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Hakim El Karoui, essayiste et conseiller spécial de l’Institut Montaigne, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils reviennent sur le Forif qui va être reçu à l'Élysée.

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Transcription
00:00 Emmanuel Macron a rendez-vous à Donnay, rendez-vous ce matin à un nouvel organisme à l'Elysée, le Forif, le forum de l'islam de France
00:07 alors censé remplacer le CFCM, le conseil français du culte musulman
00:12 mais qui continue d'exister malgré tout. Alors qu'est ce que ce Forif, qu'est ce qui change
00:17 par rapport au CFCM ? On en parle ce matin avec Hakim Elkaroui. Bonjour, bienvenue sur Europe.
00:22 - Bonjour Dimitri.
00:23 - Hakim, vous êtes essayiste, conseiller spécial de l'institut Montaigne. Alors ce Forif, qu'est ce que c'est exactement ?
00:29 Quelle différence tracez-vous avec le CFCM dont je disais qu'il était censé disparaître ?
00:35 Finalement il fait toujours de la résistance, il est toujours là.
00:37 - C'est à peu près l'inverse du CFCM, c'est-à-dire que le Forif d'abord ce n'est qu'un forum, ce n'est même pas une association,
00:43 il n'y a pas de statut, il n'y a pas de cadre et surtout il n'y a pas de président.
00:47 - Et il n'y a pas de porte-parole finalement.
00:48 - Ce qui est important parce que du coup personne se bat pour être le président ou pour être le porte-parole, ce qui était le cas au CFCM.
00:53 La deuxième chose c'est qu'il est composé de français
00:57 indépendants qui sont des gens qui ont été identifiés par les préfets dans les territoires.
01:00 Pourquoi ? Parce qu'ils travaillaient, parce qu'ils s'étaient engagés.
01:03 Au CFCM on a des représentants des états étrangers
01:06 qui étaient là pour maintenir l'influence des états étrangers.
01:09 Et puis la troisième chose c'est qu'ils essayent de proposer des choses concrètes.
01:12 Le CFCM a travaillé pendant 20 ans et il n'y a que l'aumônerie militaire en gros qui avait avancé sous son règne.
01:18 Donc c'est un concept qui est complètement différent, qui part du terrain, qui part de gens de bonne volonté,
01:24 français, indépendants, qui veulent avancer et pour moi c'est vraiment une bonne idée.
01:28 On a un peu l'impression quand même, Akim Al-Karoui, que l'histoire se mord la queue.
01:31 Parce que quand en 2003 Nicolas Sarkozy
01:33 veut la création du CFCM, du Conseil français du culte musulman, il a cette phrase, il dit "il faut en finir avec l'islam des caves et des garages".
01:41 Or l'argument choc du fori finalement, sa qualité principale, dites-vous, c'est justement de mettre en avant cet islam local, cet islam
01:49 associatif, etc. On a l'impression finalement que ce qu'on a,
01:53 ce que l'on voulait combattre il y a 20 ans, c'est aujourd'hui présenté comme la solution pour
01:58 trouver une représentation
02:00 digne de ce nom à l'islam de France.
02:02 - Alors ce qui a changé c'est que l'islam est sorti des caves et des garages.
02:06 D'abord parce qu'il y a eu un effort
02:09 immobilier, de construction, si ce n'est de mosquées, de lieux de culte. Donc maintenant il y a plus de visibilité
02:14 et moins de, disons, de cultes souterrains on va dire.
02:19 Ensuite il y a des gens de bon niveau qui se sont engagés,
02:22 et ça je crois que c'était très important parce que
02:25 jusqu'à présent on avait des gens qui étaient soit des vieux travailleurs immigrés, plein de bonne volonté,
02:29 mais qui avaient du mal avec les codes de la société française, les principes de droit, etc.
02:33 Soit des militants islamistes, qui soit directement, soit indirectement, soit ouvertement, soit
02:39 discrètement, essayaient d'infiltrer les institutions. Donc là c'est vraiment pas le cas.
02:44 Et c'est, je vous dis, vraiment une bonne nouvelle.
02:46 - Donc il ne faut pas attendre du forif qui prenne position, par exemple, sur la polémique entre Shams Sedim Hafiz,
02:52 le recteur de la mosquée de Paris et Michel Houellebecq. Il ne faut pas attendre de prise de position du forif non plus sur l'affaire
02:58 Iqussen par exemple, c'est pas du tout un organe de prise de position politique.
03:02 - C'est pas un organe de représentativité, c'est pas un organe qui va prendre la parole effectivement sur l'actualité.
03:08 Mais c'est plutôt une bonne idée parce qu'en la matière on a toujours fait les choses à l'inverse, dans le sens inverse.
03:14 On a essayé de faire de la représentativité,
03:16 et puis après on s'est dit ça,
03:18 on va agir.
03:20 Là on essaye d'agir et après on fera de la représentativité. En gros il faut que l'efficacité précède la représentativité.
03:26 Après, le recteur de la mosquée de Paris,
03:29 Shams Sedim Hafiz, a discuté, il n'a pas polémiqué d'ailleurs avec Michel Houellebecq, et d'ailleurs ils sont arrivés à un accord.
03:34 - Il fera partie du forif d'ailleurs. - Oui, il fera partie du forif.
03:38 - Alors on va parler de quoi du coup au forif ? Quelles sont les
03:41 teneurs des discussions que
03:43 cet organisme va avoir avec Emmanuel Macron aujourd'hui ? - Des sujets assez techniques.
