La Commission européenne, à droite toute
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00:00Ravis de vous retrouver pour les Informer de l'Europe, votre émission de décryptage
00:10bien sûr de l'actualité européenne comme chaque dimanche et en votre compagnie.
00:16François Boddenet, bonjour.
00:17Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:18Rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions et on retrouve votre
00:22édito tous les matins en semaine sur le canal 27.
00:26Aujourd'hui, François, on va parler de la Commission européenne et ça tombe bien
00:30puisque nous sommes dimanche 1er décembre et c'est aujourd'hui que cette nouvelle
00:33commission, ces nouveaux visages de la Commission européenne entrent en fonction.
00:38On rappelle et on va le rappeler tout au long de cette émission que c'est une institution
00:40qui a un poids très fort, c'est l'exécutif européen et pour la première fois, il y
00:46a, François, un commissaire européen d'extrême droite.
00:50On en parlera aussi et on en parle avec vous, bien sûr, et nos deux informés.
00:54Nos deux informés qui sont Fabien-Janick Cherbonnel, journaliste spécialiste de l'Europe
00:59à Franceinfo.fr et Patrice Moyon, chroniqueur et reporter à Ouest France.
01:05Une commission en tout cas, François, qui est d'ores et déjà au travail, sur le
01:09terrain même, puisque la cheffe de la diplomatie européenne, Kaya Kalas, et le président
01:14du conseil, le nouveau président du conseil portugais, Antonio Costa, eh bien, ils sont
01:18déjà tous les deux en déplacement à Kiev.
01:20Oui, absolument, on l'a appris il y a moins d'une heure maintenant et c'est toujours
01:23la même chose.
01:24Pour des raisons de sécurité, les responsables politiques, quand ils se rendent à Kiev,
01:28ils ne l'annoncent pas et effectivement, ils l'annoncent quand ils sont sur le quai
01:31de la gare.
01:32Et c'est le cas de Kaya Kalas, qui est la nouvelle autre présidente.
01:35C'est la madame diplomatie de l'Union européenne.
01:38Elle est estonienne.
01:39C'est important, on va le voir.
01:40Et puis, Antonio Costa, qui est le président du conseil, ancien premier ministre portugais.
01:45En fait, c'est un symbole, évidemment.
01:47C'est de montrer que l'Union européenne veut que l'Ukraine gagne la guerre.
01:51C'est ce qu'a dit d'ailleurs Kaya Kalas.
01:52Alors, en tout cas, cette nouvelle commission, ces 27 nouveaux commissaires, François, ils
01:57ne sont pas arrivés là comme ça.
01:59Ils ont été élus la semaine dernière par le Parlement européen à Strasbourg.
02:03Oui, élus à une petite majorité, 54 %, c'est la plus faible majorité obtenue par une commission
02:08européenne depuis 30 ans, depuis que les députés européens élisent ainsi l'équipe
02:12des commissaires.
02:13Mais bon, c'est passé, c'est déjà ça.
02:16Et aujourd'hui, la commission von der Leyen entame son mandat qui l'amènera jusqu'en
02:212029.
02:22La commission von der Leyen 2, évidemment, puisque c'est le deuxième mandat pour la
02:26présidente.
02:27Alors, pourquoi c'est important ?
02:28Parce qu'on dit souvent que la commission européenne, c'est le gouvernement de l'Union
02:30européenne.
02:31Alors, c'est vrai.
02:32Et à la fois, ce n'est pas tout à fait vrai.
02:33C'est vrai parce que comme un gouvernement, elle a une fonction exécutive.
02:37Vous l'avez dit.
02:38Elle fait appliquer les lois européennes, mais plus quand même qu'un gouvernement,
02:42la commission, elle, est là le monopole de l'initiative législative, c'est à dire
02:48que seule l'équipe de Madame von der Leyen peut proposer un texte européen.
02:52C'est elle aussi qui négocie les traités commerciaux internationaux, comme le traité
02:56Union européenne Mercosur, le fameux, et Dieu sait qu'on en parle actuellement.
02:59Et enfin, elle est la gardienne des traités européens.
03:02On a vu que ces deux membres de l'exécutif européen étaient déjà à Kiev comme une
03:07preuve qu'il y a du travail pour cette nouvelle commission.
