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NewsTranscription
00:00Radio-Médias, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:03Bonjour à toutes et à tous, nous sommes le mercredi 12 décembre.
00:06Bonjour Plantu, merci d'être avec nous ce matin, on est ravis de vous recevoir.
00:12Merci.
00:12Dessinateur, éditorialiste, en parcourant votre livre, c'est l'année de Plantu 2024,
00:20je crois que j'ai toute la collecte, ça a commencé en quelle année ?
00:23Oh, j'ai commencé en 1975.
00:24Non, je n'étais pas née, donc voilà, ça apparaît chez Calman Levy.
00:30J'ai pensé à la chanson de Julien Clerc, écrite par Étienne Dajil,
00:36À quoi sert une chanson si elle est désarmée ?
00:38Je lui ai dit à Julien Clerc.
00:40Et je me suis dit, à quoi sert un dessin s'il est désarmé ?
00:43Mais à quoi sert un dessin, point.
00:47Parce que justement, on a la même réaction, Julien Clerc et moi,
00:51c'est que lui il chante, et des fois il dit, mais à quoi ça sert ?
00:55Et quand je fais mes dessins, par exemple j'ai fait des dessins sur l'Afrique,
00:59les problèmes de l'Afrique dans les années 70 justement,
01:02en me disant, quand la gauche arrivera au pouvoir, on aura réglé tout ça.
01:06Et puis la gauche arrive au pouvoir, on n'a rien réglé,
01:09et je me dis, bon, ça sert à rien, mais le fait par exemple,
01:13d'aller dans les écoles où je me dis, tiens, au moins,
01:18ils sont 300, tiens, il y en a deux là qui étaient un peu paumés comme moi
01:22quand j'avais leur âge, je me dis, tiens, j'ai peut-être servi à ça,
01:26et leur dire, si t'as une passion, par exemple,
01:29peu importe que ce soit les filles, que ce soit la musique, le dessin ou autre chose,
01:34ou la poésie, vas-y, ça veut pas dire que ça va être gagné d'avance,
01:38mais ça veut dire que s'il travaille, il a une passion, il peut aller très loin.
01:44La préface de votre livre, un album qui passe l'année en revue,
01:50avec vos dessins, avec tous les sujets d'actualité, Gaza, Israël,
01:56l'école, l'agriculture, les Jeux Olympiques,
01:59mais la préface, elle est plus nostalgique,
02:02ou plus... j'ai pas noté le mot exact, mais vous posez beaucoup de questions.
02:08Peut-on faire des dessins drôles tous les jours ?
02:12Comment raconter une dissolution inattendue ?
02:14Vous vous posez des questions sur le sens de ce que vous faites ?
02:19Oui, parce que, évidemment, le bouquin commence par le 7 octobre,
02:23alors évidemment, on peut pas dire que ce soit possible de faire des dessins rigolos là-dessus,
02:27quoique, moi, quand je vois des dessins sur Charlie Hebdo qui sont drôles,
02:31je me dis, tiens, je le ferai pas, mais moi, ça me fait rire,
02:34et c'est plutôt efficace, et ils ont raison de le faire.
02:37Pourquoi vous le feriez pas ?
02:38Parce que j'ai l'habitude de... comment vous dire ?
02:43Quand j'ai un copain japonais,
02:46quand il y a eu le drame de Samuel Paty qui a été décapité,
02:49j'ai regardé son dessin qu'il avait publié dans l'Asahi Shinbun,
02:53le plus grand journal japonais,
02:55il avait dessiné Macron en train de décorer un Samuel Paty décapité,
03:01donc sans tête.
03:03Et je lui ai téléphoné, je lui ai dit, mais... il parle français,
03:06et je lui ai dit, mais t'as pas eu des ennuis ?
03:09Et il ne comprenait même pas pourquoi je lui posais la question.
03:12Et en fait, je lui ai dit, mais tu vois, si moi je le fais,
03:15les gens pourraient comprendre que je me moque de la famille de Samuel Paty,
03:19et moi, je suis dans mon registre,
03:22où j'ai l'habitude depuis 50 ans, au journal Le Monde qui m'a formé,
03:26j'ai l'habitude de faire en sorte que mes dessins,
03:29ils aient une sorte d'empathie a priori sur les gens qui connaissent
03:33ou ne connaissent pas mes dessins.
03:35Pour Charlie Hebdo, c'est autre chose.
03:37Ils sont entre eux, et ils disent, on va déconner sur des trucs qui nous plaisent.
03:41Et moi, je trouve ça tout à fait respectable.
03:43Moi, j'ai une autre proposition.
03:45Et je pense toujours, c'est pour ça que j'ai créé Cartooning for Peace,
03:48l'association avec Fianan,
03:50c'est qu'on y rassemble des chrétiens, des juifs, des musulmans, en disant,
03:53on se lâche, on se fait plaisir, on va jusqu'au bout,
03:56et à la fois on pense au gars ou à la fille qui a 10 000 kilomètres
04:00et qui peut penser qu'il y a une autre culture.
04:02Oui, mais alors Cartooning for Peace, il faut dire,
04:04ce que c'est cette association formidable qui rassemble,
04:07vous l'avez dit, des dessinateurs de presse du monde entier,
04:10avec des dessins très très durs parfois.
04:14Mais très violents, et d'ailleurs que moi-même,
04:16je me dis, mais pourquoi t'as fait ça ?
04:19Des fois, j'ai des copains qui dessinent des choses incroyables,
04:22qu'on défend, alors que moi, je leur dis très simplement,
04:25moi j'aurais pas fait ça, mais au moins je te défends,
04:27parce que j'aime ton travail.
04:29Allez, on va passer au zapping.
04:30Elle oublierait presque le zapping.
04:32Même pas du bonjour.
04:33Non, rien.
04:34Même pas bonjour, rien du tout.
04:35Non, mais pas du tout.
04:36Moi je vais dire bonjour.
04:37Allez, le zapping.
04:44Vous êtes là, elle a des yeux que pour vous, je le sais,
04:47je ne suis pas jaloux.
04:49C'est une fois par an.
04:51Avec la chute de Bachar el-Assad et la libération des prisonniers,
04:55on découvre qu'il y avait un nombre important de Français libérés
04:59et désormais, dans les manifestations de joie en Syrie,
05:03il est courant d'entendre parler français.
05:05TF1 a enquêté sur place.
05:07Sujet étonnant.
