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Les Vraies Voix avec Roland Lombardi, géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient, directeur de la rédaction du Diplomate média.

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##LE_COUP_DE_PROJECTEUR_DES_VRAIES_VOIX-2024-12-09##

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Transcription
00:00-"Les vraies voies Sud Radio", le code projecteur des vraies voies.
00:04...
00:04Des scènes de liesse, des statues déboulonnées
00:07et un président en fuite.
00:08La nuit dernière, Bachar Al Assad a précipitamment quitté la Syrie.
00:12On voit ces combattants islamistes qui arrivent
00:15dans la capitale sur leur moto, sur leur pick-up
00:18et qui tirent en l'air.
00:19...
00:20Des tirs de joie.
00:22...
00:24Et un groupe d'amis qui se prend en photo.
00:28Dans les mains,
00:29un bout de l'histoire syrienne s'écrit.
00:31...
00:33Nous félicitons notre peuple en Syrie pour cette grande victoire.
00:37C'est une victoire pour nous et pour les martyrs
00:39qui se sont sacrifiés pour la libération.
00:42La Syrie, enfin libérée !
00:44...
00:49La Syrie est libre ! On a déboulonné sa statue !
00:52The new Syria !
00:53...
00:55Le renversement du régime Bachar Al Assad provoque l'euphorie,
00:58mais une joie teintée d'inquiétude.
01:00Le mouvement rebelle qu'il a renversé,
01:02issu de l'islamisme radical,
01:04conduit la Syrie dans un avenir incertain
01:06après un demi-siècle de dictature du clan Al Assad.
01:09Alors, parlons vrai.
01:10Comment interpréter les frappes sur plus de 75 cibles
01:13par les USA hier soir ?
01:15Est-ce que ce bouleversement en Syrie
01:17change l'équation dans la région, notamment dans le conflit israélo-arabe ?
01:21Passe-t-on d'une tyrannie laïque à une dictature islamiste ?
01:25Vous dites oui à 95 %,
01:27vous voulez réagir le 0826-300-300.
01:30Roland Lombardi est avec nous, géopolitologue,
01:32spécialiste du Moyen-Orient et directeur de la rédaction du Diplomate Média.
01:36Merci d'être avec nous.
01:37Philippe Bilger, on passe d'un camp à un autre camp,
01:41peut-être aussi pire, si on peut dire.
01:43En réalité, je suis très pessimiste.
01:47On va être un spécialiste comme notre invité,
01:51et que je crains le pire sur l'évolution en Syrie.
01:55Je voudrais très modestement instiller
01:59trois petites gouttes d'espoir,
02:01mais qui peuvent être parfaitement illusoires.
02:04La première, c'est qu'on vit tout de même dans un environnement
02:08où on apprend qu'il y a des massacres, des tortures,
02:12et qu'au fond, je me demande si cette certitude
02:16qui nous indigne de plus en plus
02:18ne peut pas avoir un petit effet en Syrie.
02:21Deuxième élément, très directement relié à la Syrie,
02:25c'est l'horreur de cette dictature durant cinq ans,
02:29et plus particulièrement avec Bachar el-Assad.
02:32Et troisième et dernier élément,
02:35c'est le fait que le responsable el-Soltani,
02:39un nom joladeux,
02:41eh bien, il est...
02:44Et il a une personnalité très équivoque,
02:48changeant d'apparence, changeant de vêtements,
02:51ayant eu des actes qu'il pouvait laisser espérer
02:55et d'autres très préoccupants,
02:57mais puisque je parlais de trois gouttelettes d'espoir,
03:00je m'en tiens à elles pour l'instant.
03:02– Françoise de Gaulle.
03:03– D'abord, réjouissons-nous, le boucher de Damas, c'est fini.
03:06Je rappelle quand même Bachar el-Assad et son père à Fès,
03:09avant Bachar el-Assad, c'est au minimum 500 000 morts.
03:13C'est quelqu'un qui utilise des gaz toxiques sur sa population.
03:16Ce moment d'ailleurs où nous avons été lâchés en plein vol
03:19par les Américains, par Obama, quand François Hollande a dit
03:22« on frappe » et qu'Obama au dernier moment a dit
03:23« finalement, on ne frappe pas », c'est 13 millions de réfugiés syriens,
03:2713 millions de réfugiés, c'est un boucher,
03:30c'est un fleuve de sang, Bachar el-Assad.
