrait du débat qu'il a opposé à Bernard Tapie,
06:50c'était en 1989, petit extrait,
06:52puis après on écoutera la réponse que Jacques Chirac lui a faite quelques années plus tard.
06:56Je vous écraserai, Monsieur Tapie, à Marseille,
07:00si vous aviez le courage de démissionner de votre mandat et de vous représenter.
07:04Mais attendez, ce n'est pas parce que vous avez une grande gueule
07:06et que vous criez fort que vous arrivez...
07:07Monsieur, il est poli !
07:08Vous êtes sorti des bafous, on le sait, vous êtes poli !
07:11Vous avez dû apprendre à parler depuis que vous êtes parti !
07:13La seule différence, c'est que ce n'est pas parce que vous affirmez fort quelque chose
07:16que ce que vous dites est vrai, parce que vous dites n'importe quoi.
07:19Vous êtes en train actuellement de commencer à accuser de nouveau la bande des 4.
07:23Les 4, ce n'est pas là.
07:24Vous êtes l'avocat !
07:25Moi, je suis là pour vous répondre à vous.
07:26Donc, vous êtes l'avocat !
07:27Mais vous êtes un imparenté !
07:29Vous commencez à être déliré.
07:31Et donc, il n'y a plus de raison qu'il fasse chauffer ses meetings
07:34en donnant des musulmans à manger aux fanatiques du Front National,
07:38parce qu'il n'est pas...
07:39Vous êtes un grotesque !
07:40Ensuite, Monsieur...
07:41Vous êtes un pitre, Monsieur !
07:43Écoutez, vous êtes un pitre !
07:44Il y a une limite !
07:45Vous dépassez la limite d'un jus !
07:47Ne dites pas d'énormités comme ça !
07:49Et ne me menacez pas physiquement, Monsieur Tapie !
07:52Il vous en cuirait !
07:53Parce que vous avez votre garde du corps, là !
07:55Non ! Moi ! Moi !
07:56Vous rigolez !
07:57Enfin, regardez-vous !
07:59Vous écouleriez un peu ce que c'est qu'un boxer en poids lourd !
08:02Deuxième chose !
08:04Voilà pour Bernard Tapie face à Jean-Marie Le Pen.
08:07Autre extrait que je vous soumets, Michel Onfray.
08:10C'est Jacques Chirac, en 2002, qui annonce qu'il ne débat pas avec Jean-Marie Le Pen au second tour.
08:14C'est pourtant la tradition de la cinquième.
08:16Et ensuite, on entend la réponse de Jean-Marie Le Pen.
08:19Pas plus que je n'ai accepté dans le passé d'alliance avec le Front National.
08:26Et ceci, quel qu'en soit le prix politique !
08:33Pas plus que je ne l'ai accepté dans le passé.
08:36Et je n'accepterai demain de débat avec son représentant.
08:43Je ne peux pas accepter la banalisation de l'intolérance et de la haine.
08:50C'est une pitoyable dégonflade.
08:52Moi, je lui offrais un duel.
08:54Et quand un adversaire d'un duel est considéré comme s'étant retiré,
09:02il est déshonoré.
09:04Ce sont les règles de l'honneur.
09:06Une matière que connaît mal Jacques Chirac.
09:08Voilà Jean-Marie Le Pen qui répondait à Jacques Chirac.
09:10Michel Onfray, de ces deux extraits, encore une fois, qu'est-ce que vous en pensez ?
09:14J'en pense que le fils de Bernard Tapie a dit que c'était Jean-Marie Le Pen qui avait gagné.
09:18Et que c'est la leçon qu'il faut tirer.
09:20On se souvient que le dernier, Bernard Tapie, paix à son âme,
09:24s'est fait tabasser, sa femme et lui d'ailleurs, dans sa maison,
09:28avec des gens pour lesquels il s'était battu et qu'il avait défendu, M. Tapie.
09:32Et il a peut-être compris que le réel l'avait rattrapé, peut-être un peu violemment et brutalement.
09:36On voit la grossièreté de Tapie qui n'a jamais été mon héros.
09:38Quand je pense que la gauche en a fait un héros.
09:40Et toutes les affaires de ce monsieur.
09:42On voit quand même l'élégance.
09:44Il y en a un qui dit grande gueule, l'autre qui dit pitre.
09:46C'est pas la même façon.
09:48Paix à leur âme à tous les deux.
09:50Oui, si on veut.
09:52On peut parler aussi sur ce qui est dit, sur ce qui a été dit et qui est entré dans l'histoire.
09:56Quant à Jacques Chirac, il est dans la logique de François Mitterrand.
10:00Il a gagné, puisqu'il sait très bien que l'élection se joue toujours au premier tour.
10:04Marine Le Pen, par exemple, aujourd'hui, on la présente avec ses chats.
10:08Elle est sympathique, elle est très gentille, etc.
10:10Et puis quand elle est au deuxième tour, on nous dit attention, c'est quand même Auradour-Surglade.
10:12C'est quand même le nazisme, etc.
10:14Comment sait-il qu'on ne s'était pas aperçu que c'était Auradour à l'époque où il s'occupait de ses chats ?
10:18Donc il y a une façon d'instrumentaliser le Rassemblement National
10:20pour faire de telle sorte que l'élection présidentielle se joue au premier tour.
10:22Et d'ailleurs, Emmanuel Macron le sait bien, qui a été élu le soir du premier tour.
10:26Puisqu'il avait fêté ça dans je ne sais plus quel café select de Paris.
10:30La Rotonde.
10:31La Rotonde.
10:32Et qu'entre les deux tours, alors qu'il savait très bien lui aussi, comme Jacques Chirac, qu'il était élu,
10:36nous a parlé et est allé faire un tour à Auradour-Surglade,
10:38et est allé faire un tour également au Musée de la Choix.
10:40Donc je veux dire que l'instrumentalisation de Le Pen,
10:42ça fait quand même le jeu de tous les maastrichtiens depuis plus de 30 ans, depuis 1992.
10:46Michel Onfray, on est sur CNews et sur Europe 1.
10:49Sur la question des débats qu'il a posés dans l'espace public, Jean-Marie Le Pen,
10:53notamment sur l'immigration.
10:54Il a été un des premiers à alerter sur ce fait-là, notamment pour vous.
10:58Alors le problème de Jean-Marie Le Pen, c'est que quand même, moi j'ai lu ses mémoires il y a quelque temps,
11:02on prépare à Front Populaire, ça n'avait rien à voir avec son décès bien sûr,
11:05on travaille sur trois mois, donc on prépare un numéro sur l'extrême droite,
11:08qui est fasciste, qui est, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, être d'extrême droite.
11:11Et j'ai lu les mille pages des mémoires de Jean-Marie Le Pen.
11:14Ce qui n'est pas le cas d'ailleurs de tous les gens qu'on a entendu parler,
11:16qui nous ont dit qu'ils avaient lu les mémoires dans lesquelles on peut lire ceci, on peut lire cela, c'est faux.
11:20Il y a un certain nombre de choses qui n'ont pas pu être dites.
11:22Jean-Marie Le Pen n'a pas été résistant, par exemple.
11:24Il n'avait pas l'âge, et quand il a voulu l'être, ça a duré deux heures,
11:28il le dit lui-même, d'ailleurs avec un peu d'humour,
11:30et il dit, ma mère a volé mon pantalon pour que je ne puisse pas quitter la maison,
11:35donc mes velléités de résistance ne sont guère allées plus loin.