05:09Des rebelles islamistes,
05:10acclamés comme des héros dans cette ville syrienne.
05:17Et qui parlent français.
05:20Ces documents sont dévoilés par Wassim Nasr,
05:22journaliste à France 24, spécialiste des mouvements djihadistes.
05:27Au point David Hamma.
05:28Selon nos informations,
05:29une trentaine de Français sont des combattants du groupe islamiste HTS,
05:33qui a renversé Bachar el-Assad.
05:35Même les chrétiens ils sont heureux.
05:37Même les chrétiens ils célèbrent.
05:39Avant cette conquête éclair,
05:40116 djihadistes français étaient positionnés à Idlib,
05:43au nord-ouest du pays, bastion des rebelles.
05:48Une cinquantaine appartient à une brigade créée par Omar Homsen,
05:52un ancien braqueur niçois devenu recruteur de djihadistes.
05:56Certains français de ce groupe, ou d'autres,
05:58sont parfois en Syrie depuis plus de dix ans.
06:01Inquiets ou confiants ?
06:05Confiants, non.
06:06Inquiets, bien sûr.
06:09Satisfaits de voir une dictature de Bachar el-Assad et de son père,
06:13parce que moi j'ai fait des dessins sur le père,
06:15déjà depuis les années 70,
06:17qui était une horreur.
06:18Mais là sur votre Facebook,
06:19vous avez fait un dernier dessin, j'ai vu,
06:21sur la chute...
06:23sur la chute de Bachar,
06:25et j'imagine,
06:27évidemment, j'imagine que...
06:29C'est un délire.
06:30J'aime bien que le dessin soit aussi un délire,
06:32j'ai imaginé Poutine inaugurant une usine de sucette
06:36à la place du Kremlin,
06:37et puis dans le même registre,
06:39les rebelles syriens
06:41en train d'inaugurer une place en l'honneur du féminisme,
06:44et on voit un gars qui élève une plaque comme ça,
06:48il y a marqué « Place Simone Veil à Damas ».
06:51Et donc, on peut toujours rêver,
06:53mais je suis un peu perplexe,
06:55et mais à la fois,
06:57laissons faire les choses,
06:59moi je n'attends pas grand-chose,
07:02mais à la fois je suis le premier à accepter une belle surprise.
07:06Comme vos livres annuels sont des archives sur l'actualité,
07:09on va voir vos anciens livres,
07:11on redécouvre toute l'actualité de l'année qui s'est écoulée,
07:14les archives télé, Valérie,
07:16sont implacables,
07:18archives dans lesquelles on découvre quoi ?
07:20Que la France Insoumise et le Rassemblement National
07:23ont quand même, à minima, copiné avec Bachar el-Assad,
07:26c'était dans Quotidien.
07:28Le problème avec les archives,
07:30c'est que ça colle aux chaussures,
07:32comme de vieux chewing-gum,
07:33et que vous avez beau gratter comme ça sur le trottoir,
07:35ça reste coincé.
07:37Et il suffit de gratter un peu sous les chaussures,
07:39et on trouve des super photos de vacances,
07:42notamment cette sortie scolaire en bus à Damas,
07:45pour aller papoter avec Bachar el-Assad,
07:47et sur les photos, nous reconnaissons plusieurs hommes et femmes politiques,
07:50qu'on continue à voir actuellement.
07:52Alors au pif, on reconnaît la sénatrice LR des Bouches-du-Rhône,
07:55Valérie Boyer,
07:56on reconnaît aussi une salarie de CNews,
07:58Charlotte Dornelas.
08:00En gros, on tombe sur plein de photos-souvenirs,
08:02avec plein de têtes connues qui ressortent.
08:06Incroyable, hein ?
08:07Oui et non, Bachar el-Assad,
08:09il a été aussi reçu en France,
08:12il a été invité au 14 juillet,
08:14donc c'est aussi facile de faire une relecture de l'histoire.
08:20Mais pour être très honnête,
08:22bien entendu, on sait depuis longtemps que c'est un dictateur, un boucher,
08:27mais à la fois, je me souviens d'une photo de Bachar avec sa femme à la coupole,
08:31et à la fois, à ce moment-là, on se disait
08:33« Ah, il se passe quelque chose ».
08:34Je vous le dis parce que j'ai un copain,
08:36c'est pour ça qu'il faut toujours interroger les dessinateurs de presse dans un pays,
08:40pour savoir ce qui se passe.
08:41Et Ali Fersat était un dessinateur qui avait combattu le père de Bachar el-Assad,
08:49enfin le père de Bachar el-Assad,
08:52qui était un tortionnaire déjà.
08:54Et Ali Fersat, le dessinateur, il fait une expo à Damas,
08:58il faisait gaffe, je l'ai rencontré, il faisait gaffe.
09:01Mais à la fois, il fait une expo,
09:03qui voit arriver un ORL très connu à l'époque,
09:06il s'appelle Bachar el-Assad,
09:08qui n'était pas encore le président,
09:10mais c'est le fils d'Afez el-Assad qui vient voir son expo.
09:13Et il l'invite plusieurs fois au palais.
09:15C'est-à-dire qu'il y a eu un moment,
09:17c'est pour ça que je pense aussi à ce qui se passe en ce moment à Damas,
09:19on ne sait jamais.
09:21Il y a eu un espoir, et puis le pouvoir lui est monté à la tête.
09:24– Il a pu dessiner malgré tout, c'est intéressant de parler de ça.
09:26– Ça n'a pas duré longtemps.
09:27– Et qu'est-ce qu'il fait, il est parti ?
09:29– On l'a défendu, Carthony Forpice l'a défendu,
09:31je vous le dis, en passant, on oublie toujours
09:33qu'on a une ambassadrice des droits de l'homme à Paris,
09:37et je peux vous dire que quand on la dérange,
09:39elle sait pourquoi on ne la dérange pas, pour n'importe quoi.
09:41Et donc quand on la dérange,
09:43ou quand on va déranger les ambassadeurs de tel ou tel pays,
09:46ils font le boulot, et je les remercie,
09:48parce qu'on a réussi à sortir Ali Fersat,
09:51et maintenant il est au Koweït.
09:53– Et il y en a d'autres, des signateurs syriens que vous avez rencontrés ?
