Aujourd'hui, dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la colère des maires face à leurs conditions de travail et l'impossibilité d'agir.
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00:00Et pour les maires, mon cher Franck Louvrier, il y a beaucoup de sujets, bon, l'aménagement du territoire évidemment,
00:06il y a beaucoup d'inquiétude, beaucoup de colère aussi, on parle de celle des agriculteurs, on va l'évoquer dans un instant.
00:10C'est quoi les grands points de fixation pour vous les maires aujourd'hui ?
00:13Parler de la PTO, si on me permettait de faire la transition, mais c'est quand les maires tous, la République s'enrue,
00:18mais c'est un peu le sujet d'aujourd'hui, c'est-à-dire qu'ils sont très préoccupés d'abord par le poids de ce que leur impose l'État au quotidien,
00:26et puis ils sont préoccupés aussi par les mesures financières qui doivent être prises, qui sont une nécessité,
00:31mais qu'il faut bien sûr appliquer dans l'ensemble des budgets, et c'est pas simple parce qu'il y en a certains qui n'arrivent pas à boucler leur budget,
00:37et donc de ce fait-là, il y a une inquiétude sur ce sujet, et puis il y a aussi, je pense, une forme de fatigue républicaine chez eux, on le voit bien.
00:46C'est plus que de l'exaspération, c'est une façon ou une autre.
00:51Vous savez qu'il y a 40 maires en France qui démissionnent par mois depuis le début du mandat.
00:57On ne se rend pas compte, ça prouve bien la difficulté de cette responsabilité.
01:02Ce sont des bénévoles en très grande partie, ce sont des gens qui sont très peu rémunérés et qui font ça plus de 70 heures par semaine.
01:09Avec tous les risques. On va juste écouter le témoignage de Michel Lautier, maire de Blosac dans les Alpes-Maritimes.
01:14Lui, il déplore le mur administratif qui ne comprend pas la ruralité. Écoutez-le.
01:20Il y a le gouvernement qui essaye de gouverner, l'État qui dirige, et les maires qui subissent.
01:25Quand vous déposez un dossier, on ne regarde pas comment on peut vous arranger, on regarde comment vous le bloquez.
01:32Quand est-ce que les gens d'en haut comprendront qu'il y a la ruralité ?
01:36On représente 80% du territoire. Notre France, elle a un sens. Notre France, elle a un but. Elle a un passé.
01:45Actuellement, vous savez quoi ? On est dépassé. On est dépassé parce qu'on ne crée pas l'envie de vivre et de créer en France.
01:53Vous savez, le mur de Bernay, il est tombé. Ce qui serait beau en France et qui tombe, c'est le mur administratif.
01:59Pour François Lejeune, ça, c'est du témoignage du réel, du concret. Le mur administratif.
02:05Et puis là, vous mettez d'accord 100% des maires, quelle que soit leur étiquette politique. C'est vrai qu'à chaque fois qu'on leur tend le micro ou qu'on les interroge,
02:10on comprend qu'il y a ce problème monstrueux, qui est un problème, j'imagine, qui n'est pas que français, mais en France, il touche quasiment toute la population, quasiment toutes les catégories.
02:21C'est gravissime. Moi, j'entends aussi souvent l'organisation administrative et territoriale de notre pays qui est devenue, en fait, incompréhensible pour un certain nombre d'élus.
02:29Alors, je ne sais pas si c'est le cas.
02:31Il y a un millefeuille qui est incompréhensible pour l'ensemble des Français.
02:33Et notamment les petits maires, parce que je ne sais pas comment vous vous en sortez à la boule, mais j'imagine que vous êtes pris au sérieux par les collectivités.
02:39Non, moi, j'ai une administration et il y a beaucoup de maires qui n'ont pas d'administration et donc, de fait là, qui se débrouillent tout ça. Il y a une vraie solitude chez les maires.
02:46Naïmane Fadel.
02:47Non, mais je rejoins ce que vous venez de dire, monsieur le maire, parce que c'est vrai que les petites collectivités n'ont pas les collaborateurs, les cadres qui sont experts dans leur domaine
02:57et qui peuvent justement les alléger de cette surcharge administrative.
03:02Moi, j'avais discuté aussi avec un maire qui me disait mais pourquoi dans les sous-préfectures, on n'a pas quelqu'un qui soit chargé de cette administration pour justement alléger les maires, ce qui n'existe pas aujourd'hui.
03:14C'est la désespérance aussi face à ça.
03:15Il y a quand même un lien maire-préfet et sous-préfet qui existe et qui est de plus en plus solide.
03:21Il faut être honnête, les relations avec l'État sont généralement bonnes et même très bonnes sur certains territoires, mais c'est surtout, c'est une forme qui manque de liberté.
03:30En tout cas, le lien entre la République et la démocratie, c'était aussi la possibilité de lever l'impôt, alors qu'aujourd'hui, ils ne lèvent plus l'impôt, c'est une dotation de l'État.