03:47 Par exemple la mise en oeuvre de la loi séparatisme, notamment sur la question de la transparence du financement,
03:53 la question de la formation des imams, la question du recrutement des aumôniers,
03:58 la lutte aussi contre les actes anti musulmans. Donc des choses assez concrètes. Il manque un sujet qui est le plus important à mon avis,
04:05 qui est celui du financement.
04:07 Parce que tout ça, c'est bien d'en parler, la question c'est qu'il faut agir. Et si on veut rompre avec les influences étrangères,
04:12 il faut avoir un financement endogène. - Quel est le sujet justement autour du financement ? Parce qu'il y avait notamment
04:17 un sujet bancaire, à savoir que le financement d'Islam Neufands, c'est quand même des milliards d'euros, l'air de rien.
04:21 - Des millions, peut-être des centaines. - Voilà, quand même des sommes assez conséquentes. Et
04:27 cet argent-là circule assez en marge des circuits bancaires classiques. - Alors c'est le paradoxe en fait, c'est que
04:33 beaucoup de mosquées ont vu leurs comptes bancaires fermés
04:38 par les banques, par les départements compliance, conformité des banques, parce qu'il y avait de l'argent en cash
04:43 et puis parfois un peu d'argent étranger, qui maintenant est très tracé par le ministère de l'Intérieur. L'argent en cash, c'est le produit de la quête.
04:49 C'est le denier du culte, d'une certaine manière.
04:52 Et les mosquées, pardon, les banques aujourd'hui ont très peur du cash. Donc elles ferment les comptes bancaires.
04:57 Et donc les mosquées se retrouvent dans une situation
05:00 soit d'illégalité, soit de difficulté de financement. - Oui, de quasi clandestinité en fait. - Oui, mais qui est absurde,
05:06 puisque c'est elles qui veulent avoir des comptes bancaires.
05:08 Donc le ministère de l'Intérieur et la Fédération bancaire française ont travaillé ensemble pour pouvoir mettre en place des protocoles
05:14 et ensuite réouvrir des comptes bancaires et du coup avoir plus de transparence. - Est-ce que vous pensez, Akimel Karoui, que le for-if
05:21 est une solution adaptée aux problèmes aussi que pose aujourd'hui, par exemple,
05:25 l'entrisme des frères musulmans ? On sait qu'il y a de nombreuses enquêtes, on sait que c'est un sujet permanent,
05:29 d'inquiétude de nombreux français. Est-ce que vous pensez que avoir une instance qui apparemment est apolitique
05:35 est une solution adaptée ?
05:37 - C'est une première étape, c'est pas la fin de l'histoire.
05:41 C'est une première étape qui est lente, parce qu'il y a des dialogues dans les territoires, etc.
05:45 La fin de l'histoire, c'est l'étape d'après, c'est-à-dire un, un financement national, parce qu'il n'y a pas de financement national.
05:51 Il y a des financements locaux pour des mosquées, des associations.
05:54 Le financement national, à quoi il doit servir ? Il doit servir à former des imams,
05:58 à faire un travail théologique, qui est vraiment le cœur du sujet, parce que sinon ce sont les radicaux, en tout cas les conservateurs,
06:04 qui tiennent la parole. - Donc si je vous comprends bien, l'État ne renonce pas vraiment à son projet de créer un islam de France,
06:09 seulement il veut pas prendre le leadership sur cette question-là. - Et c'est très bien. - Il veut pas apparaître comme chef de file.
06:14 - Plus l'État prend le leadership, plus ça soit d'abord sur les principes de la laïcité, et plus il démonétise ses interlocuteurs. Donc ce sont aux musulmans,
06:21 ce que je dis depuis très longtemps, c'est à eux de s'engager, c'est à eux de s'organiser,
06:26 et c'est à eux de traiter les problèmes. Et dans les problèmes,
06:28 il y a l'influence qui n'est pas du tout celle des imams aujourd'hui, ça compte plus les imams.
06:32 Le sujet, c'est les influenceurs sur les réseaux sociaux.
06:34 L'homme le plus important de l'islam de France, c'est Rachid Elgey, il a 2 millions de followers sur
06:40 sur Facebook, il a créé une chaîne avec Abdelmohamed Boussadna,
06:45 qui coûte 40 ou 50 euros d'abonnement, qui s'appelle Digni TV.
06:49 Ce n'est pas forcément des radicaux, en tout cas ça ne le sont plus,
06:52 mais eux, ils sont très conservateurs. Ce qu'ils font, c'est qu'ils islamisent la modernité, ils donnent une réponse islamique
07:00 conservatrice à toutes les questions que la jeunesse pose. - C'est la bataille culturelle. - C'est là qu'il faut agir.
07:05 Les institutions, c'est bien, le financement, c'est un moyen, mais la bataille, elle est là, c'est une bataille culturelle, politique, idéologique,
07:12 et je dirais même aussi théologique. Il faut la mener. - Merci pour vos lumières Akim Elkaroui, merci d'être venu nous parler ce matin du Forif.
07:19 Je rappelle que vous êtes
07:20 essayiste spécial également de l'Institut Montaigne.
07:23 On vous invite pour parler des retraites, parce que je sais que c'est un sujet qui vous passionne également,
07:27 Dans un autre registre. Bonne journée à vous. Il est 7h20 sur Europe.

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