09:56– Alors j'ai mis d'ailleurs sur, c'est très intéressant,
10:00il y a une fille que je connais depuis deux ans,
10:03pas personnellement, mais on a fait de la vidéo,
10:06on s'est beaucoup parlé tous les deux,
10:08elle s'appelle Amani, et Amani elle est justement d'Idlib,
10:11justement la région où est le nouveau dirigeant actuel à Damas.
10:16Et donc je prends mon temps, je lui dis envoie-moi tes dessins,
10:20donc elle m'a envoyé des dessins anti-Bachar, normal,
10:23mais j'attends encore quelques semaines,
10:25et je vais lui demander, je prends mon temps,
10:27parce que j'aime ces relations avec ces dessinateurs
10:30qui sont eux dans le feu de l'action,
10:32quand ils font quelque chose,
10:34et il y a des terroristes qui sont à 50 mètres de chez eux,
10:38moi j'ai des amis en Jordanie, ils font très gaffe
10:40parce que les djihads ils sont en bas de l'immeuble.
10:43– Et en Algérie, pardon.
10:44– Et j'attends qu'elle me montre les dessins qu'elle fera
10:47dans six mois avec les nouveaux dirigeants.
10:50– En Algérie ?
10:51– En Algérie, il faut toujours savoir avec qui on parle,
10:57et il y a Slim et Dilem qui racontent un peu leur manière
11:03de vivre la dictature nouvelle en Algérie,
11:06parce que c'est quand même pas…
11:08et ils arrivent à se moquer, mais c'est très très casse-gueule,
11:12l'Algérie ce n'est pas une démocratie,
11:14et là on le sait avec Dilem sans salle.
11:17Valérie, je vous propose de faire une petite coupure pub
11:19et je continue le zapping après parce qu'on a pris un peu de retard.
11:21– D'accord, on marque une pause.
11:22– Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
11:29Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
11:34– Allez, on termine…
11:36Ben non, il y a un petit bug, on est dans le supplément,
11:39on est avec Plantu, notre invitée aujourd'hui,
11:42excellent cadeau de Noël si vous n'avez pas d'idée,
11:45merci qui ? Avec Emmanuel Macron qui veut se faire exploser
11:50avec l'Assemblée Nationale en ceinture d'explosifs,
11:53ça paraît chez Calman Levy, graphique,
11:55et on va en parler avec vous dans un instant,
11:57Plantu, on finit le zapping ?
11:58– Oui, parce qu'on avait des choses à dire quand même,
12:00et puis je suis sûr que ça va vous intéresser,
12:02les agriculteurs sont en colère,
12:04et les opérations coup de poing continuent,
12:06et hier des agriculteurs du Lot-et-Garonne
12:08se sont arrêtés dans un magasin au champ,
12:11et ils ont fait quelque chose d'incroyable,
12:13ils ont été dans tous les rayons,
12:15ils ont enlevé tout ce qui n'était pas français,
12:17il restait presque rien.
12:20– Tous les produits qui sont interdits en France depuis 20 ans,
12:22mais ils sont là dans les tomates,
12:24c'est une honte, c'est le scandale du Maroc.
12:27– On a sorti le bon Paris, ça doit donner.
12:31– C'est fabriqué en France quand même, c'est de l'origine.
12:39– Alors moi j'ai rien contre ces produits,
12:41mais on ne nous autorisait pas ici en France
12:43à les réaliser de la même façon,
12:45donc on appelle ça purement et simplement de la concurrence déloyale,
12:48et à côté du gouvernement, la pression est mise sur les acteurs privés,
12:51on est bien sûr, et à l'approche de Noël,
12:54avec la consommation alimentaire qui sera forcément forte,
12:57on encourage tous les Français à consommer le plus possible français,
13:01et pour soutenir les quelques agriculteurs qui vont essayer de survivre.
13:06– Il y a tout un chapitre, agriculteurs en colère,
13:09dans votre livre, avec des dessins très très forts,
13:15celui-ci en particulier d'un agriculteur qui est monté,
13:18c'est la force du dessin,
13:20c'est cet agriculteur qui monte sur un tabouret
13:22qui est en train de se passer une corde au cou,
13:25et il y a un petit homme gris,
13:28vraisemblablement de la commission européenne qui vient,
13:31qui dit, hép hép, la corde elle est le tabouret,
13:33ils ne sont pas non plus aux normes européennes.
13:35C'est grinçant, c'est drôle, et ça dit tout.
13:39– Et puis ça défend les agriculteurs,
13:41parce qu'en fait, vous voyez, je vous disais tout à l'heure,
13:44quand il y a des drames, on ne peut pas rigoler.
13:46Et là, je me suis permis, vous voyez, de faire un petit pas de côté,
13:49mais je me rends compte que toutes les expos que je fais un peu partout en France,
13:53de plus en plus, on me demande un chapitre agriculture,
13:56et il n'y a pas très longtemps, j'étais à Mornan, à côté de Lyon,
13:59ils ont mis des dessins sur l'agriculture un peu partout dans la ville.
14:02– Vous comprenez ce genre d'opération,
14:04où on montre à quel point on est envahi par des produits qui…
14:08– Qui contiennent des produits non autorisés.
14:10– Je comprends les agriculteurs qui sont au bout du rouleau,
14:13et je vous laisse citer le dessin.
14:15– Oui, ce dessin, avec une femme qui est avec son caddie,
14:18filmée par une caméra, qui a une petite larme,
14:21elle dit « nous sommes tous avec les agriculteurs »
14:23et derrière, il y a le mari avec le petit garçon qui dit
14:26« vite, le poulet à 3,50€ et le poulet aux hormones du Chili ».
14:30– Voilà, et on est tous à aimer les agriculteurs,
14:33et à la fois les agriculteurs sont aimés par des Français
14:36qui, des fois aussi, ne sont pas très regardants sur l'origine des produits.
14:40Et c'est vrai que quand on leur dit de ne pas mettre d'OGM,
14:43de ne pas mettre tel ou tel pesticide,
14:45alors qu'on importe de la viande ou des céréales qui sont polluées,
14:51on se dit « ben oui, mais c'est sur le même magasin ».
14:54Evidemment, eux, ils sont plus chers.
14:57– Vous avez entendu l'agriculteur du reportage qui disait
14:59« dans cette tomate, il y a 11 produits interdits en France ».
15:01– Oui, et ce dessin très beau aussi d'un couple d'agriculteurs
15:05qui regarde Emmanuel Macron,
15:07qui brandit des accords européens et français,
15:12il n'y a pas de labours, il n'y a que des preuves de labours.
