• il y a 2 mois
Xerfi Canal a reçu Jean Moussavou, professeur à Excelia Business School, pour parler de ChatGPT dans la rédaction scientifique.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Jean-Moussavou.
00:10Bonjour Jean-Philippe Denis, merci de me recevoir.
00:12C'est un grand plaisir Jean-Moussavou.
00:14Nous allons discuter ensemble d'un papier que vous avez publié dans Management & Data Science.
00:17Vous êtes professeur à Excelia Business School
00:19et vous avez été directeur de la recherche de Brest Business School.
00:22Vous avez été confronté au sujet très concrètement.
00:26Tchadjipiti dans la rédaction scientifique des perspectives prometteuses des préoccupations légitimes.
00:31C'est le titre de votre papier.
00:32Perspectives prometteuses, préoccupations légitimes.
00:35Pour faire simple,
00:36un chercheur est évalué sur sa capacité à produire des articles scientifiques, notamment.
00:42Donc scientifiques, c'est-à-dire dans des revues scientifiques.
00:46À partir du moment où arrive l'IA génératif, c'est ce que vous nous dites,
00:49ça veut dire que l'IA écrit toute seule.
00:51Donc se pose une première question,
00:53comment les chercheurs vont se saisir de Tchadjipiti ?
00:56Est-ce que ça va être autorisé ou pas ?
00:58Et comment les revues vont réagir ?
01:00C'est là où vous nous dites, d'abord, il y a des perspectives prometteuses.
01:04Si le chercheur utilise l'IA avec éthique et responsabilité,
01:10l'IA peut être un outil précieux dans l'exploration
01:15et la compréhension des connaissances disséminées de part et d'autre dans le monde entier.
01:20Mais si le chercheur se fie aveuglement à l'IA,
01:24cela pourra aboutir à des comportements contraires à l'éthique scientifique.
01:29Alors, ce que vous nous dites dans le papier, très concrètement,
01:32ça veut dire que déjà, ça accélère tout le processus de recherche.
01:35Alors là, évidemment, quand on est jeune chercheur, c'est le rêve.
01:38Ça accélère tout le processus de revue de littérature, d'état de l'art sur une question,
01:43mais ça accompagne aussi d'autres moments de la recherche
01:45et c'est là qu'il faut faire aussi très attention
01:47parce que l'IA peut nous amener à halluciner.
01:52L'IA peut inventer des sources.
01:54L'IA peut, quand on l'apprend au plan de la méthode, nous amener à quelques erreurs.
02:01C'est là qu'il ne faut pas oublier qu'on est d'abord chercheur.
02:03C'est là qu'il ne faudrait pas oublier qu'on est d'abord chercheur.
02:06Les revues scientifiques, d'ailleurs, ont pris en compte l'idée
02:11que l'IA pourra servir effectivement dans l'exploration de la revue de la littérature.
02:17Elle pourra servir dans l'amélioration de l'analysabilité du papier.
02:22En revanche, les parties où le chercheur peut apporter de la valeur ajoutée,
02:27c'est-à-dire l'analyse des données, l'interprétation des données,
02:34la formulation des conclusions scientifiques,
02:38ces parties-là doivent rester l'œuvre de l'enseignant-chercheur.
02:44Pour être très clair, et c'est ce qui fait tout l'intérêt de votre papier,
02:48c'est que ça fait débat quand même.
02:49C'est-à-dire que les revues les plus prestigieuses,
02:52on pense à Nature, on pense à The Lancet, etc.
02:55C'est ce que vous rappelez, on dit,
02:56Chad Jipiti ne pourra pas jamais être considéré comme co-auteur,
03:01si je résume la position des grandes revues.
03:02Ni comme auteur.
03:04Ni comme auteur, voilà.
03:05Ni comme auteur, ni comme co-auteur.
03:06Mais ça veut bien dire que le problème se pose.
03:08Et c'est un des sujets de l'IA.
03:10C'est à un moment comment on attribue la paternité du droit d'auteur aussi.
03:14Eh bien, c'est un grand problème.
03:17Un grand problème, un sujet délicat, il est vrai,
03:20concernant la paternité des textes générés par l'IA,
03:27qui sous-tendent, bien évidemment,
03:29les problèmes de quasi-IA et du droit d'auteur.
03:33Sur cette paternité, eh bien,
03:38les revues recommandent, dans leur politique éditoriale,
03:43que soient décrites tous les processus adoptés
03:53pour intégrer l'IA dans le processus de recherche.
03:58Donc, il faut de la transparence.
04:00Il faut de la transparence.
04:01C'est-à-dire que si des textes générés par l'IA
04:07ont pu être intégrés dans le papier,
04:09on a la possibilité de citer.
04:12Il est vrai que l'IA n'a pas de personnalité juridique,
04:15mais l'entité, le concepteur de l'IA peut être cité.
04:20D'ailleurs, les normes APA donnent un certain nombre de recommandations,
04:25de conseils sur comment citer une IA dans un papier.
04:29D'autant plus important que ce que vous rappelez également,
04:32c'est que l'IA ne comprend pas le contexte.
04:33Absolument.
04:34Ça, c'est absolument fondamental.
04:35Et l'IA, elle lise tout.
04:38Tout à fait.
04:39Et on en revient justement à la valeur ajoutée du chercheur,
04:42qui, bien évidemment, ne peut pas passer outre l'analyse
04:47et l'interprétation de données et la formulation
04:52des conclusions scientifiques, mais aussi managériales.
04:55Puisque nous sommes en sciences de gestion,
04:57les recommandations managériales qu'on peut prodiguer aux chercheurs
05:01sont bien évidemment importantes,
05:04parce que les sciences de gestion sont des sciences de la réflexion et de l'action.
05:07Bien sûr.
05:09Donc, en résumé, ne croyez pas, jeune chercheur, que tout va se faire par l'IA.
05:16Beaucoup de questions, beaucoup de préoccupations.
05:18Et donc, attention dans l'usage de l'IA génératif.
05:21Beaucoup de nouveaux rôles pour les éditeurs de revues
05:24qui vont devoir être d'autant plus vigilants
05:26et les paires quand ils analysent ces productions.
05:30Et j'ai envie de dire un sujet qui n'est pas spécifique au monde académique.
05:34Le journalisme, c'est exactement la même chose.
05:35C'est les mêmes questions.
05:37Et quand on voit qu'OpenAI a signé un partenariat avec le monde
05:42ou avec le Financial Times aujourd'hui,
05:44on se dit qu'il faut surveiller très attentivement ce qui va se passer.
05:46Tout à fait.
05:47Merci beaucoup Jean-Moussavi.
05:49Merci à vous.

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