Samedi 23 novembre 2024, SMART WOMEN reçoit Elizabeth Ducottet (PDG, Thuasne) , François Perret (Directeur général, Pacte PME) et Felicie Burelle (directrice générale déléguée, OPmobility)
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00:00Bonjour, bienvenue dans Smart Women, l'émission qui donne le pouvoir aux femmes.
00:08Chaque mois, j'invite trois personnalités qui partagent ce mantra que les femmes doivent prendre leur juste place dans toutes les sphères de pouvoir,
00:17politique, économique, médiatique, c'est-à-dire à la tête des entreprises, quelle que soit la taille et le secteur de l'activité,
00:23dans les médias en tant qu'expertes et dirigeantes, au meilleur niveau en politique, sans oublier bien évidemment le domaine scientifique et notamment la tech et l'intelligence artificielle.
00:34Bref, tout ça pour dire que nous avons besoin de plus de femmes à l'égal des hommes pour avoir plus d'équilibre social et plus également de performance économique.
00:46Alors aujourd'hui, pour en parler, je vais recevoir tout d'abord François Péret qui est le DG de l'association Pacte PME qui accompagne la croissance des entreprises
00:57dans un esprit de jeu collectif de toute la chaîne entrepreneuriale des plus petites aux plus grandes. J'aurai ensuite comme grand témoin Elisabeth Ducote qui est la PDG du groupe Thuan
01:08et qui est également très investie dans le mouvement des entreprises de taille intermédiaire. Et enfin, je ferai le portrait de Félicie Burel qui est la directrice générale déléguée du groupe OP Mobility,
01:19anciennement Plastic Omnium, un de nos fleurants tricolores, grande entreprise spécialisée dans tous les domaines de la mobilité. Donc un très bon plateau et je commence tout de suite avec François Péret.
01:30Bonjour François Péret. Bonjour Marie-Claire Cabobinco. Merci d'être avec nous. François Péret, vous avez plusieurs casquettes puisque vous êtes effectivement le DG de l'association Pacte PME, je le disais.
01:45Vous êtes également professeur affilié à l'ESCP Business School et vous êtes aussi un promoteur actif et convaincu du partage de la valeur sur lequel d'ailleurs vous êtes mandaté
01:57en binôme avec Agnès Bricard par le gouvernement pour porter la bonne parole au sein des entreprises. Alors aujourd'hui, je voulais vous faire parler de Pacte PME.
02:06Avant d'en arriver à la position des femmes dans cet accompagnement entrepreneurial, dites-nous en quelques mots ce qu'est Pacte PME, les grands chiffres et les grands résultats en quelque sorte.
02:16C'est une association qui existe depuis une quinzaine d'années maintenant et qui vise vraiment à rapprocher les entreprises de toute taille en se fondant sur finalement une idée simple.
02:26Les PME vont pouvoir grandir d'autant mieux qu'elles sont aussi soutenues par la commande publique et la commande privée des grands comptes.
02:33On a une quarantaine de grands comptes derrière cette affaire-là qui nous soutiennent, mais aussi quelques ETI, des organisations professionnelles et on s'organise vraiment autour de projets collaboratifs entre les entreprises de toute taille.
02:46Oui, c'est une très bonne idée et c'est vrai que moi je vous ai connu il y a fort longtemps au sein de Pacte PME et c'est très intéressant et très pertinent de jouer justement ce jeu collectif qui manque un peu parfois aujourd'hui, du moins dans ce qui l'en est dit au niveau médias.
03:02Alors on voit bien que Pacte PME est donc une association qui adresse l'ensemble des entrepreneurs, donc dirigée par des hommes ou par des femmes, mais malgré tout vous avez eu le besoin, vous avez décidé de créer des programmes spécifiques.
03:17D'ailleurs vous l'avez appelé au départ Destination ETI aux féminins, vous l'avez rebaptisé je crois Croissance Durable, on va en parler aux féminins.