15:15– Ça, j'en sais rien.
15:17– Des fois, vous savez, je me lance là-dedans,
15:20je me dis « bon, je vais le faire, on verra bien ».
15:22Et des fois, vraiment, je me dis « tiens, j'ai bien fait de le faire »,
15:25mais la vie du dessin, c'est le dérapage.
15:28Et quand je vais dans les écoles, je leur dis « les enfants,
15:32dessinez tout ce que vous voulez, même si c'est impubliable,
15:36allez jusqu'au bout, parce que le dessin publié à la fin,
15:39c'est l'enfant de dessin impubliable.
15:43– Alors, votre livre, c'est le cadeau de Noël idéal,
15:45c'est bientôt Noël, et donc on entend partout,
15:48je ne sais pas si vous l'avez déjà caricaturé, Maria Carec,
15:50on entend la chanson.
15:52– Oh, que j'aimerais bien, mais je n'ai pas assez de place dans ma feuille.
15:55– C'est pas gentil.
15:57– C'est pas gentil, mais c'est très joli, et on l'entend partout.
16:00– Mais c'est Noël.
16:01– C'est Noël.
16:02Alors, je vais vous offrir une version courte, mais bien franchouillarde,
16:05une version qui a été faite, je ne sais pas si vous avez vu ça,
16:08avec des bouchons de bouteilles de vin.
16:11Voici la chanson de Maria Carec avec des bouchons de bouteilles de vin.
16:14– C'est rigolo. – C'est parfait.
16:25– Et voilà, c'est franchouillard.
16:27– Mais je vais vous dire, j'aime beaucoup la chanson de Maria Carec.
16:29– Oui, elle est sympa.
16:31– Il paraît qu'elle est très ancienne, c'est ça ?
16:33– Oui, oui, incroyable.
16:34– Et il y a aujourd'hui les 40 ans de la chanson All I Want For…
16:38Non, c'est pas celle-là, c'est celle de George Michael.
16:40– Ah bon ? – Oui.
16:42– Avec Jésus, c'est pas ça ?
16:44– Non, non, non.
16:45– All I Want For Christmas ?
16:46– C'est quoi, celle de Wham, son tube de Noël ?
16:49Last Christmas.
16:50– Last Christmas, c'est magnifique.
16:52– 40 ans aujourd'hui.
16:53– Je vous l'ai mis la dernière fois.
16:55– Mais aujourd'hui, il y a l'interview dans Le Parisien
16:57de son ex-comparse de Wham qui parle de sa mort
17:00et qui explique effectivement qu'il n'était pas très sûr de lui
17:03et c'est les 40 ans de la chanson.
17:05– Bon ben tant pis, je continue mon calendrier de l'avant de Valérie Expert.
17:09– Allez, c'est que chez vous.
17:10– Je ne crois pas.
17:11La Caisse 12 et derrière, je vous ai mis un live d'Eddie Mitchell,
17:14je sais que vous aimez bien.
17:15– Ah, très bien.
17:16– C'était dans un 7 à vous, je n'avais pas eu l'occasion de le diffuser,
17:19donc plaisir d'offrir, joie de recevoir.
17:21– Je roule, roule, roule, le long du lac,
17:26à l'écapotable Pontiac.
17:29Le ruban de l'asphalte, l'ange à l'épaule,
17:34elle a posé sa tête sur mon épaule.
17:37– Il va bientôt sortir sa bio, hein, son histoire.
17:40– Absolument, un joli album.
17:41À la fin de votre album, vous, Plantu, il y a ses hommages,
17:47Alain Delon, ceux qui nous ont quittés cette année
17:49et François Zardy avec un très beau dessin.
17:51Ça vous prend beaucoup de temps pour faire ces dessins-là ?
17:55– Oui, c'est les plus durs.
17:56– Oui, c'est ce que j'allais dire, il y a Bernard Niveau, il y a…
18:00– On est vraiment dans l'hommage et donc je me dis,
18:03mais j'aime cette personne et je la regrette
18:08et je veux y passer de l'amour, ce qui fait que je prends tout mon temps.
18:11C'est le gros avantage que j'ai dans mes dessins aujourd'hui,
18:14c'est que je prends les photos, évidemment, de François Zardy
18:17et puis je superpose des brouillons, des brouillons, des brouillons
18:20jusqu'à temps que je retrouve, que je sois en accord
18:23avec l'émotion de départ et mon dessin final.
18:26Et donc ça, ça prend du temps.
18:27– Et très beau portrait de Robert Badinter également.
18:30– Comme Robert Badinter, j'en parlais avec Elisabeth Badinter
18:32qui d'ailleurs, très gentiment, m'a invitée il n'y a pas longtemps
18:35et elle me demande de venir avec moi dans les écoles.
18:38– Comment ça se passe dans les écoles ?
18:42– Juste sur cette thématique, est-ce que vous auriez imaginé
18:46votre dernier dessin avant de votre départ qu'on diffuserait
18:49une fois que vous seriez parti ?
18:51Est-ce que c'est quelque chose que vous entendez par « partir » ?
18:54– Parce que j'ai fait un dernier dessin dans le monde.
18:57– Non, un dernier dessin que vous imaginez qu'on publierait
19:00le jour de votre disparition en disant « je veux que ça soit mon dernier dessin ».
19:04– Alors j'aime même mieux que ça.
19:06– Mais c'est dérangeant de poser ce genre de question.
19:09Et comme Valérie était sur les disparitions…
19:11– Mais qu'est-ce que peut être dérangeant pour un dessinateur de presse ?
19:14Un caricaturiste, je veux dire, il doit être dérangé par rien.
19:16– Vous mettez ce dessin au coffre, et puis on publie à votre disparition.
19:19– Alors j'ai mieux que ça, et j'ai quatre enfants.
19:21Et mes quatre enfants me disent « Papa, n'imagine pas ce que tu as imaginé ».
19:25Et mon idée, c'est d'imaginer un cercueil dans lequel je serais,
19:29qui serait moucheté vert et noir, vous savez, comme les cartons à dessin.
19:33Mais je veux qu'il y ait mes propres chaussures
19:36avec des faux pieds qui dépassent du cercueil,
19:39et qu'on puisse dire « Ah ben c'était un grand dessinateur »
19:42parce que ça dépasse du cercueil.
19:43Et mes enfants m'ont dit « Écoute, papa, c'est nul, arrête avec ça, on le fera pas ».
