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https://www.arcom.fr/actualites/troisieme-journee-detudes-de-larcom-presentation-des-travaux-des-chercheurs-sur-les-medias-audiovisuels-et-numeriques

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00:00Et je voulais d'abord remercier les organisateurs pour cette journée
00:13d'études stimulantes.
00:15Et avant d'aller plus loin, je voudrais d'abord revenir sur
00:19la notion d'éducation aux médias et à l'information.
00:22Je ne doute pas que vous avez une idée de ce que ça recouvre,
00:24mais l'EMI est un drôle d'objet, d'abord parce que c'est une
00:27moving target ou cible mouvante, pour reprendre les mots de
00:30l'universitaire américaine René Hobbes, et d'abord aussi parce
00:34que l'éducation aux médias désigne trois réalités.
00:36C'est à la fois un domaine de pratique pédagogique,
00:39un domaine de politique publique et enfin un domaine de recherche
00:42rattaché explicitement en France aux sciences de l'information
00:44et de la communication.
00:46Et depuis sa première définition, en 1973, l'éducation aux médias
00:51n'a cessé d'évoluer et son domaine de s'étendre.
00:53Aujourd'hui, avec l'éducation aux médias et à l'information,
00:57il est question, comme le résume Laurence Coroy, d'apprendre à
01:00hiérarchiser l'information, de construire sa propre opinion,
01:04déconstruire les stéréotypes et être conscient du poids des médias
01:07dans la société.
01:08Et l'EMI revendique l'objectif global, selon Sophie Géel,
01:12j'en pense à elle, et Alexandra Semer, d'engager l'esprit
01:16critique, de mettre en mouvement la citoyenneté et de faire advenir
01:20des processus d'individuation et de responsabilisation.
01:23Et oui, rien que ça, mais je vous rappelle qu'on est quand même
01:25passé de l'ORTF à TikTok.
01:28Et les journalistes, dans tout ça, les journalistes sont engagés
01:31dans l'éducation aux médias et à l'information depuis longtemps,
01:34notamment via le CLEMI, le Centre pour l'éducation aux médias
01:37et à l'information, que je ne vous présente pas,
01:39et sa SPME, sa Semaine de la presse et des médias,
01:41qui a été initiée en 1989.
01:44Mais la mobilisation devient réellement collective,
01:47la mobilisation de la profession.
01:49Après les attentats de 2015 contre Charlie Hebdo,
01:51de nouvelles initiatives se sont mises en place dans la foulée
01:54de ces événements, et la directrice de la stratégie
01:57et de développement de l'EMMI à France Télévisions,
01:59qui a changé depuis, mais quand je l'avais interrogée,
02:02associe ces événements au point de départ d'une prise de conscience
02:05de la nécessité d'éduquer aux médias et à l'information
02:08pour la profession.
02:09Alors, après ces événements, des associations ont vu le jour,
02:12comme FECOF, qui regroupe des journalistes de l'audiovisuel,
02:15et des structures existantes ont constaté un regain d'affluence,
02:20l'Association Entre les Lignes, par exemple, qui regroupe
02:22des salariés des groupes Le Monde, AFP et Contexte,
02:25a vu ses effectifs doublés, passant alors de 40 à 80 personnes,
02:28et aujourd'hui, on est autour de 260 personnes,
02:30membres de cette association.
02:32Et en parallèle, l'EMMI est inscrite à l'agenda politique.
02:35Elle est perçue, je cite, comme un rempart protectionniste,
02:38et même élevée au rang de priorité du ministère
02:40par la ministre de l'Education nationale de l'époque,
02:43Najat Vallaud-Belkacem, en juin 2015.
02:45Le terrorisme et les attentats sont associés
02:48au danger d'embrayadement de la jeunesse sur les réseaux sociaux,
02:51et l'EMMI est invoquée comme une panacée aux théories du complot.
02:55On voit que l'EMMI est devenue un enjeu pour la profession,
02:58et les motivations la poussant à s'impliquer sont nombreuses,
03:01mais ce n'est pas le sujet de cette communication.
03:05Ma thèse porte donc sur le rôle et la place des journalistes
03:07dans l'éducation, aux médias et en information,
03:09et pour cette communication, j'ai choisi de répondre à 2 questions.
