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00:00Bienvenue au Cœur du crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:56Ceux qui m'accuseront d'être trop impulsif feraient mieux d'admirer ma patience.
01:03En effet, ce n'est qu'après quinze ans de mariage que je me décidais enfin à tuer ma femme Gabrielle.
01:12Non pas que Gabrielle me soit devenue brusquement insupportable.
01:17Elle n'avait pas à le devenir puisqu'elle l'avait toujours été.
01:21Mais si je l'avais supportée pendant quinze ans, dont cinq de captivité en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, il est vrai,
01:29c'était pour diverses raisons, pour la plupart des raisons de convenance.
01:34Mais la première de ces raisons, je dois l'avouer, était que, jeune fille,
01:40Gabrielle ressemblait en plus fluet à la Vénus de Milo avant l'accident.
01:47Je veux dire, avant que les bras ne disparaissent.
01:50Encore qu'ici, il y aurait lieu de disserter longuement sur les raisons qui font que cette Vénus est deux fois manchotte.
01:58La statue est-elle inachevée ? Est-elle une allégorie de l'agriculture ?
02:04Le sculpteur, exaspéré de ne pouvoir réussir les bras aussi bien que le reste, a-t-il décidé soudain de mutiler son œuvre ?
02:12Des vandales doublés de fétichistes ont-ils subtilisé ses membres supérieurs ?
02:18Et que faisait-elle avec ses bras ? De toute façon, la question n'est pas là.
02:24Gabrielle avait aussi un côté victoire de sa motrace.
02:28Moins les ailes et plus la tête.
02:31En outre, elle avait le pied grec.
02:34J'ai toujours aimé l'Antique.
02:37C'est ce qui m'a perdu.
02:39En partie seulement, car, il faut l'avouer, j'avais cinquante-cinq ans et Gabrielle dix-huit.
02:46Bref, je l'idolâtrais.
02:50Je l'avais recueillie il y a demi-nuit sur une île du Péloponnèse, où je m'étais échoué, tout à fait par hasard, un jour que le vent soufflait de Norrois.
03:00Ce qui m'était arrivé, entre le moment où j'avais hissé la voie à la Saint-Malo et celui où j'avais achevé de dévêtir Gabrielle après l'avoir découverte sur son lopin de terre, ne m'a laissé qu'un souvenir confus d'éléments déchaînés.
03:18Avec Gabrielle à la barre, ma vie avait vite viré de bord.
03:24Pour commencer, elle m'avait ramené d'Ardar à Clermont-Ferrand, que, d'après elle, je n'aurais jamais dû quitter.
03:32Mais, ma douce Gabrielle, si j'étais resté dans mon trou, je ne vous aurais pas déniché dans le vôtre.
03:40Justement, mon cher, que cette expérience vous serve de leçon.
03:44Soyez plus prudent à l'avenir.
03:48J'avais quitté Clermont-Ferrand tout seul.
03:51J'y revenais à deux.
03:53Mais Gabrielle se montrait plutôt rétive et follement déprise d'indépendance.
03:59De plus, elle avait déjà beaucoup d'autorité.
04:03Il doit être bien entendu, mon cher, que vos amis ne seront pas forcément les miens.
04:09Vous aurez bien du mal, ma douce Gabrielle, à tenir Charles à l'écart de...
04:15Non ! Non !
04:18Charles part-ci, Charles part-là.
04:20Il pense ceci, il a fait cela.
04:22C'est plus qu'une habitude chez vous, mon cher, c'est une manie.
04:26À part pendant notre lune de miel, et encore, je n'entends parler que de Charles.
04:31Mais, ma douce Gabrielle, il me sera très difficile de renoncer.
04:37Je l'appelais ma douce pour conjurer le sort, en comptant sur l'aide discutable de la méthode Coué.
04:47Gabrielle ne m'écoutait même pas.
04:50Et une simple allusion à Charles avait le don de l'exaspérer.