19:47Voilà, comme ça c'est réglé.
19:49Et il y a un dessinateur qui a, au Père Lachaise,
19:54j'aime bien cette… il y a marqué, sur sa tombe, il y a marqué
19:57« Je vous avais bien dit que j'étais malade ». J'adore.
20:00– Il y a Tignous aussi, il y a un monument, je crois,
20:02il y a une sculpture qui a été faite sur sa tombe.
20:05Et tous les dessinateurs de Charlie ont signé sur son cercueil.
20:10– J'en sais quelque chose, j'étais à son enterrement.
20:12Et il y a aussi la sculpture qui est devant la tombe de Ciné,
20:19où c'est un cactus, on dit beaucoup un cactus,
20:21en fait c'est un cactus qui fait un doigt un peu curieux.
20:24Mais c'est subtil, c'est subtil, parce que le directeur du cimetière
20:28avait envie quand même, bon d'accord hommage, d'accord Ciné,
20:31mais bon que ce soit pas trop visible non plus.
20:33– Mais carton à dessin c'est pas mal je trouve.
20:35– Dites-le à mes enfants, ils ne sont pas d'accord.
20:38– Et on peut penser à Wolinski aussi, dont le dernier dessin
20:42qui a été retrouvé sur sa table de dessin était lui montant au ciel.
20:47– Ah bon ? – Je ne savais pas.
20:49– Il y avait son âme qui montait au ciel, c'était assez troublant.
20:53– J'adorais Wolinski, d'ailleurs son épouse Maryse m'avait dit
20:57« Mais tu sais, il attendait que tu lui demandes de faire partie de Cartooning for Peace ».
21:01Je dis « Mais attends, c'est tellement immense ».
21:03Enfin je veux dire, il n'avait qu'à claquer des doigts,
21:05il aurait fait partie de l'équipe.
21:06– Mais oui, mais il était très humble. – Et subtil.
21:09– Et pudique.
21:11– Alors comment on choisit les dessins, les thématiques ?
21:16Parce que vous commencez avec Gaza-Israël, après évidemment ce sont les sujets,
21:22mais comment vous avez choisi ces dessins ?
21:25Parce que vous en faites plus, vous continuez à dessiner tous les jours,
21:27on vous suit sur les réseaux.
21:29– J'en ai fait trois.
21:31Il faudra presque poser cette question à ma poubelle,
21:35parce que ma poubelle est remplie de dessins nuls, impubliables, moches, ratés.
21:40Et puis au bout d'un certain temps, quand je fais un dessin sur la laïcité
21:44qui est dans le bouquin, avec Marianne avec son parapluie,
21:47liberté, égalité, laïcité, et puis elle protège.
21:50Alors le dessin est tout simple, on y dessine quoi,
21:53elle protège une église, une mosquée, une synagogue,
21:57et à la fois le dessin il est tellement simple, je me dis c'est la base,
22:02puisqu'on parle beaucoup dans les écoles, c'est pour parler de la laïcité,
22:06et en fait je me rends compte que ce dessin il est hyper demandé.
22:10Et donc je me dis, ben voilà, c'est un peu le suffrage de tout le monde
22:15qui fait qu'au bout d'un certain temps, c'est ces dessins-là qui tiennent la corde
22:18et que finalement je mets dans le bouquin.
22:21– Gilles ?
22:22– Oui, moi je voulais dire, quand on dessine sur ce qui se passe au 7 octobre,
22:26est-ce qu'on prend parti ou pas, et comment on fait ?
22:29Et puis moi je me souviens des dessins que vous aviez faits des anciens dirigeants,
22:33évidemment en Palestine.
22:36Donc est-ce que vous avez été voir vos anciens dessins ?
22:39– Toujours, c'est-à-dire que je les ai tous en tête.
22:41– Et vous en avez remis d'ailleurs.
22:43– Et j'en ai remis dans le bouquin parce qu'il faut faire un petit flashback,
22:46avec un petit peu de sépia pour montrer que c'est du temps passé,
22:49et à la fois je vais vous dire, j'ai adoré les rencontres
22:52qui me sont tombées dessus de Yasser Arafat et Shimon Peres.
22:55Et en fait, Shimon Peres, j'aimais beaucoup les deux,
22:58j'aimais Arafat et j'aimais Peres, pour lequel j'avais beaucoup d'espoir.
23:02Et en fait, il s'est un peu foutu de moi,
23:04parce que j'ai toujours du respect pour Shimon Peres,
23:07mais à la fois, il ne faut quand même pas oublier que quand je l'ai rencontré,
23:10quand il était ministre des Affaires étrangères,
23:12puis plus tard, quand il était président d'Israël à Jérusalem.
23:15Mais depuis que je l'ai quitté, je m'étais moqué de lui
23:18pour les implantations dans les colonies en Cisjordanie.
23:22Mais depuis que je l'ai quitté, il y a eu 500 000 nouveaux colons en Cisjordanie.
23:27Je veux dire, là, il y a un truc qui ne va pas.
23:29Et donc, je suis toujours en lien avec mes copains israéliens, palestiniens,
23:33pour leur dire comment on construit un Proche-Orient pacifié.
23:37– À un moment, Yasser Arafat voulait vraiment la paix.
23:39– Oui, mais non, alors Valéry, je crois réellement.
23:46Il m'a même dit, mais si vous voulez que je sois à poil,
23:49même les policiers, si vous voulez qu'ils soient à poil,
23:51sans policiers, sans armes, sur le côté, je serais d'accord.
23:56Non, non, il y a cru.
23:58Et quand je l'ai vu quelques mois avant sa mort, en 2004,
24:03c'était quelques mois avant, et bien, vous savez,
24:06il est venu m'embrasser, on se connaissait depuis 20 ans,
24:10il est venu m'embrasser, et je me suis dit, mais qu'est-ce qu'il me fait, là ?
24:13Et il m'a dit, aidez-moi à sortir d'ici, je voudrais aller en France.
24:18Et moi, je me suis dit, attends, je suis dessinateur,
24:20je ne suis pas ambassadeur, et je me suis dit,
24:22bon, c'est peut-être un petit délire d'un monsieur qui est fatigué.
24:25Non, il voulait partir parce qu'il savait qu'il était menacé
24:28par ses petits camarades.
