Retrouvez "Au Coeur du Crime " sur : http://www.europe1.fr/emissions/au-coeur-du-crime
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00:00Bienvenue au Cœur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57Quand Marie et Yvan Perreux s'étaient installés dans la région, il y avait eu un sacré remue-ménage.
01:05On en avait parlé dans les chaumières, chez les commerçants et même dans la presse.
01:09Et pas seulement dans la presse locale, mais aussi dans tous les hebdomadaires spécialisés,
01:14ceux qui racontent les histoires d'amour des princesses et des stars.
01:18Dans le village, des centaines de journalistes et de photographes étaient venus on ne sait d'où,
01:23à l'affût des moindres faits et gestes de notre vedette nationale, Marie Perreux.
01:28Pendant plusieurs mois, il y avait eu un chantier très impressionnant
01:33à l'emplacement de la vieille ferme des Cats, les parents de Marie.
01:37N'était-ce un caprice ?
01:39Marie Perreux avait décidé de faire construire une énorme bâtisse avec piscine,
01:44comme on en voit sur la côte d'Azur,
01:46à l'endroit même où ses parents et ses arrières-grands-parents avaient, pendant des générations,
01:52sué sang et eau pour cultiver leurs terres et en vivre plus ou moins chichement.
01:58C'était une sacrée revanche pour la petite paysanne qui, un beau matin, était partie tenter sa chance à Paris.
02:06La villa était spacieuse, imposante, de style hollywoodien, un peu tape-à-l'œil.
02:12La femme du maire trouvait que cela faisait nouveau riche,
02:15mais je crois bien que cette maison, la Louisiane, en faisait rêver plus d'un.
02:22Marie avait fait planter des quantités d'arbres, d'arbustes, autour de la villa,
02:27et tout cela était du plus bel effet et contrastait étrangement avec les autres propriétés du pays.
02:34C'était aussi une immense piscine que les enfants du village avaient vu installer les yeux pleins de convoitises.
02:42Ainsi donc, Marie Katz était devenue la star Marie Peyreux
02:47et était rentrée au pays, riche, célèbre, et mariée à Yvan Peyreux, l'un des plus beaux playboys de la capitale.
02:56Lui, on le rencontrait au volant de sa voiture de sport, bronzé, été comme hiver,
03:00toujours aimable et galant avec les dames, dépensant sans compter chez les commerçants de la région
03:04qui bénissaient la venue de ce couple tapageur, mais bon client.
03:10Cet été, à peine la villa achevée, on avait vu arriver des voitures rutilantes
03:15avec à leur bord les invités de Marie et d'Yvan, venus pour faire la fête et qui menaient grand train.
03:22Les gamins du village allaient se poster devant l'entrée de la villa pour regarder passer les têtes connues,
03:27acteurs, metteurs en scène, animateurs de télévision, invités privilégiés et fort bruyants.
03:34Certains enfants allaient même jusqu'à grimper aux arbres pour observer cette joyeuse compagnie
03:40plongeant dans la piscine à grand renfort de cris et de rires.
03:44Tout allait pour le mieux du côté de la villa louisiana.
03:48Les invités avaient enfin regagné Paris quand, par un beau matin de septembre,
03:53le sous-officier de permanence de la compagnie vit se garer devant la gendarmerie
03:58la dernière décapotable flambe en oeuvre d'Yvan Peyreux.
04:03Celui-ci, décontracté mais le regard caché par d'épaisses lunettes noires,
04:08se présenta au bureau d'accueil et demanda à me parler de toute urgence.
04:14Je le fis entrer dans mon bureau et c'est ainsi que je reçus la déposition d'Yvan Peyreux.
04:22— Cela va vous paraître idiot, mon commandant, mais ma femme a disparu.
04:26Voilà trois jours et trois nuits qu'elle n'est pas rentrée.
04:29Son frère, qui est venu passer une semaine chez nous, veut absolument que je vous signale le fait.
04:34Alors voilà, c'est sûrement un caprice de sa part, mais je vous aurais informé, n'est-ce pas ?
