Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00sur atoll.fr
00:0213h, 14h, Europe 1 13h
00:04Europe 1 13h, dernière partie sur Europe 1 avec vous Céline Giraud
00:06et aujourd'hui le journaliste politique
00:08au journal du dimanche Jules Therese
00:10et le journaliste écrivain Vincent Roy
00:12Et le saviez-vous, au milieu de toute cette actualité
00:14très fournie, la cour des comptes va se pencher
00:16sur la question de lutte
00:18contre le narcotrafic en France
00:20un rapport qu'Europe 1 a pu consulter
00:22et bien les sages taclent
00:24le bilan de l'OFAST, c'est l'office
00:26anti-stupéfiants créé il y a 5 ans
00:28je vous propose de réécouter ce sujet de William Molinier
00:30qui nous explique comment
00:32et surtout pourquoi les plans anti-stupes
00:34des gouvernements successifs n'ont pas eu d'effet durable
00:36Si le nombre de points de deal
00:38a baissé de 25% les deux premières années
00:40l'effet s'est estompé
00:42au fil des ans, depuis l'estimation
00:44on stagne autour des 3000 points de deal en France
00:46certains se recréent dans un quartier
00:48voisin, si ce n'est à l'endroit même
00:50de l'ancien, le pilonnage
00:52est difficile à tenir dans la durée, fait remarquer
00:54un sage de la rue Cambon
00:56dans des comptes déplore surtout l'absence
00:58de coordination du premier plan
01:00stupe lancé en 2019, en clair
01:02une fois que le plan a été annoncé
01:04personne ne s'est assuré de sa mise
01:06en place, lorsqu'Elisabeth Borne
01:08est nommée Premier Ministre en juin 2022
01:10le suivi de ce plan est tout simplement
01:12abandonné, aucune réunion
01:14à Matignon, les résultats
01:16sont donc mitigés, cinglent les magistrats
01:18qui recommandent l'écriture d'un nouveau
01:20plan stupe avec un suivi
01:22resserré de son application et surtout
01:24la définition d'une stratégie claire
01:26et coordonnée qui doit être pilotée
01:28au même niveau que la lutte
01:30contre le terrorisme. Voilà, le bilan est
01:32cinglant, les conclusions sont très critiques
01:34envers les différents gouvernements Vincent Roy
01:36qui n'ont pas trouvé la bonne stratégie. Écoutez, résumons-nous
01:38il y a là un véritable problème de
01:40moyens, notamment pour ce qui est
01:42par exemple des points de deal, vous avez vu les
01:44opérations Place Nette dont les résultats
01:46sont très flous. Pourquoi ? Parce que
01:48il y a eu effectivement... Il y a des saisies
01:50effectivement spectaculaires. Simplement
01:52comme vous ne pouvez pas laisser les gens
01:54à demeure, les points de deal
01:56se reconstituent. Vous n'avez pas le personnel
01:58nécessaire pour régler le problème.
02:003 000, il en reste 3 000
02:02aujourd'hui des points de deal, il en reste
02:043 000 mais ces 3 000, si vous en arrêtez
02:06500 par exemple, ils vont de l'autre
02:08côté de la rue, ils vont se reconstituer. Premier point.
02:10Deuxième point avec un problème de moyens.
02:12La lutte contre le blanchiment
02:14alors là c'est quand même
02:16tout à fait quelque chose parce que le blanchiment
02:18qui est quand même
02:20l'axe, il faut taper, nous dit-on
02:22il faut taper aux porte-monnaies.
02:24Et bien la Cour des Comptes dit que
02:26le montant du blanchiment de capitaux
02:28provenant du trafic de stupéfiants est
02:30aux alentours de 3,5 milliards
02:32d'euros. Est-ce que vous savez
02:34combien de personnes s'occupent
02:36de cette question
02:38du blanchiment dans notre pays ?
