Samedi 28 septembre 2024, SMART WOMEN reçoit Laura Krasiniqi (cofondatrice, Ohmyseason) , Dominique Carlach (fondatrice des Femmes du MEDEF & présidente, D&Consultants;) et Cécile Cantrelle (présidente, Alsapan)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Bonjour, bonjour à toutes et tous, écoutez, très heureuse de vous retrouver pour ce premier épisode de la saison 3 parce que, comme je l'ai indiqué sur mon feelingdeen cet été, le groupe FICAD, qui est le nouveau propriétaire de Bismarck, a souhaité poursuivre Smart Women, je le remercie.
00:19Alors, Smart Women, vous le savez, c'est l'émission qui veut donner le pouvoir aux femmes. Alors, on me demande parfois, mais pourquoi le pouvoir ?
00:26Le pouvoir, tout simplement parce que c'est une question, bien sûr, de justice sociale, mais c'est surtout une question de performance économique parce qu'aujourd'hui, il est vraiment très connu et très démontré
00:38que la parité ou ce qui mène à la parité est un atout tout à fait déterminant par rapport à la performance, à la croissance et également à l'équilibre des choix opérés.
00:51Donc voilà, le motto de l'émission, c'est les femmes doivent prendre leur juste place dans toutes les sphères de pouvoir économique, politique, médiatique, etc.
00:59Alors aujourd'hui, pour en parler, je vais avoir le plaisir de recevoir tout d'abord Laura Krasnicki, qui est une entrepreneur cofondatrice de la plateforme Oh My Season,
01:08qui a été accompagnée par l'association Les Déterminés. J'en avais reçu le président Moussa Kamara sur ce plateau même en 2023.
01:16Ensuite, j'aurai le plaisir d'accueillir Dominique Carlac, qui est également entrepreneur, qui est chroniqueuse, qui est très engagée également au niveau du MEDEF
01:28et qui a lancé Les Femmes du MEDEF il y a six ans. Elle nous parlera de ce mouvement. Et enfin, je ferai le portrait de Cécile Cantrel,
01:36Cécile Cantrel qui est la présidente du groupe Alzapan. Alzapan, c'est une ETI, leader français de la fabrication de meubles,
01:45qui est une affaire familiale installée depuis trois générations en Alsace. Voilà le programme. Donc tout de suite, je vais accueillir Laura Krasnicki.
01:54Bonjour Laura Krasnicki. Bonjour. Laura, bienvenue dans Smart Women. Alors vous savez que vous êtes là pour nous parler de vous, de votre entreprise bien sûr,
02:06mais également pour témoigner pour l'association Les Déterminés, qui vous a accompagnée, vous avez bénéficié de leur accompagnement.
02:14Alors pour ceux qui ne le savent pas aujourd'hui, Les Déterminés, c'est une très belle association qui a été créée par Moussa Kamara et qui aide à la création d'entreprises
02:23à la fois dans des quartiers populaires, mais c'est aussi surtout finalement un état d'esprit, c'est-à-dire avoir envie d'entreprendre et être déterminée dans son entreprise.
02:33Voilà. Donc vous allez nous parler des atouts que vous y avez trouvés. Alors Laura, vous avez 29 ans. Vous êtes arrivée en France à l'âge de 3 ans.
02:44Vous veniez du Kosovo. Vous avez donc fait vos études et vous avez démarré votre activité professionnelle en France par du marketing.
02:51Vous avez d'ailleurs travaillé 4-5 ans chez SNCF Orange. Et puis un beau jour, vous avez eu l'envie de co-fonder votre entreprise. Alors racontez-nous le déclic.
03:00Tout à fait. C'est vrai que moi initialement, je n'étais pas forcément destinée à être entrepreneur. Et donc j'ai passé toutes ces années à travailler en marketing et en communication
03:09pour des grands groupes. Et au bout d'un moment, j'avais envie de voir autre chose, d'aller sur quelque chose de plus humain, plus concret. Et j'ai tout lâché.
03:17Et c'est pendant mes vacances que j'ai fait la rencontre d'un patron de restaurant qui m'a proposé de venir chez lui pour faire une saison en étant logée, nourrie, blanchie.
03:26Et en discutant de fil en aiguille, il m'a dit en fait à quel point pour lui, c'était compliqué de trouver du personnel, du personnel saisonnier.