04:40Je me trouvais quelque peu interloqué.
04:43Les artistes sont parfois bizarres, soit, mais l'attitude de cet homme était étrange.
04:50— M. Peyreux, vous me dites que votre femme est partie, mais partie comment ? En voiture ?
04:57— Non, non, mon commandant, sa voiture est là. Personne n'y a touché depuis trois jours.
05:03— M. Peyreux, pensez-vous que votre femme ait pu prendre le train ?
05:07— Ah ! C'est possible, mon commandant, je ne sais pas, moi.
05:11— Vous vous êtes disputé ?
05:14— Autant vous le dire, oui, mon commandant. Marie n'a pas un caractère facile et nous nous sommes un peu accrochés,
05:21alors elle a dû partir faire un petit voyage.
05:24— Mais comment ça, un petit voyage, M. Peyreux ?
05:28Quand avez-vous vu votre épouse pour la dernière fois ?
05:31— Le 27 août. Je vous l'ai dit, nous nous étions disputés.
05:35Elle m'avait fait une scène de jalousie, alors elle est sortie, je ne l'ai plus revue depuis, quoi.
05:41— Elle est sortie comment ? À pied ?
05:45— Oui, à pied. Elle a quitté la ville là et elle n'est pas rentrée.
05:49Le lendemain, j'ai remarqué qu'il manquait quelques-uns de ses vêtements, peut-être même une valise.
05:55— A-t-elle emporté de l'argent ?
05:57— Elle a toujours son ché qui est sur elle et sa carte bleue.
06:01— Votre femme avait-elle l'intention de voyager ?
06:05— Non. Enfin, avec elle, on ne peut jamais savoir, n'est-ce pas ?
06:10— Expliquez-moi, M. Peyreux, votre femme était-elle dépressive ?
06:15Serait-il possible qu'elle ait eu envie de se supprimer ?
06:18— Ah non, sûrement pas, mon commandant. Marie aime beaucoup trop la vie, non, je vous l'ai dit.
06:22Elle a dû faire un petit voyage.
06:24— Voulez-vous qu'on la fasse rechercher ?
06:27— Pensez donc, mon commandant, mais non. Elle reviendra bien d'elle-même, jalouse comme elle est.
06:31Non, elle va bouder un peu et puis elle reviendra, j'en suis sûr.
06:34Non, je suis venu vous voir uniquement parce que Jean-Loup, mon beau-frère, a tenu à ce que je le fasse.
06:39C'est tout.
06:41— Bien, M. Peyreux.
06:44Soyez aimable de me tenir informé de son retour.
06:48Et si vous désirez la faire rechercher, faites-le-moi savoir.
06:51— C'est cela. Je vous remercie, mon commandant.
06:53Mais je préfère éviter ce genre de publicité, n'est-ce pas ?
06:56Au revoir, mon commandant, et merci.
07:00Décidément, cette histoire était bizarre.
07:03Je décidai tout de même de mener une petite enquête, le plus discrètement possible, bien sûr.
07:10Dans le village, personne n'est au courant du départ de Marie Peyreux.
07:14Mais la jeune femme est tellement fantasque qu'il se pourrait qu'elle se soit offert une escapade.
07:20D'autant plus que son mari, le bel Ivan, aurait déjà dans le pays une réputation de donjement impénitent.
07:28La pharmacienne, on sait quelque chose. Enfin, c'est ce qu'on dit.
07:33Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la tête de Marie Peyreux ?
07:38L'hypothèse du suicide est écartée.
07:41La belle actrice aime trop la vie, son travail, sa gloire toute récente,
07:45et tous les plaisirs qu'elle peut s'offrir aujourd'hui.
07:48Aujourd'hui, qu'elle est riche.
07:52Je décide de rendre visite à Ivan Peyreux dans sa belle villa.
07:56Mais je veux qu'il me précise certains détails,
07:59notamment la façon dont Marie était habillée et ce qu'elle a pu emporter.
08:04Mais M. Peyreux n'est guère loquace, et je repars avec très peu de renseignements.
