Une motion de censure pourrait être votée à l'Assemblée nationale dès le mercredi 4 décembre en cas de 49.3 sur le budget de la sécurité sociale. Le calendrier d'une éventuelle chute de Michel Barnier dépend essentiellement du comportement du RN, qui pourrait retarder l'échéance au vendredi 20 décembre.
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00:00Mesdames, Messieurs, bonsoir. Bonsoir, Karine de Ménonville.
00:03Bonsoir, Eric Brunet.
00:04Michel Barnier, le Premier ministre, fait des concessions à Marine Le Pen.
00:08Mais est-ce que cela va suffire pour maintenir son gouvernement ?
00:12Pour en parler, Géraldine Vosner, rédactrice en chef au Point.
00:15Bonsoir.
00:16Marcelo Westfred, chef adjoint du service politique du Parisien Aujourd'hui en France.
00:20Bonsoir.
00:21Nous sommes avec Thomas Porchet, économiste et essayiste. Bonsoir.
00:25Bonsoir.
00:26Et un parlementaire, Richard Ramos, député Modem du Loiret.
00:29Bonsoir, monsieur le député.
00:30Bonsoir.
00:31C'est vrai que Michel Barnier a multiplié les concessions aujourd'hui, en particulier sur l'électricité.
00:37On sait que c'était une demande forte du Rassemblement national.
00:40Et pour autant, vous allez l'écouter.
00:42Il n'a pas vraiment donné les points non plus à Marine Le Pen.
00:46J'ai donc écouté tout le monde.
00:49Tout le monde.
00:50Et en tenant compte aussi de leurs opinions, de leurs priorités, des vôtres d'abord.
00:57En tenant compte aussi du vote qui est intervenu hier au Sénat,
01:00où se trouve pour le gouvernement un point fort de soutien et de majorité claire,
01:05j'ai décidé de ne pas augmenter les taxes sur l'électricité.
01:17Dans le projet de loi de finances 2025, il n'y aura donc pas d'augmentation de ces taxes sur l'électricité,
01:22ce qui permettra concrètement une baisse des prix de l'électricité le 1er février de 14%,
01:30au lieu des 9% qui étaient prévus initialement.
01:35Ce qu'on peut dire, c'est qu'entre l'entourage de Marine Le Pen et l'entourage du Premier ministre,
01:39ça téléphone beaucoup, ça concède un peu.
01:42Là, on a vu sur la facture d'électricité qui, au passage, mesdames, messieurs,
01:45c'est une bonne nouvelle, baissera de 14% pour tout le monde.
01:49Et puis ça concède aussi, on en parlera dans un instant, sur la fameuse aide médicale d'Etat,
01:53l'aide médicale aux étrangers en situation illégale,
01:58sur laquelle le périmètre va être probablement retréci.
02:01Mais ce qui est intéressant, c'est que Marine Le Pen vient de réagir il y a quelques heures.
02:06Oui, elle a réagi dans une interview donnée au Monde, et regardez ce qu'elle dit.
02:10Il y a encore des difficultés, nous sommes jeudi, il, Michel Barnier,
02:15jusqu'à lundi, l'ultimatum est on ne peut plus clair.
02:19Bon, qu'est-ce qu'on en pense de ça ?
02:22Maintenant, Marine Le Pen fixe des ultimatums, elle attend les bras croisés.
02:25On va regarder, Géraldine Vossner, on va regarder si la copie du Premier ministre est acceptable.
02:30On verra ça lundi, avec mes copains, on statuera.
02:34Oui, elle en profite, elle est dans un mode, je pense qu'il y a une certaine...
02:38Il y a beaucoup de psychologie dans cette posture chez Marine Le Pen,
02:41une certaine volonté d'humilier ce gouvernement.
02:44Elle sort d'une séquence où elle a pris, pendant plusieurs semaines,
02:47des critiques médiatiques, politiques, dans un procès très désagréable pour elle,
02:52et une épée de Damoclès pendue au-dessus de sa tesse d'ici le mois de mars,
02:56et elle, possiblement, sera jugée inéligible pour cinq ans.