03:10Oui, alors d'abord, elle va devoir lutter contre Donald Trump qui lui arrive au pouvoir
03:15dans 50 jours maintenant.
03:16Et il y aura une bataille commerciale avec les Etats-Unis, et puisqu'on parle des Etats-Unis,
03:21la commission va devoir combattre le décrochage économique de l'Union européenne par rapport
03:25aux Américains.
03:26Et enfin, il est possible que l'Union européenne se retrouve seule à soutenir l'Ukraine
03:30face à la Russie.
03:31Il va donc falloir créer une Europe de la défense.
03:33Écoutez Ursula von der Leyen devant les députés européens.
03:37Il nous faut des projets européens communs en matière de défense.
03:42Nous voulons que l'Ukraine fasse partie de notre Union européenne.
03:46Nous soutiendrons donc l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.
03:53Nous nous préparons en nous réformant et nous soutiendrons l'Ukraine et les pays qui
03:56veulent nous rejoindre à chaque étape du processus jusqu'à ce qu'ils soient prêts
04:00à adhérer.
04:04Voilà la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
04:07Fabien, on l'entend parler de défense.
04:09Effectivement, il y a une nouveauté dans cette commission.
04:12C'est donc effectivement ce commissaire européen à la défense.
04:16Ça va servir à quoi très concrètement ?
04:18Son nom d'abord, c'est Andrius Kubilius, je regarde mes notes pour être sûr de bien
04:21le prononcer, qui est lituanien.
04:24Ça va servir à quoi ? C'est une bonne question parce que l'UE n'a pas beaucoup de
04:27compétences en matière de défense, il n'a pas d'armée européenne.
04:30C'est vrai que la lettre de mission qu'il a reçue, puisque les commissaires européens
04:32ont reçu une lettre de mission de la part de la Commission européenne, était assez
04:35floue. Alors ça va surtout toucher l'industrie de la défense.
04:38Dans ce sens-là, c'est presque plus un commissaire à l'industrie de la défense
04:41européenne. D'ailleurs, quand il a été interrogé par les députés, le nouveau
04:45commissaire, il a beaucoup parlé de son mandat dans lequel il voudrait
04:49créer un marché unique de l'armement.
04:51Et ça fait sens puisque depuis le début de la guerre en Ukraine, on a bien vu qu'il
04:54y avait eu un souci pour l'industrie européenne de l'armement, de se mettre en
04:57branle, de se coordonner, etc.
04:59Donc on peut s'attendre à ce que ça continue sur cette voie,
05:03sur ce sujet. Mais plus largement, il y a vraiment une question symbolique en fait
05:07avec cette histoire de la défense parce que c'est vraiment une priorité
05:11et de nos politiques européennes, mais aussi en fait des Européens
05:15dans les 27 pays de l'UE. Il y a un euro-baromètre qui sonde les Européens
05:18tous les six mois à peu près, qui est sorti cette semaine et qui donne
05:22la défense et la sécurité comme première préoccupation des Européens.
05:26Donc c'est assez logique, Ursula von der Leyen, qui est fine politicienne.
05:29Mais donc ce qui est intéressant, ce que vous nous dites, c'est que ce n'est pas
05:31parce qu'il y a un commissaire européen à la défense qu'il va y avoir une politique
05:34commune de défense.
05:37En tout cas, il y aura sûrement des volontés d'en faire.
05:40En tout cas, c'est ce que Ursula von der Leyen défend.
05:42Mais on ne va pas avoir demain, en tout cas, une force européenne sur le terrain
05:46qui se déploie en Europe ou ailleurs.
05:48Alors, autre nouveauté, je me tourne vers vous, Patrice, c'est un commissaire
05:52européen qui a une identité politique un peu particulière,
05:57puisqu'il est d'extrême droite.
05:58Oui, c'est Raffale Fito, qui est vice, qui occupe
06:02donc la vice-présidence aujourd'hui en charge de la cohésion régionale.
06:07Donc, il a un rôle important et surtout, c'est un coup de tonnerre quand même
06:10au sein des institutions européennes, parce que pour la première fois,
06:12un vice-président exécutif sera à l'extrême droite.
06:15Ça veut dire qu'il a un rôle important, quand on dit vice-président exécutif.
06:17Il a un rôle important.