24:30– Il y a un dessin, moi, qui m'a interpellé,
24:32c'est le but aussi et le rôle du dessin, c'est celui de Netanyahou
24:37à côté du chef du Hamas, et ils sont bras-dessus, bras-dessous,
24:40dans un an, la religion, ça rassemble.
24:42Mais de mettre Netanyahou sur le même plan que le Hamas,
24:46ça ne vous pose pas…
24:48– Non, je suis dans la caricature, je ne suis pas à l'ONU.
24:51L'ONU, est-ce qu'on peut se poser la question sur l'ONU ?
24:54Je suis caricaturiste, et moi, je pense qu'aujourd'hui,
24:58il faut se battre pour ça, c'est-à-dire qu'une colombe
25:01que j'ai mise dans le bouquin, une colombe chef d'orchestre,
25:03parce que pourquoi je l'ai fait, cette colombe ?
25:05C'est que c'est un orchestre, puis un autre orchestre,
25:08qui m'ont demandé en janvier dernier de faire une affiche
25:12pour la paix au Proche-Orient.
25:15Et en fait, j'ai fait un palestinien avec un violon palestinien,
25:19avec l'archet, avec le drapeau, et puis un israélien
25:22avec l'archet du drapeau israélien.
25:25Et ils ne l'ont pas voulu, pourquoi ?
25:27Parce qu'il y avait le drapeau israélien.
25:30Et j'ai eu un autre orchestre qui m'a demandé la même chose,
25:33qui a refusé aussi.
25:35Et en fait, c'est parce que c'est des gens qui disent
25:37vouloir la paix au Proche-Orient sans Israël.
25:40Et moi, là-dessus, je suis un...
25:42Vraiment, vous me demandez, on a toujours ces convictions.
25:45Je ne lâche rien. Je suis convaincu tout le temps.
25:48Et s'il s'agit de pleurer pour les victimes du pogrom du 7 octobre,
25:52je serai là. Et s'il s'agit de pleurer sur les victimes
25:54des 45 000 morts à Gaza, je serai là.
25:57Cela dit, si c'est pour me faire dire que j'aime Netanyahou,
26:00j'aime le Hamas, non. Je les combats tous les deux.
26:03– 45 000 morts, ce sont les chiffres du Hamas.
26:06Il y a un débat là-dessus.
26:08– Vous avez tout à fait raison, Valérie, de me reprendre là-dessus.
26:12Pensez bien qu'avant vous, j'ai passé mon temps à vérifier,
26:16à revérifier, revérifier.
26:18Et quand, vous voyez, je fais gaffe, quand je vous dis
26:21500 000 colons qui sont allés en Cisjordanie,
26:26il y a plusieurs intellectuels qui me disent
26:28arrête de dire 500 000, c'est 700 000.
26:30C'est-à-dire que moi, j'essaie d'utiliser les chiffres les plus...
26:35Et je pense que malheureusement, à force de poser la question
26:39à des journalistes qui, eux, sont sur le terrain,
26:41je pense que malheureusement, c'est bien 45 000 morts à Gaza.
26:45– On se retrouve dans un instant avec vous, Plantu,
26:47pour parler de cette année, évidemment, de la politique française
26:49et de vos têtes de Turcs, comme Mathilde Panot.
26:53– Oh, elle est facile, je lui dois de l'argent à celle-là.
26:55– Ah bon ? – Oui, bah oui.
26:58– Le 10h30, Sud Radio Média.
27:01Valérie Expert, Gilles Gansman, Sud Radio.
27:05Le Supplément Média.
27:07– Le Supplément Média, toujours avec Plantu.
27:09Plantu, l'année de Plantu 2024, l'album qui paraît chaque année
27:15au mois de décembre, la revue de tous vos dessins de cette année.
27:19Merci qui ? Avec Emmanuel Macron en couverture.
27:24Il y a eu la dissolution, mais là, plus que jamais,
27:28je crois que le dessin est d'actualité.
27:30Je me suis dit, c'est incroyable.
27:31Donc on a un Macron, évidemment, on fait de la radio,
27:33c'est pas évident de montrer les dessins,
27:35mais il a une ceinture d'explosifs, qui sont les bâtons d'explosifs,
27:39ce sont les colonnes de l'Assemblée Nationale.
27:41– Elle a tout compris.
27:42– Comment ça vous est venu, ça ?
27:44– Vous savez, quand on pense en images, ce qui est très fatigant,
27:49et voyez, par exemple, je me souviens que quand je vous ai rencontrés
27:53plusieurs fois, une fois avec Cabu, qui arrivait à vous dessiner merveilleusement.
27:58C'est-à-dire qu'à la fois, il y a de la tendresse,
28:00et à la fois, c'est de la caricature aussi.
28:03Et moi, je suis un besogneux, et je n'avais pas cette facilité-là.
28:09Mais à la fois, comment ça me vient ?
28:11Parce qu'on se dit, tiens, Assemblée Nationale,
28:13et puis les colonnes de l'Assemblée Nationale,
28:16on pourrait les mettre autour de la table,
28:18voilà un bâton de dynamite, bleu, rouge, comme ça, clic, clic,
28:21et puis il fait tout exploser.
28:22D'ailleurs, j'ai rencontré Macron, et je lui ai raconté la couverture
28:25du prochain bouquin, je l'ai rencontré il y a deux mois,
28:28et bon, il était un peu perplexe.
28:30– Ah bon ?
28:31– Il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée, mais bon.
28:33– Pourquoi il n'a pas de yeux ?
28:34– Je ne suis pas chargé.
28:35Alors, juste, très bonne question, mais vraiment, Valérie, je ne sais pas où elle va-t-elle.
28:41Je suis habité par une phrase qui me disait, je le dis parce que
28:44tous ceux qui veulent dessiner, qui sont vos auditeurs, vos auditrices,
28:50il y a une phrase que me disait mon prof de dessin au lycée Henri IV,
28:53il me disait, les Grecs disaient « rien de trop ».
28:56Et « rien de trop » est une phrase qui m'accompagne tout le temps,
29:00et des fois, ce n'est peut-être pas la peine de rajouter des tas de détails,
29:04des choses comme ça.
29:05Et d'ailleurs, dans le bouquin, quand vous regardez la couverture,
29:08que vous regardez au dos de la couverture, la première couverture,
29:13vous avez la suite du dessin qui a été très fouillée avec plein de détails.
29:17Et je me suis dit, non, je ne veux pas trop de détails, je veux que ce soit pur.