03:35Et moi, j'avoue qu'à ce moment précis de ma vie, j'en avais un petit peu marre du bureau et je me suis dit comment ça il ne trouve personne.
03:41C'est quand même un job de rêve sur une île paradisiaque. Logée, nourrie, blanchie et en plus payée et plutôt bien payée. Je n'ai pas tout de suite compris.
03:49Et finalement, c'est en remontant sur Paris que je me suis aperçue que comme lui, c'est plus de 70% des établissements qui ont des difficultés à recruter.
03:57Et ça, ça s'explique pour plusieurs raisons. Déjà le logement, c'est un petit peu le nerf de la guerre de cette pénurie de main d'oeuvre.
04:04Ensuite, c'est un sujet qui a été un petit peu abandonné par les sites traditionnels. On ne sait pas forcément où aller chercher sa saison ou même des candidats saisonniers.
04:14Et enfin, tout le monde le sait, c'est un secteur qui a souffert d'une mauvaise image du métier. Il y a eu des abus côté candidat et côté recruteur.
04:24Justement, on va venir en quelques mots, puisqu'après, il faut qu'on parle des déterminés. Donc en quelques mots, on vous comprend bien les ressorts de votre création.
04:31Et bravo, parce que c'est vraiment l'observation qui vous a permis de créer, de co-créer avec votre associé cette plateforme.
04:38Dites-nous juste très rapidement la plateforme, justement, comment elle fonctionne, combien d'adhérents, combien d'acteurs sont présents, avec qui vous travaillez, etc.
04:46Donc ça s'appelle Omae Season. Nous, ce qu'on fait, c'est plutôt simple. On met en relation des candidats saisonniers avec des établissements touristiques,
04:53que ce soit des hôtels, des restaurants, des campings, des clubs vacances, des stations de ski. Aujourd'hui, on est sur le point de franchir le seuil des 10 000 inscrits.
05:03Merci beaucoup. On en est très fiers, parce que ce n'est pas facile. Et on a plus de 180 entreprises référencées aux quatre coins de la France.
05:11— Et vous avez également des accords avec syndicats, hôteliers, etc., c'est ça ?
05:16— Exact. On a signé cette année avec Lumie, qui est le premier syndicat hôtelier de France et qui représente pas loin de 35 000 adhérents.
05:24Et donc c'est vrai que nous, ça nous apporte un certain soutien, une certaine crédibilité dans ce secteur.
05:29— Bien sûr. Alors venons-en, justement. Au début, vous aviez eu besoin d'avoir un accompagnement. Alors comment avez-vous trouvé les déterminés ?
05:37Qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ? Comment ça s'est passé ?
05:39— Alors passer d'un statut cadre à un statut d'entrepreneur, c'est vraiment pas facile. C'est un gros saut.
05:45Et moi, j'ai tout de suite ressenti le besoin d'être accompagnée pour deux choses. La première, c'est vraiment pour être rassurée,
05:51parce que tout de suite, quand on rejoint un collectif, ça pose une structure. Et la seconde, c'est vraiment pour aussi concrétiser,
05:57de me dire « Bon, bah maintenant, je lâche tout, et puis j'y vais à fond ». Et j'en ai discuté avec mon associé, puisqu'on est deux
06:03derrière Home High Season. Et on a commencé à faire des recherches. On a comparé les différents programmes. Et on est tombés sur les déterminés.
06:09Et on les a sélectionnés tout simplement parce que leur programme était sur 6 mois. Donc on s'est dit que 6 mois, c'était bien pour avoir
06:15une vraie évolution, et aussi pour la densité du programme, puisqu'en fait, on voit à peu près toutes les facettes de l'entrepreneuriat.
06:22Et c'est plutôt cool. — Et donc vous avez appris tout ce qui vous manquait, c'est-à-dire le juridique, le comptable, le financier.
06:28Et vous restez de toute façon au sein du club, puisqu'il y a un club, bien sûr. Et donc là, ça vous permet d'avoir en permanence des réponses à vos questions ?
06:38— C'est ça. Ce qui est chouette avec les déterminés, c'est que souvent, les incubateurs, c'est un temps, et après, il ne se passe plus grand-chose.