06:18Alors, Georgia Meloni voulait qu'il ait un rôle encore plus important,
06:21puisqu'elle aurait voulu qu'il soit en charge de l'économie.
06:24Et c'est le Français, Stéphane Séjourné, qui a pris cette place,
06:27sachant que la France a quand même perdu un poste de poids.
06:31C'était celui de Thierry Breton, qui faisait un peu d'ombre à Ursula von der Leyen.
06:35Est-ce que ça change quelque chose dans l'équilibre ?
06:38Il est, j'ai envie de vous dire, il est tout seul.
06:41Il est tout seul.
06:42Non, il n'est pas tout seul, parce qu'au sein du Parlement européen,
06:46il y a aussi une forte poussée de l'extrême droite.
06:49Ensuite, il faut quand même nuancer tout de même, parce qu'il était
06:53ministre des Affaires européennes au sein du gouvernement de Georgia Meloni,
06:56et c'est plutôt quelqu'un d'européen.
06:59Plutôt, il est plutôt centriste qu'à l'extrême droite.
07:03Donc, il faut quand même nuancer ce qu'on annonce aujourd'hui.
07:06Alors, je disais, il est tout seul, mais il est sans doute encore moins seul,
07:10puisqu'il y a un commissaire européen hongrois, François.
07:13Donc, pas exactement non plus d'une droite modérée.
07:17C'est Viktor Orban.
07:18Non, mais clairement, c'est l'extrême droite.
07:20Il y a deux commissaires européens d'extrême droite dans cette nouvelle commission.
07:25Donc, c'est l'hongrois Oliver Vareli.
07:28Il était déjà commissaire européen dans l'équipe précédente,
07:30dont Von der Leyen 1.
07:32Il avait le portefeuille de l'élargissement.
07:34Dorénavant, il va s'occuper de la santé des êtres humains
07:38et du bien-être des animaux, du bien-être animal.
07:41Les deux sont dans le même portefeuille.
07:42Voilà, parce qu'en fait, la santé, ce n'est pas central.
07:45En fait, ce n'est pas une compétence exclusive de l'Union européenne.
07:49Et le bien-être animal, c'est important, mais enfin, on voit bien que ce n'est pas...
07:52C'est un commissaire secondaire.
07:53C'est un commissaire qui n'a pas un portefeuille de première ampleur.
07:59Mais vous le dites, mais on est dans le symbole.
08:02C'est comme pour le commissaire italien.
08:04Le commissaire italien, il vient quand même de Fratelli d'Italia,
08:07qui est un parti post-fasciste.
08:09Et lui, Oliver Vareli, il est un proche de Victor Orban.
08:12Il est proche idéologiquement.
08:13Il est d'ailleurs affilié au Fides, donc le parti d'Orban,
08:17qui a récemment rejoint le tout nouveau groupe parlementaire au Parlement européen.
08:21Vous savez, c'est les Patriotes pour l'Europe,
08:24présidé par le Français Jordan Bardella.
08:27En fait, on a une commission qui penche donc très à droite,
08:30plus à droite que les précédentes.
08:32Donc, je disais deux commissaires d'extrême droite.
08:34On a 12 commissaires sur 27 qui sont du PPE,
08:37c'est-à-dire en fait les conservateurs, la droite européenne.
08:40Cinq Renew, donc les libéraux d'Emmanuel Macron.
08:43Alors, il faut dire quand même que Ursula von der Leyen n'a pas le choix
08:46dans la composition de son équipe, puisque ce sont les chefs d'État
08:49qui leur disent vous allez travailler avec un tel ou une telle.
08:52Après, ce qu'elle a très bien réussi à faire, eh bien, c'est
08:56je dirais l'architecture de sa commission européenne.
08:59Elle a réussi, et on le verra, je crois, dans les mois et les années qui viennent,
09:03en fait, vraiment à centraliser les décisions.
09:06En général, c'est collégial.
09:08Les décisions à la commission européenne, c'est collégial.
09:10Elle, en fait, ça va vraiment être la patronne de cette commission européenne.
09:14Est-ce que l'un de vous deux veut réagir à ce que vient de dire François ?
09:17Fabien, peut-être, Janick Charbonnel.
09:19Tu l'as dit, François, elle n'a pas complètement le choix des commissaires européens,
09:22même si elle peut faire pression.