03:26Pourquoi finalement, c'était en 2020 si je ne me trompe pas, pourquoi avez-vous décidé de créer ce programme spécifique ? Est-ce que c'est l'observation des femmes au sein des groupes mixtes d'accompagnement qui vous a amené à ça ? Quelles sont les raisons ?
03:37C'est vrai que traditionnellement on avait effectivement monté des programmes avec des hommes et des femmes dans le cadre d'une volonté de les soutenir dans leur développement.
03:47Il y a environ 23% de femmes dans les 500 entreprises et dirigeants d'entreprises qu'on a accompagnées depuis 2016 maintenant.
03:55Et c'est vrai que quand on a un échange un peu informel avec ces dirigeantes, on se rend compte qu'elles sont dans un besoin de soutien particulier, à la fois je dirais sur l'axe leadership,
04:07parce que sur ce sujet-là, les femmes ont moins confiance en elles en moyenne que les hommes et ça se ressent beaucoup dans leur accès au financement, pas du tout heureusement dans la rentabilité de leur entreprise qui est en moyenne meilleure que celle dirigée par des hommes.
04:24Mais du coup voilà, un manque de confiance important, des difficultés d'accès au financement, une sensibilité particulière sur les problématiques d'ailleurs d'environnement, un peu plus là aussi en moyenne que c'est les hommes.
04:36Et donc on s'est dit qu'au fond il y a des besoins particuliers qu'il faut couvrir par un programme spécifique.
04:41Et comment est conçu le programme ? Comment il a évolué ?
04:45Alors l'idée c'était avec un certain nombre de partenaires, au départ avec BNP Paribas, puis aujourd'hui avec Sanofi, Bouygues, ADP et d'autres.
04:54L'idée c'était de co-construire finalement un programme reposant sur des piliers assez simples que sont le soutien à la croissance dans toutes ces différentes dimensions en termes de recherche de performance.
05:07Mais je dirais que la nouveauté de ce qu'on a voulu installer au cours des derniers mois c'est la croissance durable.
05:13En gros, embarquer les femmes vers un programme environnemental et social ça représente à peu près 40% des thématiques pédagogiques qu'on a inscrites dans le programme,
05:25à côté de leadership, communication, accès au financement, RH qui sont évidemment des thématiques et des problématiques majeures pour les chefs de PME aujourd'hui.
05:34C'est dans ce cadre-là que vous avez créé l'Alliance des Carbonations, qui elle adresse l'ensemble des entreprises bien évidemment, mais qui est un besoin d'équilibre environnemental.
05:48Donc est-ce que vous constatez à cet égard, vous le disiez en deux mots, une différence d'appréhension et de comportement et donc de projet des femmes dans ce domaine ?
05:58De deux manières. Avant de s'engager dans un projet d'entreprenariat, et les études le montrent, les femmes veulent absolument s'assurer que ce projet aura bien un impact le moins défavorable possible sur l'environnement,
06:11le plus favorable possible sur la société, donc c'est un point de distinction. Et elles sont en moyenne plus engagées dans la définition d'une politique RSE que les hommes.
06:22Pour autant, malgré ces velléités, ces tentations de passer à l'acte, on voit quand même qu'il faut accompagner ce passage à l'acte.
06:30Et en matière de décarbonation, à l'heure où on se parle, vous savez, il y a à peu près 70% des entreprises qui n'ont pas encore fait de bilan carbone.
06:37Donc ça veut dire qu'elles ont besoin d'un soutien particulier, d'opérateurs spécialisés, sans doute aussi de l'impulsion des grands comptes, parce que quand un grand compte s'engage dans une telle démarche...
06:47Dans les cahiers des charges, de toute façon, il y a une nécessité après.
06:50— Alors c'est ce qu'on appelle d'ailleurs aujourd'hui le Scope 3. — Bien sûr. — C'est-à-dire que la feuille de route finalement du grand compte en matière de décarbonation,
06:55elle est impactée par les émissions indirectes produites par ses fournisseurs. Et c'est effectivement le sens qui est à l'origine de l'Alliance pour la décarbonation,
07:03qui réunit déjà 13 grands groupes au sein de Pacte PM. — Bravo, bravo. Bravo, parce que bon, à la fois, vous travaillez sur ce sujet qui est tout à fait fondamental aujourd'hui,
07:12mais vous illustrez aussi le fait que les femmes ont vraiment un rôle à jouer, enfin au moins à l'égal des hommes, puisqu'elles ont une sensibilité un petit peu différente.