11:38Donc il y a chez lui une haine du général de Gaulle, elle est constante.
11:42Il y a une célébration de Pétain dans ses mémoires, c'est constant.
11:45Les belles mains du maréchal, le maréchal est sympathique, etc.
11:48Il y a une célébration de Brasillac, auteur collaborationniste,
11:51qui disait, n'oubliez pas les enfants quand vous les déporterez,
11:53dans la presse collaborationniste à l'époque.
11:55Il y a toute une fascination pour l'extrême droite,
11:58c'est-à-dire le maréchal Pétain, l'OAS, et puis un certain nombre d'autres individus.
12:02On a fait savoir qu'il souhaitait comme épitaphe Jean-Marie.
12:05Rien que Jean-Marie, comme disait Primo...
12:08Ce n'était pas Primo de Rivera, mais je ne sais plus quel inventeur de la phalange fasciste espagnole,
12:12il le cite très précisément, il en fait une valeur, il en fait une vertu.
12:16Donc le fait qu'il soit, lui vraiment, d'extrême droite,
12:19une extrême droite française, le fascisme vichiste un peu,
12:22la célébration permanente de Pétain, qui était tellement formidable,
12:25qui était tellement un grand homme, le général de Gaulle,
12:27qui était tellement un sale type, etc.,
12:29que ce personnage, dès qu'il touchait quelque chose, ça devenait problématique.
12:33Donc dès qu'il touche la question de l'immigration, de la sécurité, etc.,
12:36on dit, vous êtes comme Le Pen, le pénisation des esprits,
12:39vous êtes un fasciste encore aujourd'hui.
12:41Des amis de 30 ans se fâchent avec moi quand je dis ce genre de choses.
12:45Il aurait fallu, en face d'un Jean-Marie Le Pen, une gauche courageuse.
12:48Je ne donne pas de nom.
12:49Mais certains qui étaient souverainistes à gauche auraient pu tenir ce discours-là.
12:53On voit aujourd'hui un certain Julien Dray qui commence à tenir ce discours-là,
12:56mais 30 ans plus tard, peut-être même 40 ans plus tard.
12:59Il aurait fallu, il faudrait toujours, moi je pense à Sarah Wagenknecht, par exemple,
13:02qui joue ce jeu en Allemagne, et ça m'intéresse,
13:04une gauche qui dise l'immigration de masse est un problème,
13:07l'immigration non contrôlée.
13:10On ne pouvait plus toucher au mot même, immigration,
13:13en disant, est-ce qu'on ne pourrait pas penser ces choses-là ?
13:15Si on pensait à ça, on était raciste, on était xénophobe, on était le pénisé,
13:18on était le péniste soi-même, et à ce moment-là, c'était un déluge d'insultes.
13:22Donc effectivement, je ne vais pas dire qu'il a posé les bonnes questions
13:25et apporté les mauvaises réponses.
13:26C'était ce que disait un temps Laurent Fabius,
13:29qui lui a posé les mauvaises questions et apporté les mauvaises réponses.
13:32Mais il y avait la possibilité de faire face à cet homme en disant
13:35que le drapeau national n'appartient pas à la droite,
13:37il peut aussi appartenir à la gauche.
13:39Et la Révolution française en a fait la démonstration,
13:41les républiques en ont fait la démonstration,
13:43une certaine gauche républicaine en fait toujours aujourd'hui la démonstration.
13:47Michel Onfray, il y a eu aussi ces manifestations le soir même de sa mort,
13:51que ce soit à Paris, Place de la République, Marseille ou Lyon,
13:54quelques centaines d'individus de l'ultra-gauche,
13:56quelques interpellations à la clé aussi, scènes de liesse écœurantes à mes yeux,
14:01où on sabrait le champagne, où on lançait des confettis.
14:03Qu'est-ce que ça vous inspire ?
14:05Je parlais de civilisation, de décivilisation.
14:07De la décivilisation à quoi on peut se référer dans l'histoire
14:09pour ceux qui profanent la mémoire des défunts ?
14:12Alors dans l'absolu, je ne suis pas étonné, les hommes sont ainsi faits.
14:15Vous savez, Pascal écrit dans ses pensées
14:17que le cœur de l'homme est creux et plein d'ordures.
14:19Je le dis souvent, je me le dis souvent, ça console.
14:22Et que le cœur de l'homme soit creux et plein d'ordures, ça se voit là.
14:25On a vu des hommes et des femmes au cœur creux et plein d'ordures.
14:29Donc c'est vieux comme le monde, c'est-à-dire massacrer l'ennemi,
14:32celui qu'on a même déjà tué, c'est-à-dire tuer les morts,
14:35outrager les morts, c'est vieux comme le monde.
14:38Il y a des l'Odyssée, Achille, Patroc, Lector, etc.
14:42Enfin, on pourrait aller voir du côté du vandalisme révolutionnaire,
14:45ça n'a pas cessé.
14:47C'était les tombeaux des rois qui étaient éroclés.
14:49Alors on a effectivement vidé les tombeaux des rois,
14:52mais il s'est passé plein de choses par entrer dans le vandalisme révolutionnaire.
14:57Donc je ne suis pas étonné sur la question de la nature humaine.
14:59Maintenant, je pense que, qui a fait cette jeunesse ?
15:04Parce que c'est facile, vous savez, Spinoza disait
15:06« ni rire, ni pleurer, mais comprendre ».
15:08Alors on peut dire c'est bien, c'est pas bien.
15:09J'ai entendu des gens dire « c'est drôlement bien »,
15:11d'autres dire « c'est inadmissible », d'autres dire « je suis absolument indifférent ».
15:14– 90% des Français sont choqués.
15:15– Oui, oui, mais je le suis, bien sûr.
15:17Quand il y a des démonstrations du fait que le cœur de l'homme
15:20soit crevé plein d'ordures, je suis choqué.
15:22Je le suis, évidemment.
15:24Mais je veux dire que toute cette jeunesse qu'on a vue,
15:27avec du champagne, avec des jolis vêtements,
15:29c'est un peu BCBG, enfin c'est un peu…
15:31ou pas forcément, mais oui c'est plutôt bobo.
15:34Avec des keffiers, avec des drapeaux algériens,
15:36avec des drapeaux palestiniens.
15:38On les a fabriqués ces jeunes, je vais presque dire des enfants.
15:41Je viens de fêter mes 66 ans, mais j'en ai vu un certain nombre
15:44qui auraient pu être mes enfants.
15:45Ils ont été fabriqués comme ça.
15:47C'est le fameux quart d'heure de haine dans 1984 d'Orwell.
15:50C'est-à-dire qu'il faut trouver un ennemi, et puis on a trouvé l'ennemi.
15:52Moi j'aimerais que ces quelques-uns qui sabraient le champagne
15:55puissent se poser et qu'on discute.
15:57Allez, expliquez-moi, qui était cet homme ?
15:59Ce qu'il a fait ? Avez-vous lu ses mémoires ?
16:01De quoi êtes-vous capable de me parler en dehors de ce que la télévision
16:04montrait en boucle, le détail, le machin, etc.
16:06Toutes ces histoires.
16:08Parlons un peu de politique, véritablement.
16:10Dites-moi ce qu'est le fascisme pour vous.
16:12Qu'est-ce qui distingue par exemple Le Pen d'Hitler ?
16:15Puisque vous dites que c'est la même chose.