03:13Que font les journalistes et les médias de l'audiovisuel
03:16lorsqu'ils s'engagent dans l'EMMI,
03:17et comment les initiatives des acteurs journalistiques
03:20ont-elles évolué avec l'apparition de la part collective
03:23du passe-culture introduite en 2022
03:26et le développement d'un marché de l'EMMI ?
03:30Pour répondre à ces interrogations,
03:32je m'appuie sur un matériel empirique
03:33récolté dans le cadre de mon travail doctoral.
03:36L'enquête repose sur des entretiens semi-directifs
03:39réalisés entre juin 2023 et octobre 2024,
03:43et qui ont pour but de recenser et analyser
03:45les actions d'EMMI existantes ou envisagées,
03:48ainsi que les stratégies déployées dans ce cadre
03:50par les différents acteurs.
03:51Ces acteurs, qu'il s'agisse de professionnels journalistes
03:55engagés en leur seul nom propre dans ce type d'activité,
03:57de journalistes engagés dans une association
03:59regroupant des journalistes,
04:01ou enfin de professionnels engagés via leurs médias.
04:04Et je me concentre sur les principaux médias
04:07d'information généralistes,
04:08publics et privés, nationaux ou locaux,
04:10presse écrite et audiovisuelle,
04:12mais médias dits mainstream.
04:14En parallèle de ces entretiens,
04:16j'ai également constitué un corpus
04:18qui recense les productions de ces médias
04:20et de ces associations relatives à leurs propres activités d'EMMI,
04:24corpus complété par des documents internes
04:26collectés auprès de mes interlocuteurs
04:28et des rapports, comme ceux de l'ARCOM
04:30ou d'autres nombreux rapports existants sur le sujet.
04:35Cette communication restitue les principaux résultats
04:37de cette enquête de terrain en trois temps.
04:39Je vais d'abord vous montrer en quoi l'EMMI,
04:41telle qu'elle est pratiquée par les acteurs journalistiques,
04:43est avant tout de la Journalistic Media Education,
04:46de l'éducation journalistique aux médias,
04:48telle que la décrit Jacola.
04:50Dans un second temps, je décrypterai les spécificités
04:52des médias audiovisuels.
04:54Et enfin, j'évoquerai comment les médias audiovisuels
04:57se tiennent à ce stade encore à l'écart du marché de l'EMMI
05:00qui émerge suite à l'éruption du passe-culture.
05:05Alors, Mariette Jacola s'est intéressée
05:07aux acteurs journalistiques finlandais.
05:10Elle a défini la Journalistic Media Education,
05:12l'éducation journalistique aux médias.
05:15Et pour elle, cette JME englobe les activités
05:18dans lesquelles le journalisme constitue l'objet de l'enquête
05:20et de l'apprentissage.
05:21Et les acteurs journalistiques sont les médiateurs
05:24de cette connaissance.
05:25Donc, elle décrit cette JME comme une tentative de restaurer
05:28l'autorité et la légitimité du journalisme en établissant
05:31une frontière qu'il distingue du non-journalisme
05:34ou du journalisme de mauvaise qualité.
05:36Donc, elle définit trois types de JME que je reprends
05:39en les adaptant afin de montrer comment ils peuvent effectivement
05:42englober les activités menées par les journalistes
05:45et les médias français.
05:46Donc, on a d'abord la JME sur le journalisme,
05:49que j'ai appelée une éducation à minima,
05:51montrer les coulisses du métier, et qui repose sur l'idée
05:54que le public a besoin d'être informé des coulisses
05:56du journalisme, avec l'idée qu'il y a quelque chose
05:59de fascinant dans ce décor qui est généralement caché
06:01à la majorité des lecteurs ou téléspectateurs.
06:04Et ça passe par des visites de rédaction ou des conférences.
06:07Ensuite, le deuxième type, c'est la JME dans le journalisme.
06:11Moi, j'ai appelé ça donner un sens pédagogique, les ateliers JME,
06:14et ça désigne les activités dans lesquelles les journalistes
06:17ajustent le journalisme pour le rendre pédagogique.
06:19Cette catégorie correspond aux différents ateliers EMI organisés
06:24qui peuvent se dérouler sur une ou plusieurs séances et portent
06:27sur des thématiques spécifiques et souvent sur des thématiques
06:31comme la vérification, la manipulation de l'information,
06:33les fake news.