04:54Si vous m'aimez comme vous le dites, mon cher, laissez tomber ce Charles une bonne fois pour toutes.
05:01J'observais une minute de silence, puis machinalement je dis...
05:07Voilà que ça vous reprend, mon cher.
05:10Mettez-vous à ma place.
05:12Croyez-vous que ce soit agréable pour une jeune femme d'entendre son mari répéter à satiété
05:17Charles par-ci, Charles par-là, Charles c'est quelqu'un, il l'a prouvé.
05:22Que diable, mon cher, qu'il ne soit plus question de Charles, mais de vous, je vous en prie.
05:27Vous existez, non ?
05:29Et vous n'êtes plus tout seul, maintenant.
05:31Vous m'avez.
05:33Eh oui, je l'avais.
05:38Et elle aussi m'avait.
05:41Mon cher, ne comptez surtout pas sur moi pour encombrer notre intimité du procureur de la République, comme vous dites.
05:50Oui, non, je le disais parce que c'est vrai, n'est-ce pas ?
05:54Charles est procureur de la République.
05:57Et je parlais toujours de lui avec le respect dû à sa fonction.
06:02C'est normal, non ?
06:04Eh, j'étais fou amoureux de Gabriel.
06:09À cette époque, je ne l'avais pas encore vu sous son vrai jour.
06:14J'étais vraiment éperdument amoureux d'elle.
06:19Et je remplis immédiatement avec toutes celles de mes relations qui n'eurent pas l'heure de plaire à Gabriel.
06:25Du reste, je pouvais fort bien la comprendre.
06:28Nous n'avions, elle et moi, ni le même âge, ni les mêmes goûts, ni les mêmes habitudes, n'est-ce pas ?
06:36La société de Clermont-Ferrand est ce qu'elle est, n'est-ce pas ?
06:39Ni pire, ni meilleure qu'une autre.
06:41Mais on ne peut pas demander à une jeune femme qui vient de passer deux ans dans un coin désert du Péloponnèse de s'y adapter sans rechigner.
06:50Pourquoi la contrarier sur ce point ?
06:55Cependant, au plus profond de moi, je me sentais, comment dire, frustré.
07:02Car Gabriel avait tout de suite éprouvé à l'égard de Charles, dont j'ai pu dire qu'il faisait partie de moi-même, une aversion maladive.
07:12Et pourquoi cette aversion alors que Charles était un être tout à fait charmant et exceptionnel ?
07:21Un autre moi-même, vous dis-je ?
07:24C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
07:33Quand j'ai épousé Gabriel, elle avait dix-huit ans, et moi j'en avais déjà cinquante-cinq.
07:43Elle a tout de suite montré son caractère autoritaire en refusant de fréquenter ceux de mes amis qui ne lui plaisaient pas.
07:50Et parmi eux, hélas, mon meilleur ami, un autre moi-même, Charles.
07:58Gabriel était-elle atteinte d'une légère schizophrénie ?
08:04En attendant de consulter discrètement un ami psychiatre, et de lui poser la question sans nommer personne bien entendu,
08:11je me jetais sur le petit Larousse pour me faire une idée plus exacte de la chose.
08:17J'y appris que la schizophrénie, autrefois appelée démence précoce,
08:24affecte principalement l'adulte jeune et peut dégénérer en un délire flou et incohérent, dit paranoïde.
08:33Paranoïde m'envoya à polymorphisme qui, par des chemins détournés, me ramena à schizophrénie.
08:41Maudissant ces définitions particulières au petit Larousse, je me dis que le plus sage serait d'interroger un spécialiste.
08:52En attendant, je cessai de faire mention de Charles, mais comment couper tous les ponts entre lui et moi ?
09:01Nous avions, c'est le cas de le dire, usé ensemble notre fond de culotte sur les bancs de la communale,
09:08passé notre certificat d'études avec la même mention, très bien, obtenu une bourse de l'État pour continuer notre instruction.