03:00Donc oui, elle est en colère, et là, on l'a bien vu,
03:04Michel Barnier, dont elle attendait, finalement, qu'il s'agenouille,
03:07qu'il reconnaisse que le Rassemblement National est l'arbitre de cette motion de censure,
03:13il ne le fait pas, il dit oui, les taxes sur l'électricité, je donne ce point à ma majorité.
03:18Il le dit d'ailleurs, selon ses termes, dans le Figaro,
03:22on découvre qu'il a une majorité, non, il n'a pas du tout de majorité,
03:26et elle veut un trophée, et elle attend son trophée.
03:32Très rapidement, quand même, il a eu cette déclaration sur l'aide médicale d'État,
03:37on sent qu'il y a quelque chose qui se joue entre ces deux personnalités,
03:40mais je pense que ça relève vraiment de l'affrontement, de l'affichage, en fait, de la posture.
03:46On verra l'un de l'autre.
03:47Marcelo Vestrudi, est-ce qu'il peut aller plus loin, Michel Barnier ?
03:49Qu'est-ce qui peut céder de plus ?
03:50On voit bien que dans la liste des cours du Rassemblement National,
03:53il y a d'autres choses, par exemple, le déremboursement des médicaments,
03:57ça, le RN veut que le gouvernement revienne dessus.
03:59Il y a aussi la question de la désindexation des retraites au 1er janvier,
04:05le RN veut que le gouvernement revienne dessus.
04:08On est là, en l'occurrence, sur une mesure qui coûterait énormément aux finances publiques
04:13et sur laquelle le Premier ministre avait déjà cédé des choses à des gens de sa coalition,
04:17de sa majorité, à savoir Laurent Wauquiez.
04:20Après, il y a d'autres choses qui sont demandées, qui paraissent totalement impossibles.
04:25La question sur la TVA, sur les produits de première nécessité, sur l'énergie, etc.
04:29On serait très loin des objectifs financiers.
04:33Déjà, vous avez vu dans l'interview que le Premier ministre accorde au Figaro,
04:36il ne dit plus qu'on sera à 5%, il dit qu'on sera autour de 5% du déficit.
04:41La sémantique commence à évoluer, on voit bien qu'il n'arrivera pas au bout de ses économies.
04:45Jean, je vous entends, mais Richard Ramos, bon, on l'a vu,
04:50Michel Barnier a dit sur l'électricité, Mme Le Pen, ok, je cède.
04:55On en parlera un peu plus dans le détail dans un instant.
04:58Michel Barnier a également dit sur l'aide médicale d'État, je réduis le périmètre, je cède.
05:04Je cède à ce que demande le RN.
05:06Il ne va pas comme ça prendre tous les éléments, toute la liste de course qu'évoquait à l'instant Marcelo.
05:12En politique, la faute de grammaire est moins importante que la faute de temps.
05:17Et Mme Barnier et Mme Le Pen sont madrés en politique.
05:23C'est le temps, c'est la gestion du temps.
05:25Lui, c'est un diplomate.
05:27Il a laissé tout le monde faire les marioles, nous inclus.
05:30À la fin, on retrouve la réalité.
05:32– C'est qui, nous ? C'est les députés ?
05:34– Les députés, mais même les groupes.
05:35Le Modem, En Marche, tout ça, ça ne pèse rien.
05:39Celle qui préside le conseil de surveillance du gouvernement Barnier s'appelle Mme Le Pen.
05:44Mme Le Pen a dit, amusez-vous, le Modem, tout ça, dans l'hémicycle, j'arriverai à mon moment.
05:50Et elle arrive à son moment.
05:51Et là, finalement, tous les autres, nous inclus, on rentre à la niche.
05:55De toute façon, on ne va pas faire tomber notre propre gouvernement.
05:57Déjà que c'est le bordel, ça serait encore pire.
06:00Et derrière arrivent les grands, les adultes.
06:03Ceux qui pèsent, c'est-à-dire Barnier et Le Pen.
06:06Et là, ils sont en train de jouer le match.
06:09Je l'ai dit sur ce plateau-là, je pense qu'il ne va pas tomber, ce gouvernement.
06:13Alors que vous vous rappelez que j'avais dit que c'était un yaourt à DLC courte.