07:19Donc merci pour ce témoignage et cet engagement. Et là, je vais recevoir juste après vous Elisabeth Ducote, et alors si elle est au moins aussi soucieuse et engagée
07:30dans la volonté de faire croître les entreprises que ce que vous l'êtes. Donc vous allez avoir plaisir à l'écouter également.
07:35— Avec grand plaisir. Merci. — Merci, François. Merci.
07:38— Bonjour, Elisabeth Ducote. — Bonjour, Marie-Claire. — Très heureuse de vous accueillir sur le plateau de Smart Women, Elisabeth.
07:48Alors vous faites partie des trop rares femmes à diriger une très belle ETI industrielle. Je veux parler du groupe Tuan.
07:56Groupe Tuan. Et vous êtes en train – parce que vous en êtes le PDG – de transmettre à votre fille, qui sera donc un jour la 6e génération, aux commandes du groupe.
08:08Donc je vais pas vous faire parler du groupe Tuan, parce que Delphine Anton, votre fille, est venue en parler en décembre dernier sur ce plateau.
08:15En revanche, je voudrais qu'on aborde tout de suite un sujet qui me paraît très important, encore plus de nos jours, qui est le sujet de la transmission.
08:22Et en ce qui vous concerne, c'est une transmission mère-fille, ce qui n'est pas si courant. Donc que peut-on en dire ?
08:29— Je dirais... D'abord, c'est une transmission. C'est-à-dire que dans une entreprise comme la nôtre, 4e, 5e, 6e génération, ce qui est important,
08:38c'est que la société ait le droit de durer et qu'elle ait envie de durer et qu'elle passe cette génération dans un contexte qui est difficile.
08:45Les contextes qui m'ont précédée ont été des contextes dans lesquels il y a eu des guerres mondiales. Le contexte d'aujourd'hui, c'est un contexte difficile.
08:51Et il faut avancer absolument avec des écritures qui sont spécifiques à chaque génération, qui sont bien sûr conduites et inspirées par l'environnement,
09:01qui, en ce moment, est tout de même un environnement très très particulier. Mais c'est la transmission. Et donc moi, j'ai la chance, je veux vraiment dire la chance,
09:08d'avoir parmi mes enfants Delphine Anton, qui va prendre ma succession, qui est directeure générale actuellement du groupe et donc qui est absolument
09:17aux manettes des opérations et qui réalise déjà un parcours pour l'entreprise qui est véritablement un parcours de direction et donc à la fois de
09:26conduction stratégique et à la fois d'opération. C'est-à-dire qu'il faut que chaque jour, les choses soient faites avec un nombre de collaborateurs qui grandissent au fur et à mesure.
09:35Il y a un nombre de places dans le monde qui s'agrandissent aussi à chacune des acquisitions ou des conquêtes commerciales.
09:42Donc cette transmission qui est en train de s'assurer et qui s'assure de façon positive, c'est une grande grande satisfaction pour moi et c'est une grande satisfaction
09:52pour l'ensemble des collaborateurs. Parce que finalement, quand une génération commence soit à prendre du recul, soit simplement à prendre de l'âge,
09:59qui est dans le cas à tous, les collaborateurs, la première question qu'ils disent, c'est « y aura-t-il quelqu'un ? ».
10:04La pérennité pour eux est très importante.
10:06La pérennité est très importante. La pérennité pour leur emploi, bien sûr. La pérennité pour le projet auquel ils sont associés. Et moi, je me souviens quand mon grand-père
10:14ou mon père ont disparu, les gens ne se disaient pas « est-ce que c'est une fille ou est-ce que c'est pas une fille ? ». Ils disaient « est-ce qu'il y a quelqu'un pour reprendre ? ».