16:16Est-ce qu'il y a eu des camps de concentration, des chambres à gaz,
16:18des déportations, 6 millions de morts
16:20qui sont imputables à Jean-Marie Le Pen ?
16:22Sinon peut-être on pourrait penser un peu différemment, etc.
16:25C'est-à-dire on a une jeunesse qui ne pense pas
16:27et qui est dans le pathos et qui est dans la haine.
16:29Elle est dans une espèce d'émotion facile,
16:31on boit un coup, on dit des sottises
16:33et puis on danse sur le cercueil de quelqu'un.
16:35C'est toute une époque.
16:37C'est aussi, je crois,
16:39on peut les critiquer, on les critique, je les critique,
16:41mais on peut critiquer tous ceux qui ont fait cette jeunesse.
16:43Tous ceux qui ont 50 ans, 60 ans,
16:45qui sont responsables, soit comme parents,
16:47pour avoir laissé penser aussi bassement
16:50des individus, pour avoir fabriqué des cerveaux comme ça.
16:52Et quelle éducation nationale avons-nous fabriquée
16:54pour qu'on puisse assimiler Jean-Marie Le Pen
16:57à Adolphe Hitler ?
16:59Soit les grands-parents.
17:01Oui, grands-parents, parents, enfin tous ceux qui,
17:03ou même la presse, la presse qui depuis des années
17:05nous fait savoir que lui et Hitler c'est pareil.
17:07Mais quand Emmanuel Macron s'en va à Oradour-sur-Glane
17:09pour contrer Marine Le Pen,
17:11c'est aussi une façon d'hitlériser.
17:13Alors soit Hitler c'était ça,
17:15et à ce moment-là,
17:17faisons la démonstration que c'était aussi ça
17:19chez Jean-Marie Le Pen. Si ce n'est pas le cas,
17:21qu'est-ce que c'est que cette façon sémantique
17:23de détruire le monde ?
17:26Michel Onfray, évoquons Marine Le Pen.
17:28Est-elle l'héritière de son père,
17:30alors qu'elle l'a même, elle-même, exclue
17:32du Front National à l'époque ?
17:34On va écouter une archive de l'INA.
17:36C'était en mars 2022, lors de la campagne des présidentielles.
17:38Elle revient sur sa relation
17:40avec son père et la rupture politique
17:42qu'elle a initiée elle-même. Écoutez-la.
17:44Il est capable d'être très violent
17:46quand il est contredit,
17:48quand il est blessé aussi, je pense.
17:50Je pense qu'il a été très blessé
17:52par cette situation. Honnêtement,
17:54je n'ai pas tellement laissé le choix.
17:56Je ne pouvais pas faire autrement.
17:58Il était entré dans un processus de provocation,
18:00à mon égard, qui faisait
18:02qu'il était dans une démarche
18:04de sabotage, en fait,
18:06de ce que je souhaitais faire,
18:08de ce que les adhérents
18:10du Front National
18:12aussi me demandaient de faire.
18:14Puisque je leur ai proposé quelque chose,
18:16ils m'ont dit oui.
18:18Et il avait du mal à le supporter.
18:20Et quand il est blessé,
18:22c'est terriblement brutal et terriblement violent
18:24dans les propos qu'il exprime.
18:26Mais voilà, c'est son caractère.
18:28Il est comme ça. Il a des qualités.
18:30Il a des revers de médaille.
18:32On voit la Marine Le Pen sur cette rupture politique
18:34avec son père. On continue
18:36pourtant à la renvoyer
18:38au passé de son père, aux propos
18:40de son père, à ce qu'a été le Front National.
18:42Il y a une filiation politique
18:44entre les deux ?
18:46Autant qu'entre le PC qui défend
18:48le pacte germano-soviétique
18:50pendant deux années, le PC qui, à l'époque,
18:52est contre la pilule, l'avortement.
18:54Madame Jeannette Van Der Merche,
18:56épouse de Torres, en vient dire qu'il n'est pas question
18:58que les femmes du prolétariat aient les vices de la bourgeoisie,
19:00qui était contre l'homosexualité
19:02en disant que ça n'existait pas. Le PC n'est plus le même.
19:04Tout le monde est d'accord et c'est fort heureux.
19:06Et c'est la même chose, je disais tout à l'heure, avec le Parti Socialiste,
19:08avec l'égoïste. Elles, on n'accepte pas.
19:10Et quand j'en parle à certaines, je dis oui, mais elles mentent.
19:12Je dis, à ce moment-là, s'ils font des procès d'intention,
19:14il n'y a aucun problème. Elle ment, par exemple,
19:16en prenant la défense d'Israël,
19:18en prenant la défense des Juifs. C'est un mensonge.
19:20Oui, c'est pour mieux détester les Arabes.
19:22Je dis, mais elle déteste où, les Arabes ?
19:24Est-ce qu'elle a dit qu'elle détestait les Arabes ?
19:26Elle a dit que les Arabes étaient des bienvenus, les musulmans aussi,
19:28s'ils avaient envie d'être français. C'est tout ce qu'elle dit.
19:30Maintenant, je ne dis pas que c'est bien ou que ce n'est pas bien.
19:32Je dis juste, pensons le réel et ne pensons pas des fictions.
19:34Donc, il n'y a pas de capacité
19:36à penser la réalité.
19:38La réalité est que l'époque a changé
19:40et que lui, d'une époque aussi,
19:42c'est aussi quelqu'un qui disparaît avec cet âge,
19:44qui fait qu'il a connu, même s'il était jeune,
19:46il a connu la guerre. Donc, tous ces gens,
19:48la génération des Giscards, des Mitterrands,
19:50c'est la même génération, ils s'en vont.
19:52Ils ne sont pas fabriqués de la même manière.
19:54Je rappelle qu'on parle toujours du détail,
19:56mais en 1974, le journal Le Monde
19:58publie un texte de Faurisson se demandant
20:00si les chambres à gaz ont existé.
20:02C'est-à-dire que c'est l'époque aussi, c'est comme l'époque
20:04où on défend la pédophilie.
20:06Donc, je veux bien, le détail, ce n'est pas défendable.
20:08Je rappelle que ce n'est pas défendable non plus
20:10de publier Faurisson dans le journal Le Monde,
20:12en posant la question, en demandant si ça n'existe pas,
20:14on se demande, etc.
20:16Donc, évidemment, si on refait de l'histoire,
20:18ce n'est pas exactement ce qu'on peut dire
20:20aujourd'hui en étant dans une espèce
20:22de perspective surplombante, en disant
20:24il a dit, quand, comment, de quelle manière,
20:26dans quelles circonstances, dans quelles occasions.
20:28C'est toujours ce qu'il faut faire, contextualiser les propos.
20:30Simplement, il y a quelque chose qu'on ne dit jamais,
20:32on ne fait jamais de psychologie. On en fait assez peu,
20:34on en fait un peu avec Emmanuel Macron, c'est facile,
20:36mais, le peu que je sache
20:38de Jean-Marie Le Pen, que je n'ai jamais rencontré,
20:40j'ai croisé une fois, dans un plateau télévision,
20:42il sortait d'un plateau, j'entrais, ou je ne sais plus,
20:44une espèce de brute épaisse avec dix personnes autour de lui,
20:46on se dit, on n'a pas forcément envie que ce type
20:48soit chef d'État, mais je ne l'ai jamais rencontré
20:50physiquement ou personnellement. Simplement,
20:52donc j'ai vu des photos de sa maison,
20:54des images de sa maison,
20:56ce type était hyper narcissique.