29:20– Sobre comme ça, c'est effectivement la contre-couverture, le rabat,
29:26très exactement, autour, il y a des députés qui s'écharpent avec des poteaux,
29:32qui sont explosés dans tous les sens.
29:34– Et là, il y a plein de détails, et je me suis dit, non, pour la couverture,
29:37je veux que ce soit un petit peu subtil.
29:39– Ça claque.
29:40– On sent que ça va claquer, mais « rien de trop ».
29:42C'est ce que disaient les Grecs, je n'ai jamais fait de grec,
29:45c'est ce que disaient mes profs.
29:47– Alors, si vous êtes en caricature, plutôt pas mal, Rachida Dati, Marine Le Pen.
29:52– Ça va, c'est sympa à dessiner, ça va.
29:54– Et alors, j'ai vu, ça y est, j'ai oublié le…
29:57– Mathilde Panot ?
29:58– Non, oui, il y a Mathilde Panot, et puis, j'ai un trou de mémoire.
30:04– Aubry ?
30:05– Oui, voilà, Manon Aubry, alors hier soir, il se trouve que je regarde la télé,
30:09elle y était, et je ne vois plus que ses dents maintenant.
30:13Mais non, mais c'est mignon.
30:14– Oui, non, mais elle est très mignonne.
30:16– Je l'ai fait, vous voyez, ce n'est pas facile de faire le dessin,
30:18parce que je lui ai fait des petites dents de petit lapin,
30:21parce qu'elle a des dents de petit lapin.
30:22– Oui, elle a des dents de petit lapin, mais comme Gabriel Attal.
30:25– Exactement.
30:26– Je ne mange pas les mêmes carottes.
30:28– Non, non, mais je ne serai pas là-dedans, je sens que ça va déraper.
30:32– Rien d'entendu.
30:33– Mais pour Aubry, Manon Aubry, quand elle parle, on les sent les dents de petit lapin.
30:42Elle a quelque chose, elle zozote comme un petit lapin.
30:45Et en plus, elle a des cheveux comme une petite égyptienne avec un petit escalier.
30:49C'est-à-dire que quand il y a Rima Hassan qui a grimpé,
30:52qui a fait toute la campagne européenne,
30:54on croyait qu'on allait parler de l'Europe, en fait, on n'a parlé que de Palestine.
30:58Et en fait, je me suis dit, mais comme elle a une tête de pyramide, Manon Aubry,
31:02je vais faire un triangle avec ses petites dents de lapin,
31:05mais un petit triangle sur lequel grimpe Rima Hassan.
31:08– Est-ce qu'un dessin peut changer le monde ?
31:11– Je crois, je fais comme si.
31:13Voilà, ça c'est une phrase que j'adore utiliser dans ma tête.
31:16Je vais faire comme si je servais à quelque chose.
31:18Peut-être, on ne sait jamais.
31:19– Parce que vous posez cette question,
31:21on peut s'interroger sur le rôle du dessinateur.
31:24A-t-il vraiment son beau à dire ?
31:26N'y a-t-il pas une indécence à mettre son grain de sel sur tous les sujets ?
31:30L'artiste est d'abord un citoyen, c'est ce que vous dites.
31:33– Je me souviens qu'au tout début, en 72, 73, 74,
31:37il y avait un gars que j'aimais beaucoup au monde,
31:40qui me dit, alors comme ça, tu fais des dessins comme ça sur le Vietnam.
31:44Le Vietnam, la guerre au Vietnam, toi tu es peinard à Paris, tu fais des dessins.
31:47Et je me suis dit, il faut accepter une part d'indécence dans l'artiste, chez l'artiste.
31:53Quand Picasso, il fait Guernica, il n'est pas sous les bombes à Guernica.
31:58Il fait Guernica, et puis il y a une photographe qui le prend en photo, Dora Maar,
32:01elle dit, mais pourquoi tu dessines les yeux comme ça ?
32:03C'est un délire d'artiste, et puis après on se dit,
32:06tiens, finalement ça servait à quelque chose.
32:08– Moi j'ai regardé un peu vos autres années, tout ce qui a été fait,
32:11je suis remonté assez loin pour préparer l'émission.
32:14Et en fait, il y a quelque chose qui m'a sauté aux yeux,
32:17c'est qu'évidemment avec les chaînes info et la surinformation des réseaux sociaux,
32:21on a l'impression que le monde est bouillonnant et qu'il va exploser à tout moment.
32:25Mais en fait, vous avez fait plein de dessins de guerre dans le monde entier,
32:30et de dirigeants, est-ce que vous, avec tout le passé que vous avez,
32:34en fait il n'est pas si bouillonnant que ça ?
32:36– Si, si, il est très très bouillonnant.
32:39Il est très bouillonnant comme jamais.
32:41En 79, Giscard a présenté ses voeux, et on était à la veille peut-être d'une guerre mondiale,
32:47parce qu'il y avait eu l'état de guerre en Pologne,
32:50et puis on ajustait les SS-20, les Pershing, l'un contre l'autre,
32:54entre le bloc de l'Est et le bloc de l'Ouest.
32:58Et ma marraine, que j'adorais, elle m'a téléphoné en pleurant,
33:02au moment des voeux, le 1er janvier,
33:04et elle me dit, tu crois qu'il va y avoir la guerre ?
33:07Et moi, j'étais ébranlé, parce qu'on ne savait pas si ça n'allait pas basculer.
33:11Aujourd'hui, je pense qu'on peut encore plus basculer aujourd'hui.
33:15Et là où je suis, vous me voyez régulièrement et très gentiment,
33:19vous me recevez ici à Sud Radio, et je vous remercie.
33:23Seulement, moi, je vous ai toujours dit que je vais dans les écoles,
33:25et je vois bien la montée de l'antisémitisme.
33:28Jamais je n'aurais imaginé que le 7 octobre dernier,
33:31il y aurait tant de gens pour dire, c'est bien fait, ils l'ont cherché,
33:35et c'est bien fait, et moi j'appuie le terrorisme.
33:38Et là, j'étais surpris qu'il y ait autant de convictions,
33:44de gens qui, finalement, sans se rendre compte,
33:46au nom de l'antisionisme, étaient tout simplement antisémites.
33:50Et comment vous abordez le sujet dans les écoles ?
33:53Très simplement.
33:55J'y vais, et vraiment, je me lâche à dire exactement ce que je pense,
34:01et je me débrouille toujours, quand même,
34:03parce qu'il y a toujours un paquet cadeau à préparer.