02:40Je vais vous dire, ils sont
02:427. Il y a 7 personnes
02:44pour arriver à endiguer
02:463,5 milliards d'euros.
02:48Vous voyez qu'il y a dans le FAST
02:50qui est le fils du stupéfiant, il y a
02:52200 personnes et pour ce qui est du blanchiment
02:54c'est 7 personnes.
02:56Alors qu'on nous dit tout le temps, il faut
02:58taper évidemment les trafiquants
03:00aux porte-monnaie. Il y a 7 personnes
03:02pour essayer d'éviter... Mais il y a aussi le dispositif
03:04TRACFIN qui arrive...
03:06C'est 3 milliards
03:08500 millions le blanchiment.
03:10Et on dit, il faut prendre...
03:12Sur ce dispositif précisément, après dans toute la France
03:14il y a quand même un dispositif
03:16Mais bien entendu,
03:18la difficulté, si vous voulez, quand je disais
03:20problème de moyens,
03:22il n'est pas tant, je viens de vous en donner
03:24deux exemples. Et puis également,
03:26on le voit bien, puisque les différents plans
03:28n'ont pas été suivis. Regardez Madame Borne
03:30qui s'en désintéresse dès lors qu'elle arrive au pouvoir.
03:32Pas derrière, véritablement,
03:34de volonté politique.
03:36C'est vrai qu'on savait
03:38toute cette situation autour du narcotrafic
03:40et de la lutte anti-stupéfiants depuis ce rapport
03:42sénatorial, qui avait d'ailleurs
03:44été balayé d'un revers de main par Eric Dupond-Moretti
03:46nous disant que les magistrats
03:48qui avaient révélé
03:50l'ampleur du trafic
03:52n'avaient pas le droit, étaient tenus à un devoir de réserve.
03:54Donc cette enquête de la Cour des Comptes est certes
03:56très importante, mais
03:58tous les points qui sont dans ce rapport
04:00et dans cette enquête
04:02sont connus.
04:04L'internationalisation du trafic
04:06On connaît...
04:08Le manque de suivi, le manque de tuilage
04:10entre les différents gouvernements qui ont chacun
04:12un peu fait...
04:14Il n'y a eu aucune réponse proportionnée
04:16par rapport à l'ampleur du trafic.
04:18Parce qu'aujourd'hui, et les chiffres
04:20donnés par Vincent sont évidemment très éloquents,
04:22on est face à une entreprise du CAC 40
04:24c'est ça qu'il faut quand même dire.
04:26C'est que le chiffre d'affaires
04:28du trafic de drogue est estimé
04:30entre 4 et 6 milliards d'euros par an.
04:32A priori, il y a entre 200 et 250
04:34000 personnes qui en vivent.
04:36Donc c'est sûr que nous, on arrive là
04:38avec 7 personnes pour lutter
04:40contre le blanchiment,
04:42on n'est pas prêts.
04:44Selon moi, l'aspect migratoire
04:46dans le narcotrafic n'est jamais
04:48pris en cause.
04:50C'est à dire que, est-ce que vous savez
04:52combien de containers
04:54sont examinés
04:56dans le port du Havre ?
04:582% à peu près.
05:00Vous connaissez très bien vos chiffres
05:02et vous m'écoutez quand je parle.
05:04Donc on voit bien qu'aujourd'hui
05:06on est démunis face
05:08au trafic de drogue.
05:10Mais en même temps, on se glorifie d'avoir
05:12et on peut, à juste titre,
05:14pilonner les points de deal.
05:16Gérald Darmanin, quand il était
05:18ministre de l'Intérieur, pouvait bomber le torse
05:20parce qu'on avait pris ici ou là
05:227 kilos de cocaïne, 4 kilos de cannabis.
05:24Oui, c'est de la perte financière
05:26de plusieurs dizaines ou de centaines
05:28de milliers d'euros pour les narcotrafiquants
05:30mais ça ne change rien.
05:32Ce qui est difficile, c'est de maintenir
05:34dans la durée le pilonnage.