20:58Il était hyper narcissique, il y a des photos de lui partout,
21:00il y a des portraits de lui partout,
21:02il y a des peintures immenses où il est représenté en corsaire
21:04avec son bandeau sur l'œil.
21:06Moi, on m'envoie des photos de moi,
21:08j'ai jamais une photo de moi
21:10chez moi.
21:12On n'est pas le culte de la personnalité pour vous, Michel Enfant ?
21:14Non, donc il y a un narcissisme chez lui,
21:16et brutalité que sa fille signale,
21:18qui fait effectivement qu'un chef d'État
21:20narcissique et brutal,
21:22on en a, c'est problématique,
21:24c'est toujours problématique.
21:26Donc, oui, effectivement,
21:28il a mené de main de maître un parti
21:30qui a cessé d'être ce parti, je rappelle quand même que
21:32le Rassemblement National n'existe plus,
21:34que le Rassemblement National a pris la suite,
21:36et qu'elle, sur un certain nombre de sujets,
21:38elle a clairement dit ce qu'elle pensait,
21:40de la guerre, ça n'a pas été aussi doux
21:42que ce que veut bien dire Jean-Marie Le Pen,
21:44qui nous dit qu'ils étaient sympathiques, qu'ils étaient courtois,
21:46qu'ils étaient polices, que d'ailleurs, dit Jean-Paul Sartre,
21:48lui aussi, mais on oublie que Le Monde a publié des textes
21:50négationnistes, ou du moins disant qu'on pouvait
21:52réfléchir à la question, et que Sartre disait
21:54effectivement qu'après tout, les nazis,
21:56ils descendaient du trottoir pour laisser passer les vieilles dames,
21:58et qu'ils laissaient les petites filles
22:02comme c'est écrit par Jean-Paul Sartre.
22:04Donc il faut recontextualiser tout ça,
22:06oui, il y a un certain nombre de choses indéfendables,
22:08mais qui ne peuvent plus être défendues.
22:10Regardez l'antisémitisme de Jean-Marie Le Pen,
22:12qui voit des juifs partout, qui donne des noms
22:14de juifs, qui dit que les médias sont
22:16pilotés par les juifs, enfin le vieil antisémitisme
22:18de Maurras, le vieil antisémitisme
22:20de Drumond, le vieil antisémitisme du XIXe siècle,
22:22c'est plus le même, qui est antisémite
22:24aujourd'hui ? Les antisionistes, ça a changé de bord.
22:26Bien sûr, allez, on fait une petite pause,
22:28Michel, on fait, on poursuit cette discussion passionnante
22:30sur le même thème, dans un instant,
22:32sur CNews et sur Europe 1, à tout de suite.
22:46On se retrouve pour la seconde partie de Face à Michel Onfray
22:48sur CNews et sur Europe 1.
22:50Michel, cette semaine est aussi une semaine de commémoration,
22:52dix ans depuis les attentats
22:54de Charlie Hebdo, de Montrouge,
22:56l'assassinat de la policière municipale
22:58de Clarissa Jean-Philippe et de l'hypercachère
23:00où ce sont des citoyens juifs
23:02qui ont été tués par des terroristes
23:04islamistes. On va écouter Philippe Vall,
23:06si vous le voulez bien, ancien directeur de la rédaction de Charlie Hebdo,
23:08qui se demande au fond ce que nous avons
23:10appris depuis dix ans. Pas
23:12grand-chose, selon lui, l'islamisme radical
23:14est toujours très présent et surtout
23:16possède des puissants relais
23:18dans le monde intellectuel et médiatique.
23:20On écoute Philippe Vall.
23:22J'ai décidé de parler parce que
23:24en dix ans, je constate
23:26qu'il y a toute une partie
23:28de l'opinion
23:30élitiste,
23:32une partie
23:34d'une certaine presse
23:36qui est détentrice
23:38des bonnes manières et du bon goût
23:40et du savoir-vivre journalistique.
23:42Le Monde, par exemple, et ce qui est
23:44influencé par Le Monde, certaines rédactions
23:46de services publics,
23:48continuent dans leur
23:50déni, non seulement dans leur déni,
23:52mais depuis le 7 octobre
23:54font preuve
23:56d'une espèce de bienveillance
23:58vis-à-vis de mouvements terroristes,
24:00comme le Hamas, et ont enterré
24:04le 7 octobre pour
24:06immédiatement, dans les heures qu'on suivit,
24:08basculer dans une défense
24:10d'un mouvement de résistance
24:12qui n'ont pas réussi
24:14à nommer mouvement terroriste,
24:16ce qui est hallucinant. On a vu
24:18que ça faisait naître un antisémitisme
24:20incroyable, on a vu
24:22que Boilem Sansal s'est fait arrêter,
24:24qu'il est en prison en Algérie,
24:26et qu'il y a toute une partie de cette gauche
24:28qui n'a rien dit,
24:30ou qui ont fait des débats pour,
24:32non pas, il faut sortir
24:34Boilem Sansal de prison, mais pour ou contre
24:36Boilem Sansal, ce qui, il n'y a pas
24:38eu de débat à l'époque,
24:40pour ou contre Salman Rushdie.
24:42Voilà pour Philippe Val, Michel,
24:44on ferait vous partager son constat.
24:46Oui, bien sûr.
24:48Je suis étonné, moi, que tous ces gens qui
24:50sont dans la rue aujourd'hui pour célébrer les 10 ans
24:52sont des gens qui n'ont rien fait, et qui avaient dit à l'époque
24:54plus jamais ça. D'abord, ils n'ont rien fait,
24:56mais ensuite, ils ont tout fait pour que ça continue.
24:58On n'a rien vu qui permettrait de dire
25:00ah oui, il y a eu tel type de loi, tel type d'action,
25:02tel type de comportement, qui permettent
25:04de dire oui, celui-ci, celui-là, ce chef d'Etat,
25:06ce ministre de l'Intérieur,
25:08ces gens-là ont vraiment fait ce qu'il fallait
25:10pour expulser, pour parler
25:12autrement à l'Algérie. Moi, je voudrais qu'on parle de
25:14Boilem Sansal, Philippe a parlé
25:16d'un certain nombre de choses, je ne voudrais pas reprendre
25:18chacun des thèmes qu'il a pu aborder, mais Boilem Sansal
25:20c'est l'actualité, pour le coup,
25:22quand on entend
25:24l'Algérie nous dire que c'est une affaire intérieure,
25:26que c'est un citoyen,
25:28mais il est franco-algérien.
25:30Il est franco-algérien, le président Macron
25:32lui a donné la nationalité française.
25:34C'est donc un citoyen français. Je rappelle que les deux
25:36otages franco-israéliens, on n'en parle pas
25:38non plus. C'est-à-dire qu'il y a une espèce de légèreté
25:40du chef de l'Etat à traiter les problèmes en disant
25:42mais que faisons-nous de nos deux
25:44franco-israéliens, de nos deux citoyens
25:46qui sont pris en otage aujourd'hui.
25:48On devrait dire un certain nombre de choses qui ne sont pas
25:50ce que dit le chef de l'Etat quand on sait qu'on a
25:52deux otages. – Et on a des citoyens français
25:54prisonniers en Iran aussi. – Mais partout, il y a plein d'endroits.