34:06C'est-à-dire que je leur montre à quel point je me moque de toutes les religions,
34:10et de pas toutes les croyances,
34:12parce que les croyances, c'est pas mon boulot,
34:14je suis dessinateur politique,
34:16mais les religions, la manière de,
34:19quand un imam, en haut de son minaret,
34:22dit, depuis son minaret,
34:24les filles vont être transformées en cochons si elles chantent,
34:27ça c'est mon boulot.
34:29Je ne parle pas de Mahomet,
34:31je vous parle d'un connard qui est en haut du minaret,
34:33qui dit des bêtises.
34:34Quand un évêque viole un enfant dans la sacristie,
34:36c'est mon boulot.
34:38Et quand un israélien envahit un pays,
34:42je fais un dessin sur, je critique Netanyahou.
34:45Alors évidemment on va me dire, ah oui mais c'est antisémite ce que vous...
34:48Non, attends, regarde, c'est un dessin contre l'armée israélienne,
34:51ou contre le pouvoir israélien.
34:53– Ce soir à 18h, est-ce que vous allez dessiner notre nouveau Premier Ministre ?
34:57– Bien sûr, vous espérez que ce sera qui ?
34:59En termes de dessin, on parle de France.
35:01– Mais est-ce que ça sera, comment dire,
35:03une pulsion que vous ne pourrez pas réprouver ?
35:06– Exactement.
35:08Vous n'imaginez pas mon plaisir que j'ai à regarder l'image,
35:12et donc si on me dit ce Bayrou, bon c'est facile,
35:15il y a un petit Bayrou dans le bouquin,
35:18et puis un petit nez légèrement en trompette,
35:21et puis quand même un menton qui prend de l'importance avec le temps,
35:24mais ça c'est pas de sa faute,
35:26et avec des cheveux improbables,
35:28et il est sympa à dessiner,
35:30des lèvres un petit peu marquées,
35:32pour un homme c'est rare, et des grandes oreilles.
35:35– Si c'est Cas9, c'est plus compliqué.
35:37– J'ai fait la gueule, mais c'est pas grave,
35:40ce serait un Premier ministre bougon,
35:44qui a fait, au moment des attentats de 2015,
35:47qui a été tout à fait à la hauteur.
35:49Vous voyez, moi je suis preneur,
35:51et je suis, je vais vous le dire, je vous l'ai déjà dit,
35:53je suis amoureux des femmes et des hommes politiques,
35:56et donc je les défends, tout en évidemment,
35:58mon boulot c'est de les décevoir tous,
36:00mais à la fois j'aime leur boulot,
36:02et dans une autre vie, je ferai de la politique.
36:05– Ah bon ? – Ah oui, j'adore ça,
36:07j'ai du respect pour la vie politique.
36:09– Députés, maires, ministres,
36:11vous avez vu que 68% des Français
36:13ne font plus confiance aux politiques ?
36:15– Alors ça c'est une très bonne question Valérie,
36:17mais vraiment, merci Gilles,
36:19merci Valérie, vous posez que des bonnes questions,
36:21c'est gentil, et je sais la réponse,
36:23– Alors oui, la réponse c'est quoi ?
36:25– C'est faux, et je les crois sincères.
36:27– Ils aiment leur maire,
36:29– Évidemment, et ils en meurent d'envie,
36:31– Bien sûr.
36:33– de faire de la politique,
36:35or quand on l'entend au micro, ils disent
36:37c'est que des pourris, c'est que des connards,
36:39et ça c'est pas vrai, mais moi je respecte ces deux,
36:41c'est comme quand je vais dans les écoles
36:43et que je suis suivi par une caméra
36:45de France 3, et tout de suite,
36:47dans un premier temps,
36:49oh non pas d'image, on veut pas passer à la télé,
36:51que les médias,
36:53d'ailleurs ils disent merdia souvent,
36:55ce qui est très agréable,
36:57et à la fois, ils en meurent d'envie,
36:59ils en meurent d'envie de passer à la télé,
37:01– C'est un double langage,
37:03– Il y a 66 000 sélectionneurs, 66 000 premiers ministres,
37:05– Exactement,
37:07on parle toujours de
37:09Macron qui dit toujours en même temps,
37:11mais les Français
37:13sont du en même temps tout le temps.
37:15– Barnier, vous l'aimiez pas trop en dessin,
37:17– C'est parce que j'ai pas eu le temps
37:19de progresser,
37:21– On espère que,
37:23il y a un Trump que j'aime beaucoup,
37:25parce que les cheveux, il est hyper facile,
37:27– Il est grotesque,
37:29– C'est marrant parce que,
37:31les grotesques, je leur dois de l'argent,
37:33comme Mathilde Panot,
37:35c'est une grotesque aussi,
37:37et quand ils sont grossiers, qu'ils disent des énormités,
37:39c'est le cas de Mathilde Panot,
37:41c'est le cas de Trump,
37:43je me dis, c'est là où je suis désarçonné,
37:45et c'est là, le bouquin raconte comment,
37:47quand on dit n'importe quoi,
37:49quand on fait le buzz, c'est ça qui l'emporte,
37:51alors que moi je pensais,
37:53quand on disait, les haïtiens,
37:55ils vont bouffer des chats ou des chiens,
37:57les gens vont balayer, non,
37:59ils disent non, non, je suis preneur, ça m'intéresse,
38:01je sais que c'est faux ce qu'il dit,
38:03mais je vais voter pour lui,
38:05quand Mathilde Panot, elle dit des horreurs,
38:07des grossièretés, je me dis, mince,
38:09elle pourrait l'emporter avec ses grossièretés,
38:11– Et puis très beau dessin,
38:13sur les Jeux Olympiques également,
38:15avec un Léon Marchand auréolé,
38:17tel un saint pratiquement,
38:19– Vous voyez, très dur à dessiner,
38:21il est beau gosse,
38:23il a un beau corps,
38:25il faut du temps à le dessiner,
38:27et de dire à quel point il est beau gosse.
38:29– Merci infiniment Plantu d'avoir été avec nous,
38:31l'année Plantu 2024,
38:33un plaisir, un vrai plaisir à parcourir,
38:35merci qui,
38:37avec cet Emmanuel Macron,
38:39qui est sur le point de se faire exploser.
38:41– Merci qui, merci Valérie,
38:43– Merci Plantu, tout de suite les débats sur Sud Radio.