08:13Le lendemain, Jean Loukatz, le frère de Marie, se présente à mon bureau.
08:19C'est moi, mon commandant, qui ai envoyé Ivan signaler la disparition de ma sœur.
08:23Sans ça, il continuerait de vivre sans s'inquiéter.
08:26Pour lui, tout va bien. Farniante, piscine, un fréquent campade, quoi.
08:30Mais moi, je ne crois pas que Marie soit partie.
08:33Où est-ce qu'elle irait, hein ?
08:35Elle a bien trop peur que son chigolo la trompe dès qu'elle aura le dos tourné.
08:39Moi, elle le connaît bien, allez.
08:41Il faut le surveiller comme le lait sur le feu, celui-là.
08:44D'ailleurs, ces derniers temps, ma sœur le soupçonnait de rencontrer en cachette
08:49une jeune femme du village, la pharmacienne, à ce qu'on dit.
08:55Mais voyons, M. Katz, votre sœur n'est pas n'importe qui.
08:59Tout le monde s'intéresse à elle, et ses moindres faits et gestes,
09:03ainsi que ceux de son mari, donnent lieu à des commentaires.
09:07Mais, mon commandant, si Marie était partie, elle aurait pris sa voiture.
09:13Oui.
09:15M. Katz, votre sœur était-elle dépressive ?
09:20Non, mon commandant.
09:21Ni dépressive, ni suicidaire, ni droguée, pas même alcoolique.
09:25Ma sœur dévore la vie à pleines dents.
09:28Elle a une passion pour son métier.
09:30Elle a beaucoup travaillé ces derniers temps.
09:33Elle a bien mérité les vacances qu'elle vient de passer ici.
09:36En plus, elle a un projet très important pour le mois d'octobre,
09:39un tournage en Italie.
09:41Non, non, non, je vous le répète.
09:43Elle déborde d'enthousiasme.
09:45Elle est incapable de se suicider.
09:50Alors, que pensez-vous de la disparition de votre sœur, M. Katz ?
09:55Je ne sais pas, mon commandant.
09:58Pour vous dire la vérité,
10:00je suis même allé voir dans le puits au fond du châtain.
10:04Yvan, mon beau-frère, lui, il ne s'en fait pas.
10:06Il se prélase au soleil comme une pin-up de macassine.
10:11Il y a des vêtements qui manquent dans la carte-robe de Marie,
10:14mais très peu.
10:16Je ne comprends pas.
10:19Faites la rechercher, mon commandant, je vous en prie.
10:23Pour ma part, je reste en liaison avec son imprésario à Paris et ses amis.
10:27Et je vous tiendrai informé.
10:32Cette affaire n'est décidément pas simple.
10:35De plus, dès que la disparition de la star sera connue,
10:39une nuée de journalistes va s'abattre sur le village
10:43comme des abeilles sur du miel.
10:46Je lance tout de même un message de recherche concernant la disparue.
10:53L'éternelle question revient toujours.
10:56Pourquoi est-elle partie ?
10:59Où est-elle partie ?
11:02C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
11:05De retour au pays, la star de cinéma Marie Peyreux
11:09a fait construire dans son village natal une villa hollywoodienne
11:14où elle a passé les vacances d'été avec son mari Yvan
11:17et les amis de celui-ci, une bande de joyeux fêtards.
11:22Les vacances sont terminées et les amis sont repartis.
11:27Le 1er septembre, Marie Peyreux,
11:30et les amis sont repartis.
11:33Le 1er septembre, Yvan Peyreux, l'époux volage de la star,
11:38vient signaler la disparition de sa femme.
11:42A la suite d'une dispute, Marie est partie à pied
11:45et n'a pas reparu depuis quatre jours.
11:49Jean-Loup Katz, le frère de Marie, est très inquiet
11:52et me demande instantanément de faire des recherches.
12:01Cette fois, l'enquête est ouverte.
12:05On interroge les habitants du village.
12:07Qui a vu Marie Peyreux depuis le 27 août à 17 heures ?
12:12Personne.