06:34Enfin, la dernière catégorie, c'est la JME via le journalisme,
06:38et j'ai appelé ça les mains à la pâte éduquées par une production
06:40médiatique à toc.
06:42Et ça concerne les pratiques lors desquelles les journalistes
06:45invitent le public à devenir coproducteur de journalisme et
06:48à acquérir des compétences journalistiques, que ce soit via
06:51la fabrication d'un journal, d'un podcast ou d'une émission radio.
06:55Alors, mes premiers résultats me permettent de distinguer trois
06:58spécificités propres aux médias audiovisuels.
07:01La première, c'est que par rapport aux trois types de pratiques
07:04d'EMI évoquées plus haut, les médias audiovisuels pratiquent
07:07clairement en majorité le premier type.
07:09Et donc, les visites de rédaction accompagnées de conférences ou
07:12d'échanges avec les journalistes sont la forme la plus basique de
07:15l'éducation aux médias pratiquée par les acteurs journalistiques.
07:18Et à ce stade, tous les médias audiovisuels sollicités organisent
07:22ce type de visites qui permettent de découvrir leurs locaux et,
07:25à travers eux, le fonctionnement de leurs rédactions.
07:27Par exemple, les Mercredis de l'Info en vrai de BFM qui sont
07:31organisés tous les premiers mercredis du mois depuis septembre 2022.
07:34Ça dure 2h30, c'est sur inscription et vous avez
07:38un parcours initiatique pour découvrir les locaux et le travail
07:41des journalistes et des autres acteurs de la chaîne.
07:45On peut aussi évoquer les Tours de France menés à la fois par BFM
07:50et par France Télévisions ou même TF1, le groupe TF1, même si le
07:53groupe TF1 n'utilise pas ce nom-là pour ses rencontres.
07:56Ces initiatives qui portent parfois le même nom désignent des
07:59réalités qui, en fait, sont différentes.
08:01Par exemple, dans le cas de BFM, il s'agit de conférences,
08:04projections, débats d'une durée de 2h face à un public varié.
08:07Et pour France Télévisions, son Tour de France de l'éducation
08:10aux médias, c'est des rencontres sur deux jours dans différentes
08:13villes de France avec un jour réservé aux enseignants,
08:16le second aux élèves et une projection en soirée entre les deux
08:18pour le grand public.
08:20On trouve aussi des ateliers d'EMI qui correspondent au deuxième type
08:24de JME, mais globalement,
08:28quasi pas d'accompagnement à la production médiatique qui était
08:32le troisième type de JME évoqué tout à l'heure.
08:36Deuxième spécificité des médias audiovisuels,
08:39c'est que leur engagement est récent et notamment par rapport à celui
08:42de la presse écrite en général et de la presse quotidienne régionale
08:45en particulier.
08:46Et cet engagement plus récent est donc à ce stade plus limité.
08:51Évidemment, ils sont impliqués depuis longtemps dans la semaine
08:53de la presse comme je l'évoquais tout à l'heure, mais ils vont plus
08:56loin et s'engagent davantage seulement depuis fin 2022.
08:59Vous voyez qu'on est sur quelque chose de vraiment récent.
09:01Tout le monde évoque à la fois les intéressés et les autres,
09:05le devoir d'exemplarité du service public, mais on voit que les pratiques
09:09et les effectifs de journalistes mobilisés restent limités.
09:12Par exemple, sur le groupe TF1, on est entre 10 et 20 journalistes
09:16mobilisés sur des actions d'éducation aux médias sur 571 titulaires
09:21de la carte de presse quand même.
09:22On voit, et c'est à peu près représentatif de l'ensemble
09:25des médias audiovisuels.
09:27Autre petite spécificité et difficulté, c'est que personne ne
09:30sait exactement qui fait quoi.
09:32Même les propres médias ne savent pas combien de leurs journalistes
09:34interviennent en éducation aux médias.
09:36C'est parfois à moi d'aller faire le travail des groupes.
09:40Ce n'est pas facile.
09:42Et enfin, troisième aspect, et c'est peut-être une conséquence
09:46justement des deux premiers, c'est qu'on constate l'existence
09:49de nombreux partenariats entre les médias audiovisuels et les médias
09:52de presse écrite, notamment la PQR ou la presse jeunesse, dont les pratiques
09:56en éducation aux médias sont plus anciennes, avec comme l'idée
09:59de s'appuyer sur l'expérience de ces professionnels en matière
10:02d'émis.
