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Les députés français ont voté, ce mercredi 4 décembre, à 331 voix pour la motion de censure déposée par le Parti socialiste. La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a déclaré que Michel Barnier devait remettre au président de la République "la démission du gouvernement", après plus de trois heures de séance. Retour sur ce moment historique en cinq minutes, avec les prises de parole marquantes d'Eric Coquerel, député LFI et président de la commission des Finances, Boris Vallaud, président du groupe PS, Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste, Marine Le Pen, présidente du groupe RN, Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République et Laurent Wauquiez, président du groupe La Droite républicaine à l'Assemblée nationale.

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Transcription
00:00Le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du gouvernement.
00:10Monsieur le Premier ministre, nous faisons aujourd'hui l'histoire.
00:13Vous, parce que vous allez être le seul Premier ministre à être censuré depuis Georges Pompidou en 1962.
00:20Moi, parce que j'ai l'honneur de porter cette notion de censure.
00:24Le pouvoir n'est plus à l'Elysée, le pouvoir n'est plus à Matignon.
00:28Le pouvoir est ici, à l'Assemblée nationale.
00:31Il faut en finir avec l'approche verticale du pouvoir, qui est aujourd'hui mise en échec.
00:36En fait, les seules lignes rouges qui ont été abandonnées depuis trois mois, ce sont finalement celles de vos députés.
00:42À aucun moment, aucun, vous n'êtes entré en dialogue avec l'opposition de la gauche et des écologistes.
00:48Les seuls compromis que vous étiez prêts à admettre étaient ceux négociés avec vous-même.
00:53Ce budget ne s'adresse pas seulement à la France, il prend en otage les Français.
00:58Et singulièrement les plus vulnérables.
01:00Les retraités modestes, les personnes malades, les travailleurs pauvres.
01:05Les Français considérés comme trop riches pour être aidés, mais pas assez pauvres pour échapper au matraquage fiscal.
01:12Ces Français qui se posent tous une unique question, où va l'argent ?
01:21Vous n'avez même pas esquissé le moindre mouvement en faveur des amendements adoptés dans cette chambre.
01:26Ni dans le budget de la sécurité sociale, où pourtant nous réglions une grande partie des déficits des comptes sociaux
01:31en faisant, par exemple, cotiser les dividendes.
01:35Ni dans le budget de l'État, où pourtant nous apportions 56 milliards d'euros en revenant sur les cadeaux fiscaux
01:41faits éhontément aux ultra-riches et aux très grandes entreprises depuis 2017.
01:46Je vous confirme que oui, nous avons dû faire des efforts.
01:50Oui, nous avons dû faire des compromis pour aider le gouvernement et garantir la stabilité.
01:54Le choix que nous avons à faire, chers collègues, il est parfaitement clair.
01:57L'intérêt du pays ou l'intérêt des partis.
02:00Le choix de la responsabilité ou le choix du chaos.
02:05Ce choix, monsieur le Premier ministre, cher Michel, c'est celui que vous avez fait depuis trois mois.
02:12Avec dignité, avec respect, avec droiture.
02:19Je veux vous rendre hommage parce que ce comportement contraste tellement avec le visage qu'offre
02:24certains ici sur les bancs de cet hémicycle.
02:26Arrêtez ce mauvais coup porté au pays qui consiste à dire, après moi, le déluge.
02:31Le chaos est déjà là.
02:33Il est politique, économique et social.
02:37Ce n'est pas la politique économique que nous voulons qui explique les chiffres catastrophiques du déficit,
02:43les plans de licenciement massifs, le chômage qui remonte,
02:46l'incapacité à faire face aux besoins en matière d'investissement écologique.
02:50C'est votre politique économique et fiscale qui a consisté à appauvrir le pays
02:55au bénéfice des ultra-riches et du capital.
02:58Et pour le plus grand malheur du reste du pays.
03:02Et après votre chute, il y aura, tôt ou tard, un budget pour l'État.
03:06Arrêtez de faire croire que la lumière s'éteindra.
03:09La loi spéciale évitera toute shutdown.
03:12Elle permettra de passer la fin de l'année en décalant de quelques semaines l'examen du budget pour 2025.
03:17Et contrairement à votre propagande, cela ne fera pas payer d'impôts de plus aux Français
03:22puisque cette loi n'aura pas vocation à durer plus de quelques semaines.
03:26La politique du pire serait de ne pas censurer un tel budget.
03:31Un tel gouvernement, un tel effondrement.
03:34Dans pareilles situations, il y a tant à dire.
03:37Tant à dire sur l'alliance entre LFI et l'ERN qui est en train de se nouer.
03:42Fidèle à l'analyse de Tocqueville qui écrivait qu'en politique,
03:49la communauté des haines fait presque toujours le fond des amitiés.
03:54La réalité, madame Le Pen, c'est que vous vous apprêtez à voter.
03:58Vous vous apprêtez à voter pour ceux qui traitent les policiers d'assassins.
04:02La réalité, madame Le Pen, c'est que vous vous apprêtez à voter
04:05pour ceux qui traitent les terroristes de résistants.
04:08La réalité, madame Le Pen, et honnêtement, la dignité vous imposeraient
04:12un autre comportement dans cet hémicycle.
04:14Il est manifestement devenu plus convenable de parler avec l'extrême droite
04:19qu'avec la gauche et nous ne pouvons nous résoudre à cela
04:22comme nous ne pouvons nous résoudre à la trahison du front républicain
04:26qui justifie à elle seule cette motion de censure.
04:29Je le dis ici, j'ai trop de respect pour la fonction suprême,
04:33de déférence à l'égard de nos institutions,
04:36de révérence vis-à-vis du suffrage universel
04:39pour participer à une quelconque entreprise, même parlementaire,
04:43de demande de destitution.
04:46Je laisse cela aux tchégévaristes de Carnaval
04:49qui sans nul doute se reconnaîtront.
04:51Je crois que ce que demandent les Français, c'est en somme
04:54moins de bruit et plus d'action, se taire quand on n'a rien à dire
04:58et agir quand on a la chance de pouvoir le faire.
05:01Monsieur le Premier ministre, après votre censure,
05:04il nous reviendra à l'Assemblée nationale de construire un budget
05:07qui viendra réparer ce que vous et vos prédécesseurs avez cassé,
05:11qui viendra combler le trou budgétaire que vous avez.

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