09:16Le père de Charles était ouvrier agricole et ma mère couturière.
09:21Bref, nous avions travaillé d'arrache-pied pour décrocher la timbale, comme on dit.
09:27De fil en aiguille et de primaire en secondaire, nous avions finalement choisi d'étudier le droit.
09:34Charles était devenu procureur de la République après quelques années d'exercice,
09:40cependant que j'avais le sentiment d'être resté ce que j'étais, c'est-à-dire pas grand-chose, quoi.
09:47Quoi que les autres puissent penser de moi, je suis, hélas, lucide et ne me fais aucune illusion sur moi-même.
09:58Je me connais trop bien.
10:01Charles avait décidé de rester célibataire et il avait eu bien raison.
10:08Moi, je n'aurais jamais dû me marier.
10:11Mais, saisi par le démon de la voile et celui de Midi, réuni pendant les vacances de 1938,
10:20j'avais donc rencontré, puis épousé, la belle Gabrielle.
10:28La guerre entre la France et l'Allemagne ayant été déclarée sur ces entrefaites,
10:33sans aucune relation de cause à effet, Charles et moi l'avions faite en Pomeranie, à l'abri des Barbelés,
10:39puis j'étais rentré à Clermont-Ferrand pour y retrouver ma situation en ville et ma femme au foyer.
10:47Pendant mes années d'inactivité forcée, Gabrielle avait tenu notre maison au doigt et à l'œil,
10:54veillant au four, au moulin, m'envoyant des colis, des lettres censurées, me tricotant des gants kakis
10:59et des écharpes assorties à la mode du temps et faisant un peu de résistance à ces moments perdus.
11:06J'avais des raisons personnelles de faire confiance à sa fidélité conjugale.
11:12Elle se montra donc une femme de prisonnier exemplaire.
11:18En Pomeranie, Charles et moi étant inséparables,
11:24je ne pouvais m'empêcher de parler de lui dans mes lettres à Gabrielle.
11:29« Ma douce, Charles est devenu, pour ainsi dire, le commandant de le flag.
11:35Il organise nos soirées. Il a créé une petite troupe de théâtre. Il écrit des vers. »
11:43De même que je ne pouvais m'empêcher de le citer, Gabrielle ne put se retenir de me répondre
11:49« Ce que Charles fait ne m'intéresse pas. Parle-moi de toi, de ce que tu fais toi. »
11:55Mais moi, il me semblait que je ne faisais rien qui vaille la peine d'en parler.
12:02Dans nos lettres, nous avions pris l'habitude, Gabrielle et moi, de nous tutoyer.
12:09Nous gardâmes cette habitude, et au début de nos retrouvailles, tout alla bien.
12:16Ma femme était toujours aussi belle, mais de plus en plus possessive et despotique.
12:22Du paradis, nous ne tardâmes pas à dégringoler en enfer après un court stage au purgatoire.
12:31Il n'était plus question, mais alors plus jamais question de Charles.
12:36« C'est toi que j'ai épousé, Loulou ? »
12:39Oui, elle m'appelait Loulou, ce qui me paraissait encore plus ridicule depuis mon séjour en Poméranie.
12:47« C'est toi que j'ai épousé, Loulou, toi et toi seul.
12:51Enfin, tu ne nous vois pas, ce serait grotesque,
12:55partageant notre vie privée avec le procureur de la République, ton Charles. »
13:01Oui, avouez que c'est saugrenu quand on y pense.
13:07Et Gabrielle de Saint-Été.
13:09« Notre intimité est sacrée, Loulou, je ne veux plus jamais entendre parler de Charles.
13:15J'en suis terriblement gêné, vois-tu, cela me donne l'impression de faire ménage à trois.
13:20À la limite, c'est indécent.
13:23S'il te plaît, Loulou, pas de troisième personne entre toi et moi. »
13:29Comme s'il était question de ça.