25:56En Iran, vous avez raison, là on a un citoyen
25:58franco-algérien qui est
26:00en prison et on fait quoi ? On s'en vient
26:02insulter l'Algérie. Alors un, il ne fait rien,
26:04deux, il s'en vient insulter l'Algérie. Je pense qu'il y a
26:06d'autres choses à faire en disant
26:08voilà comment on va se comporter. – On va écouter
26:10Emmanuel Macron dans un instant sur Boilem Sansal
26:12Michel, mais juste sur
26:14ce qui s'est passé en disant sur l'islamisme radical.
26:16Il y a des puissants relais
26:18aujourd'hui dans le monde intellectuel
26:20à cette mouvance-là pour vous ? – Oui, bien sûr.
26:22Je vais faire paraître un livre
26:24qui s'appelle « L'autre collaboration »
26:26qui est un livre terrible pour moi. Je ne savais pas
26:28combien j'aurais raison en allant chercher
26:30la défense
26:32de l'antisémitisme,
26:34l'antisémitisme
26:36des philosophes français au 20ème siècle.
26:38Mais vous avez les Sartre,
26:40ça commence avec Alain, vous avez les Sartre,
26:42vous avez Beauvoir, vous avez Foucault,
26:44vous avez Deleuze, vous avez Nancy, vous avez
26:46Lacou-Labarthe, vous avez Badiou qui est encore vivant,
26:48vous avez Garody. On y est toujours.
26:50Bien sûr qu'il y a une intelligentsia qui est
26:52aujourd'hui coupable et responsable
26:54d'antisémitisme. Alors aujourd'hui elle est antisioniste.
26:56Quand Alain Badiou,
26:58toujours vivant, nous dit que le problème d'Israël
27:00c'est la Shoah et qu'il faudrait bien d'oublier la Shoah.
27:02C'est une citation. D'oublier la Shoah.
27:04C'est Alain Badiou qui nous le dit actuellement.
27:06Qu'est-ce que ça veut dire ?
27:08Et les autres, je le dis parce qu'il est vivant.
27:10J'attaque les morts. Il y en a un qui est vivant. Voilà ce qu'il dit.
27:12Donc oui, il y a une espèce
27:14de complaisance aujourd'hui de la part
27:16d'un certain nombre d'intellectuels.
27:18Alors on ne va pas donner des noms parce qu'il y a aussi des noms
27:20qui, en face, ne font pas la même chose.
27:22Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner,
27:24André Comtes-Ponville, Luc Ferry.
27:26Il y a une jeune génération,
27:28l'autre génération de philosophes je dirais.
27:30L'autre école.
27:32Et puis vous avez aussi une gauche radicale
27:34en philosophie. Je parlais de Badiou mais
27:36il y en a un certain nombre d'autres qui sont sur ce sujet-là.
27:38Oui, mais il y a eu aussi
27:40France Inter. Je rappelle que Philippe Valle a été
27:42patron de France Inter.
27:44Un endroit où je suis interdit de parole, y compris à l'époque
27:46où il le dirigeait.
27:48Donc il y a eu aussi, chez un certain
27:50nombre de gens, une capacité
27:52à l'eupéniser tous les gens
27:54qui étaient des lanceurs d'alerte à l'époque.
27:56Et qui disaient, moi avec mon traité d'athéologie
27:58par exemple, ou quand j'ai fait mon livre
28:00sur Freud et qu'on a dit qu'il est contre Freud qui est juif,
28:02c'est bien la preuve qu'il est antisémite.
28:04Tous ces gens, y compris Philippe Valle, ont joué avec l'antisémitisme.
28:06Ont traité d'antisémite
28:08quiconque ne pensait pas comme eux.
28:10M'interdisaient les antennes,
28:12faisaient des émissions entièrement consacrées
28:14à moi sur France Inter sans m'inviter
28:16et en m'attaquant pendant une heure et me salissant.
28:18Donc je veux bien. Il y a des gens qui découvrent
28:20que la Terre est ronde. C'est bien, c'est formidable.
28:22Mais le fait qu'il y ait une haine des Juifs
28:24ou même un usage des Juifs, je vous rappelais tout à l'heure
28:26au Radour-sur-Glane, le musée de la Shoah,
28:28ou le fait de traiter d'antisémite quiconque ne pense pas comme soi.
28:30On n'a pas beaucoup entendu non plus
28:32la communauté juive dire à une époque
28:34respectez-nous. Moi j'ai dit beaucoup
28:36à mes amis juifs, ne laissez pas faire.
28:38Heureusement qu'on a
28:40M. Klarsfeld et puis
28:42Arnaud Klarsfeld, son père et lui
28:44qui sont capables aujourd'hui de dire clairement
28:46les choses. L'antisémitisme,
28:48oui, il est rampant chez un certain nombre d'intellectuels.
28:50Pas forcément tous ceux auxquels on pense.
28:52Un certain nombre de gens qui ont travaillé
28:54dans les médias du service public depuis des années aussi.
28:56Michel, en fait, parlons de Boalem.
28:58Sans salle, parce que c'est évidemment
29:00quelque chose qui vous tient à cœur. Le président Macron,
29:02je le disais, a officiellement demandé
29:04lors de ses voeux aux ambassadeurs de France
29:06la libération de Boalem sans salle.
29:08On va écouter les mots qu'il a choisis.
29:10J'ai une pensée singulière
29:12pour un combattant de la liberté,
29:14écrivain, franco-algérien
29:16qui est Boalem sans salle.
29:18Il est détenu de manière
29:20totalement arbitraire
29:22par les responsables algériens.
29:24L'Algérique nous est mon temps
29:26et avec laquelle nous partageons tant d'enfants
29:28et tant d'histoires.
29:30Il entre dans une histoire
29:32qui la déshonore
29:34à empêcher un homme gravement
29:36malade de se soigner.
29:38Et ça n'est pas à la hauteur de ce qu'elle est.
29:40Et nous qui aimons le peuple algérien
29:42et son histoire, je demande instamment
29:44à son gouvernement de libérer Boalem sans salle.
29:46Michel Onfray, vous dites merci à Emmanuel Macron
29:48de demander la libération de Boalem
29:50sans salle.
29:52Oui, évidemment, je dirais toujours merci à quiconque demandant
29:54la libération de Boalem. Mais je veux dire
29:56qu'on ne s'y prend pas comme ça.
29:58On n'insulte pas l'Algérie, on discute avec l'Algérie
30:00et si on discute et que ça ne débouche pas,
30:02on fait un certain nombre de choses avec l'Algérie.
30:04Quand est-ce qu'on aura un président de la République qui déclarera
30:06de la fin de la guerre d'Algérie ?
30:08Moi, j'aimerais qu'un chef de l'État nous dise
30:10la guerre d'Algérie est terminée. Elle est terminée pour cette raison-là.
30:12C'est-à-dire qu'on laisse Benjamin Stora devant son écran
30:14et qu'on en finisse avec ces intellectuels
30:16qui veulent absolument toujours continuer à faire de telle sorte
30:18que la guerre d'Algérie ait lieu.
30:20Moi, quand j'ai écrit mon livre sur Camus, je suis allé en Algérie,
30:22je me suis dit que la guerre d'Algérie n'est pas finie.
30:24Mais vraiment, elle n'est pas finie.
30:26Donc, il y a un moment donné, il va falloir dire
30:28qu'on va faire de l'histoire.
30:30Et maintenant, on va arrêter l'hystérie.
30:32On va faire de l'histoire en expliquant ce qu'a fait le FLN,
30:34les massacres du FLN,
30:36on va parler de la torture des soldats français.