05:36Pendant ce temps-là, comme on disait dans les films
05:38muets, la consommation
05:40et notamment de cannabis n'a jamais
05:42été aussi importante.
05:44N'oubliez pas que sur, pour une fois
05:46qu'on est champion d'Europe, je ne vais pas
05:48crier cocorico, mais sur le trafic de drogue
05:50nous sommes la France,
05:52nous sommes champions d'Europe.
05:54C'est pourquoi quand on voit un rapport comme ça
05:56qui pointe l'intégralité de nos failles
05:58et le manque d'investissement
06:00et le manque de courage politique,
06:02on est tout de même un peu en colère.
06:04On sent qu'à partir d'Elisabeth Borne
06:06on a un peu mis du mou
06:08dans la corde à noeux.
06:10Il n'y avait plus de réunion interministérielle,
06:12il n'y avait plus de suivi.
06:14Surtout ces sujets-là, et finalement ce n'est pas seulement Elisabeth Borne
06:16c'est le macronisme en tant que tel.
06:18C'est un petit peu sale
06:20le narcotrafic, c'est un petit peu sale
06:22les sujets sécuritaires, c'est un petit peu sale
06:24les sujets migratoires.
06:26Quand Emmanuel Macron va à Marseille dans les quartiers avec les manches relevées,
06:28c'est quoi, c'est tabou ?
06:30Non, c'est de la communication.
06:32Oui, c'est bien sûr.
06:34Cette question-là est restée taboue.
06:36Emmanuel Macron est attaché à Marseille,
06:38il n'a jamais voulu prendre ce sujet au bras de corps.
06:40Mais comme tous les sujets
06:42qui sont sales, c'est ce que je vous dis,
06:44c'est que tous ces sujets-là, Emmanuel Macron depuis sept ans
06:46il n'a pas voulu les prendre.
06:48Lui il s'intéresse à la grande économie, c'est le Mozart de la finance,
06:50ça c'est très intéressant, il s'intéresse aux questions internationales,
06:52il est très content d'aller
06:54parader au Mercosur,
06:56être avec le président Millet.
06:58Exactement, c'est ça qu'il a théorisé.
07:00Et le problème, c'est qu'en dessous,
07:02aujourd'hui on a un ministre de l'Intérieur
07:04qui est très à cheval sur ces questions-là.
07:06Mais il a eu M. Castaner, qui n'était pas tout à fait
07:08à cheval sur la question du narcotrafic,
07:10il a eu M. Eric Dupond-Moretti, on l'a assez dit,
07:12qui n'était pas très porté sur cette question-là.
07:14Donc on voit bien qu'aujourd'hui, il y a un retournement
07:16qui est quasiment historique au gouvernement,
07:18en illustre le déplacement de Didier Migo
07:20et de Bruno Rotailleau à Marseille il y a quelques jours.
07:22Et vous avez une preuve
07:24imparable, vous avez
07:26pour la lutte contre le terrorisme,
07:28un parquet anti-terroriste.
07:30Depuis des années, on aurait pu créer un parquet
07:32anti-narco, qui permettait
07:34de coordonner tous les services.
07:36C'est l'une des choses dont on souffre.
07:38Et c'est ce que veut faire Bruno Rotailleau.
07:40Merci beaucoup Vincent Roy, Jules Torres.
07:42C'était palpitant comme à chaque jour.
07:44On se retrouve demain à 13h. Merci à tous.
07:46C'était Céline Géraud sur Europe 1 et ce soir,
07:48retrouvez Laurence Ferrari de 18h à 19h
07:50pour Punchline.
07:52Punchline, c'est une heure d'informations, d'analyses et de débats
07:54du lundi au vendredi sur CNews.
07:56Et Europe 1, restez bien avec nous.
07:58La suite, c'est avec Christophe Mondelat.
08:00On te l'attrapera compte, 14h-15h. Excellent après-midi.