Xerfi Canal a reçu Jean-Fabrice Lebraty, professeur agrégé des universités, iaelyon school of management, pour parler de ChatGPT en procès.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Bonjour Jean-Fabrice Sévrati. Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:10 Jean-Fabrice Sévrati, vous êtes professeur agrégé des universités, professeur à l'IAE Lyon School
00:15 of Management et vous dirigez le centre de recherche Magellan, qui est le centre de recherche de l'IAE
00:19 Lyon. Tiajipiti en procès. Le procès Tiajipiti, article dans Management Data Science avec Cécile
00:26 Godet et Marc Bidan, article génial, qui est un article écrit au tout début, c'est-à-dire quand
00:32 Tiajipiti 3.5 commençait et entre temps vous avez eu le 4 quoi, en gros, pendant l'écriture de
00:38 l'article. Donc le procès, alors d'abord évidemment j'ai envie de dire, parce que le titre est génial,
00:42 pourquoi avoir choisi ce titre, c'est-à-dire si je reprends Tiajipiti, étudiants et professeurs
00:48 sont-ils vraiment félins, f-e-l-i-n-s pour l'autre, félins pour l'autre. Alors félins, c'était un jeu
00:56 de mots qui était entre nous, mais c'est assez amusant parce qu'aujourd'hui même Mistral AI,
01:01 qui est une belle entreprise française en intelligence artificielle, sort un concurrent
01:07 de Tiajipiti et ils ont appelé ce concurrent le chat. Donc on reste toujours du côté des félidés
01:12 et donc ce titre un peu provocateur et humoristique reste d'actualité, même si
01:22 aujourd'hui il y a une foison de modèles. On voit dans les différents classements sur Greenface,
01:28 il y a un grand grand nombre de modèles qui sont apparus. On voit aussi dans les émissions de
01:32 Underscore, Underscore, c'est un jeune youtubeur assez talentueux et on est face à une explosion
01:39 que moi-même j'aurais jamais imaginé. Alors idée excellente du papier, c'est l'idée du procès.
01:45 Voilà pourquoi avoir choisi la forme du procès finalement pour traiter du cas Tiajipiti et de
01:50 l'impact de l'IA générative. A l'instar d'autres technologies, ça c'est le privilège un peu de
01:56 l'âge, je peux le dire quand l'internet est arrivé, quand Wikipédia est arrivé, il y a toujours une
02:02 sorte de position de défiance au début, une position accusatrice. Donc on s'est dit une
02:06 accusation, un procès, mais dans un procès il y a certes un accusateur mais il y a aussi un défenseur
02:11 et puis un juge. Bon alors on va aller voir le verdict à la fin, le juge, mais avant on va passer
02:18 à l'accusation. Donc Tiajipiti en accusation, les arguments. Tiajipiti en accusation, il y a deux
02:23 grands axes d'accusation. Le premier axe, le premier argument réside dans ça y est la machine
02:34 remplace l'homme et donc la machine remplace l'homme au niveau physique, au niveau même
02:41 énergétique puisque la consommation énergétique est liée à l'utilisation de ces technologies
02:48 et supérieure à la consommation énergétique par exemple de l'industrie agroalimentaire. Donc il y a
02:55 une idée de remplacement de l'homme par la machine et le deuxième argument se situe lui au niveau
03:03 cognitif, au niveau de la pensée, pour deux raisons, une raison de vraisemblance et une raison aussi de
03:11 facilité. L'humain se rend. L'humain est paresseux et donc finalement il se laisse mener par le bout du nez.
03:19 Il se laisse mener par le bout du nez et il en perd toute capacité à générer des
03:24 alternatives. Et d'ailleurs je fais une petite parenthèse sur cette notion de procès et
03:29 d'accusation. Dans le magazine Wired de ce mois-ci, il y a un petit test à la fin du magazine qui est
03:38 trouver en six mots, décrire en six mots une histoire qui représenterait un procès contre
03:45 l'intelligence artificielle. Je vais juste dire trois, je vais les traduire en français, trois
03:51 exemples. L'IA, vous pouvez pas m'arrêter parce que je suis distribué. Deuxième chose, octet après
04:01 octet, la défense de l'intelligence artificielle est en train de s'effondrer. Et le troisième, l'IA qui
04:09 dit "je suis désolé, je savais pas qu'on pouvait pas rebooter les humains". Excellent, excellent.
04:15 Alors après l'accusation, parole à la défense justement. La défense, la défense commençait
04:20 d'une manière très pragmatique. On peut essayer d'interdire, ça ne change rien. Il y a utilisation,
04:26 que ça soit en local, que ça soit en passant par un VPN, que ça soit hors de l'enceinte
04:31 universitaire, il y a utilisation. Donc à partir du moment où il y a utilisation, comment on va
04:36 pouvoir créer des synergies ? Et à partir d'exemples, on peut voir qu'on peut créer vraiment
04:43 un partenariat entre l'enseignant et l'étudiant, partenariat médié par l'IA, dans ce cas-là par
04:50 chat GPT. On peut donc bâtir des scénarios, des études de cas et développer chez l'étudiant
04:56 une vision critique de l'IA. Vous dites entre étudiant et enseignant, mais on pense aussi en
05:02 situation d'entreprise, sur des tâches etc. Comment on peut se coacher, être coaché et interagir avec
05:09 la machine. Et c'est d'ailleurs, le marketing l'a bien compris, le marketing de Microsoft l'a
05:14 bien compris, puisque leur IA, il l'appelle copilote. Voilà, tout est dit. Alors le verdict,
05:19 alors le juge qu'est-ce qu'il nous dit ? D'une manière assez diplomatique, le juge dit déjà que
05:27 dans le cas que l'on traitait de chat GPT, chat GPT n'est pas responsable. D'abord parce qu'il y a
05:34 un décalage temporel entre le moment où on juge une IA et la version qui est à ce moment-là. On
05:39 a vu les 3.5, 4, 4 turbo et ça va très vite. Et bientôt 5. Donc on a toujours un procès de retard.
05:46 Donc l'IA actuelle qui est jugée n'est plus celle qui est en service. Donc elle n'est pas
05:52 responsable. Merci Jean-Fabrice. Merci Jean-Philippe Denis.
05:55 Merci.