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Tous les soirs à 20h30, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, retour sur l'ultraviolence des Français de plus en plus jeunes.
Retrouvez "L'invité politique d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linvite-politique-deurope-1-soir

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Transcription
00:00Toujours avec Nathan Devers et Jules Theresse, on va parler d'ultra-violence.
00:03Maintenant, Nicolas Daragon, le ministre délégué à la Sécurité du Quotidien,
00:07était l'invité de Sonia Mavrouk ce matin sur Europe 1 et C News
00:09et l'interrogeait sur cette jeune fille de 14 ans,
00:13violemment tabassée à volant à Valence, devant son collège, par d'autres jeunes filles.
00:18Nicolas Daragon, ministre et maire de Valence, réagissait ce matin. On l'écoute.
00:23Ultra-violence et ultra-rajeunissement également, comme ce qui s'est passé à Valence,
00:27avec une adolescente violemment agressée à la sortie du collège par un groupe de 5 et 6 filles de 15 ans.
00:32Elle ne veut plus retourner à l'école.
00:36L'autorité parentale, où est-elle dans ce cas-là ?
00:38D'abord, je voudrais avoir un mot de soutien pour cette famille que je recevrai,
00:42puisque ce sont des Valentinois et je suis toujours le maire de Valence.
00:45Le sujet, c'est qui est responsable ?
00:47Et pour moi, c'est très clair, ce sont les parents.
00:49Les parents qui sont responsables de l'autorité sur leurs enfants.
00:52Lorsqu'on a des enfants, on assure leur éducation, leur encadrement,
00:55on se demande où ils sont, on se demande ce qu'ils font.
00:57Et si ce sont des mineurs qui ont 15 ans, elles devraient être à l'école.
01:02J'ai voté, moi, en 2020, au Conseil municipal, dans ma ville,
01:05la suppression des aides aux familles de mineurs délinquants
01:08qui n'assument pas l'éducation de leurs enfants.
01:10Évidemment que j'appliquerai.
01:11Au même titre que chaque fois qu'il y a une condamnation,
01:13nous nous intéressons au mode d'hébergement des familles.
01:15Si ces familles sont logées par un bailleur public,
01:17donc s'ils bénéficient de la solidarité de la commune,
01:20eh bien nous résilierons le bail.
01:22Ça veut dire qu'à chaque devoir qui est bafoué,
01:25nous devons rappeler que nous sommes au rendez-vous
01:28et que l'autorité est appliquée.
01:29J'espère évidemment que la justice va sévir avec lourdeur.
01:32Alors justement, il y a votre volontarisme et puis il y a le volet judiciaire.
01:36Est-ce que la suppression ou du moins la révision de l'excuse de minorité
01:39est nécessaire et urgente dans ces cas-là ?
01:41Bien entendu, on voit le rajeunissement des auteurs,
01:44on voit aussi le rajeunissement des victimes, malheureusement.
01:46Donc nous devons réviser l'excuse de minorité, la baisser forcément.
01:51On doit se conformer aux conventions internationales qui nous contraignent.
01:54Mais à la fois, on doit être là pour rappeler l'autorité,
01:57pour appliquer des sanctions et on doit cesser de se voiler la face.
02:01Les mineurs sont de plus en plus jeunes, de plus en plus délinquants,
02:04de plus en plus criminels, des meurtriers.
02:06Ils doivent être incarcérés, des mesures doivent être prises.
02:08Bruno Rotailleau, à juste titre, a même parlé d'encadrement militaire
02:11et je pense qu'il a totalement raison.
02:13Au premier délit, il doit y avoir une mise de côté,
02:16un encadrement militaire, un rappel des règles,
02:19pour l'enfant, mais pour la famille aussi, pour les parents.
02:21Vous êtes justement particulièrement investi avec Bruno Rotailleau,
02:24le ministre de l'Intérieur, dans la lutte contre la délinquance du quotidien.
02:26Vous avez donné des instructions avec lui au préfet
02:29pour élaborer des plans d'action départementaux
02:31de restauration de la sécurité du quotidien.
02:34Qui ciblez-vous en priorité et qu'allez-vous apprendre que vous ne sachiez déjà ?
02:38On a demandé au préfet, au commandant de groupement de gendarmerie,
02:41au directeur départemental de la sécurité publique,
02:44d'établir des plans précis, très ciblés, criblés véritablement,
02:48avec l'appui des élus locaux.
02:49Chaque élu local, chaque maire connaît chaque rue,
02:52chaque porche d'immeuble dans lequel il a des enfants,
02:55des parents, des familles à difficulté.
02:57C'est ceux qui gâchent la vie de nos concitoyens au quotidien que nous visons.
03:01Mais ce sont ceux également qui dealent au pied des immeubles,
03:04ce sont ceux qui dégradent les voitures,
03:05ce sont ceux qui font du tapage nocturne,
03:07ce sont ceux qui font de la mendicité agressive.
03:10Tous ces gens-là qui nous empêchent de vivre normalement au quotidien.
03:13Nous les ciblons tous du petit consommateur de drogue au grand criminel.