03:32Donc déjà, petit 1, petit 2,
03:35on se demande comment est-ce qu'ils sont arrivés en premier
03:38et on se demande pourquoi, parce qu'il y avait une lutte à mort,
03:40eh bien parce qu'évidemment, il y a eu une négociation également
03:44avec Moscou, c'est-à-dire qu'en gros, on peut imaginer
03:46que le Kremlin a dit aux rebelles « vous ne touchez pas
03:51à nos installations et en échange, on vous laisse passer ».
03:55Ça, c'est le deuxième point.
03:56Le troisième point, je pense que notre invité,
03:59« je n'ai pas envie d'être dans ce lamento et pourtant,
04:02il faut l'être, il faut égréner ».
04:04Égrénons l'Irak.
04:06Je repensais au statut de Saddam Hussein d'Eboulonné.
04:11Ok, égrénons les printemps arabes.
04:13Égrénons le courage des populations
04:16et égrénons le résultat politique aujourd'hui.
04:18– Mickaël Sadoun.
04:20– Je vais rejoindre évidemment ce qu'a dit Françoise de Goyes
04:23sur le boucher de Damas, le régime de Bachar el-Assad
04:27depuis la guerre civile en 2011,
04:29c'est 100 000 personnes portées disparues,
04:31c'est 300 000 à 600 000 morts selon les organismes internationaux
04:36qui évaluent ça, c'est évidemment l'utilisation d'armes chimiques,
04:38notamment en 2013 à la Routa,
04:40donc je n'ai aucun début de commencement de sympathie
04:43ni pour Bachar el-Assad, ni d'ailleurs pour tout le clan el-Assad,
04:46en plus de ça, ajouter à ça qu'il est proche de l'Iran,
04:49de tout ce qui s'appelle l'axe de la résistance
04:51et que c'est un ennemi historique d'Israël.
04:53Donc je n'ai aucune sympathie.
04:54Mais je ne partage pas quand même l'enthousiasme généralisé
04:57sur le renversement du pouvoir parce que,
04:59de manière peut-être très pragmatique, trop pragmatique…
05:01– Vous criez de l'enthousiasme,
05:02moi je n'en vois pas dans les commentaires, je ne vois rien du tout.
05:04– J'en vois certains en réplique et d'ailleurs,
05:07je trouve que Jean-Luc Mélenchon, pour le coup,
05:08a été plutôt prudent sur ce sujet-là.
05:10Mais on sait comment ça se passe quand un dictateur relativement laïc
05:16tombe du pouvoir et est renversé par l'islamisme,
05:18ça devient une base arrière du terrorisme
05:20et je pense que ça n'est profitable à personne.
05:22D'ailleurs, je pense que les proches d'Israël
05:25qui ont vu le renversement du régime comme une chose positive,
05:30se trompent parce que ce n'est pas du tout sécurisant
05:32d'avoir une organisation terroriste à ses frontières.
05:35Donc maintenant, comment vous dire…
05:37– Les Israéliens ne se trompent pas, ils ont mis le gars-là dans un alerte.
05:41– Oui, oui, nous, c'est sûr.
05:43– Roland Lombardi, on a le plaisir de vous avoir avec nous,
05:45vous êtes géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient,
05:47directeur de la rédaction du Diplomate Médias.
05:49Il y a un pays dont non-vraies voix n'ont pas parlé
05:51mais qui a joué un rôle clé, c'est la Turquie.
05:54Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
05:59– Effectivement, en fait, tout ce qui s'est passé,
06:01ça ne se serait pas passé sans la vague de la Turquie.
06:05Et par là-même, la Turquie n'aurait pas lancé ses opérations
06:09sans l'aval des États-Unis.
06:11Voilà, donc ça, c'est rapidement pour résumer la situation.
06:14Bon, on ne va pas évoquer…
06:16Alors, est-ce que les États-Unis ont laissé faire ?
06:18Est-ce qu'ils ont commandité ? Ça, c'est une autre chose.
06:21On n'en sait pas plus pour l'instant, on verra par la suite.
06:23Mais en tout cas, la Turquie, effectivement, est derrière Al-Joulani,
06:29le patron des HTS, des Hayat Fahri Al-Hasham,
06:33donc qui était un parti islamiste, puisque la Turquie était le protecteur,
06:37le soutien et le parrain de la poche d'Idlib,
06:42qui était devenue le sanctuaire des islamistes en Syrie,
06:44et tous les djihadistes de Syrie qui avaient été frappés par les Russes
06:51et les Iraniens et le régime d'Assad s'étaient réfugiés dans cette poche.
06:55Il y avait eu en mars 2020 des négociations, justement,
06:59entre la Turquie et la Russie,
07:01pour cantonner tous ces groupes dans cette poche d'Idlib,
07:05qui est au nord-est de Damas.
