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Gérard-François Dumont, professeur à Sorbonne Université et président de la revue Population & Avenir, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
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00:00Il est 7h12 sur Europe 1. Très bon vendredi. Merci d'avoir choisi Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin
00:06le démographe et économiste Gérard-François Dumont.
00:09Bonjour Gérard-François Dumont.
00:11Bonjour.
00:11Bienvenue sur Europe 1. Vous êtes professeur à la Sorbonne Paris 4. Vous dirigez également la revue Population et Avenir.
00:18Alors l'INSEE Gérard-François Dumont vient de publier les chiffres définitifs des naissances pour l'année dernière.
00:24En 2023, 677 800 bébés sont nés en France.
00:30C'est presque 50 000 de moins qu'en 2022. C'est une baisse de 6,6%, soit la plus forte depuis la fin du baby-boom il y a 50 ans.
00:39Est-ce que vous diriez que c'est un accident de parcours pour la natalité française, Gérard-François Dumont ?
00:44Ou est-ce qu'il y a un peu plus que ça ?
00:45Non, ce n'est absolument pas un accident de parcours, mais c'est une évolution qui se produit maintenant depuis une dizaine d'années
00:53et que j'avais annoncé et qui est tout à fait logique.
00:56En effet, il faut rappeler que pendant longtemps, la France a eu une politique familiale qui lui a permis d'avoir une fécondité supérieure de 25 à 30% de la moyenne de l'Union Européenne.
01:07Or, au milieu des années 2010, il a été annoncé de très nombreux rabotages de la politique familiale
01:14qui se sont aggravés après par une offre de logement largement insuffisante par rapport aux besoins des populations
01:21et donc, inévitablement, cela allait entraîner une baisse de la fécondité, donc une baisse des naissances.
01:27Et donc, c'est ce processus que certains n'ont pas vu, c'est vrai, puisque certains annonçaient une hausse des naissances qui s'est produite
01:34et qui se déploie au fil des années puisqu'à priori, et malheureusement, les naissances en 2024 vont être à nouveau en baisse par rapport à 2023.
01:43Mais est-ce que ça signifie que les Français veulent moins d'enfants, Gérard-François Dumont ?
01:47Parce que vous avez l'air de dire que finalement, le désir d'enfant est indexé sur les allocations qu'on va percevoir à la naissance.
01:53Alors, attention, le désir d'enfant n'est pas indexé que sur les allocations, il est indexé sur la politique familiale du logement,
02:00il est indexé sur la possibilité de concilier vie professionnelle et vie familiale
02:05et à cet égard, la diminution considérable des dotations aux communes et notamment la nationalisation de la taxe d'habitation
02:13fait qu'aujourd'hui, les mères ont beaucoup moins de moyens pour développer des crèches ou des relais d'assistance paternelle.
02:18C'est-à-dire que la société est moins accueillante aujourd'hui pour les enfants qu'elle ne le fut dans le passé ?
02:23Les Français sont accueillants pour les enfants et ça, nous avons deux éléments qui permettent de le dire.
02:28Le premier, ce sont les enquêtes et d'après les enquêtes, on voit qu'en moyenne, les Français voudraient 2,3 enfants par femme.
02:37Excusez-moi de couper les entrées en tranches, mais c'est ainsi.
02:39Alors que la fécondité est inférieure à 1,7 enfants par femme.
02:43Donc ce que nous constatons, c'est en fait le déficit de la politique familiale qui a été raboté ces dernières années.
02:49Le second élément qui prouve qu'en France, on aime les enfants, c'est qu'on est le pays d'Europe où il y a le plus de naissances hors mariage.
02:57C'est-à-dire qu'en fait, les Français, quand il y a un bébé qui naît, on est très heureux de l'accueillir, que ses parents soient mariés ou non.
03:04Et ça, c'est un phénomène qu'on ne retrouve pas avec la même intensité, par exemple dans les pays du sud de l'Europe.
03:10Alors vous avez une formule que je trouve intéressante, François Gérard Dumont.
03:13Vous dites qu'en matière de politique familiale, on connaît la même chose qu'en matière de politique énergétique.
03:18A savoir, on avait une énergie peu chère qui faisait envie à l'étranger, on l'a remise en cause.
03:22Finalement, la politique familiale, on a fait la même chose.
03:25Et si on revenait en arrière, si l'on rétablissait les paramètres d'une politique familiale engageante,
03:31pensez-vous que les Français feraient plus d'enfants, François Gérard Dumont ?
03:35En fait, c'est certain. Alors pourquoi est-ce certain ?
03:38Tout simplement parce que tous ces rabotages de la politique familiale font que les Français ont perdu confiance
03:44dans le fait que s'ils souhaitent un enfant ou un enfant supplémentaire,
03:48ils vont avoir un accompagnement en matière de conciliation de vie professionnelle et de vie familiale,
03:53en matière de pouvoir d'achat, en matière de possibilité d'avoir un logement plus grand pour accueillir cet enfant.
03:59Donc il faut rétablir la confiance.
04:01Et si on rétablit la confiance, bien entendu, compte tenu du désir d'enfant de 2,3 enfants par femme que j'évoquais tout à l'heure,
04:09on retrouvera une hausse de la fécondité.