03:17Nous voulons des plans détaillés qui nous permettent d'engager des moyens fortement.
03:21Une cartographie de la criminalité, de la délinquance française.
03:23Exactement, aujourd'hui on a ça de façon un peu disparate.
03:26On veut avoir un plan précis par département pour allouer des ressources massivement.
03:31Nicolas Daragon, ministre et maire de Valence, ce matin sur Orpins et sur CNews.
03:37Nathan Devers, voilà donc le plan envisagé par Nicolas Daragon,
03:41si le gouvernement est encore là lundi.
03:45Oui, je crois qu'on a une parfaite illustration,
03:48dans ce qu'a dit le ministre délégué,
03:51de ce qu'on pourrait appeler le discours sécuritaire.
03:54Premièrement, une manière de refuser ce qui est pourtant un principe central dans l'état de droit,
03:58qui est l'individuation de la responsabilité pénale ou judiciaire.
04:02Quand on dit qu'on va venir punir, même si ça peut être légal par certains moyens,
04:07mais philosophiquement ça pose problème,
04:09qu'on vient punir des parents pour ce qu'ont pu faire leurs enfants.
04:12C'est une manière de dire que quand un individu commet un délit ou un crime,
04:18on estime que la responsabilité et en l'occurrence que la culpabilité en incombe à un autre individu.
04:23Ça c'est une chose qui me paraît problématique.
04:24Vous n'avez pas d'enfant vous, Nathan ?
04:27Vous avez été enfant ?
04:29Oui, je le suis encore à certains égards.
04:32Mais ce n'est pas pareil quand on n'est pas encore parent.
04:36Probablement, mais je trouve ça problématique.
04:40Vous comprendrez un jour quand vous aurez des enfants ?
04:43Peut-être, mais ce que je trouve problématique aussi,
04:45c'est de mettre dans le même sac des faits de délinquance qui sont radicalement différents,
04:49du point de vue de la manière dont on peut les combattre.
04:51Le trafic de drogue qui a été évoqué par le ministre délégué
04:54n'a absolument rien à voir avec le harcèlement scolaire
04:58ou le fait de frapper une lycéenne comme on l'a entendu.
05:00Ce sont deux choses qui sont différentes et qui se combattent avec des dispositifs différents.
05:04Créer une catégorie sociale, les gens qui gâchent la vie des citoyens lambda,
05:08ça n'existe pas cette catégorie.
05:10Ce sont des choses qui sont dans le réel.
05:11Quand on travaille dans la dentelle du réel, dans la nuance du réel,
05:14dans la complexité du réel,
05:16ce n'est pas une catégorie qui est monolithique, qui est homogène.
05:18Et si vous voulez, dès lors qu'on crée cette catégorie discursive,
05:21on s'empêche de combattre, à mon avis, à long terme et profondément,
05:24ce qui sont les causes de l'insécurité.
05:26L'état du pays permet d'avoir des visions que je respecte
05:30et qui sont aussi conceptuelles que les vôtres.
05:31Je me permets, pardon.
05:33Alors moi, je n'ai pas d'enfants,
05:35mais si j'en avais, je pense que je me sentirais responsable,
05:40peut-être pas coupable,
05:41quand mon fils ou ma fille agresse une de ses copines de classe.
05:48Je me sentirais coupable quand mon fils ira brûler une voiture
05:54ou brûler un gymnase ou brûler une école publique,
05:56comme on a pu le voir lors des MET.
05:57D'ailleurs, ce n'est même pas que vous n'avez pas besoin de vous sentir coupable
06:00puisque les autorités vous appellent.
06:02L'enfant est mineur et donc il n'a pas encore la majorité.
06:06Ça veut dire quand même quelque chose, une minorité et une majorité.
06:10Ça veut dire, d'une certaine manière et d'une manière un peu conceptuelle aussi,
06:13qu'il n'a pas le discernement nécessaire, peut-être, qu'un adulte.
06:16C'est vrai que dans une société idéalisée, dans une société idéale,
06:22chacun est responsable de ses actes.
06:26Or, aujourd'hui, on a, je crois, 500 000 violences physiques.
06:29Et en effet, il y a un rajeunissement de la violence.
06:32Donc, vous avez soit ce choix d'abaisser l'excuse de minorité,
06:37soit de responsabiliser les parents.
06:40Parce qu'au-delà de la crise d'autorité, du recul de l'autorité qu'on voit partout,
06:44ce n'est pas seulement chez les jeunes,
06:46il y a une responsabilité aussi des parents qui, malheureusement, aujourd'hui, n'est pas là.
06:51Les parents ne sont plus là, ils ne responsabilisent plus les enfants.
06:54Ils doivent dire aux enfants, voilà ce que vous pouvez faire
06:57et voilà ce que vous ne pouvez pas faire.
06:59Voilà, ça a l'air binaire comme ça.
07:00Et pour le coup, il l'a fait dans sa ville de Valence et ça a plutôt bien marché.
07:0320h55, merci Nathan Devers, merci Jules Theurès.
07:06Tout de suite, c'est l'Enfant d'Europe.

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