07:12Et donc, voilà, c'est clair que c'est Erdogan qui est à la manœuvre.
07:17Il ne faut pas se leurrer, c'est de l'autorité publique, en plus.
07:21Il revient dans le jeu syrien, alors pourquoi faire ça, on ne sait pas.
07:26Il y a toujours la question kurde.
07:28C'est lui qui a financé, c'est lui qui a soutenu ces milices,
07:31qui les soutient encore, toujours financés par le Qatar,
07:34ne l'oublions pas, c'est le Qatar qui est un des premiers financiers,
07:40justement, de la poche d'Idlib.
07:42Donc, voilà où nous en sommes.
07:47Donc, c'est sûr que les lendemains sont très incertains,
07:52voire très inquiétants.
07:54– Est-ce qu'à votre avis, l'administration de la poche,
07:59de cette fameuse poche, est-ce qu'elle a...
08:02J'ai lu un peu partout qu'elle était assez efficace, assez cohérente.
08:11Est-ce qu'on peut tirer des enseignements à partir de cette administration
08:16pour ce que va devenir la Syrie, où la comparaison n'est pas possible ?
08:22– Non, c'est vrai.
08:24Certains de mes collègues avaient comparé Idlib à Gaza, en fait.
08:29Alors, pourquoi il y régnait l'ordre d'une certaine organisation ?
08:33Parce que, justement, il y a les services et les militaires turcs.
08:36Donc, à partir de là, on peut comprendre que tout était sous contrôle.
08:40Mais on ne peut pas le comparer à la Syrie,
08:43parce que là, c'était dans un réduit, où la population était...
08:48Et surtout, il faut rappeler qu'il y avait énormément d'aides internationales,
08:54sous forme notamment humanitaire, qui arrivaient à Idlib.
08:57Donc, nous avons quelque part indirectement financé aussi ces groupes,
09:00puisque, bon, on le sait, la plupart de ces aides sont souvent détournées.
09:04On l'avait vu à Gaza, on le voit ailleurs aussi.
09:07Donc, on ne peut pas comparer la stabilité d'Idlib à la future Syrie,
09:13parce que là, il y a d'autres communautés.
09:17La Syrie est un pays communautaire.
09:19Il y a tout un passif, tout un historique de vengeance,
09:23de conflit intercommunautaire, et ça ne date pas que de 2011.
09:27C'est historique.
09:31Et c'est ça qui pose problème.
09:34Et surtout que, là, pour l'instant, comme je commençais à le dire tout à l'heure,
09:39le chef des HTS montre patte blanche,
09:43parce qu'en fait, il fait ce que lui dicte Erdogan,
09:46Erdogan qui s'y connaît en taquilla, l'art de la dissimulation,
09:50qui est l'une des principales armes des islamistes.
09:54Rappelons aussi qu'Erdogan est un frère musulman, ne l'oublions jamais.
09:58Donc, il avance à petits pas.
10:01Il essaie d'amuser la galerie,
10:04non pas d'amuser, d'enfumer la galerie, je vais dire,
10:07notamment rassurer la communauté internationale,
10:10si tant est qu'elle existe.
10:13Mais la suite, ça s'avère...
10:15Pour l'instant, il doit avoir des négociations avec l'opposition,
10:17notamment, qui se trouve principalement en Turquie,
10:21mais ils n'auront pas la main.
10:24On l'a vu dans l'histoire, dans tous les conflits,
10:27c'est ceux qui ont participé au combat
10:29qui ont la primeur de la suite des événements politiques.
10:33Et donc, les seuls opposants syriens
10:37qui pourront y trouver éventuellement une place dans cette future Syrie,
10:40ça sera les frères musulmans.
10:42– Merci beaucoup, en tout cas, d'avoir été notre invité.
10:47– Merci à vous, Roland Lombardi.
10:50– Oui, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient,
10:52directeur de la rédaction de Diplomate Média.
10:55Merci beaucoup, Philippe Bilger, merci beaucoup, Françoise de Gouin,
10:58merci beaucoup, Mickaël Sadoun.
10:59Dans un instant, on parle de...
11:01– De citoyenneté avec les vraies voix citoyennes,
11:04avec Aurélie Roux et Stéphane Pellet, avec deux très belles associations,
11:06une notamment qui lutte contre les accidents de la route
11:08et une autre pour la citoyenneté et l'intérêt pour la politique.
11:12– Et nous, on se retrouve demain à partir de 17h.
11:14– Avec un immense plaisir, enfin pour moi !
11:15– Oui, passez !
11:17Mais moi aussi, allez, passez une belle soirée.
11:20On vous embrasse à demain, 17h, et dans un instant, Philippe David.

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