30:38Oui, parlons de tout ça.
30:40Mais de grâce, arrêtons de faire une espèce de mythologie.
30:42Le peuple algérien est un grand peuple, c'est vrai.
30:44Les chefs et les responsables,
30:46il y a une mafia qui, effectivement,
30:48ne gouverne pas avec le peuple.
30:50C'est le cas de la France aussi.
30:52Il y a un moment donné où il faut savoir
30:54qu'on est dans un peuple arabo-musulman,
30:56avec un peuple arabo-musulman.
30:58Ils ont d'autres valeurs, d'autres vertus que les nôtres,
31:00y compris le sens de l'honneur,
31:02le sens de la parole donnée, la virilité,
31:04ce qui ne va pas sans une certaine misogynie,
31:06homophobie, etc.
31:08Mais il faut savoir qu'on ne s'adresse pas
31:10à un peuple de tradition arabe,
31:12y compris arabo-musulman, de cette manière-là.
31:14On ne les méprise pas en public.
31:16On négocie, puis après, on dit,
31:18c'est n'importe quoi.
31:20— En parlant d'honneur ou de déshonneur ?
31:22— Oui, par exemple.
31:24L'Algérie se déshonore.
31:26On ne peut pas cracher au visage de quelqu'un
31:28en disant que ce serait bien qu'on puisse négocier.
31:30Ça ne va pas le faire avec les Algériens.
31:32Ça se comprend.
31:34On négocie avec des diplomates,
31:36mais comme Emmanuel Macron méprise les diplomates,
31:38il a détruit la diplomatie française,
31:40on n'a plus aucun diplomate,
31:42on n'a plus un seul personnage
31:44qui soit susceptible d'être entendu.
31:46Après, quand le dialogue n'a pas suffi,
31:48on dit, alors maintenant,
31:50toute la juridiction d'exception qui fait
31:52qu'aujourd'hui, vous avez un certain nombre de droits
31:54et qu'on vous les accorde, on ne vous les accorde plus.
31:56Donc ça va être terminé.
31:58Les rapports à la possibilité
32:00d'acheter des biens avec de l'argent détourné,
32:02la possibilité d'éduquer vos enfants
32:04dans les universités françaises, de vous faire soigner,
32:06de faire de telle sorte que les maladies
32:08soient prises en charge,
32:10qu'il y ait un certain nombre d'argent
32:12qui soit donné au distribuant, on arrête.
32:14D'accord, on vous demande de libérer
32:16notre citoyen commun, il est français
32:18et il est algérien.
32:20Libérez-le, s'il vous plaît.
32:22Même chose avec le Hamas
32:24et les deux otages franco-israéliens.
32:26Quand on a parlé d'un dialogue constructif
32:28comme on dit dans le langage de la diplomatie,
32:30c'est-à-dire un peu sévère, un peu tendu,
32:32mais discrètement, surtout pas devant les caméras,
32:34avec des gens qui s'occupent des services secrets,
32:36avec des gens dont c'est le métier de négocier.
32:38Quand on a fait ça et que ça ne débouche pas,
32:40le chef de l'État tranche en disant,
32:42c'est terminé, et voilà d'ailleurs comment on va faire,
32:44chacun chez soi, c'est-à-dire qu'il y a un certain nombre,
32:46les fameuses lois de 1968, je crois.
32:48Michel Onfray, Alger, a répondu
32:50au propos d'Emmanuel Macron en parlant
32:52d'une émission inacceptable dans une affaire
32:54interne algérienne.
32:56C'est pas interne, c'est un citoyen français.
32:58Il y a aussi tous ces influenceurs algériens
33:00que l'on voit à l'œuvre en France,
33:02un certain nombre d'entre eux ont été arrêtés.
33:04On va juste écouter brièvement Xavier Drioncourt,
33:06ancien ambassadeur de France en Algérie,
33:08qui dit que c'est une ingérence manifeste
33:10de l'État algérien dans les affaires françaises.
33:12Écoutez-le.
33:14Je ne crois pas qu'il y ait
33:16de plans organisés à Alger,
33:18mais le fait est que les Algériens
33:20ont des relais en France.
33:22Et quand j'entends le ministre
33:24des Affaires étrangères français dire
33:26qu'il a des doutes vis-à-vis de l'Algérie,
33:28vis-à-vis des bonnes intentions de l'Algérie,
33:30je crois que l'heure n'est plus aux doutes,
33:32l'heure est à la certitude.
33:34La certitude, donc, qu'il y ait des ingérences.
33:36Michel Onfray.
33:38Alors moi, je n'ai pas les informations
33:40qui permettraient de savoir que tout ça est piloté
33:42par le régime algérien, je ne sais pas.
33:44Ce que je sais, c'est...
33:46Je reviens à cette expérience que j'ai pu avoir
33:48en regardant la télévision sur place quand j'étais à Alger.
33:50C'est comme ces jeunes
33:52qui étaient sur la place
33:54de la République, je crois,
33:56pour accrocher sur la mémoire
33:58de Jean-Marie Le Pen.
34:00C'est-à-dire qu'on fabrique des enfants incultes.
34:02L'espèce de propagande en disant
34:04que tout est de la faute des Français.
34:06Si ça ne marche pas bien en Algérie,
34:08c'est de la faute des Français. Ils ont du pétrole, ils ont du gaz.
34:10Ils sont richissimes. Et en même temps,
34:12cette manne, elle ne va pas au peuple.
34:14Elle va à la mafia.
34:16Disons-le. Faisons de telle sorte
34:18qu'on puisse penser au peuple algérien
34:20en disant que le peuple souffre aujourd'hui
34:22en Algérie.
34:24Donc, il faut avoir ce souci-là.
34:26Et puis, voilà.
34:28Michel Onfray, on est sur CNews et sur Europe 1.
34:30On va parler des agriculteurs, parce qu'évidemment,
34:32c'est aussi quelque chose qui vous tient à cœur.
34:34Vous avez écrit un livre avec Véronique Leflocq
34:36qui s'appelle « Entendez-vous dans nos campagnes ?
34:38Les entretiens aux éditions du Plénitre ».
34:40Ils étaient, en début de semaine,
34:42certains de ces tracteurs
34:44sur la route de Paris.
34:46Ils ont tenté de venir manifester dans la capitale.
34:48Les forces de l'ordre les en ont empêchés.
34:50On va juste écouter Christian Convert
34:52de la Coordination rurale
34:54sur les motivations, la colère des agriculteurs.
34:56J'ai juste eu le temps
34:58d'arriver sur Paris.
35:00Une petite rencontre avec les journalistes.
35:02Effectivement, il y en a une quarantaine
35:04qui me sont tombés dessus, ces policiers,
35:06embarqués, commissariats.
35:08J'ai eu une heure de garde à vue.
35:10Normalement, on me promettait la nuit.
35:12Je pense qu'il y a eu des interventions
35:14qui m'ont permis de sortir.
35:16La seule chose que le Premier ministre
35:18peut prendre, c'est dire
35:20qu'on soit, au niveau européen, les mêmes règles
35:22pour tous, et que les contrôles soient
35:24plus sur les produits apportés
35:26que sur les agriculteurs. 90 % des produits
35:28qui rentrent et qui sont consommés
35:30ne correspondent pas à nos règles et ne sont pas contrôlés.
35:32Donc, on demande ça.
