Retrouvez la chronique de Maxime Lledo tous les mercredis à 8h10
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 8h14. Maxime Liédo, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques. Bonjour à tous.
00:08— Vous nous dites ce matin... Mais nous ne vivons pas, nous n'assistons pas à une censure, c'est-à-dire...
00:15— Mais non, pas tellement. D'abord, si on devait choisir une image pour résumer la période surréaliste que nous vivons depuis 72 heures,
00:21c'est celle de Michel Barnier hier à l'Assemblée nationale, au pied de l'hémicycle, immobile et impassible,
00:27face à une troupe de députés vociférant pendant l'hommage au maire de Saint-Malo décédé il y a 2 jours et qu'il avait eu
00:33pratiquement le malheur de croiser durant sa vie professionnelle. Et dans ce cirque, même la mort n'échappe pas aux outrages.
00:39Tout est là. L'homme politique du XXe siècle contemple désemparé la mission impossible qu'il a acceptée dans le XXIe.
00:46Barnier, l'homme du Brexit, le grand négociateur, réduit à contempler impuissant l'effondrement d'une mission
00:52qu'il aurait pu refuser. Mais est-ce qu'on peut seulement lui en vouloir ? Était-il conscient de la meute de jeunes loups affamés
00:57qui rôdaient autour de lui et qui sont d'ailleurs aujourd'hui bien silencieux ? — Où est Gabriel Attal ?
01:02— Mais c'est bien la question ! Lui pourtant si performant dans les médias quand il s'agit de distribuer les bons et les mauvais points,
01:08lui qui n'a désormais plus assez de souffle pour crier à, je cite, « la stabilité, à la responsabilité et à la confiance ».
01:16Qui a mis la pression sur Michel Barnier dès la passation de pouvoir, conditionnant déjà le soutien de son groupe à l'Assemblée nationale
01:23en fonction de ce que le nouveau Premier ministre retiendrait de ses actions passées ? — Quelqu'un a vu Laurent Wauquiez ?
01:29— Eh ben oui, oui, oui. Il prône maintenant de choisir entre l'intérêt général ou le chaos. Lui, l'homme de la future droite
01:35pour qui il n'était pas naturel de soutenir un Premier ministre issu de son propre camp alors que son groupe ne pèse que 47 députés
01:43à l'Assemblée nationale. — Et Olivier Faure ! — Mais Olivier Faure, vous savez, ce grand prêtre du fond républicain prête à tout pour sauver son siège.
01:50Il s'allie avec la France insoumise d'un côté et avec le RN de l'autre pour censurer le gouvernement Barnier. Que la morale de gauche est confortable, quand même.
01:57— Et Marine Le Pen ! Et Marine Le Pen ! — Mais elle, rappelez-vous, dont même les détracteurs les plus acharnés ont reconnu avec un certain talent,
02:04quand même, sa réussite de dédiaboliser son parti. Elle, dont les soldats les plus fidèles qui s'appellent Chenu, Jacobelli, Tanguy,
02:11qui ont livré quand même un combat sanglant contre la qualification d'extrême-droite, accolé à leur parti politique, vont ajouter leur voix
02:18à une motion de censure qui les dénigre. En réalité, ce n'est pas la censure du gouvernement Barnier, à laquelle on risque d'assister tout à l'heure,
02:24mais c'est la censure de ce que fait la politique de moins bien depuis 20 ans. — Vous voulez que je vous dise ? Ça n'incitera pas les Français à aller voter.
02:31Et on n'a plus envie. Franchement, franchement, quel spectacle minable. Le pire de ce qui se fait depuis 20 ans. Vous y allez franchement ?
02:40— Oui, mais j'insiste. Est-ce que vous voyez vraiment, vous, un sursaut, une prise de conscience dans les hommes politiques depuis qu'on assiste
02:46soi-disant à cette grande période de crise de la Ve, franchement, alors que les mots ne sont pas assez catastrophistes dans la bouche des uns et des autres ?
02:52Regardez comme tous, ils retournent vers ce qui s'affaire de mieux. La petite politique à gauche, le même cirque où on murmure déjà ici et là
02:59des appels à une candidature commune derrière Lucie Castex pour Matignon. — Encore ? — Tous hurlent à la capitulation d'un ministre...
03:05Exactement, d'un ministre face à l'affreux chantage du RN, les mêmes qui, hier, refusaient de serrer la main des députés frontistes nouvellement élus,
03:13viennent aujourd'hui de donner des leçons de démocratie à un Premier ministre qui parle avec, oh là là, malheur, le premier groupe de l'Assemblée nationale.