06:44Et c'est pas du tout le cas avec les déterminés. Une fois qu'on les a rejoints, c'est presque pour la vie, si je puis dire.
06:50Et donc c'est un soutien au quotidien, puisque dès qu'on a une question, ils sont hyper réactifs. C'est aussi des opportunités business,
06:57puisqu'ils nous ouvrent un carnet d'adresses. Ils ont tout un tas de partenaires. Ils organisent aussi des concours qui nous donnent ensuite des avantages.
07:07Donc c'est vraiment une histoire un petit peu long terme qu'on a construite avec les déterminés.
07:11— Bon bah écoutez, bravo, parce que votre témoignage est très éloquent par rapport à ce que vous avez trouvé avec les déterminés.
07:17Mais c'est exactement ça. Un réseau, c'est fait pour ça, c'est fait pour aider. Et vous avez eu l'intelligence – c'est l'intelligence, hein – et le talent
07:23d'y avoir recours dès le début, parce que parfois, on n'y pense pas. Puis après, c'est un petit peu plus difficile, parce que c'est un peu plus tard.
07:28Vous, vous avez fait ça dès le départ. Donc bravo. Mais écoutez, il me reste à vous souhaiter beaucoup de succès, sachant que je trouve
07:35que vous illustrez parfaitement cet esprit d'entrepreneur qui est vous détecter un besoin. Et à partir de ce besoin, vous avez apporté une solution
07:44qui passe par la création d'entreprise. Et pour ça, c'est l'esprit d'entreprise. C'est formidable. Bravo.
07:49— Merci. — Très bon succès. Merci.
07:52— Bonjour Dominique Arlac. — Bonjour.
07:58— Merci d'avoir accepté mon invitation, sachant que connaissant vos convictions et votre engagement pour la place des femmes dans l'économie,
08:04j'avais aucun doute sur le fait que vous acceptiez. — Merci pour cette invitation.
08:08— Merci. Alors je vous ai demandé de venir dans le rôle du grand témoin. Mais j'aurais tout aussi bien pu vous demander de venir pour faire votre portrait,
08:14puisque vous êtes chef d'entreprise. Vous dirigez depuis 20 ans le cabinet des consultants qui fait du conseil de l'innovation et de l'ingénierie industrielle 4.0.
08:25Alors vous êtes également connue pour avoir été athlète de haut niveau. Vous êtes chroniqueuse. Vous vous êtes présentée pour la présidence du MEDEF.
08:34Bref, vous avez un parcours à la fois très diversifié, très complet, très successeux, d'ailleurs. Donc finalement, première question, comment avez-vous vécu
08:44votre position de femme dans ces différents univers, le sport, la politique, le syndicat, le journalisme ?
08:50— Pendant longtemps, j'ai pas vécu de manière singulière ma position de femme. Pendant longtemps, j'ai été dégenrée, c'est-à-dire que je faisais du sport
08:58parce que je courais vite. J'ai créé mon entreprise parce que j'avais envie d'indépendance. J'étais engagée dans mon syndicat professionnel
09:05parce que j'avais une idée sur la question de ma profession. Mais pendant longtemps, je n'ai pas considéré que je le faisais parce que j'étais une femme
09:12et que j'avais une pratique différente. Et puis j'ai eu un déclic un jour où j'étais... Vous avez rappelé que j'ai été candidate à la présidence du MEDEF.
09:21Et puis un jour, pendant la phase de candidature où on avait une audition, un homme a posé une question dans l'assistance en posant la question à son voisin
09:30en disant « Mais est-ce que tu connais Dominique Carlac ? ». J'étais peu connue. J'avais... — Et puis le prénom, en plus, on ne sait pas si c'est un homme ou une femme.
09:37— Et j'ai un prénom homme-femme. Et j'étais peu connue. Je faisais pas encore de médias. Et la personne à qui on a posé la question dit « Non, je ne connais pas Dominique Carlac ».
09:44Et celui qui avait posé la question lui répond « Tu vas voir, c'est une femme, mais elle est pas mal ». Et là, j'avais...
09:51— Le « mais » était différent. — Le « mais elle est pas mal ». Je me suis dit « Mais c'est bizarre, j'ai 49 ans. Depuis que je suis née, je travaille pour être bonne à l'école,
09:59pour être bonne sur les stades, pour être bonne dans mon entreprise, pour faire les choses bien. Je n'ai jamais considéré que parce que j'étais une femme, ça pouvait être moins bien ou différent ».
