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Xerfi Canal a reçu Paul Jorion, anthropologue, économiste, psychanalyste, chercheur en IA, pour parler du talon d'Achille de ChatGPT.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Paul Jourion. Bonjour Jean-Philippe Denis. L'avènement de la singularité,
00:12l'humain ébranlé par l'intelligence artificielle. Paul Jourion, nous sommes à l'heure de la
00:17singularité. On va en reparler, de ce que signifie le mot singularité. Et vous me dites,
00:22le talon d'Achille de Chiazzipiti, c'est qu'il apprend d'un seul coup. Voilà. L'apprentissage
00:27d'un seul coup. Voilà. C'est-à-dire qu'on prend un cliché de tout le savoir du monde à un moment
00:31donné, et on va entraîner la machine là-dessus. Ça va être ce qu'il appelle ces données de
00:36formation, pre-training. Voilà, c'est ça. Mais c'est un cliché. C'est un cliché d'une époque.
00:43Alors après, on lui donne le moyen d'aller regarder sur l'internet ce qui se passe par la suite,
00:47etc. Mais sinon, son savoir de base, ça va être effectivement le corpus sur lesquels,
00:53les données sur lesquelles il a appris. Et il peut apprendre, dans une discussion qu'on peut
00:58avoir avec lui, il va apprendre des choses. Mais ça ne va pas être intégré dans son véritable
01:03savoir. La firme OpenEA, il va enregistrer tout ça. Et la prochaine fois qu'on va l'entraider,
01:09ça fera partie du corpus. Mais il n'apprend pas en continu. C'est l'inverse de ce que nous faisons
01:15nous, en tant qu'être humain. On apprend en premier mot quand on est tout gosse. J'ai parlé
01:21de Jacobson tout à l'heure. Il a écrit un fameux article « Pourquoi papa et maman ? ». Maman,
01:27parce que c'est le seul son qu'on peut faire quand on est en train de téter. Et quand on essaie,
01:32par la suite, de faire quelque chose, quand la bouche n'est pas occupée, on peut dire « Papa,
01:37c'est la même chose ». Voilà, et c'est comme ça que ça marche. Mais c'est comme ça qu'on
01:41apprend. On apprend d'abord maman et puis le lait, le petit frère, etc. On apprend petit à petit.
01:47Moi, personnellement, j'avais travaillé pour British Telecom, un projet qui s'appelait
01:53Anela. En français, ça fait réseau associatif à logique et apprentissage émergeant. J'avais fait
02:02exactement de la manière dont un être humain apprend un premier mot, puis connecte à ce premier
02:07mot un deuxième mot, et puis un troisième, etc. On ne crée pas des entités un peu partout. Pour
02:14comprendre quelque chose, on doit être connecté à quelque chose qu'il sait déjà. Et le réseau va
02:18grandir de cette manière-là. Et comment est-ce qu'il connecte ? Quelle est la dynamique ? Là,
02:22ce n'est pas du tout l'ordre statistique, c'est l'émotion. C'est une dynamique d'affect. Et
02:29c'est pour ça que j'ai pu recycler, je dirais, dans mon travail d'intelligence artificielle,
02:32la formation de psychanalyste que j'avais à ce moment-là. Et ça devient tout à fait d'actualité.
02:37Et c'est pour ça qu'avec un ami, on a créé une petite firme qui s'appelle Pribor. Le nom
02:42Pribor, ça a l'air très technique, mais c'est simplement le nom de la ville où est née Freud,
02:46en Tchécoslovaquie, à l'heure actuelle. Et ce que nous faisons, nous, alors que ces systèmes LM,
02:52ce sont des systèmes qu'on appelle top-down, on crée un immense machin et on redescend vers le
03:00détail. Nous, on monte comme les êtres humains, on monte du départ et on monte petit à petit.
03:05C'est beaucoup plus économique. On n'est pas habitué de mettre des milliards de dollars
03:09pour commencer. On peut commencer avec des moyens tout à fait petits, mais on va grandir.
03:14Et l'avantage, c'est qu'on a une explication de comment les mots sont associés. L'explication,
03:19c'est l'émotion. Et la preuve, c'est que la machine redécouvre l'émotion quand elle est
03:23suffisamment grande. L'avènement de la singularité, l'humain ébranlé, c'est le moins qu'on puisse
03:30dire. Par l'intelligence artificielle et l'édition textuelle. Merci Paul Jurion.
03:33Merci à vous.

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