09:24Évidemment, on l'a vu d'ailleurs cet été, plutôt sur des plus petits pays en général.
09:27Mais la commission, elle est aussi le reflet des équilibres politiques
09:30et dans les États membres, c'est-à-dire quand vous avez un gouvernement de droite,
09:32vous avez un commissaire de droite et aussi au Parlement européen.
09:35Les Européens ont voté pour un Parlement plus à droite et à extrême droite.
09:37Et ça se reflète aussi, ce n'est pas pour la dédouaner,
09:40mais ça se reflète aussi dans les équilibres politiques.
09:42On va continuer d'explorer cette nouvelle commission européenne.
09:45C'est important parce que ce sont des visages qu'on va voir
09:48et ce sont aussi des personnes qui prennent des décisions.
09:51Émanation, comme le disait Fabien, aussi du vote, du vote des Européens.
09:55D'abord, Le Fil Info, 10h moins 10, Mathilde Romagnan.
09:59En plein examen des textes budgétaires, le ministre de la Justice, Didier Migou,
10:03alerte ce matin sur France Info sur les conséquences
10:06pour le pays d'une censure du gouvernement.
10:09Le Rassemblement national continue de mettre la pression
10:11sur le Premier ministre.
10:13Dans la tribune dimanche, Marine Le Pen dit que la censure n'est pas inéluctable
10:17s'il accepte de négocier avec son parti.
10:20Donald Trump nomme un de ses proches au poste d'ambassadeur des Etats-Unis.
10:24En France, Charles Kushner, le père du gendre du prochain président américain,
10:28c'est un chef d'entreprise dans l'immobilier.
10:30Il a passé un an dans une prison fédérale pour des malversations fiscales.
10:34C'est aujourd'hui la journée internationale de lutte contre le sida.
10:38Et en France, le profil des nouveaux contaminés au virus change.
10:41Plus de la moitié sont des hétérosexuels.
10:44L'objectif de l'Organisation mondiale de la santé,
10:46c'est zéro transmission du VIH d'ici 2030.
10:50Léon Marchand se dit épuisé et déclare forfait pour les mondiaux en petit bassin.
10:54C'est dans dix jours à Budapest.
10:56Le quadruple champion olympique de natation dit vouloir prendre du recul
10:59pour, je cite, préparer ses futurs défis.
11:05France Info.
11:08Les informés de l'Europe.
11:10François Baudonnet, Adrien Bec.
11:13Et toujours avec Fabien, Jannick Cherbonnel, journaliste spécialiste de l'Europe.
11:18A franceinfo.fr et Patrice Moyon, vous êtes Patrice chroniqueur et reporter à West France.
11:23Terminons-en avec le tour d'horizon, Fabien, si vous le voulez bien, de cette nouvelle commission.
11:29On l'a évoqué, je crois, c'est Patrice qui l'a évoqué, notre nouveau commissaire européen français,
11:34donc Stéphane Séjourné, qui garde un portefeuille important.
11:38Vous le disiez, Patrice, mais un peu moins important que son prédécesseur.
11:42On se rappelle que c'était Thierry Breton.
11:43Oui, sur le papier, il est important.
11:44Alors il est, je vous donne le titre, il est vice-président
11:47de la Prospérité économique et à l'industrie.
11:50Sur le papier, c'est assez important, mais il a moins de prérogatives que Thierry Breton.
11:53Notamment, il n'a pas l'espace et la défense.
11:55Logique, on en a parlé tout à l'heure.
11:57Globalement, il a moins de compétences que Thierry Breton.
12:02Et aussi, dans l'attitude, il n'est pas du tout...
12:04C'est un peu l'anti-Thierry Breton.
12:05Thierry Breton, on le sait, il a tenu tête plusieurs fois Isola von der Leyen.
12:09Il n'hésitait pas à prendre des décisions un peu tout seul.
12:12C'est un peu l'homme qui tweetait plus vite que tout le monde, parfois.
12:15Stéphane Séjourné, il n'est pas du tout comme ça.
12:16Il est plus jeune, il n'a pas le même profil ministériel.
12:19Il connaît très bien les institutions européennes.
12:21Il a été président du groupe Renew au Parlement européen.
12:24Il connaît aussi assez bien Isola von der Leyen.