13:34Cependant, je pris mon parti de cet ostracisme.
13:40Comment faire autrement, d'ailleurs ?
13:42Charles ne disparut pas de mes pensées, mais il disparut complètement de mon vocabulaire.
13:50Il fallait vraiment que je me force, et je ne puis dire ce que j'en souffris.
13:55J'éprouvais cependant une sorte de satisfaction maligne.
14:01En effet, j'avais toujours été un peu jaloux de Charles,
14:05et je ne pouvais le considérer totalement comme un ami intime, comme un autre moi-même,
14:09car son irrésistible ascension avait eu pour effet, à mesure que sa personnalité se développait,
14:16de gommer la mienne, petit à petit.
14:20Mais j'avais jusqu'à ce jour vécu avec lui dans une intimité trop étroite
14:28pour accepter passivement de m'en priver.
14:32Parler de lui, de ses succès, de sa brillante carrière, me rassurait en quelque sorte.
14:38C'était une espèce de bouée à laquelle je m'accrochais pour ne pas sombrer.
14:44Cependant, je ne pouvais que m'incliner si je voulais sauver l'harmonie de mon ménage.
14:53Qui sait d'ailleurs si cette amputation n'allait pas me permettre de me sentir plus sûr de moi-même,
15:01de ranimer une flamme que la lumière de Charles avait mise en veilleuse.
15:08Gabrielle avait peut-être raison, elle qui d'emblée s'était méfiée de Charles.
15:15J'avais beau lui dire qu'à mon avis c'était ridicule,
15:19elle l'avait pris en grippe et ne démordait pas.
15:24Si au moins j'avais pu trouver dans le comportement de Gabrielle envers moi
15:30des compensations à son fichu caractère, la vie aurait été plus facile.
15:37Mais Gabrielle, au demeurant intelligente et bonne ménagère,
15:43était au lit d'une froideur exceptionnelle et je ne savais que faire pour réchauffer ce magnifique marbre.
15:53Gabrielle considérait l'acte sexuel, qu'elle appelait le devoir conjugal,
15:59comme une vieille coutume locale fastidieuse, uniquement bonne pour les Auvergnats,
16:05et elle ne s'y soumettait que très passivement.
16:10Je dois reconnaître que, même dans ces circonstances, j'étais plus heureux du temps de Charles.
16:20Cependant, toutes ces insatisfactions et ces frustrations
16:27n'auraient pas suffi pour que je prenne la terrible décision de supprimer Gabrielle.
16:34Tous les maris ont des griefs envers leurs femmes et vice-versa,
16:39et, Dieu merci, cela se termine rarement par l'assassinat de l'un par l'autre.
16:46Mais le soir du 27 juillet, la coupe déborda.
16:53Ce soir-là, nous étions couchés, je serrais Gabrielle dans mes bras
17:00quand, tout à coup, au miracle, elle se mit à râler de plaisir.
17:07La première surprise passée, je commençais à m'émerveiller, n'est-ce pas ?
17:14Une ère nouvelle s'annonçait qui allait nous permettre d'anéantir tous nos fantasmes.
17:21— Oh ! ma chérie, ma chérie, oh ! Gabrielle, ma douce Gabrielle, mais c'est une révélation !
17:30— Ne te réjouis pas trop vite, mon loulou.
17:33C'est une révélation, oui, mais je vais t'en faire une autre de révélation.
17:39Si cela s'est bien passé ce soir, c'est qu'aujourd'hui,
17:45pour la première fois, mon loulou, il faut bien l'avouer,
17:50je t'ai trompée.
17:53N'en croyais pas mes oreilles.
17:57Qui donc s'était chargé de faire fondre Gabrielle au point qu'il me restait des miettes encore brûlantes du festin ?
18:08Bien évidemment, je criais dans la plus pure tradition du boulevard, fin dix-neuvième, début vingtième.