35:34Ça veut dire que ce sont des mesures qu'ils peuvent prendre.
35:36Ils n'ont pas décidé de les prendre. Je crois que pour une rentrée
35:38en la matière agricole
35:40pour un nouveau gouvernement, je ne pense pas qu'ils ont marqué
35:42des points.
35:43Voilà pour Christian Convert de la Coordination rurale.
35:45Michel Onfray, on sait qu'il y a
35:47leur promodication. Il y a aussi des élections
35:49dans le syndical professionnel.
35:51Ils ne sont pas entendus,
35:53les agriculteurs ?
35:55Non. Et puis, ils ont matraqué.
35:57Vous avez vu ce que dit Christian Convert.
35:59C'est vraiment incroyable.
36:01Alors, M. Taillot,
36:03il est zélé, là. J'espère qu'il sera zélé
36:05partout, tout le temps, et avec tout type de manifestants.
36:07Mais il y a un moment donné où la manifestation,
36:09ça fait aussi partie de l'expression
36:11populaire. C'est-à-dire que quand les gens votent et qu'on leur dit
36:13« on met votre vote à la poubelle »,
36:15quand on leur dit « vous avez peut-être une majorité à l'Assemblée nationale,
36:17mais vous ne l'aurez pas et vous aurez la majorité inverse »,
36:19c'est-à-dire quand on méprise le peuple
36:21en permanence, quand on fait de la politique politicienne,
36:23peut-être qu'on pourrait écouter le peuple,
36:25véritablement. Mais non, dans la grande logique
36:27d'Emmanuel Macron, qui demande des cahiers de doléances,
36:29des espèces d'États généraux, il dit
36:31« donnez-moi tout ça, je vais mettre tout ça dans la poubelle ».
36:33Eh bien là, c'est exactement la même chose. Vous avez envie de dire des choses ?
36:35Non, vous restez chez vous et vous rentrez. C'est honteux.
36:37C'est honteux, cette façon de ne pas dire « on va voir
36:39avec vous comment on peut faire ». Je pense que
36:41un ministre de l'Intérieur comme
36:43Retaillot a les moyens de faire savoir que
36:45on peut organiser une présence.
36:47Et c'est des gens de bon sens, les paysans.
36:49Ce ne sont pas des gens qui veulent mettre le feu à tout, qui veulent
36:51incendier l'arc
36:53de triomphe et de dire « qu'est-ce qu'on peut faire ? ».
36:55Plutôt que de vous dire « on va vous tabasser,
36:57on va vous envoyer dans un commissariat,
36:59vous allez peut-être même passer la nuit
37:01en prison », de dire « on va chercher
37:03un endroit dans lequel vous allez pouvoir exister,
37:05rencontrer des gens, parler,
37:07simplement, donnant-donnant. On vous donne un lieu,
37:09vous pouvez exister, vous pouvez vous exprimer,
37:11vous, vous nous donnez la certitude que vous n'allez pas
37:13bloquer Paris et bloquer la France.
37:15Ça se fait, ça s'appelle de la politique.
37:17Michel, après vous vouliez aussi parler de Mayotte,
37:19les politiques défilent à Mayotte,
37:21Yael Broun-Pivet, présidente
37:23de l'Assemblée nationale de Siron ce week-end,
37:25vous avez été surpris,
37:27ou même choqué, peut-être d'entendre certaines
37:29paroles d'hommes de gauche, comme Daniel
37:31Kondmendit, qui parlait de grand remplacement
37:33de la population maoresse
37:35en raison de l'immigration. Michel Onfray ?
37:37Non, je ne le suis pas,
37:39parce qu'il y a un racisme anti-blanc
37:41chez ces gens, c'est une haine de l'Occident,
37:43qui fait que,
37:45ce qui est interdit en France, et qui est même
37:47criminalisé, donc le peine, le fascisme,
37:49l'asisme, l'extrême droite, etc.
37:51Vous dites, on a des traditions, on a une identité,
37:53on aimerait bien les garder. Ah, quel fasciste !
37:55Et puis on a Christiane Taubira qui dit
37:57que quand c'est la Guyane, alors là,
37:59au contraire, on a le droit. Et il faut respecter
38:01les traditions, il faut respecter les racines,
38:03il faut respecter les anciens, il faut respecter
38:05la façon de penser le monde.
38:07Et le peuple, éventuellement,
38:09le peuple n'intéresse pas beaucoup ces gens-là.
38:11Et on voit bien comment, que ce soit
38:13Christiane Taubira ou la France insoumise,
38:15ou Daniel Kondmendit,
38:17on se dit,
38:19si effectivement, c'est pas les Blancs qu'on déteste,
38:21ces gens sont Blancs, quand même, je le rappelle,
38:23pour Kondmendit. Mais cette espèce
38:25de fascination pour la créolisation,
38:27pour le créoliser, pour le métisse, pour le métissage,
38:29mais en même temps, il y a une espèce de pureté.
38:31Une pureté du bon sauvage. Et là, en Nouvelle-Calédonie,
38:33il faudrait que les Kanaks
38:35puissent garder leurs traditions,
38:37je suis pour. Je suis pour.
38:39Moi, je ne suis pas Jacobin, je suis Girondin.
38:41Donc je suis pour. Mais ceci dit, que tout le monde
38:43ait les mêmes droits. Qu'on ait la possibilité,
38:45quand on est Guyanais ou quand on est Kanak,
38:47ou Kaldoche, Kanak, pardon,
38:49d'avoir...
38:51Mais là, on parle de la Nouvelle-Calédonie, pas de Mayotte,
38:53on est d'accord. Non, mais c'est exactement
38:55la même chose sur la question
38:57des traditions, sur la question de l'enracinement,
38:59et puis sur la question, on en avait parlé,
39:01je crois, la dernière fois, sur cette idée
39:03que Mayotte, l'écomort,
39:05c'est quand même beaucoup plus compliqué que ce qu'on veut bien dire aujourd'hui.
39:07Et là aussi, il faudrait refaire de la politique.
39:09On ne se contentera pas de dire, il faut laisser rentrer
39:11tout le monde, ou il faut interdire tout le monde,
39:13de voir des gens de cette gauche-là
39:15nous tenir des discours que je dirais lepénistes
39:17pour l'occasion. Je dis simplement
39:19qu'il y en a assez de tous ces gens qui,
39:21en tenant le discours des colonialistes,
39:23permettent à un certain nombre de gens de tout faire,
39:25pourvu qu'ils soient créolisés,
39:27disons-le comme ça, j'utilise le vocabulaire
39:29de glissant utilisé par Mélenchon,
39:31et puis les autres qui n'auraient le droit de rien dire
39:33ou de rien faire parce qu'ils seraient blancs.
39:35M. Lomfray, j'aimerais qu'on garde quelques minutes pour parler
39:37de Donald Trump, qui fait frémir les chancelleries
39:39en parlant d'annexer
39:41le Groenland, de le racheter,
39:43d'annexer le canal de Panama,
39:45de faire du Canada le 51ème
39:47état d'Amérique.
39:49On va juste l'écouter sur le Groenland,
39:51puis vous allez nous dire ce que vous en pensez, et puis aussi d'Elon Musk, son allié.
39:55Nous avons besoin du Groenland
39:57pour des raisons de sécurité nationale.
39:59C'est ce qu'on me dit depuis longtemps,
40:01bien avant que je ne me présente aux élections.
40:03Je veux dire que les gens en parlent depuis longtemps.