10:08Et là, je me suis dit « Il y a des stéréotypes qui sont intériorisés ». J'avais affaire à une personne qui était lettrée, qui était éduquée...
10:15— Qui était chef d'entreprise. — Qui était chef d'entreprise. J'avais aucun reproche a priori à lui faire. Le fait qu'il réponde ça, je me suis dit « Ah, c'est marrant.
10:22Il y a l'air d'avoir quelque chose dans la société qui traîne et qui fait qu'en 2018... » C'était en 2018. « On pense encore que c'est une performance que la femme, là,
10:31elle soit candidate à la présidence du MEDEF ». — Et qu'elle soit bien. — Et qu'elle soit bien. Et qu'elle soit bien, en plus. Et donc là, j'ai pris conscience que jusque-là...
10:40Et j'ai vécu cette campagne comme quelque chose qui était très compliqué. Non pas parce que j'étais une mauvaise candidate, mais parce que j'étais tout le temps enfermée dans ma singularité de
10:49« J'étais la femme candidate » ou « la sportive candidate », mais je n'étais pas la candidate comme ces messieurs. Là, je me suis dit « Non, je veux faire part du fait que moi, j'ai une vision d'économie,
11:00j'ai une vision du social, j'ai une vision de la géopolitique », et pas simplement parce que je suis une femme. Donc j'ai eu une décèse dégenrée.
11:08— C'est cette fameuse question de l'essentialisation. — Exactement. — Et c'est vrai que bon, les choses ont quand même beaucoup évolué par rapport à il y a une vingtaine d'années.
11:15Mais néanmoins, il y a encore beaucoup de chemin à faire. Alors vous vous êtes engagée. Et donc de ce fait, ça a été l'une des raisons qui a fait que quand vous avez été en position 2,
11:24vous avez proposé le lancement des « Femmes du MEDEF ». — Oui, parce qu'à l'issue de cette campagne, Geoffroy Roux-de-Bézieux a été élu président du MEDEF.
11:31Il m'a nommée vice-présidente et porte-parole. Et donc il m'a dit « Qu'est-ce que tu proposes ? ». J'ai dit « Écoute, créons « Femmes du MEDEF » ».
11:39Parce que moi, j'ai détecté des choses qui font qu'on met pas assez en avant nos femmes. Or, que ça soit Laura, qui a fait son témoignage de « Créatrices d'entreprise »
11:48ou Cécile, voilà, ou toutes les Hélène, les Marie-Claire que j'ai rencontrées, il y a du talent dans notre réseau. Donc il faut mettre en avant ce talent dans notre réseau MEDEF,
11:59dans notre réseau patronal. Et pour dire qu'en fait, la place des femmes, elle est évidente, non pas pour être une réserve d'Indiennes. Moi, je suis une militante patronale
12:09pour défendre l'entreprise. Mais pour défendre les chefs d'entreprise, qu'ils soient hommes ou femmes. Mais pour dire, si on veut être performant, que ce soit dans l'entreprise
12:18ou dans un réseau patronal, il faut être exemplaire. Il faut être exemplaire dans le travail qu'on apporte. Mais aussi, on ne peut pas lutter contre le politique en disant
12:29« Ils veulent nous faire des lois, ceci, cela », si nous-mêmes, à l'intérieur du MEDEF, on n'est pas exemplaire. Donc « Femmes du MEDEF », c'était pour être exemplaire en disant
12:38« Nous aussi, on féminise nos instances. Nous aussi, on a des talents. Mais par ces biais, un petit peu, qu'on a à l'intérieur, on ne passe pas spontanément, on dit qu'il y a besoin
12:47peut-être d'une école de formation. Non, il y a des femmes, elles sont prêtes. Simplement, il faut les lancer. Il faut les mettre en piste et les mettre surtout en visibilité.
12:55Alors aujourd'hui, les résultats au sein des femmes du MEDEF, qu'est-ce que ça donne en termes de chiffres ?
13:00On peut tout attendre. Je me disais, c'est les grandes entreprises qui vont s'en emparer, les grandes fédérations professionnelles. Elles font des choses, mais c'est surtout les territoires du MEDEF qui s'en sont emparés.