06:17Mais j'avais dit entre 3 mois et 18 mois.
06:19Pourquoi ? Parce que je pensais qu'on passerait le budget.
06:23Parce que Mme Le Pen, elle ne peut pas se permettre.
06:25Elle a eu sa stratégie du costume cravate.
06:28Si aujourd'hui, elle fait tomber le gouvernement,
06:31tout son électorat à conquérir, c'est-à-dire la droite classique, elle tombe.
06:36Alors on va quand même écouter ce que dit Jean-Philippe Tanguy,
06:39parce que lui, il n'est pas vraiment sur la même ligne.
06:42Le député RN qui était l'invité de Benjamin Duhamel il y a quelques minutes.
06:47C'est une victoire importante de nos demandes
06:51que Marine Le Pen avait pu réitérer à Michel Barnier lundi matin
06:54quand elle le rencontrait à Matignon.
06:56C'était évidemment une demande prioritaire vu l'injustice de cette mesure.
06:59Mais nous avons demandé d'autres mesures.
07:02Et l'équilibre du budget, c'est un accord global.
07:05Moi, j'aimerais quand même savoir comment ils veulent financer cette suppression de taxes,
07:09cette suppression de hausse de taxes sur l'électricité.
07:12Oui, il y a un voyant qui était au rouge qui est passé au vert.
07:16On ne va pas faire la politique du pire.
07:18Mais cela ne suffit pas.
07:19Et surtout, le diable est dans les détails.
07:21Parce que si vous annulez une hausse d'impôts que vous récupérez sur les autres,
07:25ça ne sert à rien.
07:26Alors, Jean-Philippe Tanguy qui dit que c'est une victoire considérée pour nous,
07:30il parle de la hausse, enfin de la baisse, pardon, du tarif de l'électricité
07:36qui, je le redis, c'est la bonne nouvelle du soir,
07:39baissera de 14% votre facture.
07:42Mais il a dit qu'on ne va pas faire la politique du pire.
07:44On l'avait entendu.
07:45Mais de toute façon, il faut quand même qu'on comprenne un truc.
07:48Même Jean-Philippe Tanguy qui est pourtant le spécialiste chez eux du budget,
07:51il ne sait pas ce que va faire Mme Le Pen.
07:52C'est dans le marbre ce que je vous dis.
07:54Parce qu'on discute quand même de temps en temps à la buvette.
07:57Ils ne savent pas ce qu'elle va faire.
07:58La stratégie de Mme Le Pen, M. Tanguy ne le sait pas.
08:01C'est elle qui a compris comment ça fonctionnait.
08:04Donc eux, ils font un peu monter les enchères.
08:06Il dit quand même qu'on ne fera pas la politique du pire.
08:09C'est-à-dire que finalement, ce qui est classique dans des gens qui font du chantage,
08:13je vous ai pris en flagrant délit d'adultère, je vous pique 100 balles
08:16et la semaine d'après je vous repique 200.
08:19Et tant que tu n'as pas vraiment peur, je te repique un peu plus.
08:21Je vais monter les enchères.
08:22C'est ce qu'ils sont en train de faire.
08:23On va peut-être aller voir ce qu'il se passe à l'Assemblée.
08:25On va retrouver Naoufelle El-Kawafi qui se trouve à l'Assemblée.
08:28Alors à l'Assemblée en ce moment, il y a une petite bataille qui se joue autour des retraites.
08:32Mais ce que tout le monde scrute, Naoufelle, réellement,
08:35ce sont les réactions du Rassemblement national aux annonces du jour.
08:39Oui, Karine, Eric, souvenez-vous de ce que je vous disais hier.
08:42Je vous disais que désormais, tous les regards étaient portés sur qui ?
08:45Sur le Rassemblement national.
08:46Vous en avez la preuve ce soir.
08:48Autrement dit, l'ERN détient le sort du gouvernement entre ses mains.
08:52Le parti de Marine Le Pen fait pression, est en position de force et il en profite.
08:56Marine Le Pen qui a réagi à quelques instants à nos confrères du Monde
08:59en expliquant que le gouvernement avait jusque lundi pour revoir sa copie.