10:21Et je pense que pour Delphine, c'est la même chose. Alors effectivement, c'est un peu singulier parce que dans le fond, des femmes dans l'industrie, dans ma génération,
10:29il n'y en a pas eu énormément. Alors il y en a beaucoup plus maintenant. Mais qu'une mère passe le flambeau à sa fille, c'est quelque chose d'un peu nouveau.
10:36– C'est assez remarquable. – C'est nouveau et c'est effectivement très intéressant et ça m'apporte beaucoup de satisfaction. Voilà.
10:43– Alors au-delà de ce sujet ô combien important, vous êtes également très engagée justement dans le mouvement des entreprises de taille intermédiaire.
10:51Donc vous avez un niveau d'observation possible très large sur le monde des entreprises de taille intermédiaire.
10:58Comment vous voyez la position des femmes, là pour le coup c'est vraiment les femmes, et comment vous les avez vues évoluer et où en étant aujourd'hui ?
11:05– Alors d'abord c'est effectivement ce mouvement, vous avez raison de prendre le mot mouvement parce que le METI n'est pas un syndicat, c'est un mouvement.
11:13C'est un mouvement qui n'a pas de très grosses ressources mais qui est incroyablement efficace et visible par rapport, je dirais, à ses ressources internes.
11:23Donc c'est un mouvement qui fait un travail remarquable. Et la dernière assemblée générale, enfin le dernier conseil d'administration même,
11:30parce que je suis restée administrateur et en n'étant plus président, j'avais dit que je ferais un mandat et un seul.
11:35Ce qui était très impressionnant c'est de voir à quel point les groupes de régions sont presque tous tenus par des femmes.
11:43Alors est-ce qu'on va faire un raccourci en disant que les femmes sont prêtes du terrain ?
11:48Ce serait peut-être trop rapide mais c'est quand même vrai de se dire qu'elles ont pris la responsabilité de leur territoire et évidemment ça me fait de grands plaisirs.
11:55– Et donc vous voyez ce mouvement aller grandissant, vous voyez vraiment des progrès en la matière ?
12:02– Oui et je vois ce mouvement prendre une véritable autorité, c'est-à-dire qu'au moment où le contexte politique que nous connaissons aujourd'hui
12:10est un contexte archi-compliqué, il y a une véritable présence auprès des pouvoirs publics, auprès des ministères,
12:16auprès de ceux qui vont décider de tel ou tel aspect des choses, c'est absolument essentiel et avec des moyens que je redis faibles.
12:22Donc ça veut dire une intensité et une foi qui est remarquable.
12:25– Et on sait que les femmes sont absolument excellentes dans ce domaine-là, disons-le.
12:30Alors en tant que femmes engagées, vous avez également dans un autre registre rejoint Yvon Gattaz, donc je dis bien Yvon,
12:39vous avez rejoint Yvon Gattaz en 2023 dans son prix, puisqu'il y a le prix qui s'appelle déjà remet Gattaz du côté ou du côté Gattaz,
12:47qu'il a lancé en 2020 pour justement soutenir les entreprises, mettre en valeur les entreprises de croissance,
12:52c'est-à-dire des PME en devenir d'ETI et qu'il a lancé avec d'ailleurs Le Métis, qu'il a lancé avec la Banque de France, avec Central Supélec.
13:01Et alors vous, en arrivant donc en 2023, justement vous avez ajouté le 1 prix.
13:07– Alors d'abord je vais dire qu'Yvon Gattaz, je dirais, c'est mon père en entreprise,
13:11même si j'ai un père en entreprise qui est mon père naturel, qui m'a fait confiance, ce qui n'était pas rien.
13:16Mais j'ai beaucoup appris auprès d'Yvon Gattaz, et Yvon Gattaz m'a effectivement demandé de le rejoindre assez vite
13:21dans le mouvement qu'il avait lancé ASMEP et puis ensuite Métis.
13:24Et donc j'ai beaucoup d'affection pour Yvon Gattaz, qui est un monsieur maintenant qui a eu une longue carrière derrière lui
13:29et qui voulait laisser cette trace très importante qui est, en donnant un prix à des entreprises qui vont devenir des ETI,
13:36nous les marquons et nous leur demandons d'avoir une visibilité pour avoir ce goût du devenir en ETI,
13:41de la transformation en ETI des PME.