03:19Le gouvernement et leur stratégie de paille qui semble à peine réaliser qu'elle est devenue une pièce incontournable, Marine Le Pen, du jeu politique.
03:26On crie à la catastrophe à venir et à l'effroi général. Mais qu'ont-ils fait, franchement, pour la considérer ? Ils ont épuisé jusqu'au bout le concept étrange
03:33du Front républicain. Ils l'ont privé de poste clé à l'Assemblée nationale. Et ils n'ont pas su de l'aveu même du Premier ministre.
03:39Ils n'ont pas cru à sa menace d'être en capacité de censurer. — Et elles votent avec ceux qui les insultent. — Et c'est ça qui est extraordinaire.
03:45En réalité, la classe politique ne peut pas réaliser l'ampleur de la crise. C'est eux qui la provoquent. Regardez un peu les archives de ces 10, 15, 20 dernières années.
03:52Les mêmes diagnostics, les mêmes problèmes et les mêmes solutions jamais appliquées. Le déficit est de 6%. La dette, 3 400 milliards.
03:59La balance du déficit commercial déficite. 87% des Français pensent que la France est en déclin. Enfin, près de 3 millions de salariés au SMIC.
04:08Et vous le rappeliez tout à l'heure, Jean-Jacques, avec votre invité, on a eu le dernier rapport de l'Observatoire des inégalités.
04:13C'est 5 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. — Le seuil d'extrême pauvreté. — Le seuil d'extrême pauvreté.
04:19— 1 014 € par mois. — C'est dingue. Et ceci, en réalité, c'est pour ça que je dis que tout ça n'est pas une censure. C'est un miroir,
04:25celui de 20 ans de cynisme, d'ambition minuscule, de convictions jetables. Ce n'est pas la chute de Barnier. C'est celle d'un système,
04:31une farce tragique où les acteurs oublient que pendant qu'ils se déchirent, ce sont les électeurs qui les regardent avec lassitude.
04:38C'est un naufrage. Et malheureusement, personne n'a prévenu de canots sauvetages. — Jean-François Kélly.
04:43— Poison, c'est l'élection présidentielle qui convoque la 4e République dans la 5e, dans les institutions de cette République
04:50qui a voulu Général De Gaulle plus stable, avec une alternance politique pour que le pays puisse respirer de façon alternative.
04:56Ça ne marche plus. Ça ne fonctionne plus. La difficulté dans cette histoire, c'est ce à quoi nous assistons. Regardez cette Assemblée nationale,
05:06élus au fond, les uns et les autres élus grâce aux voix de la France insoumise. Et ensuite, la tentative de gouverner ce pays
05:14contre la même France insoumise, ça ne peut pas marcher. Le socle en question, vous savez, le socle commun, d'abord, il était minuscule,
05:21le socle, pas assez majoritaire, est tellement fragile. De l'intérieur, Michel Barnier contesté par d'un côté Laurent Wauquiez,
05:28de l'autre Gabriel Attal, ça ne marche même pas dans le petit socle qui était censé porter les textes qui devaient être votés,
05:36là, le budget, puis le reste. Comment voulez-vous que ça marche ? Et le problème, c'est qu'on va se retrouver à la sortie avec la même difficulté,
05:43qui pour gouverner tant que les ambitions sont sur la table. Les ambitions présidentielles, c'est le poison. Aucune patience jusqu'à 2027.
05:52Emmanuel Macron a raison de dire « Je reste », parce que si lui, aujourd'hui, il s'en va, s'il dit « Bon, écoutez, j'ai bien compris, je m'en vais »,
05:58le quinquennat ne tiendra plus. Au bout d'un an ou deux ans, à chaque fois, on dira au président « C'est en allé ». Vous comprenez ?
06:04— Mais c'est la même stratégie toujours de « Moi, au cas où, il ne marche plus ». — Il faut qu'il tienne, Emmanuel Macron, non pas...
06:07Moi, je dis pas ça par conviction ou par soutien. Peu importe. Je dis ça parce qu'en fait, s'il, lui, s'en va, plus rien ne marche, plus rien ne fonctionne.
06:13Ça va être une catastrophe politique. — Oui, puis il y a toujours l'argument, une fois de plus, du « Moi, au cas où », où on a bien vu que sur tous les plans,
06:19ça ne marche plus. — Merci, messieurs. Merci. Ça vous fait réagir. 0826 300 300. Sud Radio, bien sûr.