12:14Pourtant, la jeune femme ne passe pas inaperçue.
12:18Et soudain, un espoir.
12:20Un témoin affirme avoir vu Marie le 27 au soir,
12:23c'est-à-dire quelques minutes après son départ de la villa.
12:27Quelques minutes après son départ de la villa.
12:31Ce témoin, c'est le secrétaire de la mairie.
12:34Il est formel et absolument certain de la date.
12:37Le 27 au soir, il a rencontré Marie Peyreux à Broutières,
12:41à quelques kilomètres d'ici.
12:44Quant aux proches voisins de la villa,
12:47ils n'ont rien remarqué.
12:49Le chef de gare, le chauffeur de taxi non plus.
12:52Pourtant, ils la connaissent, et s'ils l'avaient vue,
12:55ça se saurait.
12:57À Paris, son impresario, ses amis intimes
13:00n'ont reçu aucune nouvelle d'elle.
13:02Rien non plus à son domicile parisien.
13:06En fait, mis à part le secrétaire de la mairie,
13:10personne ne l'a vue le 27 août,
13:13date de sa disparition.
13:17Je décide de faire fouiller les bois et les champs environnants.
13:22Rien.
13:24Jean-Luc Hatz, son frère, est de plus en plus inquiet.
13:30Marie a disparu depuis maintenant une semaine.
13:35Jean-Luc Hatz revient me voir.
13:39« Mon commandant, mon beau-frère est un fiéfé coquin, vous savez.
13:43Il n'a aucune pudeur.
13:45Il reçoit sa femme à sienne à la villa comme si de rien n'était.
13:48Hier, il faisait des plonchons dans la piscine en riant aux éclats.
13:51Que c'en est une honte ! »
13:54L'enquête continue.
13:56Toutes les sources de renseignements possibles sont exploitées.
14:00Le directeur de la banque nous précise
14:02qu'aucun règlement par chèque ou carte bleue
14:04n'a été fait par Marie Peyreux depuis le 27 août.
14:08Et depuis le 27 août, personne n'a vu la jeune femme,
14:12à l'exception du secrétaire de la mairie,
14:14qui persiste dans ses affirmations
14:16et qui confirme le signalement de Marie,
14:18qui est le même que celui donné par Yvan Peyreux, son mari.
14:22Et pour ce qui est du jour, c'est bien le 27 août au soir.
14:28Et si, malgré sa bonne foi, cet homme se trompait ?
14:34Néanmoins, je ne néglige pas ce témoignage.
14:37C'est on jamais.
14:39Puis je décide une nouvelle visite à la villa.
14:43Tout comme Jean Loukatz, le frère de la vedette,
14:46cela me paraît bizarre que Mlle Dozia, la pharmacienne,
14:50reste aussi longtemps le soir à la Louisiane.
14:55On pourrait croire qu'Yvan est sûr que sa femme ne reviendra pas.
15:01Un plan détaillé de la villa et de ses dépendances
15:04est dressé avec toutes les caches possibles
15:06et, à l'heure convenue, je me présente,
15:09accompagné de Jean Loukatz, le frère de Marie Peyreux,
15:12du chef Beauvais, technicien des investigations,
15:15et de deux de mes hommes, les gendarmes Larue et Porte.
15:20Mlle Dozia, la pharmacienne, est là, installée comme chez elle,
15:24dans un fauteuil du salon.
15:26Jean Loukatz fulmine. Il est au bord de l'explosion.
15:30Yvan Peyreux se précipite vers lui.
15:32— Mais calme-toi, Jean Lou, je ne fais rien de mal, voyons.
15:35Je n'ai pas le moral en ce moment avec cette histoire.
15:37Alors Mlle Dozia est venue me tenir compagnie, quoi.
15:40En plus, je suis harcelée au téléphone par les journalistes
15:43qui me posent les questions les plus insensées,
15:45qui veulent photographier les lieux, etc., etc., etc., vois-tu.
15:50— M. Peyreux, nous devons retrouver votre épouse par tous les moyens.