13:43Donc l'idée était tout à fait intéressante et puis on s'est aperçu qu'on avait beaucoup de candidats hommes,
13:50on n'avait pas beaucoup de candidats de femmes et je me suis dit peut-être ce serait utile que je rejoigne.
13:54Yvon Gattaz l'a accepté.
13:55Donc voilà, 2 prix masculins donnés par Yvon Gattaz et 2 prix féminins donnés par moi-même.
14:00– Alors peut-être justement pour conclure, donnez-nous si vous avez en tête les noms des femmes
14:05qui ont été élues lauréates.
14:07– Alors celle de 2023, la première de la partie féminine, c'était donc Sylvie Cazeneuve-Perret
14:13qui fait des packagings, c'est donc quelqu'un qui est dans l'industrie de packaging
14:18et puis en 2024 Gaëlle Pigné-Cogalle qui est, elle, dans la chaudronnerie de l'industrie.
14:25– Je vais la recevoir d'ailleurs dans cette émission bientôt.
14:27– Vous avez raison parce qu'elle a un discours qui est impressionnant
14:30et puis aussi Elodie Bon qui est Calisteo, donc elle qui est dans le service.
14:35Donc voilà nos lauréates qui sont impressionnantes et inspirantes.
14:38– Eh bien merci de l'avoir rendue hommage, donc merci pour ce témoignage Elisabeth
14:43et je pense que vous allez également apprécier l'interview qui suit
14:46parce qu'on va à nouveau parler croissance, engagement et on va le faire avec Félicie Burel.
14:53– Très bien.
14:54– Merci beaucoup Elisabeth.
14:55– Merci à vous.
14:59– Bonjour Félicie Burel.
15:01– Bonjour.
15:02– Merci d'avoir accepté mon invitation en dépit de l'emploi du temps chargé.
15:05– Merci de me recevoir.
15:07– C'est un plaisir puisque vous êtes la directrice générale déléguée
15:10d'une grande entreprise qui est d'ailleurs au croisement
15:14des grandes transitions du moment environnementales, technologiques, énergétiques etc.
15:21Je parle de Plastic Omnium qui a été récemment renommée OP Mobility
15:27et dont vous êtes donc actuellement directrice générale déléguée comme je le disais.
15:31Alors avant de parler d'OP Mobility, on va parler un petit peu de votre parcours.
15:36Donc vous, vous avez été baignée bien sûr dans le milieu industriel dès le départ.
15:40– Tout à fait.
15:41– Puisque vous avez visité des usines du groupe avec votre grand-père.
15:45Bon après vous avez fait des études qui vous ont amené à voyager d'ailleurs.
15:48Donc à la fois une école commerce extérieur en France,
15:52à la fois à Londres en termes de finances,
15:55à la fois MBA, Business School à Madrid, bref.
15:59Finalement, est-ce que ce parcours d'apprentissage là sur un plan académique,
16:05est-ce qu'il était fait pour vous amener à entrer dans le groupe ?
16:10– Alors ce qui était sûr c'est que la dimension internationale
16:13a toujours été très importante
16:16et c'est quelque chose qui est très prégnant dans la famille en général.
16:19Mon père, son propre père lui avait dit le plus important c'est les langues
16:23et c'est quelque chose que moi aussi j'ai estimé très important
16:26et d'ailleurs au contact de nos employés à travers le monde ça fait une différence.
16:30Et cette curiosité, cet éveil et cette sensibilité à ce qui se passe ailleurs
16:35est décidément résolument important.
16:37– Absolument.
16:38Donnez-nous en quelques mots les différentes étapes d'entrée dans le groupe.
16:41Après on parlera de votre fonction actuelle mais dites-nous…
16:44– Alors j'ai commencé après mes études donc effectivement focalisées
16:48avec une dimension commerce internationale.