40:05Il y a environ 45 000 personnes
40:07au Groenland. Les gens ne savent même pas
40:09si le Danemark a un droit légal sur ce territoire.
40:11Mais si c'est le cas, ils devraient y renoncer
40:13parce que nous en avons besoin pour la sécurité nationale.
40:15Voilà pour Donald Trump.
40:17Ce sont des provocations ou pas du tout pour vous,
40:19M. Lomfray ?
40:21On ne sait pas comment fonctionne ce type.
40:23Je pense qu'on a reparlé
40:25du retour des nations. Je crois qu'on se trompe.
40:27Ce sont les retours des empires
40:29qu'il faut signaler. D'abord, l'empire mastrichien.
40:31Ce qui se passe en Ukraine, c'est
40:33une logique impérialiste. Ce qui se passe avec Poutine,
40:35c'est une logique impérialiste. Ce qui se passe
40:37avec la Chine et Taïwan, c'est
40:39une logique impérialiste. Ce qui se passe
40:41avec la Turquie et la Syrie, c'est une logique
40:43impérialiste. C'est-à-dire, on a un
40:45État, une nation, et
40:47moi je défends la nation
40:49et le nationalisme, et puis la nation
40:51impériale, la nation impérialiste,
40:53c'est une nation qui veut étendre son espace vital.
40:55Je ne défends pas l'impérialisme,
40:57ni celui de Napoléon,
40:59ni celui de Staline, de Lénine
41:01et des autres, ni celui de
41:03ceux dont je viens de parler aujourd'hui.
41:05Il prend acte, dès à présent, en disant
41:07dans cette guerre impérialiste
41:09où tout le monde veut étendre ses empires,
41:11ou son empire et ses empires,
41:13et bien moi je propose ça. Panama,
41:15Groenland, Canada.
41:17Et il dit, ben voilà, et il le dit
41:19dans la suite, il le dit à un moment donné
41:21dans cet extrait,
41:23les Etats-Unis en ont besoin, c'est-à-dire
41:25il veut refaire un empire, en disant
41:27puisque chacun veut faire son empire, on ne peut pas
41:29rester tout seul, si effectivement on le constitue
41:31comme ceci. Ceci dit, ça produit ses effets
41:33parce que j'ai entendu que
41:35le Groenland aurait fait savoir que
41:37on peut se voir pour discuter de l'Arctique.
41:39Ils sont ouverts pour la discussion.
41:41Alors Justin Trudeau qui s'en va d'ailleurs,
41:43dit, mais enfin pas question, qu'est-ce que c'est que ce truc, etc.
41:45On verra qui va remplacer
41:47Trudeau. Mais peut-être qu'il y a
41:49des contrats possibles, des agencements
41:51possibles ou pensables, un genre de commonwealth,
41:53j'en sais rien. Toujours est-il que lui il fait de la politique.
41:55Il fait de la politique internationale. Nous on n'en fait plus.
41:57C'est la politique internationale qui nous fait
41:59et nous ne faisons plus de politique internationale.
42:01Elon Musk en fait, il est très interventionniste
42:03dans ses tweets, en tout cas, ce ne sont que des tweets,
42:05par rapport à la Grande-Bretagne,
42:07par rapport à l'Allemagne aussi. C'est de la politique aussi ?
42:09Oui, mais tout le monde s'étonne. Mais en même temps,
42:11Bezos et les autres, vous croyez que les gens des Gaffam
42:13ils ne font pas de la politique ? Moi je vois bien,
42:15je ne la vois pas parce que je ne regarde pas, mais ma notice
42:17wikipédienne, c'est effectivement, au hockey, c'est faire de la politique.
42:19Que de prétendre à une espèce
42:21d'encyclopédie participative,
42:23pas du tout, c'est du bourrage de mots perpétuel
42:25le wikipédien. Donc tous ces gens-là
42:27font de la politique. Et simplement,
42:29il y en a un qui dit, moi j'en fais clairement.
42:31Moi je m'appelle Musk et je dis, Olaf Scholz,
42:33voilà ce que j'en pense. Je dis, sur ce qui se passe
42:35en Grande-Bretagne, que cette façon
42:37de couvrir l'espèce de grand réseau
42:39pédophile pakistanais,
42:41eh bien, ce n'est pas normal. Et là, on dit, de quoi
42:43vous vous occupez ? Mais de quoi on s'occupe, nous, quand on
42:45donne notre avis en disant qu'il faudrait mieux
42:47que Biden repasse, ou Kamala Harris par la suite,
42:49plutôt que Donald Trump. Tout le monde fait ça.
42:51Donc on arrête de chercher
42:53l'histoire de paille et de poutre,
42:55en disant, il fait des choses pas bien, alors que nous, on le fait.
42:57Exactement de la même manière que
42:59quand on découvre que des Etats
43:01nous espionnent. Eh bien, j'espère qu'on espionne aussi des Etats.
43:03C'est ça le fait de la politique.
43:05Mais ça veut dire que c'est le retour des empires, donc, en fait.
43:07Moi, je le crains, je le crois. Je pense, effectivement,
43:09que c'est ce qu'on voit. Là, on va voir ce qui va se passer.
43:11Trump arrivant au pouvoir, il va y avoir des règlements
43:13de conflits. Je pense que l'Ukraine, quand il va dire
43:15à Zelensky, on ne te donne plus d'armes,
43:17là, il va falloir négocier, comme Poutine a
43:19beaucoup avancé ces dernières semaines en disant,
43:21on va négocier sur ce que j'ai déjà obtenu.
43:23Ça peut se régler ici, ça peut se régler
43:25peut-être aussi, j'aimerais bien, avec
43:27le Hamas et Israël,
43:29que la paix arrive. – Et le retour des otages.
43:31– Bien sûr, le retour des otages.
43:33Et puis, on va voir comment la Chine va se
43:35comporter avec Taïwan, parce qu'elle n'attend que ça,
43:37la Chine pouvoir envahir Taïwan en disant,
43:39bon, parce que si on envahit Taïwan et qu'on dit
43:41ça n'est que Taïwan, Taïwan va tomber. Ça, c'est évident, hélas.
43:43Mais qui est derrière Taïwan ?
43:45Si, effectivement, on dit derrière Taïwan,
43:47il y aura les Etats-Unis,
43:49c'est pas exactement la même chose. Vous savez que si vous attaquez Taïwan,
43:51vous attaquez aussi les Etats-Unis,
43:53les Chinois vont réfléchir
43:55à deux fois. Donc oui, il se place
43:57non pas sur un terrain nationaliste, il a déjà dit,
43:59protectionnisme, etc., on connaît l'histoire,
44:01y compris protectionnisme économique pour les gens
44:03les plus simples, les plus modestes, les plus pauvres,
44:05ce qui est une bonne chose. Et puis après, il dit sur le terrain
44:07international, si vous voulez jouer
44:09à l'impérialisme, on va le jouer aussi.
44:11Et il a bassé cartes, il n'est pas encore…
44:13– Il n'est pas investi encore. – Il n'est pas encore investi.
44:15– Ça sera le 20 janvier. – Il a déjà dit qu'il avait
44:17dans son jeu quelques cartes intéressantes.
44:19– Merci beaucoup Michel Onfray, c'est passé à la vitesse de la lumière.
44:21Cette heure en votre compagnie sur CNews
44:23et sur Europe 1. Merci beaucoup. – C'est moi.
44:25– On se retrouve la semaine prochaine.