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Appel à la grève de la fonction public le 5 décembre, la réformes des retraites de retour à l'Assemblée, un climat social sous tension... Regardez l'interview de Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 26 novembre 2024.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:04L'invité de RTL Matin est Thomas, vous recevez aujourd'hui Marie-Lise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, pas son robot humanoïde.
00:11Absolument, c'est la vraie. Bonjour et bienvenue sur RTL Marie-Lise Léon.
00:14On a l'impression que la société en ce moment est divisée entre ceux qui sont inquiets et ceux qui sont en colère.
00:19La CFDT, vous en êtes où ?
00:21On est extrêmement inquiets et ce qui nous remonte de ce qui se passe sur les lieux de travail, c'est qu'il y a à la fois de la colère, de l'inquiétude, une forme de surplace qui inquiète en fait.
00:36Surplace, qu'il y a une situation politique ?
00:38Oui, la situation politique, puisqu'on est dans une zone d'incertitude et qu'on se rend compte que sur beaucoup de lieux de travail, dans beaucoup d'entreprises, il y a des décisions qui ne sont pas prises, en termes notamment d'augmentation salariale, etc.
00:50Donc moi, ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que je vois qu'il y a beaucoup d'attentes, il y a parfois de la colère, ce n'est pas forcément auprès de tout le monde, et qu'il n'y a pas de solution ou en tout cas, il n'y a pas suffisamment de discours politique qui s'adresse à ces travailleurs et ces travailleuses pour leur dire, on sait ce que vous vivez et voilà ce qu'on vous propose.
01:09Ça veut dire que vous, l'instabilité politique, la petite musique sur y aura-t-il censure, pas censure, le gouvernement va-t-il tomber, pas tomber, ça ne vous amuse pas ?
01:17Non, c'est loin de m'amuser et j'aime autant vous dire que sur les lieux de travail, ça passe à 15 000 au-dessus de leur tête. Ce qui compte aujourd'hui sur les lieux de travail, c'est comment je boucle mes fins de mois, je vous rappelle qu'il y a 2 millions de travailleurs pauvres, ce qui compte c'est mon entreprise vient d'annoncer une fermeture, qu'est-ce que je deviens ?
01:36Et là moi je pense aujourd'hui ce matin aux salariés de Michelin par exemple, de Cholet, de Vannes à qui on a expliqué de façon extrêmement brutale, il n'y a pas de plan B, de plan C, l'entreprise ferme et on vous accompagnera, ils n'ont pas plus d'éléments pour le moment et c'est ça moi qui m'importe.
01:53Vous craignez-vous une sorte de tsunami, le mot n'est pas adroit, de tsunami sur l'emploi aujourd'hui ?
02:06Il y a une vague de destruction d'emploi aujourd'hui, c'est difficile à évaluer, nous ce qu'on en a estimé c'est au moins 23 000 emplois concernés sur le mois de novembre 2024, donc c'est la suite directe de la fin des ados entreprises, c'est aussi les conséquences de choix stratégiques d'entreprises et de grands groupes notamment qui soit n'ont pas pris le virage du numérique, je pense notamment à la grande distribution, c'est exactement le cas de Auchan,
02:31c'est des entreprises qui décident d'aller produire ailleurs, c'est le cas de la filière automobile par exemple qui n'a pas su s'adapter à l'électrification du parc automobile.
02:44Est-ce qu'elles sont opportunistes ces entreprises, est-ce qu'elles profitent du flou politique ?
02:48Alors c'est sûr que la période de flou elle est propice à ce qu'il y ait ce type d'annonce et qu'il y ait des annonces extrêmement brutales et des destructions d'emploi.
02:57Et pour la CFDT, la question de l'urgence du moment c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas ces destructions d'emploi et qu'on sécurise au maximum les salariés.
03:06Est-ce que vous ne faites pas de politique, on est d'accord vous êtes un syndicat, mais est-ce que vous dites que ce n'est pas le moment que le gouvernement tombe ? Ce n'est pas le moment parce qu'il y a cette situation sociale que vous nous décrivez ?
03:14Alors moi je ne suis ni en défense ni en attaque du gouvernement Barnier. Moi j'entends tout, il y a des salariés qui globalement attendent plutôt de la stabilité.
03:25Ils attendent d'abord qu'on parle d'eux, qu'on parle de leur situation au quotidien et qu'on leur dise voilà comment on va pouvoir avancer sur votre pouvoir d'achat, sur vos conditions de travail,
03:35les moyens de bien faire votre travail, sur la façon dont on va faire face à ces majeures transformations que sont le numérique, l'IA, l'intelligence artificielle, la transformation écologique.
03:47Et donc ils ont besoin de savoir vers où ils vont. Il y a beaucoup beaucoup d'entreprises, et je ne parle pas non plus des fonctionnaires qui sont directement concernés par les débats du budget,
03:57qui sont inquiets, qui sont inquiets sur à quelle sauce ils vont être mangés.
04:00Les fonctionnaires justement ils sont en grève la semaine prochaine, vous soutenez cet appel à la grève ?
04:03On est dans l'appel à la mobilisation et aux manifestations, c'est le 5 décembre, et on a également une pétition où on demande aux agents des fonctions publiques,
04:14qu'ils soient agents, qu'ils soient contractuels, de se manifester en disant nous sommes contre les mesures punitives.
04:22C'est notamment les trois jours de carence.
04:24C'est du punitif, effectivement, on considère que des agents qui s'arrêtent pour arrêt maladie, c'est de l'absentisme et pas pour des raisons justifiées.
04:34Et donc c'est franchement totalement injuste et injustifié, puisqu'il y a probablement d'autres solutions, et notamment de comprendre pourquoi les agents s'arrêtent ainsi.