09:02Le Premier ministre qui est en état de faiblesse
09:05et qui n'a pas d'autre choix que de céder face au Rassemblement national.
09:08Vous l'avez entendu tout à l'heure avec, en renonçant notamment,
09:11cette baisse des taxes sur l'électricité.
09:14C'est une victoire pour le Rassemblement national.
09:17Certes, mais ce n'est pas suffisant pour faire taire cette menace
09:20de motion de censure qu'on entend depuis plusieurs jours.
09:23Autrement dit, pour que vous compreniez bien ce qui est en train de se passer en coulisses,
09:26Marine Le Pen souhaite faire pression jusqu'à la dernière seconde
09:29pour pousser le gouvernement à revoir sa copie,
09:32à modifier le texte pour qu'il aille dans son sens, si ce n'est pas le cas.
09:35S'il sera soumis au vote lundi et s'il passe au 49.3 en l'état actuel,
09:40le Rassemblement national n'hésitera pas une seconde
09:43à appuyer de manière très ferme sur ce bouton de motion de censure.
09:46En tout cas, un cadre du Rassemblement national nous expliquait tout à l'heure
09:49qu'ils étaient bien prêts.
09:52– Merci beaucoup Naoufel El-Karouafi.
09:54Vous nous dites s'il se passe des choses en ce moment,
09:56dans les prochaines minutes à l'Assemblée nationale, vous prenez la parole.
09:59Thomas Porcher, vous, l'économiste de gauche, l'observateur que vous êtes,
10:04s'interroge quand même sur cette espèce de reculade de Michel Barnier
10:09qui fait quand même des concessions notables à Marine Le Pen,
10:13même si ça ne change pas l'équation de la République et le visage de la France,
10:17quand même, symboliquement, ça veut dire beaucoup.
10:20– Je ne suis pas surpris, je l'avais dit également sur ce plateau,
10:23il y a au tout début… – Vous êtes tous des prophètes ici.
10:26Vous allez venir le 1er janvier et on arrête les élections.
10:29Je vous dis tout, les premiers jours…
10:32– Non mais on savait que M. Barnier était quand même le trait d'union
10:35entre la Macronie et Marine Le Pen.
10:38Donc on savait qu'il allait beaucoup plus écouter les revendications de Marine Le Pen,
10:42des revendications du NFP.
10:45Mais après, sur la baisse de l'électricité,
10:48j'aimerais bien qu'on éclaircisse les choses ce soir,
10:50parce que j'ai quand même quelques doutes.
10:52Vous savez, les taxes sur l'électricité avaient fortement baissé
10:55avec les boucliers tarifaires, ils avaient réaugmenté de moitié
10:58et normalement il était prévu qu'en 2025,
11:00on réatteigne le niveau de TICE, de taxes d'avant crise.
11:05Donc là, quand il dit ça, est-ce qu'on reste à mi-chemin,
11:08c'est-à-dire qu'on ne bouge pas, ou est-ce qu'on revient finalement
11:11aux taxes d'avant crise, ou est-ce qu'il parle du fait
11:14que l'on n'augmentera pas plus loin les taxations sur l'électricité,
11:17ce qui était prévu au départ, ce qui avait été mis sur la table
11:19par le gouvernement Barnier.
11:21Donc là-dessus, il y a un flou, parce que, je veux dire,
11:24y compris des députés du NFP et même d'ailleurs,
11:26étaient contre le fait qu'on augmente plus loin les taxes sur l'électricité.
11:30Donc comme M. Bardella dit sur Twitter
11:33qu'il a gagné une bataille sur la facture d'électricité,
11:39j'aimerais bien savoir quel va être le niveau.
11:42Oui, parce que c'est aussi, je pense, de l'agacement
11:46de la part des oppositions face à un gouvernement
11:49qui prétend faire des économies, alors que ce ne sont pas des économies.
11:53Là, quand même, ce qu'annonce aujourd'hui Michel Barnier,
11:56c'est une hausse de la taxe sur l'électricité de 50%.
12:00Elle est aujourd'hui à 21 euros, elle sera au 1er janvier
12:04à 30 euros hors taxes.
12:08C'est une hausse de 50%.
