Retrouvez la chronique de Maxime Lledo tous les mercredis à 8h10
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Patrick Roger.
00:04Soyez libres, Maxime Liédo, soyez libres aujourd'hui. Bonjour.
00:07Bonjour Patrick, bonjour à tous.
00:08Comme d'habitude sur Sud Radio, parlons vrai, on va se dire les choses.
00:11Dans quelques minutes, je reçois Annie Gennevard, qui est la nouvelle ministre de l'Agriculture,
00:16dans un contexte, Maxime, qui est très tendu, très difficile de nouveau dans le secteur agricole.
00:22Oui, vous en avez parlé il y a quelques minutes avec Quentin Leguillou, qui représentait le syndicat des jeunes agriculteurs.
00:27La ferme France est la première de l'Union Européenne, c'est une fierté.
00:31Ça, c'est une citation, elle a à peine quelques mois et elle est prononcée par le président de la République lui-même.
00:37Mais depuis, la météo sur le monde de l'agriculture est devenue menaçante,
00:41avec quelques chiffres qui annoncent quand même l'arrivée d'un orage sévère.
00:44Pour la première fois depuis 1976, la France pourrait ne plus afficher d'excédent commercial agricole.
00:52Le chiffre, qui fait quand même la fierté de ce pays depuis près de 50 ans, pourrait disparaître dès l'année prochaine.
00:58Et ce n'est qu'un début, parce que les prévisions pour 2025 prédisent quand même un déficit commercial, carrément, le déficit commercial.
01:05Et à l'heure où le salon international de l'agroalimentaire ouvre ses portes à Paris,
01:09c'est quand même 7500 entreprises qui déboulent à Villepinte, qui viennent du monde entier, avec une réalité quand même qui nous rattrape.
01:16Nos vins, nos céréales, nos produits laitiers ne s'arrachent plus et les chiffres sont implacables.
01:21La France, jadis deuxième puissance agricole mondiale quand même, est tombée à la sixième place.
01:28Sa part dans les exportations mondiales a fondu comme neige au soleil.
01:31Elle est passée de 8% en 2000 à seulement 4% en 2023.
01:37Écoutez ces quelques chiffres, nous consommons seulement, enfin nous consommons 50% de nos fruits et légumes sont importés.
01:4580% du poisson que nous consommons est importé.
01:49Et 60% de la volaille est importée.
01:52Ça serait intéressant d'en parler notamment dans quelques semaines, parce que ça sera la signature du Mercosur.
01:56Bien sûr, et c'est ce qui met en colère justement les agriculteurs.
01:59Sauf que certains disent, attention, tout de même, le Mercosur, il y a des points positifs aussi pour l'agriculture française.
02:05Il faut négocier, dérouler des points.
02:07C'est ça. Qu'est-ce qui nous a fait plonger comme ça, pour notre ferme agricole qui était l'une des meilleures au monde ?
02:13Plusieurs raisons à cette dérive du bateau France, mon capitaine.
02:16Peut-être d'abord un problème de compétitivité.
02:19En 20 ans, la France s'est totalement endormie sur ses lauriers.
02:23Encore notamment protégée par la PAC, la fameuse politique agricole commune.
02:27Tandis que nos voisins, eux, comme l'Allemagne, notamment, structuraient leur secteur.
02:30Par exemple, en Allemagne, 8 entreprises agroalimentaires sur 10 exportent.
02:35En France, ce n'est que 2 sur 10.
02:37Ajouté à cela, on en parle souvent, les taxes étouffantes, les normes toujours plus contraignantes.
02:42Et bien sûr, les tensions commerciales avec des gens comme la Chine.
02:45Bon, prenez les exemples, par exemple, du blé.
02:47Nous n'avons pas aidé cette année avec moins 25% pour les récoltes.
02:51Et puis, le secteur du vin, autrefois glorieux, qui connaît une baisse des volumes de 18%.
02:56Et les exportations qui peignent, sans en parler, notamment du cognac.
03:00Un toucher de plein fouet à parler sur taxe imposé par la Chine.
03:03Et à ce genre de constats, généralement, on aime bien me répondre
03:05« Oh, c'est une situation très, très complexe. On ne le voit seulement que depuis quelques mois.
03:09Et puis, si vous en parlez aux gens, ils ne voient pas très bien de quoi on parle. »
03:12Je vais répondre à cet argument par quelque chose de très, très concret.
03:15La ratatouille.
03:16Vous voyez le fameux haut commissariat au plan, vous savez, l'espèce de placard qu'on a fait sur mesure pour François Bayrou.
03:21Il a fait notamment une note très, très importante qui parlait de la ratatouille.
03:24Et on va en parler aux gens qui nous écoutent sur Sud, qui réfléchissent peut-être à en faire une dans la semaine.
03:29Concrètement, la ratatouille, c'est quoi ?
03:30Des tomates, courgettes, poivrons, piment d'eau, aubergines, oignons.
03:34Et bien, sur cette petite assiette, on est déficitaire à 650 millions d'euros.
03:39On importe tout. 650 millions.
03:42Ça fait quand même très cher, le plat méditerranéen.
03:44Donc, dans une partie notamment du sud de la France, les contestations des agriculteurs commencent à reprendre un peu de vigueur
03:50avec des panneaux qui sont bâchés et des inscriptions.
03:52On ne sait pas où on va.
03:53Vous non plus.
03:54Où est-ce qu'on va ?