03:39Donc, ils sont devenus un peu des fonctionnaires de l'État alors que la liberté locale, elle doit exister et ils doivent prendre la responsabilité aussi de lever l'impôt et de le faire quand ils le souhaitent ou quand sa population peut le faire.
03:50Il y a aussi les problèmes de sécurité qui sont omniprésents pour les maires.
03:53On va écouter Bruno Retaille, au ministre de l'Intérieur.
03:55Il s'est exprimé cet après-midi au Sénat, justement sur ces questions de violence et d'insécurité dans la ruralité.
04:01Écoutez-le.
04:03Je vous assure que quand les élus se sentent concernés, quand ils réunissent, notamment dans des comités locaux de sécurité, l'ensemble des partenaires, les policiers, bien sûr, les gendarmes, mais aussi la justice, les bailleurs sociaux, il y a des résultats.
04:17Quand on fait de la vidéoprotection, quand on a des polices municipales, quand celles-ci sont armées, il y a des résultats.
04:23Et ça, c'est important à dire.
04:24C'est l'idée que je porte et que je continuerai à porter parce que sans les élus locaux, sans les maires, nous ne pourrons rien.
04:31Et Paris ne sait pas tout.
04:32C'est la raison pour laquelle nous aurons autant de plans départementaux de restauration de cette sécurité publique qu'il y aura de départements.
04:39Mais il faudra une réponse sans doute plus large.
04:41Thomas Monnet, il est sur tous les fronts. Bruno Retailleau ?
04:44Il est sur tous les fronts et on le voit de plus en plus, justement, aborder d'autres thématiques.
04:48Mais c'est intéressant parce qu'il y aura une loi qui sera débattue à partir du mois de janvier portée par madame Gattel, justement, sur le statut de l'élu.
04:53On parle là de la protection notamment des maires parce qu'on a vu une recrudescence des actes de violence contre les élus.
05:00Ce que je trouve aussi particulièrement frappant sur le poids administratif, c'est qu'en fait, vous interrogez les maires et ils vous disent qu'il y a trop de poids administratif.
05:05Vous interrogez les agriculteurs, ils vous disent qu'il y a trop de paperasse.
05:08Vous interrogez les policiers, ils vous disent qu'on passe notre temps devant un ordinateur.
05:11Il y a peut-être un sujet auquel s'attaquer là.
05:13Bruno Retailleau, c'est un élu rural et il a un problème de délinquance, de ma région, des Pays-de-la-Loire.
05:20Mais c'est surtout qu'il y a un problème de délinquance, j'en parlais justement avec des maires hier et aujourd'hui, qui s'étale dans toutes les petites communes.
05:27C'est-à-dire que le trafic de drogue aujourd'hui, il n'est pas uniquement dans les grandes communes.
05:30Justement même, pour être tranquille, il faut plutôt aller dans les petites communes.
05:34Et donc de ce fait-là, il y a du trafic de drogue important, il y a des points de deal même parfois dans les toutes petites communes.
05:39Donc c'est très compliqué de pouvoir maîtriser l'ensemble du territoire.
05:43Parce qu'on s'aperçoit que ça explose de façon, je dirais, géographique.
05:47Et là, on ne peut plus concentrer nos forces à un endroit.
05:51Et vous dites que c'est les dealers, pour être tranquille, qui viennent dans les petites communes. C'est ça ?
05:55Non, non, non. Parfois même, ils viennent chercher leur consommation à l'extérieur des grandes villes.
06:00Parce qu'ils savent que les grandes villes, elles sont vidéoprotégées.
06:02Ils savent qu'il y a plus de policiers ou plus de gendarmes.
06:05Alors que dans les petites communes un peu plus éloignées des grands centres urbains, vous pouvez faire votre deal tranquille.
06:11Et donc c'est aussi ça la difficulté, parce que vous n'avez pas des effectifs qui peuvent couvrir l'ensemble du territoire.
06:17On discutait tout à l'heure des polices municipales et de leur armement.
06:22Alors peut-être qu'à La Baule, qui est une ville qui n'est pas pauvre...
06:26Ce n'est pas un problème de pauvreté, c'est un problème de volonté.
06:28Vous croyez ?
06:29Ah oui.
06:30Je vous dis, c'est très simple.
06:31Il n'y a pas des villes qui ont très peu de moyens pour organiser une police municipale ?
06:35Non, ce n'est pas le sujet. Parce que vous savez, il y a deux ans, ma police municipale est venue me voir.
06:40Et elle m'a dit, voilà, il faut que vous nous protégiez, monsieur le maire.
06:43Et donc, vous devez nous doter d'armes létales.
06:46C'est-à-dire d'armements, d'armes qui peuvent avoir de la balistique tirée.