15:56Il est normal, en premier lieu, de voir chez elle
15:59si elle ne s'y est pas suicidée ou...
16:03Yvan Peyreux m'interrompt d'un air jovial
16:05et nous invite à visiter la maison et ses dépendances.
16:10L'intérieur de la villa est parfaitement nette.
16:14Nous visitons, une à une,
16:16toutes les pièces plus luxueuses les unes que les autres.
16:20Chaque salle de bain est soigneusement inspectée,
16:22chaque mur, chaque plancher, le moindre cagibi est examiné,
16:26le grenier et la cave passés au peigne fin.
16:29Rien.
16:31Absolument rien.
16:34On fouille le jardin, on inspecte la piscine.
16:37Toujours rien.
16:40Yvan Peyreux nous observe d'un air goguenard.
16:44— Vous voyez bien qu'elle n'est pas là, mon commandant.
16:46Est-ce que je vous dis qu'elle est partie ?
16:48Vous savez bien qu'elle a été vue par un témoin.
16:51Elle est allée, Dieu sait tout, en Italie, peut-être.
16:54Elle doit y tourner un film au mois d'octobre.
16:56Elle est peut-être en train de jouer la dolce vita à Rome
16:59pendant que vous la cherchez ici.
17:01— M. Peyreux, si votre femme était partie pour Rome,
17:05elle aurait pris le taxi jusqu'à l'aéroport.
17:08Or, ni le taxi du village, ni le chauffeur du car,
17:11pas plus qu'aucun automobiliste, n'a transporté Marie Peyreux.
17:15— Elle s'était peut-être grimée, mon commandant,
17:17attiffée de manière à ce qu'on ne puisse pas la reconnaître.
17:21— Et si elle s'était faite enlever ?
17:23— Ah !
17:24Personne n'a pensé à cette horrible éventualité.
17:27Marie est riche, mon commandant, très riche.
17:31Nous sortons de la villa sans avoir trouvé l'ombre d'une piste.
17:36Dehors, les quotidiens s'étalent déjà aux devantures des marchands de journaux.
17:41Une star disparaît.
17:43La photo de Marie, en page 1, nous regarde en souriant.
17:49Je retourne à mon bureau. Je veux revoir tout le dossier.
17:53Je reprends le plan de la villa.
17:55Et tout à coup, il me vient une idée.
17:58Et tout à coup, il me vient une idée.
18:02Je téléphone à Jean-Loup Katz, le frère de Marie.
18:05— Alors, M. Katz, je suis en train d'étudier à nouveau le plan de la propriété de votre sœur.
18:10Je voulais vous demander, à qui appartient le terrain voisin, côté nord ?
18:16— À Marie, mon commandant. Elle venait de l'acheter pour y installer un cours de tennis.
18:21— La maison qui se trouve sur le terrain est inhabitée, est-ce que j'ai pu remarquer ?
18:25— Oui, oui, oui, mais je suis échalé. Fais un tour, mon commandant.
18:29— Je viens immédiatement, M. Katz. Je suis sûr que je n'ai pas vu tout ce que je voulais voir.
18:36Quelques minutes plus tard, avec le chef Beauvais et les gendarmes Larue et Porte,
18:41je sonnais de nouveau à la Villa Louisiane.
18:46Cette fois, le bel Yvan Peyreux nous reçoit d'une manière beaucoup moins aimable.
18:51— Qu'est-ce que vous voulez encore, mon commandant ? Vous avez déjà tout remué par ici. Qu'est-ce que vous voulez de plus ?
18:58— Mais vous ne m'avez pas montré la dernière acquisition de votre épouse, M. Peyreux.
19:02Cette ancienne ferme sur laquelle elle a l'intention d'installer un tennis.
19:07— Mais la maison est complètement délabrée, mon commandant. Je vois vraiment pas l'intérêt.
19:11— Si vous y tenez…
19:13— Oui, M. Peyreux. J'y tiens.
19:16Armée de torches électriques, nous parvenons jusqu'à la ferme abandonnée.
19:22Nous examinons tous les coins et les recoins. Rien.