13:10On a 120 territoires au MEDEF. 120 territoires, donc c'est des départements qui se sont emparés. On a déjà une trentaine de MEDEF territoriaux, c'est-à-dire de MEDEF départementaux,
13:21par exemple dans les Hautes-Alpes, dans l'Orne, qui ont créé des réseaux femmes du MEDEF. Et puis on en a 20 en gestation. Et donc à la fin de l'année 2024, on aura 50 femmes du MEDEF sur tout le territoire.
13:33D'accord, 50 réseaux.
13:34Ces réseaux qui, justement, vont chercher la compétence des femmes pour représenter le monde de l'entreprise, le monde patronal, et puis proposer des actions pour défendre l'entreprise.
13:44J'ai reçu, il n'y a pas très longtemps, Émilie Lefebvre, qui a créé Femmes du MEDEF, dans l'Orne.
13:49Absolument. On est venue, elle dirige une entreprise, on s'est dit, mais en fait, c'est des personnes comme ça qui peuvent défendre l'entreprise.
13:57C'est aussi un signe, je dirais, non seulement d'égalité de traitement par rapport à nos 35% de femmes chefs d'entreprise, mais c'est surtout une question de modernité et d'image.
14:08Et puis après, de performance.
14:10Et de performance, avant tout.
14:12Très bien. Écoutez, merci beaucoup, Dominique, pour ce témoignage, pour la sincérité qui vous a toujours caractérisé.
14:18Donc, on l'a bien retrouvé là.
14:20Et là, maintenant, je vais recevoir, justement, une patronne d'entreprise, d'ETI.
14:24Donc, voilà, Cécile Cantrel.
14:26Et elle va nous parler de son métier, trois générations.
14:29Formidable.
14:30Le beau tissu économique français qu'il faut préserver avant tout.
14:33Absolument. Merci.
14:34Merci, Dominique.
14:39Bonjour, Cécile Cantrel.
14:40Bonjour.
14:41Bienvenue sur le plateau de Smart Women.
14:44Alors, Cécile, vous savez que je souhaite absolument mettre en valeur des dirigeantes d'entreprise dans tous les secteurs d'activité, dans toutes les dimensions de cette activité,
14:54et puis sur tous les territoires français.
14:57Et dans une période, en plus, où c'est particulièrement crucial de montrer toute la valeur créée par le monde de l'entreprise, pour pouvoir le préserver, le développer.
15:07J'ai choisi de faire parler des patronnes de PME et d'ETI.
15:10Vous en êtes l'une d'entre elles, puisque vous, vous dirigez un groupe qui est le groupe Strube, qui n'est pas très connu sous ce nom-là.
15:17C'est le nom de votre grand-père, qui était fondateur du groupe en question.
15:21Mais c'est plus connu sous le nom d'Alzaport.
15:23Mais vous allez nous en parler.
15:24Et vous êtes la troisième génération aux commandes du groupe.
15:28Et vous êtes installée en Alsace, qui est le berceau de l'entreprise.
15:32Vous allez tout nous raconter sur l'entreprise, sur ce qu'elle fait, où elle en est aujourd'hui.
15:37Mais avant, on va commencer par votre parcours personnel.
15:39Dites-nous, avant d'arriver dans l'entreprise familiale, ce que vous avez fait.
15:44Avant de travailler dans l'entreprise familiale, j'ai fait une formation d'ingénieur, génie civil.
15:50Puis une spécialisation dans les énergies renouvelables.
15:53Parce que vous ne vouliez pas venir dans l'entreprise, au départ.
15:55Non, non, non.
15:56C'est vrai que, par peur de l'échec, probablement, je ne souhaitais pas travailler dans l'entreprise familiale.
16:01Donc, avant, j'ai fait ma propre expérience technique dans un bureau d'études, dans le bâtiment.
16:07Donc, vous êtes restée 4-5 ans dans le bureau d'études ?
16:10Oui, c'est ça.
16:114-5 ans ?
16:12Dans l'étanchéité des toitures.
16:14D'accord.
16:15Puis, je crois que vous avez même refait un diplôme énergie renouvelable.