03:55Mais je crois qu'on a la réponse dans le mur.
03:57Et ça ne rhabille personne.
04:02Bon, moi, j'ai des tomates et des courgettes parfois dans le jardin.
04:05Mais je ne vais pas les acheter en fait ailleurs.
04:08Jean-François, plus sérieusement, on a l'impression que les ministres passent,
04:13les gouvernements aussi, que malgré tout, l'agriculture française continue de plonger.
04:20Mais vous vous rappelez ce qui était dit au moment de la crise agricole et des manifestations ?
04:25C'était au moment du salon de 2024.
04:28Les agriculteurs ont besoin du temps long.
04:31On ne peut pas nourrir le bétail avec de l'instabilité politique.
04:35Vous parliez de ratatouille à l'instant.
04:37J'ai envie de vous répondre, oui, la tambouille politique.
04:40Si vous avez une succession de crises gouvernementales, des élections partielles, des changements de gouvernement.
04:48L'agriculture, c'est le temps long.
04:50L'inquiétude des agriculteurs, c'est de pouvoir mettre en place des mesures.
04:54Vous parliez ce matin sur l'antenne de Sud Radio des aides, des facilitations de paiement pour les agriculteurs.
05:00Il faut que ça rentre parce que les agriculteurs sont sur-endettés.
05:03C'est très difficile.
05:04Si vous avez un changement de gouvernement tous les trois mois, une instabilité des changements de locataires au ministère de l'Agriculture.
05:10Avec des dossiers qui ne sont pas suivis.
05:12Et vous avez effectivement, c'est au mois de novembre, l'accord au Brésil, mercosur qui arrive.
05:15Avec des pièces d'alloyaux qui vont rentrer massivement en Europe.
05:18C'est très compliqué de défendre un dossier aussi important qui mérite le temps long.
05:24C'est ça le problème de la crise agricole.
05:26Le temps long est peut-être aussi une simplification de certaines choses pour que ça aille un petit peu plus vite.
05:32Jean-François a raison.
05:34Ce qui est épatant, vous prenez les propos d'un syndicat agriculteur aujourd'hui.
05:38Vous essayez de rechercher les propos du même syndicat il y a deux ans, il y a trois ans, il y a cinq ans.
05:43Je pense que ce sont les mêmes.
05:45Une volonté absolue d'avoir une simplification des normes.
05:48Un problème réellement avec des règles imposées par l'Union Européenne qui parfois les dessert.
05:53Ça avait déjà été le cas quand on avait élargi l'Union Européenne à certains pays de l'Est.
05:57On avait mis en garde pour certains produits.
05:59Ça va devenir très compliqué.
06:01Il y a encore quelques mois quand on avait commencé à regarder ce qu'on pouvait faire pour essayer de sauver,
06:06notamment au moment de la guerre en Ukraine, ce pays et ce blé qui était quand même une part importante de son activité.
06:12Certains agriculteurs avaient dit qu'on commençait à passer des accords avec l'Ukraine pour avoir un prix un peu plus bas.
06:18On ne va pas s'en sortir.
06:20Le problème c'est qu'ils s'expriment, ils crient mais ils ne sont jamais entendus.
06:23Et puis on est un peu prisonnier aussi peut-être de l'Europe.
06:26Mais tout à l'heure on s'en sert quand il le faut.
06:28Mais il y a des moments, par exemple sur le Mercosur, Jean-François Aquiline, il y a une division européenne.
06:34Oui et certains réclament aussi de la clarté de la part du président de la République Emmanuel Macron.
06:40Oui parce qu'en réalité le président Emmanuel Macron qui aujourd'hui n'a plus la main, vous êtes d'accord là-dessus,
06:45désormais il y a un gouvernement Barnier qui a la main sur la politique de ce pays
06:49et le président étant surplomb si je puis dire puisqu'il n'a plus de majorité même relative au Parlement.
06:55Donc difficile pour lui d'agir.
06:57Est-ce qu'il a la main au niveau européen ?
06:59Si c'est passé avec le commissaire européen je pense qu'on peut dire qu'Emmanuel Macron malheureusement ne donne plus le tempo au niveau européen.
07:07Est-ce qu'il est suffisamment influent peut-être que sa voix peut porter au niveau européen ?
07:11Nous le verrons bien.
07:13Mais la décision elle est collective.
07:15L'Union Européenne, les 27 vont s'exprimer au Brésil le mois prochain pour dire oui ou non à cet accord Mercosur
07:21avec des arrières-pensées et des priorités notamment chez nos voisins allemands qui ne sont pas les nôtres.
07:27Donc ça va être très difficile de parler d'une même voix.
07:29Vous savez les promesses faites aux agriculteurs s'asseoir sur une botte de paille avec un catalogue de mesures et dire on va y aller, on va le faire
07:36et soudain tout s'arrête, la colère prochaine risque d'être plus forte que la précédente.
07:40Voilà c'est pour ça qu'il y avait Jérémy qui était avec nous agriculteur tout à l'heure qui disait je n'y crois plus.
07:44Alors tiens c'est intéressant, est-ce que vous croyez encore aussi justement à la politique et à la démocratie ?
07:50Qu'est-ce qu'on va voir dans un instant ensemble ?
07:52Et je rappelle que mon invité tout à l'heure ce sera Annie Gennevardin à 8h30, la ministre de l'Agriculture jusqu'à 9h et vous pourrez réagir au 0826 300 300 à 9h.