12:11Simplement, dans le budget, il avait prévu d'aller jusqu'à 40, voire 50 euros.
12:16Donc il dit, je ne vais pas faire la hausse prévue, donc ça baisse.
12:19Non, ce n'est pas une hausse. Voilà, il renonce et il y a une taxe.
12:22Mais le problème, demain...
12:24Mais pourquoi sont-ils tous dit que la facture baissera de 14 ?
12:26Parce que les prix de gros baissent de toute façon.
12:29On le savait, on le sait depuis le printemps dernier.
12:32Ça n'a rien à voir avec l'action publique.
12:34La vraie question, et c'est une réalité aussi,
12:37c'est que cette hausse de la taxe sur l'électricité
12:40était pointée par tous et tous les milieux économiques
12:43comme une aberration.
12:45Le coût modique de l'énergie, ça reste le seul avantage comparatif
12:51des entreprises en France aujourd'hui
12:53qui traversent une tempête assez violente.
12:56La passée, l'augmenter, paf, d'un coup de 20 euros.
13:00Parce que c'est ce qui était prévu.
13:02Paraissait aberrant, d'autant plus que la taxe sur le gaz,
13:04elle reste à 16 euros.
13:06C'est vraiment pas grand-chose.
13:08Donc là, on est dans un espèce d'entre-deux.
13:11Et Michel Barnier est quand même...
13:13Alors évidemment, c'est bonne guerre de le présenter comme une baisse.
13:16Mais ce n'est pas une énorme victoire non plus pour les oppositions.
13:20Bon, alors en tout cas, l'électricité, c'était clairement une ligne rouge
13:23pour le Rassemblement National, la hausse de ces taxes.
13:26On va voir avec Anne-Sophie Varmont que ce n'est pas la seule ligne rouge
13:29loin de là, posée par le Rassemblement National.
13:32Anne-Sophie.
13:33Oui, tout à fait.
13:34Parce que des exigences sur le budget,
13:36le Rassemblement National en a beaucoup
13:39vis-à-vis du gouvernement de Michel Barnier.
13:41Tout d'abord, vous venez d'en parler,
13:43ne pas augmenter les taxes sur l'électricité.
13:45En tous les cas, pas plus qu'avant la crise.
13:48Ce détail, vous l'avez aussi évoqué.
13:50Ça, c'est bon, c'est acté.
13:52Ensuite, rétablir l'égalité des jours de carence
13:55en cas d'arrêt maladie entre les salariés du public
13:58et ceux du privé.
13:59Ça, c'est pareil, le Premier ministre est d'accord.
14:02Tout comme le fait de rogner sur l'AME,
14:05l'Aide médicale d'État à laquelle ont droit les sans-papiers.
14:09Là, c'est bon aussi, le Premier ministre est d'accord,
14:12il va rogner dessus.
14:13Mais le Rassemblement National a d'autres demandes,
14:17et pas des moindres.
14:18Tout d'abord, la suppression des allègements de charges
14:21sur les entreprises, sans mesure pour favoriser
14:24la hausse des salaires.
14:25L'engagement de ne pas dérembourser les médicaments.
14:28Sur ces deux mesures, c'est vraiment très précis
14:31et très important pour le Rassemblement National,
14:34puisque ce sont des conditions sine qua non.
14:37Viennent ensuite des exigences sur les coupes
14:40dans le budget de l'immigration,
14:42l'indexation des retraites dès janvier
14:44à hauteur de l'inflation.
14:46Le gouvernement s'était déjà engagé là-dessus,
14:49mais à hauteur de la moitié de l'inflation.
14:51Ensuite, il y a la baisse de la TVA sur l'énergie.
14:54Et enfin, supprimer la TVA sur les produits
14:57de première nécessité.
14:59Si le Rassemblement National n'est pas satisfait
15:01de la copie finale, le verdict sera sans appel,
15:04ce sera la censure.
15:06Merci beaucoup, merci beaucoup.
15:08Alors, on a parlé de Marine Le Pen,
15:11assez largement, très bien,
15:13qui fixe quand même un ultimatum à Michel Barnier,
15:15qui lui dit, on verra lundi si la copie est valable.