16:19Vous avez travaillé ou vous avez développé vos compétences dans ce registre-là ?
16:23Oui, c'est ça.
16:24Oui, dans un second temps.
16:25Après mes 4 années d'expérience au bureau d'études, j'ai fait un master dans les énergies renouvelables.
16:29D'accord.
16:30Parce que ça, c'était pour vous.
16:31A la fois, vous étiez ingénieur.
16:33A la fois, vous vouliez avoir une compétence particulière sur un sujet qui vous tenait à cœur.
16:37Mais enfin, tout ça a été fait pour continuer votre voie en dehors de l'entreprise.
16:41Tout à fait.
16:42Bon.
16:43Alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
16:44Parce qu'il y a un moment, quand même, où vous avez rejoint.
16:45Donc, vous avez rejoint quand et pourquoi ?
16:48Alors, suite au décès de mon oncle, qui a travaillé en parfaite cohabitation avec ma maman,
16:58j'ai rejoint l'entreprise pour soutenir, dans cette période un peu difficile,
17:04parce que mon oncle était un entrepreneur assez charismatique.
17:07Et votre mère travaillait avec lui.
17:09Oui, depuis de longues années.
17:10Il y a une crise financière pour l'entreprise.
17:13D'accord.
17:14Voilà.
17:15Et donc, j'ai tout simplement rejoint le groupe pour aider, donner un coup de main dans cette période.
17:19Mais comme souvent, d'ailleurs, les filles que j'ai reçues, les dirigeantes que j'ai reçues,
17:24elles étaient filles de créateurs ou petites filles.
17:27Souvent, au début, elles ne sont pas nécessairement destinées à,
17:30mais quand on a besoin d'elles, forcément, elles y vont.
17:33Donc, vous avez fait ça.
17:34Alors, quand vous êtes arrivée pour aider,
17:36et que vous avez fait des choix importants dans votre vie pour pouvoir aller accompagner,
17:40expliquez-nous comment était l'entreprise ?
17:43Après, on parlera de la carte d'identité d'aujourd'hui,
17:45mais comment était l'entreprise à ce moment-là ?
17:47Quels étaient ses enjeux ? Comment était-elle ?
17:51Alors, à ce moment-là, le métier principal était le même qu'aujourd'hui.
17:56C'est la transformation de panneaux en produits d'aménagement de la maison,
18:00c'est-à-dire revêtements de sols stratifiés, parquets, meubles en kit.
18:05Qu'est-ce que j'entends par meubles en kit ?
18:07C'est caissons de cuisine, dressing.
18:09Ça, c'était le métier numéro un, historique.
18:13Et on a également développé en parallèle d'autres activités,
18:19dont une qui était la fabrication de panneaux solaires photovoltaïques.
18:23Le nom de cette société est Voltec Solar,
18:26puisqu'on fabrique encore en Alsace aujourd'hui des panneaux solaires photovoltaïques.
18:30Et donc, c'était vraiment la période de création de cette société.
18:35Donc, dans un premier temps, j'ai rejoint cette société,
18:38vu qu'en plus, j'avais une technique et une spécialisation là-dedans.
18:44Donc, j'ai rejoint dans un premier temps cette activité,
18:48pour l'aider dans cette phase de démarrage.
18:54Et alors après ? Parce que là, c'était quelle année ?
18:57Ça peut resituer un petit peu dans le temps ?
18:592010.
19:01Donc, voilà, j'ai travaillé un an dans ce métier.
19:07Et puis après, j'ai rejoint le métier principal,
19:09qui est la transformation de panneaux,
19:12qui est toujours aujourd'hui le métier principal.
19:15Nos clients sont tout ce qui est grande surface de bricolage,
19:19les réseaux spécialisés d'ameublement,
19:22les négociations de matériaux, la distribution spécialisée.
19:27Voilà, donc c'est pas forcément Alzapan, Alzafloring,
19:31ce ne sont pas forcément des marques très connues,
19:33mais qui sont connues par les professionnels.
19:37Oui, parce que là, vous ne le dites pas,
19:39vous êtes le premier, enfin en France,
19:41vous êtes le premier fabricant.
19:43Aujourd'hui, on est le plus gros transformateur de panneaux,
19:46le plus gros, en termes de volume,
19:48fabricant de meubles et de revêtements de sol en France.