16:51J'ai eu une très courte entrée au sein du groupe pendant deux années
16:56où je faisais de la finance en Espagne et ensuite j'ai fait mon troisième parcours,
17:03on va dire mon MBA et après ce MBA j'avais à cœur de vraiment utiliser,
17:09j'avais cette curiosité pour tout ce qui était autour de la stratégie et de la finance
17:12et donc j'ai rejoint le groupeur Sten Yang où j'ai fait du conseil en fusion-acquisition
17:18et à la sortie de cette expérience, de ce cursus, j'ai dit voilà j'aimerais faire du MLA.
17:25J'avais à cœur d'aller développer ces compétences-là
17:29et je pense d'ailleurs que c'était une bonne chose à faire
17:32puisque quand j'ai eu l'opportunité cinq ans après de rejoindre le groupe familial,
17:37j'ai pu apporter cette expertise très différente de ce que nos ingénieurs font tous les jours.
17:43– Bien sûr.
17:43Non mais vous êtes revenue dans le groupe, je crois que c'était en 2010 si je ne me trompe pas,
17:47vous êtes revenue en 2010 et c'est vrai que finalement votre parcours,
17:49même s'il a été forcément programmé,
17:54malgré tout ça ressemble quand même à vraiment un parcours très structuré
17:57pour vous amener à la fois à avoir une connaissance intime du groupe dès le départ
18:01et avoir une ouverture sur le monde extérieur et avoir une vision,
18:04ce qui vous a permis de développer une vision stratégique qui est la vôtre
18:07et que vous avez apporté en valeur ajoutée.
18:09– Exactement.
18:09– Quel a été d'ailleurs votre premier rapport sur un plan stratégique au groupe ?
18:14Qu'est-ce que vous aviez, est-ce que c'est justement la position là ?
18:18– D'abord pendant cinq ans j'étais au sein de la Progrosse Division
18:21sur des sujets de stratégie, développement commercial,
18:26coordination commerciale, nouveaux partenariats
18:28et après cinq ans j'ai rejoint le groupe
18:32et c'est là où j'ai développé un département qui n'existait pas en tant que tel
18:37autour du MNA, de la stratégie et c'est justement à ce moment-là
18:41qu'on a commencé à prendre des décisions de sortir,
18:45de se recentrer complètement sur l'automobile,
18:48donc sortir de ce qu'était à l'époque ce pour quoi plastique a quand même été connu
18:52qui était les conteneurs à ordures,
18:55pour se recentrer complètement sur la mobilité
18:59et chemin que nous avons continué d'engager en faisant des acquisitions,
19:02en se lançant dans des paris dans l'hydrogène
19:05et encore il n'y a pas plus de deux ans en faisant des acquisitions dans des nouveaux métiers.
19:09– Oui donc c'était vraiment, enfin vous avez vraiment eu un apport
19:14avec une vision stratégique à un moment qui était très opportun
19:17et c'était certainement…
19:19– Faire tout ce pivotement, c'est ce qui, ces grandes aventures familiales,
19:25il y a cet esprit d'entreprendre mais surtout se réinventer,
19:29évoluer avec son temps, savoir prendre des décisions
19:33parfois éventuellement pas tellement faciles justement sortir de métiers historiques
19:38mais toujours penser sur qu'est-ce qui fait du sens,
19:41où est la croissance et comment repositionner l'entreprise sur ces sujets-là.
19:45– Mais c'est exactement, je ne sais pas si vous avez entendu ce que disait Isabelle Ducoté
19:50juste avant vous mais dans un autre domaine mais toujours industriel aussi,
19:53où elle aussi elle est en train de transmettre à la 6ème génération
19:56donc très attachée à cet esprit de transmission d'entreprise familiale
19:59et elle aussi, dès si longtemps apporte effectivement
20:02une autre vision stratégique complémentaire.
20:05– Et puis les sensibilités sont différentes de génération en génération.
20:08– Bien sûr, alors le groupe est connu,
20:11néanmoins donnez-nous quand même la carte d'identité du groupe
20:14et surtout dites-nous maintenant justement vos défis,
20:17les nouveaux défis auxquels vous faites face, quels sont-ils ?