12:26Mais on devrait ne pas avoir la même opposition.
12:29Et c'est aussi pour ça qu'il a été choisi à ce poste-là par Isola von der Leyen.
12:35Mais globalement, et je pense qu'on l'a un peu dit,
12:37ça, ça montre bien la volonté de la présidente de la Commission
12:42d'avoir une verticalité vraiment avec sa présidence,
12:45avec des commissaires qui, parfois, se marchent un peu sur les pieds,
12:49qui ont des prérogatifs qui se retrouvent chez les uns et les autres,
12:52des lettres de mission qui sont un peu floues pour en fait avoir le pouvoir.
12:55Voilà, c'est la reine von der Leyen, Patrice Moyon.
12:58La reine von der Leyen avec Manfred Weber,
13:01donc le président du PPE au sein du Parlement européen.
13:05Ce qui traduit aussi...
13:05Il est à quel poste au sein du Parlement européen ?
13:07Pardon ?
13:08Il est à quel poste au sein du Parlement européen pour que les auditeurs...
13:10Il est président en fait du...
13:12Patron du PPE.
13:14PPE, donc la droite européenne.
13:16Donc ce qui veut dire, ce qui traduit aussi, je pense,
13:19l'affaiblissement aussi de la position de la France au sein des institutions européennes.
13:23Et Ursula von der Leyen, avec cette nouvelle architecture aussi,
13:28elle se donne les moyens de constituer des majorités
13:31en fonction des politiques qu'elle devra mener.
13:35François, est-ce qu'on peut dire que...
13:39C'est quelque chose qu'on a quand même parfois régulièrement entendu, malgré tout, d'ores et déjà.
13:42Est-ce que plus que jamais, on peut dire que c'est une commission européenne
13:44qui est une commission allemande ?
13:46Je crois qu'on peut dire ça.
13:47En fait, je l'ai souvent entendu, en effet, et je n'étais pas d'accord.
13:52Peut-être à tort.
13:52Mais cette fois-ci, je pense qu'on peut vraiment dire ça.
13:55D'abord, parce qu'effectivement, la présidente est allemande.
13:58Alors, il faut savoir quand même, les commissaires européens,
14:01normalement, ne sont pas censés représenter leur pays.
14:02En fait, ils représentent l'intérêt commun.
14:04Est-ce que c'est vrai ? Pardon, je vous pose la question.
14:06Alors, c'est souvent vrai et c'est parfois pas vrai.
14:09Voilà, ça dépend du commissaire.
14:12Ça dépend de plein de choses.
14:13Mais normalement, le commissaire européen, à la différence des députés
14:16européens qui, eux, sont élus par les citoyens de leur pays,
14:19les commissaires européens, ils sont là pour représenter l'intérêt commun.
14:23Alors, Ursula von der Leyen, on l'a vu, elle a verrouillé le collège des commissaires.
14:27Donc, elle va le diriger très fermement.
14:30Hors d'ordinaire, je le disais tout à l'heure, c'est la collégialité qui joue.
14:33Ils se réunissent tous les mercredis matins et ils décident sans voter.
14:37Et ça doit être la collégialité.
14:38Là, en fait, elle a vraiment montré qu'elle était la patronne.
14:41Et puis, il y a aussi autre chose, c'est qu'en fait,
14:43dans l'administration de la Commission européenne,
14:45il y a beaucoup d'Allemands à des postes clés, par exemple,
14:49des directeurs de cabinet, des commissaires qui sont très souvent Allemands.
14:53Alors, on peut trouver ça choquant.
14:55D'ailleurs, certains le trouvent choquant.
14:56Thierry Breton, par exemple, l'a dit après être parti.
14:59J'ai lu qu'elle imposait parfois, qu'elle essayait d'imposer.
15:02Elle impose, je vous dis, elle est très, on va dire, très...
15:04Des directeurs de cabinet.
15:05Exactement, elle est très autoritaire.
15:08Donc, on peut trouver ça choquant.
15:09Et il y en a beaucoup de monde qui trouve ça choquant.
15:11Moi, je trouve aussi quand même que la France a sa part de responsabilité
15:14parce qu'on n'a pas su, justement, comme les Allemands,
15:18mettre à des postes clés suffisamment de Français.