19:52C'est ça, donc c'est quand même important.
19:54Et alors, juste pour terminer votre parcours,
19:56vous avez rejoint la partie principale Alzapan,
20:00et vous êtes devenue présidente de l'ensemble depuis quand ?
20:03Depuis un peu moins de dix ans.
20:06Un peu moins de dix ans.
20:07Vous avez exercé pleinement votre rôle de dirigeante.
20:12Oui, c'est passé très très vite.
20:13Je ne me destinais pas à travailler dans l'entreprise familiale,
20:16mais finalement, quand je regarde derrière moi,
20:18c'est passé tellement vite que je m'éclate.
20:22Absolument.
20:23Alors, parlez-nous de l'entreprise aujourd'hui.
20:25Donc aujourd'hui, situez-nous d'ailleurs,
20:27parce que les chiffres sont importants,
20:29situez-nous le niveau de chiffre d'affaires,
20:30le nombre de collaborateurs, les structures,
20:33comment vous êtes positionnés, dites-nous tout ça.
20:36Oui, alors aujourd'hui, on est un peu moins d'un millier de collaborateurs.
20:40En France ?
20:41En France, uniquement en France,
20:44et pour un peu plus de 300 millions de chiffres d'affaires.
20:48Oui, donc une très belle ETI, c'est vraiment la belle taille,
20:52et régionale, donc vous êtes installée…
20:55Alors, nous sommes installés dans plusieurs départements.
20:58Le Barin, qui comprend le plus d'unités de production,
21:02mais également en Moselle, dans l'Indre et en Creuse.
21:05D'accord.
21:06Et on a également une petite activité de fabrication d'outils et d'affûtage d'outils,
21:12donc en Haute-Savoie et aussi dans le Barin.
21:15Et vous vous fournissez, parce que vous vous consommez un matériau qui est déjà transformé,
21:20puisque vous vous fournissez auprès de, en France ou également en Europe,
21:25où sont vos fournisseurs ?
21:26Alors, comme je l'ai dit, on est le plus gros consommateur,
21:29transformateur de panneaux,
21:31et en général, le panneau s'achète à moins de 300 km de nos usines.
21:36Donc, vu qu'on a des usines un peu partout en France,
21:39on achète le panneau un peu partout en France,
21:42mais également dans les pays limitrophes, l'Allemagne, le Luxembourg…
21:47Oui, parce qu'à un moment, vous avez voulu d'ailleurs sécuriser votre approvisionnement,
21:51parce que vous avez le risque de manquer d'approvisionnement.
21:55Donc, aujourd'hui, vous considérez que tout ça est stable,
21:59que vous avez suffisamment et qu'il n'y a pas nécessité de chercher ailleurs ?
22:02C'est vrai qu'après une période où on a été un peu bousculés,
22:06tous, par le Covid et le post-Covid,
22:09on s'est beaucoup armés pour pouvoir mieux anticiper,
22:15notamment en ce qui concerne les approvisionnements de matière.
22:20Donc, aujourd'hui, je pense que ça a été une période compliquée avec des hauts et des bas,
22:26mais aujourd'hui, on est mieux armés.
22:28Donc, vous vous sentez à l'aise pour affronter…
22:32Finalement, les défis principaux aujourd'hui, c'est quoi ?
22:36Pour ma société, les défis principaux,
22:39en numéro un, je mettrais tout ce qui est transmission de savoir-faire,
22:43parce qu'en fait, beaucoup des salariés sont engagés là depuis longtemps.
22:49Pour beaucoup, ils ont été déjà recrutés à l'époque de mes oncles et de ma maman.
22:54Donc, il y a un savoir-faire technique dans nos ateliers,
22:59et il faut s'assurer que ça perdure à travers les nouvelles personnes qui rentrent dans la société.
23:06Ça, c'est primordial, parce qu'on a des salariés engagés, curieux,
23:12avec cette expérience, et ça, il faut qu'on arrive à transmettre ça.
23:18Et vous trouvez à recruter justement,
23:20parce qu'il faut que vous vous recrutiez pour régénérer un petit peu au fur et à mesure,
23:23vous arrivez à recruter ?
23:25Oui, oui, on arrive à recruter.
23:27Vous n'avez pas de difficulté particulière ?