20:20– Alors OP Mobility, l'année dernière c'est 11 milliards,
20:24un peu plus de 11 milliards de chiffre d'affaires,
20:27c'est 152 usines à travers le monde, un peu plus de 40 000 collaborateurs,
20:3240 centres R&D, on est présents dans 28 pays
20:36et surtout donc nous sommes une entreprise familiale
20:40avec près de 80 années d'histoire, avec un repositionnement clé.
20:45Aujourd'hui, vous l'avez évoqué, notre secteur est quand même dans…
20:50on va dire cumule toutes les transformations,
20:52que ça soit énergétique mais aussi les nouvelles technologies,
20:55on parle beaucoup de l'IA et de l'impact que ça a
20:58sur la façon de s'organiser, de gérer ses collaborateurs, etc.
21:02Donc c'est comment développer, parce qu'on développe,
21:06on produit des composants qui soient pour tout l'extérieur du véhicule,
21:10l'éclairage, les pare-chocs, ou alors tout ce qui est mode de propulsion du véhicule,
21:14des réservoirs mais aussi des systèmes à hydrogène ou électrique,
21:18pour offrir aux constructeurs, pas que constructeurs automobiles,
21:23aussi la mobilité plus lourde, des systèmes qui vont venir
21:28alléger le véhicule, le rendre plus sûr,
21:31et surtout qu'il soit aujourd'hui plus abordable
21:33parce qu'on a quand même un problème de surenchérissement du coût du véhicule aujourd'hui.
21:38– Oui, bien sûr, et donc, bien sûr, vous apportez cette vision stratégique,
21:44vous apportez… mais je sais que vous avez également une forte sensibilité
21:50et des convictions importantes en termes à la fois managérial
21:54et aussi vous avez une volonté d'impact, comme on dit aujourd'hui,
21:59donc là-dessus, comment vous pouvez également expliquer ou du moins préciser votre vision ?
22:06– Alors, on a un programme au sein d'OP Mobility qui s'appelle Act for All
22:12et qui est organisé autour de trois piliers.
22:15Le premier, c'est comment faire du business responsable,
22:20donc ça passe par la gestion des fournisseurs
22:23mais aussi la compliance et justement la culture d'entreprise.
22:28Le deuxième pilier qui est l'attention portée aux collaborateurs,
22:31donc qui est un vaste sujet, mais ça on va de la sécurité au travail,
22:35à la diversité, mais aussi l'inclusion et le handicap
22:40et la boîte à outils que l'on peut donner à nos collaborateurs
22:45pour avoir de l'impact au sein de leur communauté.
22:49Et enfin, le dernier pilier, vous en avez parlé dans l'interview précédente,
22:52qui est lié à la décarbonation,
22:54où nous avons également pris des engagements sur les scopes 1, 2 et 3
22:58et une neutralité carbone à 2050.
23:01– Donc pour vous, ça procède véritablement d'une conviction que vous avez ancrée,
23:06qui vous vient à la fois de votre expérience
23:08et à la fois de votre nature personnelle sans doute ?
23:11– Oui, et qui fait partie complètement de la culture, de l'ADN de la société.
23:18On a certes, il y a aujourd'hui une attente,
23:21mais on n'a pas attendu que l'attente soit grandissante
23:24pour se lancer sur ces sujets-là.
23:28Tout est venu de l'environnement et de tout ce qui est sécurité
23:33et on a développé ça de manière pragmatique,
23:36parce qu'à la fin, ça doit parler à tous nos collaborateurs
23:39et ça doit à la fois être un outil de performance,
23:43ça doit avoir un impact aussi sur la performance globale de l'entreprise.
23:47– Et alors, puisqu'on est dans une émission qui s'appelle Smart Women,
23:50au sein de l'entreprise, le positionnement des femmes,
23:54c'est-à-dire à la tête de vos usines, dans le monde…
23:58– Malheureusement, on n'a pas du tout assez de femmes.
24:01Malheureusement, sur nos 152 usines, on n'en a que 3.
24:04– Que 3.
