Fabrice Epelboin, entrepreneur du numérique et spécialiste des réseaux sociaux, prend la parole sur l’affrontement entre Elon Musk et Thierry Breton sur les réseaux : «Les réseaux sociaux américains nous fournissent, à nous européens, des flux d’informations qui sont déjà filtrés».
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00:00C'est extrêmement habile aussi.
00:02Quelques peu brutaux également.
00:04Donc je ne pense pas qu'on arrive jusque là.
00:06Il ne faut pas exagérer.
00:08Il faut comprendre que très concrètement,
00:10les réseaux sociaux américains
00:12nous fournissent à nous, Européens,
00:14des flux d'informations qui sont déjà
00:16filtrés de tout un tas de choses,
00:18dont les voies conservatrices dans l'absolu,
00:20tout un tas de choses. Et à partir de là,
00:22le DSA est là pour permettre à chaque
00:24autorité dans chaque pays de l'Union Européenne
00:26de nommer ce qu'on appelle les signalers
00:28de confiance, en France c'est l'ARCOM qui nomme ça,
00:30qui sont des groupes,
00:32on n'a pas la moindre idée de qui c'est en France,
00:34qui sont là pour faire les shérifs de la liberté d'expression
00:36et pointer du doigt les contenus
00:38qui ne conviennent pas de façon à ce qu'ils soient éliminés.
00:40C'est comme ça que fonctionne le DSA.
00:42Mais il fonctionne sur la base d'un flux pré-filtré.
00:44Ce flux pré-filtré,
00:46il est pré-filtré par
00:48des intelligences artificielles,
00:50qui vont faire l'objet de plein de révélations dans les mois qui viennent,
00:52et par une association étroite
00:54entre tout un tas de médias
00:56désignés par des gouvernements,
00:58qui sont des médias, ce que les conservateurs américains
01:00appellent les legacy media,
01:02qui ont nommé à leur sein des fact-checkers.
01:04Et tous ces gens-là font l'arbitrage
01:06du bien, du mal, du vrai, du faux,
01:08et désignent des choses qui devraient être
01:10plutôt mises sous le tapis par rapport aux choses
01:12qu'il faut mettre en avant.
01:14Sachant que la liberté d'expression aux Etats-Unis
01:16est très importante, on n'a pas la même relation
01:18à la liberté d'expression là-bas
01:20par rapport ici. Ici, finalement, nous sommes
01:22assez, comment dirais-je...
01:24Ici, si je vous chante les louanges
01:26d'Adolf Hitler sur ce plateau, je vais terminer ma soirée
01:28en garde à vue.
01:30Et ça te voit très bien.
01:32Ce qui n'est absolument pas le cas aux Etats-Unis,
01:34ça serait mon droit constitutionnel
01:36d'être un narrateur d'Adolf Hitler
01:38et je pourrais, dès ce soir, rejoindre une réunion
01:40du Ku Klux Klan, qui est quelque chose de,
01:42heureusement, moribond, mais toujours vivace
01:44aux Etats-Unis.
01:45Ce qui dit en quoi, oui, effectivement, le rapport à la liberté
01:47d'expression, et peut-être aussi cette volte-face
01:49de Mark Zuckerberg.
01:50Il y a eu atteinte au premier amendement.
01:52C'est vraiment quelque chose de gravissime.
01:54La constitution américaine, c'est une alternative
01:56à la Bible, en termes de texte sacré.
01:58N'importe qui au fin front des Etats-Unis
02:00connaît, à minima, les cinq premiers amendements.
02:02Ce qui n'est pas le cas
02:04de notre constitution à nous, nous-mêmes
02:06autour du plateau, ce sera un peu vaseux.
02:08Mais aux Etats-Unis, c'est un texte
02:10sacré. Violer
02:12le premier amendement,
02:14c'est, très concrètement, on regarde
02:16le second. Le second, c'est le droit
02:18à prendre des armes et à se soulever contre
02:20l'État, si jamais on atteint vos droits.
02:22C'est quelque chose d'incroyablement
02:24grave, qu'en France, on mesure mal.
02:26Mais, très concrètement, ça se traduit
02:28par des dizaines et des dizaines d'années de prison, qui seront
02:30le sort de beaucoup d'agents du FBI, dans les
02:32mois qui viennent, et
02:34potentiellement de gens comme
02:36Mark Zuckerberg. D'où
02:38la crainte et le revirement,
02:40et puis le fait qu'aujourd'hui, maintenant, il a tout déballé
02:42dans des podcasts américains. Il a expliqué
02:44ce qu'expliquait Elon Musk dans les Twitter Files, il y a deux ans.
02:46Rien de nouveau. Mais
02:48à l'époque, c'était Elon Musk,
02:50c'est un méchant,
02:52c'est un libertarien...
02:54Mais ça l'est.