10:03Je peux citer l'exemple des webinaires organisés par France Info
10:07avec les médias du groupe Bayard Jeunesse à Strapi et au Capi,
10:09qui ont lieu régulièrement.
10:14Le développement des pratiques d'émis de l'ensemble des journalistes
10:17s'explique aussi par l'émergence d'un marché.
10:20Le lancement du passe-culture, et plus spécifiquement de sa part
10:23collective, vient renforcer un mouvement déjà largement engagé
10:26depuis 2015 de financement par les pouvoirs publics d'action d'émis.
10:30Pour rappel, en quelques mots, le passe-culture part individuel
10:33a été lancé en mai 2021.
10:35Il visait à renforcer les pratiques culturelles des jeunes en leur
10:38permettant de bénéficier d'un crédit en fonction de leur âge.
10:40Il a été critiqué pour sa vision consumériste de la culture et donc
10:43complété par le passe-culture en partie collective en janvier 2022.
10:51Et pour chaque jeune génère un crédit, on est à peu près autour
10:56de 800 euros par classe et par année scolaire, et ensuite charge
10:59à l'établissement, aux équipes pédagogiques, de choisir parmi
11:02des offres référencées.
11:03Et parmi ces offres en matière d'éducation artistique et culturelle,
11:06on trouve de l'éducation aux médias.
11:08Et une des hypothèses qui se vérifie grâce à mon travail de terrain,
11:12c'est que ce passe-culture, et plus précisément sa part collective,
11:15transforme en profondeur la manière dont les acteurs journalistiques
11:18investissent l'éducation aux médias, en mettant fin au modèle historique
11:22du bénévolat et en devenant une aubaine économique dans une profession
11:26en voie de précarisation.
11:27Alors, en 2023 et 2024, on voit que presque 7 000 opérations
11:32d'émis ont été réalisées pour un budget de 4 millions d'euros.
11:35C'est un chiffre que je vous livre en exclusivité et il a été très
11:37difficile à obtenir.
11:39Ça représente 7,2 % du budget total de la part collective.
11:44Ça a vocation à augmenter cette part.
11:47Ce nouveau dispositif crée un appel d'air en matière d'offres
11:50d'activités d'émis proposées par les associations, les journalistes
11:54pigistes et même par les médias.
11:56C'est ce que me dit, par exemple, Tristan Goldbraun de l'association
11:59La Chance, dont près de la moitié de l'activité désormais passe par
12:03cette part collective du passe-culture et cette association,
12:05pour info, fait intervenir 203 journalistes en éducation aux médias.
12:09Le développement de ce marché représente une aubaine économique,
12:13principalement pour les journalistes pigistes qui ont vu leurs
12:16ressources diminuer ces dernières années avec la précarisation
12:18du métier.
12:19Les travaux sur ce domaine sont nombreux, j'en ai cité quelques-uns
12:22parce que si le nombre de journalistes titulaires de la carte
12:24de presse délivré par la commission de la carte d'identité des
12:27journalistes professionnels a presque triplé en 40 ans,
12:30près de 25 % d'entre eux sont salariés à la pige ou en CDD et donc
12:34dans un contexte de dégradation de l'économie de la presse,
12:37cette nouvelle source de revenus apparaît comme non négligeable.
12:42Mais les médias audiovisuels, à ce stade, se tiennent encore à
12:45l'écart du marché naissant de l'éducation aux médias.
12:47Bien souvent, ils ne connaissent pas ou très peu le dispositif du
12:51passe-culture et encore moins la part collective du passe-culture,
12:54un certain nombre de mes interlocuteurs, parfois haut placés,
12:57m'ont demandé quelques précisions et de leur expliquer comment ça
13:00fonctionnait.
13:01Alors, ils ne s'en sont pas encore emparés,
13:02ils ne s'en sont pas emparés, pas encore, peut-être que ça viendra
13:06et leurs initiatives restent donc basées sur le bénévolat et effectué
13:09dans la plupart des cas sur le temps personnel des salariés,
13:12même si, dans quelques exceptions près, quand il y a des visites,
13:15etc., ils sont sollicités et donc évidemment, c'est sur leur temps
13:17de travail dans ces cas-là.