24:05– Et ça éclaire tout à fait un peu la problématique qui est à notre secteur.
24:09C'est que globalement, au niveau d'opé-mobilité,
24:12on a 30% en taux de féminisation,
24:15ce qui n'est pas si mal compte tenu de ce qui sort des filières…
24:18– Des écoles, bien sûr.
24:19– Mais on a un double enjeu, c'est comment en attirer davantage.
24:23Et puis, au fur et à mesure qu'elles évoluent dans le groupe,
24:26puisque, si on regarde après au niveau du top 100,
24:29elles sont 23% uniquement.
24:32Donc, on a vraiment un travail à faire là-dessus,
24:35et ça passe par plein d'actions.
24:37On a mis en place un programme de mentoring,
24:39sur les jeunes, on se donne l'objectif de plus de 1000 apprentis en recrutement,
24:4640% doivent être des femmes.
24:48On s'est donné un objectif un peu fou, dans des pays comme l'Inde,
24:52de ne voir staffer qu'avec 100% de femmes.
24:55Alors, on n'y arrivera pas, bien sûr, et il ne faut pas,
24:57mais c'est vraiment se donner, être volontariste,
25:01plus que volontariste sur ce sujet-là.
25:04Et c'est évidemment moi-même, en premier lieu,
25:08à travers mon rôle de représentation, bien sûr, montrer que c'est possible,
25:12mais aussi le devoir de l'associé de donner,
25:16de mettre en place ces moyens concrets pour faire évoluer les choses.
25:19– Et alors, peut-être pour terminer, parce que je ne vous ai pas posé la question,
25:22mais c'est important pour les femmes, éventuellement, qui vont nous écouter.
25:26Vous avez intégré le Conseil d'administration et le COMEX, bien sûr, du groupe.
25:30– Oui.
25:32– Non événement ou… ?
25:34– Alors, non événement, ça fait partie de la vie,
25:37on parlait de transmission avant, de l'évolution de la gouvernance.
25:42À la fin, ce qui est très important,
25:44en tout cas, j'en suis convaincue, c'est comme ça que je vois les choses,
25:48tous les choix d'évolution de gouvernance qui sont faits
25:51doivent être faits dans l'idée d'un bien commun
25:55qui est supérieur, on va dire, aux individuels dans les sociétés.
25:59Et à la fin, c'est ça qu'on ne doit pas perdre de vue,
26:02et c'est à chaque fois ça qui doit ramener les évolutions,
26:05et c'est très important.
26:07– Mais écoutez, très belle conclusion.
26:10Alors, en tout cas, ce qui est certain,
26:12c'est que vous parlez avec beaucoup de passion du métier de l'industrie
26:18et que vous vous incornez très bien et vous êtes un vrai beau rôle-modèle,
26:23comme on dit, et je sais que votre parole est rare,
26:26je suis donc d'autant plus sensible au fait que vous ayez accepté
26:28de venir pour en parler ici, et je vous en remercie.
26:31– Merci.
26:32– Voilà, donc, notre émission se termine.
26:35Alors, vraiment, je pense qu'aujourd'hui, on a eu trois invités
26:38qui ont particulièrement illustré, bon, à la fois, bien sûr,
26:43la nécessité d'avoir davantage de femmes aux commandes,
26:46mais qui ont aussi beaucoup insisté, finalement, les trois,
26:49sur cette nécessité absolue d'avoir le continuum du tissu économique
26:55avec toutes ces interdépendances totalement fertiles
26:59entre les entreprises, quelle que soit leur taille,
27:02et je crois que c'est particulièrement d'insister là-dessus aujourd'hui,
27:06parce qu'il faut absolument que nous avons besoin de toutes nos entreprises,
27:11il ne faut pas croire que chacune est dans son couloir de nage,
27:14selon sa catégorie, non, non, pas du tout,
27:16toutes nos entreprises, et nous devons les faire grandir,
27:19et pour ça, il ne faut pas qu'elles soient handicapées d'une façon ou d'une autre,
27:23donc j'espère que cette ambition sera partagée par tous.