18:14Comment ? Quoi ? Tu m'as trompée, toi, Gabrielle, toi, en qui j'avais toute confiance, etc., etc.
18:21Enfin, tout ce qu'un mari coquuffier peut glapir dans l'instant où il apprend son infortune.
18:30Gabrielle éclata de rire avec l'air de se moquer de moi par-dessus le marché.
18:37— Eh oui, mon loulou, je t'ai trompée.
18:41Et devine avec qui ?
18:43— Avec qui, Gabrielle, avec qui ?
18:46Elle vint se nicher au creux de mon épaule et ronronna de plaisir.
18:53— Tu ne peux pas deviner, mon loulou, c'est trop classique pour que tu y penses.
19:00Je t'ai trompée avec ton meilleur ami, naturellement.
19:05— Mon meilleur ami ?
19:08Je ne comprenais pas.
19:11Je n'avais pas d'amis, n'en avais plus.
19:14Elle les avait tous éloignés de moi.
19:18— Tu ne vas pas en revenir, mon loulou, je t'ai trompée avec Charles.
19:26C'est elle qui n'en revint pas.
19:31— Dis ?
19:32— Dire que cette ravissante petite garce,
19:36après m'avoir empoisonné l'existence pendant quinze ans au sujet de Charles,
19:41après l'avoir interdit de séjour chez nous,
19:44après l'avoir banni de toute conversation, éliminé,
19:47dire qu'elle avait fini par coucher avec le procureur de la République.
19:55Comme j'avais eu raison d'être jaloux de Charles,
19:59mais là, là, c'en était trop.
20:03Au paroxysme de la colère, je serrais le cou de Gabrielle,
20:08qu'elle avait ravissant, d'ailleurs, je serrais, je serrais.
20:15Quand elles furent tombées en arrière avec mollesse
20:19et que les pensées finirent de se bousculer dans ma pauvre tête,
20:24je me rendis compte que moi, moi, je venais de commettre un meurtre.
20:33Par nature et par entraînement,
20:37je suis on ne peut plus respectueux de la justice.
20:42Il ne me restait donc qu'une solution.
20:46Je m'assis devant ma machine à écrire
20:50et je commençais une longue lettre en forme de confession.
20:56Monsieur le procureur de la République,
21:00je viens de tuer ma femme Gabrielle.
21:04Les raisons complexes qui m'ont fait agir,
21:09il y en avait comme ça une dizaine de pages.
21:14Je me relus soigneusement en m'aidant du dictionnaire,
21:18puis je glissais les feuillets dactylographiés dans une enveloppe,
21:23la cachetais, y écrivis l'adresse officielle de Charles,
21:27d'une main qui tremblait à peine,
21:30la franchis au tarif réglementaire
21:33et la jetais le soir même dans une boîte aux lettres.
21:39Cette nuit-là, pour la première fois depuis mon mariage avec Gabrielle,
21:46je fis chambre à part.
21:50Le lendemain, je m'habillais comme d'habitude,
21:54je pris mon petit-déjeuner comme d'habitude
21:57et je me rendis à mon bureau comme d'habitude.
22:01Et comme d'habitude, je trouvais mon courrier disposé par ma secrétaire
22:06sur mon sous-main en cuir.
22:08Il y avait là une vingtaine de lettres qui m'étaient adressées personnellement.
22:13Comme d'habitude, la plupart émanaient de fous, d'obsédés, de maniaques.
22:20Je les éparpillais, pris celles que j'attendais,
22:26la décachetais d'une main qui ne tremblait pas et lis.
22:33« Monsieur le procureur de la République,
22:36je viens de tuer ma femme Gabrielle.
22:39Les raisons complexes qui m'ont fait agir de la sorte.
22:46Après quinze ans de mariage, quinze ans de patience,
22:50je me suis enfin décidé à tuer ma femme Gabrielle. »
23:10Promotion Marie-Corpet « Au cœur du crime »
23:13est disponible sur le site et l'appli Europe 1.
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