13:19Mais ce qu'on peut noter, c'est que si en tant que médias,
13:21ils ne sont pas impactés directement à ce stade par ce marché,
13:25leurs journalistes, notamment précaires, pigistes, CDD,
13:28se positionnent sur ce sujet et c'est l'exemple que j'évoquais tout
13:32à l'heure de l'association FECOF qui regroupe uniquement des
13:34journalistes de l'audiovisuel et aujourd'hui, ils sont environ 80.
13:39Ils proposent des activités d'éducation média rémunérées.
13:43Et en conclusion, je suis totalement dans mon temps, deux questions
13:46que je me pose et que je vous pose afin d'engager le débat.
13:50Quelle place accordée au sein de la profession pour l'éducation
13:53aux médias et pour les rémunérations qu'elle engendre et très
13:56concrètement, quelle place pour l'éducation aux médias dans
13:58l'attribution de la carte de presse ?
14:00C'est un sujet dont la profession s'empare et en ce moment même
14:03précisément, puisque un groupe de travail a été mis en place par
14:07la commission de la carte d'identité des journalistes
14:09professionnels et on réfléchit à intégrer une part d'éducation
14:15aux médias dans l'attribution de la carte.
14:16Pour rappel, aujourd'hui, il faut avoir 50 % de ses revenus liés
14:20au journalisme pour obtenir cette carte de presse et certains
14:23syndicats proposent par exemple d'aller jusqu'à ce que 50 % de ces
14:2750 %, donc 25 % du total, puissent être des actions d'éducation
14:31aux médias.
14:32Et donc, à la fin, vous auriez par exemple 25 % d'éducation aux
14:34médias, 25 % de journalisme, le reste, ce que vous voulez,
14:37vous pourriez avoir la carte de presse.
14:38Voilà, question.
14:39Et ensuite, deuxième question, comment l'EMI peut-elle contribuer
14:43à réconcilier les journalistes et les médias avec leur public ?
14:46Et ça, c'est aussi un des aspects de ma recherche, car je travaille
14:49notamment sur le répertoire motivationnel des journalistes qui
14:52s'engagent dans l'EMI.
14:53Et ça, c'est un des sujets très fréquemment évoqués à la fois par
14:57les journalistes et par les médias quand ils commencent à se lancer,
14:59quand ils réfléchissent à des stratégies à venir.
15:03Voilà, une petite bibliographie.
15:05Et merci pour votre attention.
15:14Merci beaucoup Mariana, c'était fascinant.
15:17Et évidemment, quand on parle de nouveaux marchés et qu'on travaille
15:20pour un régulateur, on a plein de questions, mais c'est à la salle
15:24de poser ces questions.
15:25Donc, je ne sais pas si vous avez des questions pour nos intervenants.
15:30Oui, Laurence.
15:33Merci beaucoup.
15:34Laurence Pécor, évoluée de l'ARCOM.
15:36Je suis en charge du groupe de travail qui s'occupe de la protection
15:39du public.
15:39Et donc, effectivement, toutes vos interventions ont été tout à fait
15:44passionnantes.
15:45Et vraiment, là, je crois que le but du rapprochement ARCOM chercheur
15:50est tout à fait atteint.
15:51Merci à tous.
15:52Alors du coup, moi, j'ai des tonnes de questions, mais je vais me
15:55cantonner à deux.
15:58La première sur l'étude de l'influence des algorithmes TikTok,
16:03Instagram, avec une question pour savoir si vous tenez compte du biais
16:07que peut constituer le fait qu'il y a des différences dans les
16:10contenus qui sont favorisés par tel ou tel type de réseau social,
16:14au-delà de la question de l'algorithme.
16:17Et puis, je pose d'emblée ma 2e question sur la signalétique
16:22mineure, si vous le voulez bien.
16:24Effectivement, cette décision de justice est tout à fait
16:27intéressante.
16:29On va d'ailleurs sortir une étude dans quelques jours sur l'impact
16:34de la signalétique et la question de la confusion sur la pluralité
16:40des contenus.