15:18Nous statuerons, nous, Rassemblement National,
15:20lundi, sur la censure ou pas.
15:22Très bien. Il y en a un autre qui a réagi ce soir,
15:24qui a fait un rassemblement LFI aux Invalides, à Paris.
15:28C'est Jean-Luc Mélenchon,
15:30gars plus bienveillant, avec Michel Barnier.
15:35Dans six jours, il n'y a plus de gouvernement.
15:38Et il n'y a pas d'autre possibilité,
15:41si l'on veut revenir aux urnes,
15:43comme on le fait dans tous les pays démocratiques du monde.
15:47Quand il y a un blocage institutionnel,
15:49ce sont les électeurs qui décident.
15:51En premier temps, toutes sortes de persécutions
15:54contre des pauvres gens.
15:56Ici, l'aide médicale d'Etat,
15:58qui est pourtant indispensable.
16:00Là, ce sera encore autre chose.
16:02Enfin bon, l'attaque sur l'électricité,
16:04je ne fais pas devant vous la démonstration
16:06de pourquoi la réponse qu'il a faite
16:08n'est pas honnête, elle n'est pas sincère,
16:10elle n'aboutira pas à une réduction.
16:12On peut penser qu'il essaye de cette manière
16:14de se concilier les bonnes grâces
16:16du Rassemblement National.
16:18Va-t-il y parvenir ?
16:20Qu'est-ce que nous allons voir ?
16:22– Bon, c'est assez juste ce que dit Richard Ramos.
16:25Je sais bien qu'à chaque fois que Jean-Luc Mélenchon parle,
16:28il faut se rouler par terre,
16:30mais il décrit de façon assez clinique
16:32la nature des rapprochements qui sont en train de s'opérer
16:35entre le Rassemblement National et Michel Barnier
16:38pour la survie du gouvernement Barnier.
16:40– Il a l'intuition que j'ai,
16:42il pense que le Rassemblement National
16:44ne votera pas la motion de censure.
16:47– Il en joue et il fait monter la pression
16:50et il dira, regardez, c'est les seuls opposants.
16:52– Il dit, dans 6 jours, il n'y a plus de gouvernement.
16:54– Il pose ça comme un postulat, d'accord ?
16:58Et quand Mme, dans son esprit, pardon de décrypter du Mélenchon,
17:01dans son esprit politique, il dira,
17:03vous voyez, on était quand même les seuls.
17:05Et Mme Le Pen, elle va continuer,
17:08donc il se met comme étant le seul opposition à ce gouvernement
17:11et donc derrière au président Macron.
17:14C'est son jeu, c'est ce qu'ils ont fait dans l'hémicycle,
17:16ce matin, cet après-midi, on voit bien, c'était assez clair.
17:21Sur la liste à l'après-vers du Rassemblement National,
17:25M. Barnier lui redonnera quelques victoires sur l'AME,
17:29il y aura quelques dépenses, mais qui ne représentent rien, rien, rien.
17:33Je crois que c'était 10 000 euros pour le décollement d'oreilles,
17:36on a donné un exemple qui ne pèse rien.
17:38Il lui donnera, il donnera des gages symboliques,
17:42il ne pourra pas tout donner sur les médicaments.
17:46Attention, il faudra quand même que de l'autre côté,
17:48il rassure les milieux financiers.
17:50C'est un vrai, vrai, vrai problème.
17:52On a un problème économique avec un budget
17:54qui ne se permettrait pas de faire des économies,
17:57c'est qu'en France, contrairement à tous les autres pays européens,
18:00quasiment, c'est la consommation qui fait qu'on est debout.
18:04C'est la consommation qui fait que, contrairement aux Allemands,
18:07c'est ce qui fait que notre pays est debout et qu'on vienne de la croissance.
18:10Si on a un problème politique, c'est-à-dire un chaos politique,
18:14c'est bien plus sensible en France qu'en Allemagne
18:16parce que c'est la consommation qui tient l'économie française.
18:19– Marcelo, est-ce que Marine Le Pen peut prendre le risque de la censure ?
18:23Car avec sa stratégie chemise blanche, cravate,
18:26elle jouerait gros en partant vers une forme de chaos.