15:21Et c'est un peu général, si vous voulez, à Bruxelles.
15:25Le siège de l'OTAN est également à Bruxelles.
15:28Et en fait, par exemple, il y a énormément de postes
15:30qui sont réservés à la France, à l'OTAN,
15:32qui ne sont pas pourvus parce que la France ne les envoie pas.
15:34En fait, vu de France, on n'a pas encore compris
15:36que les décisions importantes, elles se prennent à Bruxelles
15:39et qu'il faut donc envoyer du monde pour décider à Bruxelles.
15:42Patrice Moyon, vous partagez cette analyse de François.
15:44La France, finalement, peut-être se retrouve un peu affaiblie
15:47dans cette nouvelle commission.
15:48Alors, la France est affaiblie.
15:49D'abord, l'Allemagne aussi est un peu affaiblie
15:51parce que les deux pays traversent une crise politique.
15:54Mais la France est affaiblie aussi parce qu'elle n'investit pas assez
15:57les institutions européennes.
15:58Quand on regarde, par exemple, les députés européens,
16:01souvent, c'est faute de mieux.
16:03Quand on voit la manière dont l'Allemagne,
16:06mais aussi des pays comme la Pologne,
16:07investissent les institutions européennes,
16:09on ne peut que s'inquiéter, effectivement,
16:11de l'effacement progressif de la France.
16:14Fabien ?
16:14J'allais ajouter, encore une fois,
16:16je reviens à cette histoire de représentation démocratique,
16:18mais c'est vrai, dans les députés qu'a envoyé la France,
16:21en fait, elle a envoyé une majorité députée RN
16:23qui a peu d'influence au niveau de la commission.
16:25Et dans le plus gros groupe du Parlement, le PPE,
16:27alors c'est les Républicains qui siègent,
16:29mais en fait, ils n'ont quasiment pas de députés.
16:31Sept, je crois, de mémoire, sept, huit ou dix.
16:33En tout cas, très peu.
16:34Sachant que voilà, c'est le groupe, rappelons-le,
16:35le groupe qui a le plus d'influence sur la commission.
16:40Et en fait, c'est aussi là-dessus que ça se joue.
16:41On a envoyé des députés qui, finalement, ont assez peu de poids.
16:44Donc, ça se rajoute à ce qu'on disait juste avant.
16:47Et ça fait que la France a un peu affaibli.
16:48Et aussi qu'Emmanuel Macron n'est pas un peu affaibli
16:50sur le champ national et international.
16:52Un dernier mot, François ?
16:53Et après, il y a aussi la question de la personnalité
16:55qu'on a évoquée de Stéphane Séjourné.
16:57On a beaucoup entendu parler de Thierry Breton
16:58au cours de ces cinq dernières années.
17:00Je pense, ce n'est pas lui faire injure que de dire ça,
17:02qu'on va beaucoup moins entendre parler de Stéphane Séjourné
17:05dans les cinq années qui viennent.
17:06Et puis, il faudra aussi voir les premiers chantiers,
17:09effectivement, de cette commission européenne.
17:11Vous avez évoqué le sujet de la défense.
17:13Absolument.
17:14Ce sera...
17:14Ils sont déjà...
17:16En fait, le sujet numéro un, c'est l'Ukraine et l'élection,
17:21l'arrivée au pouvoir de Donald Trump dans quelques dizaines de jours maintenant.
17:25Et ça, évidemment, c'est l'enjeu numéro un pour cette nouvelle équipe.
17:28Et comme quoi, tout se recoupe,
17:29puisqu'on avait parlé précédemment, justement, du cavalier seul
17:32des États européens dans cette émission.
17:34Donc, on verra effectivement si cela peut être évolué.
17:38Peut-être, peut-être pas.
17:39On va voir.
17:41Merci, François Bodonnet.
17:43On vous retrouve évidemment tous les matins sur France Info TV,
17:46sur le Canal 27.
17:47Merci, Patrice Moyon.
17:49Vous êtes chroniqueur, reporter également à Ouest France.
17:52Et merci à Fabien Janic, cher Bonnel.
17:55Vous êtes journaliste spécialiste de l'Europe au site France Info.
17:59Et faire merci d'avoir suivi les informés de l'Europe,
18:01qui reviennent la semaine prochaine.