19:28Yvan Peyreux laisse exploser sa mauvaise humeur.
19:30— Mais vous voyez bien qu'il n'y a rien, mon commandant. Je commence à en avoir assez de vos insinuations.
19:36Seriez mieux d'aller vous coucher, allez. La nuit porte conseil, comme on dit.
19:39Nous sortons de là. Bredouille. Une fois de plus.
19:45Tout à coup, je m'arrête.
19:47— La rue !
19:49— Vite, la torche électrique !
19:51— M. Peyreux, qu'est-ce que c'est que ça ?
19:54— Ça ? C'est la fausse apurin de la ferme.
19:59— La rue, porte. Aidez-moi à l'ouvrir.
20:03Apparemment, c'est la ferme.
20:06Aidez-moi à l'ouvrir.
20:08Apparemment, la dalle de couverture de la fosse ne semble pas avoir été bougée depuis longtemps.
20:14En effet, de la terre et du fumier tassé garnissent les joints du revêtement.
20:19Le chef Beauvais prend une tenaille et soulève la petite trappe de vidange.
20:25Je regarde le visage imperturbable d'Yvan Peyreux, et il me semble déceler une lueur d'inquiétude dans son regard.
20:36— La rue, allez chercher un projecteur portable et une fourche. Je veux examiner le contenu de cette fosse.
20:43En quelques secondes, les gendarmes ont éclairé l'intérieur de la fosse et, allongés à même le sol, ils fouillent son contenu noirâtre et nauséabond.
20:54Soudain, quelque chose de blanc apparaît tout au fond, flottant entre l'épais liquide et la dalle.
21:04— Qu'est-ce que c'est que ça, M. Peyreux ?
21:08— Hein ? Que voulez-vous que ce soit ? Probablement des détritus qui surnagent.
21:14On ne s'est pas servi de cette fosse à Purin depuis des mois, vous le voyez bien, enfin.
21:18Jean-Loup, tu ne crois tout de même pas que ta sœur est là-dedans ?
21:22Jean-Loup Katz ne répond pas. Comme frappé de paralysie, il regarde le trou béant.
21:30Je veux en avoir le cœur net. Je m'allonge à mon tour sur le sol et je me penche à mi-corps au-dessus de la fosse en laissant doucement glisser le projecteur.
21:42— Non, ce ne sont pas des détritus, M. Peyreux, et vous le savez bien.
21:50Ivan Peyreux est d'une pâleur mortelle et de ses lèvres décolorées. La réponse arrive. Glacial.
22:01— Oui, c'est Marie. Je l'ai étranglé.
22:08Jean-Loup Katz ne peut réprimer un cri d'horreur pendant qu'Ivan Peyreux se laisse entraîner, menotte au poignet.
22:15Quelques instants plus tard, il signera ses aveux.
22:20Il a tué sa femme le 27 août à 17 heures, après qu'elle lui ait fait une scène de jalousie à propos de sa liaison avec la pharmacienne.
22:29Après l'avoir étanglée, il a transporté son corps jusqu'au terrain voisin et l'a jeté dans la fosse à Purin.
22:35Le secrétaire de la mairie, qui prétendait avoir rencontré Marie au soir du 27 août, s'était tout bonnement trompé de jour.
22:43En fait, c'était le 26 août qu'il l'avait vue, et ce témoignage avait bien arrangé l'assassin.
22:51Marie Peyreux avait décidé de divorcer, et elle venait d'en informer son époux.
22:56Elle s'était rendu compte un beau jour que, riche, célèbre, intelligente, adulée, elle vivait avec un bon à rien, coureur de jupons, incapable de la rendre heureuse.
23:10Ivan Peyreux, qui s'était habitué au luxe et à la vie facile que lui procurait l'argent de sa femme, n'a pas pu supporter l'idée de tout perdre et de retourner à la médiocrité qui était la sienne avant son mariage.
23:23Il a commis l'irréparable, perdant du même coup, et à tout jamais, l'argent, la liberté et la paix de l'âme.
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