06:52Alors qu'ils avaient déjà des tasers.
06:54Donc j'ai fait passer au conseil municipal, à la majorité, où nous avons accepté qu'ils soient dotés d'armes létales.
07:00Et depuis un an, ils sont dotés d'armes létales.
07:02Mais vous me direz, c'est un problème de volonté.
07:05Parce que d'abord, il y a peu de policiers municipaux dans les petites communes.
07:09Et parfois même, c'est les gendarmes.
07:11Mais ce coup-là, c'est un choix que l'on fait.
07:15Et puis parfois, la politique, c'est de faire des choix, c'est de décider.
07:19On ne met plus sur la sécurité, ce qui est mon cas.
07:22Je mets beaucoup sur la sécurité.
07:24Et je suis très prudent là-dessus parce que je sais très bien que
07:27même si on a toujours le sentiment de sécurité dans certaines communes,
07:31les problèmes, ils arrivent et que la sécurité permet.
07:34Et l'insécurité, elle est perméable.
07:36C'est-à-dire qu'elle passe les frontières à des communes.
07:38Absolument. Mais est-ce que ça ne déresponsalise pas l'État
07:41en ce qui concerne les effectifs de policiers ou de gendarmes ?
07:44La réalité des choses, c'est qu'il y a des polices municipales
07:46aujourd'hui en France.
07:47Il y a des gendarmes et des policiers.
07:49Ces polices municipales, elles ont une raison d'être.
07:51C'est de la police de proximité.
07:53Mais comme c'est de la police de proximité,
07:55c'est souvent les primo-intervenants.
07:57Et quand c'est les primo-intervenants, c'est parfois eux qui arrivent
07:59sur le phénomène de délinquance en premier.
08:02Et vous savez, la délinquance, elle ne fait pas le tri
08:05entre ceux qui sont armés et ceux qui ne le sont pas.
08:07Ils sont aussi violents pour les uns que pour les autres.
08:09Même parfois, sur les pompiers maintenant,
08:13on voit des pompiers se faire agresser.
08:15Il faut les protéger.
08:17Protéger ceux qui nous protègent, c'est essentiel.
08:19Justement, M. le maire, est-ce qu'aujourd'hui,
08:21à la lumière de la violence, de l'ensauvagement
08:24dans notre société, et puis ce que vous avez dit,
08:26parce que moi, je l'ai remarqué il y a une dizaine d'années,
08:28avec ce déplacement de ces dealers qui vont dans les petites communes
08:31pour être tranquilles, est-ce qu'il ne faut pas revoir
08:34la police municipale pour que les communes soient dotées,
08:37même les petites communes, d'une police municipale ?
08:41On va dire les choses armées pour faire face à ces délinquants,
08:44mais qu'ils soient financés finalement par l'État.
08:46D'abord, il y a plusieurs façons d'aborder le sujet.
08:49Vous pouvez l'aborder de façon intercommunale.
08:52Quand vous avez un centre de surveillance sur 20 pour mettre,
08:54par exemple, vos caméras de vidéoprotection,
08:56vous pouvez le faire à l'échelle intercommunale.
08:58Vous ne pouvez pas le faire uniquement à l'échelle communale.
09:00Parce qu'une petite commune, elle n'a pas besoin d'avoir
09:02un centre de surveillance sur 20.
09:03Par contre, vous pouvez le mutualiser avec plusieurs communes.
09:05Le fait est que, aujourd'hui, la police municipale,
09:10c'est un recrutement qui est compliqué parce que vous avez,
09:12malheureusement, près de 35 000 communes
09:14qui veulent recruter des policiers municipaux.
09:16Donc, il faut que l'État nous aide aussi
09:18pour former plus de policiers municipaux.
09:20Et puis, ce qui est essentiel, et à mon avis,
09:23il faut nous donner plus de moyens techniques et technologiques.
09:27C'est-à-dire, par exemple, regardez la police municipale.
09:30Elle ne peut pas avoir accès au fichier d'immatriculation des véhicules.
09:35Elle ne peut pas fouiller un coffre de véhicules.
09:38Donc, tout ça, il faut, à tout prix,
09:40nous laisser plus de possibilités.
09:42Bien sûr, parce que, d'abord, c'est du travail en moins
09:44pour la police nationale.
09:45Et puis, le fait est, c'est qu'ils ont besoin de ces outils au quotidien.
09:47Allez, Franck Louvrier est notre invité.
09:49On fait une petite pause.
09:50On se retrouve dans un instant sur CNews et Europe 1.
09:52On parlera du statut d'une autre élue députée.
09:55C'est Marine Le Pen qui a contre-attaqué,
09:57après des réquisitions très sévères contre elle,
10:00notamment avec une inégibilité exécutoire.
10:02On parlera aussi du procès de Pierre Palmade
10:04et de ce qui se passe du côté des agriculteurs.
10:06A tout de suite.