16:41Je ne sais pas si vous avez des questions présentes dans cette
16:45étude, comme dans nos réflexions de manière générale, mais la
16:49question que je me posais, c'était de savoir si, dans la décision
16:54de justice et dans vos recherches, vous teniez compte de l'effet du
16:57biais qui est induit par le fait qu'on regarde des contenus dans
17:01une salle, c'est-à-dire avec une entrée dans la salle et le fait
17:08de regarder des contenus chez soi, ce qui, évidemment, pour nous,
17:12en tout cas, traditionnellement, a une influence sur la question
17:16de la signalétique et de l'âge.
17:18Merci.
17:21Merci beaucoup pour votre question.
17:23Effectivement, c'est tout à fait pertinent parce que, quand on
17:25s'intéresse aux réseaux sociaux, on a vraiment beaucoup d'études
17:27qui montrent que, selon le contenu, c'est-à-dire qu'on ne s'intéresse
17:30pas uniquement au temps de visionnage, mais selon le contenu,
17:32on a des effets différents sur la santé mentale.
17:35Dans l'étude qu'on a faite, on ne l'avait pas mesurée.
17:36Dans la prochaine, c'est prévu, et notamment parce qu'effectivement,
17:40on a cette similarité.
17:41Mais si on est sur des utilisateurs qui ont, par exemple,
17:43des problèmes, des difficultés mentales préexistantes,
17:47par exemple, on a eu le cas avec des troubles alimentaires et qui vont
17:51aller sur des contenus qui sont ce qu'ils veulent, c'est-à-dire voir
17:54des contenus qui vont alimenter leurs troubles, là, on va avoir
17:56un effet très délétère, alors que si on est sur du contenu
17:59plus positif, on a un effet plus positif.
18:01Donc, effectivement, c'est prévu dans la prochaine étude.
18:07Oui, pardon.
18:08Effectivement, cette question, elle est essentielle.
18:11Là, le contentieux, ce qu'il révèle, c'est quand même
18:13la terre du milieu, c'est-à-dire qu'entre la salle de cinéma
18:17et l'usage individuel, le milieu scolaire, c'est un champ
18:21d'études en soi, et au regard de la solution qui est là indiquée,
18:25ça nécessite un terrain d'exploration aussi spécifique
18:28sur la salle de classe.
18:32Bonjour, merci pour vos interventions.
18:35Nathalie Sonnax, je suis professeure à l'université.
18:37Moi, je me posais la question à Laurence Calandrier aussi,
18:39que je trouve l'étude extrêmement intéressante.
18:42Si, par exemple, on prend l'exemple de Kirikou, qui est un film sorti
18:46au cinéma aux Etats-Unis, est interdit aux moins de 18 ans
18:49parce que le petit garçon est tout nu, alors que nous,
18:51on a tous emmené nos enfants de petits âges.
18:53Comment, finalement, cette dimension culturelle est appréhendée,
18:57prise en considération dans l'étude, ou comment vous faites avec ça ?
19:02Merci.
19:03C'est une dimension qui sera, bien sûr,
19:05prise en compte et qui va être prise en compte aussi par les...
19:08Là, dans l'accompagnement qu'on va faire, par les enseignants.
19:10C'est-à-dire comment ces valeurs sont appréhendées
19:13lorsqu'ils vont mobiliser des contenus hors visa, notamment,
19:17ou pour lesquels il y a des différences de classification.
19:20Donc ça, c'est une question qui sera, bien sûr, prise en compte
19:22et qui pose la question du système de régulation.
19:26C'est vraiment derrière cette question-là
19:28que nous, nous souhaitons aussi mettre en évidence.
19:30C'est quel modèle de régulation en souhaitons-nous ?
19:33Un modèle que l'on connaît en France
19:35qui s'appuie quand même sur une supervision publique
19:38ou un accompagnement public très important
19:41ou un système d'autorégulation privée
19:43qui est valorisé par l'Union européenne,
19:46par la Commission européenne, notamment dans la mise en oeuvre
19:48de la directive Services médias audiovisuels.
19:51Donc c'est dans quoi l'étude de l'ARCOM sur cette question
19:55va être intégrée dans notre terrain d'exploration,
20:00pour savoir l'impact des scorings privés
20:03sur la compréhension des scorings publics.
20:06Clairement, aujourd'hui, quand vous posez la question,
20:08même à titre individuel,
20:10les gens ne savent pas que Netflix, Prime, Apple, etc.,
20:13ce sont des scorings qui sont privés.
