Faiblesse de la gauche politique, puissance du gauchisme culturel

Europe 1

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce lundi, il s'interroge sur la faiblesse de la gauche politique alors que le gauchisme culturel s'avère de plus en plus puissant.

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00:00 - On finit Topolitique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Vincent Trémolet de Villers.

00:03 - Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.

00:06 - Vincent, ce week-end des socialistes se sont réunis à Montpellier autour de Carole Delga, la présidente de la région Occitanie,

00:12 pour imaginer la refondation d'une gauche sociale-démocrate qui serait indépendante de la NUPES.

00:18 Alors la semaine prochaine, Bernard Cazeneuve, l'ancien Premier ministre, lui aussi va réunir ses troupes.

00:22 On voit que la poutre ne travaille pas qu'à droite, pour reprendre l'expression d'Edouard Philippe, mais aussi à gauche.

00:29 - Oui, et elle travaille même à l'intérieur du gouvernement.

00:32 On voit qu'Elisabeth Borne s'appuie sur les anciens socialistes qui composent la majorité pour essayer de durer à Matignon.

00:38 On voit aussi Clément Beaune, le ministre des Transports, qui ne cache pas sa volonté de voir naître une proposition politique de gauche affiliée au macronisme.

00:45 Tout cela est pour le moment en gestation, mais il y a un point d'unité,

00:49 c'est empêcher Jean-Luc Mélenchon de devenir le candidat naturel de la gauche,

00:53 et tous s'appuient sur les sondages pour les élections européennes.

00:57 Ces sondages montrent qu'une liste NUPES unie ferait 25%

01:00 et que plusieurs listes qui partiraient dispersées mèneraient la gauche à 35%.

01:05 Ils en tirent donc la conclusion que la stratégie de Jean-Luc Mélenchon fait perdre 10 points à la gauche.

01:10 Le communiste Fabien Roussel, l'insoumis François Ruffin, les socialistes Carole Delga et Bernard Cazedeuve

01:15 brandissent ces sondages comme une assurance vie.

01:17 L'aile gauche du macronisme souligne aussi qu'il y a 10% de l'électorat de centre-gauche en déshérence,

01:23 dont il faudrait s'occuper plutôt que de s'acharner à séduire LR.

01:26 Donc la social-démocratie que l'on croyait enterrée bouge encore.

01:30 - Alors la social-démocratie du Danemark à la France, ça n'est pas exactement la même politique Vincent.

01:35 - Non, on peut le dire, celle qui se dessine chez nous prend la forme d'une sociale-écologie

01:40 moins agressive que la NUPES, plus provinciale que la gauche urbaine, elle est encore et toujours redistributive,

01:45 mais ce n'est pas non plus le retour au peuple, on est plus proche de la gauche Laurent Berger que de la gauche Michel Onfray.

01:51 Sans figure de Proust, sans programme précis, ce courant est loin de pouvoir contester aujourd'hui à Jean-Luc Mélenchon son rôle de candidat naturel de la gauche,

01:59 d'autant que ces nouveaux social-démocrates refusent pour le moment de rompre franchement avec la doxa de la NUPES.

02:06 On l'a oublié, mais traditionnellement la gauche était le parti de l'école, du mérite et de la laïcité,

02:10 thème qu'elle a absolument abandonné au profit des nouveaux canons du politiquement correct.

02:15 À mesure que la gauche politique s'atrophie, le gauchisme culturel continue de s'étendre.

02:20 - Ah le gauchisme culturel, ça c'est devenu un peu un mot valise, qu'est-ce que ça veut dire exactement Vincent, on ne sait plus trop.

02:26 - Alors pour vous répondre Dimitri, on va remonter à la source, c'est le sociologue Jean-Pierre Le Goff qui a forgé la formule.

02:32 Le gauchisme culturel selon lui se caractérise par la dépréciation de l'héritage des siècles

02:37 et par l'appel incessant aux changements collectifs et personnels.

02:41 Le gauchisme culturel veut transformer les mentalités individuelles, ici et maintenant, par la pression, la communication et l'éducation.

02:48 Et il y parvient, si on fait le compte, entre la politique de l'intime, l'impératif multiculturel, le laxisme migratoire

02:54 et le complexe de supériorité vis-à-vis du passé,

02:57 cette forme radicale du progressisme occupe une place complètement démesurée dans notre société.

03:02 Emmanuel Macron lui-même y s'aide beaucoup trop souvent.

03:05 Quant à la gauche radicale, elle y est complètement enfermée. Je vous donne un exemple très récent.

03:09 Vendredi dernier, l'insoumis François Ruffin était invité sur une radio concurrente,

03:14 interrogé sur la loi qui, en Espagne, permet le changement de sexe dès 16 ans sur déclaration administrative.

03:20 Il a fait part de ses doutes et il a dit "je ne crois pas qu'on devrait faire tout ce qui nous passe par la tête".

03:24 Quelques heures plus tard, sous la pression des insoumis de Twitter et des gigi de La Nouvelle Morale,

03:29 il a dû faire son mea culpa.

03:31 On rappellera pourtant qu'en Espagne, le parti Podemos, à l'origine de cette loi pour faciliter le changement de sexe, a été balayé aux dernières élections.

03:39 Pour la gauche espagnole, le sociétal a été fatal.

03:42 - D'ailleurs j'ai relevé la phrase qu'a dit François Ruffin pour s'excuser, il a dit sur ce sujet, donc changement de sexe à 16 ans,

03:48 "en toute humilité je dois progresser".

03:50 Le progressisme est partout.

03:52 - Le progressisme progressant.

03:53 - Merci Vincent Trébolet de Villers, l'édito politique sur...