04:12Alors qu'est-ce qui permet de le dire aussi ?
04:14C'est tout simplement l'histoire de la fécondité de la France toutes ces dernières décennies.
04:18Puisqu'en réalité, elle a varié à la hausse et à la baisse dans les années 80, dans les années 90, dans les années 2000.
04:25Et à chaque fois que nous avons eu des hausses ou des baisses de la fécondité,
04:30cela a été la suite de décisions positives ou négatives de politique familiale.
04:35Donc clairement la politique familiale a été le facteur central qui a décidé du niveau des naissances.
04:41On parle beaucoup du sentiment d'appauvrissement des Français,
04:44même globalement la stagnation de leur enrichissement, ça c'est une donnée objective.
04:48Est-ce qu'il n'y a pas aussi dans le ralentissement de la natalité une question d'argent ?
04:52Je vous donne des chiffres qui je trouve quand même assez frappants,
04:55fournis par le ministère des Solidarités, donc le ministère de la Santé.
04:59Le coût moyen d'un enfant c'est 9000 euros par an.
05:02C'est 12 500 euros par an, même pour un 14-18 ans.
05:05Donc si vous faites l'addition, les 20 premières années, c'est 200 000 euros que coûte un enfant.
05:10Est-ce que ça pèse aujourd'hui dans les décisions d'enfants ?
05:12Ça pèse bien sûr, puisqu'il faut rappeler que l'État a supprimé l'universalité des allocations familiales.
05:17L'État a plafonné le quotient familial.
05:20L'État a fait en sorte que le congé parental qui intéressait tout particulièrement les familles à faible revenu
05:27a été revu de toute façon qu'il n'est plus attirant pour ceux qui souhaitent un enfant supplémentaire.
05:32Donc bien sûr, le pouvoir d'achat des familles a considérablement diminué.
05:36Et à cet égard, on voit très bien par exemple que la suppression de la taxe d'habitation,
05:41à qui a-t-elle surtout profité ?
05:43Elle a profité en fait aux personnes qui n'avaient pas d'enfants et qui avaient des moyens significatifs.
05:48Puisqu'il faut rappeler que pour les familles, soit la taxe d'habitation était souvent dégrévée
05:53pour celles qui étaient nécessiteuses, soit elles avaient des abattements pour charge de famille.
05:58Donc on a fait une mesure totalement malthusienne.
06:01Gérard François Dumont, vous êtes démographe, je l'ai dit, vous êtes aussi géographe, vous êtes aussi économiste.
06:06Politiquement, on voit bien que le discours dominant aujourd'hui, c'est de dire qu'un pays puissant,
06:12qui crée de la richesse, a besoin d'avoir une population qui augmente.
06:15Or, quand on fait peu d'enfants, on sait ce qu'il faut faire, c'est l'immigration.
06:19On n'a pas le choix.
06:20L'OCDE vient de nous dire que d'ailleurs l'immigration est à des niveaux records
06:23dans tous les pays riches qui font peu d'enfants, dont la France.
06:26Or, on sait aussi qu'il y a une réticence générale des Français à l'immigration.
06:30Je vous cite ce sondage de janvier, CSA pour CNews Europe 1 LJDD,
06:34on était à 70% de Français rejetant l'idée de recourir à l'immigration pour augmenter le taux de natalité.
06:41Alors, ma question est la suivante, est-ce que d'une certaine manière,
06:44une forte immigration, avec la pression que ça exerce, par exemple, sur le logement,
06:48in fine, Gérard-François Dumont, ça ne nuit pas à la natalité des locaux, si je puis dire ?
06:56Il est certain que le coût aujourd'hui de l'immigration en France représente des sommes
07:02qui ne sont pas utilisées pour la politique familiale.
07:05Donc bien entendu, par exemple, les mineurs non accompagnés
07:08représentent pour les départements des budgets absolument considérables
07:11qui ne peuvent pas être utilisés par ailleurs.
07:14Mais il faut surtout rappeler que l'immigration en France,
07:17aujourd'hui, de toute façon, n'est pas satisfaisante.
07:20Tout simplement parce que le taux de chômage des immigrés,
07:23notamment quand ils viennent dans des pays du Sud,
07:26est parfois le double et souvent même le triple de la moyenne nationale.
07:30Donc, en fait, on a un taux d'emploi des immigrés qui est extrêmement faible en France.
07:34Donc il ne faut pas croire que globalement l'immigration
07:37est un apport très significatif à l'économie de la France.
07:40L'immigration ne résout pas un peu le problème de l'insuffisance de ressources humaines
07:45qui risque d'arriver avec la baisse de la population active.
07:48Merci beaucoup, Gérard-François Dumont, de vos lumières
07:51sur ces chiffres de la natalité 2023.
07:54Donc les plus faibles, je vous disais, depuis maintenant 50 ans,
07:57la baisse la plus forte observée d'une année sur l'autre en un demi-siècle.
08:01Je rappelle que vous dirigez, Gérard-François Dumont,
08:04la revue Population et Avenir.
08:06Merci à vous, bonne journée.