20:15Donc là, on est quand même dans une démarche culturelle,
20:17effectivement, et d'acculturation
20:19sur l'origine même de ces scorings
20:23et de leur impact sur la compréhension
20:26des scorings nationaux publics.
20:31Je vois qu'il y a une autre question
20:33au fond de la salle A et devant aussi.
20:35Plein de questions.
20:36Oui. Moi, j'avais une question pour Christophe Bénavant.
20:39Vous avez envisagé l'hypothèse
20:41où le Nutri-Score deviendrait obligatoire,
20:43ce qui est l'objet d'un certain nombre d'échanges
20:45à l'échelle européenne aujourd'hui.
20:47Est-ce que vous pensez que vos conclusions seraient différentes
20:49si le Nutri-Score devenait obligatoire ?
20:55J'en ai aucune idée, c'est une question empirique,
20:57donc je n'ai pas d'a priori.
20:59Oui, très certainement,
21:03parce que le rendre obligatoire
21:06et surtout le rendre obligatoire dans les publicités,
21:08à l'affichage dans les publicités, c'est ça, je pense,
21:10le point important va poser à beaucoup de marques
21:15des problèmes d'alignement entre la qualité de leur contenu
21:18et la forme de leur discours.
21:21Ca, c'est assez évident.
21:22Et ceci dit, je trouve ce qui est intéressant dans l'hypothèse,
21:26je garde les résultats à l'état d'hypothèse.
21:29Je préfère être prudent,
21:30mais ce que je trouve assez intéressant,
21:32c'est le rôle, effectivement, de prescription
21:36de certains éléments de la société sur le travail publicitaire,
21:40qu'on a tendance à voir
21:42comme quelque chose de tout à fait exogène et indépendant.
21:47Non, ce n'est pas du tout indépendant.
21:52Oui, bonjour.
21:54Camilla Penso du Perenne.
21:56En fait, j'avais deux questions plutôt vite.
21:57La première, c'était sur l'analyse
22:01d'un échantillon des sujets sur TikTok et Instagram.
22:06Là, je me demandais, peut-être que je n'ai pas compris vos graphes,
22:11mais les barres d'erreur, j'imagine,
22:13c'était la variance de la réponse de vos sujets.
22:17Et en fait, ça me semblait que, par rapport aux barres d'erreur,
22:23il n'y avait pas vraiment de différence dans les deux plateformes.
22:25Mais après, peut-être...
22:27Et juste une autre question.
22:29En fait, sur l'étude, sur le Nutri-Score,
22:34en fait, vous avez un peu vite souligné,
22:39en fait, ce que je voudrais demander.
22:40En fait, c'était l'évaluation de l'utilisation de votre LLM
22:45pour l'identification des mots-clés.
22:51Comme vous disiez, en fait, ça change beaucoup.
22:53Ça change beaucoup si vous changez de LLM.
22:55Et voilà, je voulais un peu savoir plus
22:58si vous avez un dataset d'évaluation,
23:02si vous êtes un peu sur les processus d'évaluation de votre outil.
23:06Merci.
23:08Merci pour la question.
23:09C'est juste, il y avait des différences significatives
23:12pour chacune des variables qui ont été présentées,
23:14sauf, je ne l'ai pas dit, mais sauf la perception d'inspiration.
23:19Donc, il y avait plus de perception de jalousie sur Instagram,
23:23plus de réceptivité perçue sur TikTok,
23:26plus de similarités sur TikTok.
23:27Donc, tout était significatif au niveau des résultats.
23:32Pour la question sur les LLM, on est en cours.
23:35Donc, on est en train d'expérimenter.
23:37On n'a pas de golden set.
23:39Ou alors, il faudrait annoter...
23:41Et là, le matériel, il est quand même un peu lourd.
23:44Donc, on a fait des évaluations et des questions de coûts,
23:48de coûts qui deviennent assez importants.
23:51En tout cas, on peut compter en milliers d'euros.
23:55Et l'approche de validation, pour moi,
23:58elle est plus par une forme de validité convergente
24:01que connaissent bien les psychologues
24:03et qui vise à utiliser méthode multi-traits, multi-méthodes.