18:31– Oui, alors après, elle a une base qui pousse,
18:34donc ça, il faut le prendre en compte.
18:36– Les électeurs du RN, les adhérents du RN ?
18:38– Pas tous, pas les nouveaux venus,
18:40pas ceux qui arrivent de milieux plus bourgeois, etc.
18:44ou les petits entrepreneurs, etc.
18:45– Chez elle, on est passé de 29% à quasiment 60%
18:48qui veulent faire tomber le gouvernement.
18:49De 29% à 60% en quelques semaines.
18:52– Des électeurs au RN.
18:53– Et puis elle a tellement poussé le bouchon loin qu'elle peut pas non plus,
18:56c'est difficile de faire machine arrière aussi facilement.
18:59Ensuite, il y a l'élément psychologique.
19:01Après sa plaidoirie, elle a dit, en marge du procès,
19:06qu'elle avait beaucoup souffert de ne pas être au Parlement.
19:08– Oui, elle a évoqué sa souffrance.
19:09– Sa souffrance, donc on ne sait pas très bien à la fois…
19:12– Mais elle a dit aussi que ce qu'elle avait subi lors de ce procès
19:16n'avait aucun rapport avec son action politique.
19:18Elle l'a bien dit en préambule quand même.
19:20– Elle a laissé entendre qu'elle ne se vengerait pas.
19:22– Voilà, mais il faut voir que la stratégie depuis le début du RN,
19:25c'est une ambiguïté stratégique, c'est-à-dire ne pas donner à la fois
19:28des indices qu'on va censurer et des indices qu'on va pas censurer.
19:31Certains montent dans les matinales d'info pour dire qu'ils vont pas censurer,
19:35d'autres pour dire qu'ils vont censurer.
19:36Là, on ajoute à ça une incertitude psychologique.
19:38Et j'ajoute un dernier élément, c'est que là, elle fait pression sur Barnier
19:42pour que Barnier lâche des choses lundi.
19:44Mais attendez, il y aura une deuxième motion de censure possible
19:47de la même semaine, en fin de semaine,
19:49et il y en aura une sans doute autour du 20 décembre.
19:51Donc en fait, le supplice chinois n'est pas terminé.
19:54– Géraldine Vosner, puisque après tout, parlons-en,
19:56le destin de la France, en tout cas de ce gouvernement,
19:59est entre les mains de Marine Le Pen,
20:01je vous pose la question que j'ai posée tout à l'heure à Richard Ramos,
20:04le député Ramos disait, à la buvette de l'Assemblée Nationale,
20:07les députés RN que je croise ne savent pas ce que va faire Marine Le Pen,
20:11il n'y a que Marine Le Pen qui prend la décision.
20:13Je vous pose cette question, est-ce que vous pensez que cette décision
20:16très stratégique pour l'avenir du Rassemblement National
20:19est prise seule, en conscience, par Marine Le Pen seulement,
20:23ou elle a autour d'elle des conseillers très proches
20:26qui sont en train de travailler cette question ?
20:29– Je pense qu'il y a débat au sein même du Rassemblement National
20:32sur la stratégie qu'il convient d'adopter,
20:35parce que Martiello le disait très justement,
20:37il y a une base qui pousse et il y en a qui sont plus allants.
20:40Maintenant, moi je pense, comme M. Ramos,
20:43je pense que ce gouvernement va tenir,
20:45tout simplement parce que je ne vois pas le gain qu'elle en retire,
20:48ni à court terme, ni à long terme.
20:51En revanche, je pense qu'elle est…
20:53– Marine Le Pen aura tout à perdre.
20:55– En tout cas, elle n'a rien à gagner, elle a potentiellement à perdre,
20:58parce qu'elle ne maîtrise pas la suite,
21:00mais je ne vois pas ce qu'elle a à gagner.
21:02En revanche, elle a tout à gagner à se comporter
21:05comme elle le fait aujourd'hui, en poursuivant sa ligne.