23:28Parce que le sujet du recrutement est toujours un problème pour beaucoup de patrons.
23:34D'ailleurs, j'ai interviewé juste avant Laura Krasnicki,
23:38alors elle, c'était le cas des saisonniers,
23:40mais enfin, on sait à quel point l'emploi est difficile,
23:42donc vous, vous considérez que vous arrivez néanmoins,
23:44et puis après, vous les formez dans l'entreprise.
23:46Oui, oui, et c'est important pour ça que l'industrie ouvre ses portes
23:50pour que les jeunes puissent se projeter dans les usines.
23:54Heureusement, on n'est plus à la période où si tu travailles mal, tu iras à l'usine, non ?
23:58Mais il faut pouvoir encore ouvrir nos usines,
24:01montrer l'automatisme et tout ce qui peut intéresser les jeunes.
24:05J'avais vu d'ailleurs que vous aviez dit que votre souhait,
24:08un de vos souhaits importants, c'était que chaque jeune puisse connaître une expérience dans l'usine.
24:14Oui, c'est vrai. Moi, je suis tombée dedans quand j'étais petite.
24:17Vous avez toujours vécu comme ça ?
24:18Oui, moi, c'est normal. L'industrie, c'est très familier.
24:22C'est votre vie.
24:23Oui.
24:24Alors, ça, c'est un premier défi, donc c'est la transmission de compétences, donc ça, d'accord.
24:28Après, il y a d'autres défis, sans doute.
24:30Alors, un autre défi, je dirais,
24:33de sensibiliser au marché français certaines de mes activités,
24:39puisqu'on est très dépendant du marché français.
24:41Donc, on se donne les moyens pour ça.
24:45On est en train de développer, pour l'activité revêtement de sol,
24:49on est en train de développer beaucoup l'Amérique du Nord, l'Angleterre, mais également la Chine.
24:53Voilà.
24:54Ça, c'est un défi qui est en cours d'exportation.
24:58Et sinon, en termes de défis, je vois aussi un défi pour la filière.
25:03Je me suis beaucoup engagée ces dernières années pour la filière bois.
25:07Et on est dans cette période où la forêt est très mal menée par tout ce qui est dérèglement climatique.
25:17Mais en même temps, on a la filière bois, forêt-bois, un rôle très important à jouer dans la transition écologique,
25:25dans la stratégie française énergie-climat,
25:28où en fait, on a la chance de transformer des arbres qui captent le carbone en charpentes, parquets, meubles.
25:39Et en fait, nous, on va le stocker.
25:41Notre filière va stocker ce carbone dans le bois sur une longue période.
25:47Et donc, on a un rôle très important à jouer,
25:49tout en ayant des difficultés avec une forêt qui est malade dans certaines régions,
25:57de par les dérèglements climatiques, la sécheresse.
26:00Donc, c'est un défi que la filière est prête à relever.
26:03Et je me suis beaucoup engagée ces dernières années dans la filière.
26:11J'avais été frappée, quand on a discuté ensemble dans l'émission,
26:14j'avais été frappée par la passion que vous avez pour le bois.
26:16Et finalement, le bois, pour vous, c'est un matériau qui répond à votre préoccupation justement de développement durable.
26:23Oui. Alors, cette préoccupation-là, elle est là depuis longtemps.
26:28Et c'est vrai que nous, nous transformons des panneaux.
26:32Et en fait, le panneau, qu'est-ce que c'est ?
26:34C'est les déchets de la forêt qu'on agglomère.
26:36Et donc, depuis toujours, on a ça.
26:40On utilise nos déchets depuis les années 80 pour nous chauffer,
26:43pour avoir de la chaleur dans nos process de fabrication.
26:49Ça, c'est depuis les années 80.
26:51Donc, on est très en avance comme filière.
26:53Et donc, il faut qu'on continue dans ce sens.
26:56Bon, écoutez, on va s'arrêter sur ce message plein d'espoir d'ailleurs,
27:01parce que vous allez pouvoir développer.
27:03Donc, merci beaucoup pour ce témoignage.
27:05Merci à vous.
27:06Notre émission est terminée.
27:08Donc, merci de l'avoir écoutée.
27:10Et puis, permettez-moi de dire, vive les entrepreneurs.
27:13Merci.