24:07Donc, mesurer plusieurs traits, mes facteurs,
24:09mes registres de discours à travers plusieurs items.
24:12Donc, il y a un grand parallèle, en tout cas pour moi,
24:14avec les approches de questionnaire.
24:16J'utilise simplement les LLM comme des annotateurs, en fait.
24:21C'est tout.
24:22Et puis, multi-méthodes, effectivement,
24:26voir dans quelle mesure le fait de changer de modèle
24:29ou de varier de prompte peut affecter les choses
24:31à ce qu'il reste une convergence.
24:33Bon, on a déjà des petits résultats,
24:35mais globalement, c'est absolument passionnant,
24:37ces techniques, mais c'est extrêmement délicat.
24:41Je rappellerai à ce propos-là, puisqu'on est là-dessus,
24:44le recours à l'intelligence artificielle,
24:46ça va être quelque chose d'assez omniprésent.
24:49OpenAI vient de publier un nouvel instrument d'évaluation
24:52des gros modèles, des very large language models,
24:56donc, chat GPT, 4, 3, 5 et compagnie,
25:01sur un... Donc, leur nouvel instrument
25:03est un ensemble de plusieurs centaines de questions factuelles.
25:07Eh bien, les résultats sont d'une clarté terrible.
25:12Tous les modèles se trompent systématiquement
25:14plus souvent qu'ils n'ont raison.
25:17Donc, sur des questions factuelles, aujourd'hui,
25:19les gros moteurs qu'on n'a pas utilisés ici,
25:22qu'on pourrait se tromper dans 40 % des cas,
25:27ont raison dans 40 % des cas.
25:30Certains modèles sont un peu plus réservés,
25:32donc, ne donnent pas de réponse.
25:34C'est le cas de Sonnet, et voilà.
25:36Donc, je crois qu'en sciences sociales,
25:38aujourd'hui, c'est une priorité,
25:39ça doit être une priorité
25:41de se lancer dans les processus de validation
25:45de ces instruments.
25:48Merci. On a peut-être le temps pour une dernière question.
25:50Dernière question. Sali, allez-y.
25:54Merci beaucoup pour cette présentation fascinante.
25:58Ma question est pour Alexandre.
25:59J'ai remarqué que votre recherche sur TikTok et Instagram
26:02était sur les utilisateurs américains.
26:05Et parce que ces deux plateformes
26:07sont aussi des plateformes de partage de vidéos
26:10avec des obligations de l'AVMSD
26:13pour protéger les mineurs de contenus nocturnes
26:15qui peuvent être nocturnes physiquement, mentalement, etc.
26:19Et maintenant, avec le DSA,
26:21il y a des choses d'autant plus risquées.
26:24Je me demande si il y a peut-être
26:27une grande différence
26:30entre la version que les utilisateurs américains
26:32et la version que les utilisateurs européens
26:34sont en train de vivre.
26:35Dans la prochaine phase que vous avez décrit
26:38avec vos groupes de tests,
26:40serez-vous encore utilisant les publics américains
26:42ou les européens ?
26:44Merci pour votre question. C'est très relevant.
26:47Nous l'avons fait parce que c'était notre premier étudiant
26:50et qu'on voulait utiliser une plateforme de partage de vidéos
26:54et qu'on n'avait pas assez d'utilisateurs européens.
26:56Donc, nous avons choisi les Américains.
26:57C'est vraiment une raison pratique, pour être honnête.
27:00Mais pour la prochaine phase, nous voulons vraiment se concentrer sur l'Europe.
27:03Et parce que nous voulons avoir plusieurs études
27:05et que certaines d'entre elles inclurent des données grandes,
27:09nous voulons se concentrer sur l'Europe.
27:10C'est quelque chose que nous allons vérifier.
27:12Et peut-être que nous verrons des différences.
27:14Je ne suis pas sûre, peut-être pas.
27:16Donc, oui, nous verrons.
27:17Merci.
27:20Merci beaucoup à tous et toutes.
27:23D'abord, aux intervenants et aux personnes
27:25qui ont posé des questions dans la salle.
27:26Il restera du temps pour les échanges.
27:28Ne vous inquiétez pas dans les moments informels.
27:31Mais voilà. Bon.
27:32Il nous reste une dernière intervention
27:35pour la matinée.
27:36Donc, merci à tous encore.

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