21:08Elle veut bien montrer qu'elle est active
21:11dans la séquence politique qui se joue depuis plusieurs mois,
21:15qu'elle tolère ce gouvernement que ses électeurs détestent,
21:19pour cet alliage avec un Emmanuel Macron et une majorité qu'ils détestent,
21:26parce que c'est ce qu'elle vend à ses électeurs,
21:29je vais peser, parce qu'il faut qu'elle puisse montrer qu'elle pèse.
21:32– Dans sa notion de temporalité,
21:35elle voit le deuxième tour de la présidentielle,
21:38c'est-à-dire que c'est la seule à le voir,
21:40elle voit le deuxième tour de la présidentielle,
21:42et pour aller gagner au deuxième tour de la présidentielle,
21:45il lui faut encore conquérir les électeurs de droite traditionnels,
21:48alors que certains, notamment des députés RN, sont dans le combat immédiat.
21:52Elle, elle est déjà, non pas dans le premier tour de la présidentielle,
21:55auquel elle est sûre d'y aller,
21:57mais pour aller au deuxième tour et gagner au deuxième tour,
21:59il lui faut reconquérir une base électorale…
22:01– Il y a une petite étape de justice.
22:02– Non mais si je peux me permettre juste de terminer la réflexion,
22:06elle procède par étapes, donc on n'en est pas encore à,
22:10est-ce que je vote la censure ?
22:11Là l'étape c'est le bras de fer, et qu'est-ce que j'obtiens ?
22:14Ensuite, à la dernière minute, elle décidera de la censure,
22:17et elle a une force Marine Le Pen, c'est qu'elle est prête à y aller en fait,
22:22et qu'effectivement elle n'a pas grand-chose à gagner,
22:25mais elle n'a pas non plus grand-chose à perdre,
22:27on l'a vu dans les sondages que vous avez publiés hier.
22:29– J'avouais quand même, je lis tout en vous écoutant,
22:33cette petite phrase inscrite en bas de l'écran,
22:36l'ultimatum de Marine Le Pen, imaginez où nous en sommes,
22:39c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce soir, dans le monde,
22:43Marine Le Pen fixe un ultimatum à Michel Barnier.
22:47Vous avez jusqu'à lundi, vous avez jusqu'à lundi, vous le verrez.
22:51– Éric, souvenez-vous…
22:52– Au premier tour de la législative, elle est arrivée en tête.
22:55C'est normal, je le combats,
22:58mais elle est arrivée en tête aux législatives au premier tour,
23:01c'est normal que ce soit elle qui met les bêtes d'avant-face.
23:03– Souvenez-vous les conditions dans lesquelles Michel Barnier a été nommé.
23:07Souvenez-vous que le chef de l'État, un jeudi matin,
23:09allait nommer Xavier Bertrand, et qu'ultimatum fait par la chef RN,
23:15elle dit je ne veux pas de Xavier Bertrand,
23:17il se comporte mal à notre rencontre et à la rencontre de nos électeurs,
23:20dans les Hauts-de-France.
23:21Et résultat, la piste Bertrand est abandonnée dans la demi-heure,
23:25et c'est à ce moment-là que surgit celle de Michel Barnier en alternative.
23:29– Donc je ne voudrais pas faire le grand naïf,
23:32mais cette omnipotence de Marine Le Pen,
23:34elle est institutionnellement présente dans la vie poétique française
23:38depuis un petit moment.
23:39– Arithmétiquement logique.
23:40– Arithmétiquement logique.
23:41– Oui, oui.
23:42– Et bien on va continuer à en parler dans un instant, Éric.
23:45– Si vous le dites, très bien.
23:46– On va parler de Michel Barnier, de ce qui cède,
23:49de la gauche qui met la pression, et Marine Le Pen aussi.
23:51– Et puis quand même d'une ligne rouge,
23:53sur laquelle je ne vous ai pas beaucoup entendu Thomas Porcher,
23:56c'est ce totem important à gauche, l'aide médicale d'État.
24:00On est en train, c'est la première fois depuis longtemps,
24:03qu'on touche vraiment, qu'on prend la décision politique
24:06de diminuer le périmètre de la fameuse aide médicale d'État,
24:10cette aide gratuite dédiée aux immigrants, aux clandestins
24:15qui sont sur le sol français, mesdames, messieurs.
24:17On parle de la ME dans un instant.