04:45Est-ce que le ministre de la fonction publique, Guillaume Casbarian, est un peu le Claude Allègre ?
04:49Parce qu'il avait été à l'éducation, on a dit qu'il fallait dégraisser le mammouth.
04:52En clair, est-ce qu'il vous colle de l'urticaire ? Est-ce que c'est lui le problème aujourd'hui ?
04:55Je ne sais pas si c'est le problème. Je ne suis pas sûre que ce soit le problème ni la solution.
05:00Ce qui est un problème.
05:03Mais aujourd'hui, il a ouvert un certain nombre d'échanges et de discussions.
05:08Il nous a dit qu'il était prêt à travailler sur les mobilités, les parcours professionnels, l'accès à la formation.
05:15Mais il reste sur des dogmes, et je pense qu'il méconnaît profondément ce qu'est la fonction publique.
05:21Et ce qui passe mal auprès des fonctionnaires et des contractuels, c'est qu'ils méprisent leur travail, en fait.
05:28Et ça, c'est difficile à vivre pour ces personnes, et c'est pour ça qu'on les soutient et qu'on sera avec elles le 5 décembre.
05:37Et la grève des cheminots de la SNCF à partir du 11 décembre, reconductible.
05:40Vous comprenez plutôt la colère des cheminots ou celle des usagers qui disent « ras-le-bol, ça suffit maintenant ».
05:45Je comprends la colère des cheminots qui se battent pour le fret.
05:50Le fret, c'est un pan entier du groupe qui va être cédé.
05:56Les conditions de transfert ne sont pas connues, ça concerne à peu près 500 personnes.
06:00Jean-Pierre Farrand, le patron de la SNCF, qui était là la semaine dernière, dit « on n'a pas le choix, c'est imposé par l'Europe, et les 500 suppressions de postes seront tous replacées ».
06:09Oui, mais pour le moment, il n'y a pas d'éléments de négociation qui ont été posés.
06:13Aujourd'hui, c'est ce que demande la CFDT, c'est qu'il y ait un cadre de négociation clair, qu'il y ait des conditions d'accompagnement de ces personnes.
06:22Et puis qu'on rappelle...
06:24Une grève reconductible à partir du 11 décembre ?
06:26Ça fait partie des éléments de l'intersyndical qui ont été posés pour la CFDT.
06:31S'il y a un cadre clair de négociation, il n'y a pas de motifs à avoir une grève qui va s'éterniser.
06:37Là, j'irai là-bas, dans le camp de la direction.
06:40Marie-Lise Léon, jeudi, après-demain, LFI va proposer à l'Assemblée de l'abrogation de la réforme des retraites qui relevait l'âge de départ à 64 ans.
06:47Abrogation qui va soutenir le Rassemblement National.
06:49Est-ce que vous aussi, vous êtes favorable à l'abrogation de cette réforme, contre laquelle vous aviez beaucoup manifesté à l'époque ?
06:53Alors, il y a l'abrogation de la réforme et l'abrogation des 64 ans.
06:56La CFDT est contre les 64 ans, elle l'a toujours été, et je pense que c'est une très bonne chose que cette question soit enfin débattue dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale.
07:05Je vous rappelle qu'il n'y a jamais eu, sur un sujet aussi important, le moindre débat, le moindre vote, sur la question des 64 ans.
07:12Après, la PPL, elle comporte un ensemble de dispositions.
07:16La suppression, par exemple, d'une réforme qui augmente le nombre d'années de travail de 42 à 43.
07:22Nous, on est pas favorable à supprimer cette disposition, puisque ça fragilise financièrement l'équilibre du régime.
07:31Nous, on dit qu'il faut supprimer les 64 ans, c'est ce qu'on attend des débats.
07:35Et je pense que c'est important que la représentation nationale, elle se prononce enfin sur cette question.
07:40J'ai une dernière question. Il y a des élections syndicales dans les TPE, les très petites entreprises, avec un nouveau venu, le SGJ, pour le syndicat des Gilets jaunes.
07:47Pourquoi vous avez tout fait avec les autres syndicats pour empêcher, pour barrer ce nouveau syndicat ?
07:53Parce qu'on ne se décrète pas au syndicat. Dans France, il y a un certain nombre de critères, et notamment d'indépendance, d'adhésion.
08:01C'est-à-dire qu'il faut pouvoir justifier d'avoir un certain nombre d'adhérents.
08:04Il faut justifier d'avoir déjà une certaine audience dans les entreprises, ce qui n'est pas le cas de cette organisation.
08:11Elle a été fondée par deux anciennes chez vous, c'est ça ?
08:13Non, ça c'est une autre structure. C'est le CIDE qui, lui, par contre, ne pourra pas se présenter.
08:19Et voilà ce qu'on a défendu au tribunal pour ces élections dans les très petites entreprises.
08:26Mais ce qui compte plus que qui se présente, c'est que je pense que c'est extrêmement important que les salariés de ces entreprises de moins de 11 aillent voter,
08:35puisqu'ils vont voter pour leurs droits, pour des représentants qui vont négocier dans les branches des avancées, sur les salaires, les conditions de travail,
08:43et que je les invite à aller voter massivement.
08:46En tout cas, ce syndicat des Gilets jaunes n'est pas légitime pour vous ?
08:48On a contesté le fait qu'il puisse candidater, il est sur les listes, il est sur les listes.
08:53Donc il n'est pas légitime ?
08:55Oh, un silence !
08:56Merci beaucoup, Maryse Léon, d'être venue ce matin sur RTL. Vous restez avec nous ?

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